MARCEL ZANINI - PEU DE CHOSES

ÉYÉ TÉ DI PA TOU
(entretien avec Marc-Edouard Nabe)
Marc-Edouard Nabe : Alors, de quoi s’agit-il ?
Marcel Zanini : De mon nouveau disque... Mon dernier...
M.-E.N : Tu n’as pas envie d’en faire un autre ?
M.Z. : Si ! Le prochain sera pour mes cent ans... La vie commence à cent ans. Tu verras.
M.-E.N : Trève de non-plaisanterie, tu n’avais pas enregistré depuis 86... Pourquoi avoir attendu si longtemps ?
M.Z. : Personne ne se décidait à me demander : “Auriez-vous l’amabilité de faire un disque pour moi ?”, alors j’ai devancé l’offre.
M.-E.N : Une façon aussi de fixer tes dernières compositions ?
M.Z. : Les graver dans le marbre... Oui, je les joue en concert depuis une bonne dizaine d’années. Je ne jouais que pour toi, Jay and Jay, White angel in the sky et les Spaghettis...
M.-E.N : Parlons-en des Spaghettis ! ça ne tient pas debout... Tu as déjà vu quelqu’un prendre une salade après des spaghetti, toi ? Au studio d’enregistrement, les musiciens et les chœurs faisaient la gueule de jouer cette connerie, surtout moi. Malgré la désabrobation générale, tu nous as bien eus...
M.Z. : Oui, tout le monde était contre. Sournoisement, j’ai glissé la partition !
M.-E.N : A notre grande surprise, c’est l’un des meilleurs titres de l’album ! Un tube ! J’en suis vert !
M.Z. : C’est une structure typiquement italienne. Sept mesures au lieu de huit... Et pourtant, c’est logique.
M.-E.N : C’est ta logique. Tu ne trouves pas tes compositions bizarres ?
M.Z. : Non. A part Peu de choses, je ne compose pas traditionnellement des tente-deux mesures avec un pont.
M.-E.N : Et encore ! Dans Peu de choses, il n’y a pas de pont... A propos, c’est quoi ce train des artistes et cette lumière verte ?
M.Z. : Les artistes ont doirt à certains égards et à un train spécial. La lumière verte au bout du tunnel, c’est un espoir, une lueur d’espoir...
M.-E.N : Quelles allusions sexuelles énormes !... Le goût du miel, la voie est ouverte...
M.Z. : Qu’est-ce que tu vas chercher ? Tu vois du porno partout !
M.-E.N : C’est toi qui semble inconscient de ce qu’il y a dans tes chansons depuis Tu veux, tu veux pas, et même avant... Dans Vous, lui et moi, tu te souviens ? C’est carrément ton petit doigt (mon œil !) qui s’interpose entre ta “baby” et toi... ça ne m’échappait pas, enfant !
M.Z. : Peu de choses t’ont échappé enfant...
M.-E.N : Pas même Looking Glass...
M.Z. : En effet. C’est mon fils, un certain Alain Zannini, qui a découvert ce morceau dans un disque d’Ellington. ça l’avait frappé. ça m’a beaucoup plu aussi, je l’ai relevé et on l’a toujours joué. Duke ne l’a enregistré qu’une seule fois. Enfin je crois.
M.-E.N : Tu as fait pas mal de thèmes, Ludwig van Zanini... Une cinquantaine au moins.
M.Z. : Oh, c’est peu de choses...
M.-E.N : Paroles et musiques. Excepté Sometimes I’m happy, standard immortalisé par Lester Young, et que tu as adapté en français. Tu as même mis des mots sur la coda ! “Parfois je t’adore, parfois je t’abbhorre. Mais quand je t’abbhorre, c’est que je t’adore.”
M.Z. : On dirait du Nabe !
M.-E.N : N’exagérons rien.
M.Z. : Et aussi Le rendez-vous du lundi, adapté également d’un standard, et où la rythmique fait des étincelles. “Fais-toi belle, mon petit chou”. Bien sûr, ce n’est pas du Mallarmé...
M.-E.N : Surtout que Mallarmé, c’était le mardi.
M.Z. : Ah ?
M.-E.N : Tu n’aurais peut-être pas été reçu chez lui avec tes Spaghettis, mais avec Etrange Galata, tu cassais la baraque rue de Rome ! J’adore tes onomatopées... “Couli pomidor... É yé té di pas tou...”
M.Z. : Ce sont des paroles qui n’en sont pas. ça ressemble à une langue étrangère. Une sorte de turc de rêve. Avec un peu d’italien remonté de mes origines peut-être... Je n’en suis même pas sûr. Au lieu du “choubidou”, je mets des mots mélangés. On peut raconter l’histoire qu’on veut avec ça.
M.-E.N : Moi je vois une petite fille à bord d’un bateau sur le Bosphore, avec son nounours à qui il manque un œil...
M.Z. : ça te regarde. Moi, je suis plutôt content du solo de saxo... Comme celui sur La tasse de thé où il est question d’un type qui rentre chez lui après avoir pris le thé chez une autre...
M.-E.N : Encore une histoire d’aldutère, de tromperie, de bien-être avec une maîtresse ! Où vas-tu chercher tout ça ? Ta vie est si exemplaire...
M.Z. : Je te signale que pour une fois, les paroles ne sont pas de moi...
M.-E.N : Et Histoire de mai ?
M.Z. : Histoire de mes... je n’ai jamais su si je voulais en faire une valse ou une bossa nova...
M.-E.N : Finalement, on est passé de l’une à l’autre. C’est une des plus belles musiques que tu aies faite.
M.Z. : Et les paroles ? “Tout doucement, tu t’endormais dans le creux de mes bras”...
M.-E.N : Tu as une méthode pour l’écriture ?
M.Z. : Aucune méthode, en rien ! C’est ma devise... D’abord la musique, puis les paroles, ou alors le contraire.
M.-E.N : ça te vient comment ?
M.Z. : J’en sais rien. Je ne suis pas un faiseur de chansons. Il y a des types qui se mettent à un bureau et qui trouvent des vers. Ce sont des poètes, ça leur coule facilement. Moi je me creuse. A la pioche. Je cherche les pieds.
M.-E.N : Quels pieds ?
M.Z. : Même si ça ne rime à rien, ça doit bien rimer. Je prends soin de mes pieds à cor ou à cri. Il faut que ça tombe juste. Et ça demande un certain travail.
M.-E.N : Arrête, je vais te plaindre !... Il y a aussi ce blues “honky-tonkien” : On a volé ma mie... Certains vont croire que tu pleures le rapt de ta grand-mère...
M.Z. : Oui ! J’ai déjà entendu ça !... Ou alors que j’ai laissé ma mamy sur le bord de la route!... “Ma mie”, c’est “ma petite amie”, évidemment.
M.-E.N : Dans Balladez-moi, à qui demandes-tu d’être “bien” embrassé ? A ma mère ? Et toujours cette obsession de partir, mais partir où ?
M.Z. : N’importe où.
M.-E.N : Tu nous as parlé sans arrêt de partir et tu es toujours là ! Père, père pourquoi ne m’as-tu pas abandonné ?
M.Z. : Parce que tu ne le méritais pas !
M.-E.N : On arrive à ton chef-d’œuvre Souvenir que me veux-tu ?
M.Z. : Je finis toujours mes concerts par un chef-d’œuvre ! C’est une chanson où je dis au revoir à tout le monde. Au revoir et merci (beaucoup).
M.-E.N : Petit emprunt à Verlaine, harmonies déchirantes, mélodie nostalgique...
M.Z. : La nostalgie me domine. Si on a connu des moments formidables dans tous les domaines, on ne peut pas ne pas être nostalgique. Il n’y a aucune tristesse à se rappeler ses extases. Quand tu arrives à 75 ans...
M.-E.N : 80 !
M.Z. : Je ne parle pas de moi forcément...
M.-E.N : Tu te régales dans la vie ?
M.Z. : Absolument.
© 2002 Frémeaux & Associés
LE RENDEZ-VOUS DE LUNDI
(Marcel Zanini)
MY MONDAY DATE
(H. Hines)
Editions Paul Beuscher - Editions S.I.M.
Don’t forget our monday date
Oh little baby don’t be late
I say don’t forget our monday date
At the same little place
Half past eighth
I’m gonna press my suit
Shine my shoes
Spread the news
And chasse away the blues

Oh don’t forget our monday date
Little baby don’t be late
N’oublie pas le rendez-vous
Que nous avons pris l’autre jour
Au petit club, près de la plage
Je te promets d’être sage
Je serai habillé
D’un costume rayé
Les souliers bien cirés
Et mon petit chapeau anglais
Fais-toi belle mon petit chou
Et n’oublie pas le rendez-vous
HEUREUX PRÈS DE TOI
(Vincent Youmans - Marcel Zanini)
SOMETIMES I’M HAPPY
(V. Youmans)
Warner Chappell Music - AOL Time Warner
Sometimes I’m happy
Sometimes I’m blue
My disposition depends on you
I never mind the rain from the skies
If I can find the sun in your eyes
Sometimes I love you
Sometimes I hate you
But when I hate you
It’s ‘cause I love you
That’s how I am so what can I do ?
I’m happy when I’m with you
Je suis très heureux
Ou bien malheureux
Avec moi l’amour n’est pas un jeu
ça m’est égal le gris dans le ciel
Si dans tes yeux il y a le soleil
Parfois je t’adore
Parfois je t’abhorre
Mais quand je t’abhorre
C’est que je t’adore
Voilà comme je suis
Faut faire avec ça
Je suis heureux près de toi
Break
Je suis heureux près de toi
Oui je suis vraiment très amoureux de toi
Coda (Lester Young)
Voilà comme je suis
J’ai des hauts et des bas
Faut faire avec ça
Cahin-caha
C’est toi qui choisis
Je voudrais passer ma vie
Oui ma vie avec toi
Surtout ne me dis pas
Que c’est fini
SOUVENIR QUE ME VEUX-TU ?
(Marcel Zanini)
Souvenir que me veux-tu ?
Comme tu vois j’ai survécu,
C’était le bon temps
On s’aimait vraiment,
Pourquoi m’avoir laissé partir
Là-bas, au loin, loin de tout
Je ne crois pas être jaloux
Pourtant j’ai souffert,
Et je souffre encore
Avec des regrets, des remords
Oui c’est la vie, nous le savons depuis longtemps
Souvenir que me veux-tu ?
Oui, je sais, je l’ai perdu
C’était le printemps on s’aimait vraiment
Je lui dois beaucoup de joie
C’est vrai, tant pis, tant pis pour moi
La comédie je n’jouais pas
Voilà c’est fini, hé oui c’est la vie,
Au r’voir et merci mon amour
Au r’voir et merci...
ON A VOLÉ MA MIE
Editions Frémeaux & Associés
Groupe Frémeaux Colombini SA
On a volé ma mie
Je ne suis pas content
Il a volé mon amour
Et j’n suis pas content
On a volé ma mie
Et je pleure tout le temps

Je l’aimais à la folie
Elle m’aimait tout autant
Je l’aimais à la folie
Et c’était pour longtemps
Oui c’était pour la vie
Mais la vie n’a qu’un temps
Ou ou ou, ou où es-tu ?
Elle était toute à moi
C’était la belle vie
Elle était toute à moi
Pourquoi est-elle partie
Elle était toute à moi
C’est l’autre qu’elle a choisi
Je lui ai tout appris
Elle a eu du bon temps
Je lui ai tout appris
On a eu du bon temps
Maintenant c’est fini
C’est l’autre qui est content


SPAGHETTIS A SAINT-GERMAIN
(M. Zanini)
Editions Frémeaux & Associés
Groupe Frémeaux Colombini SA
Des spaghettis, une salade, une douceur et un café
Je me souviens de ce petit repas
Des spaghettis, une salade, une douceur et un café
C’était déjà le vrai bonheur pour moi
A St-Germain, c’est là que je l’ai rencontrée
Chez l’Italien, c’est lui qui nous a présentés
Prenant le menu elle semblait hésiter
Et moi très ému je lui ai proposé
Des spaghettis, une salade, une douceur et un café
Nina était vraiment la plus jolie
Des spaghettis, une salade, une douceur et un café
C’était très bon, nous en avons repris
Chez l’Italien l’orchestre ne jouait que pour nous
A St-Germain nous avons beaucoup fait les fous
Jusqu’au petit matin sa joue contre ma joue
Tous les musiciens chantaient avec nous
Des spaghettis, une salade, une douceur et un café

BALLADEZ-MOI
Editions Frémeaux & Associés
Groupe Frémeaux Colombini SA
Balladez-moi
Allons n’importe où
Réveillez-moi
Je pars avec vous
Tout doucement
Nous avons bien le temps
Oh oui c’est bon
D’être auprès de vous
Venez, partons
Très loin de tout
Embrassez-moi
N’arrêtez pas
Embrassez-moi bien
Balladez-moi
Comme la première fois
PEU DE CHOSES
(Marcel Zanini)
Editions Frémeaux & Associés
Groupe Frémeaux Colombini SA
Nous sommes bien petits
Que peut-on y faire
Le ciel peut se mettre en gris
Cela m’indiffère
On dit que c’est le destin
Qui nous prend sur sa liste
Quel est ce fameux train
Réservé aux artistes
Au bout du tunnel
La lumière est verte
Je sens comme un goût de miel
La voie est ouverte
Si elle veut encore de moi la vie
C’est une chance
Entrons dans la danse
Je vous y convie
HISTOIRE DE MAI
Tout doucement tu t’endormais
Dans le creux de mes bras
Pendant que moi je rassemblais
Mes souvenirs de toi
Tu m’as donné ce mois de mai
Et ne l’oublierai pas
Je peux maintenant m’en aller
Tout est fini déjà
JE NE JOUAIS QUE POUR TOI
Je suis seul et je m’ennuie
La musique c’est bien joli
Mais pourquoi es-tu partie
Je ne jouais que pour toi
Et cet air qui me poursuit
Comme l’ombre dans la nuit
Tu voudrais que je l’oublie
Mais je ne peux pas
Le solo de clarinette
Qui me trotte dans la tête
Au milieu de la tempête
Me ramène vers toi
Oui je t’aime à la folie
Reprends-moi je t’en supplie
Maintenant ça c’est promis
Je ne jouerai que pour toi
Non, ne t’en vas pas non
Ne t’en vas pas je t’en prie
Non, ne t’en vas pas
Reste avec moi
Je ne jouerai que pour toi
Dis si tu t’en vas, dis
ça s’ra la fin pour moi oui
Oui si tu t’en vas, la fin pour moi
Je ne jouerai plus jamais
ça je peux te le jurer
Mais si tu le veux vraiment
Laisse-moi tomber
Et puis va-t’en
Dis si tu t’en vas, dis
ça s’ra la fin pour moi oui
Et si tu t’en vas
Ecoute-moi encore une dernière fois
LA TASSE DE THÉ
Elle faisait du thé à 5 heures
Et le servait avec douceur
Avec des gestes plein de grâce
L’hiver près de la cheminée
Ou en été sur la terrasse
Les oiseaux volaient dans l’espace
J’aimais beaucoup aller chez elle
La vie me semblait bien plus belle
C’est là que je trouvais ma place
Le bonheur était dans la tasse de thé
L’infini est dans l’éphémère
La fumée s’envole comme nos paroles
L’infini est dans l’éphémère
Je n’ai pas grand chose à vous dire
Pas de passé, pas d’avenir
Le présent tient toute la place
On a des tas de petits chagrins
Il faut les vivre chacun les siens
Quelques-uns vous laissent des traces
J’aime bien être auprès de vous
A cette heure entre chien et loup
Il n’est plus rien qui me tracasse

Un jour quand tout ça va finir
Un jour quand il faudra partir
C’est le destin quoi que l’on fasse
Je penserai à ces instants
Que j’ai vécus à cœur battant
Que j’ai volés au temps qui passe(et ce soir)
Maintenant je dois m’en aller
Je vais rentrer chez moi à pieds
La nuit vient et le jour s’efface
Le bonheur était dans la tasse de thé
L’infini est dans l’éphémère
La fumée s’envole comme nos paroles
L’infini est dans l’éphémère
ETRANGE GALATA
(Marcel Zanini - M. Zanini)
Amor di Galata
Dolor comestata
Jouli monsignor
Kouli pomidor
Jador té malata
Encor yé té di patou
Foli chanama
Tami fatchodow
Aï ma Galata
Oui ce palamitou
Oy ce palasi
Talassa ou ya pagou

CD Marcel Zanini - Peu de choses © Frémeaux & Associés (frémeaux, frémaux, frémau, frémaud, frémault, frémo, frémont, fermeaux, fremeaux, fremaux, fremau, fremaud, fremault, fremo, fremont, CD audio, 78 tours, disques anciens, CD à acheter, écouter des vieux enregistrements, albums, rééditions, anthologies ou intégrales sont disponibles sous forme de CD et par téléchargement.)