BENOIT BLUE BOY EN AMERIQUE
BENOIT BLUE BOY EN AMERIQUE
Ref.: LLL298

BENOIT BLUE BOY

Ref.: LLL298

Artistic Direction : PATRICK FREMEAUX

Label : LA LICHERE

Total duration of the pack : 1 hours

Nbre. CD : 1

Select a version :
Thanks to this pack, you get a 16.67 % discount or €4.99
This product is already in your shopping cart
A digital version of this product is already in your shopping cart
Shipped within 24 to 48 hours.
Distinctions
Recommended by :
  • - “UNIQUE ET ORIGINAL” ROLLIN’ & TUMBLIN
  • - TROPHÉE ARTISTE FRANÇAIS DE BLUES EN 98 / HARMONICISTE DE BLUES EN 99
  • - * * * * * PLAY LIST TSF BLUES & CO
  • - “SYMPA” EPOK
  • - PLAYLIST RFL
  • - “SUPERBE” BLUES FEELINGS
  • - “INCONDITIONNELLEMENT RECOMMANDÉ” BLUES BOARDER
  • - RECOMMANDÉ PAR LE CRI DU COYOTTE
  • - SÉLECTION JAZZ HOT
  • - * * * * JAZZMAN
  • - RECOMMANDÉ PAR TRAD MAG
  • - “ATTRAYANT, DYNAMIQUE, EXTRA” JAZZ NOTES
  • - RECOMMANDÉ PAR DIRTY LINEN
  • - DISQUE DE L’ANNEE 2001 (TROPHEES FRANCE BLUES)
Presentation

Benoît Blue Boy, is our national bluesman, he is covered with medals, and already has an impressing discography. During the summer of 2002, Benoît Blue Boy left for the United States in Austin, Texas, digging for american music, blues, rythm'n blues, mexican music, cajuns, country, western swing, soul... Deep american music, popular and mixed, from Latin America. He then went to the Gulf of Mexico to unite with musicans at Port Arthur where cajuns, mexicans and americans meet every night to danse and listen to their favorite orchestras coming staight from New-Orleans, Houston, San Antonio... This is the exciting story of Benoît Blue Boy in America.



Press
Tracklist
  • Piste
    Title
    Main artist
    Autor
    Duration
    Registered in
  • 1
    1 GARE TA VOITURE DANS L ALLEE
    BENOIT BLUE BOY
    BENOIT BLUE BOY
    00:05:06
    2001
  • 2
    HEY TOI
    BENOIT BLUE BOY
    BENOIT BLUE BOY
    00:03:27
    2001
  • 3
    TOUJOURS DEMAIN
    BENOIT BLUE BOY
    BENOIT BLUE BOY
    00:06:54
    2001
  • 4
    10 1I2 A CHEZ NOUS AKA PACHU GUMBO
    BENOIT BLUE BOY
    BENOIT BLUE BOY
    00:04:04
    2001
  • 5
    T ES LA SEULE
    BENOIT BLUE BOY
    BENOIT BLUE BOY
    00:03:52
    2001
  • 6
    BLUES EN LA NOCHE
    BENOIT BLUE BOY
    TRADITIONNEL
    00:03:44
    2001
  • 7
    J ENTENDS TON TAXI QU ARRIVE
    BENOIT BLUE BOY
    BENOIT BLUE BOY
    00:05:02
    2001
  • 8
    J SUIS PAS L HOMME QUI T FAUT
    BENOIT BLUE BOY
    BENOIT BLUE BOY
    00:03:47
    2001
  • 9
    TU SAIS RIEN
    BENOIT BLUE BOY
    BENOIT BLUE BOY
    00:03:34
    2001
  • 10
    C EST MOI QUI TIENT L VOLANT
    BENOIT BLUE BOY
    BENOIT BLUE BOY
    00:04:54
    2001
  • 11
    UN SALE BOULOT
    BENOIT BLUE BOY
    STEVE VERBEKE
    00:04:14
    2001
  • 12
    RENTRER CHEZ MOI
    BENOIT BLUE BOY
    BENOIT BLUE BOY
    00:03:57
    2001
  • 13
    TOUS LES JOURS
    BENOIT BLUE BOY
    BENOIT BLUE BOY
    00:02:59
    2001
  • 14
    2 GARE TA VOITURE DANS L ALLEE
    BENOIT BLUE BOY
    BENOIT BLUE BOY
    00:05:05
    2001
Booklet

Benoit Blue Boy

Benoit Blue Boy en Amérique

GARE TA VOITURE DANS L’ALLÉE - T’ES LA SEULE


Inclus Gare ta voiture dans l’allée version remixée fm et T’es la seule et Blues in the night (version latino)


Benoit Blue Boy En Amérique
En 1961 j’avais 15 ans et déjà un harmonica dans la poche. Dans les surprises-parties, on écoutait et on dansait sur Fats Domino, James Brown, Ray Charles, Jimmy Reed, Slim Harpo... En 1965, grâce aux premiers disques des Rolling Stones, j’ai pu commencer à chanter et jouer ce répertoire dans les clubs de jazz à Paris, le jeudi et le dimanche après-midi. Quelques années plus tard, en 1970, je suis parti d’abord à Los Angeles où j’ai pu jouer et rencontrer George “Harmonica” Smith, Albert Collins, Jimmy Rodgers, Muddy Waters, Albert King, etc. Puis la Louisiane où ce furent Zachary Richard, Clifton Chenier, Earl King, Fats Domino, Dr John Clarence “Frogman” Henry. C’est là que j’ai réalisé que toute la musique que j’écoutais 10 ans auparavant venait de la même région, le Golfe du Mexique, de l’embouchure du Mississippi, de New Orleans jusqu’à Corpus Christi, la frontière du Mexique et que les musiciens de Louisiane et du Texas adaptaient cette musique selon la langue de leurs publics qui pouvaient être français, ou espagnol pour les mexicains (pachucos) ou même cajun (gumbo). En juillet 2000, je suis parti à Austin, Texas, enregistrer une bonne douzaine de morceaux en hommage à cette musique dans un esprit et dans les conditions qui étaient celles d’un orchestre intégré du début des années 60, époque où la découverte des gisements de pétrole en mer rassemblait à Port Arthur, frontière du Texas et de la Louisiane, des cajuns, des américains, des mexicains, et qui, tous les soirs, allaient danser et écouter les orchestre favoris et régionaux arrivés de New Orleans, Houston, San Antonio, etc.
Benoît Blue Boy et les derniers rebelles de la côte du Golfe du Mexique


1. Gare ta voiture dans l’allée (Benoît Billot)
Editions SPPT - La Lichère
Benoît Blue Boy : vocal
Unk” John Turner : batterie
Pierre “Pitou” Pelegrin : basse
Hector “L’Araña” Watt : guitare
Mark Goodwin : piano, orgue
The West Side Horns : Eracleo “Rocky” Morales : tenor sax
Adalberto “Al” Gomez Jr : trompette
C’est vrai que c’est typiquement américain de garer sa voiture dans l’allée. James Brown, Jimmy Nolen, King Curtis et la Blue Eyed Soul – la soul aux yeux bleus – c’était la spécialité du meilleur orchestre de Louisiane; les Boogies Kings, et ils sont toujours là d’ailleurs. “Unk” John Turner m’a raconté toutes les fois où, quand il commençait à jouer de la batterie avec son voisin de classe Johnny Winter à la guitare, ils allaient voir les Boogies Kings, Cookie and the Cupcakes, Camille Bob and the Lollipops pour apprendre à jouer la caisse claire en retard pour mettre les riffs de cuivre en valeur et faire danser. C’est Rocky Morales, le “King Curtis Mexicain” de St-Antonio qui joue du saxophone. En 1961 il ne comptait déjà plus les disques de R’n’Blues dans lesquels il avait joué.


2. Hey! toi (Benoît Billot)
Editions SPPT - La Lichère
Benoît Blue Boy : vocal, harmonica, guitare
“Unk” John Turner : batterie
J.J. Barrera : basse
Hector “Araña” Watt : guitare
Lazy Lester, Slim Harpo, Jimmy Reed, Eddie Taylor. La base du R’n’R et du blues électrique : trois guitares, une batterie, un harmonica. Le chaos organisé, avec un chanteur qui tient debout par miracle et qui raconte une histoire de tous les jours à peine compréhensible, à vrai dire c’est c’que j’ai toujours préféré.


3. Toujours demain (Benoît Billot)
Editions SPPT - La Lichère
Benoît Blue Boy : vocal, harmonica, guitare
“Unk” John Turner : batterie
Pierre “Pitou” Pelegrin : basse
Hector “Araña” Watt : guitare
Mark Goodwin : orgue
The West Side Horns : Rocky Morales : sax tenor, Al Gomez Jr : trompette
Joe Barry (Joseph Barrios), Tommy McClain, Jimmy Donley. Une ballade louisianaise, ça commence comme une valse, et puis ça traîne des pieds sur le plancher, c’est d’une tristesse épouvantable (pire que le blues). C’est comme si le temps s’arrêtait le samedi soir et qu’il se perdait jusqu’au lundi matin. Dans les années 60, ce genre de morceau avait été testé par les producteurs. A peine fini d’enregistrer, d’abord dans les juke-boxes de bordel de Louisiane, pour voir si les filles pleuraient et remettaient sa chanson, ils partaient avec le disque directement faire le tour des radios locales, sûr que ça allait marcher. Otis Redding a commencé avec ce genre de morceau. Toujours demain, c’est plutôt pour les quartiers mexicains, mañana por la mañana.


4. 10 h 1/2 à “Chez nous” Aka “Pachu-Gumbo” (Benoît Billot)
Editions SPPT - La Lichère
Benoît Blue Boy : vocal
“Unk” John Turner : batterie
Pierre “Pitou” Pelegrin : basse
Hector “Araña” Watt : guitare
Texas Shuffle : ça a commencé avec Gatemouth et T.Bone, les inventeurs de la guitare électrique. L’instrument qui pouvait être joué plus fort que les cuivres. Enfin la Yenapas “Chez nous”, c’est le resto français du Texas, à Austin. ça ferme à 10 h 1/2 du soir, enfin pour les américains parce que pour “nous” c’est l’heure où on peut aller manger une tranche de pâté maison, du vrai pain, des cornichons et boire un verre de Chinon et parler français, et ça fait du bien. Pour y arriver, il faut remonter la 6e rue, passer devant les clubs. A cette heure-là, il fait encore vraiment chaud, la bière glacée coule à flots et la musique se déverse par les portes et les fenêtres ouvertes sur les trottoirs. Texas shuffle : “Faites-les rentrer, Banzaï!”.


5. T’es la seule (Benoît Billot)
Editions SPPT - La Lichère
Benoît Blue Boy : harmonicas
“Unk” John Turner : batterie
Pierre “Pitou” Pelegrin : basse
Hector “Araña” Watt : guitare
Mark Goodwin : orgue, piano
The West Side Horns : Rocky Morales : sax tenor,
Al Gomez Jr : trompette
Le R’n’B chicano. C’est mon dada, ça c’est mon truc (la musique des Pachucos de “San Anto” comme ils disent). ça a commencé à la fin des années 50 avec les groupes de doo-wap mexicains comme les “Pharahos” où sévissaient déjà Randy Garibay et Duke Antony. Ensuite ils ont voulu jouer comme Fats Domino; c’est là que sont apparus les cuivres et l’équipe des West Side Horns, dirigée par Rocky “Eraclo” Morales. Et des dizaines de groupes souvent mixés ont commencé à enregistrer des disques sur les marques locales. Des groupes aux noms extraordinaires comme Mando and the Chilli Peppers, Sonny Ozona and the Sun Glows, Johnny Jay and his Pompadors, Denny Ezba and the Fabulous Goldens, et puis Johnny Glenn, Dough Sahm, Ricky “at the keys”, Freddy Fender, etc. Personne au monde ne peut jouer comme The West Side Horns. Un mélange de mariachis mexicains et de fanfares New Orleans comme si c’était normal. Et chiale “Rocky”, le son de l’orgue aussi! C’est la signature de San Anto, y n’y a pas mieux pour remplacer l’accordéon. Thank you Mark.


“T’es la seule” est mon titre préféré. Une vraie chanson d’amour, basée sur la répétition (côté africain black des griots repris par les blancs sous le nom de sys­tème coué ou véritable litanie latine!) qui consiste à force de dire la même chose de convaincre la bien-aimée. Il suffit d’écouter une fois le titre pour qu’il vous hante, pour que sa mélodie simple mais néanmoins insidieuse, vous donne des allures d’Otis Redding français à la sauce mariachis, des allures de Benoît Blue Boy. Patrick FREMEAUX


6. Blues en la noche (Benoît Billot)
The blues in the night – Le blues dans la nuit
Editions SPPT - La Lichère
Benoît Blue Boy : vocal, harmonica
Randy Garibay : vocal, guitare
Duke Anthony (le Duc de San Anto) : batterie
Jack Barber : basse
The West Side Horns : Rocky Morales : sax tenor, Al Gomez Jr : trompette
Mon pote Randy Garibay – le premier et le meilleur des chanteurs de Rhythm n’ blues chicano - U.S.A. –. “Venga paqua pue”, il chante dans le parler de la rue, “El calo”, celui des Pachucos, des gangs mexicains bannero. C’est le vieux parler des paysans d’Amérique du Sud, ça leur permet surtout de parler entre eux sans que personne ne puisse les comprendre (personne et surtout la loi américaine). Il avait vraiment envie qu’on enregistre ce duo hispano-francophone. Il insistait : “les disc-jockeys de San Anto vont adorer ça, c’est une première mondiale”. Hasta luego y cuidad con los babys, Randy.
P.S. : y’a Jack Barber à la basse, le 1er musicien anglo-américain à jouer dans le groupe mexicain. Il est arrivé avec Randy, et il m’a dit qu’il voulait surtout pas rater ça.


7. J’entends ton taxi qu’arrive (Benoît Billot)
Editions SPPT - La Lichère
Benoît Blue Boy : vocal
“Unk” John Turner : batterie
Pierre Pelegrin : basse
Hector “Araña” Watt : guitare
Mark Goodwin : orgue
The West Side Horns : Rocky Morales : sax tenor,
Al Gomez Jr : trompette
Le blues New Orleans, ça a été inventé par Earl King et Eddie Jones, plus connu sous le nom de Guitar Slim. A sa première séance d’enregistrement, à New Orleans, il y aurait eu un certain Ray Charles au piano. Les producteurs étaient allés le chercher en prison. Ils tenaient beaucoup à ce qu’il écrive les arrangements – à Austin, il y avait Mark Goodwin au piano et à l’orgue. Par contre, à la guitare, il y avait mon ami Hector; il parle pas beaucoup, j’le connais depuis des années, je l’ai vu jouer entre autres avec Lou-Ann Banton, Paul Orta. Il est arrivé avec des guitares magnifiques qu’il avait emprunté à Mattéo et d’autres que lui avait donné Jimmy Vaughan et un ampli d’un autre monde sur lequel il y avait écrit “Jesus, para paz en las callès”. J’ai jamais très bien compris d’où il était. Certains disent que c’est un mescalero d’El Paso. Au bout de quelques jours, il est venu me voir dans le jardin derrière le studio et il m’a dit : “Benoît, j’ai appris beaucoup de choses avec toi”; j’ai vu qu’il était content et ça m’a fait plaisir. L’araña, c’est comme ça que “Pitou” Pelegrin l’appelle. Quand il joue, on dirait que sa main se transforme en araignée qui tisse sa toile lentement et inexorablement; une fois que vous êtes pris, vous en sortez pas. ça doit être un truc de Chaman...


8. J’suis pas l’homme qui t’faut (Benoît Billot)
Editions SPPT - La Lichère
Benoît Blue Boy : vocal
Unk” John Turner : batterie
J.J. Barrera : basse
Don Leady : guitare, steel guitare
Hector “Araña” Watt : guitare
Mark Goodwin : orgue
La Louisiane, au début des années 50 était avec le Texas la seule région où Elvis Presley était accepté. Rapidement la musique cajun et le western swing se sont transformés en rockabilly (ce qui veut plus ou moins dire “danse des péquenots”) dès qu’ils ont en­levé les violons. Et au début y en avait encore. J’ai demandé à mon ami Don “Gator” Leady de venir jouer de la guitare sur ce morceau. Il est arrivé de son Missouri natal au milieu des années 70 au Texas, où il a enregistré une dizaine de disques avec son groupe The Tail Gators (Keith Ferguson y jouait de la basse), le meilleur groupe de rock cajun que j’ai pu entendre. A la basse, il y a Monsieur Jean-Jacques “J.J.” Barrera. C’est un cas lui, sa mère française est née en Algérie et son père “Mexicain de Laredo” a écrit un livre magnifique dont le titre est “Puis les gringos sont arrivés”, tout un programme – d’ailleurs ce livre est interdit au Texas –. J.J. joue du bajo sexto avec Santiago Jimenez (le frère de Flaco Jimenez), le meilleur des orchestre de Norteño. Il a aussi remplacé Keith Ferguson au sein des Tail Gators. Hommage aux pionniers des Rock’-A-B louisianais : Al Ferrer and the Boppin’ Billies, Cleveland Crochet and the Sugar’ Bees, Johnny Jannot, Eugène “Terry” de Rouen and the Down Beats.


9. Tu sais rien (Benoît Billot)
Editions SPPT - La Lichère
Benoît Blue Boy : vocal, harmonica
“Unk” John Turner : batterie
Pitou Pelegrin : basse
Hector “Araña” Watt : guitare
Mark Goodwin : piano
The West Side Horns : Rocky Morales : sax tenor,
Al Gomez Jr : trompette
Voilà un morceau typique des disques de blues de Houston enregistrés par la marque de disques Duke ou Peacock. Les vedettes en étaient le chanteur Bobby “Blue” Bland et Junior Parker, un de mes harmonicistes préférés. On a toujours l’impression quand le morceau commence que Ben Hur va entrer dans l’arêne, avec les arrangements de cuivres exagérés; l’Araña a encore sévit. J’avais l’impression en jouant de l’harmonica de me débattre dans la toile qu’il venait de tisser. ça va, j’en suis sorti.


10. C’est moi qui tient l’volant (Benoît Billot)
Editions SPPT - La Lichère
Benoît Blue Boy : vocal, sifflet - “Unk” John Turner : batterie
Pitou Pelegrin : basse 
Hector “Araña” Watt : guitare
Mark Goodwin : piano
The West Side Horns : Rocky Morales : sax tenor
Al Gomez Jr : trompette
J’ai pas pu résister à écrire un morceau, comme celui-là. Le début du Rhythm n’?Blues de New Orleans, avec le piano et la rythmique rumba. C’est par Cuba, la Jamaïque et New Orleans que la musique africaine est arrivée aux U.S.A. J’aimer bien siffler. C’est comme de l’harmonica sans harmonica et puis c’est encore moins lourd. Merci encore à Mark Goodwin pour le piano et à l’“Unk” pour la batterie, ça avait l’air de bien l’amuser et puis il était fier.


11. Un sale boulot (Benoît Billot - Steve Verbeke)
Editions Croque-Musique
Benoît Blue Boy : vocal, harmonica 
“Unk” John Turner : batterie
Pitou Pelegrin : basse
Hector “Araña” Watt : guitare
Mark Goodwin : piano
The West Side Horns : Rocky Morales : sax tenor
Al Gomez Jr : trompette
J’ai écrit ce morceau avec Steve Verbeke pour son premier disque. Le soir d’avant j’avais vu Jean Reno faire le “nettoyeur” à la télé, un grand moment de cinéma français. On retrouve la même idée plus tard dans Pulp Fiction de Tarantino. C’est le genre de musique qu’on entendait à Port Arthur, Beaumont, Lake Charles, fin 50 début 60. C’est là que sont nés “Unk”, Johnny Winter, Janis Joplin, Clifton Chenier, Joe Long, Lonnie Brooks (Guitar Jr), Philip Walker, Long John Hunter. Clifton Chenier y jouait du blues français à l’accordéon. J’ai toujours essayé de faire sonner mes harmonicas comme lui se servait de son accordéon. J’ai beaucoup pensé à lui en enregistrant le morceau. C’est bien lui le premier chanteur de blues français.


12. Rentrer chez moi (Benoît Billot)
Editions SPPT - La Lichère
Benoît Blue Boy : vocal, harmonica
“Unk” John Turner : batterie
Jean-Jacques “J.J.” Barrera : basse
Don Leady : guitare, accordéon
Hector “Araña” Watt : guitare - Mark Goodwin : piano
Le zydeco ou les haricots, ou French la-la : la dernière des musiques afro-américaines créée en Louisiane; un gumbo de musique cajun et R’n’Blues. C’est Don Leady qui tient l’accordéon. J’ai toujours aimé mélanger l’harmonica avec l’accordéon. J’me souviens que “Unk” John est assis derrière sa batterie, il a respiré un grand coup et il a dit : “Faites attention, je vais faire ça comme ça doit être joué et y’aura pas besoin d’le faire deux fois, j’suis né avec”. Passe-moi le sel l’Unk, on va les faire danser. Le jour, à Austin, il faisait 52 degrés. Dehors, la plus forte vague de chaleur au Texas depuis 1910. Et quand on enregistrait, on arrêtait les ventilateurs et l’air conditionné dans les studios, à cause du bruit que j’aurais dû enregistrer d’ailleurs, car les musiciens ont du mal à s’en passer.


13. Tous les jours (Benoît Billot)
Delabel Editions
Benoît Blue Boy : vocal, harmonica 
“Unk” John Turner : batterie
Don Leady : guitare
Hector “Araña” Watt : guitare
Pierre Pelegrin : basse, sifflet
Le Rock n’ Roll cajun comme il était joué en Louisiane au moment où les disques des Beatles et des Rolling Stones sont arrivés. Toujours la même question : quoi faire avec 2 guitares, une batterie et un harmonica. C’est mon pote “Pitou” qui joue de la basse et qui siffle. C’est son morceau préféré. Faut dire qu’il a appris à se servir d’une basse avec Keith Ferguson et c’est le même Keith F. qui avait remis cette musique dans l’air du temps avec les T-Birds, son groupe dans les années 80.


14. Gare ta voiture dans l’allée
(Remixée version FM)


Une coproduction Benoît Blue Boy - La Lichère - Spectacles et productions Patrick Tandin - Frémeaux & Associés - Groupe Frémeaux Colombini SA. / Enregistré à Austin, Texas, juillet 2000, au Studio Glenn Glaz Recordin’ Studio par Glenn Rios. / Terminé, mixé, masterisé, octobre 2000 par Michel Delcampo, Studio Orlandus, 33?Mérignac, France. / Produit et réalisé par Benoît Blue Boy. / Grands remerciements à Philippe Combe qui m’a véritablement “accompagné” d’un bout à l’autre, à Thierry sans qui j’y serais pas “arrivé” et aux meilleurs “Les Tortilleurs” / Stan Noubar - Pacha, Fab’ Millerioux, Thibauld Chopin, “Duende” Keith Ferguson C/S. / Photos : Philippe Combe. / Management : Denis Leblond - Ets : 01 42 26 03 03


CD Benoit Blue Boy en Amérique © Frémeaux & Associés (frémeaux, frémaux, frémau, frémaud, frémault, frémo, frémont, fermeaux, fremeaux, fremaux, fremau, fremaud, fremault, fremo, fremont, CD audio, 78 tours, disques anciens, CD à acheter, écouter des vieux enregistrements, albums, rééditions, anthologies ou intégrales sont disponibles sous forme de CD et par téléchargement.)

------------------------------------------------
Les aventures de Benoît en Amerique par SOUL BAG
J’marche doucement. Plus qu’un titre de chanson, c’est une profession de foi ! Benoît Blue Boy a attendu quatre ans avant de nous proposer un nouvel album. Peaufiné à l’ancienne au fin fond du quartier mexicain d’Austin. Explications.
SOUL BAG : C’est ton dixième album et, pour la première fois, tu as éprouvé le besoin d’aller enregistrer aux États-unis. Est-ce que tu en avais marre des musiciens français ?
BENOÎT BLUE BOY : Ah, non vraiment pas ! Beaucoup de gens pensent ça ; c’est pour ça que j’étais hyper gêné. A part les Tortilleurs qui savaient parfaitement pourquoi je voulais y aller. C’est un truc dont j’avais envie depuis très longtemps, mais je voulais le faire au moment où je savais que je pourrai le contrôler, sans que personne ne me dise quoi faire. Et que je pourrais aller aux États-unis où je voudrais et utiliser les musiciens de mon choix. Ça n’a rien à voir avec les musiciens ou les studios français. La preuve, c’est que je suis allé le mixer à Bordeaux dans un studio que j’aime bien, avec des gens que j’aime bien. Les Tortilleurs, ça rime avec meilleur !
SB : Je m’en doutais un peu. Comme Patrick Verbeke, tu n’es pas allé là où on t’attendait. Quitte à aller aux États Unis, on voyait bien Patrick aller à Austin pour se payer Double Trouble et toi, on te voyait plutôt aller en Louisiane. Résultat, il est allé à la Nouvelle Orléans et on te retrouve à Austin. Pourquoi cette idée ?
BBB : Parce que j’en ai parlé le premier. Donc, Patrick est allé tout de suite à New Orleans quand il a su…[rires]. Non, c’est parce que je savais, connaissant bien la région, que je trouverai à Austin des musiciens venant de Port Arthur, de Houston et de San Antonio. Parce que c’est une espèce de centre où il y a des studios et des musiciens qui viennent de tout le Texas et de la Louisiane. J’aurais pu me poser à Port Arthur où je connais des studios, mais ç’aurait été plus difficile pour faire venir des musiciens de San Antonio. Et à Austin, il y a des clubs, alors, il y a toujours des musiciens.
SB : Ça se prépare comment, avant le départ, un enregistrement comme ça ?
BBB : Ben, faut écrire les morceaux. Je les avais tous depuis un bon moment, parce que j’ai pas fait de disque depuis quelque temps…J’ai écrit les morceaux en sachant parfaitement avec qui j’allais les faire. Je savais qui j’allais prendre. Donc j’ai préparé le disque dans ma tête. Je ne pense pas que j’aurais mis ces mêmes morceaux si j’avais fait un disque ici avec les Tortilleurs.
SB : Tu avais aussi pensé aux arrangements ?
BBB : Oui, parfaitement. Quand les cuivres sont arrivés, je leur ai sifflé les morceaux…J’ai sifflé les trois quarts des riffs.
SB : Ils ne lisent pas la musique ?
BBB : Si, le trompettiste écrit. Tout de suite, je l’ai vu qui tenait la trompette d’une main et qui écrivait de l’autre…Il doit être gaucher d’ailleurs. Il m’a dit qu’il avait pris cette habitude du temps où il jouit avec Doug Sahm : « Il chantait les arrangements à toute vitesse et le lendemain il te demandait de les jouer. Et si tu ne savais pas, tu te faisais engueuler ».
SB : Ces musiciens, tu peux les présenter ? Et dire pourquoi tu as choisi Untel ou Untel ?
BBB : Ce que je voulais, c’est avoir les West Side Horns qui sont la section de cuivres de San Antonio et où il y a toujours Rocky Morales. Un trompettiste peut changer, Spot Barret peut venir jouer du ténor, mais le principal c’est que Rocky soit là.
SB : Avec qui jouent-ils d’habitude ?
BBB : Ils jouent avec Ranfy Garibay bien sûr, ils se connaissent depuis qu’ils sont gamins. Et puis ils ont travaillé avec Doug Sahm pendant des années. Tu les vois sur des disques joués à Austin…Mais tu vois surtout Rocky Morales, parce que c’est rare qu’on appelle tout les Mexicains d’un coup !
SB : Ça c’est pour les cuivres. Pour la rythmique ?
BBB : J’ai pris Oncle John à la batterie, Uncle John Turner, « Unk ». Parce que je le connais depuis longtemps, et c’est le premier batteur de blues blanc qui ait été connu aux États-unis. Le mec qui est né à Port Arthur, qui est allé à l’école avec Johnny Winter, et qui a appris à jouer en regardant Cookie & the Cupcakes, Fats Domino…C’est là qu’il a appris à jouer quand il était gamin. Pour ce que je voulais faire, je savais qu’en prenant l’Oncle, il pourrait faire toutes ces musiques qui se jouaient à Port Arthur à la fin des années 50, début 60, quand il a commencé : zydeco, rockabilly ou la musique cajun…Je savais qu’il le pourrait sans que j’ai à lui expliquer.
SB : La guitare ?
BBB : Il y a deux guitaristes. Hector Watt ? « L’araignée », je l’appelle, parce que lorsqu’il joue on a l’impression d’une araignée en train de tisser sa toile. Je l’ai pris d’abord parce que c’est un Indien [rires] – c’est un Mescalero d’El Paso – et qu’il pouvait donc apporter quelque chose d’autre ; c’est aussi un jeune musicien d’Austin dont personne ne parle. C’est pourtant le mec à qui Jimmy Vaughan donne toutes ses guitares et qui a accompagné Lou Ann Barton pendant des années. C’est pour moi un des guitaristes texans les plus importants actuellement. Parmi les jeunes, je ne parle pas de Clarence « Gatemouth » Brown !
SB : C’est lui qui prend le solo à la Guitar Slim ?
BBB : Oui, bien sûr, c’et lui qui joue sur…, comment ça s’appelle ?, J’entends ton taxi qui arrive [rires]. Il y a rarement des mecs qui jouent aussi simplement que ça. Et qui le font exprès ! Même au milieu des chorus, tu le vois qui s’arrête, pour s’empêcher d’aller trop vite ou faire des trucs avec les doigts. Tout ce qu’il joue, c’est exactement ce qu’il veut jouer, ce n’est jamais automatique. De sa tête jusqu’au doigts, tu vois la note arriver ! Il joue vraiment le morceau, il n’essaie pas de placer des trucs à lui. Pour moi, c’est important de ne pas avoir quelqu’un qui essaie de m’emmerder pendant que je suis en train de chanter [rires] !
SB : Et l’autre guitariste ?
BBB : C’est Don Leady, il a eu longtemps un groupe qui s’appelait les Tail Gators. C’est un mec qui est arrivé du Missouri, c’est un allumé total de la musique…- comment dire ? – rockabilly joué par des Cajuns ! J’avais envie de l’avoir parce que je sais qu’il a une façon particulière de faire la rythmique et les chorus. C’est amusant car tu ne sais jamais si c’est de la pedal steel ou de la guitare.
SB : Le bassiste ?
BBB : Il y en a plusieurs. Il y a Pierre Pellegrin, un Français qui vit à Austin depuis une bonne dizaine d’années. Il a appris en regardant Keith Ferguson tous les jours. Ça me faisait plaisir de jouer avec Pierre parce que c’est un Français installé là-bas. Tu vois pas ça souvent, à part Franck [Goldwasser]. Ne serait-ce que pour montrer qu’il y a quelques Français qui habitent aux États-unis et qui jouent vraiment…Et puis il y a aussi Jean-Jacques Barrera. C’est un nom un peu bizarre parce que sa mère est pied-noir d’Oran et son père Mexicain de Laredo. Il est né à Laredo, il a un prénom français, tout le monde l’appelle « Dji Dji ». Il a tenu la basse avec les Tail Gators quand Keith n’a plus pu jouer. Il joue actuellement du « bajo sexto » avec Santiago Jimenez, le frère de Flaco, qui est au Texas le dernier accordéoniste mexicain traditionnel. Le bajo sexto est une sorte de douze cordes accordée bizarre sur laquelle on fait les basses et la rythmique en même temps !
SB : Qui est-ce qu’il y a d’autre ?
BBB : Euh…Y a un pianiste. J’ai eu du mal à en trouver un parce que ceux que je voulais n’étaient plus vraiment en état de pratiquer. J’ai fini par trouver Mark Goodwin qui joue avec Bobby Mack, qui est du Texas et qui connaît bien cette musique et tout les musiciens.
SB : Comment as-tu choisi le studio ? Parce que j’imagine qu’il y en a beaucoup à Austin.
BBB : Il n’y en a pas énormément. Il y en a trois, quatre, qui sont vraiment connus, du genre Arlyne, où je ne voulais vraiment pas aller parce que, voulant faire venir les mecs de San Antonio, je savais qu’ils ne seraient pas à l’aise dans ce genre d’endroit…C’est pourquoi j’ai pris un petit studio recommandé par Jean-Jacques Barrera, dans le quartier mexicain, tenu par un jeune qui avait travaillé auparavant dans les grands studios. Donc, ça s 'est passé en plein quartier mexicain où j’ai pu faire comme bon me semblait. Je voulais enregistrer le plus « live » possible ; dans les mêmes conditions qu’au milieu des années 60. Si tu veux, mon rêve c’était de faire le genre de disque que j’écoutais quand j’étais gamin et que j’allais dans les surprises-parties. Quand j’écoutais fats Domino, les premiers ray Charles, Jimmy Reed…Les premiers trucs qui m’ont branché sur la musique et que j’ai toujours rêvé de faire. Mais je voulais le faire comme il faut, avec des mecs qui ont joué à cette époque-là, dans ces conditions. Comme si j’avais été à Port Arthur en 1962-63 avant que les Beatles arrivent aux États-unis, quand il y avait encore ces groupes mixtes avec des Américains, des Cajuns, des Mexicains, genre swamp-pop comme on disait. Dans ma tête, c’était ça.
SB : C’est pour ça qu’il y a ce mélange de rocks, de slows…
BBB : Voilà ! Parce que c’était ce que l’on entendait dans les surprises-parties pour faire danser les filles.
SB : On va voir si on peut faire danser les filles sur du Benoît Blue boy maintenant ! Combien de temps a duré l’enregistrement ?
BBB : Une quinzaine de jours.
SB : Tu étais tous les jours en studio ?
BBB : On l’a fait à la mexicaine. C'est-à-dire comme je le fais toujours : mañana para mañana, on ne s’est pas pressés. Donc, on a fait le disque tranquillement ; tous les jours, on venait au studio et on enregistrait un ou deux morceaux. J’ai gravé au total une quinzaine de morceaux, quinze ou seize, et il y en a treize sur le disque.
SB : Ça s’est bien passé ?
BBB : Comme une lettre à la poste ! Tiens, regardes les photos, là, tout le monde a le sourire, personne ne fait la gueule. Eh ! j’oubliais, il y avait aussi un autre bassiste, Jack Barber. Je n’avais pas osé l’appeler. Pour moi, avec Keith ferguson, c’est le plus grand bassiste du Texas pour ce genre de musique. Il est arrivé avec Randy [Garibay] et il m’a dit : « Je voulais venir parce qu’on m’a parlé d’un français qui a le respect pour les musiciens mexicains. Et comme moi, depuis que je suis gosse, je joue avec eux, je veux bien participer à ton disque ». Avant ça, quand il est entré dans le studio, il m’a regardé avec un air ahuri, il est passé devant moi, est allé plus loin, a posé sa basse, est revenu, m’a encore regardé et m’a dit : « Tu connais Keith Ferguson ? ». J’ai répondu que je l’avais jamais vu et il a dit : »J’ai cru que c’était lui qui était revenu ». Ça m’a fait tout bizarre parce que Keith – qui est mort il y a trois ans – est comme un lien entre tous les musiciens du disque…
SB : Sur ce disque, à part un instrumental, tu chantes sur tous les morceaux, sauf le Blues de la nuit, le Blues en la noche où tu es en duo avec Randy Garibay. Pourquoi avoir choisi ce titre ?
BBB : C’est le choix de Randy. J’avais dans l’idée deux ou trois morceaux mais, pour lui, ça sonnait trop mexicain. C’était trop proche de Flaco [Jimenez]. Il m’a dit : « Moi, je suis un chanteur de rhythm and blues ». Alors, on a cherché dans son répertoire et on est tombés d’accord sur celui là, parce qu’il avait une belle partie à chanter en espagnol et que je pouvais mettre des paroles en français. Il m’a demandé de lui envoyer le disque dès sa sortie : « Parce que là, à San Antonio, on est sûr que le disque va passer à la radio.  Des Mexicains et un Français ensemble, ils n’ont jamais entendu ça ! »
SB : Dans le disque, on ne peut pas dire que l’harmonica soit l’instrument roi. Il y a un bel instrumental, des solos, mais pas dans tous les morceaux…
BBB : Si il y a de l’harmo dans le blues de Louisiane, on ne peut pas dire qu’il y en ai beaucoup dans le blues texan. Pour les quelques trucs d’harmo que j’ai fait, j’ai vraiment pensé à Clifton Chenier et à l’accordéon. Parce que celui qui m’a le plus influencé c’est pas un harmoniciste, c’est Clifton Chenier. Bien sûr, au début, j’ai écouté les trucs de Little Walter, James Cotton, Machin…Lazy Lester mais, en fin de compte, ce que j’ai toujours dans la tête, c’est Clifton. Et je n’aime pas la démonstration d’harmo. Ça m’emmerde. Même l’instrumental, c’est une « antidémonstration ». Le truc technique de l’instrument, ça ne m’intéresse pas vraiment. Enfin si, ça m’intéresse : ma manière de jouer, c’est une technique que pas grand monde emploie ! [rires] C’est vraiment l’ancienne manière de jouer quand on appelait l’harmo « l’accordéon du pauvre ». Je recherche ça plutôt que cet exercice de vélocité où il faut faire le plus vite possible comme les guitaristes. C’est ridicule. L’instrumental, j’ai attendu le dernier jour pour l’enregistrer. J’ai indiqué : « shuffle en ré », c’est tout, et on a démarré. A la fin, ils m’ont dit : « On en fait une autre ? », j’ai répondu « Non, non, ça va ». Au bout de quinze jours passés ensembles, je savais que je n’aurais pas à expliquer le morceau. Parce que, pour moi, c’est ça un instrumental de blues : ce sont quatre mecs qui jouent ensemble, qui font attention à ce qu’est en train de jouer celui qui est devant, de façon à l’aider et à ne jamais le gêner. J’ai demandé un micro directement sur la console. « Et tu veux un ampli ? – Non, non, on le fait comme ça ».
SB : Au niveau du matériel justement, tu ne sembles pas soucieux du micro, tel modèle, telle année…
BBB : Si, si, je suis un accro des micros, des amplis…J’ai tout ça, mais c’est devenu tellement impératif d’avoir un Biscuit, le micro de 1964 avec l’ampli Machin. Je les ai à la maison et j’en ai joué un moment, mais c’est devenu tellement obligatoire de jouer avec ce son là que [il détache ses mots] : je ne veux pas. Parce que sinon, les gens viennent te voir en te disant : «  Ouah ! C’est super le son de l’ampli ! Et t’as quoi comme micro ? Ouah, la vache ! Où tu l’as eu ? » [rires]. Je préfère passer par la sono, là au moins tu joues de l’harmo !
SB : Ce qui m’a frappé aussi en écoutant le disque, c’est que même enregistré à Austin avec ses musiciens américains et mexicains, ça garde le « Benoît Blue Boy Sound »…
BBB : Ben oui, parce que ce sont mes morceaux. J’ai mon univers, ma manière d’écrire mes chansons. Il y a le fait aussi que ce sont des chansons en français.
SB : Tu es le producteur de ton disque, tu l’as financé. Tu n’avais donc aucune contrainte extérieure. Est-ce un choix que tu as fait, ou n’as-tu trouvé personne pour financer ton projet ?
BBB : Les deux. J’ai un peu cherché, mais le projet que je présentais était incompréhensible. Les gens ne comprenaient pas ce que je voulais faire. Je n’allais pas faire des maquettes ici pour aller l’enregistrer là-bas [rires]. Tu fais le tour des maisons de disques, personne ne sait ce qu’est le West Side, personne ne connaît San Antonio…C’est pas une tare, c’est un truc tellement local que ça a du mal à s’exporter. C’est pour ça aussi que j’ai aidé Philippe Combe à sortir ce disque de Randy Garibay [« Chicano Blues Man, Surfin’dog », cf.SB 161, p.60], parce qu’il était important qu’on entende ça. Parce que ça fait aussi partie de l’histoire du blues américain. Le côté mexicain existe dans cette région autant que le côté cajun.
SB : Une fois le disque enregistré, tu reviens avec tes bandes sous le bras et tu cherches un distributeur. Ça se passe comment ?
BBB : D’abord, il faut finir le disque, le mixer. J’ai fait ça à Bordeaux au mois d’Octobre, et après j’ai fait le tour des maisons de disques. En insistant pas beaucoup à vrai dire [rires]. Même les boîtes françaises spécialisées dans le blues m’ont dit : « Ouais, on va le sortir parce que c’est oi, mais c’est pas du blues ». Je me suis dit, si eux ne comprennent pas, c’est pas la peine. Devant leur enthousiasme j’ai pas insisté, j’ai pensé à le vendre sur Internet. C’est pas grave…l’important pour moi, c’est de l’avoir fait. Et puis, je suis tombé sur Patrick Frémeaux qui avait envie de ressortir les albums que j’ai fait avant. Je lui ai dit que je venais d’en faire un nouveau. Il a écouté et a trouvé que ça collait parfaitement avec son catalogue. Je me suis mis tout de suite d’accord avec lui parce que je voyais qu’il y avait une dynamique et, surtout, que ça lui plaisait.
SB : On aime bien les Tortilleurs, mais le disque donne aussi envie de t’entendre au moins une fois sur scène avec les musiciens du disque. Est-ce à l’ordre du jour ?
BBB : Ça l’est, oui et non… J’ai quelques festivals cet été où je pourrai faire un micmac entre les Tortilleurs, les cuivres, peut-être Hector à la guitare. Mais, ce ne serait que pour quelques dates, parce que je ne suis pas sûr que ces mecs de San Antonio aient envie de traîner sur les routes de France. A chaque fois que j’ai fait une tournée ou il y avait un Américain ou un Anglais, au bout de quinze jours, il en avait marre d’être en France. Ce qui est normal. Moi, au bout de quinze jours aux États-unis, j’ai envie de rentre chez moi. T’es content de quitter le Texas [rires].
SB : Je suis frappé à l’écoute de beaucoup de groupes français d’entendre ton influence, surtout au niveau des textes (ce côté décalé de parler du quotidien, un certain désenchantement, une forme d’humour). As-tu conscience de faire école ?
BBB : Je me suis fait un CD de reprises de mes morceaux ! Mais je reconnais aussi des bouts de phrases, des manières de tourner les trucs…J’entends bien que les mecs ont écouté mes disques, mais, à chaque fois, je me dis : « Je l’aurais pas écrit comme ça ». Donc, c’est leur truc à eux. Le blues, ç’a toujours été quelque chose où un type parle de lui, des conneries qui lui sont arrivées hier ou avant-hier, et de savoir comment s’en sortir. Le meilleur moyen de s’en sortir, c’est d’avoir une espèce d’autodérision. Au bout d’un moment, ça devient un style. J’ai toujours écouté du blues en Anglais et j’ai souvent entendu des histoires comme ça.
SB : Il n’y a peut-être pas toujours cet humour, cette autodérision dans le blues américain ?
BBB : Dans le truc black, si. Mais dans le blues blanc, non, j’entends pas ça. Ils veulent tellement le faire sérieusement ! Il n’empêche qu’il y a des mecs qui jouent vraiment bien, qui chantent bien. Mais c’est rarement drôle. Alors que, même chez les plus angoissés, genre Robert Johnson, il y a toujours quelque chose qui me fait mourir de rire. Tu sens qu’il y a une telle distance par rappoirt à ce qui lui est arrivé, que c’est amusant. Une autre chose drôle dans le truc black, c’est le fait de jouer au macho, à un point tellement exagéré que ça devient de l’humour. En français, c’est tellement difficile à faire parce que tout le monde le prend au premier degré. « Putain, il ose dire ça ! ». Alors, j’essaie de le faire de temps en temps, mais c’est vraiment pas facile.
SB : Concernant ton rôle de producteur. Que penses-tu apporter à un artiste ou à un groupe en tant que producteur ?
BBB : J’ai l’habitude de faire ça depuis des années, d’écrire des chansons, d’aller dans les studios. Donc, je vois parfaitement chez les autres ce qu’ils veulent faire et j’essaie de les aider au maximum pour leur faire sortir ce qu’ils ont envie d’exprimer.
SB : Tu ne cherches pas à faire du Benoît Blue Boy ?
BBB : Non, même s’il est sûr que les gens vont dire que c’est du Benoît Blue Boy, parce que j’ai aussi une manière de faire jouer les morceaux qui est la mienne. Mais, d’un autre côté, si un gars m’appelle, c’est qu’il a envie de ça aussi. Mais ce n’est pas ce que je cherche à faire, à placer mes morceaux ni à faire du Benoît Blue Boy. Je cherche à aider comme je l’ai fait pour Lenny [Lafargue], pour Steve [Verbeke], ou pour les groupes qui m’appellent pour les aider à répéter…
SB : Tu vois quelque chose à ajouter ?
BBB :  Non…Je ne suis pas le meilleur vendeur de mes disques…[rires] Euh…Le disque sort le 1er Juin !
Jacques PERRIN - SOUL BAG

Where to order Frémeaux products ?

by

Phone

at 01.43.74.90.24

by

Mail

to Frémeaux & Associés, 20rue Robert Giraudineau, 94300 Vincennes, France

in

Bookstore or press house

(Frémeaux & Associés distribution)

at my

record store or Fnac

(distribution : Socadisc)

I am a professional

Bookstore, record store, cultural space, stationery-press, museum shop, media library...

Contact us