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CLASSIC JAZZ 1923 - 1957
Ref.: FA5282
Artistic Direction : JACQUES MORGANTINI
Label : Frémeaux & Associés
Total duration of the pack : 2 hours 15 minutes
Nbre. CD : 2
CLASSIC JAZZ 1923 - 1957
The saxophone was really invented by jazz which gave it its tone, expression, colour, nuances and revealed its technical range, in short its “voice”. That it is the most outstanding jazz instrument is demonstrated by all the great saxophonists of the classic period featured on this anthology. Patrick FRÉMEAUX
CHICAGO - NEW YORK - LOS ANGELES 1936 - 1944
NEW YORK - CAMDEN - LONDRES - PARIS - CHICAGO 1926 -...
NEW YORK - CHICAGO - HOLLYWOOD 1928-1943
NEW-YORK - LOS ANGELES - STOCKHOLM - BOSTON 1945 -...
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PisteTitleMain artistAutorDurationRegistered in
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1Kansas City Man BluesSidney Bechet00:02:591923
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2Maple Leaf RagSidney Bechet00:03:001932
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3Indian SummerSidney Bechet00:03:091940
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4Where Am ISidney Bechet00:04:441947
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5I'Ve Got To Sing A TorchColeman Hawkins00:03:381933
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6How Deep Is The OceanColeman Hawkins00:03:251943
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7The Man I LoveColeman Hawkins00:05:081943
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8On The Sunny Side Of The StreetColeman Hawkins00:03:051944
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9Organ Grinder's SwingColeman Hawkins00:03:141955
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10I'D Love ItBenny Carter00:03:061929
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11Krazy KapersBenny Carter00:03:351933
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12Blues In My HeartBenny Carter00:02:361937
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13I'M In The Mood For SwingBenny Carter00:02:481938
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14Night WalkJohnny Hodges00:03:151956
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15All Of MeJohnny Hodges00:02:391957
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16I'M Gonna Sit Right DownJohnny Hodges00:03:311956
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17On The Sunny Side Of The StreetJohnny Hodges00:03:161937
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18Rent Party BluesJohnny Hodges00:02:421939
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19Slap HappyHarry Carney00:02:461938
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20Three Little WordsHarry Carney00:04:441944
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PisteTitleMain artistAutorDurationRegistered in
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1Sweethearts OnChu Berry00:03:011939
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2A Ghost Of A ChanceChu Berry00:03:001940
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3Poutin'Ben Webster00:03:581953
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4Page Boy ShuffleJoe Thomas00:02:431949
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5Blue And SentimentalHerschel Evans00:03:111938
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6Just A Stettin' And A Rockin'Illinois Jacquet00:02:541951
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7Flyin' HomeArnett Cobb00:07:391945
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8Swingin' Away With Willie And RayBuddy Tate00:02:401948
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9She's Funny That WayIke Quebec00:04:271944
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10Melody In SwingDon Byas00:03:191945
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11Castle RockBig Al Sears00:02:521951
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12Just One More ChanceLucky Thompson00:03:151947
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13Love For ScaleBump Myers00:03:091945
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14FaribolesAlix Combelle00:02:481942
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15I Got RhythmLester Youg00:04:161943
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16Rib JointKing Curtis00:02:421956
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17Strictly InstrumentalWillie Smith00:02:401942
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18Steamwhistle JumpEarl Bostic00:03:001952
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19Willow Weep For MeHilton Jefferson00:03:251941
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20Tiny's TempoCharlie Parker00:02:541944
They give a Voice to the Saxes
They give a Voice to the SaxesClassic Jazz
1923-1957
En 1843, un nouvel instrument, le saxophone, fut inventé par Adolphe SAX (1814-1894) facteur d’instruments d’origine belge. C’est un instrument à vent en métal, à anche simple, muni d’un bec semblable à celui des clarinettes et pourvu de multiples clefs. Dans la famille des saxophones, les plus utilisés sont le saxo soprano, le saxo alto, le saxo ténor et le saxo baryton. Monsieur Sax ne pouvait imaginer que son invention allait devenir l’un des instruments “phares” du XXe siècle, grâce au génie et au travail des musiciens de jazz qui, à partir des années 20, allaient donner un son, mieux une voix, et par là, une envergure mondiale à son invention. Car ce furent les musiciens noirs de jazz qui donnèrent leur vraie place aux saxophones, instruments qui avaient eu un rôle très effacé, voire avaient été quasiment ignorés dans la musique classique. Sidney Bechet pour le soprano, Johnny Hodges et Benny Carter pour l’alto, Coleman Hawkins pour le ténor et Harry Carney pour le baryton sortirent le saxophone de son ghetto et en firent, chacun à sa manière, l’un des instruments les plus importants de la musique de jazz. Ils lui donnèrent une véritable identité, une grande stature, avec une voix, une éloquence, un son qui placèrent progressivement la famille des saxophones au premier rang de cette musique qui, elle-même, eut une influence déterminante sur l’ensemble de l’expression musicale du XXe siècle. Car jusqu’alors depuis les débuts du jazz, les instruments mélodiques étaient la trompette, la clarinette et le trombone qui formaient la base des improvisations collectives du fameux style New Orleans. Les saxophones, comme le ténor ou l’alto, n’avaient qu’un rôle très marginal, aussi les musiciens qui les utilisaient étaient peu nombreux et leur style restait particulièrement fruste, presque rudimentaire ! Cela allait vite changer grâce aux artistes cités plus haut. C’est pourquoi nous nous intéresserons en premier à ces cinq pionniers et illustrerons par quelques titres significatifs les étapes de leurs parcours vers la pleine possession et la maîtrise absolue de leur art. Ne sont-ils pas considérés comme les rois de leurs instruments respectifs ?
CD 1 : Les Pionniers ou les Chefs de file
Sidney Bechet (saxo soprano) (1887-1959) Dès le début des années 1910, un Créole de la Nouvelle-Orléans, le génial Sidney Bechet, jouait déjà en virtuose de la clarinette, ayant fait partie, dès son jeune âge, d’orchestres réputés. Il avait appris seul la clarinette, négligeant d’étudier la musique, et jouait uniquement d’oreille ! Il avait travaillé d’arrache-pied son instrument, trouvant comme d’autres musiciens de la Cité du Croissant le moyen de jouer les mêmes notes avec des doigtés fantaisistes variés, qu’on appelle les doigtés factices, qui leur étaient précieux pour réaliser, en toute aisance, des traits rapides impossibles à exécuter avec les doigtés enseignés dans les écoles de musique “classique”. Il découvre vers 1920 le saxophone soprano, instrument plus brillant, plus séduisant et surtout plus puissant que la clarinette, ce qui allait parfaitement convenir à ce musicien au tempérament fougueux et dominateur ! Il l’adopte et applique sur ce nouvel instrument toute la maîtrise qu’il avait acquise, par ailleurs, sur la clarinette dont les doigtés sont très proches. Nous le trouvons dès 1923, sous l’égide du pianiste Clarence Williams dans un titre, Kansas City Man Blues, où il déploie déjà, d’un bout à l’autre de l’interprétation, son immense talent et sa maîtrise de l’instrument qu’il sait faire vibrer avec intensité.
Puis, en 1924, il enregistre aux côtés de Louis Armstrong, faisant jeu égal avec celui qui est déjà le roi incontesté du jazz ! Entre ses mains, le saxo soprano s’impose grâce à une sonorité volumineuse, un vibrato ample et chaleureux, une autorité, une assurance rares, toutes ces qualités mises au service de son exceptionnelle créativité. Le drame de Sidney Bechet c’est d’avoir eu en face de lui, et sortant comme lui du berceau musical de la Nouvelle-Orléans, un rival qui a dominé le jazz, le génial Louis Armstrong. Tous deux furent les génies du jazz de l’époque. Très en avance sur leur temps, ils rivalisaient en swing et en maîtrise dans leurs discours mélodiques. Mais c’est Louis qui s’imposa comme une vedette de rayonnement mondial. Sidney voulait que son soprano rivalise avec la trompette, grâce à son étonnante force d’exécution et son vibrato enflammé ! Il lui arrive souvent dans des improvisations collectives, lorsqu’il a en face de lui un trompettiste qui ne fait pas le poids, de prendre le lead en s’imposant avec détermination. Par ailleurs, Sidney Bechet aimait beaucoup remuer, voyager, c’est ainsi qu’on le trouve en Europe avec la Revue Nègre qui devait lancer Joséphine Baker. Il visite toute l’Europe y compris la Russie. Lors de son retour aux USA en 1928, il fait partie de l’orchestre de Noble Sissle où il est quasiment enterré, musicalement parlant. Enfin il forme avec le trompette Tommy Ladnier une petite formation qui se produit au fameux Savoy Ballroom de Harlem en 1932. De cette période, on retiendra Maple Leaf Rag qu’il mène tambour battant ; son saxo soprano, brillant de mille feux, est au premier plan de bout en bout. On peut ainsi comprendre l’extraordinaire impact de sa musique et percevoir le lyrisme de ses phrases. Il retourne ensuite dans les rangs de l’orchestre de Noble Sissle pendant 4 ans. Heureusement, en 1938, ses disques avec Tommy Ladnier et Milton Mezzrow le mettent en évidence. À partir de là il devient un artiste de jazz très en vue, enregistrant abondamment des disques de très grande qualité, tel Indian Summer de 1940 où il est flamboyant tout au long, faisant vibrer son soprano avec chaleur et véhémence. Il faut bien préciser que Sidney est à l’aise aussi bien sur toutes sortes de thèmes que lorsqu’il interprète le blues le plus low down. Il est au premier plan du beau Where Am I ? enregistré en 1947 aux côtés du clarinettiste Mezz Mezzrow. Ils réaliseront ensemble une longue série de disques, principalement des blues, qui a généré de multiples chefs-d’œuvre au cours des années 45 et 47 ! Venu en France en 1949, il s’y installe et jouit alors d’une extraordinaire popularité, enfin il est adulé… et c’est bien ainsi. Sidney Bechet décédera à Garches en 1959.
Coleman Hawkins (saxo ténor) (1904-1969)
Contrairement à Sidney Bechet qui a très rapidement maîtrisé le saxo soprano, il n’en avait pas été de même pour les ténors. La musique jouée par ces premiers saxophonistes était peu plaisante, bien peu mélodieuse, et il a fallu attendre des musiciens exceptionnels, comme Coleman Hawkins qui, petit à petit et au bout de plusieurs années de travail, de recherches, de progrès, maîtrisent l’instrument et arrivent à jouer des phrases avec souplesse, avec aussi de subtiles nuances, tournant le dos au style fruste et heurté des débuts. Le vibrato devint ample, la sonorité chaude et moelleuse. La musique créée par Coleman Hawkins devint lyrique et ses improvisations se mirent à chanter. Rien que par sa seule sonorité il s’imposa comme une voix majeure de toute la musique de jazz. Le rayonnement et la popularité du saxo ténor, c’est évident, partent de lui et furent prolongés par ses multiples disciples et admirateurs qui, à leur tour en s’inspirant de lui, développèrent au travers du filtre de leurs propres personnalités, de multiples manières de faire chanter, parler, s’exprimer ce magnifique instrument. Entré en 1922 dans l’orchestre de Fletcher Henderson, Coleman Hawkins en jouant aux côtés de Louis Armstrong en 1924-25, réalise l’abîme qui le sépare de la musique exaltante jouée par le grand trompettiste. Il veut absolument acquérir l’aisance, la maîtrise, le phrasé de Satchmo qu’il prend pour modèle et qui reste le musicien ayant eu le plus d’influence sur toute son évolution. Certes, très vite Hawkins se signale par une puissance et une fougue peu courantes. Son swing est impressionnant, mais sa sonorité est cependant dure, presque agressive. Grâce à l’influence bienfaisante de Louis Armstrong, il va appliquer sur son ténor l’accent lyrique, chantant, majestueux du trompettiste. Son phrasé s’assouplit, il développe dorénavant avec habileté ses improvisations et plus les années passent, plus il prend de l’assurance au point de devenir l’un des grands du jazz ! Son influence sur presque tous les autres saxos ténors est certaine, tous voulurent s’inspirer de lui et copier son autorité, son swing, son débit, son attaque, la subtilité de ses broderies et l’opulence de sa sonorité. C’est le Maître et dans le second CD nous entendrons certaines des plus grandes réussites enregistrées par ses “enfants” les plus doués. Lesquels, après s’être inspirés de lui, ont développé leur propre style et permis à leurs différentes personnalités et tempéraments de s’épanouir. Voici Coleman Hawkins en 1933 dans I’ve Got To Sing A Torch Song avec l’orchestre de Fletcher Henderson, où tout au long de son admirable solo, on est comblé par la richesse de ses idées, par son articulation sans faille, et par son exceptionnelle sonorité. Avec une telle musique, on comprend pourquoi il a été le point de mire, l’idole de multiples jeunes musiciens ! Somptueux solo qui annonce bien d’autres variations majestueuses sur des ballades, exercice où il semble avoir bien peu de rivaux. Certains musiciens ont dit avoir choisi pour instrument le saxo ténor après avoir entendu Coleman Hawkins !
En 1939, de retour d’Europe, il enregistre à New York, son chef d’œuvre Body And Soul, qui lui vaut alors une réputation quasi mondiale ! Cependant, au risque de faire sursauter ses admirateurs, nous avouons aimer, encore plus, une autre ballade de 1943, How Deep Is The Ocean où nous le trouvons au sommet de son art. Jugez vous-même ! Hawk, comme certains musiciens aiment l’appeler, n’est pas moins stupéfiant dans les morceaux rapides, surtout pour le swing, où ses déboulés et son punch font l’effet d’un véritable torrent musical. Comment résister à son attaque tranchante, au poids qu’il met dans certaines phrases, à certaines notes qu’il charge parfois d’un léger growl ? En compagnie du pianiste Eddie Heywood et du bassiste Oscar Pettiford en 1943, il survole de toute sa puissance The Man I love. Comment rester indifférent devant un tel déferlement et une telle richesse dans l’inspiration ? N’oublions jamais que le but d’un vrai musicien de jazz est de faire parler son instrument et, grâce à cette éloquence, d’arriver non seulement à éblouir, mais aussi à émouvoir ! Car l’objectif d’une œuvre d’art n’est-il pas de transmettre, avant tout, des émotions ? C’est ce que Hawkins réussit pleinement au cours de cette version de On The Sunny Side Of The Street de 1944 avec son ami et comparse Cozy Cole. Son jeu évolue, vers 1946-1947 : peut-être mal conseillé ou désirant ne pas rater la moindre évolution du jazz, pour rester toujours le N°1, Hawkins se mit à fréquenter et à enregistrer avec la génération suivante, adepte du be-bop. C’était - à notre avis - une erreur, car le dialogue avec ces musiciens aux conceptions musicales différentes, voire opposées aux siennes, ne pouvaient rien lui apporter de positif, bien au contraire ! Il est cependant instructif de souligner qu’il retrouvait instantanément toutes ses magnifiques qualités, sa joie et sa rage de swinguer, lorsqu’il rejouait avec ses pairs, ses traditionnels amis, les Ben Webster, Roy Eldridge, Benny Carter, Teddy Wilson, Rex Stewart, Cozy Cole… comme dans une formidable version de 1955 de Organ Grinder’s Swing avec justement Rex et Cozy entre autres. Là, nous retrouvons le grand Coleman Hawkins avec toutes ses qualités qui ont fait de lui pendant des années et des années le premier des saxos ténors ! Une des personnalités les plus exceptionnelles de tout le jazz, celui qui plus que tout autre a réussi à sortir le saxophone de son ghetto ! Benny Carter (saxo-alto) (1907-2003) Le saxo alto trouva en Benny Carter, ami et comparse de Coleman Hawkins, durant de longues années, un artiste flamboyant qui par son travail amena, lui aussi, cet instrument au premier rang. Technicien remarquable, il brille également par une sonorité d’une beauté exceptionnelle et d’un volume impressionnant. Il faut aussi souligner ses dons de créativité que peu de musiciens ont égalé. Les phrases les plus belles, les plus intrigantes aussi, les plus étincelantes, fusent de son saxo alto, et ce à chacune de ses interventions. Dès la fin des années 20, il semble qu’il soit parvenu à cette perfection, comme il le démontre en 1929 dans I’ll Love It avec les McKinney’s Cotton Pickers, faisant preuve d’une étonnante autorité. On réalise immédiatement qu’il possède déjà cette sonorité pleine et volumineuse, ce rayonnement qui devait le porter au premier rang. Confirmation de ses dons mélodiques et de son incroyable facilité avec Krazy Kapers de 1933, où il joue le pont du premier chorus et un triomphal solo de 32 mesures qui débute par une puissante inflexion ascendante. Renversant ! On trouve également dans ce disque, un fougueux solo d’un swingman d’exception, un as de son instrument, le saxo ténor Chu Berry, dont nous reparlerons plus loin. La sonorité pleine, chaleureuse, moelleuse aussi de Benny Carter au cours de sa jolie composition Blues In My Heart, est une illustration infaillible de ce que peut exprimer un saxo alto au sommet de ses possibilités, telles que seuls les artistes noirs l’ont porté ! Nouvelles étincelles dans le solo de 32 mesures de I’m In The Mood For Swing (encore une de ses compositions), cette fois en compagnie de Lionel Hampton au vibraphone. Benny Carter a toujours été un atout majeur durant sa longue carrière, que ce soit à la tête de ses grandes formations ou lorsqu’il participe, comme ici, à une session de studio. Bravo l’artiste !
Johnny Hodges (saxo alto et soprano) (1906-1970)
Si Benny Carter incarne la somptuosité de phrases gorgées d’émotion et de musicalité, avec Johnny Hodges, c’est la sérénité, l’aisance, la fluidité lors de ses improvisations. Son pouvoir créateur semble infini ; avec lui, jamais de jours “sans”, son imagination est réellement sans limite ! Il joue naturel, sans jamais rechercher les effets spectaculaires, les surcharges inutiles ! Il se sert de longues notes tenues, de glissements d’une note à l’autre, de larges inflexions, attaquant souvent une note en dessous de sa vraie valeur pour l’atteindre enfin, avec flegme, par une inflexion ascendante, ce que les spécialistes appellent une appoggiature inférieure. Vous êtes à présent des musicologues avertis !.. Toute cette maîtrise du son, cette facilité déconcertante à pouvoir travailler les notes, à moduler les inflexions, toutes ces qualités font de lui un exceptionnel joueur de blues, un des meilleurs sur cet art particulier et si difficile. De 1956, avec en soutien l’orchestre de Duke Ellington au grand complet, Night Walk est un blues magnifiquement arrangé par Cat Anderson. Johnny survole ce blues, démontrant combien il est unique dans cet exercice ; il fait sonner son alto avec force et autorité, prouvant que lorsque cela s’impose, il sait fort bien muscler son discours ! Avec lui, c’est toujours la main de fer dans un gant de velours ! Johnny Hodges, que les musiciens appelaient affectueusement “The Rabbit”, a lié sa carrière musicale à celle de Duke Ellington pendant presque toute sa vie, mis à part une courte interruption de 1951 à 1955. Duke en le présentant disait parfois : “De tous les chefs d’orchestres, je suis le plus envié, car je peux vous présenter Johnny Hodges qui fait partie de ma formation” ! Au cours d’un concert voici Johnny, toujours avec l’orchestre de Duke, impérial sur un de ses thèmes favoris, All Of Me, un joyau ! De la même veine, avec comme toujours sa maîtrise incroyable des sons, I’m Gonna Sit Right Down And Write Myself A Letter de 1956 avec un petit groupe d’Ellingtoniens. Il était difficile de ne pas sélectionner le magnifique On The Sunny Side Of The Street gravé en 1937 en compagnie de Lionel Hampton. Disque très important dans la carrière de Johnny Hodges ; sa manière d’exposer puis de broder sur le thème a assis sa réputation et fait le bonheur tant des musiciens que des amateurs. Une référence ! Son calme apparent était impressionnant, que ce soit dans la vie de tous les jours, en studio, sur scène en concert… “Mister Relax” dominait complètement son sujet. Consacré non seulement Roi du saxo alto aux côtés de Benny Carter, Johnny est également un sopraniste que l’on peut placer presque au niveau de Sidney Bechet. Il faut savoir qu’au milieu des années 20, Sidney Bechet fréquentait la sœur de Johnny, et qu’en échange de son silence sur cette liaison auprès des parents de la belle, il avait obtenu des leçons de soprano de son illustre aîné, dont il subit évidemment l’influence, comme on peut le remarquer tant au soprano qu’à l’alto. Outre l’influence de Bechet, Johnny le fut aussi par Louis Armstrong dont il adopta la sérénité et l’accent grandiose. C’est le plus des grands du jazz que d’arriver à émouvoir avec le minimum d’effets et de notes ! Toujours avec Duke, notre homme est au soprano dans Rent Party Blues, faisant étinceler son instrument à la manière de son mentor des années 20, Sidney Bechet. Malgré son énorme réputation parmi les musiciens, peu ont réussi à l’imiter, car son jeu est tellement naturel, coulant, sans le moindre tic, qu’il est finalement difficile à copier. Il eut cependant une influence certaine sur certains artistes notables comme Willie Smith, Charlie Holmes ou Tab Smith.
Harry Carney (saxo baryton) (1910-1974)
Autre Ellingtonien, comme Johnny Hodges, fidèle à Duke pendant toute sa vie, voici Harry Carney multi-instrumentiste, brillant au saxo alto comme à la clarinette, mais dont le saxo-baryton était l’instrument principal. Il a su donner sonorité ample, profondeur, émotion éloquence à un instrument, qui avant lui était bien pataud ! Il domine le saxo baryton sans partage, ses suivants restant bien loin de ce qu’il sait tirer de son instrument. Il est la vedette de Slap Happy morceau que le Duke lui a composé sur mesure en 1938. En 1944, il participe à une séance présentant quatre saxophonistes éminents, un alto Tab Smith, deux ténors Don Byas et Coleman Hawkins et lui-même au baryton, soutenus par une forte section rythmique où brille comme toujours Big Sid Catlett à la batterie. Pour ce Three Little Words c’est Don Byas qui ouvre le feu par un beau solo de ténor, sinueux et inspiré, montrant combien il doit à Hawkins. Harry Carney surgit et, avec une autorité exceptionnelle, tient la dragée haute à tous les participants. Notez dès le début de son chorus comme il est instantanément épaulé par un Big Sid toujours aussi vigilant. Bonne intervention, comme toujours, de Johnny Guarnieri, et Tab Smith arrive à son tour pour un solo un peu emphatique et maniéré à notre goût, c’est le moins inspiré des saxos ici présents. L’idéal aurait été d’avoir ce jour-là Johnny Hodges ou Benny Carter. Coleman Hawkins déboule en force pour démontrer, comme il le fait toujours lorsque d’autres saxos jouent à ses côtés, qu’il est bien le patron ! Son second chorus est impressionnant ; à lui et à Carney la palme !
CD 2 : Les Disciples et les Singuliers
Le CD 2 va nous donner l’occasion de présenter ce qui s’est fait de mieux tant au saxo ténor qu’au saxo alto, à la suite des pionniers regroupés dans le premier CD
Les Ténors
Si Coleman Hawkins fut le modèle qui inspira nombre de jeunes saxophonistes, tous ne cherchèrent pas à le copier, mais beaucoup se sont imprégnés de sa musique, de sa sonorité, de son phrasé, de son vibrato véhément, de sa manière rigoureuse de développer ses solos. Ils purent ainsi au travers de leur propre personnalité musicale, se forger un style personnel bien à eux. Celui qui fût le plus près de l’égaler tant par le volume sonore que par le swing féroce et la richesse de ses improvisations fut Leon “Chu” Berry (1910-1941). On a souvent insisté sur le swing de ce grand ténor mort hélas trop jeune, mais il possède un vibrato tendu, extrêmement émouvant qu’il faut souligner. Une autre manière de faire sonner un ténor ! Sweethearts On Parade avec Lionel Hampton est un chef-d’œuvre et peut-être le disque le plus célèbre de Chu et à juste titre ! Sans que son inspiration ne faiblisse un seul instant, il est au premier plan de cette interprétation magique de la première à la dernière mesure, jouant avec un swing qu’aucun autre ténor n’a jamais surpassé. Ses phrases harcelantes exécutées en pleine puissance et cependant en pleine décontraction, sa sonorité ardente ont toujours été un sujet d’émerveillement pour tous ses fans. En gravant en 1940 la ballade A Ghost Of A Chance avec l’orchestre de Cab Calloway, Chu voulut donner une réponse au Body And Soul si célèbre de Coleman Hawkins. Si son swing est justement renommé, il faut souligner également son imagination exceptionnelle lorsqu’il utilise un style coulant, plus sinueux. Fameux pour la construction de ses solos, il donnait alors l’impression, dès les premières mesures, de savoir exactement comment il allait dérouler ses idées et les amener à leur terme logique. Tous les grands improvisateurs ont cette qualité en commun : savoir terminer un solo avec naturel en parfaite cohérence avec ce qui précède.
Avec Benjamin “Ben” Webster (1909-1973) nous avons un autre géant du ténor, un de nos favoris, à la sonorité opulente, au jeu perpétuellement chargé d’émotion. Ben est un cas, aussi grandiose lorsqu’il brode avec suavité sur une ballade, que lorsqu’il clame le blues avec âpreté et véhémence. Dans les deux cas, sa musique est gorgée de sentiment (il faut bien lire sentiment et non sentimentalité, synonyme de sensiblerie), chaque note, chaque inflexion ne peuvent manquer de toucher l’auditeur. Il est à son meilleur au cours de Poutin’ un blues où, dès les premières notes, on comprend que l’on a affaire à un Maître ! Monsieur Adolphe Sax aurait certainement été incrédule de constater à quel point son invention pouvait transmettre autant, grâce à un artiste comme Ben Webster !
Autre voix énorme, celle de Joe Thomas (1909-1986) qui fût la vedette de l’orchestre de Jimmie Lunceford. Il joue avec une autorité exceptionnelle, allant toujours à l’essentiel, ne surchargeant jamais ses improvisations. Il laisse respirer sa musique, s’appuyant sur des notes longuement tendues, des phrases compactes, utilisant souvent dans les blues, comme ici dans Page Boy Shuffle, de puissantes inflexions qui prennent d’autant plus de valeur, de poids, que sa sonorité chaleureuse est l’une des plus belles jamais sortie d’un ténor. Il est écrasant lorsqu’il interprète le blues, donnant l’impression que le déroulement de ses solos est tellement logique qu’il semble impossible de pouvoir jouer autre chose. Chaque note se trouve à sa place et s’avère indispensable à la construction de l’ensemble. Il est formidable au cours de ce Page Boy Shuffle où il commence son solo après deux chorus de baryton de George Favors, pas mauvais du tout ; on réalise aussitôt que la grandeur du blues saignant au ténor est bien là ! C’est le modèle du prêcheur de blues, où chaque note empoigne l’auditeur !
Herschel Evans (1909-1939), bien qu’ayant eu une carrière phonographique très courte, n’en a pas moins marqué de multiples saxophonistes. N’est-il pas le modèle, le “père” de ces magnifiques ténors originaires du Texas, qui à partir de 1940 ont dominé la scène du jazz avec les Illinois Jacquet, Arnett Cobb et Buddy Tate dont nous parlerons plus loin. Véhémence, swing ardent, inflexions âpres, sonorité d’une chaleur extrême comme dans son chef-d’œuvre sur tempo lent avec l’orchestre de Count Basie en 1938. Ce Blue And Sentimental eut une exceptionnelle résonance tant sur le public que sur les musiciens. Coleman Hawkins lui-même fut bouleversé par ce disque, au point que, dès son retour d’Europe en 1939, il voulut absolument aller écouter cet Evans qui était capable de créer un tel impact avec sa musique. Mais hélas, c’était trop tard, Herschel venait de mourir quelques jours avant en février. On dit que Hawkins mit plusieurs jours avant de ressortir de sa chambre d’hôtel, où il s’était enfermé à la suite de cette disparition. Hommage d’un Maître !
La deuxième génération des grands saxos ténors possède un irrésistible champion en la personne de Jean-Baptiste “Illinois” Jacquet (1922-2004), un éminent représentant des Texas Tenors. Véritable prodige, il démarre en fanfare en enregistrant un solo historique dans la version Decca de Flyin’ Home de Lionel Hampton en 1942. Ce solo qui le rendit célèbre fut un des plus copiés de tout le jazz ! Toute sa longue carrière est émaillée de multiples réussites ! Sa vélocité, sa technique renversante, son vibrato expressif, son volume sonore impressionnant, font de lui une des voix les plus importantes de son instrument. Sa facilité aussi et son imagination sans limites le rendent passionnant à entendre. Sa sonorité si personnelle, si profonde, prenante, comme son aisance font merveille tout au long de Just A Stettin’ And A Rockin’. S’il est un musicien qui a su exploiter toutes les ressources de l’instrument, c’est bien Illinois Jacquet ! Autre Texas tenor en la personne de Arnett Cobb (1918-1989) dont la puissance, le volume sonore et l’approche presque farouche de l’instrument l’ont fait connaître sous le nom de “Wild Man of the Tenor-Sax” ! Il prit la succession d’Illinois Jacquet dans les rangs de l’orchestre de Lionel Hampton en 1944 pour quelques années. Arnett se signalait par des solos d’une autorité sans faille. Tout au long des années, grâce à une attaque incisive, un son énorme, un dynamisme incroyable, il a toujours su créer un impact exceptionnel, que peu de saxophonistes ont approché. Avec une totale maîtrise, il jette littéralement en pâture au public du fameux concert au Carnegie Hall de 1944 de l’orchestre Hampton, des phrases musclées qui sont accueillies avec stupeur et ravissement par tous ses auditeurs. Il faut s’accrocher pour écouter sans sauter de son fauteuil son solo de ce Flyin’ Home peu connu des amateurs, d’une fougue rare ! Encore une autre approche de l’utilisation du saxo ténor.
Dernier représentant de ces fameux ténors texans, George “Buddy” Tate (1914-2001) lia sa carrière à celle de l’orchestre de Count Basie pendant près de 10 années. Avec lui on a un modèle de ce que l’on pourrait appeler le “jazz naturel”. Pas de clichés, pas d’excentricités, pas de recherches vaines, pas de virtuosité gratuite, au contraire sa musique respire, coule avec facilité et efficacité. Son discours mélodique est équilibré, aisé à suivre, articulé à la perfection avec un swing qui ne fait que croître chorus après chorus, musique qui enchante les auditeurs mais aussi les danseurs. Lui et son orchestre furent plébiscités par les danseurs de Harlem qui se pressaient tant au Savoy Ballroom qu’au Celebrity Club, et ce pendant plus de 20 ans ! Au cours de Swinging Away With Willie And Ray, sa verve, sa sonorité ferme, ses larges inflexions dominent l’interprétation. C’est un joueur de blues insurpassable, signe que l’on a bien affaire à un “vrai de vrai” !
Ike Quebec (1918-1963) lui, a choisi ses modèles : Coleman Hawkins et Ben Webster. On pourrait faire plus mauvais choix ! Et également Louis Armstrong dont il affirme qu’il est “le maître du langage du jazz”. En 1944 il entre dans l’orchestre de Cab Calloway pour remplacer Illinois Jacquet et restera fidèle à cette formation pendant plusieurs années. C’est un pur jazzman, un artiste sans concession, trop peu connu des amateurs. Ce qui frappe lorsque l’on veut analyser sa personnalité musicale, c’est l’autorité de son jeu. On est impressionné par la netteté de son exécution qui est due à une attaque des notes franche et tranchante. Chaque phrase est parfaitement conçue et jouée avec précision, sans le moindre flottement. Bien que remarquable joueur de blues, il excelle aussi dans les ballades. Il allie fermeté et tendresse tout au long de She’s Funny That Way où éclate toute sa classe.
Carlos “Don” Byas (1913-1972), grand mélodiste et grand technicien, est lui aussi un membre émérite de l’école Hawkins auquel il ressemble beaucoup par le son certes, mais aussi par son discours. Au cours des années 40, après son départ de l’orchestre de Count Basie avec lequel il collabora pendant deux années, il est très demandé dans les studios, et déborde d’activité dans les cabarets de la fameuse 52e rue de Manhattan à New York. La hauteur constante de son inspiration, sans le moindre passage à vide, et sa somptueuse sonorité expliquent son succès tant auprès des musiciens que des amateurs. Musicien inspiré, régulier, parfait technicien, calme, efficace, on comprend les raisons de sa présence dans un si grand nombre de disques au cours des années 44 et 46 avant sa venue en Europe. Il est au premier plan de Melody In Swing, une composition de Sidney Catlett, présent à la batterie.
Avec Albert “Big Al” Sears (1910-1990), nous avons affaire à un cas à part ! Musicien très original, au swing harcelant, il possède un style instrumental qui se caractérise, avant tout, par les nombreux contrastes qui parsèment ses improvisations. Il fait habilement succéder les passages joués legato, souvent en douceur, avec des passages joués violemment en pleine puissance, phrases staccato posées sur le temps, ce qui engendre toujours un swing considérable. Il sait tirer avec efficacité le meilleur parti de cette opposition entre douceur et rudesse. Ses solos sont toujours intrigants et passionnants à suivre. Il se rattache par son volume et son vibrato à la grande école des big sound tenors, celle de Coleman Hawkins, avec parfois une pointe de growl en plus. Il aime aussi faire parler son instrument avec de très larges inflexions, et certaines de ses notes sont émises avec une vigueur peu commune. Il fut choisi par Duke Ellington pour remplacer Ben Webster, rude tâche, et après son départ de cette formation il collabora avec Johnny Hodges pendant plus de deux ans, période pendant laquelle il enregistre une de ses compositions dont il a écrit également l’arrangement, Castle Rock, disque qui connaîtra en son temps un succès important, notamment auprès des danseurs de Harlem qui ne s’y sont pas trompés. Al Sears, musicien unique, au style mélodique neuf et personnel est un de ces multiples “artisans” qui ont fait du jazz une musique aussi riche et aussi variée. Une approche encore différente de l’instrument.
Eli “Lucky” Thompson (1924-2005) est un surdoué qui aurait dû faire une carrière très supérieure à ce que fut la sienne. Dès l’âge de 20 ans (!), il brille chez Count Basie, mais tombe mal, car à ce moment le recording ban sévissait aux Etats-Unis, d’où l’absence d’enregistrements pour les grandes marques de disques. Sa présence dans cette phalange prestigieuse passe donc presque inaperçue. Seuls ceux qui possédaient des radios dans les années 44-45 ont pu constater à quel point ce jeune ténor était remarquable. Il est né à la mauvaise période, celle où les jeunes jazzmen “classique”, pour pouvoir jouer, devaient se mêler à des boppers dont le jeu ne leur convenait pas du tout. De 1947, apprécions Just One More Chance, une ballade qui lui rend pleine justice, où son attaque douce et ferme, son vibrato serré et ardent, ses longs développements subtils et sinueux font merveille. Lucky Thompson, enfant de Coleman Hawkins, est un des derniers saxos ténors de grande classe de cette école.
Pourquoi à présent se priver d’un musicien très peu connu, ignoré de bien des amateurs, Hubert “Bumps” Myers (1912-1968) qui s’illustra cependant aux côtés de Lionel Hampton, T-Bone Walker et surtout Benny Carter ? Ici en parfait disciple (encore !) de Coleman Hawkins, il brode avec chaleur et élégance sur Love For Scale en compagnie de Sidney Catlett. Magnifique, une grande réussite ! Il exista en France un saxo ténor qui pouvait tenir tête aux grands solistes noirs, tant par sa puissance que par son volume sonore exceptionnel, son phrasé et son swing. C’est le grand Alix Combelle (1912-1978) qui avait parfaitement assimilé le langage musical des musiciens noirs sans les copier : on reconnaît son jeu instantanément. On l’écoute ici dans Fariboles enregistré à Paris en 1942 avec de brillants partenaires. Généreux swing d’ensemble, arrangement alerte bien enlevé par tous, solos de classe et entrée d’Alix digne des grands, pour deux formidables chorus avec un début de deuxième chorus d’un swing intense ! Lorsque l’on demandait à Alix quels étaient ses ténors favoris, il répondait infailliblement Coleman Hawkins et Chu Berry, on ne peut mieux choisir ses modèles ! Lui aussi est un adepte du big sound. Certains amateurs en train de lire ces lignes doivent se demander : mais pourquoi ne nous a-t-il pas parlé plus tôt de Lester Young (1909-1959) ? Nous y arrivons. Voici l’autre chef de file que certains musiciens ont préféré à l’école Coleman Hawkins dont l’empreinte fût si bénéfique qu’elle a engendré nombre de grands spécialistes, ce qui ne fut pas le cas de “l’école Lester Young”. Lester a voulu dès le départ s’écarter du courant Hawkins dont l’influence était dominante dans les années 30. Il voulut, et ce avec une volonté farouche, être différent, dans tous les domaines être original, avec un son plus léger, qui n’est pas sans charme du reste ! Phrasé inédit s’appuyant rarement sur le temps, semblant flotter avec désinvolture sur la pulsation de la section rythmique, grande imagination, tournures insolites, il fut la vedette de l’orchestre de Count Basie. Là, il grava une foule de solos de très haut niveau, mais par la suite la maladie le diminua beaucoup hélas. En 1944 avec Dickie Wells, fracassant au trombone, et quelques copains de chez Basie dont Jo Jones à la batterie, il est éblouissant tout au long de ses deux solos de I Got Rhythm, où nous avons là le grand Lester. Il eut une influence importante sur de multiples saxophonistes, mais sa “descendance” est loin d’avoir la dimension des “enfants” de Coleman Hawkins. Tous ses imitateurs n’ont pas su capter l’essentiel de son message, l’âme de sa musique, se contentant de copier la superficie de sa personnalité musicale. On comprend qu’il est plus facile d’être un suiveur de Lester Young en adoptant son volume assez mince que d’acquérir l’énorme son, le vibrato ample et les déboulés de Coleman Hawkins ! Pour en terminer avec les saxos ténors, le meilleur de la génération suivante nous semble avoir été King Curtis (Curtis Ousley) (1934-1971). Il joue superbement le blues comme dans Rib Joint avec le pianiste Sammy Price. Véhémence, sonorité drue parfois chargée d’un léger growl, attaque tranchante, découpage précis, autorité sans faille, il n’est pas étonnant qu’il ait servi de référence à des artistes plus jeunes ! Il eut beaucoup de succès dans la soul music avant sa fin tragique au début des années 70.
Les Altos
Passons maintenant à quelques saxos altos, ceux qui suivirent les intouchables Johnny Hodges et Benny Carter. Certains d’entre eux, cependant, dans leurs meilleurs solos, ne sont pas loin de ces deux grands maîtres. Le premier, Willie Smith (1908-1967), fut la vedette de la formation de Jimmie Lunceford pendant des années. Son timbre sonore, d’un volume exceptionnel est d’une rare beauté ! Il possède une technique instrumentale considérable et une attaque foudroyante. Quant à son imagination, elle est à la hauteur de ses dons d’instrumentiste. En jouant Stricktly Instrumental de l’orchestre Lunceford, on retrouve un solo explosif de 16 + 8 mesures de notre vieille connaissance Joe Thomas au ténor, et immédiatement après Willie Smith pour 16 mesures seulement, mais quelle intervention rayonnante ! Swing impétueux, idées originales et un volume tel, que l’on pourrait presque prendre son alto pour un ténor ! Musicien fascinant dans ses grands moments.
Earl Bostic (1914-1965) est un vrai phénomène lui aussi. Exceptionnel technicien, possédant une maîtrise absolue de son instrument, son swing et sa volubilité étaient fort justement célèbres. Au cours de l’étourdissant Steamwistle Jump qui est une suite de variations sur les harmonies du fameux Take The A Train (cher à Duke Ellington), il est de bout en bout au premier plan, sans que l’on puisse déceler la moindre baisse de régime, alliant puissance et sérénité. Il domine absolument son sujet, un vrai chef d’œuvre, qui le place au premier rang des plus grands saxos altos ! Hilton Jefferson (1903-1968), au cours de sa riche carrière, a joué avec les plus grands du jazz comme King Oliver. Il fit partie des formations les plus prestigieuses : Fletcher Henderson, Chick Webb, Cab Calloway et Duke Ellington, quelle carte de visite ! C’était un premier alto réputé, mais aussi un soliste délicat avec une sonorité d’une pureté remarquable. Il est la vedette de Willow Weep For Me avec Cab Calloway, où son alto chante avec grâce et sérénité. Ses improvisations font de lui un modèle d’élégance et de musicalité. Certains doivent piaffer d’impatience : quand va-t-il parler, enfin, de Charlie Parker (1920-1955) ? Eh bien le jeune Parker a été à Kansas City un excellent joueur de blues, à la sonorité un peu acide par moments, au sein de l’orchestre du pianiste Jay McShann vers 1941-42. En 1944 une chance d’enregistrer à nouveau, lui est offerte par le numéro un de la guitare électrique Tiny Grimes avec lequel Charlie aimait jammer presque tous les soirs dans le Club Spotlight à New York. Au cours de Tiny’s Tempo,il prend trois chorus de blues sur tempo vif d’une excellente facture. Par la suite, on peut regretter qu’un tel musicien ait choisi de s’éloigner de plus en plus de ce jazz, cher à l’auteur des présentes lignes, et a développé une toute autre école.
Arrivé au terme de cette présentation des plus grands saxophonistes de jazz ayant exercé leur art entre 1923 et 1957, surtout altos et ténors, c’est le moment de remercier chaleureusement Monsieur Adolphe Sax d’avoir inventé de tels instruments, qui, encore une fois, ont été pleinement, magnifiquement, magiquement révélés, presque réinventés, par le travail acharné et l’intuition des premiers grands artistes noirs, les Bechet, Hodges, Carter ou Hawkins ! Si, Mr Sax a inventé l’instrument, ce sont eux qui ont donné la manière de s’en servir à une foule d’artistes qui s’en sont emparés et ont pu briller, grâce aux recherches et au perfectionnement de ces pionniers ! Bien sûr, une telle sélection ne permet pas d’inclure des dizaines de musiciens valeureux qui ont adopté les saxophones, et certains pourront penser que nous avons oublié des artistes hautement estimables. Nous le savons, mais les places étaient chères, et nous pouvons affirmer que les plus importants sont bien là. Plus les années ont passé, plus les nouveaux adeptes du ténor notamment furent nombreux, plus on a pu constater aussi le cruel manque de grandes personnalités. La tendance s’est résumée, hélas, à “tout le monde ressemble à tout le monde”, alors que dans les années 30 et 40, dès les premières mesures on ne pouvait se tromper et il était aisé d’identifier les Hawkins, Webster, Chu Berry, Joe Thomas, Herschel Evans, Lester, Jacquet, Cobb… tous musiciens de très forte personnalité ! Merci encore à l’inventeur Adolphe Sax, et merci à ces musiciens de jazz, qui à force de travail ont révélé les possibilités immenses de ses instruments ! Reconnaissance absolue à tous ces grands créateurs !
Jacques MORGANTINI
© 2010 Frémeaux & Associés
78 et 33 tours issus de la collection Jacques Morgantini
Photos et collections : Jacques Morgantini, X (D.R.).
Reproductions photographiques : Pierre Allard.
Remerciements à Jean Buzelin
English Notes
THEY GIVE A VOICE TO THE SAXES 1923-1957
In 1843 a Belgian, Adolphe SAX (1814-1894), invented the saxophone, a metal wind instrument with a single reed, a mouth piece similar to that of the clarinet and with several valves. The most commonly used are the soprano, alto, tenor and baritone saxophone. Little did Sax know that his instrument would become one of the key instruments of the 20th century, thanks to the ingenuity of black jazz musicians who, from the 20s onwards, developed a unique voice for it that would become famous the world over. Until then the saxophone had barely made a mark in classical music. Its true potential was revealed by the likes of Sidney Bechet on soprano, Johnny Hodges and Benny Carter on alto, Coleman Hawkins on tenor and Harry Carney on baritone and it soon became the most eloquent of jazz instruments, playing a major role in 20th century music as a whole. Previously the trumpet, clarinet and trombone had provided the base for New Orleans collective improvisations. This is why, to begin with, we have chosen significant tracks by the five great jazz musicians mentioned above which demonstrate their pioneering exploration of the saxophone.
CD 1: The Pioneers or the Leaders
Sidney Bechet (soprano sax) (1887-1959) By 1910 Sidney Bechet, a Creole from New Orleans, was already a clarinet virtuoso having played from an early age with well known orchestras. He had learnt clarinet alone, never having studied music, playing by ear. Like many other musicians in the Crescent City he worked hard on his fingering, enabling them to perform rapid runs that would have been impossible using the fingering taught in classical music schools. Around 1920, he found the soprano sax more attractive, above all more powerful than the clarinet, more suited to his robust style. He brought to the soprano sax the same masterly fingering he had learnt on the clarinet. This is already evident on Kansas City Blues Man from 1923, under the leadership of pianist Clarence Williams. Then, in 1924, he recorded alongside Louis Armstrong, rising to the challenge of playing with the uncontested king of jazz! In his hands the soprano sax stands out with its ample tone, warm vibrato and rare assurance, allied to his exceptional creativity. The problem for Bechet is that he always had to compete with Armstrong who dominated the jazz scene. Both were jazz greats in advance of their time, equalling each other in swing and invention but it was Armstrong who became the international star. Bechet wanted his soprano sax to rival the trumpet and, often during a collective improvisation and faced with a rather weak trumpeter, he would firmly take over the lead.
Because he liked to moved around and travel we find him in Europe with Josephine Baker’s Revue Nègre. He went on to visit most of Europe, including Russia. On his return to the USA in 1928 he joined Noble Sissle’s orchestra but was given little chance to shine. Finally with trumpeter Tommy Ladnier he formed a small group that appeared at the Savoy Ballroom in Harlem in 1932 whence this Maple Leaf Rag on which he produces some brilliant soprano sax. He then returned to Noble Sissle’s orchestra for four years but, fortunately, in 1938, his recordings with Tommy Ladnier and Mezz Mezzrow brought him back into the limelight. He went on to make numerous excellent records e.g. Indian Summer in 1940. Bechet was at ease on all kinds of themes as he was on the most low-down blues. He is outstanding on the beautiful Where Am I? recorded in 1949 with clarinettist Mezz Mezzrow. Together they cut a whole series from 1945 to 1947, mainly blues, including several masterpieces. He settled in France in 1949 where he enjoyed enormous popularity until his death in 1959.
Coleman Hawkins (tenor sax) 1904-1969 Unlike Sidney Bechet who mastered the soprano sax very easily, tenor sax players found it more difficult. Music played by early saxophonists was not very tuneful and it was left to musicians such as Coleman Hawkins whose phrasing, after several years of hard work, became more supple and nuanced with delicate vibrato and a warmer, softer tone. Hawkins’ style and improvisations approached the lyrical. His tone alone made him a major jazz figure and he was responsible for the early popularity of the tenor sax, a popularity increased by his numerous followers who, in their own way, continued to develop all the possibilities of the instrument. Joining Fletcher Henderson’s orchestra in 1922, Hawkins played alongside Louis Armstrong 1924-25 and realised the gap that separated his music from that of the trumpeter. He envied the mastery and easy phrasing of Satchmo who became his model and had a huge influence on him. However, he soon began to stand out in his own right for his unusual power, attacking style and impressive swing. Thanks to Armstrong’s influence his phrasing was more relaxed, his improvisations more skilled and over the years he became one of the great names of jazz and he influenced almost all the other tenor sax players. Our second CD includes some of the greatest hits recorded by the best of his followers but it is Hawkins himself in 1933 on I’ve Got To Sing A Torch Song with Fletcher Henderson’s orchestra where his long solo is a superb example of exceptional tone and rich inventiveness. In 1939, after a trip to Europe, he recorded his masterpiece Body And Soul in New York which would make his name worldwide. However, we must admit to having a preference for another ballad from 1943, How Deep Is The Ocean. Judge for yourselves … Hawk, as he was called by his peers, was equally impressive on up tempo titles where he can give full rein to his rousing swing and cutting attack, punctuated by the occasional suggestion of a growl e.g. The Man I love from 1943 accompanied by pianist Eddie Heywood and Oscar Pettiford on bass. Nevertheless, the aim of any jazz musician should be not only to dazzle but also to move the listener, to convey emotion and feeling. Hawkins does this superbly on this 1944 version of On The Sunny Side Of The Street, backed by Cozy Cole. However, around 1946-47, perhaps ill-advised or not wanting to miss out on what was new in jazz, Hawkins began to play, even record, with bebop musicians. In our opinion, this was a mistake for their musical ideas were very different, if not the opposite, to his own and contributed nothing positive to his playing. He rediscovered his usual verve and swing only when he played when he played with old friends such as Ben Webster, Roy Eldridge, Benny Carter, Teddy Wilson, Rex Stewart, Cozy Cole … e.g. this excellent 1955 version of Organ Grinder’s Swing with Stewart and Cole among others. A perfect example of just why Coleman Hawkins was so important in bringing the saxophone to the fore.
Benny Carter (alto sax) (1907-2003) In the same way, Benny Carter, Hawkins’ friend and colleague, through his work that spanned many years, was instrumental in bringing the alto sax into the limelight. His beautiful, velvety tone, brilliant technique and improvisations reached near perfection in the late 20s. I’ll Love It from 1929 with McKinney’s Cotton Pickers marks him out as one of the most outstanding musicians of his time which is confirmed on Krazy Kapers in 1933 on which, after playing the bridge on the first chorus he treats us to a triumphant 32-bar solo, opening on a cascade of ascending notes. There is also a fiery solo from ace tenor sax player Chu Berry (more later). On his own composition Blues In My Heart Carter’s warm, full tone is a perfect example of what an alto sax player at the height of his powers can achieve in terms of feeling. He is accompanied by Lionel Hampton on vibes on another of his compositions I’m In The Mood For Swing. Carter remained a major figure throughout his long career, whether fronting his own bands or on studio sessions.
Johnny Hodges (alto and soprano sax) (1906-1970) While Benny Carter represents sumptuous phrasing, overflowing with feeling, Johnny Hodges’s improvisations convey serenity, ease and fluidity. His creativity seems limitless. He plays naturally, not trying for any spectacular effects or unnecessary flourishes, with a broad sweeping tone and impressive florid runs. That he was an outstanding blues player is evident on Night Walk (1956), arranged by Cat Anderson and backed by the full Ellington line up. Nicknamed “the Rabbit” by his fellow musicians, Hodges spent most of career with Ellington’s band, apart from a spell from 1951-1955. Introducing him Duke would often say “I should be the most envied of all bandleaders for I can introduce Johnny Hodges as part of my line up!” All Of Me is another Ellington/Hodges gem as is I’m Gonna Sit Right Down And Write Myself A Letter (1956) with a smaller Ellington formation. The Sunny Side Of The Street, recorded with Lionel Hampton in 1937 was a landmark in Hodges’ career, his magnificent development of the theme establishing his reputation both with his peers and his fans. He was known for his laid-back attitude, whether in everyday life, in the studios or on stage. Not only a king of the alto, alongside Benny Carter, his soprano sax playing was almost on a par with that of Bechet. Just for the record, in the mid-20s Bechet was seeing Hodges’ sister and, in return for not telling their parents about this liaison, Sidney gave Hodges soprano sax lessons – hence the influence of the older man on his playing! He was also influenced by Armstrong but it is Bechet’s stamp that can be heard on his soprano contribution to Rent Party Blues, again with Ellington. Although his seemingly natural style was difficult to copy, he did influence certain musicians including Willie Smith, Charlie Holmes and Tab Smith.
Harry Carney (baritone sax) (1910-1974) Another Ellingtonian and, like Hodges, faithful to the Duke throughout his life, multi-instrumentalist (an excellent alto sax and clarinet player) Harry Carney’s principal instrument was baritone sax that, before him, had sounded heavy and clumsy. He was the first, and for a long time the only, musician to give it a distinctive, rich tone. He shines on Slap Happy which Ellington composed especially for him in 1938. In 1944 he took part in a session with four saxophonists: Tab Smith on alto, two tenors Don Byas and Coleman Hawkins and Carney himself on baritone, backed by a strong rhythm section including Big Sid Catlett on drums. Byas opens this Three Little Words with a beautiful Hawkins-inspired solo, before an authoritative Carney surges in, powered by Big Sid’s solid drumming. A piano interlude from Johnny Guarnieri paves the way for Tab Smith whose solo, it must be said, is not up to the standard of the others. Ideally it would have been better to have used Johnny Hodges or Benny Carter. As for Coleman Hawkins’ contribution- as always he is the boss!
DC 2: Those who came after
CD 2 presents the best of the tenor and alto sax players who followed the early pioneers on the first CD.
The Tenors
Although Coleman Hawkins provided the inspiration for many young saxophonists not all of them tried to copy him exactly but rather were impregnated with his tone, phrasing and use of vibrato, adapting them to their own style. Leon “Chu” Berry (1910-1941), who sadly died at an early age, came closest to equally him in volume, swing and imaginative improvisations. Fans often stress this swinging aspect but he also made use of extremely moving vibrato. Sweethearts On Parade with Lionel Hampton is a masterpiece, perhaps Berry’s most well-known record, on which he gives a magical performance throughout. The ballad A Ghost Of A Chance recorded in 1940 with Cab Calloway was his reply to Coleman Hawkins’ hit Body And Soul. He was also famous for the way he constructed his solos, seeming to know from the opening bar exactly where he was going.
Ben Webster (1909-1973) was another tenor great, his opulent tone charged with emotion, as moving on ballads as on blues, imbuing both with a great depth of feeling. He is at his best on the blues Poutin’. Another important figure was that of Joe Thomas (1909-1986), leading light of Jimmie Lunceford’s orchestra. His improvisations were never over elaborate but he uses a rich, warm tone, long-held notes and compact bluesy phrases to make his point. He is an extremely impressive blues player, his solos logically developed as here on Page Boy Shuffle, coming in after two creditable baritone choruses from George Favors.
Herschel Evans (1909-1939): although his recording career was very short he still left his mark on numerous Texan saxophonists who from 1940 dominated the jazz scene, including Illinois Jacquet, Arnett Cobb and Buddy Tate. We have an example of his rich powerful tone and forceful delivery on Blue And Sentimental with Count Basie’s orchestra in 1938 which was a hit with both his fans and peers. Coleman Hawkins himself was so impressed by this record that, on his return from Europe in 1939, he immediately wanted to go and hear Evans but, alas, it was too late for the young musician had died a few days previously. It is said that Hawkins didn’t leave his hotel for several days after hearing the news.
Jean-Baptiste “Illinois” Jacquet (1922-2004) was an eminent representative of the Texan Tenors. A true prodigy, he made a triumphant entry on the jazz scene by recording a legendary solo on the Decca recording of Lionel Hampton’s Flyin’ Home in 1942. This much-copied solo was only the first of many successes. His speed, staggering technique, expressive vibrato and huge tone made him one of the most important tenor sax players of his time. Just A Setten’ And A Rockin’ is another example of just what he was capable of. Arnett Cobb (1918-1989), another Texan Tenor whose huge sound and ferocious attack earned him the nickname “Wild Man of the Tenor Sax”, took over from Illinois Jacquet in Hampton’s band in 1944 for several years. He always made a great impact on the public and brought the house down during Hampton’s famous Carnegie Hall concert in 1944, stunning the audience with his rugged phrasing on this version of Flyin’ Home. His was certainly yet another way of using the tenor sax.
Our final Texan Tenor representative, George “Buddy” Tate (1914-2001) spent almost 10 years with Count Basie’s orchestra. His might be described as “natural jazz”; no clichés, nothing eccentric, no unnecessary flourishes but easy music that flows effortlessly. His melodic line is well balanced, easy to follow, together with a swing that delighted dancers as well as listeners. His band was very popular with dancers in Harlem and attracted big crowds when appearing at the Savoy Ballroom or the Celebrity Club, as it did frequently for more then 20 years! His big tone dominates on Swinging Away With Willie. He was also an excellent blues player.
Ike Quebec (1918-1963) modelled himself on Coleman Hawkins and Ben Webster, but also Louis Armstrong whom he called “a master of the language of jazz”. In 1944 he replaced Illinois Jacquet in Cab Calloway’s band where he stayed for several years. A pure jazzman, he has been unduly ignored by jazz fans. His playing is authoritative with great clarity of expression and cleanly executed notes, each phrase precisely thought-out. An outstanding blues player, he was also at home with ballads, combining strength and tenderness, as on this version of She’s Funny That Way.
Carlos “Don” Byas (1913-1972) also belonged to the school of Coleman Hawkins whose tone he echoes. During the 40s, after a two-year stint with Count Basie’s band, he was very much in demand by the studios and also in the clubs on New York’s famous 52nd Street. His sumptuous tone, imaginative gifts, perfect technique and calm efficiency explain his presence on so many records during 1944 and 45, before he came to Europe. He stands out on Melody In Swing, composed by Big Sid Catlett, present on drums.Albert “Big Al” Sears (1910-1990) is a musician whose style is characterised by the contrasts found in his improvisations. He follows smooth-flowing, often quiet passages with powerful, violent ones, staccato phrases on the beat, which engender considerable swing. This skilful play on the contrast between gentleness and harshness produces intriguing solos. He is part of the big sound school of tenors, à la Coleman Hawkins, with even the suggestion of a growl at times. Ellington chose him to replace Ben Webster and, after leaving the band, he collaborated with Johnny Hodges for over 2 years during which time he recorded one of his own compositions and arrangements Castle Rock. This was hit, especially with the dancers in Harlem, the most knowledgeable public!
Eli “Lucky” Thompson (1924-2005) was extremely gifted and should have had a far more successful career. At the age of 20 he was already making a mark in Count Basie’s band but, unfortunately, this was the era of the recording ban so his presence in this prestigious formation was barely noticed. Only those who listened to the radio in 1944-45 had the chance to realise the talent of this remarkable young tenor. He was born at the wrong time when true young jazzmen, in order to play, had to mingle with boppers whose music didn’t suit them at all. His ballad Just One More Chance (1947) shows just what he was capable of. Lucky Thompson was one of the last really good tenor saxophonists from the Coleman Hawkins school. Although Hubert “Bumps” Myers (1912-1968) is unknown to many jazz fans, he distinguished himself alongside Lionel Hampton, T-Bone Walker and especially Benny Carter. Listen to his elegant Love For Sale with its echoes of Hawkins and backed by Big Sid Catlett.
Alix Combelle (1912-1978) is a Frenchman worthy of being classed alongside the great black soloists for his exceptional sound, phrasing and swing. He assimilated perfectly the musical language of black musicians without ever copying them. He is heard here on Fariboles recorded in Paris in 1942 with some brilliant partners who produce some swinging ensembles and great solos. Alix himself takes two outstanding solos, launching into the second with fantastic swing. He always said his favourite tenors were Coleman Hawkins and Chu Berry so it’s not surprising he, too, was so adept at the big sound. And now we come to the great Lester Young (1909-1959). Some critics prefer his style to that of Coleman Hawkins but he never had the same influence on young musicians as Hawkins did. From the very beginning Young had wanted to distance himself from the Hawkins current that was so dominant in the 30s. He fervently desired to be different in every domain: a lighter dryer sound, unusual phrasing rarely stressing the beat and alternative fingerings. His beautiful and delicate sound made him a star in Count Basie’s orchestra with which he cut some top class solos but later his playing was greatly affected by ill health. His two long solos on I Got Rhythm from 1944 are outstanding, with a trenchant Dickie Wells on trombone and several friends from Basie’s formation, including Jo Jones on drums. Although he influenced numerous saxophonists his followers were nowhere near the standard of Coleman Hawkins’ followers. None of his imitators was able to capture his essential message, the core of his music, being content to copy him superficially. Our final tenor saxophonist is the best of a later generation, King Curtis (Curtis Ousley) (1934-1971). He was a superb blues player e.g. Rib Joint with pianist Sammy Price. With his syncopated style, deep and fruity tone, with a characteristic burr, it is not surprising that he served as a reference for younger musicians. He had a lot of success in soul music before his tragic death in 1971.
Altos
Among the alto sax players who came after the seemingly untouchable Coleman Hawkins and Benny Carter were a handful whose best solos are worthy of comparison with the two maestros.
The first, Willie Smith (1908-1967) was for years the star of Jimmie Lunceford’s orchestra. He had a beautiful timbre and excellent technique, allied to a rich inventive vein. On Strictly Instrumental with Lunceford he produces an explosive 16-bar solo, followed by 8 bars from tenor Joe Thomas and then he returns for a superb 16-bar chorus. His swing is so impetuous and the volume such that one might almost take his alto for a tenor! Earl Bostic (1914-1965) another technically gifted, swinging musician featured on a stunning version of Steamwhistle Jump, a suite of variations on Ellington’s theme tune Take The A Train, also deserves a place among the best alto sax players. Hilton Jefferson (1903-1968) throughout his career played with some top ranking jazz musicians e.g. King Oliver, Fletcher Henderson, Chick Webb, Cab Calloway and Duke Ellington, and was known for his pure tone and melodic style. His alto improvisations are well worth listening to on Willow Weep For Me with Cab Calloway. And finally we come to Charlie Parker (1920-1955) the supreme creative improviser. The young Parker had been an excellent blues player in Kansas City in pianist Jay McShann’s orchestra around 1941-42. In 1944 he was offered the opportunity to record with electric guitar ace Tiny Grimes with whom he jammed almost every night at the Spotlight Club in New York. On Tiny’s Tempo he takes three excellent up tempo blues choruses.
In conclusion, we have to ask ourselves where we would be without Adolphe Sax’s invention and without the musical genius of those presented on this CD; a world without the jazz saxophone is simply unimaginable! Lack of space makes it impossible for us to include other accomplished saxophonists worthy of mention. However, we are grateful to them all and, of course, to Adolphe Sax, for enriching our musical lives!
Jacques MORGANTINI
Adapted from the French text
by Joyce WATERHOUSE
© 2010 Frémeaux & Associés
78s and LPs from the collection of Jacques Morgantini
Photos & collections: Jacques Morgantini, X (D.R.).
Photographs reproductions: Pierre Allard.
Grateful thanks to Jean Buzelin
DISCOGRAPHIE
CD 1
1. KANSAS CITY MAN BLUES (C. Williams - C. Johnson) 71707-B
2. MAPLE LEAF RAG (S. Joplin) 73502-1
3. INDIAN SUMMER (V. Herbert - A. Dubin) 046832-1
4. WHERE AM I? (M. Mezzrow - S. Bechet) KJ 43-3
5. I’VE GOT TO SING A TORCH SONG (Dubin - Warren) 265155-1
6. HOW DEEP IS THE OCEAN (I. Berlin) T 1906
7. THE MAN I LOVE (G. Gershwin) L-4011
8. ON THE SUNNY SIDE OF THE STREET (D. Fields - J. McHugh) 5468
9. ORGAN GRINDER’S SWING (M. Parrish - W. Hudson - I. Mills)
10. I’D LOVE IT (D. Redman - W. Hudson) 57066-2
11. KRAZY KAPERS (B. Carter) 265159-2
12. BLUES IN MY HEART (B. Carter) 396-1
13. I’M IN THE MOOD FOR SWING (B. Carter) 024065-1
14. NIGHT WALK (C. Anderson)
15. ALL OF ME (G. Marks - S .Simons)
16. I’M GONNA SIT RIGHT DOWN (Ahlert - Young)
17. ON THE SUNNY SIDE OF THE STREET (D. Fields - J. McHugh) 07864-1
18. RENT PARTY BLUES (D. Ellington) 1002-1
19. SLAP HAPPY (D. Ellington) 961-1
20. THREE LITTLE WORDS ( H. Ruby - B. Kalmer) HL 30-1
SOLOISTS & ARRANGERS
5. H. Allen (tp), C. Hawkins (ts). Arr: Horace Henderson
10. B. Carter (as), C. Jones (tb), C. Hawkins (ts). Arr: Don Redman
12. B. Carter (as), G. Chisholm (tb), F. Johnson (p). Arr: Benny Carter
13. H. James (tp), B. Carter (as), L. Hampton (vib), B. Kyle (p). Arr: Benny Carter
14. J. Hodges (as). Arr: Cat Anderson
15. J. Hodges (as). Arr: Duke Ellington
19. H. Carney (bs), C. Williams (tp), J. Nanton (tb), H. Carney (bs). Arr: Duke Ellington
20. D. Byas (ts), H. Carney (bs), J. Guarnieri (p), T. Smith (as), C. Hawkins (ts)
(I) Clarence Williams’ Blue Five : Tom Morris (cnt), John Mayfield (tb), Sidney Bechet (ss), Clarence Williams (p), Buddy Christian (bjo). New York City, July 30, 1923.
(2) New Orleans Feetwarmers : Tommy Ladnier (tp), Teddy Nixon (tb), Sidney Bechet (ss), Hank Duncan (p), Wilson Myers (b), Morris Morand (dm). NYC, September 5, 1932.
(3) Sidney Bechet & His New Orleans Feetwarmers : Sidney Bechet (ss), Sonny White (p), Charlie Howard (g), Wilson Myers (b), Kenny Clarke (dm). NYC, February 5, 1940.
(4) Mezzrow-Bechet Quintet : Mezz Mezzrow (cl), Sidney Bechet (ss), Sammy Price (p), Pops Foster (b), Kaiser Marshall (dm). Chicago, December 18, 1947.
(5) Horace Henderson & His Orchestra : Russell Smith, Bobby Stark, Henry “Red“ Allen (tp), Claude Jones, Dickie Wells (tb), Russell Procope (cl, as), Hilton Jefferson (as), Coleman Hawkins (ts), Horace Henderson (p), Bernard Addison (g), John Kirby (b), Walter Johnson (dm). NYC, October 3, 1933.
(6) Coleman Hawkins & His Orchestra : Bill Coleman (tp), Andy Fitzgerald (cl), Coleman Hawkins (ts), Ellis Larkins (p), Al Casey (g), Oscar Pettiford (b), Shelly Manne (dm). NYC, December 8, 1943.
(7) Coleman Hawkins’ Swing Four : Coleman Hawkins (ts), Eddie Heywood (p), Oscar Pettiford (b), Shelly Manne (dm). December 23, 1943.
(8) Cozy Cole-Coleman Hawkins All-Stars : Emmett Berry (tp), Walter Thomas (as, ts), Eddie Barefield (as), Coleman Hawkins (ts), Johnny Guarnieri (p), Mack Shopnick (b), Cozy Cole (dm). NYC, June 14, 1944.
(9) Cozy Cole’s Big Seven : Rex Stewart (cnt), Tyree Glenn (tb), Coleman Hawkins (ts), Claude Hopkins (p), Billy Bauer (g), Arvell Shaw (b), Cozy Cole (dm). NYC, 1955.
(10) McKinney’s Cotton Pickers : Joe Smith, Sidney de Paris, Leonard Davis (tp), Claude Jones (tb), Don Redman (cl, as), Benny Carter (as), Coleman Hawkins, Theodore McCord (ts), Fats Waller (p), Dave Wilborn (bjo), Billy Taylor (b), Kaiser Marshall (dm). NYC, November 6, 1929.
(11) The Chocolate Dandies : Max Kaminsky (tp), Benny Carter (as), Floyd O’Brien (tb), Leon “Chu“ Berry (ts), Teddy Wilson (p), Lawrence Lucie (g), Ernest Bass Hill (b), Sidney Catlett or Mezz Mezzrow? (dm). NYC, December 10, 1933.
(12) Benny Carter 1 His Orchestra : Sam Dasberg, Cliff Woodridge, Rolf Goldstein (tp), George Chisholm (tb), Harry Van Owen (tb), Benny Carter, Louis Stephenson (as), Bertie King, Jimmy Williams (ts), Freddy Johnson (p), Ray Webb (g), Len Harrison (b), Robert Montmarché (dm). Den Haag, August 17, 1937.
(13) Lionel Hampton & His Orchestra : Harry James (tp), Benny Carter, Dave Matthews (as), Herschel Evans, Babe Rusin (ts), Billy Kyle (p), John Kirby (b), Jo Jones (dm), Lionel Hampton (vib). NYC, July 21, 1938.
(14) Duke Ellington & His Orchestra : Clark Terry, Cat Anderson, Willie Cook, Ray Nance, (tp), Quentin Jackson, Britt Woodman, John Sanders (tb), Russell Procope, Johnny Hodges (as), Jimmy Hamilton (cl, ts), Paul Gonzalves (ts), Harry Carney (bs), Billy Strayhorn (p),Jimmy Woode (b), Sam Woodyard (dm). Chicago or NYC, January 12, 1956.
(15) Same as for (14), but Harold Baker (tp), Duke Ellington (p), Joe Benjamin (b) replace Anderson, Strayhorn and Woode. Carrolltown, PN. June 1957.
(16) Johnny Hodges & His Band : Ray Nance (tp), Lawrence Brown (tb), Jimmy Hamilton (cl, ts), Johnny Hodges (as), Harry Carney (bs), Billy Strayhorn (p), Jimmy Woode (b), Sam Woodyard (dm). Chicago or NYC, January 11, 1956.
(17) Lionel Hampton & His Orchestra : Buster Bailey (cl), Johnny Hodges (as), Jess Stacy (p), Allen Reuss (g), John Kirby (b), Cozy Cole (dm), Lionel Hampton (vib, voc). NYC, April 26, 1937.
(18) Johnny Hodges & His Orchestra : Cootie Williams (tp), Lawrence Brown (tb), Johnny Hodges (as), Harry Carney (bs), Duke Ellington (p), Billy Taylor (b), Sonny Greer (dm). NYC, March 21, 1939.
(19) Duke Ellington & His Orchestra : Wallace Jones, Cootie Williams, Rex Stewart (tp), Joe “Tricky Sam“ Nanton, Lawrence Brown, Juan Tizol (tb), Johnny Hodges, Otto Hardwicke (as), Barney Bigard (cl, ts), Harry Carney (bs), Duke Ellington (p), Fred Guy (g), Billy Taylor (b), Sonny Greer (dm). NYC, December 22, 1938.
(20) Coleman Hawkins & His Sax Ensemble : Tab Smith (as), Don Byas, Coleman Hawkins (ts), Harry Carney (bs), Johnny Guarnieri (p), Al Lucas (b), Big Sid Catlett (dm). NYC, May 24, 1944.
DISCOGRAPHIE
CD 2
1. SWEETHEARTS ON PARADE (G. Lombardo - C. Newman) 035703-1
2. A GHOST OF A CHANCE (Crosby - Washington - Young) 3163-A
3. POUTIN’ (B. Webster)
4. PAGE BOY SHUFFLE (H. Glover) 7094
5. BLUE AND SENTIMENTAL (C. Basie) 63919-A
6. JUST A STETTIN’ AND A ROCKIN’ (D. Ellington - B. Strayhorn) 545-4
7. FLYIN’ HOME (L. Hampton - B. Goodman)
8. SWINGIN’ AWAY WITH WILLIE AND RAY (B. Tate) 158
9. SHE’S FUNNY THAT WAY (Whiting - Moret) 986
10. MELODY IN SWING (OUT OF MY WAY) (S. Catlett - T. Green) MF 27-1
11. CASTLE ROCK (A.Sears) 515-3
12. JUST ONE MORE CHANCE (Coslow - Johnston) D7-VB-510
13. LOVE FOR SCALE (H. Henderson) 555-3
14. FARIBOLES (A. Combelle) OSW 294-1
15. I GOT RHYTHM (G. & I. Gershwin) 19003-1
16. RIB JOINT (S. Price - O. Cadena) 6893
17. STRICTLY INSTRUMENTAL (B. Benjamin - S. Marcus - E. Battle) 3063 A
18. STEAMWHISTLE JUMP (E. Bostic) 9225
19. WILLOW WEEP FOR ME (A. Ronell) 3519-1
20. TINY’S TEMPO (T. Grimes - C. Hart) 5710-3
SOLOISTS & ARRANGERS
2. C. Berry. Arr : Andy Gibson
5. H. Evans (ts), C. Basie (p), E. Lewis (tp), L. Young (cl), H. Evans (ts). Arr: Eddie Durham
7. L. Hampton (vib), A. Cobb (ts), A. Killian (tp), F. Radcliffe & L. Hampton (dm). Arr: Lionel Hampton & Milt Buckner
10. B. Peacock (as), B. Clayton (tp), B. Tate (ts). Arr: Skip Hall
11. A. Sears (ts). Arr: Al Sears
14. C. Bellest (tp), H. Rostaing (as), A. Combelle (ts). Arr: Alix Combelle
17. J. Thomas (ts), P. Webster (tp), W. Smith (as). Arr: Edgar Battle
19. H. Jefferson (as). Arr: Andy Gibson
(1) Lionel Hampton & His Orchestra : Chu Berry (ts), Clyde Hart (p), Allen Reuss (g), Milt Hinton (b), Cozy Cole (dm), Lionel Hampton (vib, voc). NYC, April 5, 1939. (
2) Cab Calloway & His Orchestra : Mario Bauza, Dizzy Gillespie, Lamar Wright (tp), Tyree Glenn, Quentin Jackson, Keg Johnson (tb), Jerry Blake (cl, as), Hilton Jefferson (as), Andrew Brown (as, bs), Chu Berry, Walter Thomas (ts), Bennie Payne (p), Danny Barker (g), Milt Hinton (b), Cozy Cole (dm), Cab Calloway (lead). Chicago, June 27, 1940.
(3) Ben Webster’s All Stars : Ben Webster (ts), Oscar Peterson (p), Barney Kessel (g), Ray Brown (b), J.C.Heard (dm). NYC, May 21, 1953.
(4) Todd Rhodes & His orchestra : Howard Thompson (tp), Holley Dismukes (as), Joe Thomas, Louis Barnett (ts), George Favors (bs), Todd Rhodes (p), Joe Williams (b), Huestall Tally (dm). Cincinnati, January 25, 1949.
(5) Count Basie & His Orchestra : Buck Clayton, Ed Lewis, Harry Edison (tp), Eddie Durham, Benny Morton, Dan Minor (tb), Earl Warren (as), Jack Washington (as, bs), Herschel Evans (ts), Lester Young (cl, ts), Count Basie (p), Freddie Green (g), Walter Page (b), Jo Jones (dm). NYC, June 6, 1938. (
6) Illinois Jacquet & His Orchestra : Illinois Jacquet (ts), Hank Jones (p), John Collins (g), Gene Ramey (b), Art Blakey (dm). NYC, May 24, 1951.
(7) Lionel Hampton & His Orchestra : Al Killian, Joe Morris, Dave Page, Lamar Wright, Wendell Culley (tp), Al Hayse, Abdul Hamid, John Morris, Andrew Penn (tb), Herbie Fields (cl, as), Gus Evans (as), Arnett Cobb, Jay Peters (ts), Charles Fowlkes (bs), Milt Buckner (p), Billy Mackel (g), Charlie Harris, Ted Sinclair (b), Fred Radcliffe (dm), Lionel Hampton (vib, dm). Carnegie Hall, NYC, April 15, 1945.
(8) Buddy Tate & His Orchestra : Buck Clayton (tp), Eli Robinson (tb), Bernie Peacock (as), Buddy Tate (ts), Skip Hall (p), Harry Butts (b), Harold Austin (dm). NYC, 1948.
(9) Ike Quebec Quintet : Ike Quebec (ts), Roger “Ram“ Ramirez (p), Tiny Grimes (g), Milt Hinton (b), J.C.Heard (dm). NYC, July 18, 1944.
(10) Don Byas Quartet : Don Byas (ts), Johnny Guarnieri (p), Al Hall (b), Big Sid Catlett (dm). NYC, September 12, 1945.
(11) Johnny Hodges & His Orchestra : Emmett Berry (tp), Lawrence Brown (tb), Johnny Hodges (as), Big Al Sears (ts), Billy Strayhorn (p), Lloyd Trottman (b), Sonny Greer (dm) NYC, March 3, 1951.
(12) Lucky Thompson & His Lucky Seven : Neal Hefti (tp), Benny Carter (as), Lucky Thompson (ts), Bob Lawson (bs), Dodo Marmarosa (p), Barney Kessel (g), Red Callender (b), Lee Young (dm). Los Angeles, April 22, 1947.
(13) Big Sid Catlett’s Band : Joe Guy (tp), Bull Moose Jackson (as), Illinois Jacquet, Bumps Myers (ts), Horace Henderson (p), Al Casey (g), John Simmons (b), Big Sid Catlett (dm). Los Angeles, January 19, 1945.
(14) Alix Combelle et son Orchestre : Christian Bellest, Jean Lemay, Charles Suire (tp), Jean-Louis Jeanson (tb), Pierre Delhoumeau, Hubert Rostaing (cl, as), Roby Davis, Alix Combelle (ts), Roger Chaput (g), Emmanuel Soudieux (b), Pierre Fouad (dm). Paris, March 7, 1942.
(15) Dickie Wells & His Orchestra : Bill Coleman (tp), Dickie Wells (tb), Lester Young (ts), Ellis Larkins (p), Freddie Green (g), Al Hall (b), Jo Jones (dm).NYC, December 12,1943.
(16) Sam Price & The Rock Band : King Curtis (ts), Sam Price (p), Mickey Baker (g), Leonard Gaskin (b), Bobby Donaldson (dm). Hackensack, October 17, 1956.
(17) Jimmie Lunceford & His Orchestra : Freddie Webster, Harry Jackson, Bob Mitchell, Paul Webster (tp), Russell Bowles, Fernando Arbello, Trummy Young (tb), Willie Smith, Benny Waters, Dan Grissom (as), Joe Thomas (ts), Earl Carruthers (cl, bs), Edwin Wilcox (p), Al Norris (g), Truck Parham (b), Jimmy Crawford (dm), Jimmie Lunceford (lead). Los Angeles, June 26, 1942.
(18) Earl Bostic & His Orchestra : Blue Mitchell (tp), Earl Bostic (as), Ray Felder (ts), Joe Knight (p), Mickey Baker (g), Ike Isaacs (b), George Brown (dm), Gene Redd (vib). NYC, December 17, 1952.
(19) Cab Calloway & His Orchestra : same as for (2), featuring Hilton Jefferson (as). Chicago, January 16, 1941.
(20) Tiny Grimes Quintet : Charlie Parker (as), Clyde Hart (p), Tiny Grimes (g), Jimmy Butts (b), Harold “Doc“ West (dm). NYC, September 15, 1944.
CD They give a voice to the Saxes - Classic Jazz 1923-1957 © Frémeaux & Associés (frémeaux, frémaux, frémau, frémaud, frémault, frémo, frémont, fermeaux, fremeaux, fremaux, fremau, fremaud, fremault, fremo, fremont, CD audio, 78 tours, disques anciens, CD à acheter, écouter des vieux enregistrements, albums, rééditions, anthologies ou intégrales sont disponibles sous forme de CD et par téléchargement.