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MISTERY PACIFIC 1936 - 1937
DJANGO REINHARDT
Ref.: FA305
Artistic Direction : DANIEL NEVERS
Label : Frémeaux & Associés
Total duration of the pack : 2 hours 14 minutes
Nbre. CD : 2
- - CHOC JAZZMAN
- - DIAPASON HISTORIQUE
- - INDISPENSABLE JAZZ HOT
- - RECOMMANDÉ PAR ÉTUDES TSIGANES
MISTERY PACIFIC 1936 - 1937
(2-CD set) “As far as Django was concerned, improvisation was not simply a matter of putting phrases together haphazardly. On the contrary, it had to be built and developed coherently, strictly respecting the outlines, and which, despite its unpredictability, led inexorably to the conclusion.” Charles DELAUNAY. Includes a 40 page booklet with both French and English notes.
POUR QUE MA VIE DEMEURE - 1953 & COMPLEMENTS...
PRESENTATION STOMP 1928 - 1934
GIPSY WITH A SONG 1947
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PisteTitleMain artistAutorDurationRegistered in
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1I's a mugginDjango Reinhardt et le quintette du H.C.FSMITH STUFF00:03:061936
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2I can't give you anything but loveDjango Reinhardt et le quintette du H.C.FMC HUGH J00:03:221936
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3Oriental shuffleDjango Reinhardt et le quintette du H.C.FGRAPELLY STEPHANE00:02:391936
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4After you've goneDjango Reinhardt et le quintette du H.C.FCREAMER HENRY00:03:061936
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5Are you in the mood ?Django Reinhardt et le quintette du H.C.FREINHARDT DJANGO00:02:491936
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6Limehouse bluesDjango Reinhardt et le quintette du H.C.FFURBER D00:02:461936
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7NagasakiDjango Reinhardt et le quintette du H.C.FWARREN HARRY00:02:511936
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8Swing guitarsDjango Reinhardt et le quintette du H.C.FREINHARDT DJANGO00:02:261936
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9Georgia on my mindDjango Reinhardt et le quintette du H.C.FGORRELL S00:03:151936
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10ShineDjango Reinhardt et le quintette du H.C.FMACK C00:02:561936
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11In the still of the nightDjango Reinhardt et le quintette du H.C.FCARMICHAEL H00:03:051936
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12Sweet chorusDjango Reinhardt et le quintette du H.C.FGRAPELLY STEPHANE00:02:451936
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13Mademoiselle AdelineDjango Reinhardt, Jean Tranchant et Stéphane GrappelliTRANCHANT JEAN00:02:131936
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14Le roi MarcDjango Reinhardt, Jean Tranchant et Stéphane GrappelliTRANCHANT JEAN00:02:471936
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15Terrain à vendreDjango Reinhardt, Nane Cholet et Stéphane GrappelliTRANCHANT JEAN00:02:351936
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16Ainsi soit-ilDjango Reinhardt, Nane Cholet et Stéphane GrappelliTRANCHANT JEAN00:02:121936
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17Exactly like youDjango Reinhardt et le quintette du H.C.FMC HUGH J00:02:301937
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18CharlestonDjango Reinhardt et le quintette du H.C.FJOHNSON JP00:02:541937
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19You're driving me crasyDjango Reinhardt et le quintette du H.C.FDONALDSON W00:02:561937
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20TearsDjango Reinhardt et le quintette du H.C.FREINHARDT DJANGO00:02:391937
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21SolitudeDjango Reinhardt et le quintette du H.C.FELLINGTON DUKE00:03:101937
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22Hot lipsDjango Reinhardt et le quintette du H.C.FBUSSE00:03:051937
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23Ain't misbehavin'Django Reinhardt et le quintette du H.C.FBROOKS S00:02:541937
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PisteTitleMain artistAutorDurationRegistered in
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1Rose roomDjango Reinhardt et le quintette du H.C.FHICKMAN A00:02:451937
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2Body and soulDjango Reinhardt et le quintette du H.C.FGREEN00:03:261937
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3When day is doneDjango Reinhardt et le quintette du H.C.FKATSCHER R00:03:121937
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4Runnin' wildDjango Reinhardt et le quintette du H.C.FWOOD00:02:551937
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5ChicagoDjango Reinhardt et le quintette du H.C.FFISHER F00:03:271937
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6Liebestraum n°3Django Reinhardt et le quintette du H.C.FLISTZ F00:03:201937
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7Miss Annabelle LeeDjango Reinhardt et le quintette du H.C.FCLARKE00:02:491937
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8A little love, a little kissDjango Reinhardt et le quintette du H.C.FSILESU L00:03:191937
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9Mystery pacificDjango Reinhardt et le quintette du H.C.FREINHARDT DJANGO00:02:221937
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10In a sentimental moodDjango Reinhardt et le quintette du H.C.FMILLS IRVING00:03:001937
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11The sheik of ArabyDjango Reinhardt et le quintette du H.C.FSMITH00:03:051937
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12I've found a new babyDjango Reinhardt et Stéphane GrappelliWILLIAMS SPENCER00:02:021937
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13Improvisation n°1Django ReinhardtREINHARDT DJANGO00:02:571937
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14ParfumDjango ReinhardtREINHARDT DJANGO00:03:001937
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15Alabamy boundDjango Reinhardt et Stéphane GrappelliJOHNSTON P P00:02:501937
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16Honeysuckle roseDjango Reinhardt et Coleman HawkinsWALLER THOMAS00:02:471937
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17Crazy rhythmDjango Reinhardt et Coleman HawkinsCAESAR IRWING00:03:021937
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18Out of nowhereDjango Reinhardt et Coleman HawkinsHEYMAN EDWARD00:03:181937
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19Sweet Georgia BrownDjango Reinhardt et Coleman HawkinsBERNIE B00:03:011937
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20Pennies from heaven- Exactly like you- In the still of the night- FatDjango Reinhardt et le quintette du H.C.FJOHNSTON A00:08:591937
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21Two improvised guitar chorusesDjango ReinhardtREINHARDT DJANGO00:03:301937
DJANGO REINHARDT Vol 5
INTÉGRALE DJANGO REINHARDT
“MYSTERY PACIFIC” 5
THE COMPLETE DJANGO REINHARDT (1936-1937)
DIRECTION DANIEL NEVERS
Que l’on retienne bien cette date du 4 mai 1936. Elle a quelque chose d’historique. C’est, ni plus ni moins, ce jour-là que Django Reinhardt et son complice Stéphane Grappelli furent enfin enregistrés par le phonographe de manière satisfaisante. C’est ce jour-là qu’entourés des trois autres membres du Quintette du Hot Club de France et du chanteur/danseur afro-américain Freddy Taylor, ils reçurent de la grosse machine-à-graver-les-cires l’hommage dû à leur talent (ou à leur génie). De la grosse machine, mais aussi – surtout – des gens qui savaient la faire fonctionner. Non que leurs prédécesseurs chez Ultraphone (1934-35) et chez Polydor/Decca (1935-36) (voir les volumes 2, 3 et 4 de cette intégrale) eussent été absolument exécrables, mais le plus souvent, ce qui résulte de leurs enregistrements sonne d’une manière plate, assourdie, voire cotonneuse... Il est vrai que, tout talent de l’enregistreur mis à part, il y a aussi le bon-vouloir des appareils. Et ceux dont on disposait alors dans une petite boîte comme Ultraphone ou dans une filiale étrangère comme Polydor-France, ne valaient certainement pas le matériel dernier cri en possession du géant Pathé-Marconi. Jacques Canetti, qui travaillait chez Polydor au moment où le quintette y grava quelques faces (et qui, de son côté, avait permis, le 7 novembre 1934, la réalisation de la seule séance officielle de Louis Armstrong hors des U.S.A.), s’amuse à raconter dans son livre de souvenirs quels rossignols d’avant la guerre de 14 leur avait refilé la maison-mère, l’illustre Deutsche Grammophone Aktien Gesellschaft... Et puis là, d’un seul coup, dès la première mesure, dès la première note même, on se trouve enfin face à la vérité toute crue, toute nue. Le souffle de la puissance et du génie, la violence feutrée de cet ensemble à cordes pincées et grattées, le relief saisissant (surtout pour des enregistrements monophoniques), et aussi l’extrême finesse, la dentelle, qui permet aux instruments de se détacher miraculeusement les uns des autres, au lieu de cette épaisseur qui avait dominé jusque-là... Cette fois, tout y est. Il ne manque plus un bouton de guêtre. Et cependant, en ce capital an 36, centre de toutes les gravités, le quintette n’en continuera pas moins à n’être qu’un groupe occasionnel. Django et Stéphane ont certes déjà eu l’occasion d’enregistrer pour Pathé, Gramophone ou Columbia durant les périodes précédentes. Mais alors, ils se trouvaient fondus dans la masse des orchestres de Guy Paquinet ou de Michel Warlop. Ou bien ils accompagnaient Jean Sablon. Et quelle qu’ait pu être la beauté de l’accompagnement, ce n’était de toute façon qu’un accompagnement. Tandis qu’à présent, on les enregistre pour eux-mêmes. Talonnée par l’Angleterre qui commence à apprécier hautement les disques du quintette et ses prestations sur les antennes de la BBC, la frileuse Compagnie française du Gramophone, enfin libérée de la tutelle du sympathique mais somnolent Piero Coppola, osa se lancer dans l’aventure d’enregistrer enfin du jazz “hot”, à l’instar des vieux camarades de chez Victor, au-delà de l’Atlantique Nord, qui avaient jadis (1917) produit les premiers disques de jazz band. Bref, sentant le filon, EMI pressa, là où le dos perd son nom, sa filiale hexagonale à récupérer Django, Stéphane et les autres. L’idée n’était pas en soi si mauvaise et, à défaut de connaître des records de ventes sur le sol national (car, c’est fort connu, nul n’est prophète...), les galettes, une fois exportées, remportèrent plus qu’un succès d’estime là où on les édita – y compris donc en Amérique (Nord et Sud) et au Japon.
Il ne faudrait évidemment pas oublier de signaler dans ce joli tableau que, du côté des dinosaures, on venait de prendre des tas de mesures bien propres à préparer cette arrivée remarquée sur le marché de la grande distribution. Par exemple, début 35, on a nommé Jean Bérard patron de la nouvelle compagnie, en gestation depuis 32, et qui regroupe désormais le gentil petit toutou écoutant la voix de son maître, la note magique de Columbia et le fier coq gaulois des frères Pathé de naguère. Le coq, d’ailleurs, Bérard eut bien du mal à le garder : d’un côté, les gens de Pathé-cinéma le voulaient en exclusivité et, de l’autre, les bons copains d’outre-Manche de Gramo/HMV haïssaient le sigle de cet ancien concurrent démantelé et souhaitaient qu’il fût réduit en cendres et que l’on répandît du sel sur ses décombres afin qu’il ne risquât point de renaître (un peu comme à Carthage, quoi...). Bérard fit savoir que, sans Pathé et son emblême célèbre dans la monde entier dès avant le siècle, la firme perdait un de ses plus gros atouts. Selon lui, il était bien préférable, afin de ne conserver que trois labels majeurs, de sacrifier Parlophone, marque d’implantation récente en France (1928) au catalogue encore mince... Il est vrai que Bérard venait de chez Columbia, dont il avait assuré la direction depuis 1931, et dont la maison-mère britannique avait racheté fin 28 l’ensemble de la branche phonographique européenne de Pathé. Il eut finalement gain de cause, sans doute grâce à l’appui de Louis Sterling, grand patron d’EMI, ex-président de Columbia Londres, qui avait préconisé ledit rachat. Toujours avec le soutien de Sterling, Bérard fit même bien pis, en exigeant que désormais les enregistrements parisiens de la Gramo fussent, comme ceux destinés aux autres labels de la firme, réalisés par les enregistreurs maison et non plus par ceux, anglais ou américains, dépêchés par Londres. En effet, depuis 1899-1900 que Gramophone existaient en France et y faisait des disques, pas un seul n’avait été gravé par un “expert” français ! Bérard ne pouvait admettre ce régime d’exception, d’autant que les spécialistes envoyés se révélaient de plus en plus médiocres au fil des ans, ainsi qu’en témoignent de nombreuses faces Gramophone de la période 1928-1935 reproduites dans les premiers volumes de cette intégrale. La bataille fut rude contre l’ancêtre Fred Gaisberg, pionnier de l’enregistrement, réalisateur des gravures françaises de 1899 et 1900, et devenu depuis Grand Maître des studios EMI. Bérard finit par passer outre : pendant l’été de 1935, il déplaça peu à peu les enregistrements Gramo soit au studio Columbia de la rue Albert, soit au studio Pathé de l’avenue de la Grande Armée. Tant et si bien qu’à partir de septembre, c’est le très bon Georges Cailly (parfois relayé par Eugène Ravenet) qui s’occupera de tous les enregistrements Gramophone... Parmi les premiers dont il eut à mettre la voix en conserve, Jane Stick, Cora Madou, Eliane Célis, Charles Panzera et les Comedia Harmonists...
Et puis, évidemment, il y eut le Quintette, mais cela, ce fut seulement l’année suivante, alors que l’habitude était déjà prise. De toute façon, Cailly connaissait Django et Stéphane pour les avoir enregistrés en qualité d’accompagnateurs. Cette fois, pour leur première dans la maison avec le statut de vedettes, ce technicien sensible et fin, davantage habitué à enregistrer les grandes voix de l’art lyrique et les formations symphoniques que le jazz, leur fit le magnifique cadeau de la Liberté. Jamais en effet, redisons-le, le guitariste et le violoniste ne s’étaient sentis aussi libres dans un studio, jamais la technique ne s’était mise à ce point à leur service au lieu de brider leur imagination comme cela avait été le cas auparavant. Django et Stéphane peuvent enfin s’envoler de la même manière qu’ils le font sur une scène ou dans un boîte devant un public. Peut-être même davantage, puisque l’on sait que les patrons de boîtes où l’on dîne demandent presque toujours aux musiciens – surtout s’ils sont de jazz ! – de rester très comme il faut... Alors que là, au studio... D’autant que, de son côté, Bérard (qui sait fort bien qu’un musicien – surtout s’il est de jazz ! – n’est vraiment lui-même que si on lui fout la paix) a laissé aux deux complices une très grande liberté dans le choix du répertoire. Les nouveautés et les standards américains laisseront donc une place plus grande qu’à l’ordinaire aux compositions originales (Oriental Shuffle, Are You In The Mood, Swing Guitars, Sweet Chorus). Il permit également l’adjonction dans certaines faces (I’se A Muggin’, I Can’t Give You Anything But Love, After You’ve Gone) du danseur/chanteur afro-américain Freddy Taylor. Django avait déjà fait le coup en 34, lors de la séance d’essai (non transformé) chez Odéon (voir volume 2), en invitant Bert Marshall à chanter le refrain de I Saw Stars, sous prétexte que cela serait “plus commercial”. Mais Freddy Taylor est nettement supérieur, infiniment plus swingant, que Marshall. Il est vrai que l’atmosphère (voir plus haut) est fort différente. Toujours est-il qu’il se révèle particulièrement décontracté et efficace sur les trois titres qu’il interprète, deux “classiques” et I’se A Muggin, divertissement sans danger à pratiquer en famille, portant sur les chiffres et les lettres, imaginé outre-Atlantique par le plus farfelu des violonistes de jazz, Stuff Smith. Ici, Taylor se garde bien d’entrer dans les détails fort complexes du jeu, difficilement compréhensibles par un public non anglophone, et se contente de faire de cette chanson ce qu’elle est, à savoir un “swinger”. Les choses se dérouleront si bien qu’il ne manquera pas de revenir en octobre, lors de la deuxième séance Gramo... Entretemps, en cette année de contestation et de Front popu, il avait lui aussi connu sa petite révolution et s’était proprement fait virer de son poste de chef d’orchestres à la “Villa d’Este” par ses musiciens pour de peu reluisantes histoires d’arnaque aux cachets. Parmi les dits musiciens (qui continuèrent à jouer dans la boîte sans l’ex-patron), ceux que Taylor était lui-même allé chercher à New York au cours de l’été précédent : le trompettiste Bill Coleman, les saxophonistes George Johnson et Edgar Courrance (on peut entendre les deux premiers en compagnie de l’étonnant pianiste Garnet Clark et de Django à la fin du volume 4). Dans les premiers mois de 1935, Django avait fait partie de la formation de Freddy Taylor (voir, à ce propos, une face curieuse et passablement ambigüe dans le CD-1 du volume 3), lequel, probablement sans engagement, disparut de la circulation vers la fin de l’an 36. Les grèves ralentissant l’activité des firmes, le quintette ne revint au studio qu’à l’automne. La saison d’été se déroula dans une ambiance de liberté, même le luxueux établissement de Saint-Jean-de-Luz dans lequel Django avait été invité à se produire ne se trouvait sûrement pas dans les moyens des premiers bénéficiaires des congés payés !.. Django avait fait l’acquisition d’une superbe automobile américaine qu’il conduisait fièrement sans posséder le moindre permis, la moindre assurance. De plus, rappelle le peintre Emile Savitry (cité dans Django, mon frère, de Charles Delaunay – Eric Losfeld édit., 1968), il avait oublié à Paris les cordes de rechange pour sa guitare et son médiator. Pour comble de malchance, son frère Joseph, ordinairement chargé de l’intendance, avait lui aussi oublié d’en prendre. Si bien qu’à la fin de la sison, Django ne jouait plus que sur deux cordes et, en guise de médiator, utilisait la grosse dent d’un peigne !..
Au retour, ayant récupéré son matériel, il retrouva l’équipe et le studio, fin prêt à graver la seconde demi-douzaine de chefs-d’œuvre annuels. Car, bien entendu, les six faces de mai et les six d’octobre forment un tout, même s’il s’en trouve pour estimer que la moitié automnale est encore plus réussie que la moitié printanière. Notamment grâce au pétillant Nagasaki, aux nostalgiques Georgia On My Mind (une belle version qui n’a rien à envier à celle du compositeur, Hoagy Carmichael, qu’accompagnait un Bix Beiderbecke épuisé, parvenu presque au terme de sa brève existence, ni à celle de Louis Armstrong, non plus qu’à celle – encore à venir, en 1936 – de Ray Charles) et In The Still Of The Night, ou encore au doux Sweet Chorus... C’est assurément injuste et c’est faire bien peu de cas du fougueux Limehouse Blues, du très délicat Oriental Shuffle et surtout du si aérien After You’ve Gone avec sa subtile introduction où les deux solistes se plaisent à juste effleurer le thème. Avec Jean Tranchant, les deux solistes ne sont plus solistes et se contentent de souligner, non sans une gourmandise certaine, l’ironie du propos, qu’il s’agisse de la fort légère Mademoiselle Adeline ou du très vénérable Roi Marc, dont le chef tend à s’orner de somptueuses ramures et qui prête davantage à sourire chez le malicieux Jean que dans la sombre saga wagnérienne. Tranchant est parfois moins souriant, surtout s’il écrit pour les femmes, à commencer par la sienne, Nane Cholet. Du style de celle-ci chantant son mari, on a déjà pu se faire une idée en écoutant les quatre titres Ultraphone reproduits au volume 3 (Si J’avais été, Fièvre, Ainsi soit-il et Les quatre Farceurs). La revoici, moins âpre, sur le nostalgique Terrain à vendre. Quant à cette nouvelle mouture d’Ainsi soit-il, il semble bien qu’elle n’ait point bénéficié du concours de Django, uniquement présent sur le premier titre. Ce coup-ci encore, comme chaque fois qu’il y a litige, ce sera à vous d’en juger. Mais réellement, si vous arrivez à percevoir la moindre note de guitare dans cette face, n’hésitez surtout pas à nous en avertir... Dans ce cas, si Django n’est pas là, demanderez-vous, pourquoi inclure ce titre dans une intégrale à lui consacrée ? D’abord, justement, pour en être bien sûr : il se peut que certaines fréquences nous échappent. Ensuite, parce qu’il n’était pas déplaisant, Django ou pas, de réentendre une ultime fois, sur cette sarcastique rengaine bien dans l’esprit du temps, une chanteuse rare qui, si elle ne fut pas toujours d’une justesse irréprochable, avait des tas de choses à raconter. Et puisque l’on en est au chapitre de la rareté, signalons qu’entre le début 1937 et la fin de 1940 (date de sa suppression), ce disque – le dernier, à notre connaissance, qu’enregistre Nane Cholet – ne vendit que cent-cinq (105) exemplaires et qu’on dut en casser près de trois-cents... Peu après cette séance, repris par l’appel de la route, Django s’en alla dans sa “verdine” sans avoir au préalable prévenu ses partenaires. Voilà pourquoi le quintette dut se produire sans lui à Zürich fin novembre !.. Un écho paru dans la revue “Jazz Hot” signale sa présence sur la Route Nationale Sept, à la borne kilométrique quatre cent quatre-vingt-neuf, près de Lyon. On est sûr toutefois qu’il revint à Paris avant l’an neuf, puisque le quintette fut engagé (avec lui !) pour la saison d’hiver au “Don Juan” et qu’un drame familiale se produisit au domicile même de Django au cours du réveillon de la Saint-Sylvestre. On raconte que sous l’effet de bouteilles de bon vin, le petit frère Joseph – “Ninnin” – se rebiffa. Remarquable guitariste lui aussi, mais trop souvent tenu pour quantité négligeable par son aïné, il déclara soudain qu’il avait droit à quelques solos. Le ton monta entre les deux frères qui finirent par en venir aux mains ! Pris dans la tourmente, les autres membres de l’orchestre se retrouvèrent dans la bagarre et tout le monde termina la nuit au commissariat du coin !.. Et voilà pourquoi, dans les séances du printemps 37, Joseph fut remplacé par Marcel Bianchi...
Très friande des enregistrements du quintette, la clientèle anglaise, bien davantage que la française, s’est ruée dès leur parution sur les gravures de 1936. Devant ces résultats plus qu’encourageants, His Master’s Voice s’est décidée au cours des premiers mois de l’année suivante à passer à sa filiale française une volumineuse commande d’une vingtaine de titres qui seront enregistrés entre le 21 et le 27 avril 37, cette fois dans les studios Pathé. A l’époque, seuls You’re Driving Me Crazy (OLA 1704) et Mystery Pacific (OLA 1717) furent également édités en France sous étiquette Gramophone. Mais il est vrai que tous les autres furent assez facilement disponibles ici via les importations. Dans le lot également, Charles Delaunay qui supervisait les séances avec le concours d’Hugues Panassié décida d’en garder deux, afin de donner le départ à la petite firme “Swing” qu’il venait de fonder. On choisit Charleston (OLA 1703) et Chicago (OLA 1713) parce que c’était là des noms de villes américaines associées à des danses ayant connu quelque vogue (le charleston étant, en tout état de cause, plus récent et plus célèbre que la chicago). Ces deux titres furent couplés sur le disque “Swing” numéro 2, commercialisé en mai 37. Car Delaunay, déjà membre important du Hot Club de France, imprésario bénévole (avec Pierre Nourry) du quintette, fondateur en mars 35 de la revue “Jazz Hot” (dont Panassié fut alors nommé directeur), Delaunay avait décidé de franchir le pas et de produire les disques de jazz que les grandes compagnies n’acceptaient qu’au compte-goutte. Ses déboires avec Odéon, Ultraphone, Polydor/Decca, l’avaient renforcé dans sa détermination, que partageait pleinement Panassié. Des approches avaient été tentées auprès d’Ultraphone puis de Polydor qui, bien qu’intéressés, avaient fini par décliner l’offre. Ce fut finalement Jean Bérard (encore lui !), peu amateur de jazz lui-même mais tout à fait conscient de l’importance grandissante de la nouvelle musique, qui accepta d’ouvrir ses studios. Delaunay conservait le contrôle de sa marque et de son logo qu’il avait lui-même dessiné (le mot “Swing” avec un grand “S” et un petit disque lové dans la boucle supérieure du “S” en question). Il avait un droit de regard complet avec Panassié sur le choix des musiciens et du répertoire et, bien entendu, c’est lui aussi qui payait les participants. De son côté, la maison fournissait le matériel d’enregistrement, les techniciens, la fabrication, le stock, les représentants... La jeune marque fut prise à l’essai pendant l’année 37 puis, devant les résultats plutôt prometteurs, adoptée à partir de janvier 1938 (date à laquelle on créa même spécialement pour elle un nouveau préfixe de numéros de matrices : “OSW”). Si le Swing 2 reçut en héritage Charleston et Chicago par le quintette, qu’avait-on prévu pour le numéro 1 ? La marque s’était donnée pour mission d’enregistrer le jazz dans toutes ses manifestations et sous toutes ses formes. Vaste et ambitieux programme, qui ne sera pas toujours intégralement respecté (guerre puis Occupation aidant). Programme difficile à tenir aussi, pour une petite firme française – c’est-à-dire assez éloignée, le plus souvent, du champ principal des opérations, à savoir les Etats-Unis d’Amérique. Delaunay et Panassié y avaient pensé, qui projetèrent rapidement d’aller enregistrer sur place pour leur firme. Là encore, les événements mirent un frein à leurs plans. Il n’empêche : “Swing” fut bel et bien la première marque de disques au monde à tenter une telle aventure. De l’autre côté de l’Atlantique, il fallut encore attendre quelque temps avant de trouver des équivalents, appelés Commodore, Savoy, Blue Note (cette dernière marque ayant du reste été fondée en 1939 par des Allemands anti-fascistes émigrés). Il n’est pas mauvais de le rappeler de temps en temps...
Pour en revenir au Swing numéro 1, il se trouve qu’à ce moment-là, deux vieux complices de Harlem, Coleman Hawkins et Benny Carter, l’un et l’autre saxophonistes, résidaient à Paris. Hawkins, l’“inventeur du saxophone” (tout au moins dans le jazz) à en croire les historiens, avait même donné un nouveau concert à Pleyel le 23 avril avec une “grande compagnie”. L’occasion était trop belle. Delaunay et Panassié qui connaissaient fort bien les deux Américains les convainquirent de venir essuyer les plâtres. Et ils vinrent, accompagnés par le batteur Tommy Benford, de mêmes nationalité et couleur. Pour le reste, on fit appel aux jazzmen du coin : le tromboniste/bassiste Eugène d’Hellemmes, le pianiste (parfois violoniste aussi) Stéphane Grappelli et un guitariste manouche du nom de Django Reinhardt... On allait presque oublier dans la liste deux des meilleurs saxophonistes français de l’heure, André Ekyan (alto) et Alix Combelle (ténor). Ce serait dommage, car Delaunay et Panassié (peu importe aujourd’hui qui a eu l’idée le premier !) avaient imaginé de beaux desseins pour ce quatuor de saxes. Ayant remarqué que Benny Carter avait, dans ses disques américains, une sorte de prédilections pour ce genre de quatuor, ils conçurent l’idée audacieuse de lui commander des arrangements pour ce genre de formation, à l’exclusion des trompettes et trombones (tandis que, dans les disques sumentionnés, ceux-ci se trouvent en nombre). Malheureusement, Carter se pointa au studio avec un seul arrangement sur Honeysuckle Rose, alors que l’on avait prévu de graver quatre faces ! Hawkins et Carter du côté américain, Combelle et Ekyan du côté français, cela aurait dû coller. Mais... à tout le moins, on s’attaqua à Honeysuckle Rose, qui demeure, soixante ans après, le plus élégant des disques de jazz enregistrés en Europe entre les deux guerres. Pourtant, Panassié, dans son ouvrage Douze Années de Jazz (Corrêa édit., 1946), laisse entendre que la préparation prit trop de temps, qu’il fallut faire plusieurs “cires d’essai” afin de bien placer les musiciens (la “balance”, cela existait déjà !) et qu’en définitive, vaguement exaspéré, Hawkins fut moins bon lors de l’un des plus beaux disques de Hawkins (Body And Soul attendra encore plus de deux ans avant d’être ensillonné), fort, concis, d’une simplicité ardue, de celles qui vous attendent au coin d’un bois pour vous faire comprendre que vous ne trouverez pas mieux... On n’a d’ailleurs pas trouvé mieux que Hawkins. On a seulement trouvé différent. Pour les trois autres morceaux, les choses se compliquèrent. On finit par tomber d’accord sur Crazy Rhythm, encore interprété par le quatuor, mais seulement dans une suite de solos. Avec d’abord Ekyan et Combelle, puis Carter et Hawkins. L’ambiance étant bonne, ce fut une face ad-lib très réussie. Ainsi naquit le disque “Swing” numéro 1 ! Qui fut édité un peu partout, qui fut sans cesse repressé (sauf entre 1942 et 1944), qui n’arrêta pas d’être réédité sous toutes les formes possibles (78, 45, 33 tours, CDs...) et qui doit toujours figurer au catalogue de la firme... Quant aux deux suivants... Ils sont plutôt bons, que l’on ne s’y trompe pas. Seulement, Carter préféra troquer son saxophone contre sa trompette et Combelle insista pour se jeter sur sa clarinette, précisant qu’il était venu là pour jouer de la musique et non disputer un combat de boxe ! Le troisième morceau, Out Of Nowhere, fut surtout dévolu au ténor d’Hawkins, majestueux comme il se doit. Encore un de ses très grands disques, à condition d’apprécier le style qu’il pratiquait alors. Sweet Georgia Brown a des allures folles de jam-session entre copains, avec tout ce qu’il faut d’approximation et d’enthousiasme. Bilan “globalement positif” (comme on disait jadis) : ce fut une bonne séance... Pourtant, Out Of Nowhere et Sweet Georgia Brown, refusés par Swing, ne furent publiés que bien plus tard, sous étiquette Gramo... Après la guerre, on les édita dans plusieurs autres pays.
Lors de ces séances d’avril 37, Swing essaya aussi quelques combinaisons entre Stéphane et Django (en tout bien tout honneur, il va sans dire). Ainsi enregistra-t-on sous le nom du violoniste, le 27, une première mouture de I Found A New Baby (OLA 1738-1), probablement jugée trop rapide et approximative par les exécutants. On en gravera une version définitive quelques mois plus tard (à paraître dans le volume 6). En l’attendant, prière de jeter un coup d’oreille sur le test retrouvé et ici reproduit de l’initiale : la preuve qu’ils avaient raison, ces musiciens... Le même jour, Stéphane et Django firent aussi en duo Alabamy Bound, qui eut plus de chance et fut retenu d’emblée pour le disque Swing numéro 21... Ce même jour (27 avril 1937), eut également lieu une grande première : Django en solo absolu. Pour un guitariste, c’était presque comme pour un pianiste. En tous cas, moins effrayant que pour un trompettiste ou un saxophoniste (songez à Hawkins, tout seul, une dizaine d’années plus tard, sur Picasso...). Néanmoins Django n’était pas très chaud. La maison anglaise avait demandé deux soli et il n’avait jamais fait de disques de ce genre. Hugues et Charles finirent par le convaincre de se laisser porter par son imagination et d’improviser. Ce qu’il fit en un développement d’une rigueur extrême, après avoir simplement demandé qu’on le prévînt par signe quand approcherait la fatidique limite des trois minutes auxquelles se réduisait alors l’enregistrement d’un 78 tours. Panassié commente : “c’est ainsi que fut enregistré cet admirable solo, qui s’évade du cadre de la musique de jazz pour rejoindre parfois une musique à l’esprit gitan, andalou : Django s’abandonnant complètement à l’inspiration du moment, se lança dans une suite de phrases, d’harmonies plus belles les unes que les autres.”... Il fut décidé que le meilleur titre ne pouvait être qu’Improvisation. Comme il y en eut plusieurs autres par la suite, on lui attribua le numéro 1. “Restait la seconde face, ajoute Panassié, cette fois il s’aida d’un thème charmant de sa composition, Parfum, et l’exécuta en tempo de jazz, mais de façon si légère, si insensible qu’on le remarque à peine. Comme pour Improvisation on ne fit même pas de cire d’essai, l’interprétation fut enregistrée d’un seul coup. Aucun admirateur de Django ne saurait se passer de ce disque, certainement un de ses plus beaux. On a du mal à croire que ces interprétations aient pu être improvisées, tellement elles sont cohérentes, homogènes, tellement il y a de continuité dans le développement mélodique et harmonique.”... Plus récemment Patrick Williams, dans son Django Reinhardt (Editions du limon, 1991) parle, à l’endroit de ces gravures, de “méditations manouches” et précise : “si la musique de Django Reinhardt n’est pas issue d’une tradition tsigane, cela ne signifie pas qu’on n’y trouve aucune empreinte d’une sensibilité tsigane.”... C’est en effet le moins que l’on puisse dire.
Quant aux dix-huit titres par le quintette, le même Patrick Williams, les associant aux faces de 1936, les décrit comme les “sessions du triomphe”, et la formule n’est nullement exagérée. La série entière paie naturellement son tribut au swing flamboyant et, peut-être à cause de la commande anglaise, les standards (You’re Driving Me Crazy, Hot Lips, Ain’t Misbehavin’, Body And Soul, Rose Room, Runnin’ Wild, Miss Annabelle Lee, The Sheik Of Araby...) dominent nettement, alors que les compositions originales ne sont que deux : le très émouvant Tears et le tonitruant Mystery Pacific. “Au cours de ces séances du quintette, précise Panassié, certains morceaux furent enregistrés en moins d’un quart d’heure, d’autres demandèrent bien plus d’une demi-heure. Parmi ces derniers, Mystery Pacific donna particulièrement du fil à retordre au Quintette. C’est une de ces classiques imitations de chemin de fer : le train démarre, roule à toute vitesse, à la fin il y a même un accident... Il fallut recommencer ce morceau je ne sais combien de fois; du moins la cire définitive fut-elle excellente.”... Classique, cette imitation de chemin de fer ? Probablement, mais elle n’en trouve pas moins parfaitement sa place d’emblée entre le Pacific 231 d’Arthur Honegger qui avait fort impressionné Django et le superbe Daybreak Express d’Ellington qui avait fort impressionné Django et le superbe Daybreak Express d’Ellington qui n’avait pas manqué de l’enthousiasmer. Et, à propos d’Ellington, ces séances du printemps 37 sont les premières au cours desquelles le quintette se décide à inclure dans la liste des faces à enregistrer deux compositions duDuke, Solitude et In A Sentimental Mood. Choix symbolique sans aucun doute et qui n’aurait pu être accompli plus tôt, car il montre à quel point désormais l’univers du jazz proprement dit et la manière de l’interpréter du quintette ne font plus qu’un. Au chapitre des curiosités, on notera évidemment la présence de cette adaptation swing (en demies teintes) du célébrissime Rêve d’Amour (Liebestraum) de Franz Liszt, première incursion dans un domaine encore différent exerçant une véritable fascination sur les deux solistes du groupe. Par ailleurs, le choix de thèmes curieux et assez peu connus comme When Day Is Done ou le A Little Love, A Little Kiss de Lao Silésu, laisse probablement à Django et à Stéphane davantage de liberté dans leur traitement (avec réminiscences fortement tsiganes chez le guitariste) que les grands “tubes” du moment. Restons du côté des curiosités avec ce qui vient clore le second CD, à savoir la plus ancienne des radios du Quintette. La plus ancienne connue, répertoriée, dont on possède quelques échos, s’entend. Car, bien entendu, il est certain que ni Django ni Stéphane n’attendirent cette fin du mois d’avril 1937 pour faire leurs débuts sur les ondes. Encore une commande britannique, puisqu’elle fut diffusée depuis Paris sur les antennes de la BBC. La date indiquée est celle de cette diffusion, mais on peut se demander si les musiciens se trouvaient en direct dans le studio ou si, au contraire, ils avaient été préalablement enregistrés. Les fragments qui nous sont parvenus proviennent d’acétates enregistrés au vol sur son poste de T.S.F. par un auditeur d’outre-Manche qui, manifestement, dut les écouter souvent, à en juger par l’état assez effrayant dans lequel ils se trouvent. Outre les standards déjà enregistrés pour le disque (Exactly Like You, In The Still Of The Night), on notera l’arrivée d’un nouveau thème alors intitulé Fat (si l’on en croit le présentateur) et qui deviendra quelques mois plus tard, après un certain nombre de transformations, Minor Swing... On notera également que Django s’est piqué au jeu du solo complet et ne rechigne nullement quand il s’agit de donner deux nouveaux chorus de guitare aux auditeurs (alors que, bien sûr, le disque gravé le 27 avril n’est pas encore sorti). On sait par les annonces du “spiqueur” que Lady Be Good, Bricktop et Sweet Chorus furent également interprétés lors de cette émission, mais on n’en a trouvé aucune trace. Quant à St Louis Blues, on n’en possède que les premières mesures jouées en soliste par Grappelli... Il faudrait dire un mot du traitemehnt de choc qui fut appliqué à ce document dont il n’était pas question de priver les amateurs. Bien sûr, la magie de François Terrazzoni est demeurée impuissante devant les trous de la laque, les sauts de pick-up, les sillons fermés et il ne lui a pas non plus été possible de restituer les passages et les morceaux manquants, probablement perdus à jamais. En revanche, sur ce qui existait encore, il s’est livré à de périlleuses opérations par le truchement de mystérieuses machines renfermant de barbares “disques durs”. Lesquels ont permis de sauver les disques mous, en supprimant une bonne part de l’épouvantable grattement et en redonnant des couleurs à la musique qui se trouvait soigneusement dissimulée derrière celui-ci... Que François Terrazzoni et ses disques durs en soient ici remerciés.
Daniel NEVERS
© FRÉMEAUX & ASSOCIÉS SA 1997
INTEGRALE DJANGO REINHARDT / THE COMPLETE DJANGO REINHARDT
VOLUME 5 (1936-1937) “MYSTERY PACIFIC”
DISCOGRAPHIE / DISCOGRAPHY
Tous titres enregistrés à PARIS / All titles recorded in PARIS
DISQUE / DISC 1
1 - I’SE A?MUGGIN’ (Stuff Smith) (Gramophone K-7704) OLA 1057-1 3’03
2 - I CAN’T GIVE YOU ANYTHING BUT LOVE (J. McHugh-D. Fields) (Gramophone K-7706) OLA 1058-1 3’19
3 - ORIENTAL SHUFFLE (D. Reinhardt-S. Grappelli) (Gramophone K-7704) OLA 1059-1 2’37
4 - AFTER YOU’VE GONE (H. Creamer-T. Layton) (Gramophone K-7707) OLA 1060-1 2’46
5 - ARE YOU IN THE MOOD? (D. Reinhardt-S. Grappelli) (Gramophone K-7707) OLA 1061-1 2’46
6 - LIMEHOUSE BLUES (Furber-Braham) (Gramophone K-7706) OLA 1062-1 2’43
7 - NAGASAKI (H. Warren-M. Dixon) (Gramophone K-7843) OLA 1290-1 2’48
8 - SWING GUITARS (D. Reinhardt-S. Grappelli) (Gramophone K-7898) OLA 1291-1 2’23
9 - GEORGIA ON MY MIND (Carmichael-Gorrell- (Gramophone K-7790) OLA 1292-1 3’13
10 - SHINE (F. Dabney-Mack-Brown) (Gramophone K-7790) OLA 1293-1 2’54
11 - IN THE STILL OF THE NIGHT (H. Carmichael-J. Trent) (Gramophone K-7898) OLA 1294-1 3’03
12 - SWEET CHORUS (D. Reinhardt-S. Grappelli) (Gramophone K-7843) OLA 1295-1 2’42
13 - MADEMOISELLE ADELINE (J. Tranchant) (Pathé PA-1042) CPT 2931-1 2’11
14 - LE ROI MARC (J. Tranchant) (Pathé PA-1042) CPT 2932-1 2’45
15 - TERRAIN A VENDRE (J. Tranchant) (Pathé PA-1059) CPT 2969-1 2’30
16 - AINSI SOIT-IL (J. Tranchant) (Pathé PA-1059) CPT 2970-1 2’08
17 - EXACTLY LIKE YOU (J. McHugh-D. Fileds) (His Master’s Voice B-8629) OLA 1702-1 2’27
18 - CHARLESTON (J.P. Johnson-C. Mack) (Swing SW2) OLA 1703-1 2’50
19 - YOU’RE DRIVING ME CRAZY (W. Donaldson) (Gramophone K-8396) OLA 1704-1 2’52
20 - TEARS (D. Reinhardt-S. Grappelli) (His Master’s Voice B-8718) OLA 1705-1 2’35
21 - SOLITUDE (D. Ellington-E. De Lange-I. Mills) (His Master’s Voice B-8669) OLA 1706-1 3’06
22 - HOT LIPS (Busse-Lange-Davis) (His Master’s Voice B-8690) OLA 1707-1 3’02
23 - AIN’T MISBEHAVIN’ (T. Waller-A. Razaf-S. Brooks) (His Master’s Voice B-8690) OLA 1708-1 2’51
FORMATIONS & DATES D’ENREGISTREMENT / PERSONNEL & RECORDING DATES
1 à/to 6 - QUINTETTE DU HOT CLUB DE FRANCE Stéphane GRAPPELLI (vln); Django REINHARDT (guit. solo); Joseph REINHARDT, Pierre “Baro” FERRET (g); Lucien SIMOENS (B); Freddy TAYLOR (vo). 04/05/1936 (Studio Albert - 61, rue Albert, XIIIe arr. - Enregistreur/recorder : Georges CAILLY).
7 à/to 12 - Comme pour 1 à 6 / Same as for 1 to 6. Louis VOLA (b) remplace/replaces SIMOENS. 15/10/1936 (Studio Albert - Enr./Rec. : Georges CAILLY).
13 & 14 - Jean TRANCHANT (& celesta) Jean TRANCHANT (vo, piano), acc. par/by Stéphane GRAPPELLI (vln) & Django REINHARDT (g). 22/10/1936 (Studio Pathé, 79, av. de la Grande Armée, XVIIe arr. - Enr./Rec. : Eugène RAVENET).
15 & 16 - NANE CHOLET, acc. par Stéphane GRAPPELLI et son Ensemble “Hot and Sweet Nane CHOLET (vo), acc. par/by Stéphane GRAPPELLI (VLN); Emil STERN (p); Django & Joseph REINHARDT (g sur/on 15); Jean TRANCHANT (celesta sur/on 16). 12/11/1936 (Studio Pathé - Enr./Rec. : Eugène RAVENET).
17 à/to 21 - QUINTETTE DU HOT CLUB DE FRANCE (Gramophone & Swing) / QUINTETTE OF THE HOT CLUB OF FRANCE (His Master’s Voice) Stéphane GRAPPELLI (vln); Django REINHARDT (guit. solo); Pierre “Baro” FERRET, Marcel BIANCHI (g); Louis VOLA (b). 21/04/1937 (Studio Pathé - Enr./Rec. : Eugène RAVENET).
22 & 23 - Comme pour 17 à 21 / Same as for 17 to 21. 22/04/1937 (Studio Pathé - Enr./Rec. : Eugène RAVENET).
DISQUE / DISC 2
1 - ROSE ROOM (A. Hickman-Williams) (His Master’s Voice B-8718)) OLA 1709-1 2’42
2 - BODY AND SOUL (Green-Hayman-Sour-Eyton) (His Master’s Voice B-8598) OLA 1710-1 3’24
3 - WHEN DAY IS DONE (Katscher-De Sylva) (His Master’s Voice B-8669) OLA 1711-1 3’10
4 - RUNNIN’WILD (Wood-Gibbs-Grey) (His Master’s Voice B-8614) OLA 1712-1 2’52
5 - CHICAGO (F. Fisher) (Swing SW2) OLA 1713-1 3’24
6 - LIEBESTRAUM N° 3 (F. LISZT) (His Master’s Voice B-8737) OLA 1714-1 3’17
7 - MISS ANNEBELLE LEE (Clarke-Richmond-Pollack) (His Master’s Voice B-8614) OLA 1715-1 2’46
8 - A LITTLE LOVE, A LITTLE KISS (L. Silésu) (His Master’s Voice B-8598) OLA 1716-1 3’16
9 - MYSTERY PACIFIC (Reinhardt-Grappelli) (Gramophone K-8396) OLA 1717-1 2’19
10 - IN A SENTIMENTAL MOOD (Mills-Ellington-Kurtz) (His Master’s Voice B-8629) OLA 1718-1 2’57
11 - THE SHEIK OF ARABY (Smith-Wheeler-Snyder) (His Master’s Voice B-8737) OLA 1719-1 3’02
12 - I’VE FOUND A NEW BABY (S. Williams-J. Palmer) (Swing test) OLA 1738-1 2’00
13 - IMPROVISATION N° 1 (D.?Reinhardt) (His Master’s Voice B-8587) OLA 1739-1 2’55
14 - PARFUM (D. Reinhardt) (His Master’s Voice B-8587) OLA 1740-1 2’57
15 - ALABAMY BOUND (Hohnston-Green-De Sylva) (Swing SW21) OLA 1741-1 2’49
16 - HONEYSUCKLE ROSE (T. Waller-A. Razaf) (Swing SW1) OLA 1742-1 2’44
17 - CRAZY RHYTHM (Kahn-Caesar-Meyer) (Swing SW1) OLA 1743-1 2’59
18 - OUT OF NOWHERE (Hayman-Green- (Gramophone K-8511) OLA 1744-1 3’15
19 - SWEET GEORGIA BROWN (Bernie-Pinkard-Casey) (Gramophone K-8511) OLA 1745-1 2’59
20 - BBC JAZZ SHOW with the QUINTETTE OF THE HOT CLUB DE FRANCE (acetates) air shots 8’58
a) Pennies From Heaven (A. Johnston-S. Burke) -
b) Exactly Like You (J. McHugh-D. Fields) -
c) In the Still Of The Night (H. Carmichael-J. Trent) -
d) Fat (D. Reinhardt-S. Grappelli)
21 - BBC JAZZ SHOW with DJANGO REINHARDT (acetates) air shots 3’28 Two improvised guitar choruses (D. Reinhardt
FORMATIONS & DATES D’ENREGISTREMENT / PERSONNEL & RECORDING DATES
1 à/to 3 - QUINTETTE OF THE HOT CLUB DE FRANCE Stéphane GRAPPELLI (vln); Django Reinhardt (guit. solo); Pierre “Baro” FERRET, Marcel BIANCHI (g); Louis VOLA (b). 22/04/1937 (Studio Path - Enr./Rec. : Eugène RAVENET).
4 à/to 10 - QUINTETTE DU HOT CLUB DE FRANCE (Swing & Gramophone) / QUINTETTE OF THE HOT CLUB OF FRANCE (His Master’s Voice) Formation comme pour 1 à 3 / Personnel as for 1 to 3. 26/04/1937 (Studio Pathé - Enr./Rec. : Eugène RAVENET).
11 - QUINTETTE OF THE HOT CLUB OF FRANCE Formation comme pour 1 à 3 / Personnel as for 1 to 3. 26/04/1937 (Studio Pathé - Enr./Rec. : Eugène RAVENET).
12 & 15 - STEPHANE GRAPPELLI Stéphane GRAPPELLI (vln solos), acc. par/by Django REINHARDT (g). 27/04/1937 (Studio Pathé - Enr./Rec. : Eugène RAVENET).
13 & 14 - DJANGO REINHARDT - Solos de guitare / Guitar solos. 27/04/1937 (Studio Pathé - Enr./Rec. : Eugène RAVENET).
16 & 17 - COLEMAN HAWKINS & His all star “Jam” band Benny CARTER (as, arr); André EKYAN (as); Coleman HAWKINS, Alix COMBELLE (ts); Stéphane GRAPPELLI (p); Django REINHARDT (g); Eugène D’HELLEMMES (b); Tommy BENFORD (dm). 28/04/1937 (Studio Pathé - Enr./Rec. : Eugène RAVENET).
18 & 19 - COLEMAN HAWKINS & His all star “Jam” band Benny CARTER (tp); Alix COMBELLE (cl); André EKYAN (as); Coleman HAWKINS (ts); Stéphane GRAPPELLI (p); Django REINHARDT (g); Eugène D’HELLEMMES (b); Tommy BENFORD (dm). 28/04/1937 (Studio Pathé - Enr./Rec. : Eugène RAVENET).
20 - BBC JAZZ SHOW PROGRAM with THE QUINTETTE DU HOT CLUB DE FRANCE (radio) Stéphane GRAPPELLI (vln); Django REINHARDT (guit. solo); Joseph REINHARDT, Pierre “Baro” FERRET (g); Louis VOLA (B). Emission radiophonique diffusée le 29/05/1937 / Radio Broadcast (BBC) of 29/05/1937.
21 - BBC JAZZ SHOW PROGRAM with DJANGO REINHARDT Django REINHARDT, guitar solo / Solo de guitare. Emission du 29/05/1937 / BBC Broadcast of 29/05/1937.
REMERCIEMENTS : Comme il se doit, celles et ceux dont les noms suivent sont pour beaucoup dans la gestation du présent recueil : Alain antonietto, Jean-Christophe AVERTY, Olivier BRARD, Dominique CRAVIC, Christian DANGLETERRE, Ivan DÉPUTIER, Yvonne DERUDDER, Iwan FRÉSART, Freddy HAEDERLI, Marcelle HERVÉ, Gérard ROIG, Anne SÉCHERET... Sans oublier les regrettés Charles DELAUNAY, Gérard GAZÈRES et Didier ROUSSIN.
CD INTÉGRALE DJANGO REINHARDT “MYSTERY PACIFIC” 5 THE COMPLETE DJANGO REINHARDT (1936-1937) © Frémeaux & Associés (frémeaux, frémaux, frémau, frémaud, frémault, frémo, frémont, fermeaux, fremeaux, fremaux, fremau, fremaud, fremault, fremo, fremont, CD audio, 78 tours, disques anciens, CD à acheter, écouter des vieux enregistrements, albums, rééditions, anthologies ou intégrales sont disponibles sous forme de CD et par téléchargement.)