GOSPEL VOL 4
GOSPEL VOL 4
Ref.: FA5053

GOSPEL SISTERS & DIVAS 1942 - 1951

Ref.: FA5053

Artistic Direction : JEAN BUZELIN

Label : Frémeaux & Associés

Total duration of the pack : 1 hours 58 minutes

Nbre. CD : 2

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Presentation

GOSPEL SISTERS & DIVAS 1942 - 1951



(2-CD set) Whether they opted for a flamboyant or a majestic approach, they set both churches and theatres alight, reaching the heart and soul of everyone. This compilation brings together for the first time the greatest of the female gospel singers. Includes a 48 page booklet with both French and English notes.



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Tracklist
  • Piste
    Title
    Main artist
    Autor
    Duration
    Registered in
  • 1
    WHO IS THAT KNOCKING
    PEACH
    TRADITIONNEL
    00:03:02
    1946
  • 2
    WHERE THE SUN WILL NEVER GO DOWN
    PEACH
    TRADITIONNEL
    00:03:03
    1946
  • 3
    JESUS IS HERE TO STAY
    ROSETTA THARPE
    ROSETTA THARPE
    00:02:51
    1946
  • 4
    AIN T NO ROOM IN CHURCH FOR LIARS
    ROSETTA THARPE
    ROSETTA THARPE
    00:03:11
    1948
  • 5
    GOING ON WITH THE SPIRIT
    WILLIE MAE FORD SMITH
    W M F SMITH
    00:02:29
    1950
  • 6
    JESUS THE PERFECT ANSWER
    QUEEN C ANDERSON
    W H BREWSTER
    00:02:43
    1950
  • 7
    I CAN PUT MY TRUST IN JESUS
    MAHALIA JACKSON
    K MORRIS
    00:03:18
    1949
  • 8
    GO TELL IT IN THE MOUNTAIN
    MAHALIA JACKSON
    TRADITIONNEL
    00:03:08
    1950
  • 9
    MY RECORD WILL BE THERE
    ERNESTINE WASHINGTON
    00:02:54
    1943
  • 10
    DOES JESUS CARE
    SISTER ERNESTINE WASHINGTON
    K MORRIS
    00:02:46
    1946
  • 11
    WHAT COULD I DO
    M KNIGHT
    THOMAS A DORSEY
    00:02:38
    1947
  • 12
    I MUST SEE JESUS
    M KNIGHT
    M KNIGHT
    00:03:12
    1947
  • 13
    WHAT A BLESSING IN JESUS
    BARRETT CAMPBELL DELOIS
    L SMITH
    00:02:31
    1949
  • 14
    WHAT A FRIEND
    CORA MARTIN
    TRADITIONNEL
    00:02:55
    1950
  • 15
    YOU LL UNDERSTAND IT BETTER
    CORA MARTIN
    TRADITIONNEL
    00:02:28
    1951
  • 16
    THE LORD WILL MAKE A WAY
    SCOTT MYRTLE
    E SMITH
    00:03:01
    1951
  • 17
    ALL THAT I HAVE IS IN JESUS
    LENA PHILLIPS
    00:02:47
    1948
  • 18
    WHERE THE SUN NEVER GOES DOWN
    WILLIE MAE WILLIAMS
    TRADITIONNEL
    00:02:22
    1949
  • 19
    GOD IS A BATTLE AXE
    MARTIN SALLIE
    L P BALDWIN
    00:03:33
    1950
  • 20
    LORD I NEED YOU EVERYDAY OF MY LIFE
    CORA MARTIN
    K MORRIS
    00:02:41
    1951
  • Piste
    Title
    Main artist
    Autor
    Duration
    Registered in
  • 1
    GO DEVIL GO
    LITTLE MAE LITTLEJOHN
    TRADITIONNEL
    00:02:19
    1947
  • 2
    EACH DAY
    SISTER WYNONA CARR
    L KING
    00:02:49
    1949
  • 3
    I M A PILGRIM TRAVELER
    SISTER WYNONA CARR
    W CARR
    00:02:52
    1949
  • 4
    THE TRUTH IS THE GOSPEL
    HAYNES
    00:02:31
    1950
  • 5
    I REALLY BELIEVE
    M DELOATCH
    M DELOATCH
    00:02:41
    1950
  • 6
    THE LORD S GOSPEL TRAIN
    M DELOATCH
    TRADITIONNEL
    00:03:00
    1951
  • 7
    IN SHADED GREEN PASTURES
    M KNIGHT
    G A YOUNG
    00:03:19
    1950
  • 8
    THE LORD BLESSED ME
    VIVIAN COOPER
    AMOS MILLER
    00:02:42
    1950
  • 9
    HOW FAR AM I FROM CANAAN PART 1 AND 2
    FAMOUS WARD SINGERS
    W H BREWSTER
    00:05:37
    1949
  • 10
    WASN T IT A PITY HOW THEY PUNISHED MY LORD
    LEON BASS
    00:02:51
    1950
  • 11
    THE FOUNTAIN
    WARD
    TRADITIONNEL
    00:03:16
    1950
  • 12
    HOW I GOT OVER
    WARD
    W H BREWSTER
    00:02:57
    1950
  • 13
    GLORY TO HIS NAME
    EDNA GALLMON COOKE
    TRADITIONNEL
    00:03:34
    1950
  • 14
    THE LIFEBOAT (IS COMING)
    FOLK
    TRADITIONNEL
    00:02:41
    1950
  • 15
    SOMEDAY SOMEWHERE
    JOHNNY GRIFFIN
    THOMAS A DORSEY
    00:03:02
    1948
  • 16
    RECOMMEND JESUS TO YOU
    DAVENPORT
    TRADITIONNEL
    00:03:01
    1951
  • 17
    ROCK OF AGES HIDE THOU ME
    SISTER JESSIE MAE RENFRO
    T HASTINGS
    00:02:57
    1951
  • 18
    I HEARD MOTHER PRAY ONE DAY
    SISTER WYNONA CARR
    00:02:45
    1950
  • 19
    I M SEALED
    DOROTHY LOVE COATES
    R MARTIN
    00:02:51
    1951
  • 20
    GET AWAY JORDAN (I WANT TO CROSS OVER)
    DOROTHY LOVE COATES
    W MC DADE
    00:02:46
    1951
Booklet

Gospel FA5053

GOSPEL
SISTERS & DIVAS
1943-1951


Les grandes chanteuses solistes, les cantatrices, les divas, qu’elles soient célébrées dans les domaines de la musique classique ou de l’opéra, des musiques traditionnelles et populaires, du jazz ou des variétés, ont toujours exercé une fascination sur le public. Peut-être ces femmes, ou leur image, suscitent-elles chez lui cette part de rêve, de fascination, de sublimation, d’idéalisation, de désir que la vie quotidienne et terre-à-terre ne lui offre pas. Pour le public, et quel que soit son âge ou son sexe, la femme, sortie du quotidien, se retrouve toujours un peu dans l’habit et dans le rôle de l’héroïne, qui plus est lorsqu’elle est seule à se battre et à vouloir s’affirmer dans un monde et une société régis par les hommes. Plus que tout autres, les chanteuses de negro spiritual et de gospel songs ont dû lutter pour arriver à se faire entendre et à se tailler une place dans un milieu hostile et sans pitié.

Lorsqu’une communauté est elle-même en minorité au sein d’un monde dominateur et oppresseur, il faut beaucoup de cran, de détermination et de ténacité pour, en partant du dernier rang, franchir tous les obstacles et arriver enfin sur le devant de la scène afin de capter les feux des projecteurs. Sans oublier que, une fois descendue de son trône éphémère et dépouillée de ses habits de lumière, la chanteuse, même la diva, se retrouve dans son rôle domestique et doit subir les tracasseries d’une Église intolérante, les humiliations d’un protecteur arrogant et cynique ou les mauvais traitements d’un mari dominateur et jaloux. Dans ce milieu musical, les exemples sont nombreux et bien connus y compris chez les plus grandes et les plus célèbres.
Dans la société nord-américaine, au tournant des XIXe et XXe siècles, pour faire professionnellement carrière dans les domaines du spectacle et de la musique, il valait mieux, d’une part appartenir à la communauté blanche dominante, d’autre part être né de sexe masculin. Aussi les femmes noires ont-elles été les dernières à accéder à ce métier. Et encore, ce fut d’abord leurs qualités “plastiques” qui leur permirent d’obtenir des emplois de potiches propres à satisfaire les appétits et les fantasmes exotiques des clients. En ce sens il faut relativiser cette incroyable vogue des chanteuses de vaudeville et de blues dit “classique” dans les années 10/20. Si elle fit grand bruit, essentiellement auprès de la communauté noire grâce aux race records (1), cette vogue ne fut qu’un feu de paille. Malgré tout, cette brève et retentissante occupation des scènes et des studios d’enregistrement par ces chanteuses servit d’exemple et ouvrit la brèche qui permit aux femmes noires, en leur proposant une image d’émancipation, d’envisager plus largement une carrière dans le spectacle musical. Mais si des possibilités se présentaient dans le circuit profane, il n’en était pas de même dans le domaine religieux.

S’ajoutaient en effet aux barrières raciales et sociales, le poids et le pouvoir des Églises (noires) souvent très conservatrices, puritaines voire réactionnaires qui voyaient d’un mauvais œil leurs ouailles du beau sexe sortir de leur cuisine ou du chœur de leur église. Cela constituait souvent l’obstacle préalable et incontournable que devait affronter et franchir celle qu’attiraient les lumières de la rampe. Et si, malgré les embûches, il lui était possible de s’échapper, la chanteuse noire n’aurait jamais eu l’idée ou la possibilité de gagner sa vie en chantant des cantiques ! Entendez par là des psaumes, des hymnes et des negro spirituals (sauf dans le circuit “blanc” de la musique classique)(2).
Heureusement, la holiness church et les mouvements pentecôtistes qu’accompagnèrent la création des Églises sanctifiées comme la Church of God in Christ (COGIC) réagirent contre l’immobilisme des Églises baptistes et méthodistes en offrant aux femmes (à l’intérieur de l’église s’entend) une ouverture qui leur permit de prendre une part plus active, plus conséquente et plus autonome au sein de la communauté. Certaines furent ordonnées et eurent la possibilité de prêcher, d’autres occupèrent des fonctions plus importantes dans les chœurs des congrégations, intégrèrent et dirigèrent souvent de petites chorales mixtes – une nouveauté si l’on excepte les chorales de concert du genre Fisk Jubilee Singers (2) – tandis que nombreuses étaient celles qui tenaient le piano ou l’orgue. Bientôt les plus hardies et les plus volontaires prirent d’une main leur bâton de pèlerin et de l’autre le manche de leur guitare pour aller, de porte en porte, annoncer la bonne parole.


LES PREMIÈRES CHANTEUSES ENREGISTRENT

Comme pour les autres formes musicales afro-américaines, le disque va contribuer à la connaissance, voire à une certaine popularité, des premières chanteuses de negro spirituals. Il va aussi, avec le temps, assurer une (relative) postérité à celles, peu nombreuses, qui ont eu la chance d’enregistrer à la fin des années 20. Mais il faudra encore du temps pour que celles qui vont leur succéder accèdent à un statut comparable à celui des chanteuses classiques, de blues, de jazz ou de variétés.

Elle-même chanteuse plutôt “classique”, Lucie E. Campbell (1885-1963), bien qu’elle n’ait jamais enregistré, est la plus ancienne femme auteur-compositeur de gospel connue. Originaire de Memphis, elle se fit connaître en 1916 à la National Baptist Convention (NBC) avant d’en assurer la direction pendant quarante-sept ans ! Elle publia une centaine de compositions dans une veine “moderniste” qui annoncent les gospel songs de la période Dorsey. Elle créa des lining hyms, des gospel ballads et “inventa” le genre gospel waltz très populaire dans les années 50. Mahalia Jackson rendra célèbre dans le monde entier son In The Upper Room.   

Solistes de petites chorales sanctifiées, évangélistes itinérantes, Sister Cally Fancy et Bessie Johnson (3), Mother McCollum (4), R.H. Harris, Jessie Mae Hill, les révérendes Leora Ross et Sister Mary Nelson sont quelques-unes des rares chanteuses qui ont laissé des traces phonographiques. Mais la plus importante figure féminine religieuse de cette époque héroïque est l’évangéliste aveugle Arizona Dranes originaire de Dallas (3). Chantant d’une voix persuasive, pointue et nasillarde et s’accompagnant d’un vigoureux jeu de piano qu’on aurait dit sorti de quelque taverne texane, Arizona Dranes tourna beaucoup dans le Sud, se fit entendre jusqu’à Chicago, participa aux conventions annuelles de la COGIC et grava près d’une dizaine de disques entre 1926 et 1928. Plusieurs futures grandes chanteuses comme Ernestine Washington, Goldia Haynes, Lillie Mae Littlejohn et Dorothy Love Coates furent marquées de près ou de loin par cette forte personnalité.
En dehors de ces chanteuses essentiellement rurales, ce sont les interprètes du blues classique qui ont été les seules, durant les années 20, à graver quelques disques de negro spirituals et de compositions de genre gospel ; citons Bessie et Clara Smith, Sara Martin et Josie Miles. 


DANS L’ENTOURAGE DE T.A. DORSEY À CHICAGO

Le début des années 30 voit, avec l’arrivée de Thomas A. Dorsey (1899-1993), sinon une révolution brutale car elle a du mal au début à s’imposer, du moins une évolution puissante et irrémédiable du monde musical religieux (3). Pianiste et chanteur de blues connu, Dorsey avait commencé à composer des pièces sacrées dès 1926 avant d’être invité par Lucie Campbell à présenter ses œuvres à la NBC en 1930. Il monte sa propre maison d’édition, la T.A. Dorsey Gospel Songs Music Pub., puis crée en 1931 avec Theodore Frye les premières grandes chorales de gospel aux Pilgrim et Ebenezer Baptist Churches de Chicago. L’année suivante, Thomas Dorsey s’associe à la chanteuse Sallie Martin avec laquelle il fonde la National Convention of Gospel Choirs & Choruses (NCGCC), grand rassemblement annuel de chorales et de congrégations venues de tous les Etats-Unis. Aux côtés de Dorsey, qui est l’élément dynamique et se révèle comme le premier grand auteur de gospel songs mo­derne, Sallie Martin s’affirme comme une organisatrice hors pair. Tous deux parcourent le pays d’églises en églises et tracent progressivement les voies d’une gospel highway, recrutant au passage quelques-uns des futurs grands talents du genre, Robert Anderson, Kenneth Morris et les chanteuses Willie Mae Ford Smith, Roberta Martin, Gertrude Ward et ses filles et Mahalia Jackson !
Willie Mae Ford Smith, chanteuse de Memphis, rencontre dès 1931 Thomas Dorsey qui l’invite l’année suivante à Chicago à l’occasion de la NCGCC. Elle travaille avec lui quelques années plus tard avant de devenir, en 1936, la directrice de son bureau des solistes. Originaire de l’Arkansas, Roberta Martin est une musicienne accomplie. Elle entre dans la mouvance Dorsey en travaillant avec Kenneth Morris et Theo Frye à l’Ebenezer Baptist Church et, en 1936, fonde les Roberta Martin Singers, peut-être le premier groupe mixte professionnel. La même année, Dorsey réunit les deux Martin (non apparentées), Sallie et Roberta pour une Battle of Gospel Songs qui fait salle comble. C’est en 1937 que Gertrude Ward, une chanteuse de Philadelphie accompagnée de ses filles Willa et Clara, fréquente les Roberta Martin Singers et intègre l’organisation Dorsey. Quant à Mahalia Jackson, montée à Chicago en 1927 en provenance de sa Nouvelle-Orléans natale, elle rencontre en 1935 Willie Mae Ford Smith qui l’impressionne profondément car elle retrouve chez elle cet accent du Sud et ce mode d’expression direct qu’elle va ensuite développer et sublimer malgré les réticences de Dorsey. Mais le patron finira par succomber face au talent de la chanteuse qu’il emmène dans ses tournées entre 1939 et 1944.
Malheureusement, les maisons de disques ne semblent pas avoir pris la mesure des capacités et du potentiel (commercial) de ces chanteuses et de ces groupes, préférant exploiter le filon des quartettes masculins dont c’est la grande vogue à l’époque. Mahalia aura beau graver deux disques en 1937, ceux-ci n’auront guère de retentissement et elle devra attendre comme ses consœurs la fin de la guerre pour entamer une véritable carrière phonographique (5), carrière qui se refusera – mais peut-être ne l’a-t-elle pas cherché ? – à Willie Mae Ford Smith.


DU MUSIC-HALL À L’ÉGLISE

La première véritable soliste à avoir enregistré, dès 1930, s’appelle Clara Hudmon. Origi­naire d’Atlanta, cette chanteuse appartient à la congrégation du célèbre Révérend J.M. Gates, preacher baptiste et le plus gros vendeur de disques de l’époque. Mais malgré quelques traces phonographiques par-ci par-là, y compris dans le gospel de concert en direction du marché blanc, elle doit attendre 1939 pour se faire connaître sous le surnom de Georgia Peach et entamer une carrière phonographique à partir de 1942 (3).


En fait, pour vaincre les obstacles, il fallait les contourner. Et plutôt que de rester dans les chœurs des églises, pourquoi ne pas essayer de se faire connaître sur les planches du music-hall ? C’est là que fut découverte, en 1938 sur la scène du Cotton Club de New York, une chanteuse-guitariste d’une présence et d’un dynamisme éblouissants, Rosetta Tharpe. Mais avant de se retrouver en attraction dans la Revue de Cab Calloway, la jeune Rosetta avait, depuis sa tendre enfance, parcouru les routes en compagnie de sa mère, Katie Bell Nubin, évangéliste itinérante appartenant à une église sanctifiée de Chicago. Rosetta Tharpe grave ses premiers disques en 1938 et le succès suit. Elle devient rapidement la première chanteuse-vedette de gospel – mais elle interprète aussi des blues et des chansons profanes – triomphant sur les scènes des théâtres, des dancings et des cabarets (Cotton Club, Carnegie Hall en décembre 38, Apollo, Café Society…) et enregistrant de nombreux disques qui figurent parmi les meilleurs ventes, toutes catégories confondues. Cette carrière à cheval entre “la musique de Dieu et celle du Diable” irrite les hiérarchies religieuses et Rosetta devra choisir. Après plusieurs années comme chanteuse de l’orchestre de Lucky Millinder, la petite Sister se consacrera exclusivement au répertoire sacré auquel elle injecte un swing, une dynamique et un sens rythmique qu’accentuent les crépitements de sa guitare électrique et le piano boogie/blues de Sammy Price. Associée à la chanteuse Marie Knight avec laquelle elle forme un duo à succès durant plusieurs années, elle gardera toujours son indépendance de holly roller singer, celle qui va à la rencontre de tous, des églises des ghettos aux scènes des plus grands festivals (6).
AUTOUR DE W.H. BREWSTER À MEMPHIS
Si, sous l’impulsion de l’organisation Dorsey, Chicago reste la capitale du gospel au tournant des années 30/40, certaines villes du Sud, là où ont germé et fleuri les plus robustes et plus belles pousses de toute la musique afro-américaine, demeurent des centres actifs et moteurs dans le circuit de la musique religieuse. Ainsi à Memphis, là où fut créée la COGIC à la fin du XIXe siècle, apparaît un personnage appelé, comme Dorsey, à acquérir une grande notoriété comme auteur-compositeur, organisateur et leader engagé dans le Mouvement pour les Droits civiques. Il s’agit de W. Herbert Brewster (1897-1987) qui présente ses œuvres à la NBC en 1941. Celles-ci sont brillamment défendues par une superbe interprète, Queen C. Anderson qui, toute sa vie, restera membre de la “famille” Brewster et ne se fera entendre qu’en son sein (et quasi confidentiellement sur disque) refusant toute tentative de carrière professionnelle. Cette chanteuse reconnue par toutes fut la créatrice de Move On Up A Little Higher, une composition de Brewster qu’elle n’a jamais, hélas, enregistré, mais que Mahalia a entendu chanter avant de la graver en 1947 sur un disque qui sera un énorme succès et le point de départ de son extraordinaire carrière (5). À partir de 1949, les Ward Singers en particulier rendront célèbres d’autres pièces de Brewster comme How I Got Over.    
LES PREMIÈRES DIVAS
Les œuvres de Thomas Dorsey, Roberta Martin, Kenneth Morris, W. Herbert Brewster et quelques autres vont, dans une large part, être popularisées et magnifiées grâce aux voix des chanteuses solistes. Si l’on a du mal à considérer Sister Rosetta Tharpe comme une “diva” car elle est trop atypique avec sa guitare électrique et son côté “meneuse de revue”, Mahalia Jackson, en devenant la “Reine du Gospel”, a acquis une réputation mondiale et une stature égale à celle des plus grandes dames de l’art lyrique et de la world music comme on dirait maintenant. Mais l’une comme l’autre ont eu des concurrentes sérieuses durant ces années d’émergence des chanteuses solistes. The Georgia Peach d’abord, avec sa voix majestueuse, est considérée comme la première du genre dans le domaine du gospel. Ernestine Washington, qui se fit connaître à Brooklyn au début des années 40, fut un moment leur plus sérieuse rivale même si ses disques, de qualité médiocre, desservent sa voix qui apparaît aigrelette et criarde en regard des témoignages élogieux dont elle bénéficie. Bien mieux mise en valeur, la partenaire de Rosetta Tharpe, Marie Knight module admirablement une voix de contralto grave qui peut atteindre le grandiose. Ses disques, tant en duo avec la chanteuse-guitariste (6) qu’en solo, ont fait d’elle une des premières stars du gospel.

LES FEMMES ARRIVENT GROUPÉES

Les changements musicaux et sociaux consécutifs à la seconde guerre mondiale voient apparaître quantités de petits labels indépendants qui enregistrent toutes sortes de musiques populaires noires qui sont regroupées sous le label Rhythm & Blues (lequel remplace le terme péjoratif de race records). Bien que n’entrant pas directement dans cette catégorie commerciale, le gospel évolue sur le même terrain et, pour répondre aux nouvelles demandes et aspirations du public, épouse également les nouvelles formes musicales. Apparaissent alors sur disques les premiers ensembles exclusivement féminins. Réunis dès 1940 par l’ancienne collaboratrice de Dorsey, Sallie Martin qui venait de créer avec Kenneth Morris la Martin & Morris Music Company, les Sallie Martin Singers (qui comptaient à leurs débuts une jeune chanteuse-pianiste nommée Ruth Jones qui deviendra Dinah Washington, la Queen of the Blues) sont considérés comme le premier groupe du genre. Enregistrant à partir de 1947, ils comprennent comme principale soliste Cora Martin, la fille adoptive de Sallie.
Il est possible que la popularité récente des premières chanteuses solistes (Rosetta Tharpe, Mahalia Jackson, Ernestine Washington, Marie Knight) ait joué un rôle dans cette féminisation de la musique religieuse. Les ensembles féminins, souvent formés parmi les cinq ou six meilleurs éléments des chorales d’églises, comptent fréquemment dans leurs rangs des voix extraordinaires et/ou des personnalités exceptionnelles qui vont marquer durablement le style du groupe au point que celui-ci s’identifiera parfois à sa ou ses solistes principales (Clara Ward et Marion Williams chez les Ward Singers, Delois Barrett en concurrence avec les solistes mâles chez les Roberta Martin Singers, Bessie Griffin chez les Southern Harps puis chez les Caravans, Dorothy Love Coates chez les Gospel Harmonettes et bien d’autres plus récentes qui sortent du cadre de notre anthologie), le groupe pouvant servir de tremplin à certaines d’entre elles pour entamer une carrière de soliste.
Présentes pour la première fois à la NBC en 1943, Clara Ward et les Ward Singers obtiennent un triomphe. Avec l’arrivée d’une extraordinaire soprano lyrique de 20 ans, Marion Williams en 1947, elles deviennent d’immenses vedettes grâce à leurs disques et à leurs prestations scéniques hautes en couleur (au sens propre des termes : hauteur des perruques, couleur des robes !).
Si elles n’ont pas tout à fait atteint la popularité un peu tapageuse des Ward Singers, les Gospel Harmonettes ont été considérées par beaucoup comme le meilleur ensemble féminin des années 50/60, surtout après l’arrivée de Dorothy Love – elle ajoutera plus tard le nom de Coates, son deuxième mari – en 1951. Cette chanteuse de l’Alabama, marquée par Arizona Dranes, Queen C. Anderson et Mahalia Jackson, n’est pas une grande voix mais la passion, l’éclat, et le sens du rythme habitent son chant qu’accompagne une formidable présence scénique qui dynamise tout le groupe.
S’il avait fallu du temps pour que les ensembles féminins puissent s’organiser et réellement exister dans le circuit du gospel, la création de groupe mixtes professionnels n’avait pas été facile non plus malgré la brèche ouverte par les petites chorales sanctifiées du Sud dont certaines avaient gravé quelques disques à la fin des années 20 (5). En 1936, Roberta Martin met sur pieds ses Roberta Martin Singers, ensemble au départ majoritairement masculin mais qui s’enrichit progressivement de voix féminines comme Myrtle Scott, Delois Barrett ou Bessie Folk, chaque membre du groupe, homme ou femme, intervenant tour à tour comme soliste. Pianiste, arrangeur, bonne chanteuse, Roberta Martin préféra toujours servir de catalyseur à son groupe plutôt que de se mettre elle-même en valeur. Il lui faudra attendre onze ans avant que le travail effectué avec son ensemble soit gravé sur disque. Notons aussi l’existence éphémère sur disque des Mary Johnson Davis Singers formés par une figure historique du genre (1899-1982) qui inspira Mahalia Jackson et Clara Ward.
DIVAS ET SISTERS

Sous l’impulsion de Mahalia Jackson, Sister Rosetta Tharpe ou Marie Knight, qui deviennent, à l’égal des chanteuses vedettes de rhythm and blues et de jazz, les idoles de la population noire et dont la renommée dépasse à présent largement les limites de leur communauté, de nombreuses chanteuses vont enregistrer. Certaines obtiennent à leur tour de larges audiences comme Sister Wynona Carr, Sister Ethel Davenport ou, à un degré moindre, Sister Jessie Mae Renfro et Goldia Haynes. Parmi elles, deux possèdent incontestablement l’aura des divas. La pre­mière, Edna Gallmon Cooke, sera consi­dérée comme l’une des plus grandes auprès de son peuple mais n’aura pas la possibilité (et le temps) de franchir la barrière lui permettant une plus large reconnaissance. À l’inverse, Bessie Griffin aura plus de mal à obtenir le succès auprès des siens mais effectuera plus tard une carrière internationale qui fera d’elle l’une des chanteuses de gospel les plus connues.
Mais toutes n’ont pas accès à la notoriété. Comme Q.C. Anderson, certaines restent attachées à une congrégation sans chercher à faire carrière pour leur propre compte. Lena Phillips est restée dans le giron du Rev. Samuel Kelsey dont elle est membre de l’église, la Temple COGIC de Washington, et avec qui elle tournera en Europe en 1965. C’est lors des enregistrements de la congrégation qu’elle grave quelques faces en solo pleines de conviction. D’autres seraient oubliées si le disque ne nous avait pas permis de conserver leur voix. Ainsi Vivian Cooper qui a été mêlée à l’entourage de Sister Rosetta Tharpe et de Marie Knight avec qui elle a gravé plusieurs faces en duo. La poignée de titres édités sous son nom laisse pourtant entendre une chanteuse accomplie qui participera, en 1951, à la cérémonie du mariage de Rosetta Tharpe orchestrée par le Rev. Kelsey au Griffith Stadium de Washington devant plus de 20000 fidèles ! Après, plus rien… Et lorsque l’on change de nom (et même de style) à chaque séance d’enregistrement ou presque, il est difficile de se faire (re)connaître. Sachons donc que Madame Ira Mae Littlejohn, Lillie Mae Littlefield et Sister Lillie Mae Littlejohn forment une seule et même personne, une chanteuse et pianiste robuste dans la lignée d’Arizona Dranes dont le preaching dans Go Devil Go est une exhortation au Diable à filer, et plus vite que ça !


LA TRADITION DES GUITARISTES ÉVANGÉLISTES
Déjà minoritaires aux temps héroïques où l’on voyageait d’église en église en bravant les risques, les chanteuses-guitaristes connaissent la même désaffection que leurs confrères masculins. Désormais les chanteuses occupent les grandes scènes, seules ou en groupe et sont devenues de véritables professionnelles avec leur statut, leur hiérarchie, leur désir d’arriver, leurs exigences et leurs caprices, ce qui n’exclue pas les convictions, la générosité et le don de soi. Aussi, l’enregistrement en 1949 de Willie Mae Williams, vigoureuse spécialiste de la slide guitar, peut paraître anachronique. Mais si celle-ci représentait la face visible de tout un pan caché de pratique directe et spontanée qui n’intéresse plus les compagnies de disques mais demeure bien vivant au coin des rues ?
Issue d’une semblable tradition rurale, la superbe Mary Deloatch, également guitariste, reste aussi mystérieuse malgré ses disques plus nombreux et plus “arrangés” et qui menait double carrière (sacrée et profane). Ses enregistrements restent de précieux témoignages dans un genre unique, totalement à côté des divas aux grandes voix comme des solistes des groupes vocaux féminins et des robustes sisters qui font trembler les murs du temple !

L’AVENIR SOUS LE SIGNE DES FEMMES

Après être restées longtemps à l’arrière-ban, les femmes, à force de ténacité et de talent, vont réussir à s’imposer dans le circuit du gospel au point d’en ravir les premières place aux hommes. En l’espace de la petite dizaine d’années que couvre notre panorama sonore – Rosetta Tharpe exceptée qui les avait précédées – les chanteuses ont surgi et littéralement éclaté dans les églises, sur les scènes et à travers les sillons des disques. Elles ne vont pas s’arrêter en si bon chemin. Progressivement, les chœurs féminins vont supplanter les quartettes masculins, pourtant le fleuron de l’art vocal noir depuis des décennies. Certains ensembles vont révéler de futures divas comme Inez Andrews et Shirley Caesar issues des Caravans, comme Ruth Davis des Davis Sisters. Plus récemment, Mavis Staples s’est imposée comme l’une des plus grandes voix du gospel après de longues années passées au sein du groupe familial (mixte) des Staple Singers. Et l’on célèbre maintenant la nouvelle star du gospel, au demeurant superbe chanteuse, Tramaine Hawkins, venue des Edwin Hawkins Singers. Enfin, ayons garde de ne point oublier les divas d’une autre scène comme Della Reese, Dione Warwick et Aretha Franklin qui ont grandi à l’église, familiale pour la troisième.   
Si les chanteuses se sont ainsi imposées au-delà de l’image qu’elles véhiculent et de l’attrait dont nous parlions au début, au-delà des bijoux et des paillettes, des projecteurs, du spectacle et même du showbiz, c’est parce qu’elles sont peut-être, plus que les hommes, animées d’une ferveur et d’une foi intenses et vibrantes qu’elles savent communiquer au plus profond de chacun. Qu’on y entende et comprenne ou non la parole de Dieu, il est difficile d’y résister.
Jean Buzelin
Auteur de Negro Spirituals et Gospel Songs, Chants d’espoir et de liberté (Ed. du Layeur/Notre Histoire, Paris 1998).

LES CHANTEUSES EN BREF

THE GEORGIA PEACH (1903-1966)
Née Clara Hudmon (ou Hudman) à Atlanta (Géorgie), elle chante à l’église baptiste et, dès son adolescence, forme un trio vocal avec ses frères. Mariée à 18 ans au Rev. Gholston qui, alcoolique, doit quitter son ministère, elle le suit à Detroit puis à New York. De retour à Atlanta, elle entre dans la congrégation du Rev. J.M. Gates, ce qui lui permet d’enregistrer en 1930 sous le nom de Sister Clara Hudmon. En 1931 et 32, elle grave sous le nom de Clara Belle Gholston quelques disques pour la clientèle blanche, puis se retrouve en 1934 sur quelques faces du Rev. Gates dont elle dirige le chœur. Après avoir rejoint une église pentecôtiste et s’être installée à nouveau à Detroit, elle acquiert la renommée en devenant The Georgia Peach, participe en 1939 à un grand show au Radio City Music Hall et poursuit sa carrière à New York où elle enregistre à partir de 1942 jusqu’en 1949, obtenant le succès avec sa version de Shady Green Pastures. Plusieurs fois à l’affiche avec Mahalia Jackson et Ernestine Washington, Georgia Peach tourne à travers le pays en soliste ou accompagnée par un quartette vocal masculin. Elle réenregistrera à nouveau en 1954 puis en 1960.
Contralto léger, elle possède une voix magnifique, pure et bien posée qui lui aurait sans doute permis d’effectuer une carrière dans les negro spirituals de concert. Même si elle reste la première dans l’histoire du gospel, The Georgia Peach n’a pas bénéficié de la postérité que ses consœurs plus jeunes ont acaparé et ses œuvres ont été très peu rééditées.

SISTER ROSETTA THARPE (1915-1973)

Née dans l’Arkansas, elle émigre en 1921 à Chicago avec sa mère, la chanteuse Katie Bell Nubin avec qui elle va parcourir le pays d’églises en conventions religieuses. En 1934, Rosetta épouse le pasteur Thorp et, c’est sous le nom de Rosetta Tharpe qu’elle intègre en 1938 la troupe du Cotton Club et devient, guitare en bandoulière, l’une des attractions de la Revue de Cab Calloway. Très vite remarquée, elle grave ses premiers disques en solo la même année dans une veine mi-profane mi-sacrée. Tout en demeurant trois ans à l’affiche du Cotton Club, elle participe en décembre 38 au fameux concert “From Spirituals to Swing” au Carnegie Hall et continue à enregistrer en solo en s’orientant plus délibérément vers le répertoire sacré. Elle chante à l’Apollo de Harlem en 1941 et, la même année, est engagée par Lucky Millinder qui dirige l’un des big bands les plus populaires du pays auprès des Noirs. Elle quitte l’orchestre en 1943 et revient définitivement, sous l’effet de pressions, à la musique religieuse. À partir de 1944, grâce à l’appui du trio du pianiste Sammy Price, elle entre dans le Top Ten et ses disques atteignent de très grosses ventes, accentuées encore par son association, à partir de 1947, avec Marie Knight. De même qu’elle est la première à faire sortir les gospel songs des églises, pendant une dizaine d’années Sister Rosetta Tharpe ne connaîtra aucune rivale et sera la première véritable vedette du gospel aux Etats-Unis jusqu’à l’arrivée de Mahalia Jackson. Après 1956, elle enregistre de nombreux albums et effectue une carrière internationale qui l’amène très souvent en France entre 1958 et 1970.
Dotée d’une voix aigüe fraîche, juvénile, acidulée, presque coquine et admirablement placée, elle accompagne son chant d’un jeu de guitare mordant, très rythmique et à la sonorité presque rock’n’roll ; son phrasé jazzy se manifeste dans des solos bien construits. D’une nature spontanée, rayonnante et extravertie, Rosetta Tharpe ajoute à la tradition expressive de l’église sanctifiée son expérience de la scène et du jazz : elle swingue le gospel !
WILLIE MAE FORD SMITH (1904-1994)
Née dans le delta du Mississippi, Willie Mae Ford passe son enfance à Memphis avant de rejoindre St.Louis durant son adolescence où elle est fortement marquée par le blues. Elle forme avec ses sœurs un quatuor, les Ford Singers, qui font sensation à la NBC en 1922. Mariée à James P. Smith en 1929, elle compose et publie ses premiers gospel songs avant de rencontrer T.A. Dorsey en 1931 qui l’invite l’année suivante à Chicago participer à la NCGCC. Elle travaille pour lui à partir de 1935 et, en 36, devient la directrice de son bureau des solistes et son principal professeur de chant. Elle découvre ainsi Edna Gallmon Cooke à Washington, Martha Bass et Brother Joe May à St.Louis. Elle chante en soliste à la NBC en 1937 avant de rejoindre, en 1939, la Church of God Apostolic (pentecôtiste). Elle enregistre quelques faces dans les années 40 avant de disparaître du circuit. Redécouverte beaucoup plus tard, “Mother” Smith est quasiment la vedette en 1983 du film “Say Amen, Somebody” et est enfin reconnue comme l’une des plus grandes.
Cette contralto à la “voix magnifique au registre étendu et à la technique vocale très moderne, comme l’écrit Robert Sacré, était une chanteuse exceptionnelle” qui n’a pas connu le succès. Pour T.A. Dorsey, qui connaissait la question, Willie Mae Ford Smith surpassait même Bessie Smith ! D’autres la considéraient comme étant supérieure à Roberta Martin et à Mahalia Jackson qui l’admiraient beaucoup. Elle possédait un véritable talent de preacher et fut à l’origine des sermonettes, ces introductions parlées qui aménent progressivement au chant. Son Going On With The Spirit représente son côté low down.

QUEEN C. ANDERSON (1913-1959)

Née T.C. Anderson, elle rejoint le Brewster Ensemble en 1941 et devient l’Interprète fidèle de W.H. Brewster qui la surnomme “Queen Candice of Ethiopia”. Membre de la East Trigg Baptist Church, elle n’effectuera jamais de carrière professionnelle et n’enregistrera qu’une poignée de faces à Memphis avec les Brewster Singers entre 1950 et 1956.
Alto, elle chante d’une voix forte et pénétrante. Véritable légende du gospel, Q.C. Anderson avait un admirateur en la personne du jeune Elvis Presley lorsque celui-ci, adolescent, s’introduisait dans les églises noires de Memphis.
MAHALIA JACKSON (1912-1972)
Native du French Quarter, le quartier noir et pauvre de la Nouvelle-Orléans, Mahalia Jackson fréquente très tôt l’église baptiste où officie son père mais elle écoute aussi les disques des chanteuses de blues. Montée à Chicago en 1927, elle devient l’une des meilleures solistes de la Greater Salem Baptist Church et chante en 1933 avec les Robert Johnson Singers, le premier groupe mixte connu (mais qui ne laissera aucun disque). En 1935 elle rencontre Mother Smith qui devient son modèle. En 1937, elle a la chance de graver ses deux premiers disques pour Decca mais l’heure des chanteuses solistes n’est pas encore venue et l’expérience ne sera pas renouvelée. Thomas Dorsey l’emmène dans ses tournées et, chantant les pièces du compositeur qui l’accompagne au piano, elle commence à attirer les foules et sa notoriété grandit. En 1943, elle participe à une battle avec Ernestine Washington au Golden Gate Ballroom de New York puis signe un contrat avec la firme Apollo en 1946. Enregistré l’année suivante, Move On Up A Little Higher obtient un succès aussi énorme qu’inattendu et Mahalia devient du jour au lendemain The Gospel Queen. Sa carrière prend alors une dimension considérable qui déborde bientôt les limites de la population noire : Carnegie Hall en 1950, émissions de radio et de télévision, venue en France dès 1952 suivie de plusieurs autres tournées européennes, Newport Jazz Festival et disque avec Duke Ellington en 1958, etc. Devenue une immense vedette internationale, Mahalia Jackson chante pour l’intronisation du Président Kennedy et lors des obsèques du Rev. Martin Luther King.
Contralto au timbre profond et chaleureux, Mahalia Jackson possède une voix forte, expressive, un registre étendu, un sens du placement et de la respiration innés et de rares facultés d’articulation et d’improvisation. Cette grande chanteuse dramatique demeure l’une des plus grandes voix que l’Amérique noire ait donné au XXe siècle.
ERNESTINE WASHINGTON (1914-1983)
Née Ernestine Beatrice Thomas à Little Rock (Arkansas), elle chante dès 4 ans avec sa mère, une chanteuse sanctifiée. Lors d’une Convocation of the COGIC, elle rencontre le Rev. Frederick D. Washington qu’elle épouse. Ils fondent ensemble une église dans le New Jersey avant de s’installer au début des années 40 à New York et d’y ouvrir leur Brooklyn COGIC. Elle commence à enregistrer en 1943 et réalise de nombreux disques jusqu’en 1948. C’est alors l’époque de sa grande renommée et la chanteuse est même sollicitée pour enregistrer en 1946 en compagnie de l’orchestre New Orleans de Bunk Johnson en direction des amateurs de jazz ; idée insolite et finalement très réussie. Celle que l’on appelle Sister ou encore Madame effectue des tournées à travers le pays, parfois au même programme que Mahalia Jackson ou que les Roberta Martin Singers, mais elle demeure avant tout la chanteuse soliste du Washington Temple, l’église de son mari. Ernestine Washington enregistrera à nouveau en 1954 puis publiera plusieurs albums à partir de 1958. Toutefois, sa période de gloire n’aura été qu’éphémère.
Soprano à l’attaque franche, celle que l’on surnomma The Songbird of the East chante d’une voix nasale héritée d’Arizona Dranes. Sa manière de chanter robuste, dépourvue de toutes fioritures et avec un vibrato prononcé, est typique de la tradition sanctifiée.

MARIE KNIGHT (1918)

Née en Floride, Marie Knight passe son enfance et sa jeunesse à Newark (New Jersey) où elle fait des prodiges au sein de la COGIC. Alors qu’elle tourne avec un groupe d’évangélistes, elle épouse un évêque texan. Si, à partir de 1946, elle réalise ses premiers disques pour une petite compagnie, sa réputation et son talent amènent les producteurs de chez Decca à lui faire joindre sa voix à celle de leur ve­dette, Sister Rosetta Tharpe. Les premiers disques du duo – une nouveauté dans le gospel – obtiennent un succès considérable et les deux chanteuses, aussi opposées que complémentaires, entament la tournée des églises et des théâtres à travers tout le pays (6). Marie Knight enregistre également abondamment en soliste pour Decca jusqu’en 1954 avant de passer en 1956, comme Rosetta, chez Mer­cury où plusieurs albums sont pu­bliés. Elle quitte alors le circuit de la musique religieuse pour aborder le domaine profane avec un succès mitigé : Cry Me A River entre dans le Top 50 R&B en 1965. Elle retourne ensuite à l’église où elle occupe une charge de pasteur.
Contralto grave et majestueuse, son style se situe à un point d’équilibre entre ceux de Georgia Peach, de Willie Mae Ford Smith, de Mahalia Jackson et de Bessie Griffin mais avec une diction et une technique vocale plus sophistiquées qui s’apparentent aux chanteuses de jazz et de pop. Également pianiste, Marie Knight, qui na pas connu la reconnaissance internationale de sa consœur Rosetta Tharpe, demeure sous-estimée des amateurs. Il est intéressant d’entendre sa version de What Could I Do connue aussi par Mahalia Jackson et Ernestine Washington ainsi que le superbe Shaded Green Pastures (7).    
ROBERTA MARTIN (1907-1969)
Née dans l’Arkansas, Roberta Martin bénéficie d’une formation musicale sérieuse. Pionnière du gospel moderne auprès de T.A. Dorsey, elle travaille à l’Ebenezer Baptist Church avant d’être la cofondatrice du Martin-Frye Quartet dès 1933. Ce premier ensemble mixte devient, en 1936, les Roberta Martin Singers. Associée un moment avec son homonyme Sallie Martin, Roberta crée sa propre maison d’édition en 1939/40, la Ro­berta Martin Studio of Music. Les Roberta Martin Singers gravent leurs premiers disques à Chicago en 1947 puis enregistrent continuellement pour Apollo jusqu’en 1955. Chez Savoy à partir de 1957, elle publiera de nombreux albums en maintenant, jusqu’à sa mort, un groupe qui, malgré une immense réputation, chez les amateurs, n’a pas reçu l’accueil public qu’il méritait. Peut-être par excès de rigueur et de sobriété ?
Contralto sombre mais aussi pianiste et arrangeur novatrice, Roberta Martin a toujours préféré mettre les solistes de son ensemble dans les meilleures conditions plutôt que chercher à se mettre elle-même en valeur. Elle fut pourtant une grande interprète comme le montre What A Friend, une adaptation d’un vieil hymne arrangé par Willie Mae Ford Smith et qui est considéré comme sa performance la plus fameuse.   
De grandes solistes se sont révélées chez les Roberta Martin Singers. Parmi elles :    
MYRTLE SCOTT (1915-1995)
Née dans le Mississippi, Myrtle Scott monte enfant à Chicago. Elle se fait re­marquer dans la mouvance Dorsey et prend comme modèle Willie Mae Ford Smith. Elle tourne avec Theo Frye dans les années 30 avant d’entrer chez les Roberta Martin Singers au sein desquels elle n’enregistre que deux morceaux en soliste dont The Lord Will Make Away. Elle disparaît ensuite de la scène, devient couturière vers la fin de sa vie et meurt dans la pauvreté.
Dotée d’une voix qui navigue entre mezzo-soprano et contralto, Myrtle Scott n’a jamais fait carrière, ce qu’on peut regretter car elle possédait le potentiel pour devenir l’une des plus grandes. Clara Ward et Marion Williams ne s’y étaient pas trompées en voyant en elle la meilleure chanteuse de Chicago.
BESSIE FOLK (1923)
Adolescente, elle fut la première chanteuse femme à rejoindre les Roberta Martin Singers avec lesquels elle enregistre en 1949/50 avant de former avec un soliste masculin du groupe, Norsalus McKissick, l’éphémère trio des Gospelaires qui comprend aussi le tout jeune James Cleveland à l’aube d’une prestigieuse carrière. Ils enregistrent quelques faces en 1950/51 dont le superbe The Lifeboat. Bessie Folk retourne ensuite à plusieurs reprises (1955 puis 62) avec Roberta Martin avant de rejoindre les Sallie Martin Singers en 1963. En dehors de ses enregistrements au sein de ces groupes, Bessie Folk n’a jamais, comme Myrtle Scott, gravé le moindre disque sous son nom.
Alto, elle était surnommée à Chicago la Little Mahalia et aurait pû, dit-on, dans un autre registre surpasser Aretha Franklin dont elle possédait un lyrisme équivalent et le même sens dramatique. Encore une chanteuse sous-représentée.

DELOIS BARRETT CAMPBELL (1926)

Née à Chicago, Deloris Barrett débute à la Morning Star Baptist Church. À peine âgée de 20 ans, elle intègre les Roberta Martin Singers dont elle sera l’un des membres les plus réguliers pendant deux décennies. Mariée à Frank Campbell, Deloris (ou Delois) forme avec ses deux sœurs le trio des Barrett Sisters en 1964 qui, avec l’aide de plusieurs albums, obtient une grande notoriété qui les conduit, à partir de 1980, sur toutes les scènes internationales.   
Soprano dotée de grandes possibilités vocales dans des registres très divers, elle a été à la meilleure école pour, progressivement, laisser éclater un talent dramatique et dynamique incontestable.
SALLIE MARTIN (1896-1988)
Bien que la plus ancienne de toutes et ayant effectué une carrière qui couvre presqu’un siècle, de la période des premiers gospel hymns au gospel contemporain, Sallie Martin a longtemps travaillé dans l’ombre et n’a jamais connu la reconnaissance populaire. Née en Géorgie, elle est membre de la Fire Baptized Holiness Church en 1916. Mariée à Wallace Martin, elle quitte Atlanta en 1919 pour Chicago. En 1932, elle rencontre T.A. Dorsey et devient son associée, effectuant avec lui des tournées de promotion à travers le pays. En conflit avec Dorsey, elle crée, à Chicago avec Kenneth Morris en 1940, une maison d’édition pros­père, la Martin & Morris Company dont les Martin & Morris Singers sont la vitrine chantante. Elle fonde la même année ses Sallie Martin Singers, le premier ensemble féminin professionnel connu. En 1946, elle s’installe à Los Angeles pour y ouvrir une antenne de la Martin & Morris. Les Sallie Martin Singers enregistrent un certain nombre de disques à Hollywood entre 1947 et 51 tandis que la chanteuse dirige également le chœur de la St.Paul Baptist Church. À partir de 1950, Sallie élargit son groupe à quelques voix masculines dont celle de Brother Joe May, future star du gospel, mais le groupe se disperse en 1952 par manque de succès commerciaux. En 1955, Sallie Martin enregistre avec Alex Bradford. De retour à Chicago en 1960, elle forme de nouvelles Sallie Martin Singers qui enregistrent plusieurs albums durant la décennie. En 1979, le public français découvre une étonnante Mother of Gospel Music au sein du spectacle musical “Gospel Caravan” qui tient l’affiche plusieurs mois à Paris avec en vedette Marion Williams.
Contralto à la voix très grave, caverneuse – il est vrai qu’elle grave ses premiers disques à 50 ans passés – et à l’attaque franche et directe, Sallie Martin, si elle ne fut jamais une grande soliste, reste par son action l’une des plus importantes personnalités de l’histoire de la musique religieuse afro-américaine.    
CORA MARTIN (1927)
Née à Chicago, Cora Brewer a 10 ans lorsqu’elle est adoptée par Sallie Martin. Lorsque Ruth Jones quitte les Sallie Martin Singers en 1942 pour faire une carrière profane sous le nom de Dinah Washington, c’est la petite Cora que Sallie choisit pour la remplacer et devenir la chanteuse soliste de l’ensemble. Elle est de toutes les aventures du groupe, ce qui ne l’empêche pas d’enregistrer en solo ainsi qu’avec la St.Paul Church Choir de Los Angeles que dirige le Pr. J. Earle Hines. Complétant sa formation musicale, elle prend, à la suite de sa mère, la direction du chœur de l’église St.Paul ainsi que de la Echoes of Eden Choir. Elle enregistre également avec les Simmons-Akers Singers.
Superbe soliste au style travaillé et accompli, Cora Martin a préféré transmettre son savoir plutôt que de tenter une véritable carrière de soliste dont elle avait le potentiel.
MARY DELOATCH (?)
Mary Deloatch est une chanteuse-guitariste dont, hormis les enregistrements, les spécialistes ignorent tout. Elle semble originaire de la région de la côte Est et ses disques ont été enregistrés à New York et à Charlotte (Caroline du Nord). Elle réalise ainsi plusieurs séances entre 1945 et 1951 où elle interprète soit du country blues, soit une forme de rhythm and blues jazzy (avec Johnny Otis notamment), soit des negro spiriuals et des gospel songs ; ses disques étant publiés sous son nom Mary Deloach (ou Deloatch) dans le circuit religieux et sous celui de Marylin Scott dans le domaine profane, sans doute pour ne pas éveiller les soupçons des autorités ecclésiastiques. On ne connaît rien ensuite de sa carrière sinon qu’elle réapparaît le temps d’un disque vers 1967.
Pratiquant un style de guitare hérité du Piemont, elle en tire des résonances bluesy envoûtantes dans I Really Believe. Sa voix de blueswoman est également prenante comme dans son Gospel Train très boogie adapté de la version qu’en avait donnée le Rev. Gates.
EDNA GALLMON COOKE (1917-1967)
Native de Caroline du Sud, Edna Gallmon Cooke débute dans l’église de son père à Washington. D’abord tentée par une carrière orientée vers le classique, elle entend en 1938 Willie Mae Ford Smith de passage à Washington et c’est une révélation. Mariée au chanteur Barney Parks, elle entre à la holiness church et commence à effectuer des tournées dans le Sud avec un répertoire proche de celui de Mother Smith mais dans un registre vocal différent. Elle enregistre régulièrement à partir de 1949 mais c’est à partir du milieu des années 50 qu’elle devient une figure importante du gospel, gravant de très nombreux disques jusqu’à sa mort prématurée.
Mezzo-soprano, celle que l’on surnommait The Sweetheart of the Potomac possédait selon Denis-Constant Martin “un timbre cristallin, une façon d’accentuer les phrases dans l’aigu avec un léger vibrato, de les énoncer avec une nonchalance qui n’enlevait rien à leur force rythmique, la rendaient profondément touchante.”

GOLDIA HAYNES (1919-1973)

Originaire de l’Illinois et mariée jeune avec un ministre du culte de la COGIC qui fonde le Haynes Temple à East-St.Louis, Goldia Haynes débute également avec le soutien de Willie Mae Ford Smith. En 1950, elle enregistre plusieurs disques dans un genre direct et expressif mais ne verra jamais sa carrière décoller car elle doit élever neuf enfants ! Sporadiquement, elle apparaîtra sur disques aux côtés du fameux Elder Charles Beck en 1956 ainsi que sur plusieurs albums du chanteur Gene Martin, entre autres “Gene Martin & The Haynes Gospel Singers”.
Chanteuse et pianiste resplendissante et dynamique qui rappelle parfois Arizona Dranes, Goldia Haynes a su malgré tout se tailler une belle réputation dans le métier au point d’être surnommée la “Tina Turner du Gospel”.
CLARA WARD (1924-1973)
Fille de Gertrude Ward, une chanteuse de Caroline du Sud, Clara Ward naît à Philadelphie dans une famille pauvre. Très tôt, Gertrude apprend les vieux hymnes baptistes à ses filles Willa et Clara et décide de former un groupe avec elles. En 1937, elle intègre l’organisation Dorsey. En 1943, les Ward Singers font sensation à la NBC et deviennent réellement professionnelles. À partir de 1949 et jusqu’en 1958, elles enregistrent un nombre considérable de disques à New York, Philadelphie ou Los Angeles sous des formules et des personnels variables, Clara se présentant souvent en soliste. Les succès discographiques ne se comptent plus et les Ward Singers deviennent le groupe de gospel le plus populaire du pays. Elles chantent au Carnegie Hall en 1950 et en 1952 avec Mahalia Jackson, se produisent au Griffith Stadium de Washington devant 25000 personnes, tournent dans les années 50 avec le Rev. C.L. Franklin, participent au Newport Jazz Festival en 1957... avant que la plupart des chanteuses claquent la porte, s’estimant exploitées par la patronne Gertrude. Un nouveau groupe est constitué qui, après un enregistrement live à l’Apollo en 1959, commence à lorgner vers d’autres scènes : les concerts comme au Town Hall, les clubs comme le Village Vanguard ou le Village Gate, les cabarets chics de Las Vegas, les théâtres de Broadway, etc. dans des shows de plus en plus extravagants. Les Ward Singers tournent également beaucoup à l’étranger – on les entend au festival d’Antibes en 1960 et à l’Olympia de Paris – et c’est après une tournée de trois mois au Vietnam et en Thaïlande en 1966 que Clara est victime d’une attaque. Elle se rétablira difficilement et enregistrera à nouveau quelques temps avant sa mort survenue trop tôt.
Alto, Clara Ward est d’abord une personnalité exceptionnelle : chanteuse, pianiste, animatrice, arrangeur. Au delà de son exubérance et de l’aspect tapageur de son groupe, elle a su faire entendre sa très belle voix un peu nasale dans l’interprétation des hymnes comme The Fountain. Aretha Franklin, qui l’a beaucoup fréquentée avec son père, l’a reconnue comme sa principale inspiratrice.
Les premières Ward Singers ont connu quelques grandes solistes :
MARTHA BASS (1921-1998)
Née à St.Louis (Missouri), Martha Bass débute aux côtés de Willie Mae Ford Smith dont elle est la protégée. Elle entre ensuite chez les Ward Singers où elle révèle des dons puissants de soliste malheureusement peu représentés en disque. Après avoir quitté le groupe, elle retourne à St.Louis. Aux débuts des années 60, sa fille Fontella Bass devient une vedette du R&B et, grâce à elle, Martha peut effectuer plusieurs séances d’enregistrement pour Checker. Durant les années 80, elle tourne en Europe avec Fontella et son mari le trompettiste Lester Bowie ainsi qu’avec son fils le chanteur David Peaston.
Contralto qui, comme Mother Smith, possède de forts accents bluesy, Martha Bass a créé les arrangements de Just Over The Hill et These Are They de W.H. Brewster repris en disque par Mahalia Jackson.
MARION WILLIAMS (1927-1994)
Née et grandie à Miami dans une famille modeste, Marion Williams est exposée très jeune aux chants de l’église sanctifiée de la COGIC locale. Elle chante dans un groupe local, les Melrose Spiritual Singers, et écoute Sister Rosetta Tharpe et Mary Johnson Davis. Les Ward Singers, de passage à Miami en 1947, entendent cette voix exceptionnelle et l’engagent immédiatement. Dès 1949, elle participe à tous les enregistrements du groupe et est pour beaucoup dans les succès qu’il obtient. En 1958, elle quitte les Ward Singers en emmenant avec elle la plupart des autres chanteuses pour former les Stars of Faith avec lesquels elle participe au spectacle de Langston Hughes “Black Nativity” qui tourne en France et en Europe. Elle quitte les Stars of Faith en 1965 pour entamer une carrière soliste qui la mène sur les plus grandes scènes et devient, après la mort de Mahalia Jackson, la chanteuse de gospel la plus connue dans le monde.
Soprano lyrique dont la voix puissante atteint des hauteurs sidérantes, Marion Williams est l’une des chanteuses les plus accomplies et généreuses de l’histoire du gospel.
WYNONA CARR (1924-1976)
Née à Cleveland (Ohio), Wynona Carr étudie le piano, le chant, l’harmonie et l’arrangement et joue à l’église baptiste. À l’âge de 20 ans elle s’installe à Detroit et, en 1945, forme un quintette, les Carr Singers. À partir de 1949, elle enregistre pour Specialty à Hollywood et se fait remarquer avec des pièces comme Each Day qui s’inscrivent un peu dans le style swinguant de Sister Rosetta Tharpe avec Sammy Price. Elle se fait d’ailleurs une spécialité des démarquages de blues connus en gospel songs (St.James Infirmary devient ici I’m A Pilgrim Traveler). Elle chante en duo avec Brother Joe May et, en 1952, obtient un hit avec The Ball Game. En 1954, elle effectue une tournée de night-clubs avec Rosetta Tharpe et Marie Knight avec un répertoire qui se situe à la frontière entre le sacré et le profane. La même année, elle dirige la chorale de la New Bethel Baptist Church du Rev. Franklin et enregistre à Detroit. Wynona Carr abandonne ensuite le répertoire religieux pour se diriger définitivement vers le rhythm and blues, enregistrant dans cette voie à partir de 1956.
Contralto sombre, Wynona Carr, contrairement aux chanteuses spontanées et débridées, est une des représentes éminentes d’un gospel composé, produit et arrangé.
ETHEL DAVENPORT (1910-1985)
Né à Jacksonville en Floride, Ethel Davenport  fait ses débuts discographiques en 1948 et grave un nombre conséquent de disques jusqu’en 1954 tant à New York qu’à la Nouvelle-Orléans qui lui assurent une réputation nationale. Elle se pose en rivale de Wynona Carr et la dépasse même en terme de popularité. Elle participe entre autres, en 1955 à Los Angeles, à un “Great Shrine Concert” devenu historique. Retournée à Jacksonville, elle anime pendant plusieurs années un programme radio hebdomadaire. Elle retrouve les studios d’enregistrement vers 1968.
Alto, Ethel Davenport est une showwoman qui conjugue à la fois le moaning baptiste, le shouting des chanteuses sanctifiées et les techniques du jazz.    

SISTER JESSIE MAE RENFRO (1921)

Native du Texas, Jessie Mae Renfro appartient à la COGIC de Dallas. Commençant sa carrière dans les clubs locaux, elle se révèle une puissante chanteuse de blues en interprétant le répertoire de Bessie Smith. Mais après avoir hésité, elle choisit le gospel et se joint, au milieu des années 40, aux Sallie Martin Singers. Après un premier disque sans lendemain en 1946, elle s’installe à Oklahoma City où son mari dirige la COGIC et enregistre à nouveau, de 1951 à 1958 pour Peacock, la marque de Houston. Jessie Mae Renfro se produit essentiellement dans les églises et dans revivals, rassemblements religieux.   
Vocalement proche de Clara Ward mais avec un timbre plus clair, Jessie Mae Renfro n’a pas été marquée par la tradition texane d’Arizona Dranes. Tournée vers la modernité, elle utilise les techniques du hard gospel.

BESSIE GRIFFIN (1922-1989)

Née à la Nouvelle-Orléans comme Mahalia Jackson, elle chante comme elle les hymnes baptistes avant de rejoindre en 1942 le groupe féminin local des Southern Harps avec lequel elle tourne et enregistre en 1947 et 48, profitant de l’occasion pour graver ses premiers morceaux en solo. Montée en 1951 à Chicago, elle rencontre Mahalia Jackson qui lui donne un coup de pouce puis entre en 1953 dans un groupe féminin appelé à une grande notoriété, les Caravans. L’année suivante, elle retourne à la Nouvelle-Orléans, puis effectue des tournées avec le fils du Rev. Brewster et avec son mari Spencer Jackson. En 1958, elle chante et enregistre en duo avec le célèbre Professor Alex Bradford. En 1959, elle est la première à introduire les gospel songs dans les night-clubs d’Hollywood et assure la création la même année à Los Angeles, de “Portraits in Bronze” d’après un ouvrage de Langston Hughes, le premier gospel musical. Durant les années 50, elle enregistre un peu en dents-de-scie mais, à partir de la décennie suivante, elle publie plusieurs albums, chante dans les clubs et à la télévision. À partir des années 70, ses tournées en Europe et en Afrique lui procurent une stature internationale. Elle cesse de chanter en 1987 et connaît alors une fin d’existence dif­ficile.
Contralto à la voix très proche de celle de Mahalia Jackson, Bessie Griffin est une chanteuse d’une rare puissance et d’une égale conviction. Bien que restée pour son public la Queen of the South, elle est considérée par les amateurs comme l’une des plus grandes voix du gospel. Dans Someday Somewhere qui date de ses débuts, elle cherche encore son style.
DOROTHY LOVE COATES (1928-2002)
Née à Birmingham (Alabama), Dorothy McGriff interprète d’abord des chansons jazz/blues avant d’entendre Roberta et Sallie Martin et de se marier, en 1946, avec Willie Love, chanteur des Fairfield Four. La direction est donnée. En 1951, elle intègre les Original Gospel Harmonettes, un ensemble féminin formé à Birmingham et dont la réputation est en train de grimper. Son enregistrement de I’m Sealed fait un succès qui lance pour de bon le groupe qui, durant les années 50/60, sera le seul à concurrencer sérieusement les Ward Singers et que nombre d’amateurs reconnaissent comme étant le plus grand du genre. Durant cette période, leurs enregistrements sont nombreux. Vers 1960, Dorothy Love se remarie avec un autre chanteur de quartette, Carl Coates, la basse des Sensational Nightingales. Après la dissolution des Harmonettes en 1971, elle poursuit une prolifique carrière en solo, se produisant en Europe et dans les festivals américains. Très engagée dans le Mouvement pour les Droits civiques, proche de W.H. Brewster –  elle a tourné en 1990 “The Long Walk Home” avec Whoopi Goldberg – Dorothy chantait ces dernières années avec sa sœur Lilian McGriff (ex-Gospel Harmonette) et sa fille.   
Contralto influencée par Arizona Dranes et admirant Q.C. Anderson et Mahalia Jackson, elle s’en distingue par sa voix, peu flexible, mais qu’elle compense par un dynamisme, un swing irrésistible et une présence scénique extraordinaire. Chanteuse passionnée, elle entraîne le groupe vers les plus hautes sphères.
Notes :
(1) race records : disques destinés à la population noire. Voir Women in Blues (FA018).
(2) Voir Negro Spirituals, la tradition du concert (FA168).
(3) Voir Gospel Vol.1, Negro spirituals/Gospel songs (FA008).
(4) Voir Gospel Vol.3, Guitar Evengelists & Bluesmen (FA044).
(5) Voir Complete Mahalia Jackson Vol.1 (FA1311) et Vol.2 (FA1312).
(6) Voir Complete Sister Rosetta Tharpe Vol.1 (FA1301) et Vol.2 (FA1302).
(7) Nous n’avons pas retenu la version de The Georgia Peach à cause de la mauvaise qualité du document.    
Ouvrages consultés
Robert Sacré : Les Negro Spirituals et les Gospel Songs (Que Sais-je ?, PUF, Paris 1993).
Denis-Constant Martin : Le Gospel afro-américain (Cité de la Musique/Actes Sud, Paris 1998).
Noël Balen : Histoire du Negro spiritual et du Gospel (Fayard, Paris 2001).
Horace Clarence Boyer : How Sweet the Sound - The Golden Age of Gospel (Elliott & Clark Pub., Washington 1995).
Anthony Heilbut : The Gospel Sound (Limelight Ed., NY 1992 – 4e édition).
Cedric J. Hayes & Robert Laughton : Gospel Records, a Black Music discography (Record Information Services, 1993).
Et divers écrits de Anthony Heilbut, Jacqueline Cogdell DjeDje, Lee Hildebrand et Opal Nations, Chris Smith, Ray Templeton et Jacques Demêtre.
Sincères et chaleureux remerciements à Jacques Morgantini, François-Xavier Moulé, Étienne Peltier et Robert Sacré pour leur prêt de 78 tours souvent fort rares, de photographies et autres documents.
Photos et collections : Pierre Allard, Joe Alper, Anna L. Brooks, Jean Buzelin, Jacques Demêtre, Kochakian/Moonoogian, Jacques Morgantini, François-Xavier Moulé, Robert Sacré, Smith/
McKissick, Shannon Williams, Lloyd Yearwood,
X (D.R.).
The public has always been fascinated by great female vocalists, prima donnas and divas, whether in the realm of classical music, opera, folk music, pop, jazz or music hall. Perhaps these women fulfil to some extent an audience’s dream for something ideal that everyday life does not offer. Mixed audiences of all ages see in a woman something out of the ordinary, a heroine, and all the more so when she is alone and fighting for a place in a male-dominated world. Negro spiritual and gospel singers have had to struggle harder than most to make a place for themselves in a hostile and harsh milieu.
When a community is itself in the minority within a dominant and oppressive society, it takes a lot of guts and determination to get from the bottom rung of the ladder and finally make it to the limelight. Moreover, if she is eventually dethroned and divested of her regalia, even a diva will have to go back to being a housewife and also put up with attacks from an intolerant church, being humiliated by a cynical protector or beaten up by a jealous husband. There have been numerous well-known examples even among some of the most famous singers.
In North America, at the turn of the 19th and 20th centuries, in order to make a career in show business, it was easier if one was both white and male. Black women were the last to make a name for themselves. In the beginning they had to rely heavily on their sex appeal to get work which is why the incredible vogue for so-called “classic” vaudeville and blues female singers in the 1910s and 20s should be put in perspective. Although very popular, especially in black communities due to race records (1), this vogue was a mere flash in the pan. However, it did open the way to other black women by giving them an example of emancipation, enabling them to consider the real possibility of a musical career. However, although these chances now existed on the secular circuit the same was not true in the religious domain.
In addition to racial and social barriers, leaders of the black churches, which were often very conservative, puritanical and even reactionary did not look favourably on their female members who abandoned their kitchens or their church choirs. This attitude was frequently the first obstacle facing women attracted by the footlights. Even if she did managed to escape, a black female singer would never have entertained the idea of singing religious songs for a living! That is to say psalms, hymns and Negro spirituals (except on the white classical music circuit) (2).
Fortunately, the Holiness Church and the Pentecostal movement that backed the creation of sanctified churches such as the Church of God in Christ (COGIC) reacted against the opposition of Baptist and Methodist churches by giving women the opportunity to play a more active role within the community. Some were ordained and allowed to preach, others took on more important choral functions, often conducting mixed choirs—an innovation except for concert choirs such as the Fisk Jubilee Singers (2)—while many of them played the piano or organ. Soon the most daring and determined of these women took their pilgrim’s staff in one hand and their guitar in the other and set off to preach the word of God.
THE FIRST SINGERS RECORDED
As in other forms of Afro-American music, records played a large part in popularising early women gospel singers and bringing them to the attention of the public. In time they also ensured relative posterity to those who were lucky enough to record in the late 20s. But it would take longer for those who succeeded them to achieve the same status as classical, blues, jazz or variety singers.

Lucie E. Campbell
(1885-1963) a more classic singer, although she never recorded, is the oldest known female gospel writer-composer. Born in Memphis, she became known in 1916 at the National Baptist Convention (NBC) before becoming its leader, a post she held for 47 years! She published around a hundred “modern” compositions, precursors of the gospel songs of the Dorsey era. She created lining hymns, gospel ballads and invented the gospel waltz that became so popular during the 50s. Mahalia Jackson made her famous with her version of In The Upper Room.
Soloists in small church choirs, travelling Evangelists, Sister Cally Fancy and Bessie Johnson (3), Mother McCollum (4), R.H. Harris, Jessie Mae Hill, the reverend Leora Ross and Sister Mary Nelson are a few of the rare singers to have been recorded. But the most important religious female vocalist of this period remains the blind Evangelist Arizona Dranes from Dallas (3). Singing in a shrill, nasal yet persuasive voice, her vigorous piano accompaniment straight out of some Texan bar, Arizona Dranes toured extensively throughout the South, was heard in Chicago, took part in the annual COGIC conventions and cut a dozen or so records between 1926 and 1928. Several future outstanding singers such as Ernestine Washington, Goldia Haynes, Lillie Mae Littlejohn and Dorothy Love Coates were influenced to some extent by her.
Apart from these mainly rural singers, during the 20s classic blues singers were the only ones to record a few Negro spirituals and gospel songs e.g. Bessie and Clara Smith, Sara Martin and Josie Miles.
T.A. DORSEY’S ENTOURAGE IN CHICAGO
With the arrival of Thomas A. Dorsey (1899-1993) the early 30s saw, if not a revolution because the early days were difficult, at least a powerful evolution in the world of religious music (3). A recognised pianist and blues singer, Dorsey had started to compose religious pieces in 1926 before being invited by Lucie Campbell to present his work to the NBC in 1930. He formed his own recording company, the T.A. Dorsey Gospel Songs Music Pub. Then in 1931, with Theodore Frey, created the first big gospel choirs at the Pilgrim and Ebenezer Baptist Churches in Chicago. The following year Thomas Dorsey, in association with singer Sallie Martin, founded the National Convention of Choirs & Choruses (NCGCC), an annual gathering of choirs and congregations from throughout the States. Alongside Dorsey, who was the driving force and the first outstanding author of modern gospel songs, Sallie Martin revealed her talents for organisation. They both went from church to church, tracing out a gospel highway, recruiting as they passed some future greats: Robert Anderson, Kenneth Morris, Willie Mae Ford Smith, Roberta Martin, Gertrude Ward and her daughters, plus Mahalia Jackson!
In 1931 Willie Mae Ford Smith, a singer from Memphis, met Thomas Dorsey who invited her to Chicago for the NCGCC. A few years later she worked with him again and, in 1936, took over the management of his soloists. Roberta Martin from Arkansas was an accomplished musician. She became part of the Dorsey movement when working with Kenneth Morris and Theo Frye at the Ebenezer Baptist Church and, in 1936, founded the Roberta Martin Singers, perhaps the first professional mixed group. That same year, Dorsey reunited Sallie and Roberta Martin (no relation) for a Battle of Gospel Songs that played to a full house. Then, in 1937, Gertrude Ward, a singer from Philadelphia accompanied by her daughters Willie and Clara joined the Dorsey organisation. As for Mahalia Jackson, who had moved up to Chicago in 1927 from her native New Orleans, in 1935 she met Willie Mae Ford Smith who made a deep impression on her with that Southern accent and direct approach that she would later develop and refine, in spite of a certain reticence on the part of Dorsey. However, he finally gave in and took her on several tours between 1939 and 1944.
Unfortunately, recording companies did not seem to have recognised the commercial potential of these singers and groups, preferring to exploit the more lucrative source of male singers so popular at the time. The two records Mahalia cut in 1937 were virtually ignored and, like many of her colleagues, she had to wait until the end of the war to embark on a real recording career (5), a career denied to Willie Mae Ford Smith—or perhaps she didn’t really want it?
FROM THE MUSIC HALL TO THE CHURCH
The first real soloist to record as early as 1930 was Clara Hudmon from Atlanta who was a member of the famous congregation of the Reverend J.M. Gates, the Baptist preacher whose records were selling like hot cakes at the time. But, in spite of a few sides recorded here and there, including some gospel concerts aimed at the white audiences, it was not until 1939 that she made a name for herself as Georgia Peach and started her recording career from 1942 onwards (3).
In fact, all these obstacles had to be got round some way or another. So instead of just remaining part of a church choir why not try to make it in music hall? And this was where the dynamic singer-guitarist Rosetta Tharpe was discovered in 1938 in New York’s Cotton Club. But before becoming the star attraction of Cab Calloway’s Revue, the young Rosetta had been on the road with her mother, Katie Bell Nurin, a travelling Evangelist who was a member of a Sanctified Church in Chicago. Rosetta Tharpe cut her first records in 1938 and success was not long in coming. She soon became the first ever female gospel star—although she also sang the blues and secular music—playing to packed houses whether on stage, in dance halls or cabarets (Cotton Club, Carnegie Hall in December 38, Apollo, Café Society…) and making numerous records that topped the sales lists, all types of music included. Her career, half way between “God’s music and the Devil’s music” was an anathema to religious leaders and Rosetta was forced to choose. After several years with Lucky Millinder’s orchestra, she devoted herself entirely to a religious repertory into to which she still injected swing and a strong rhythmic feeling, backed by her own exciting electric guitar and the boogie/blues piano of Sammy Price. She formed a successful duo with singer Marie Knight that lasted several years but always retained her independence as a holy roller singer, ready to sing anywhere from a church in the ghettos to the biggest festival (6).
AROUND W.H. BREWSTER IN MEMPHIS
Although, as a result of Dorsey’s organisation, Chicago remained the gospel capital in the late 30s and early 40s, certain Southern towns, the heart of Afro-American music, were still the hub of religious music. For example, Memphis where the COGIC was created at the end of the 19th century, saw the emergence of W. Herbert Brewster (1897-1987) who, like Dorsey, would make a name for himself as a composer, organiser and leader, also active in the Civil Rights movement. His works, presented on NBC in 1941, were brilliantly interpreted by Queen C. Anderson who remained a lifelong member of the Brewster “family”, appearing only with him (and only occasionally on record) and refusing any idea of a professional career. This recognised vocalist was the first to sing Brewster’s Move On Up A Little Higher which, unfortunately, she never recorded but which Mahalia had heard before recording it herself in 1947—a recording that became a huge hit and launched her on her extraordinary career (5). From 1949 on the Ward Singers in particular had hits with other Brewster compositions such as How I Got Over.

THE FIRST DIVAS

Works by Tommy Dorsey, Roberta Martin, Kenneth Morris, W. Herbert Brewster and several other composers became popular mainly because of the female singers who interpreted them. While Sister Rosetta Tharpe, with her electric guitar and her “chorus girl” allure does not really fit the role of a diva, Mahalia Jackson the “Queen of Gospel” achieved an international reputation, equal to that of any world music soloist. Georgia Peach, with her majestic voice, is generally recognised as the first gospel diva. Ernestine Washington, who made a name for herself in Brooklyn in the early 40s was, at one time, their most serious rival, even though the rather mediocre records she made render her voice much shriller and sharper than it really was. On the other hand, Rosetta Tharpe’s partner Marie Knight comes off much better with her deep contralto that occasionally reaches sublime heights. Her records, whether in duo with the singer-guitarist (6) or solo, made her one of the first gospel stars.
FEMALE GROUPS
After the second world war social and musical changes led to the emergence of numerous small independent labels which recorded all types of popular black music, regrouped under the general title of Rhythm & Blues (replacing the pejorative “race records” title). Although not directly part of this commercial category, gospel evolved at the same time and also adapted to public demand for new musical forms. Hence the first recordings of all-female gospel groups. The very first group was formed in 1940 by Dorsey’s old collaborator, Sallie Martin, who had just set up the Martin & Morris Music Company with Kenneth Morris. In its early days The Sallie Martin singers included a young singer-pianist called Ruth Jones who was to become Dinah Washington, the Queen of the Blues. Starting to record in 1947 their principal soloist was Cora Martin, Sallie’s adopted daughter.
It is possible that the recent popularity of the first female solo singers (Rosetta Tharpe, Mahalia Jackson, Ernestine Washington, and Marie Knight) played a part in this feminisation of religious music. Female groups, often formed from the five or six best elements of a church choir, frequently included extraordinary voices and/or outstanding personalities who marked a group to such an extent that it was identified by its main soloist(s) (Clara Ward and Marion Williams with the Ward Singers, Delois Barrett rivalling male soloists with the Roberta Martin Singers, Bessie Griffin with the Southern Harps and then the Caravans, Dorothy Love Coates with the Gospel Harmonettes and many other more recent ones who do not fit into the framework of this anthology), the group often serving as a jumping off point for some of them to begin a solo career.
In 1943, when Clara Ward and the Ward Singers appeared for the first time on NBC, they were an immediate hit. With the arrival of an extraordinary 20-year-old lyric soprano, Marion Williams, in 1947, they became huge stars thanks to their records and their colourful stage presence (brightly coloured dresses and enormous wigs!)
While perhaps not quite achieving the same show-stopping popularity as the ward Singers, the Gospel Harmonettes were considered by many the best female group in the 50/60s, especially after the arrival in 1951 of Dorothy Love—she later added Coates, her second husband’s name. This singer from Alabama, influenced by Arizona Dranes, Queen C. Anderson and Mahalia Jackson, does not possess a big voice but her singing is full of passion, sparkle and an inherent sense of rhythm, together with a formidable stage presence that inspired the whole group.
If it took a long time for female groups to make a place for themselves on the gospel circuit, the creation of mixed professional groups was not so easy either in spite of openings made by small Southern Sanctified choirs, some of which cut a few records in the late 20s (5). In 1936, Roberta Martin set up her Roberta Martin Singers which at first included mainly male singers but was gradually enriched by female voices such as Myrtle Scott, Delois Barret and Bessie Folk, each member of the group, both male and female, getting a chance to solo. Pianist, arranger and a good singer, Roberta Martin always preferred to act as the catalyst for her group rather than taking a leading role herself. She had to wait eleven years before her group was finally recorded. We should also mention the brief recording career of the Mary Johnson Davis Singers formed by a historic gospel figure (1899-1982) who inspired Mahalia Jackson and Clara Ward.
DIVAS AND SISTERS
Following in the footsteps of Mahalia Jackson, Sister Rosetta Tharpe and Marie Knight, whose popularity equalled that of rhythm and blues and jazz stars, becoming idols of the black population, and whose reputation now goes far beyond the limits of their own community, numerous other female singers began to record. Some attracted large audiences e.g. Sister Wynona Carr, Sister Ethel Davenport or, to a lesser degree, Sister Jessie Mae Renfro and Goldia Haynes. Two among them certainly deserve the title of divas. The first, Edna Gallmon Cooke, was considered one of the greatest singers by her own people but never had the opportunity (or the time) to become known to a wider audience. Bessie Griffin, on the other hand, found it difficult to get recognition from black audiences but would later embark on an international career that made her one of the best-known gospel singers.
But not all of them succeeded in making a name for themselves. Like Q.C. Anderson, certain remained within their congregation without attempting to launch out on an individual career. Lena Philips stayed under the leadership of the Reverend Samuel Kelsey whose church she was a member of, the COGIC Temple in Washington, and with whom she toured Europe in 1965. It was during recordings of the congregation that she cut several very convincing solo sides. Others would have been forgotten without the recordings that preserved their voices for posterity e.g. Vivian Cooper who was part of the entourage of Sister Rosetta Tharpe and Marie Knight with whom she recorded several duos. The handful of titles issued under her own name reveal an accomplished singer who, in 1951, took part in Rosetta Tharpe’s wedding conducted by the Rev. Kelsey at the Griffith Stadium in Washington in front of over 20,000 of the faithful! Then afterwards, nothing… And when there is a change of name (and even style) at every session, it is difficult to become recognised. Madame Ira Mae Littlejohn, Lillie Mae Littlefield and Sister Lillie Mae Littlejohn are one and the same person, a robust singer and pianist in the line of Arizona Dranes, whose preaching on Go Devil Go is an exhortation to the devil to get out of there pretty damn quick!
THE TRADITION OF EVANGELIST GUITARISTS
Already in a minority at the time hey travelled around from church to church, braving all risks, female singer-guitarists experienced the same disaffection as their male counterparts. It was now female singers who occupied the limelight, alone or as part of a group, and had become true professionals with their status, hierarchy, determination to make it, their demands and caprices, which, however, did not exclude conviction, generosity and the gift of oneself. Thus, the recording in 1949 by Willie Mae Williams, a vigorous slide guitar specialist, might appear an anachronism. But what if she represented just the tip of a hidden desire for something direct and spontaneous that no longer interested recording companies but was still alive on street corners? Another guitarist from the same rural background, the superb Mary Deloatch, also remains a figure of mystery in spite of her more numerous and more “arranged” records and the fact that she led a double career (religious and secular). Her recordings are precious examples of a unique genre, totally unlike those divas with great voices like the soloists in female groups and those all-powerful sisters who could make the temple walls tremble!

THE FUTURE IN THE HANDS OF WOMEN

After having remained in the background for so long women, through their tenacity and talent, succeeded in imposing themselves on the gospel circuit to such an extent that they ousted men from the top. In the space of the few years covered by our sound panorama—apart from Rosetta Tharpe who preceded them—female singers suddenly blossomed and burst forth in churches, on stage and on record. Nothing could stop them now. Female choirs gradually began to replace male ones that had been the pride of black vocal art for decades. Certain ensembles would produce future divas such as Inez Andrews and Shirley Caesar from the Caravans and Ruth Davis from the Davis Sisters. More recently, Mavis Staples emerged as one of the greatest gospel voices after many years with the mixed family group of the Staple Singers. And now there is a new gospel star, the superb singer Tramaine Hawkins from the Edwin Hawkins Singers. Finally, let us not forget those divas of another genre like Della Reese, Dione Warwick and Aretha Franklin who also grew up within the church.
If female singers have managed to impose themselves in a way that goes far beyond the image we spoke of in our introduction, that of jewels and sequins, spotlights and showbiz, it is perhaps because, more than men, they are more fervently inspired by their deep faith that they are able to communicate so intensely. Whether we are believers or not, it is difficult to resist them.
Adapted from the French by Joyce Waterhouse
Notes:
(1) Race records: records aimed at the black population.
(2) See Negro Spirituals, the concert tradition (FA168).
(3) See Gospel Vol. 1, Negro spirituals/Gospel songs (FA008).
(4) See Gospel Vol. 3, Guitar Evangelists & Bluesmen (FA044).
(5) See Complete Mahalia Jackson Vol. 1 (FA1311) and Vol. 2 (FA1312).
(6) See Complete Sister Rosetta Tharpe Vol. 1 (FA1301) and Vol. 2 (FA1302)
(7) We have not included the version by The Georgia Peach because of the poor recording quality.
With grateful thanks to Jacques Morgantini, François-Xavier Moulé, Etienne Peltier and Robert Sacré for the loan of their often rare 78s, photographs and other documents.

DISCOGRAPHIE CD 1

1. WHO IS THAT KNOCKING ? (Trad. – arr. J. Myers)      C2004
2. WHERE THE SUN WILL NEVER GO DOWN (Trad.)      C2005
3. JESUS IS HERE TO STAY
(R. Tharpe - S.B. Price)      73348-A
4. AIN’T NO ROOM IN CHURCH FOR LIARS (R. Tharpe)      74646-A
5. GOING ON WITH THE SPIRIT (W.M.F. Smith)      5550

6. JESUS, THE PERFECT ANSWER
(W.H. Brewster)
7. I CAN PUT MY TRUST IN JESUS (K. Morris)      C2285
8. GO TELL IT IN THE MOUNTAIN (Trad. - arr. B. Smith)      C2407
9. MY RECORD WILL BE THERE (unknown)      S-1067-S
10. DOES JESUS CARE (K. Morris)      D-707-alt.
11. WHAT COULD I DO (T.A. Dorsey)      74160-A
12. I MUST SEE JESUS (M. Knight)      74161-A
13. WHAT A BLESSING IN JESUS (L. Smith)      C2295
14. WHAT A FRIEND (Trad. - adapt. R. Martin)      C2326

15. YOU’LL UNDERSTAND IT BETTER
(arr. R. Martin)      C2431
16. THE LORD WILL MAKE A WAY (E. Smith)      C2428
17. ALL THAT I HAVE IN JESUS (unknown)      48-S-240
18. WHERE THE SUN NEVER GOES DOWN (Trad.)      WMW-1
19. GOD IS A BATTLE AXE (L.P. Baldwin) 
20. LORD, I NEED YOU EVERY DAY OF MY LIFE (K. Morris)  
(1-2)  Famous Georgia Peach with The Harmonaires : Georgia Peach (Clara Gholston Brock) (vocal) with male vocal group. New York City, February, 1946.
Sister Rosetta Tharpe (vocal, guitar) acc. by Sam Price Trio :
(3) Sammy Price (piano), Clarence «Benny» Moten (bass), Eddie «Mole» Bourne (drums). NYC, May 2, 1946.
(4) Sammy Price (piano), Billy Taylor Snr (bass), Herbert Cowans (drums). NYC, December 3, 1948.
(5) Willie Mae Ford Smith (vocal) acc. by Bertha Smith (piano), Gwendolyn Cooper (organ), unknown (bass). Los Angeles,, ca. 1949/50.
(6) Rev. W. Herbert Brewster with The Brewster Singers : Queen C. Anderson (lead vocal), Hessie Ford, Nancy Jerome (alto voc), Nina Jay Daugherty (tenor voc), Dorothy Ford (tenor voc, piano). Memphis, ca. 1950.
Mahalia Jackson (vocal) acc. by :
(7) Mildred Falls (piano), Herbert J. Francis (organ), unknown (guitar). NYC, July 15 or 21, 1949.
(8) Mildred Falls (piano), Louise Overall (organ). NYC, prob. October 17, 1950.
Sister Ernestine Washington (vocal) acc. by :
(9) unknown (piano). Prob. Newark, NJ, January, 1943.
(10) with Bunk Johnson’s Jazz Band : William «Bunk» Johnson (trumpet), Jim Robinson (trombone), George Lewis (clarinet), Alton Purnell (piano), Lawrence Marrero (banjo), Alcide «Slow Drag» Pavageau (bass), Warren «Baby» Dodds (drums). NYC, January 2, 1946.
(11-12) Marie Knight (vocal) acc. by Sam Price Trio : Sammy Price (piano), George «Pops» Foster (bass), Wallace Bishop (drums). NYC, November 25, 1947.
Roberta Martin Singers :
(13) Delores Barrett (soprano, lead vocal), Bessie Folk (alto voc), Roberta Martin (contralto voc, piano), Norsalus McKissick (tenor voc), Eugene Smith (baritone voc), prob. Lucy Smith (organ). NYC, ca. July 21, 1949.
(14) Same ; but Roberta Martin (lead vocal), Lucy Smith or Willie Webb (organ). NYC, ca. January 12, 1950.
(15-16) Same ; Roberta Martin (lead vocal on 15), Myrtle Scott (alto, lead vocal on 16) added ; poss. B. Folk out. NYC, January, 1951.
(17) Lena Phillips (vocal) acc. by unknown (piano). Washington, DC, ca. October, 1948.
(18) Willie Mae Williams (guitar, vocal). Philadelphia, October, 1949.
(19) Sallie Martin Singers : Sallie Martin (lead vocal), Cora Martin, Brother Joe May (voc), Theresa Childs (voc, piano), Dave Weston (voc, organ). Hollywood, December 15, 1950.
(20) Sister Cora Martin (vocal) acc. by Albert Goodson (piano), Charles Brown (organ), David Bryant (bass), Oscar Lee Bradley (drums). Hollywood, September 14, 1951.
DISCOGRAPHIE CD 2
1. GO DEVIL GO (Trad.) MM827
2. EACH DAY (L. King)
3. I’M A PILGRIM TRAVELER (W. Carr)
4. THE TRUTH IS THE GOSPEL (unknown) 5870-2
5. I REALLY BELIEVE (M. Deloatch) SS6839
6. THE LORD’S GOSPEL TRAIN (Trad. – arr. M. Deloatch) SMD6671
7. IN SHADED GREEN PASTURES (G.A. Young) 76266-A
8. THE LORD BLESSED ME (A. Miller) 76256
9. HOW FAR AM I FROM CANAAN Pt. 1 & 2 (W.H. Brewster) S36140/36141
10. WASN’T IT A PITY HOW THEY PUNISHED MY LORD (unknown) US11667
11. THE FOUNTAIN (Trad.) CW1
12. HOW I GOT OVER (W.H. Brewster) CW2
13. GLORY TO HIS NAME (Trad.)  
14. THE LIFEBOAT (IS COMING) (Trad.) C2410
15. SOMEDAY SOMEWHERE (T.A. Dorsey)
16. RECOMMENDED JESUS TO YOU (Trad.)   IM298
17. ROCK OF AGES, HIDE THOU ME (T. Hastings - A. Toplady)  ACA1955
18. I HEARD MOTHER PRAY ONE DAY (unknown)
19. I’M SEALED (R. Martin)      OH4
20. GET AWAY JORDAN (I WANT TO CROSS OVER) (W. McDade)
(1)  Mme Ira Mae Littlejohn (vocal, piano) with unknown female vocal group ; acc. by unknown (guitar). Los Angeles, December, 1947.
Sister Wynona Carr (vocal) acc. by :
(2) Austin McCoy (piano), Edward Hall (guitar), John William «Bill» Davis (bass), Al «Cake» Wichard (drums). Hollywood, February 11, 1949.
(3) Prob. Donald Thomas (piano), Harry W. Polk (guitar), J.B. Summers (bass), Gordon Ashford (drums). Philadelphia, August 1, 1949.
(4) Goldia Haynes (vocal) acc. by Joe Liggins (piano), Gene Phillips (guitar), Eddie Davis (bass). Hollywood, April 18, 1950.
Mary Deloach (vocal, guitar on 5) acc. by :
(5) poss. Devonia Williams (piano), poss. Mario Delagarde (bass), poss. Johnny Otis (drums). NYC, September 19, 1950.
(6) unknown (piano) (bass) (drums). NYC, November 1, 1951.
(7) Marie Knight (vocal) acc. by James Roots (piano, voc), Alfred Miller (organ, voc), poss. Vivian Cooper (voc). NYC, May 3, 1950.
(8) Vivian Cooper (vocal) acc. by James Roots (piano), Alfred Miller (organ), Billy Taylor Snr (bass), John Hartzfield (drums). NYC, May 2, 1950.
Famous Ward Singers :
(9) Marion Williams (soprano, lead vocal), Gertrude Ward, Clara Ward, poss. Willa Ward Moultrie (voc), Henrietta Waddy (contralto voc), unknown (piano) (organ). NYC, June 14, 1949.
(10) group at last, but Martha Bass (lead vocal) added. NYC, November 2, 1950.
(11) Clara Ward (vocal) acc. by unknown (organ). Prob. Philadelphia, ca. December, 1950.
(12) Clara Ward lead vocal, piano) with same or similar group as for (10), or Clara Ward Specials : Lil Davis, Frances Steadman, Frances Johnson, Thelma Jackson (voc), unknown (organ) (drums). Prob. same date.
(13) Edna Gallmon Cooke (vocal) with Young Peoples Choir (of Springfield Baptist Church, Washington), acc. by unknown (piano). ca. 1950.
(14) The Gospelaires : Bessie Folk (lead vocal),, Norsalus McKissick (tenor voc), James Cleveland (baritone voc, piano), poss. Louise Overall (organ). NYC, ca. October 17, 1950.
(15) Sister Bessie Griffin (vocal) acc. by Alberta French Johnson (piano), unknown (guitar) (bass) (drums). NYC, ca. 1948.
(16) Ethel Davenport (vocal) acc. by poss. Huey Smith (organ), poss. Eddie «Guitar Slim» Jones (guitar), poss. Willie Nettles (drums). New Orleans, May 16, 1951.
(17) Sister Jessie Mae Renfro (vocal) with The Original Five Blind Boys : Archie Brownlee, poss. Vance Powell, Lawrence Abrams (tenor voc), Lloyd Woodard (baritone voc), poss. J.T. Clinkscales (bass voc) ; acc. by Bernice Hayes (piano), unknown (organ) (bass). Houston, ca. April, 1951.
(18) Sister Wynona Carr (vocal, piano) acc. by unknown (organ) (drums). Hollywood, April 10, 1950.
 The Original Gospel Harmonettes :
(19)  Dorothy Love (contralto, lead vocal), Mildred Miller, Vera Kolb (soprano voc), Willie Mae Newberry (alto voc), Odessa Edwards (contralto voc), Evelyn Starks Hardy (piano), unknown (organ) (bass) (drums). Hollywood, July 5, 1951.
(20) Same. Hollywood, July 11, 1951.
Qu’elles aient l’air canaille ou la présence majes­tueuse, elles enflamment les églises, les théâtres et bouleversent le cœur et l’âme de chacun. Les plus grandes voix féminines du gospel sont ici réunies pour la première fois.
Whether they opted for a flamboyant or a majestic approach, they set both churches and theatres alight, reaching the heart and soul of everyone. This compilation brings together for the first time the greatest of these female gospel singers.
CD Gospel Sisters & Divas 1943-1951 © Frémeaux & Associés 2002

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