Manouche Partie FA8544

Daniel Givone & Swing of France
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MANOUCHE PARTIE
Avec Swing of France, la nouvelle génération s’empare du grand répertoire. Après « La contre-attaque du jazz musette » qui posait le décor de la reconquête, Swing of France est de retour ! Le combo qui vient de l’Ouest de la France s’entoure pour l’occasion de Daniel Givone, éminente figure parmi les héritiers de Django, pour rendre hommage à un disque culte. Enregistré en 1960, le « Manouche partie » de l’accordéoniste légendaire Jo Privat, est la pierre angulaire du jazz musette. Un classique indémodable dont chacune des faces a quasiment servi d’étalonnage à tous les héritiers du swing et qui est pourtant indisponible aujourd’hui ! On ne recherche pas ici les fioritures, comment réarranger, ou user les pistes jusqu’à l’os, juste à transmettre les émotions des mélodies du disque d’origine… et c’est là toute la force de cet album !
Augustin BONDOUX et Patrick FRÉMEAUX
Swing of France, the new-generation band that takes on the classics! After “Jazz Musette Strikes Back”, an album that set the scene for victory, this could be “Swing of France – The Return”! The western France combo is joined here by Daniel Givone, one of Django’s eminent heirs, for a tribute to the cult album “Manouche Partie”. Made in 1960 by the legendary accordionist Jo Privat (a jazz musette cornerstone), that one was a classic: it never went out of fashion, with every title a legacy of Swing… and every heir to the style has wanted to measure his own talent against it. Incredibly, that album is now unavailable, but this tribute more than makes up for it: no stylistic flourishes, no attempts at modern arrangements, and no repetition. The band Swing of France just transmits the emotions contained in the original melodies. The result is a marvellous success.
Augustin BONDOUX et Patrick FRÉMEAUX
01 > VALSE DES NIGLOS 3’23
(G.Malha)
02 > LES YEUX NOIRS 3’08
(Trad)
03 > NUAGES 2’21
(D.Reinhardt)
04 > SONGE D’AUTOMNE 2’32
(A.Joyce)
05 > LES DEUX GUITARES 2’29
(Trad)
06 > MINOR SWING 2’23
(D.Reinhardt)
07 > CHEZ JACQUET 2’50
(D.Reinhardt)
08 > TAMBOO 2’55
(F.Cavez)
09 > CREPUSCULE 2’38
(D.Reinhardt)
10 > REVE BOHEMIEN 3’30
(J.Privat)
11 > RYTHMES GITANS 3’02
(J.Privat)
12 > JAVA MANOUCHE 2’51
(J.Privat)
13 > KALINKA 3’04
  (Trad)
14 > LA ZINGARA 3’36
  (J.Privat)

Hommage à Manouche Partie de Jo Privat
Bonne idée que cette relecture de « manouche partie » de Jo Privat, dont la version CD n’est plus disponible, ultime feu d’artifice d’un genre typiquement français inauguré par Gus Viseur et Tony Muréna dans les années 40, qui n’aura duré qu’une petite vingtaine d’années sans s’installer de manière durable dans le paysage musical comme a pu le faire le jazz manouche.
Petite histoire d’un disque historique
Dans le livret d’accompagnement de la réédition CD chez Nocturne en 1991, le regretté Didier Roussin, le dernier guitariste de Jo, éclaire notre lanterne. Ayant fait gagner pas mal de pognon à Pathé Marconi avec moult disques genre « danse du balai », (ni dans le goût ni dans le style de Jo mais il fallait bien vivre), la maison de disques accepta de lui laisser enregistrer ce qu’il voulait ; l’accordéoniste choisit ses musiciens : Matelot Ferret, guitare, Jacques Montagne, guitare d’accompagnement, Jean-Baptiste « Mak kak » Reilles, batterie et Dubois, un bassiste qui jouait beaucoup de tsigane ; quant au violoniste emmené par Matelot, un hongrois qui travaillait dans une boite tsigane, on n’a jamais su son nom. « De tous mes disques, c’est certainement celui où tous les musiciens ont mis le plus de cœur ; c’était homogène (…) on bandait, quoi ! » (1)
Côté répertoire, 10 titres choisis en commun nés du métissage du jazz, de la musique tsigane et de la tradition musette, des mélodies que la fine équipe réunie par Privat connait bien pour les avoir jouées et rejouées : kalinka, vieux thème du folklore de l’Est, russe sans doute, les yeux noirs, les deux guitares, trois thèmes de Django : Chez Jacquet, valse composée dans sa jeunesse mais jamais enregistrée, Nuages et Minor swing dans des relectures éclatantes, Tamboo signé Francisco Cavese, joué sur un rythme de guaracha, la valse des niglos de Gusti Malha et deux compos inspirées de Privat, Java manouche et Rêve bohémien, l’une de ses plus belles valses ; 10 thèmes somptueux enregistrés le 3 novembre 1960 au studio Pathé Marconi de Boulogne, quasi en une seule prise, avec une excellent prise de son (2) ; un miracle d’équilibre avec des arrangements nés comme ça sur le tas, qui tombent au petit poil ; une rythmique au service de la musique, un tempo irréprochable, un énorme sens de la mise en place et des solistes en état de grâce.
Fin improvisateur, Jo Privat conjugue swing et élégance dans son phrasé toujours décontracté.
Quant à Matelot, voilà ce que Didier Roussin écrivait : « la guitare se fait tour à tour tendre, hargneuse, plaintive, mélancolique, joyeuse ou inquiétante ». Écho constant du discours de Privat, elle l’appuie, le relance, le ponctue, l’ornemente, l’entraîne, le dévergonde (…) Matelot est au même titre que Jo responsable de la splendeur de ces séances » (3).
Bref un moment d’exception que Jo résumera plus tard en disant pudiquement : « C’est du Champagne en intraveineuse ! »
Comme le 25cm ne s’est pas trop mal vendu, et que le 33 tours a fait son apparition quelque temps après, Pathé Marconi a décidé de le rééditer sur ce nouveau format en changeant de pochette et en y ajoutant 4 titres enregistrés le 16 décembre 1966 (Songe d’automne, d’Archibald Joyce, Crépuscule, compo méconnue de Django Reinhardt, Rythmes gitans et La Zingara, deux compos de Jo empreintes de feeling rabouin), avec Matelot (impérial sur la Zingara), Jo Privat Junior à la deuxième guitare, René Motta à la batterie et Jean Tordo à la clarinette.
La Contre-Attaque du Jazz Musette
Si l’accordéon a (re)trouvé sa place dans les musiques actuelles et le jazz, le swing musette n’a pas vraiment eu de descendance ; c’est la raison pour laquelle le quartet Nantais Swing of France a décidé il y a quelques années de lancer une contre-attaque du Jazz Musette, afin de remettre sur le devant de la scène ce patrimoine culturel original, typiquement français.
Le noyau dur du groupe se compose d’un accordéoniste (Erwan Mellec) et d’un guitariste (Thomas Le Briz).
Après un premier CD (VOL1) remarqué faisant la part belle aux classiques du style, le groupe a été invité à se produire au Mémorial Django d’Augsburg, prestigieux festival allemand ; pour l‘occasion, il s’était adjoint les services
de leur vieil ami Daniel Givone, guitariste bien connu dans le milieu swing manouche ; et c’est lors de ce séjour outre Rhin que l’idée de rendre hommage à « Manouche partie » a vu le jour ; une idée séduisante, même s’il est difficile de toucher à des œuvres quasi parfaites.
Si l’instrumentation est quelque peu différente de celle du disque d’origine (pas de violoniste et un tubiste à la place de la contrebasse), l’esprit, lui, est bien là ; tout d’abord dans le respect du tempo et du timing des morceaux originaux (guère plus de trois minutes) mais aussi dans l’approche...
Le groupe ne joue pas sur la virtuosité mais sur la mise en valeur de la beauté et de la force poétique de ces mélodies.
Humilité et sobriété sont ici les maîtres mots, à l’image de l’accompagnement tout en retenue et en légèreté de la guitare de Thomas Le Briz dans la lignée d’un Didi Duprat. Batterie (Frédéric Robert), guitare et tuba (Vincent Morinière) assurent un accompagnement royal, à l’ancienne, et déroulent le tapis aux deux solistes.
Erwan et Daniel apportent leur point de vue, celui d’une autre génération de musiciens, avec des chorus d’une grande fraîcheur d’inspiration et des arrangements originaux (cf l’exposé au tuba sur la Zingara).
Erwan Mellec conjugue swing et souplesse dans son phrasé, poétise avec élégance et envoie quelques belles fusées quand il le faut (cf la valse de niglos ou ses envolées sur les yeux noirs).
Quant à Daniel Givone, c’est bien l’homme de la situation ; il sculpte ses notes et fait chanter sa guitare (cf son remarquable exposé sur Crépuscule ou ses roulements de cordes à la Matelo sur la Zingara ou sur Songe d’automne), pimentant son jeu sobre de quelques accélérations foudroyantes (cf les yeux noirs ou Kalinka).
Pari amplement réussi donc ; un bien beau disque que le grand Jo Privat aurait sans nul doute aimé.
Francis Couvreux
Notes
(1) Interview de Privat par Didier Roussin (livret de la réédition CD chez Nocturne
(2) « On avait chacun un micro ; il n’y avait qu’une piste ; le mec qui prenait le son montait le micro »
(3) Notes de pochette de la réédition CD
« Jo Privat... Je me demande si je ne l’ai pas écouté en sortant du ventre de ma mère !
Mon père étant accordéoniste et grand fan de Jo, l’album « Manouche partie » passait régulièrement sur le tourne disque à la maison et cela bien avant que je débute la guitare...
Mes premières influences à la guitare manouche viennent de Matelot Ferré et le jour où j’ai rencontré Jo Privat, c’est tout naturellement le « Manouche Partie » que nous avons joués durant un après-midi... Un souvenir incroyable !
Par la suite j’ai eu la chance de pouvoir jouer avec d’autres piliers du swing musette tels que Didier Roussin, Daniel Colin, Patrick Saussois... Et c’est avec plaisir que je perdure à présent cet esprit avec Swing of France pour une nouvelle lecture de cet album de référence! »
Daniel Givone
Enregistré du 6 au 9 janvier 2017 à La Ferrière (https://laferriere.jimdo.com/).
Ingénieur son, mixage et mastering réalisés par Erwan Mellec.
Crédit photo, graphisme : Thomas Le Briz.
Avec nos remerciements à Bernard Bichon et Francis Couvreux ainsi qu’a tous ceux qui ont contribués à cette contre-attaque du Jazz musette !
Cet album est dédié à la mémoire d’André Givone.
Accordéon / accordion : Erwan Mellec
Guitare solo / lead guitar : Daniel Givone
Guitare d’accompagnement / 2nd guitar : Thomas Le Briz
Tuba : Vincent Morinière
Batterie / Drums : Frederic Robert
MANAGEMENT : contact@swingoffrance.com - www.swingoffrance.com
Fabrication/Distribution : Frémeaux & Associés - www.fremeaux.com