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GOSPEL 1937 - 1941
Ref.: FA057
Artistic Direction : JEAN BUZELIN
Label : Frémeaux & Associés
Total duration of the pack : 44 minutes
Nbre. CD : 1
- - JAZZ MAGAZINE
- - SÉLECTION LE MONDE DE LA MUSIQUE
GOSPEL 1937 - 1941
With this production, we surely have the finest reissue set ever devoted to the Golden Gate Quartet. As far as swing and vocal harmonies are concerned, we are here close to perfection ! Moreover, a copious, excellently documented booklet from the pen of Jean Buzelin can only add to the pleasures of this magnificent album, making it an indispensable acquisition. M. R. Compact Magazine. Includes a 20 page booklet with both French and English notes.
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PisteTitleMain artistAutorDurationRegistered in
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1MASSA IN THE COLD COLD GROUNDGOLDEN GATE QUARTETTRADITIONNEL00:02:481937
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2SAINTS GO MARCHING INGOLDEN GATE QUARTETTRADITIONNEL00:02:131938
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3GOLDEN GATE GOSPEL TRAINGOLDEN GATE QUARTETTRADITIONNEL00:02:361937
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4GABRIEL BLOWS HIS HORNGOLDEN GATE QUARTETTRADITIONNEL00:02:241937
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5LEAD ME ON AND ONGOLDEN GATE QUARTETTRADITIONNEL00:02:061938
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6SWEET ADELINEGOLDEN GATE QUARTETH ARMSTRONG00:02:231938
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7PREACHER AND THE BEARGOLDEN GATE QUARTETTRADITIONNEL00:02:491937
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8NOAHGOLDEN GATE QUARTETTRADITIONNEL00:02:351939
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9TAKE YOUR BURDENS TO GODGOLDEN GATE QUARTETTRADITIONNEL00:03:171938
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10TRAVELIN SHOESGOLDEN GATE QUARTETTRADITIONNEL00:01:531938
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11PACKING UP GETTING READY TO GOGOLDEN GATE QUARTETTRADITIONNEL00:02:001938
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12BORN TEN THOUSAND YEARS AGOGOLDEN GATE QUARTETTRADITIONNEL00:01:541937
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13JONAH IN THE WHALEGOLDEN GATE QUARTETTRADITIONNEL00:02:261939
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14I LOOKED DOWN THE ROAD AND WONDEREDGOLDEN GATE QUARTETTRADITIONNEL00:02:531939
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15EVERYTIME I FEEL THE SPIRITGOLDEN GATE QUARTETTRADITIONNEL00:02:491939
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16MY WALKING STICKSGOLDEN GATE QUARTETTRADITIONNEL00:02:191939
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17DANIEL SAW THE STONESGOLDEN GATE QUARTETTRADITIONNEL00:02:421941
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18WHOA BABEGOLDEN GATE QUARTETTRADITIONNEL00:02:421939
GOLDEN GATE QUARTET GOSPEL 1937 - 1941 FA 057
GOLDEN GATE QUARTET GOSPEL1937 - 1941
L’histoire du Golden Gate Quartet
Il existe en 1930, dans la petite ville de Berkeley (Virginie), un barbershop quartet qui chante des negro spirituals traditionnels. Autour du coiffeur A.C. “Eddie” Griffin (ténor), se trouvent réunis trois autres chanteurs, Robert “Peg” Ford (basse) et deux jeunes élèves de la Booker T. Washington High School de Norfolk, ville importante des environs, Willie Johnson (baryton) et Henry Owens (ténor). Le Golden Gate Jubilee Quartet (c’est le nom du groupe) se produit souvent autour de Norfolk mais, lorsqu’il est engagé dans plusieurs églises de l’état voisin, la Caroline du Nord à la fin de 1935, Griffin préfère rester dans sa boutique et cède sa place de ténor à William Langford. En 1936, Robert Ford s’en va à son tour et c’est un ami de Langford, alors âgé de seize ans, qui le remplace : Orlandus Wilson.Et le Golden Gate ainsi constitué prend la route. C’est d’abord une tournée d’églises en Caroline du Nord en mai 1936 puis, en juin, un enregistrement à la radio WIS à Columbia (Caroline du Sud), et enfin un contrat avec la station WBT, une radio de Charlotte (Caroline du Nord) où les Gates resteront les fidèles pensionnaires pendant trois ans. En 1937, leur émission est reprise par le réseau NBC qui leur arrure une audience beaucoup plus étendue. Il n’en faut pas plus pour que la compagnie Victor, de passage à Charlotte avec son matériel de prise de son pour y enregistrer quelques artistes (dont les Heavenly Gospel Singers, groupe vedette de la firme), décide de convoquer le Golden Gate Jubilee Quartet dans les chambres de l’hôtel où elle a planté ses micros. Le 4 août 1937, entre 11 h 15 et 13 h 15, quatorze titres (presque tous en une seul prise) sont mis en boîte par les Gates.
Dès la publication du premier disque : Golden Gate Gospel Train / Gabriel Blows His Horn (sous étiquette Bluebird B7126), le succès est immédiat. Tous les morceaux paraissent avant la fin de l’année 1937 et certains seront continuellement réédités sur 78 tours jusqu’en 1949.Le Golden Gate, qui partage habituellement son répertoire entre les pop songs, à la Mills Brothers pour la radio et les negro spirituals dans les églises, a choisi pour ses disques de privilégier l’orientation religieuse. Ce qui fera son succès. Au mois de janvier 1938, une seconde séance d’enregistrement est organisée dans les mêmes conditions. Puis les Gates vont partager leur temps entre Charlotte – émissions de radio obligent – et New York où ils sont invités à deux reprises, en août et en novembre 1938, pour graver de nouveaux disques, cette fois dans de vrais studios. En février 1939, au cours d’une grande tournée sur la Côte Est, ils croisent les techniciens de la Victor et enregistrent une nouvelle série de pièces dans un hôtel de Rock Hill en Caroline du Sud. Déjà les Gates ajoutaient toujours, durant leurs séances, une ou deux chansons traditionnelles ou populaires à leur répertoire de chants religieux et William Langford avait même pris quelques leçons de guitare (sommaires!). Pour se rapprocher des Mills Brothers? Sans doute, mais surtout pour tenter de concurrencer les Inks Spots, nouvelle coqueluche des foules. Ainsi, à la demande de Victor/Bluebird, ils enregistrent, au cours d’une session new yorkaise le 6 octobre 1939, une série de thèmes populaires sous le nom des Four Chocolate Bars. Finalement, les disques paraîtront sous le nom du Golden Gate Quartet (sur ces entrefaits, Jubilee a disparu).
Grand découvreur de talents, le critique et producteur John Hammond fait programmer le groupe au fameux Café Society de New York. C’est la première fois qu’un quartette vocal de ce type est ainsi proposé à la clientèle chic et huppée des night-clubs. Il les engage également au Carnegie Hall pour ses concerts, devenus historiques, “From Spirituals To Swing”, le 23 décembre 1938, et le 26 décembre 1939 le Golden Gate réalise une nouvelle séance d’enregistrement à New York. Dès lors, Willie Johnson, Henry Owens, William Langford, Orlandus Wilson et Clyde Riddick, qui a rejoint le groupe en cours d’année, quittent pour de bon la Caroline du Nord et les ondes de la radio de Charlotte où ils sont remplacés par les Four Knights, et s’installent à demeure à New York.En juin 1940, les Gates joignent leur voix à celle du songster Leadbelly pour une série de work songs publiés par Victor et, à la fin de l’année, ils rencontrent Josh White, un autre chanteur-guitariste avec qui ils enregistrent quatre titres, restés inédits, pour la Bibliothèque du Congrès. Entre temps, un premier changement important s’est produit dans la composition du groupe : William Langford est entré chez les Southern Sons. Après un passage au sein des Selah Jubilee Singers, il formera, à la fin des années 40, les Landfordaires puis le Bill Landford Quartet. Devenu disc-jockey de musique religieuse, il mourra en 1969. William Langford est remplacé par Clyde Riddick qui connaît le groupe depuis l’école de Norfolk. A partir de 1941, les Gates changent de compagnie et enregistrent désormais sur label Okeh, filiale de la Columbia.Après son passage au Café Society, le Golden Gate Quartet est devenu une “attraction” nationale. En 1941, il se produit aux cérémonies (retransmises dans tout le pays) marquant l’investiture du Président Roosevelt après sa réélection. Pendant la durée de la guerre, le Golden Gate participera à plusieurs song fests anti-nazi à la Maison Blanche ainsi qu’à plusieurs grands shows radiophoniques (à la CBS). La même année 1941, le groupe est invité au Pan-American Music Festival de Mexico.
Or, en 1943, Willie Johnson puis Orlandus Wilson sont mobilisés. Le premier est remplacé par Alton Bradley et, brièvement, par le leader des Trumpeteers, Joe Johnson; le second par la grande basse Clifford Givens des Southerns Sons. Malgré l’interruption des enregistrements commerciaux due à la grève du syndicat des musiciens, cette période mouvementée s’avère très prolifique pour le Golden Gate Quartet qui, par ailleurs, grave un V-Disc (disque de la Victoire) en août 1943. A l’instar des plus célèbres groupes vocaux pop, les Gates participent à plusieurs films : Star-Spangled Rhythm (en 1943), Hit Parade of 1943 (retitré plus tard Change of Heart), Hollywood Canteen, Bring on the Girls et A Song is Born (en 1947 avec Dany Kaye, Bonny Goodman, Lionel Hampton et Mel Powell). Entre temps, Willie Johnson et Orlandus Wilson ont repris leur place dans le quartette qui s’assure désormais les services du pianiste Conrad Frederik. Les séances de disques reprennent en juin 1946 et, en 1947, un premier microsillon 33 tours est publié sous étiquette Columbia. C’est cette même année qu’ils obtiennent leur plus grand succès discographique avec Shadrack.En 1948, le soliste Willie Johnson quitte, cette fois pour de bon, le Golden Gate Quartet pour entrer chez les Jubalaires. Johnson, qui chantait encore occasionnellement à la fin des années 70 est mort au début de la décennie suivante. Ce départ de Willie Johnson va entraîner un changement dans le style du quartette. C’est Orville Brooks qui échange sa place chez les Jubalaires avec Johnson. Malgré une dernière séance pour Columbia en 1950, les Gates sont passés en 1948 chez Mercury sous la houlette du producteur Bob Shad qui publiera plusieurs disques du Golden Gate sur son label Sittin-In-With en direction du marché Rhythm & Blues. En 1950, c’est le retour de Alton Bradley, cette fois-ci au poste de ténor à la place de Henry Owens qui devient preacher soliste (Owens meurt en 1970). Bradley cède sa place l’année suivante à Eugene Mumford, transfuge du groupe de R&B, The Larks.
L’évolution des modes musicales déjà sensible après la fin de la guerre s’accélère avec les nouvelles formes très rythmées qui annoncent déjà le rock’n’roll. A l’instar du blues, la musique gospel devient plus expressionniste, débridée, torride souvent et les nouveaux quartettes laissent s’exprimer au premier plan des preachers qui sont souvent de véritables shouters (hurleurs). En quelques années, la musique hyper-soignée, aux harmonies subtiles et à la mise en place parfaite des jubilee quartets, passe de mode. Les Gates résistent bien mais concerts et engagements se raréfient. En 1954, Orville Brooks est remplacé par Bill King puis par Frank Todd, et Eugene Mumford, qui reforme les Larks, cède sa place à Clyde Wright, transfuge des Selah Jubilee Singers.1955 : le Golden Gate Quartet, à la veille de son départ pour une première tournée européenne, retrouve un baryton qui reprend le rôle de “narrateur” autrefois tenu par Willie Johnson : J. Caleb Ginyard qui a derrière lui une fructueuse carrière. Membre original des Jubalaires en 1944 quand ce groupe remplaça le Golden Gate au Café Society, Ginyard dirigea ensuite les Dixieaires puis le groupe profane The Du-Droppers.
L’aventure européenne du Golden Gate Quartet s’avère être un succès. Dès novembre 1955, ils enregistrent à Paris pour Pathé Marconi, sous étiquette Columbia française, sous l’instigation de Jean-Paul Guiter. Les deux années suivantes se dérouleront presque totalement à travers le vieux continent avant que les Gates choisissent de s’installer définitivement en France en 1959 pour honorer un contrat de deux ans au Casino de Paris. Dès lors, leur renommée internationale ne cesse de croître. Et si, en 1971, Caleb Ginyard et Clyde Wright cèdent leur place à Paul Brembly (petit-neveu de Wilson) et à Calvin Williams, le second reviendra en 1985. Ginyard, qui est mort en 1978, effectuera une carrière en soliste.Tous, aux côtés de Orlandus Wilson, le directeur du groupe depuis 1936, et de Clyde Riddick, présent depuis 1939, auront contribué au rayonnement mondial du Golden Gate Quartet, lequel, ambassadeur illustre des negro spirituals et des gospel songs, aura porté bien haut la parole et le chant sacrés.
Jean Buzelin
© FRÉMEAUX & ASSOCIÉS SA 1997
LA PLACE DU GOLDEN GATE QUARTET ET SA MUSIQUE
Le Golden Gate Quartet appartient à une longue tradition, celle des quartettes vocaux masculins (*). A l’intérieur de la grande histoire de la musique religieuse afro-américaine, commencée dès le XVIIIe siècle avec l’évangélisation des esclaves, les quartettes vocaux se sont probablement constitués, avant la fin du XIXe siècle, à partir des grandes chorales religieuses qui interprétaient des psaumes de la Bible et des hymnes protestants. Ainsi le Fisk University Male Quartet qui dépendait des célèbres Fisk Jubilee Singers. L’évolution de l’interprétation du chant religieux de la grande chorale à la petite formation fait ressortir la place prépondérante du soliste (lead vocal) qui reprend le rôle du preacher face à sa congrégation. Ainsi fonctionne le procédé responsorial (question/réponse) directement hérité de l’Afrique.Alors que le premier quartette connu pour avoir imité vocalement les instruments à vent (**) semble avoir été le Bell Quartet, c’est à la même époque, en 1894, que sont gravés les premiers cylindres d’une formation noire de ce type, le Standard Quartette qui sera suivi par le Dinwiddie Colored Quartet en 1902 et quelques autres en 1910 et 1912. Mais il faut attendre 1921 pour qu’une politique d’édition permette une exploitation plus cohérente (et commerciale) des quartettes qui interprètent aussi bien des airs profanes que des chants religieux, ainsi le Norfolk Jazz (puis Jubilee) Quartet qui sera le plus ensemble vocal des années 20.En 1931, le succès phénoménal des Mills Brothers ramène la musique populaire (les airs de variété à la mode) sur le devant de la scène.
Contrairement aux quartettes religieux, les Mills sont issus de la tradition des barbershop quartets (formations d’origine anglo-saxonne qui interprètent des chansons populaires dans les offices des coiffeurs et barbiers!). Avec un répertoire essentiellement composé de pop tunes, les Mills Brothers débordent largement du cadre de la musique afro-américaine et deviennent d’immenses vedettes aux Etats-Unis. Leur style rompt totalement avec celui des ensembles vocaux de la décennie précédente. En dehors de leurs particularité d’imiter à merveille les instruments à vent, ils s’expriment avec des voix lisses, travaillées, et soignent le fini de leurs interprétations. Leur influence est énorme et leurs imitateurs sont légions. Au sein du Golden Gate Quartet naissant, Willie Johnson et Orlandus Wilson ne sont pas longs à entrevoir les possibilités qu’apporte cette formule vocale qu’ils transposent, en l’adaptant, dans le domaine de la musique sacrée. Reprenant les arrangements “instrumentaux”, les imitations de trompette bouchée, la perfection de l’exécution, ils accentuent, et c’est là leur grande originalité, la “négritude” de leur musique. Le swing et surtout la structure rythmique de leurs morceaux apparaissent beaucoup plus nettement, leur musique est enlevée, l’interprétation nerveuse. A la nonchalance et au côté aimable du répertoire (pop) des frères Mills, ils répondent avec l’authenticité et la force expressive des chants religieux noirs. Tout cela aboutit à une fusion d’harmonies, de phrases en scat (onomatopées), d’histoires chantées avec une force dramatique accrue grâce, en particulier, au talent “narratif” du soliste Willie Johnson et sa manière qu’il appelait “vocal percussion”.
Si, dans ses premiers disques, le Golden Gate prolonge encore la lignée des Mills, le groupe trouve rapidement son style car il ne peut ignorer ces grands quartettes religieux, originaires comme lui de la Côte Est : les Norfolk Jubilee Singers, les Mitchell’s Christian Singers et surtout les Heavenly Gospel Singers avec lesquels ils se sont “frottés” lors de contests à Charlotte en 1936. Ces groupes, au contraire des Mills, restaient très ancrés dans les racines profondes de la musique noire.Mais l’arrivée du Golden Gate Quartet provoque une véritable révolution dans le domaine de la musique religieuse et leur influence, à leur tour, est considérable sur ceux que l’on va appeler les jubilee quartet (***) ou les harmonizing quartets : les Alphabetical Four, Selah Jubilee Singers, Jubalaires, Dixiaires, Southern Sons, Trumpeteers, Harmonizing Four... sans parler des pop groups tels que les Delta Rhythm Boys, Charioteers, Deep River Boys, Four Vagabonds, etc., qui leur doivent autant qu’aux Mills Brothers. Mais en est-il qui ont porté l’harmonisation des voix et leur mise en place rythmique à un tel degré de perfection? Ne serait-ce que par leurs enregistrements de la fin des années 30, et sans même tenir compte de l’exceptionnelle longévité de la formation, le Golden Gate Quartet peut être considéré parmi les ensembles les plus considérables de toute l’histoire de la musique religieuse afro-américaine, voire de la musique populaire noire en général.
Les chants du Golden Gate Quartet
L’essentiel du répertoire du Golden Gate Quartet se compose de chants religieux qui proviennent de plusieurs sources. Il y a d’une part de vieux negro spirituals comme Everytime That I Feel The Spirit ou Preacher And The Bear (sous-titré That Ol’ Time Religion). Les épisodes tirés de la Bible sont fort nombreux, ainsi les histoires de l’Arche de Noé (Noah), de Jonas dans la baleine (Jonath In The Whale), du prophète Daniel (Daniel Saw the Stone), de l’Ange Gabriel (Gabriel Blows His Horn)... s’ajoutent des thèmes moralisateurs qui incitent à se préparer à la “vie éternelle” comme Take Your Burdens To God (Prenez votre fardeau pour aller vers le Seigneur). Cette “Marche vers le Ciel” est fréquemment évoquée : Packing Up - Getting Ready To Go, I Looked Down The Road And Wondered où il est dit : “à quelle distance me trouverai-je de ma maison?”. Dans Lead Me On And On, c’est l’appel : “des Anges sont venus vers moi, Seigneur, laisse-moi prendre ta main” alors que dans Born Ten Thousand Years Ago, le narrateur est successivement témoin de tous les événements bibliques. Les pièces les plus significatives font souvent appel à “l’imagerie” afro-américaine, laquelle a développé, transposé, adapté les thèmes religieux traditionnels; ainsi le train devient un formidable moyen de transport pour accéder au Paradis (et par la même occasion quitter le Sud et l’esclavage). Golden Gate Gospel Train offre une saisissante illustration de ce thème, renforcée par les effets vocaux qui imitent le train, la locomotive, les coups de sifflet – entendez les avertissements aux passagers afin qu’ils mettent leurs “affaires en ordre” car le train va les emmener cette nuit. C’est aussi le thème de la mort qui appelle successivement le père et la mère (qui sont prêts à partir) alors que le pécheur résiste, ne veut pas mourir, car il n’a pas ses “chaussures de voyage” (Travelin’ Shoes).
Tous ces thèmes, loin d’être interprétés de façon traditionnelle, y compris les airs jubilee, sont totalement recréés par le Golden Gate Quartet. De nombreux morceaux, exécutés sur tempos rapides, montrent bien la symbiose qui règne entre les membres du groupe, entre les chœurs, tantôt à l’unisson, tantôt murmurés, tantôt “instrumentaux”, souvent subtilement décalés avec une précision extraordinaire, et le lead vocal qui ne se détache qu’à peine de ce merveilleux enchevêtrement que produisent les voix savamment harmonisées. Le plus souvent, le rôle de soliste est tenu par le baryton Willie Johnson, lequel “raconte” l’histoire de façon très rythmique, saccadée, percussive (avec des accents que l’on retrouvera cinquante ans plus tard dans le rap!), alors que, dans les réponses, se détache parfois un high ténor. D’autres fois, Henry Owens tient la fonction de lead tenor et en profite pour accentuer le preaching, avec des inflexions plus soul, plus churchy; tandis que l’imperturbable et irremplaçable Orlandus Wilson donne la “présence”, relançant fréquemment le récit ou bien fournissant l’assise avec sa basse “bourdonnante”. De tous ces enregistrements du Golden Gate se dégage une fraîcheur et un entrain (drive) auxquels la patine du temps n’a pas la moindre prise. Plus rares sont les pièces plus lentes, plus recueillies mais aussi plus “chargées” comme l’hymne Remember Me ou Anyhow qui annonce le gospel moderne, tandis que Jonah, en forme de chanson-sketch, anticipe curieusement ce que feront plus tard les Coasters.Si les soli imitant la trompette wha wha sont fréquents dans les premiers disques, ils seront bientôt réservés aux chansons pop comme Sweet Adeline, Who Babe ou My Walking Stick. Les enregistrements choisis pour figurer dans ce coffret devraient permettre d’apprécier à la fois la diversité du répertoire et toutes les facettes de l’extraordinaire talent du seul et unique Golden Gate Quartet.
© FRÉMEAUX & ASSOCIÉS SA 1997
(*) Un quartette ne signifie pas quatre chanteurs mais quatre voix : soliste (lend vocal), ténor, baryton, basse; le soliste doublant souvent dans les ensemble une des autres voix. Aussi n’est-il pas rare d’entendre des quartettes vocaux qui comprennent cinq, voire six, sept ou même huit chanteurs !
(**) Donc de lointain ancêtre des Mills Brothers et du Golden Gate Quartet.
(***) Remis à la mode, le therme jubilee venait d’une façon d’interpréter les plantations hymns et les works songs en les rapprochant des critères occidentaux.
GOLDEN GATE GOSPEL TRAIN
Seigneur, elle siffle, (*)
Montez en voiture,
Il vaut mieux prendre votre billet maintenant,
Seigneur, elle siffle.
Le train de la Parole arrive,
Il vaut mieux prendre votre billet maintenant,
Il vaut mieux mettre votre maison en ordre, amis,
Vous savez, le train sera là aujourd’hui.
N’entendez-vous pas le bruit du sifflet?
Entendez-vous les cloches sonner?
N’entendez-vous pas le soupir de la machine, amis?
Vous savez, le train sera là aujourd’hui.
Ne pouvez-vous pas imaginer que vous essayez
D’atteindre le Ciel?
N pouvez-vous pas imaginer que vous pouvez entendre
Partir le train?
Elle siffle si haut, elle siffle si bas,
Vous savez, le train sera là aujourd’hui.
_____ Le train sera là aujourd’hui.
_____ Le train sera là aujourd’hui.
Ah, pécheur,
Ne manque pas ce train,
Tu ferais mieux de mettre ta maison en ordre, ami,
Tu sais, le train sera là aujourd’hui.
_____ Le train sera là aujourd’hui.
_____ Le train sera là aujourd’hui.
Seigneur tout puissant, elle siffle.
(*) la locomotive.
***************
GOLDEN GATE GOSPEL TRAIN
My Lord, she blows,
Get on board,
Better get your ticket now,
Me Lord, she blows.
Gospel train is comin’,
You’d better get your ticket now,
You’d better set your house in order, frriends,
You know the train gonna be here today.
Don’t you hear the whistle blowing?
Hear the bells a-ring?
Don’t you heart the engine exhaustion, friends?
You know the train gonna be here today.
Can’t you imagine that you’re trying to get to Heaven?
Can’t you imagine that you can hear this train go?
She blows so high, she blows so low,
You know the train gonna be here today.
_____ The train gonna be here today.
_____ The train gonna be here today.
Ah, sinner man,
Don’t you miss this train,
You’d better set your house in order, frriends,
You know the train gonna be here today.
_____ The train gonna be here today.
_____ The train gonna be here today.
Mighty Lord, she blows.
***************
english notes
THE GOLDEN GATE QUARTET
Back in 1930 in the little American town of Berkeley, Virginia, a barbershop quartet began making a big reputation for itself singing Negro Spirituals. The barber was A.C. “Eddie” Griffin (tenor), and his partners were Robert “Peg” Ford (bass) and two young high-school students from the neighbouring town of Norfolk, Willie Johnson (baritone) and Henry Owens (tenor). They called themselves The Golden Gate Jubilee Quartet.In 1935-36, with the group performing ever further afield, both Griffin and Ford were obliged to opt out, ceding their places to William Langford and the 16-year-old Orlandus Wilson. This revised quartet, in addition to its live appearances, soon found itself a familiar attraction on local radio networkd, particulary the WBT network of Charlotte, North Carolina. But by 1937 it was already reaching a national audience over the airwaves of the NBC, thus coming to the attention of the Victor Record company.The famous recording giant lost no time. On 4 August 1937, its mobile studio equipment installed in the rooms of a Charlotte Hotel, within the space of a couple of hours it had cut no fewer than 14 titles, among them Golden Gate Gospel Train and Gabriel Blows His Horn, a 78rpm coupling that scored an instant hit.It would no be long before the quartet was booked to appear in New York, and following appearances at the renowned Café Society and the eminently serious Carnegie Hall in 1938, its members decide to settle in the city, for the past decade the capital of the jazz world. Soon after, Victor recorded them in a series of worksongs with that now legendary songster, leadbelly.In late 1940 Langford was replaced by Clyde Riddick, who had known the group since his high-school days in Norfolk (and present since mid 1939).
The quartet then went on to take part in anti-nazi songfests at the White House, as welle as on a coast-to-coast radio link-up for Franklin D. Roosevelt’s 1941 inaugural caremony. The Golden Gate Quartet had become national stars.Over the years, a number of personnel changes took place, one of the most significent being the arrival in 1954 – the year before the quartet’s first trip to Europe – of tenor Clyde Whight, along with Wilson and Riddick still with the group today. Engagements in Europe multiplied, and by 1959, faced with a two-year booking at the Casino de Paris, The Golden Gate Quartet settled in France. Only one change has been made in the line-up since then, Paul Brembly, grandnephew of Orlandus baritone spot in 1971 from J. Caleb Ginyard.Today, 62 years after their first tentative efforts, The Golden Gate Quartet desservedly find thermselves an established international attraction. Here for you now is their music.
Don Waterhouse, based on the French text of Jean Buzelin.
© FRÉMEAUX & ASSOCIÉS SA 1997.
Discographie
1. MASSA’ IN THE COLD COLD GROUND 011942-1 TRAD 2,45
Charlotte, NC, August 4, 1937
2. SAINTS GO MARCHING IN 024367-1A TRAD 2,11
Charlotte, New York City, August 10, 1938
3. GOLDEN GATE GOSPEL TRAIN 011931-1 TRAD 2,34
Charlotte, NC, August 4, 1937
4. GABRIEL BLOWS HIS HORN 011932-1 TRAD 2,21
Charlotte, NC, August 4, 1937
5. LEAD ME ON AND ON 018630-2 TRAD 2,05
Charlotte, NC, January 24, 1938
6. SWEET ADELINE 018631-1
(H. ARMSTRONGCharlotte, NC, January 24, 1938 R.H. GERAD) 2,22
7. PREACHER AND THE BEAR 011935-1 TRAD 2,30
Charlotte, NC, August 4, 1937
8. NOAH 031980-1 TRAD 2,33
New York City, October 6, 1939
9. TAKE YOUR BURDENS TO GOD 018634-1 TRAD 3,15
Charlotte, NC, January 24, 1938
10. TRAVELIN’ SHOES 018624-1 TRAD 1,51
Charlotte, NC, January 24, 1938
11. PACKING UP - GETTING READY TO GO 028967-1A TRAD 1,55
Charlotte, Yew York City, November 15 , 1938
12. BORN TEN THOUSAND YEARS AGO 011936-2 TRAD 1,51
Charlotte, NC, August 4, 1937
13. JONAH IN THE WHALE 042916-1A TRAD 2,22
New York City, October 6, 1939
14. I LOOKED DOWN THE ROAD AND WONDERED 042905-1A TRAD 2,49
New York City, October 6, 1939
15. EVERYTIME I FEEL THE SPIRIT 042910-1A TRAD 2,46
New York City, October 6, 1939
16. MY WALKING STICKS 046124-1A TRAD 2,16
New York City, December 26, 1939
17. DANIEL SAW THE STONES 30282-1 TRAD 2,40
New York City, April 18, 1941
18. WHOA BABE 042911-1A TRAD 2,38
Rock Hill, SC, February 2, 1939
GOLDEN JUBILEE QUARTET : HENRY OWENS (1RST TENOR), WILLIAM LANGFORD (2ND TENOR, GUITAR ON N°14-16-18), WILLIE JOHNSON (BARITONE, LEAD VOCAL), ORLANDUS WILSON (BASS), VOCAL EFFECTS ON 1, 3, 4, 6, 7, 12, 16, 18.
CD Golden Gate Quartet Gospel 1937 - 1941 © Frémeaux & Associés (frémeaux, frémaux, frémau, frémaud, frémault, frémo, frémont, fermeaux, fremeaux, fremaux, fremau, fremaud, fremault, fremo, fremont, CD audio, 78 tours, disques anciens, CD à acheter, écouter des vieux enregistrements, albums, rééditions, anthologies ou intégrales sont disponibles sous forme de CD et par téléchargement.)