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UNIVERSELLE
Ref.: FA497
Label : Frémeaux & Associés
Total duration of the pack : 46 minutes
Nbre. CD : 1
UNIVERSELLE
With Arabic-Andalusian sounds, Argentinian arrangements, French-speaking blues and additions of rock, Sapho is universal as is clearly shown in this album produced by Basaata productions and Frémeaux & Associés. Midway between French song and world music, Sapho charms us with her almost instrumental vocals and steps forward in current cultural events with an album in which we can enjoy her unique and multifaceted talent.
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PisteTitleMain artistAutorDurationRegistered in
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1ReplaySaphoSapho00:04:012008
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2AcreSaphoSapho00:04:302008
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3Souris-moiSaphoSapho00:03:032008
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4FatimaSaphoSapho00:01:412008
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5MagicienSaphoSapho00:03:122008
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6DifférenceSaphoSapho00:02:322008
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7Mary VivoSaphoSapho00:04:012008
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8LoulouSaphoSapho00:03:232008
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9Gare guerre gare!SaphoSapho00:04:572008
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10Fred As TairSaphoSapho00:02:382008
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11Francky goesSaphoSapho00:03:382008
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12Le monde est vasteSaphoSapho00:04:142008
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13Souris-moi DarijaSaphoSapho00:03:012008
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14FatimaSaphoSapho00:01:542008
Sapho Universelle
Sapho - Universelle
Replay
1. Viens me mentir un petit peu
D'un ton sérieux fais-moi des
promesses délirantes
Après tout, qu'importe si tu chantes
Viens me tromper
Un petit peu
Raconte moi d'énormes craques
Après tout qu'importe si je craque
Ca me fera passer l'hiver
De ma vie à l'envers
Et c'est la fin
Refrain
- Je t'aime je t'aime - Reply to me
- Je t'aime je t'aime - Replay! (2 fois)
2. Viens me faire rire, je t'en supplie
D'un ton sinistre
Fais-moi des farces astronomiques
Après tout qu'importe si ça pique
Viens me faire dire
Des conneries
L'amour n'est pas démocratique
Au petit bonheur la chance, il pique
Alors pourquoi rester tendu
Toutes façons y a
Malentendu
3. Et puis, pourquoi resté placé
De toute façon, on est effacé
Pourquoi dire la vérité
Tu ne la sais
Pas tout à fait
Viens mon amour, on va s'y croire
On fera une danse giratoire
Je dis pourquoi rester tendu
Toutes façons y a malentendu
Âcre
1. J’ai perdu l’âcre
Parfum de fiacre
Et je m’empiffre
De mots de chiffres
Faute de lucre
Au Saint-Sépulcre
De ta balafre
J’suis dans les affres
J’ai jeté l’encre
Au papier kraft
Ma plume s’ancre
Je crie : inapte
Et j’écris ocre
En creux médiocre
Obscurs médocs
Un vieux Médoc
Me rend très docte
My min is fucked
Refrain
Allez allez o mécréante
Excrétant poisons violents
Au nom d’un bien idéal
Ne fais-tu pas de mal,
ne fais-tu pas de mal ?
Et même si j’étais excellente,
Excédant et cédant
Tous mes biens pour ton mal
Je ne sais pas je ne sais pas…
Qui m’eût dit un jour
qui s’échancre
Que je me ferai le chantre
de la haine
Je suis à bout de peine
2. Rien sur la lèvre
Cristal de Sèvres
La plaie exempte
De plaie exemple
Et je défalque
Toutes mes frasques
Sur papier calque
Mon chapeau claque
C’est une frusque
Pour faire la fresque
De mes audaces
Refrain
3. Ce n’est pas parce que
Çà m’coûte un max
Que je me parque
Dans un appart
Un aparté
Où tu n’es pas
C’est bien le plâtre
Où je m’empêtre
Un aparté
Où tu n’es pas
Souris-moi
1. Souris-moi, souris-moi
Fais-moi la plume
Qui caresse le menton
Ou le coin extérieur
D’un œil qui pleure un petit peu
Souris-moi, souris-moi
Touche ma folie
Que tout s’enfuie
Le malheur extérieur
Et sèche mon pleur
Oui là c’est mieux
Refrain
Souris-moi, souris-moi
Fais-moi un rainbow sky is blue
Je veux danser le slow
Dans la rue c’est si doux
2. Souris-moi, souris-moi
Console-moi de la guerre
Des avions qui volent l’air
Leurs raisons sombres
Prends la colombe
Vol vers le Nord
Souris-moi, souris-moi
Je suis sûre de toi
Je sais que tu vaux bien
Le bonheur mais tu as peur
Tu as l’œil qui pleure
Dès que tu ris
Refrain
3. Souris-moi, souris-moi
La voiture est en bas
Viens prendre l’air
Tant pis si le monde tourne
à l’envers
Des amis sur la terrasse
Boivent un verre
Fatima
Fatima
Elle a
Peut-être 50 ans
Sa maman
Est partie
Elle est une petite fille
Dos courbé
Les yeux nus
Elle parle sans colère
De la rue
Et des meurtres
Et de la misère
Policiers
Sont venus
Pour un témoignage
Elle a dit
Ce qu'elle savait
Et pas davantage
Elle est
De ces femmes
Qu'on ne regarde pas
Mais elle a
Ce je ne sais quoi
Qui fait qu'on la respecte
Fatima
Elle a
Peut-être 50 ans
Sa maman
Est partie
Elle est une petite fille
Magicien
Longtemps je me suis éveillée de malheur
Et longtemps, longtemps j'ai veillé de bonne
Le matin me fut étranger, c'était pas l'heure
La pâleur du jour m'assiégeait dans
la douleur
Refrain
Magicien tire moi de ce film d'horreur
Magicien tire moi de ce nightmare
Magicien tire moi de ce film d'erreurs
Magicien je frise la colère - mais
elle est raide celle-là
MORTELLE RANDONNEE!
2. Pour guérir comment rire, la terre
Est au plus mal
Et moi je suis au plumard
Au plus mal au plumard
Faut que j'trouve la ruse pour quitter
Cette ballade
Ce bar de malades cette
Mortelle randonnée
Refrain
3. La terre est aux plumards
Aux canards
Une bande de têtards
Pas fêtards
Bush et son ghetto-blaster
Bin laden
Mais qu'est-ce qu'ils nous préparent
Ces barbares
Refrain
Différence
J’ai fait la différence
Et c’est frais,-référence
J’étais en conférence
Ils étaient déférents
Et j’ai dit, distinguez
Distinguez différence
J’ai perdu la cadence
Ils étaient révérends
Des amants aux rubans
Du rouge à leur silence
Du sang sur la séance
Doigts bel et bien blessés
J’ai perdu les alliances
Le fleuve en est gonflé
Tout cela a un sens
Lequel vous me direz ?
Lequel vous me direz
Celui que vous voudrez
Mais moi seule je le tais
J’ai trop d’impatience
Et cela ne profite
Ni à moi ni aux Scythes
Homme trop néophyte
Sors de ce cabinet
Le train est dans le pétrin
Une menace terroriste
Nous a stoppés O Christ
Les pneus ont crissé
Les rails ont rigolé
Des lucioles crépitent
Comme font les pépites
De l’artificier
Mais je mène la masse
D’une énorme limace
Dessous ma carapace
S’endort un car à puce
Et le train semble mort
Mais sans peur du décor
Il repart comme un bus
Empli de six grimaces
Engorgé de touristes
La menace terroriste
Amène à ce très triste
Constat qu’on s’est trompé
Qu’on est déçu, dupé
Pfuit! sur une toile cirée
Qu’on est déçu, dupé,
Pfuit! sur une toile cirée
J’ai fait la différence
Et c’est frais, -référence
J’étais en conférence
Ils étaient différents
Et j’ai dit, distinguez
Distinguez différence
J’ai perdu la cadence
Ils étaient révérends
Mary Vivo
Elle s'appelait Mary Vivo
Belle comme un pré-Raphaël
Elle recevait la nuit
At night,"nite" vite neat
C'est un resto sombre au goût italien
La scène est petite et c'est bien joli
Le rococo de la colonne
Me donnait feeling
Un New-York "state of mind"
Une tablée de trentenaires
Ils rient en pensant à leurs dents
La bougie tremble sur la panthère
Un cheval indien saute entre les poutres hautes
Il est certain que l'art est sombre
Mais il aime, il aime, il vit de cette ombre
New-York et Florence s'embrassent
Et ça me donne ce feeling
O ce NY state of mind
Le silence est mangé parle sourd DJ
Les mots volent au-dessus de ce "wall of sound"
Je me crois il y a très longtemps
Allez je dirai pas y a combien d'ans !
Lorsque à Manhattan, Manattan
Une bassiste à jupette et sa choriste pas nette
Me faisait rire avec son chanteur darling
Me revient ce feeling
Ce NY state of mind
So long Jo
Tom, Lou, Paul Billy Jimmy
Loulou
Lou, Lou, Lou y es-tu ?
Lou, Lou viens-tu ?
Lou sur la calèche
Lou sur la terrasse
Avec ses antisèches
Pour dire son poème en classe
Lou comme une flèche
Va sur la grand-place
Et même sans antisèches
Elle dit son poème en place
1. Loulou de Fès
Elle a neuf ans
Et dans quatre ans
Elle en aura treize
Loulou de Fès
Elle fait du temps
Ce qu’un p’tit Satan
Ferait d’une punaise
Loulou de Fès
Est tout le temps
Dessus la braise
Au fond de l’instant
Loulou de Fès
Jette le gant
Gare à ta fraise
Si tu lui mens
2. Loulou de Fès
C’est insolent
N’est jamais niaise
Même à neuf ans
Loulou de Fès
Va s’amusant
De ces balaises
Ces adultes errants
Loulou de Fès
S’amuse et danse
Soucis ou pèze
Elle s’en balance
Loulou de Fès
Elle a neuf ans
Et dans quatre ans
Elle en aura treize
Refrain
Lou Loulou y es-tu ?
Lou Loulou viens-tu ?
Je viens doucement
Je viens sûrement
Gare à qui
Me ment
Gare guerre gare
Le Creusot TGV 1 mn d'arrêt
Paris est à 2 pieds, la tour est espérée
Et je suis séparée et parée c'est paré
Séparée et parée séparée, c'est pareil
Je viens de recevoir les youyous les yeux noirs
Les danses ceintures de pagnes
La joie de mes compagnes- d'un soir
Gare guerre gare
Ô femmes algériennes, Ô femmes marocaines
Ô femmes de tous lieux, je vous donne ma veine
Ma voix de porcelaine qui casse au moindre wah
Au moindre mot de haine mais qui renaît ma voix
Je vous donne ma laine si on vous jette un froid
Et les mots de Verlaine pour les jours creux du mois
Refrain
Oui je veux bien te l'offrir même si ça semble niais
Mon cri sans repentir je n'ai pas peur du ridicule
Gare guerre gare !
Je veux que tu cries victoire toi qu'on a enfermée
Toi que l'on a voilée, que l'on a dévoilée
Si tu es en péril frère de tout pays
Je donnerai le fil de l'encre que j'écris
C'est peu mais c'est quand même un totem pour qu'on sème
C'est peu mais c'est la peine et je sais où ça mène
Gare guerre gare
Ca mène à faire un pied de nez à l'homme à l'œil barré
Celui qui est déjà mort de peur les dents fermées
Il a peur du voisin, il a peur des couleurs
Il a peur du raisin, il a peur de son cœur
Alors il fait la guerre avant qu'on la lui fasse
Il tue avant qu'il meure gare à l'âme étrangère
Gare guerre gare
Refrain
Fred As tair
Contrairement à Fred Astaire
Fred a parlé
Mais c'était à l'arraché, à l'arraché
Et moi qui suis littéraire
Les mots me sont comme un ourlet
Impression de le forcer
Que quand il parle, il se tait
1. Je veux qu'il mette un genou en terre
Et qu'il s'élance en pourparlers
Je veux qu'il frappe le silence
Des quelques mots qui nous tueraient
Je veux qu'il parle d'amour amer
Et de l'ombre de ses pensées
Et qu'il me dise ma chère
Tu as mon rébus, j'ai ton secret
Refrain
2. Je veux qu'il dise que sur ma peau
Il écrira seule page
Que l'encrier de la nuit est d'eau
Et que ma pâleur prend bien l'âge
Je veux qu'il dise des fadaises
Comme voulez-vous m'épouser
Voulez-vous m'abandonner
Et puis rester reste rester
Contrairement à Fred Astair
Fred a parlé
Mais c’était à l’arraché
À s'arracher.
Francky goes
Francky goes to NY wood
Raging eager to meet Lou
And read him his name on a
Column of Malibu’s news
Kingdom of nowhere that is
So sweet so soft Franck is that
Maxi machos NY stars
Islands even they won’t mind
To visit his smiling eye
His healing kind of feeling fine
Isn’t it gracious at anytime
Since he bears the human kind
Milord I wouldn’t try a sound
Yeats or Verlaine won’t be found
For a kingdom or a horse
Rather cry or close my eyes
In this acrostic I rise
Envy me I have a friend
No one can describe his crown
Don’t you dare and try
Le monde est vaste
1. Le monde est vaste
Unamuno
Le monde est vaste
Un sourire passe
Plein
De tisons dans la nuit
De brune braise
Petits cigares
Tucutucu en los ranchos
Le monde est vaste
Unamuno
Le monde est vaste
Un sourire passe
Le train plein
D’univers allumés
Foule de vivants
Peuplé de cygnes
Vont balayant les lacs
De re/flets
Refrain
Le monde est vaste
Et je suis chaste
Vierge de tout aimer
Car j’ai trop mal aimé
Peut-être, par instants
Aimé entre
La paupière palpitante
Puis en moi j’ai séché
Je me suis éloignée
Prise
Dans l’exercice
2. Le monde est vaste
Unamuno
Le monde est vaste
Et je le dis à ceux qui,
Comme moi sont enfermés
Tourne à l’envers
Fais trois tours vers
Le Nord le Sud
Et l’Es/prit
Le monde est vaste
Unamuno
Le monde est vaste
Tu verras un ami
De même langue
Il sourira
De ton exil
Tu rentreras chez toi
Qui ne sera pas chez toi
Refrain
3. Et je me dis
Unamuno
Ce que je te dis
Anonymo
Ouvre la porte
Rentre chez toi
Qui ne sera pas chez toi
Et là il y aura un ami
Crédits
Musiciens :
Basse Bobby Jocky / Batterie Patrick Baudin / Claviers Dondieu Divin
Guitare rythmique Simon Bendahan / Guitare électro Vespérale Yan Pechin
Guitare Flamenca Vicente Almaraz / Violon arabe Safouane Kennani
Percussions Mehdi / Viole de gambe Clément Trensz / Théorbe Bruno Helstroffer
Acre, Fatima, Souris moi, Replay : Pré-production Areski Belkacem,
Arrangements clavier Dondieu Divin sous la direction d’Areski Belkacem
Prise de son Sébastien Miglianico
Prise d’eau by courtesy of JP Mas au studio « Les trois canards »
Prise voix studio « Les trois canards »
Prise orchestre studio Davout
Mixé à Davout par Sebastien Miglianico assisté par Charly Salkazanov
Masterisé par Chab " brokowski"à Translab, Paris
Réalisation Sébastien Miglianico et Sapho
Paroles et musique Sapho
Traduction en Marocain « Darija » Dominique Caubet
Crédit photos : YZO et Elodie Chrestia
Graphisme : Virginie Sala
Peinture: Farid Belkahia
Fabriqué par Sony DADC pour Groupe Frémeaux Colombini SAS.
CONTACT SCÈNE : LPLC Productions 01 53 16 36 41
CONTACT SCENE Internationale :
Alain Pignel 06 60 05 85 95
Produit par Basaata Productions et Frémeaux et associés.
Distribution Disquaires : Nocturne - Distribution Libraires : La Librairie Sonore
Distribution Export : Frémeaux & Associés
Merci à
Mireille, Christian et Lou Laroche qui m'ont
si doucement accueillie à Fès pour ma résidence,
Fatima Najia et Abdelrani de Marrakech,
L’Institut français de Fès,
Alain Pignel et Anthony Paoli qui ont organisé
ces résidences,
Olivia Vindry qui a soutenu cet album
avec persistance et fermeté,
Areski Belkacem qui changea le cours de cette création,
Zou pour m’avoir mis en contact avec Areski,
Nos amis musiciens, qui chevaleresques ont offert
leur travail,
Elodie Chrestia pour sa présence et ses images,
Studios Davout, Olivier Kobalski et Marc Prada
qui ont soutenu et aidé ce projet,
Bistrot Vivienne pour avoir offert leur lieu,
Jack Lahana pour son travail de pré-prod,
Jean-Pierre Mas pour son poulet Thaï revisité
Maati Kabbal, Badr Eddine Arodaki, Mohammed Métalsi,
Brahim Alaoui,
L'institut du monde arabe pour nous avoir facilité
l'accès à Farid Belkahia,
Farid Belkahia pour son autorisation à utiliser
son œuvre pour la pochette,
Sébastien Miglianico pour s’être investi si fort
dans l’aventure,
Sarah Hajlblum pour avoir pu l’impossible,
Claude Colombini et Patrick Frémeaux pour
leur vivacité et leur confiance,
MERCI à Fred sans qui rien n'eût été possible.
CD Sapho Universelle © Frémeaux & Associés (frémeaux, frémaux, frémau, frémaud, frémault, frémo, frémont, fermeaux, fremeaux, fremaux, fremau, fremaud, fremault, fremo, fremont, CD audio, 78 tours, disques anciens, CD à acheter, écouter des vieux enregistrements, albums, rééditions, anthologies ou intégrales sont disponibles sous forme de CD et par téléchargement.)
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BIOGRAPHIE
SAPHO
Née à Marrakech le 10 janvier 1950, Sapho passe son enfance et son adolescence au Maroc jusqu’à l’âge de 16 ans, puis elle part pour la France et la Suisse avec ses parents. A dix-huit ans, la jeune femme s’installe à Paris. Elle y découvre le quartier Latin et suit quelques temps les cours d’Antoine Vitez. Parallèlement, elle joue un peu de guitare dans les rues de la capitale. Un de ses amis, Hervé Cristiani - auteur de « tubes » (Il est libre Max) - l’emmène auditionner au Petit Conservatoire de Mireille.
Ayant définitivement abandonné ses ambitions théâtrales, la jeune artiste qui prend dorénavant le pseudonyme de Sapho, du nom de la poétesse grecque, entame la tournée des maisons de disques. Pari réussi puisqu’elle signe un premier album (chez RCA) en 1977, Le balayeur du Rex. Ce premier essai voit émerger une artiste à la personnalité singulière et forte. En effet, trois ans après son premier disque, elle enregistre à Londres un nouvel album Janis dans lequel elle propose un rock alternatif et révolté dont les influences viennent de la musique américaine de la fin des années 60, des Doors à Janis Joplin. Puis suivent Le Paris stupide en 1981, Passage d’enfer en 1982 et Barbarie en 1983, trois opus qui résonnent comme autant de dénonciations du racisme et du machisme. Avec Passions, passons en 1985, la chanteuse étiquetée rock jusqu’ici, retrouve ses racines, le monde judéo-arabe dans lequel elle a grandi. Elle se produit au Bataclan à Paris. Au programme, du rock évidemment, mais aussi un hommage à la musique égyptienne avec des airs de la diva Oum Kalsoum. Elle exprimera ultérieurement de nombreuses marques d’égard à l’endroit de la grande chanteuse arabe, interprétant son répertoire jusque dans la Ville Sainte. En janvier 1987, la chanteuse sort un nouvel opus El sol y la luna (chez EPM). Les thèmes évoqués montrent une fois de plus son engagement politique, sa sensibilité à l'égard des problèmes de pauvreté, des droits de l'Homme et des droits des femmes. Elle se produit à Paris dans la mythique salle de l'Olympia avec un groupe de Gnawas (confrérie mystique, descendante des esclaves noirs) venu spécialement du Maroc. Plus tard elle fera connaître les Sheikhates, artistes maghrébines traditionnelles et femmes de mauvaises vies qui chantent dans les fêtes et les mariages. Toujours partante pour de nouveaux défis, elle participe également à un opéra contemporain de Michael Levinas La conférence des oiseaux et tiendra un peu plus tard le rôle de Jenny dans l'opéra de Bertold Brecht et Kurt Weill L'Opéra de quat'sous.
"La Chanteuse du monde", comme elle se nomme elle-même, fait sa rentrée musicale en octobre 1991 avec un album et un spectacle (à la Cigale à Paris) intitulé La traversée du désir, chanté en arabe, en français et en anglais. Elle reprendra les représentations en 1993 et se produira aux Eurockéennes de Belfort, aux Francofolies de la Rochelle ainsi qu'à l'Exposition Universelle de Séville. Puis elle imagine un nouvel album, qui sort en mai 1996, Jardin andalou. Ce « jardin musical » renferme des sonorités diverses, souvent acoustiques, d'influence arabe et andalouse avec quelques incursions rock.
Militante depuis maintenant de nombreuses années pour le rapprochement israélo-palestinien, Sapho se produit à Gaza. La situation est tendue, mais la chanteuse est déterminée. Le succès qu'elle rencontre à cette occasion, ne fait que confirmer ses sentiments et ses opinions. Deux ans après Jardin andalou, Sapho retrouve la chaleur du Maghreb avec un nouvel album, La Route nue des hirondelles qui sera suivi d’un spectacle à l'Auditorium Saint-Germain à Paris. En 2000, elle le mène à travers la France, les Pays-Bas, la Suisse et le Maroc. Puis elle s’investit dans un tout autre rôle, celui de comédienne et lectrice. En effet, invitée par la Maison de la poésie à Paris, la chanteuse se lance dans des représentations consacrées aux textes et poèmes de quatre auteurs : Garcia Lorca, Rilke, Baudelaire et Michaux. Elle fait par ailleurs entendre le timbre chaleureux de sa voix au fort pouvoir d’envoûtement, servie par sa technique de diction, en lisant les Contes des Milles et une nuits ainsi que des extraits de l'Iliade et l'Odyssée pour les Editions Frémeaux & Associés (La Librairie Sonore). En mars 2002, la chanteuse donne des concerts en Afrique : au Sénégal, en Mauritanie, en Guinée. Puis, elle part au Moyen Orient au mois de mai : elle se produit à Bagdad et à Nazareth. Le succès rencontré est immense. Après cette tournée au Moyen Orient, elle entreprend l'enregistrement d'un nouvel album Orients (Virgin) pour lequel elle réunit l'orchestre de Nazareth, grand orchestre oriental composé de vingt musiciens musulmans, juifs et chrétiens et des artistes férus de nouvelles technologies. Le guitariste flamenco Vicente Almaraz complète le groupe. Elle confie à un de ses amis chefs d'orchestres libanais, Elie Askhar, la réalisation du disque qui sort en février 2003.
Véritable artiste polyvalente, Sapho mêle depuis toujours, carrière artistique et défense des causes qu'elle croit justes. Début 2004, elle devient ambassadrice de la cause féminine en interprétant pendant un mois Les Monologues du Vagin, une pièce de Eve Ensler. Le spectacle composé d’extraits de paroles de femmes du monde entier, présente l’organe féminin de manière comique et franche.
Solidaire des femmes et définitivement au service de la liberté d’expression, Sapho participe en 2005 à l’Olympia au concert de soutien à Florence Aubenas, Hussein Hanoun et Giulana, alors otages en Irak, aux côtés de nombreux artistes et personnalités internationales. Puis l’artiste sans frontières, toujours avide de nouveaux défis, entreprend de reprendre, à La maison de la Poésie de Paris, les chansons de Léo Ferré, qu’elle revisite de façon flamenco (parues chez Basaata productions).
Artiste multiple, Sapho a également publié de nombreux romans (Douce Violence ; Ils préféraient la lune ; Un mensonge ; Patio, Opéra intime) et un recueil de dessins (Sous la coupole). Elle revient aujourd’hui sur les devants de la scène, avec Universelle, un album unique et riche produit par Basaata productions et paraissant chez Frémeaux & Associés, qui annonce une tournée organisée par LPLC Productions dont la promotion est assurée par Music Media Publishing.
Christophe Lointier © Frémeaux & Associés (Libre de droits)
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Presse :
"Sapho lève le voile" par Platine
En octobre, Sapho a publié un nouvel album, " Universelle ". Les 18, 19 et 20 décembre, elle sera sur la scène du Café de la danse. Pour ce double retour, celle qui fut, dès les années 70, une des premières chanteuses rock, punk et world en France a accepté de lever le voile, sur la chanteuse comme sur la femme.
Journaliste : Savez-vous combien d’albums vous avez enregistré ?
Sapho : Ce doit être le 16ème… (Ndlr : lives compris)
Journaliste : Comment " Universelle " est-il né ?
Sapho : J’en ai écrit les chansons il y a quatre ans, sauf une ou deux qui sont arrivées après. Entre-temps, j’ai voulu faire une parenthèse avec le spectacle et le disque " Ferré Flamenco ". Finalement, cette " parenthèse " a duré deux ans, durant lesquels j’ai cependant continué à travailler à " Universelle ". Notamment lors de ma première " Résidence " à Fès, au Maroc, puis durant celle à Mulhouse… Comme je n’étais pas contente de ce que j’étais en train de faire – je trouvais que je retombais dans de vieux automatismes - , j’ai revu Areski que je connaissais un peu et je lui ai demandé de me faire des arrangements sur trois ou quatre titres. Il a accepté. Je lui ai alors donné juste l’enregistrement de ma voix et il est revenu avec les quatre titres que j’ai trouvés très jolis, très ronds, très radiophoniques. Cependant, il me manquait un côté trash. À ce moment-là, comme Areski avait voulu que je sorte absolument ce disque chez Universal, mais que ces derniers ne me donnaient pas de réponses, je lui ai dit que je ne pouvais plus attendre et je suis allée chercher ailleurs…
Journaliste : Pourquoi Areski voulait-il que vous signiez avec Universal ?
Sapho : Parce qu’il voulait avoir des grands moyens. Il avait une vision un peu mégalo de l’album.
Journaliste : Areski n’est donc l’artisan que l’on croit ?
Sapho : Attention, il travaille avec Brigitte Fontaine (Ndlr : Areski a débuté à la fin des années 60 avec Jacques Higelin et Brigitte Fontaine devenue sa compagne) ! Cependant, il faut lui accorder le fait qu’il a joué la carte de l’artisanat sur quatre titres. À ce moment-là, il a travaillé alors qu’il ne savait pas s’il serait rétribué. Bien sûr, il l’a été.
Journaliste : N’aviez-vous pas peur qu’il vous tire vers un côté Brigitte Fontaine ?
Sapho : (rires) Non, ho non… Je suis trop éloignée d’elle en tant que personne, en tant qu’artiste… C’est quand même moi qui écris les chansons … Je suis auteur-compositeur… En plus, Areski est un grand musicien, un grand artiste que je respecte infiniment, il n’allait pas me plaquer un truc qu’il avait déjà fait pour d’autres dans mes chansons.
Journaliste : Hormis pour Fontaine il peu travaillé pour d’autres …
Sapho : Il a fait des choses pour lui aussi quand il chantait avec Higelin à ses débuts… Et surtout, Ce qui était intéressant pour moi, c’est qu’il avait aussi la double culture (Ndlr Areski est Kabyle), même s’il s’est montré beaucoup plus français que moi (rires).
Journaliste : Pourquoi ? Vous étiez allée vers lui pour son côté oriental ?
Sapho : Je me disais qu’il était biculturel : qu’il avait une oreille en occident et une en orient. Ce n’est pas évident de trouver quelqu’un comme ça. Moi je suis une enfant du rock, mais j’ai aussi toutes mes racines orientales, non côté world. Je ne voulais pas du "collage", ce qu’on retrouve trop souvent dans la world music…
Journaliste : Que s’est-il donc passé après le travail avec Areski ?
Sapho : Tout en travaillant en studio et en avançant assez vite, je me suis dit que j’avais besoin d’une pointure, d’une signature, pour réaliser… Yan Péchin, le guitariste qui travaille aussi avec Bashung, et qui s’est tellement montré généreux avec sa guitare, chevaleresque, m’a alors donné quatre noms et quatre numéros de téléphone, j’ai appelé le premier, qui a été positif, mais, deux jours après, je ne le sentais déjà plus car je me rendais compte que ce réalisateur – dont je ne veut pas dire le nom – était perplexe devant mon matériel et ne voyait pas comment faire la synthèse entre tous les instruments qui avaient été joués. En même temps que je me suis dit que je m’étais trompée d’adresse, j’ai décidé de ne pas appeler les autres réalisateurs dont j’avais eu les téléphones, mais de réaliser moi-même. D’autant plus que j’avais un petit ingénieur du son génial et délicieux, Sébastien (Miglianico), qui me respectait, qui aimait ce que je faisais, et qui a voulu faire de son mieux. Travailler avec lui a été un enchantement.
Journaliste : Était-ce uniquement artistique ou aviez-vous un problème de budget ?
Sapho : Non, j’avais déjà un producteur et, d’ailleurs, le réalisateur en question était d’accord sur le budget.
Journaliste : Comment a-t-il pris le fait que vous ne vouliez plus de lui ?
Sapho : J’ai eu la chance d’avoir une petite productrice qui lui dise – formule admirable - : " On fait une pause " (rires). Et on en est resté amis ! Ça peut arriver, ce n’est pas la fin du monde…
Journaliste : Est-ce la première fois que vous réalisez ?
Sapho : Oui la première fois de ma vie. J’ai passé des nuits au Studio Davout, car il n’y avait pas d’autres créneaux de libre, à travailler avec Sébastien qui a été tenace, pugnace, encore plus têtu que moi afin qu’il y ait une clarté absolue de tous les sons
Journaliste : En réalisant, avez-vous davantage fait évoluer vos titres ?
Sapho : Bien d’avantage !
Journaliste : Dans le passé, combien de vos albums avez-vous trouvé réussis ?
Sapho : Je dirai que le tiers de mes albums a été raté, cependant dans chaque disque, j’ai eu des frustrations, des regrets… Je crois que je n’étais pas assez sure de moi pour imposer mes choix au réalisateur qui constituait une autorité.
Journalistes : Vos producteurs passés ont-ils aussi été des « autorités », que ce soit ceux des majors ou les
indépendants comme Dacla chez EPM ?
Sapho : François avait des idées très précises : il m’avait même mis Estardy ! (rires)
Journaliste : C’est vrai qu’en 1987, alors que, depuis dix ans, vous êtes rock, voire punk, vous réserver l’ingénieur du son n°1 de la variété, de Dalida à Claude François, cela relevait du mariage " contre-nature "…
Sapho : Mais je ne savais pas ce qu’il avait fait ! Je suis nulle de ce côté-là… Je pars donc avec mes musiciens travailler dans le studio d’Estardy dans la montagne (Ndlr : à St-André des Alpes). J’avais un musicien algérien avec lequel, tous les jours, on enregistrait des sons orientaux… Et, tous les soirs, Estardy repassait derrière et il les effaçait… (rires) je me souviens de discussions d’un autre monde avec Estardy et des moments où je devais remonter le moral de mon musicien qui me disait : " Mais il est raciste, mais il est raciste… " (rires) je dois quand même dire qu’à la fin des fins, une fois qu’Estardy a eu tout fini à sa façon, j’ai pris ma bande sous le bras et je suis allée refaire un mix avec un jeune mec…
Journaliste : Saviez-vous également que Dacla avait lancé Chantal Goya en 1975 ?
Sapho : Oui je savais que François avait été, comme moi, chez RCA. Je ne lui reproche rien car sur cet album (Ndlr : " El sol y la nuna ", le septième), il a fait ce qu’il fallait, notamment un clip.
Journaliste : Est-ce la seule fois où vous avez repris les rennes ?
Sapho : Oui parce que c’était Estardy : un cas ! (rires) Même si je dois dire que si j’ai accepté qu’il soit l’arrangeur de l’album, c’est qu’il avait fort bien réussi un duo que j’avais fait avec Jairo, " Dueme négrito ". C’était ravissant.
Journaliste : Mais si vous saviez déjà en 1987 ce que vous vouliez comme réalisation, pourquoi ne pas être devenue réalisatrice plus tôt ?
Sapho : J’ai honte de dire qu’il a fallu que je sois une vieille dame pour que je passe le pas ! (rires) Longtemps, les techniciens m’ont impressionnée, je ne maîtrisais pas ce langage.
Journaliste : En 1985, votre sixième album, "Passions, passons", est le premier où vous revenez à vos racines orientales. Comme cela s’est-il passé avec son réalisateur Peter Murray ?
Sapho : Très bien. J’étais coproductrice du disque. Peter a été un formidable complice avec lequel je me suis beaucoup amusée.
Journaliste : Revenons à " Universelle ". Comment qualifieriez-vous vos textes ?
Sapho : Je pense que j’ai acquis une maturité, avec de l’humour noir, de la dérision…
Quand on est jeune, on est toujours plus dans le tragique : on colle aux évènements, on a moins de distance…
Journaliste : Vous-même avez déclaré : "quand on est jeune, on crie beaucoup mais ce n’est pas la meilleur façon d’être entendue"…
Sapho : En plus, c’est assourdissant de crier, même pour soi-même. Dans ce dernier album, je suis revenue au rock, mais c’est plus chaud, plus cuivré…
Journaliste : N’est-ce pas plus audible ?
Sapho : Sans doute, sans doute… Là, j’ai voulu qu’on entende tous les mots, car ils comptent tous.
Journaliste : Votre écriture est elle plus autobiographique que dans le passé ?" Loulou ", c’est vous ?
Sapho : C’est une petite fille que j’ai rencontrée. Mes chansons sont souvent des portraits, mais de gens que je connais : " Mary Vivo " (Ndlr : Mary de Vivo est la gérante du restaurant- salle de concert "Le Réservoir" à paris), " Franky Goes " qui est un copain, Frank Smiths…
Journaliste : Pensez-vous être une chanteuse "Politique "? "Engagée" ?
Sapho : Je ne veux pas être réduite à ça, car vous pouvez être engagée et écrire de mauvaises chansons. Dans ce cas, cela ne sert à rien. Sauf à être moquée par Coluche qui chantait "Misère, misère"…(elle chante)
Journaliste : Vous avez cependant accepté de chanter à l’Olympia pour la libération d’otages ?
Sapho : Oui, pour Florence Aubenas (Ndlr : journaliste de Libération retenue en Irak en 2005)… J’ai également chanté à Ramallah, à Jérusalem Est et Ouest…
Journaliste : Vous avez embrassé Arafat en 1989 à l’Institut du monde arabe à paris…
Sapho : Oui…
Journaliste : Vous êtes cependant aussi toujours "engagée" puisque dans "Magicien", vous traitez Bush, comme Ben Laden, de "Barbares"…
Sapho : Oui, car ils ont " fabriqué " la guerre, ce sont de grands manipulateurs dont on comprendra les vraies motivations dans des années ou des siècles… Aujourd’hui, certains peuvent trouver que mettre Bush et Ben Laden dans un même sac, c’est un cliché (Ndlr : Madonna les a mis côte à côte sur les vidéos qu’elle a projetées lors de sa dernière tournée), mais il ne faut pas oublier que j’ai écrit cette chanson il y a quatre ans où de nombreux journalistes que je rencontrais étaient pour la guerre en Irak.
Journaliste : N’est ce pas votre problème d’avoir été la première à dire des choses dans le fond, à faire du punk ou de la world dans la forme, et d’être aujourd’hui banalisée ?
Sapho : Oui, mais ce n’est pas un problème. D’abord, parce que si on regarde de près, je ne dis pas les choses de la même manière : Il y a une personnalité derrière qui écrit… Je ne suis quelqu’un de lambda. Ce n’est pas par hasard que je suis là depuis des années… Sans être tellement aidée par les médias. Je tiens parce que j’ai un public qui me suis et qui sait que je suis sincère et authentique, car ma carrière est un combat, un combat.
Journaliste : Etes vous consciente d’être la seule chanteuse de l’histoire à avoir réussi à faire 16 albums sans un vrai succès, ni dans les ventes, ni en radio ?
Sapho : Oui mais en remplissant mes salles, car les gens viennent.
Journaliste : Comment expliquez-vous qu’alors que vous avez été depuis le début l’opposé d’une chanteuse de variété, France Inter n’a commencé à vous diffuser qu’en 1996 pour le neuvième album, " Jardin Andalou "...
Sapho : Là encore, ils refusent toujours de me mettre en play-list. Heureusement que j’ai FIP qui m’aide ! Et pour ce nouvel album, je vais être aussi en play-list sur RFI, ce qui est pas mal.
Journaliste : France Inter n’est pas sensible à vous alors que, dès 1991, Télérama était partenaire de votre Cigale ?
Sapho : Pour moi c’est un mystère sans fond, même si j’ai une vague intuition : en ce moment, leur grand truc c’est qu’ils se veulent des "Découvreurs"… Et je suis trop connue pour être "découverte"… Tout en n’étant pas assez vendeuse pour être dans leurs "incontournables"… (Sourires) Mais, ça ne me dérange pas. J’en ai pris mon parti. je ne vais pas me fatiguer avec des choses auxquelles je ne peux rien.
Journaliste : Comment va être le spectacle du café de la danse ?
Sapho : Il y aura les chansons du nouvel album et des titres du passé que je garde au fil du temps comme " Le dormeur du val ", "Maman j’aime les voyous"(Ndlr : enregistrée pour la BOF de " Rue du départ " de Tony Gatlif en 1985, reprise dans Jardin Andalou " en 1996), " Tam Tam "… Et puis, il y a les chansons qu’on chante en fonction des soirs car mes musiciens les connaissent, notamment Simon qui depuis 20 ans est avec moi !
Journaliste : Il peut donc jouer tous vos morceaux depuis 20 ans ?
Sapho : Oui et même ceux d’avant car depuis 20 ans, j’ai régulièrement rechanté des titres antérieurs, de mes débuts. Pour ce Café de la Danse, je suis contente car je vais avoir à la fois les musiciens qui ont joué sur l’album et mes musiciens de scène habituels avec, parmi eux, un rescapé de l’Orchestre de Nazareth avec lequel j’avais fait un album " Orients " (Ndlr : le onzième album en 2003). On sera huit sur scène.
Journaliste : Pourquoi ce choix de salle ?
Sapho : Quand on a su qu’on allait sortir le disque en octobre, toutes les salles parisiennes étaient déjà prises. On a donc réservé celle qui était libre. En même temps, je suis ravie de chanter là car c’est une salle qui à été dirigée par Sylvia Uzan. Elle est aujourd’hui décédée, mais elle à beaucoup fait pour les artistes qu’elle aimait. C’est elle qui m’a présenté Mary de Vivo du Réservoir. C’est son fils qui a pris sa suite.
Journaliste : On va faire un petit jeu. Je vais vous donner les noms des salles parisiennes où vous avez chanté et vous allez me dire le premier souvenir qui vous vient à l’esprit : Le Bataclan ?
Sapho : Je l’ai fait plusieurs fois, mais j’ai un grand souvenir du premier pour lequel Joël Laloux avait ramené – sous le manteau – un orchestre oriental au complet ! (rires)
Journaliste : Pourtant on devait être en 1980, vous reveniez d’un an en Amérique, vous sortiez votre deuxième album, "Janis", très rock alternatif…
Sapho : Oui mais Laloux savait que je chantais un peu du Oum Kalsoum…Déjà…
Ce qui était horrible c’est qu’on m’a dit : " Quand tu chantes en Arabe, on se rend compte que tu es une grande chanteuse ". (Rires) Tu parles d’un compliment ! Pour moi, cela voulait dire que j’étais nulle quand je chantais en français ! (rires) Et en anglais, Alors que je revenais de New-York ! Et même en espagnol !
Journaliste : Vous avez d’ailleurs eu une carrière internationale, notamment au Japon…
Sapho : J’avais même préparé une phrase pour les journalistes japonais, que je voyais à la chaîne quand j’étais là-bas, et qui demandais toujours si j’avais une déclaration à faire. J’avais demandé que l’on m’apprenne des mots pas très conventionnels qui disaient - : "Je suis grosse, je suis moche, je suis bête, mais je plais" (elle la récite par cœur en japonais) (rires)
Journaliste : Deuxième salle l’Espace Gaîté…
Sapho : Ouh là, cela devait être en 1981. J’étais très fâché contre un pote qui m’avait fait une mauvaise critique dans la presse alors qu’il m’en avait fait une sublime quand j’étais encore totalement inconnue. C’était l’époque de mon troisième album ("Pari stupide" en 1981).
Journaliste : Ensuite, il y a eu l’Olympia vers 87. Votre carrière est au Zénith…
Sapho : Quand on est artiste, comme on est toujours en train de préparer quelque chose, même dans l’ombre, on ne ressent pas les mêmes choses que le public ou les journalistes. Ces derniers peuvent penser qu’à partir du moment où ils ne nous voient plus, on existe plus.
Journaliste : Puis La Cigale en 1991 avec l’affiche où vous posez nue cachée par de longs cheveux…
Sapho : On en voyait moins qu’à la plage mais c’est vrai : j’étais nues (rires), c’est ce que j’avais répondu à Thierry Ardisson. J’avais rajouté qu’on me reprochait souvent mes tenues, ma voilette et mes gants. Là, je n’avais gardé que les deux derniers … je me souviens aussi que j’avais les choristes de Gainsbourg, des blacks américains…
Journaliste : Le Théâtre de la ville en 92 ?
Sapho : Extraordinaire : la création du spectacle d’Oum kalsoum, "El Atlal". J’avais été subjuguée du fait que les gens se vendaient les places au marché noir…
Journaliste : Le Trianon en 96 ?
Sapho : J’adore cette salle. La première fois que j’y suis allée, c’était pour voir du flamenco. Ce soir-là, il y avait un rapport scène-salle d’une chaleur incroyable… C’est pour cela que je l’avais choisie pour le spectacle du "Jardin Andalou", je voulais y faire aussi cette rentrée, mais elle était prise.
Journaliste : Reste l’auditorium St Germain en 99…
Sapho : (rires) Là, j’ai produit. Ce fut une des rares fois (Ndlr : en 1998, c’est le dixième album " la route nue des hirondelles ")
Journaliste : Combien de spectacles avez-vous produits ?
Sapho : Autant que d’albums : deux, le Trianon et cet auditorium. Comme je trouvais cette salle un peu rébarbative, je me souviens que je l’avais entièrement transformée en souk oriental ! (rires) il y avait des tapis partout, dans les hall d’entrée, on pouvait acheter des épices que m’avait fournies l’office du tourisme marocain, boire du thé à la menthe… Je voulais que les gens traînent dans l’ambiance après le concert et passent un moment là.
Journaliste : Votre dernière salle a été Chaillot en 2003 ?
Sapho : Ça, c’est un théâtre à la fois sublime et glacé. J’y avais vu Catherine Ringer dans un spectacle d’Arias (Ndlr : " Conchita bonita " fin 2002), et je m’étais dit que ce n’était pas une salle facile, déjà parce que les fauteuil y sont trop confortables : on n’a pas envie de bouger… (rires) Mais je crois qu’on a réussi ce spectacle énorme avec 16 musiciens, l’orchestre de Nazareth où on trouvait des juifs, des chrétiens, des musulmans…
Journaliste : Je crois qu’on compte trois disques lives de vous : Le Bataclan 86, Le Bataclan " El Atlal " 94…
Sapho : Exact. Et un de " Route nue des hirondelles " dont je ne suis pas fière.
Journaliste : Quels spectacles regrettez-vous ne pas avoir captés ?
Sapho : " Le jardin andalou " par exemple.
Journaliste : Étes-vous d’accord avec ceux qui disent qu’avec Sapho il faut l’image, qu’un live audio n’est pas suffisant ?
Sapho : Ce n’est pas vrai pour tous mes spectacles mais ça l’est pour "jardin andalou".
Journaliste : Vous n’avez jamais publié de lives en vidéo, ni cassette ni dvd ?
Sapho : Non, mais Arte a filmé le spectacle " Orients " au festival de musiques sacrées à Fès, et l’a diffusé. Cela a été fait un peu à l’arrache, pas au niveau de l’image, mais du son, comme souvent en télé.
Journaliste : Saviez-vous que certain disent : " Sapho, sur scène extraordinaire mais sur disque, bof…"
Sapho : Oui et, justement, c’est la force de mon nouvel album, c’est qu’il existe tout seul, sans que je sois là pour le chanter sur scène. Je ne le dirais pas de tous mes albums, mais celui-là, il tient la route (rires)
Journaliste : Comment gérez-vous votre patrimoine ? Je crois qu’il n’y a eu qu’un seul best of, chez EMI dans la collection " préférences ", il y a dix ans…
Sapho : C’est une très bonne question ! (rires) Elle se pose avec Frémeaux ma nouvelle maison de disques, qui est spécialisée dans le patrimoine, et qui veut ressortir mes anciens enregistrements. Ça ne va pas être de la tarte de récupérer notamment ceux qui sont chez " Paté racorni" ou "Paté macaroni (Ndlr : les Albums de 1980 à 1983)
Chez, EMI, à l’époque Pathé-Marconi : "Janis", "Paris stupide", "Passage d’enfer" et "Barbarie"). Il y a aussi mes albums qui appartiennent à Gilbert Castro, sortis sous l’étique Celluloïde Melodie (Ndlr : Passion, passons" en 1985, "Jardin andalou" en 1996…)
Journaliste : Comment avez-vous connu Frémeaux qui a coproduit ce dernier album avec Basaata ?
Sapho : Parce qu’ils m’ont demandé d’enregistrer des lectures de "L’Illiade", "L’Odyssée" et surtout "Les mille et une nuits". J’ai découvert alors des gens originaux mais pointus. Je leur ai alors proposé de sortir mon album, alors qu’ils sortent très peu de nouveaux albums de chansons, et ils ont accepté de le faire. Il sont aussi intelligents, raffinés que Castro, mais plus réactifs, eficaces et en plus dans le coup.
Journaliste : Regrettez-vous vos séjours dans les majors ?
Sapho : Non, car j’ai quand même rencontré Claude Dejacques en 1980 chez Pathé. Il avait flashé sur mon premier album qui était sorti chez RCA (Ndlr : "Le balayeur du Rex" en 1977). Il avait quand même travaillé avec les plus grands, notamment Barbara.
Journaliste : Qui s’est ce que Jean-Luc Pourquiez qui vous a permis de signer vers 1975 chez RCA ?
Sapho : Je ne sais pas trop car il a disparu de la circulation. Je me souviens que je l’ai connu chez Polydor au moment où il voulait quitter cette maison de disques. Je suis arrivée dans son bureau avec un chemisier transparent, sans soutient-gorge et très plantureuse (sourires). Et je lui ai chanté 20 chansons à la guitare… (rires) Au bout des 20 chansons, il a eu cette phrase mémorable : " il n’y a pas de raison que vous ne fassiez pas de disque " (rires) Puis, il m’a emmenée à Davout où j’ai enregistré mes 20 chansons avec un guitariste en un après-midi. Suite à quoi il à fait le tour de Paris avec la bande Revox de ces enregistrements et m’a décroché un contrat chez RCA. C’est là que Bob la Soquette (Ndlr Bob Soquet) de RCA a voulu sortir en 45 tours le seul titre comique que j’avais enregistré parmi les 20 ! C’était " comme j’ m’habille " et j’y imitais l’accent québécois ! J’étais dans la merde ! je ne pouvais pas refuser mais je ne voulais pas non plus devenir la Annie Cordy des années 80 ! (rires). J’ai d’ailleurs pris un pseudo pour la pochette : Louise Bastien. Finalement, j’ai été soulagée d’apprendre que ça n’avait pas marché…
Journaliste : N’étiez vous pas influencée par une des premières rockeuses francophones, la québécoise diane Dufresne et son " j’ai rencontré l’homme de ma vie " en 1973 ?
Sapho : Peut-être… On est tous influencés. On ne naît pas de rien. J’adorais les chanteurs québécois, ils me faisaient rires. C’est vrai que Diane Dufresne avait aussi ce côté rock exubérant et baroque, mais chanter avec l’accent québécois était à l’origine un gag. J’avais fait un pari avec Hérvé Cristiani de me faire passer pour une Québécoise devant Mireille, le jour où j’allais me présenter à son petit Conservatoire de la chanson.
Comme je ne voulais pas être chanteuse mais comédienne, cela n’avait pas d’importance.
Journaliste : Mireille a-t-elle cru que vous étiez québécoise ?
Sapho : Oui, pendant les quinze premiers jours. Après quoi, avec son accent inimitable elle a dit à Cristiani – qui était son chouchou (Elle l’imite) : " Qu’elle revienne mais qu’elle reste canadienne ! ... "
Journaliste : Que s’est-il passé après l’échec du premier 45 tours ?
Sapho : J’ai dit à RCA que je préférerais faire un album que quatre 45 tours… Ils m’ont laissé faire mais cela à tourner court puisque ça n’a pas marché et que je l’ai quitté.
C’est là que je suis parti vivre un an à New-York, avant de signer avec Pathé
Journaliste : …Et qu’on vous découvre. Si c’était à refaire, referiez-vous les choses de la même façon ?
Sapho : Si j’ai été connue en chantant du rock, avant les autres nanas en France, c’est que pour moi c’était un acte révolutionnaire. On a dit : "Mais qu’est ce que c’est que cette furie, cette harpie ? " : J’ai tout entendu. En même temps, je n’étais pas contente, car je trouvais qu’il y avait quelque chose de faux là-dedans : je jouais à la rockeuse et je sentais que c’était moi et pas non plus moi. Je ne voulais pas être à la fois une fausse chanteuse réaliste ou folklorique magrébine ! Ma seule façon d’être vraie, c’était de tout combiner. J’ai commencé à faire dès mon quatrième album, "Passage d’enfer" (Ndlr : 1982). Ce qui est étonnant c’est que le mélange a été d’abord plus accepté quand je chantais à l’étranger, en hollande notamment, qu’en France.
Journaliste : Revenons à votre jeunesse. Qu’écoutiez vous enfant au Maroc où vous êtes restée jusqu’au milieu des années 60 ?
Sapho : Dès mon plus jeune âge, il faut savoir que j’ai entendu parler : arabe, berbère, espagnole, français…
Journaliste : Et hébreu…n’êtes-vous pas une juive marocaine ?
Sapho : Bien sûr ! Mais les juifs pouvaient parler arabe ou berbère.
Journaliste : Le Maroc est connu pour être le pays où les juifs et les arabes ont le mieux cohabiter dans l’histoire ?
Sapho : L’harmonie ! Il n’y avait aucun blème : les gens dormaient et mangeaient les uns chez les autres… C’est ce souvenir très vif qui m’a souvent encouragé à penser qu’on pouvait trouver une solution. J’écoutais donc la radio française où on entendait Lou Reed, les Doors, Billie Holiday, Ella Fitzgerald…
Journaliste : J’ai lu que vous êtes arrivée en France ver 1968, avant cela, la radio au Maroc devait diffuser plus de français , non ?
Sapho : J’entendais aussi Piaf, Jacques Brel, Barbara…Et le yéyés ! Au Maroc, on pouvait aussi trouver Salut les Copains chez les marchands de journaux. Pour moi qui appartenais à une famille un peu "culture", la radio et cette revue me permettaient de connaître autre chose.
Journaliste : À quelle catégorie socio-professionnelle appartenaient vos parents ?
Sapho : Mon père était un intello qui chantait. Une partie de ma famille était ultra-riche et une autre ultra-pauvre.
Journaliste : J’ai lu que les rapports avec votre mère ont été difficiles ?
Sapho : Un peu tendus, mais je n’ai pas envie d’en parler car ma pauvre maman a 80 ans et j’ai envie de l’épargner. D’autant plus que je lui ai pardonné. Surtout qu’elle a fait ce qu’elle a pu, la place de la femme au Maroc dans les années 40 et 50 n’était pas facile.
Journaliste : Même mariée à un intellectuel ?
Sapho : Oui, bien sûr…
Journaliste : Aujourd’hui quand on dit votre nom, pense-t-on à la déesse Sappho et à l’homosexualité ? Vous raconté que ce pseudo est né quand vous étiez étudiante à Paris à la fin des années 60 et que vous draguiez les filles pour vos copains qui étaient trop timides…
Sapho : C’est vrai. A l’époque, je ne savais pas qu’elle avait été. Aujourd’hui, je le sais plus que cette septième muse a écrit des choses magnifiques comme « il faut tout oser puisque… » au septième siècle avant Jésus-Christ. Récemment, j’ai eu la chance pour la première fois de faire une lecture de ses poèmes. C’était à l’UNESCO pour un opéra contemporain.
Journaliste : Pensez-vous que le fait qu’un public gay vous suive soit lié à votre pseudo ?
Sapho : Ce n’est pas impossible, mais il y a aussi le fait que je sois une femme forte qui parle.
Journaliste : Vous avez aussi chanté le SIDA… Plaisez-vous aux homosexuelle pour votre personnalité comme une Barbara, ou pour votre féminité comme Dalida ou une Vartan ?
Sapho : C’est une vraie question que je me suis posé dès le départ. Je ne voulais pas être ni une poupée gonflable ni une sous mec. C’est pour cela que je ne me suis jamais mise en pantalon sur scène… C’est vrai que j’ai toujours voulu théâtraliser ma féminité.
Journaliste : Votre force de caractère n’a jamais fait fuir les hommes dans votre vie privée ?
Sapho : Je ne sais pas, en tout cas, j’ai une vie amoureuse pleine depuis 17 ans avec le même homme auquel je dédie mes chansons d’amour. Son prénom est d’ailleurs sur un l’album, mais bien caché(rires).
Journaliste : Avez-vous vécu beaucoup d’histoires d’amour jeune ?
Sapho : Oui, mais j’étais beaucoup "collectionneuse", mes histoires ne duraient que deux ou trois ans. J’avais tendance de façon un peu névrotique à sapper mes histoires. Je m’arrangeais pour que ça ne me marche pas… Des le choix de mes partenaires. J’avais peur d’être emprisonnée. J’étais névrosée. J’ai été quitté mais j’ai surtout beaucoup quitté.
Journaliste : Étiez-vous davantage le genre à avoir des périodes seules ou à avoir plusieurs histoires à la fois ?
Sapho : (rires) Non, je n’ai jamais été seule (rires). Et j’ai eu beaucoup de prétendants (rires). J’en ai toujours malgré mon grand âge (rires).
Journaliste : La maternité vous a fait peur ?
Sapho : Oui. Et pour le coup, là, l’héritage maternel y est pour beaucoup. Cela m’a tétanisé.
Journaliste : Étiez-vous la seule fille de la famille ?
Sapho : Oui, j’ai deux frères que j’adore.
Journaliste : Avez-vous un regret de ne pas avoir d’enfants ?
Sapho : Non, le regret n’est pas un sentiment que j’aime. J’ai des neveux, qui sont aussi grands que vous, et que j’adore. Là, je viens d’apprendre la mort de Guillaume Depardieu et je me suis souvenue que la première fois que je l’ai vu, il m’avait dit : "Tu sais, on a été élevé a Sapho" (rires)… Savoir que des gens ont grandi en écoutant mes chansons, c’est aussi une façon d’avoir des enfants…
Journaliste : À la SACEM, 41 titres sont déposés au nom de Sapho et 101 à votre vrai nom : Daniel Ebguy, est-ce voulu ?
Sapho : Non, c’est un hasard… Cependant, ne m’appelez jamais par mon vrai prénom : je le déteste. En revanche, j’adore mes prénoms juifs : Donna et Esther. En revanche mon nom ne me dérange pas. Sur Face book, comme il fallait un nom et un prénom, j’ai mis Sapho Ebguy (rires).
Journaliste : Vous écrivez, vous faites de la peinture, et vous avez joué " Les monologues du vagin "en. 2004 l’ado du Maroc à atteint son but ?
Sapho : Encore plus ! Quand je me suis mise à chanter en gratouillant une guitare, tous les copain m’appelaient " Sapho la galère " et me disaient que ça ne marcherait jamais, parce que je voulais écrire des trucs impossibles, imbitables … (éclat de rires) !
PLATINE
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« Lumières & Trahisons - Stars du spleen grand public, et autres poussières d’étoiles » (livre sur Mylene Farmer)
par Mario Glénadel et Christophe Lorentz
[...] Autre grande dame de la chanson froide, Sapho possède une renommée bien supérieure à celle d’Armande Altaï, en grande partie à cause d’une discographie impressionnante, variée et novatrice. Originaire de Marrakech et issue d’une famille juive, Sapho – de son vrai nom Danielle Ebguy – quitte son Maroc natal en 1968 afin de faire ses études à Paris. Durant dix ans, la jeune fille accumulera toutes sortes d’expériences artistiques, principalement dans le théâtre et la chanson, sans parvenir à trouver sa voie. La musique lui réussissant cependant plus que le théâtre, Sapho fait une apparition éclair à l’émission de télévision Le Petit Conservatoire, où elle se fait passer pour une jeune Québécoise du nom de Bergamote, puis publie un 45 tours sans grand intérêt sous le nom de Louise Bastien. La chance lui sourit enfin avec la rencontre d’Hervé Cristiani, jeune chanteur débutant qui se fera connaître quelques années plus tard avec un tube éphémère, Il est libre, Max. Hervé Cristiani présente Sapho à quelques pontes du label RCA qui acceptent de lui signer un album. Empruntant alors le pseudonyme de Sapho, du nom de la célèbre poétesse grecque antique de Mytilène, la jeune femme publie son premier disque, Le Balayeur du Rex (1978), un album inégal, peu convaincant, qui n’obtiendra aucun succès. Beaucoup ne se seraient pas remises d’un tel échec. Mais Sapho est une femme à la forte personnalité, ambitieuse et mondaine. Passionnée par la jeune scène punk, elle collabore au journal Actuel, voyage aux États-Unis pour en rapporter un article sur le punk new-yorkais et s’y fait pas mal d’amis. Pourtant, bien qu’elle n’en parlera jamais, il semble bien que cette même année, ce soit la Berlinoise Nina Hagen qui l’impressionne le plus vivement. C’est donc en compagnie de jeunes musiciens américains (dont Billy Ficca, ex-batteur de Television) que Sapho écrit son premier véritable album, qui sort début 1980 sur Sonopresse, sous une pochette montrant Sapho avec un look halluciné, directement inspiré de Nina Hagen. Intitulé simplement Sapho, mais parfois crédité du titre Janis, cet album est un petit bijou de post-punk hystérique, en dépit d’une production très médiocre. Mêlant guitares enragées et claviers kitschs dans le plus pur style Devo, cet opus est un véritable OVNI dans la production musicale française de l’époque. Les douze titres, écrits par Sapho elle-même, mêlent une rage punk et un sens inné de la mélodie pop, peut-être hérité de ces années 70 auxquelles Sapho se réfère avec des titres plus classiques comme Janis (en hommage à Janis Joplin) ou Souvenirs de Train (Frédéric), presque progressif. Sapho, elle-même, se répand en hurlements, en vocalises dissonantes, en proie à un chant frénétique et convulsif, là aussi, dans la droite lignée de Nina Hagen. L’écriture de Sapho est nerveuse, lucide, et reflète bien des préoccupations de la jeunesse de l’époque, tant sur le racisme (Arabe), sur les lieux branchés de la punkitude internationale (Christopher, New York City) ou sur la robotisation de la société (Mécanique, Black Clad Poets). Malheureusement, cette fois encore, le public ne suit pas, même si la critique se montre élogieuse. Sapho change donc une nouvelle fois de maison de disques et va signer chez Pathé-Marconi, qui publie à la fin de cette même année le deuxième album de Sapho, Le Paris Stupide. Ce disque très conceptuel, aussi délirant que plus ou moins improvisé, demeure dans la continuité du précédent, mais s’avère plus fin, plus calme aussi.
XXXI - Lumières & trahisons
Sapho pose ses valises et se construit un univers plus cohérent, sans renoncer pour autant à son goût pour les délires musicaux (7 morceaux sur 16 sont d’étranges “expérimentations” durant à peine une minute). La reprise du Respect d’Ottis Redding contribue encore un peu plus à brouiller les cartes. Un oeil sur les années 60, un autre sur les années 80 alors en devenir, Sapho s’impose comme une personnalité originale et insaisissable qui ne tarde d’ailleurs pas à fasciner un public de plus en plus nombreux. Aucun des premiers albums de Sapho ne feront l’objet par la suite d’une réédition CD. On ne peut que le regretter, car Sapho et Le Paris Stupide sont avant tout d’excellents albums de post-punk “à l’américaine” qu’il serait urgent de redécouvrir. Sapho sortira ensuite à quelques mois d’intervalles son premier roman, Douce Violence, et son troisième album, Passage d’Enfer (1982). Album de transition, Passage d’Enfer marque l’éloignement progressif du punk et dénote un rapprochement notable avec la new-wave, mais aussi avec la musique orientale. Sur le plan des textes, Sapho met fin à ses délires exubérants et s’engage politiquement, notamment sur le titre Thatcher, qui stigmatise la politique conservatrice de celle que l’on surnommait alors “La Dame de Fer”. Sapho trouve enfin son style avec son quatrième album, Barbarie (1983). Mettant l’accent sur la voix de Sapho, désormais mélancolique et calme, et sur une musique synthétique, new-wave et épurée, l’album devient le premier gros succès commercial de Sapho. Textes décalés, ambiance chic et arty, Barbarie est un disque délicieusement daté, dans lequel on retrouve toute la froideur élégante des années 80. Sapho s’offre même une assez inattendue mise en musique du poème Le Dormeur du Val d’Arthur Rimbaud, tandis que son premier véritable tube, Ouest Terne, circulera sur les ondes radio. Cette chanson a été récemment reprise sous le titre West Terne par le chanteur Dominique A sur une cassette baptisée Une femme chante sur le quai diffusée lors de ses concerts. Cependant, même si les ventes décollent, c’est encore insuffisant pour Pathé-Marconi qui décide de mettre fin à son contrat avec Sapho à son retour d’une tournée au Japon. C’est pour elle une courte période de détresse, car les labels refusent les uns après les autres toutes ses nouvelles démos. C’est donc en mettant elle-même la main à la poche qu’elle sortira son cinquième album, Passions, passons en 1985, co-produit avec un studio d’enregistrement et le label Celluloïd. Contre toute attente, Passions, passons sera un succès commercial sans précédent, et sera longtemps considéré comme le meilleur disque de Sapho. Pourtant, s’il est de loin le mieux produit – surproduit même, pour l’époque –, le son et les arrangements de ce disque flirtent volontiers avec le kitsch et accusent aujourd’hui plus que de raison le cours du temps. Mais il reste l’ultime classique de la grande époque de Sapho, avec des chansons exceptionnelles comme Carmel, Méthylène ou Train de Paris. A noter l’importance de plus en plus grande d’éléments de musique orientale (Marrakech, We Darret El Ayam), la chanteuse revenant définitivement à ses racines. Fin 1986, l’album Live au Bataclan restitue fidèlement l’ambiance très particulière des concerts de Sapho. C’est aussi la fin d’une époque pour la chanteuse, qui se dirigera de plus en plus vers le genre chanson française en la teintant d’éléments orientaux. Elle accèdera au légendaire Top 50, grâce à la ballade espagnole Duerme Negrito, chantée avec Jairo en 1987. Poursuivant sa carrière d’écrivain mais aussi d’artiste peintre, Sapho signera quelques albums plus ordinaires (El Sol Y La Luna (1987), La Traversée du Désir (1991), Jardin Andalou (1996), Digital Sheika (1997), La Route Nue des Hirondelles (1999), Orients (2003)), ainsi que quelques disques de reprises assez dispensables (El Atlal (1994), album de reprises de la célèbre chanteuse Oum Kalsoum, Ferré Flamenco (2006), reprises des standards de Léo Ferré) et un intéressant album où elle se contente de réciter des textes inédits sans musique, Choses qui font battre le coeur (2005). Elle a également prêté sa voix pour la version livre audio des Mille et Une Nuits, publié sous la forme d’un coffret de 2 CD. Les albums Passage d’Enfer et Barbarie ont fait l’objet, durant les années 90, d’une réédition sur un seul CD, renommé Préférences, aujourd’hui difficile à trouver, mais néanmoins indispensable pour tout fan de Sapho. [...]
© « Lumières & Trahisons - Stars du spleen grand public, et autres poussières d’étoiles » - Mario GLENADEL et Christophe LORENTZ