DJANGO REINHARDT - INTEGRALE VOL 20
DJANGO REINHARDT - INTEGRALE VOL 20
Ref.: FA320

POUR QUE MA VIE DEMEURE - 1953 & COMPLEMENTS (1928-1947)

DJANGO REINHARDT

Ref.: FA320

Artistic Direction : DANIEL NEVERS

Label : Frémeaux & Associés

Total duration of the pack : 2 hours 22 minutes

Nbre. CD : 2

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Presentation

POUR QUE MA VIE DEMEURE - 1953 & COMPLEMENTS (1928-1947)



“For almost three years the world’s greatest guitarist lived the blissful life of a retired deputy stationmaster. His happiness was such that nothing or nobody could pull him away from his vegetative contentment, from this Hindu civil servant’s nirvana”. Yves SALGUES



Press
Tracklist
  • Piste
    Title
    Main artist
    Autor
    Duration
    Registered in
  • 1
    INTERVIEW ET YESTERDAY
    DJANGO REINHARDT
    JEROME KERN
    00:02:30
    1953
  • 2
    CRAZY RHYTHM
    DJANGO REINHARDT
    R KAHN
    00:03:10
    1953
  • 3
    ANOUMAN
    DJANGO REINHARDT
    00:02:49
    1953
  • 4
    FINE AND DANDY
    DJANGO REINHARDT
    K SWIFT
    00:03:14
    1953
  • 5
    D R BLUES
    DJANGO REINHARDT
    00:03:12
    1953
  • 6
    ANNONCE ET TIME AFTER TIME
    DJANGO REINHARDT
    SAMMY CAHN
    00:02:56
    1953
  • 7
    BLUES
    DJANGO REINHARDT
    00:02:54
    1953
  • 8
    FINE AND DANDY
    DJANGO REINHARDT
    K SWIFT
    00:07:05
    1953
  • 9
    BLUES FOR IKE
    DJANGO REINHARDT
    00:03:23
    1953
  • 10
    SEPTEMBER SONG
    DJANGO REINHARDT
    MILTON ANDERSON
    00:02:36
    1953
  • 11
    NIGHT AND DAY
    DJANGO REINHARDT
    COLE PORTER
    00:02:53
    1953
  • 12
    INSENSIBLEMENT
    DJANGO REINHARDT
    PAUL MISRAKI
    00:03:09
    1953
  • 13
    MANOIR DE MES REVES
    DJANGO REINHARDT
    00:02:38
    1953
  • 14
    NUAGES
    DJANGO REINHARDT
    00:03:18
    1953
  • 15
    BRAZIL
    DJANGO REINHARDT
    00:02:28
    1953
  • 16
    CONFESSIN
    DJANGO REINHARDT
    REYNOLDS
    00:03:40
    1953
  • 17
    LE SOIR
    DJANGO REINHARDT
    00:02:59
    1953
  • 18
    CHEZ MOI
    DJANGO REINHARDT
    00:03:00
    1953
  • 19
    I COVER THE WATERFRONT
    DJANGO REINHARDT
    J GREENE
    00:03:28
    1953
  • 20
    DECCAPHONIE
    DJANGO REINHARDT
    00:03:20
    1953
  • 21
    LA PERGOLA
    DJANGO REINHARDT
    00:02:38
    1928
  • 22
    DECEPTION D AMOUR
    DJANGO REINHARDT
    SILVERSTRI
    00:02:35
    1928
  • 23
    ENSEMBLE MARCHING ALONG TOGETHER
    DJANGO REINHARDT
    00:03:09
    1933
  • 24
    PLUIE DE PRINTEMPS
    DJANGO REINHARDT
    M GOLFIER
    00:02:50
    1933
  • Piste
    Title
    Main artist
    Autor
    Duration
    Registered in
  • 1
    BRIGHT EYES
    DJANGO REINHARDT
    00:02:52
    1935
  • 2
    CHINATOWN MY CHINATOWN
    DJANGO REINHARDT
    SCHWARTZ
    00:02:48
    1935
  • 3
    CHINATOWN MY CHINATOWN 2
    DJANGO REINHARDT
    SCHWARTZ
    00:02:50
    1935
  • 4
    HOW COME YOU DO ME LIKE YOU DO
    DJANGO REINHARDT
    R BERGERE
    00:03:31
    1935
  • 5
    Y A DU SOLEIL DANS LA BOUTIQUE
    DJANGO REINHARDT
    JEAN NOHAIN
    00:03:01
    1937
  • 6
    CHERI EST CE QUE TU M AIMES
    DJANGO REINHARDT
    R SARBIB
    00:03:30
    1937
  • 7
    RIDE RED RIDE
    DJANGO REINHARDT
    IRVING MILLS
    00:02:48
    1946
  • 8
    QUELQUEFOIS POUR QUE MA VIE DEMEURE
    DJANGO REINHARDT
    00:04:30
    1947
  • 9
    PAM PAM
    DJANGO REINHARDT
    00:02:50
    1942
  • 10
    FANTASQUE
    DJANGO REINHARDT
    00:02:42
    1942
  • 11
    SWING 42
    DJANGO REINHARDT
    00:02:43
    1942
  • 12
    UN PEU DE REVE
    DJANGO REINHARDT
    00:03:03
    1943
  • 13
    DOUCE GEORGETTE SWEET GEORGIA BROWN
    DJANGO REINHARDT
    K CASEY
    00:02:37
    1943
  • 14
    ODETTE
    DJANGO REINHARDT
    00:02:53
    1944
  • 15
    DERNIER SOIR
    DJANGO REINHARDT
    A SALVET
    00:02:43
    1944
  • 16
    LOVE IS HERE TO STAY
    HENRI LOUSSON
    00:01:57
    1966
  • 17
    DAPHNE
    OSCAR ALEMAN
    00:02:56
    1953
  • 18
    GIN GIN
    FERRET TRIO
    00:03:08
    1939
  • 19
    CHOTI
    SARANE FERRET
    00:02:31
    1940
  • 20
    GITAN SWING
    TONY MURENA
    00:02:48
    1941
  • 21
    DINAH
    STEPHANE GRAPPELLI
    00:03:13
    1941
  • 22
    TE VEO EN MIS SUENOS I LL SEE YOU IN MY DREAMS
    OLIVA
    00:02:56
    1944
  • 23
    DAPHNE
    FERRET TRIO
    00:01:49
    1938
Booklet

INTÉGRALE DJANGO REINHARDT “POUR QUE MA VIE DEMEURE” 20

INTÉGRALE DJANGO REINHARDT
“POUR QUE MA VIE DEMEURE”  20 

THE COMPLETE DJANGO REINHARDT (1953) & COMPLÉMENTS (1928-1947) 
DIRECTION DANIEL NEVERS 

– À DANIEL NEVERS –

“DE L’INSIDIEUSE CORRELATION ENTRE LE DEVENIR DES PRODUITS CULTURELS ET LA VITESSE DE LIVRAISON DES PIZZAS À DOMICILE”  OU, DE L’IMPROBABILITÉ D’UNE INTÉGRALE DJANGO REINHARDT DANS NOTRE NOUVEL ESPACE-TEMPS ÉCONOMIQUE
Où notre éditeur, harassé mais heureux du dénouement d’une aventure de dix ans, prend sa plus belle plume pour adresser à son fidèle lecteur le chant d’un phénix – et non du cygne.
Le temps s’est densifié ces dernières années. Notre perception de celui-ci opère dans une accélération constante et subit la contagion d’une “éthique” de la performance. Le mythe du progrès qui soutint nos sociétés positivistes est, depuis plusieurs décennies déjà, happé par la pratique d’une recherche permanente de gain de productivité. Celle-ci possède ses hérauts, ses gardiens d’un temple de l’immédiateté renforcé par chaque nouvelle trouvaille technologique. D’une vie planifiée où nous recevions le courrier le matin pour organiser la journée de travail, nous avons eu le fax, puis Internet, intronisant la disponibilité à tout moment, le changement des programmes de travail à toute heure, et une flexibilité de tous les instants – appelée plus communément : stress. 
Ces contraintes de vie nous ont convaincus, d’ailleurs, qu’il était normal de recevoir  en moins de 30 minutes une pizza de son choix à domicile.
De même, toute entreprise commerciale digne de ce nom s’est imposé le stock zéro et la production en flux tendu. Le téléphone mobile a porté cette accélération – et, n’en doutons pas, un émiettement des repères spatio-temporels – à son point (pour l’instant…) culminant : avec lui s’est créé un lien ultime et permanent entre fournisseurs et clients, prestataires et industriels.  On opposera à ce tableau, tout empli d’une nostalgie passéiste, qu’une technologie ne vaut que par l’utilisation que l’on en fait. Les éditions Frémeaux & Associés peuvent fièrement revendiquer qu’il en va de même de l’économie et des valeurs défendues par une société. Aujourd’hui, les entreprises subissent un véritable ballet de leurs cadres et dirigeants. Leurs résultats en bourse sont jugés sur six mois. Les conclusions sont tirées de plus en plus tôt et sur des arguments toujours plus réduits. L’édition phonographique, qui participe à cette suren­chère de compression du temps, accorde sa confiance à ses directeurs de collections ou “label manager” pendant une durée souvent inférieure à vingt-quatre mois. Laisser le temps au temps semble ne plus être de mise.  Les maisons de disques doivent répondre de leurs investissements sur douze mois et toute nouveauté remontant à trois semaines est considérée par la presse comme du fonds de catalogue sans intérêt. Laisser sa place au divergeant, à l’émergeant, à l’incertain et même à notre mémoire collec­tive, semble ne plus être justifié dès lors que les raisons de la rentabilité immédiate sont mises au cœur du système de production. 
C’est dans ce monde merveilleux du culte de l’instantané que Frémeaux & Associés  essaye d’exister. C’est dans cette industrie de la rentabilité que nos éditions  ont fait le choix de durées d’amortissement de plus de six ans sur ses publications  et des plans de production de deux à huit ans. 
Le chantier d’une Intégrale Django Reinhardt a été lancé au sein de nos éditions par Daniel Nevers, en 1995. Seul un spécialiste et un collectionneur de son envergure pouvait honorer cette gageure ; seule une vie au service de la musique pouvait générer suffisamment de passion et de connaissances pour s’acquitter d’une pareille folie. Dix années auront été nécessaires à la collecte et à l’ordonnancement raisonné de la production de celui après qui la guitare n’a plus jamais parlé de la même façon. Tout un réseau de collectionneurs et d’amis a également contribué à la réalisation de cette œuvre pharaonique. Nous souhaitons ici les remercier pour leur soutien indéfectible dans toutes les entreprises de bel ouvrage que nous défendons au quotidien.  L’Intégrale prend donc fin avec ce vingtième opus qui paraît quelques dix années après le premier volume. En 1996, lorsque celui-ci a vu le jour, nous savions qu’il faudrait attendre (et atteindre !) le début des années 2010 pour amortir le budget total de cette entreprise (environ 500.000 euros). Notre défi d’éditeur était, en quelque sorte, d’allonger le temps, de résister à son érosion et à l’accélération dont nous parlions précédemment. Mais aussi de ne pas céder au rythme et aux modes de production des grands groupes industriels, qui réalisent – rappelons-le – plus de 90 % du chiffre d’affaire annuel du disque. Imaginons un instant que l’idée d’une Intégrale Django Reinhardt ait pu faire l’objet d’un intérêt, soit par une major company, soit par l’un des nombreux indépendants à la politique similaire mais aux moyens moindres.
Projetons le développement et l’amortissement sur 15 ans de cette entreprise sur les maisons de disques actuelles… Il aurait fallu un agrément discontinu de l’ensemble des intervenants pendant la période considérée, soit : quatre à cinq directeurs de collections, trois à quatre dirigeants, deux à quatre maquettistes, deux directeurs financiers, trois directeurs commerciaux, quatre chefs des ventes… Soit vingt personnes, toutes consensuelles, qui se refuseraient à changer ce que chaque prédécesseur avait commencé ou continué ! Dans le même temps, il faut admettre que le catalogue aurait été vendu au moins deux fois. Il n’est pas impensable que l’entreprise aurait vécu par ailleurs deux fusions, l’une par OPA hostile et achat comptant et l’autre par échange d’actions avec une société de distribution d’eau, par exemple (ce ne sont que des exemples). Enfin pour les moins chanceux de nos confrères, il faut rajouter deux à trois cessations de paiement, une liquidation et deux changements de la marque commerciale (très ennuyeux que tous les coffrets de l’intégrale Django ne portent pas le même nom de maison de disques du début à la fin)…  Comment donc, dans ce monde où l’économie performante et productive régit tous nos systèmes de pensées, est-il possible de publier des ouvrages sonores dont les cycles d’amortissement sont extrêmement longs rapportés à l’instantanéité des résultats attendus ? Uniquement en refusant cette règle du jeu inique basée sur l’impatience et impropre au développement de produits de référence. Le vingtième double-volume de l’Intégrale Django Reinhardt, qui paraît aujourd’hui, est la preuve que ce défi peut être relevé ; qu’il est encore possible, à l’heure actuelle, d’élaborer une modélisation économique performante au service d’un idéal apparemment contraire aux “dogmes” de l’économie.
Patrick FREMEAUX, l’Editeur 
Les volumes de cette intégrale ont pu être réalisés grâce à la complicité d’amoureux  de la musique et d’amis personnels. Daniel Nevers et Patrick Frémeaux souhaitent ici remercier cet entourage, et honorer la mémoire de ceux qui nous ont quittés en route. A commencer par : Jean-Claude ALEXANDRE, Alain ANTONIETTO, Jean-Christophe AVERTY, Bernard BASSIÉ, Philippe BAUDOIN, Jean BOUCHETY, Olivier BRARD, Philippe BRUN, Jacques BUREAU, André CAUZARD, Henri CHENUT, Dominique CRAVIC, Christian DANGLETERRE, Irakli de DAVRICHEWY, Jean-Pierre DAUBRESSE, Charles DELAUNAY, John R.T. DAVIES, Ate Van DELDEN, Alain DÉLOT, Ivan DÉPUTIER, Yvonne DERUDDER, Claude FIHMAN, Daniel FILIPACCHI, Iwan FRÉSART, Gérard GAZÈRES, Jean-Paul GUITER, Freddy HAEDERLI (Ah ! ses chocolats…), Marcelle HERVÉ, Noël HERVÉ, Pierre LAFARGUE, Jean-Claude LAVAL, Anne LEGRAND, Joss LINSSEN, Christian LIVORNESS, Jacques LUBIN, Maurice MALANDRY, Alf MASSELIER, Pierre MOGLIA, Claude OBERG, Roger PARABOSCHI, Robert PERNET, Jean PORTIER, René RAMEL, Jean-Claude REY, Gérard ROIG, Didier ROUSSIN, Jean SABLON, Anne SÉCHERET, Jean-Jacques STAUB, Frank TÉNOT. 
De son retour des Amériques en 1947 à l’heure de sa disparition en 1953, soit pendant les six dernières années de son existence, Django Reinhardt ne manqua évidemment point de côtoyer, tant en France qu’en d’autres pays d’Europe où il lui arriva parfois de se rendre, nombre de jazzmen américains revenus en force dès la fin des hostilités. Il y avait parmi eux quelques vieilles connaissances comme Rex Stewart, Coleman Hawkins, “Big Boy” Goudie ou Bill Coleman, sans parler d’Ellington et de son équipe. Il croisa également plusieurs importantes figures d’un jazz déjà considéré comme “classique”, qu’il n’avait jusqu’alors pu apprécier que par disques interposés, tels Roy Eldridge, Sidney Bechet ou Benny Goodman. Et puis, surtout, il y eut les Jeunes Turcs parvenus à éclosion loin des vrais champs de bataille des pays sans étoiles durant les nuits d’encre. Ceux-là et leur art consommé de faire du neuf avec du pas si vieux ne pouvaient qu’intriguer les fouineurs, les curieux. Django Reinhardt était, on le sait, du genre curieux avec l’air magnifique de s’en foutre... Dizzy Gillespie, Charlie Parker, Fats Navarro, Sonny Stitt, Bud Powell (les trois derniers cités enregistrés en 1946 à New York pour les disques “Swing” par Charles Delaunay lors sa première traversée), Kenny Clarke (arrivé, lui, dès 1944 en qualité de GI) et quelques autres devinrent désormais l’objet de son attention passionnée. le Festival international de Jazz qui se tint à Paris en mai 1949 (du 8 au 15) en bonne part grâce à Delaunay donna une affiche comme on en vit peu : Parker et son Quintet (avec Kenny Dorham, Al Haig et Max Roach) et cet autre quintette co-dirigé par Miles Davis et Tadd Dameron (avec James Moody et Kenny Clarke); pour faire bonne mesure du boogie avec Pete Johnson et du swing avec “Hot Lips” Page et Don Byas ; et ce n’est pas tout : Sidney Bechet, habitué de la “vieille” Europe des années folles de retour après pas loin de vingt ans d’absence (et toujours tricard au pays des Droits de l’Homme, comme on dit)...
Et encore, peut-être pour boucher les trous, quelques indigènes du dit pays comme Claude Luter, Hubert Rostaing, André Ekyan, Léo Chauliac, Jean-Claude Fohrenbach, Aimé Barelli, Pierre Braslavsky, le trio de Bernard Peiffer, avec, pour fermer le ban, les Britanniques de Vic Lewis, les “Bob Shots” belges, le suisse quintette d’Hazy Osterwald, le trio de Toots Thielsmans, le Romain Armando Travajoli (qui invitera l’année suivante, dans sa demeure latine, les bandes à Reinhardt et à Goodman à taper un bœuf mémorable)... Au fond, il ne manquait qu’Armstrong, Dizzy et... Django... Certes, Diz et Satch avaient l’un et l’autre, à la queue-leu-leu, “fait” Pleyel l’année précédente et le guitariste, de son côté, avait pu – de justesse – se produire en compagnie de son complice Grappelli dans le cadre du premier en date des festivals de Nice (celui dont Armstrong avait été la vedette incontestable - voir vol. 16)... Il semble bien cependant que les organisateurs l’aient un peu facilement (et volontairement ?) oublié, surtout qu’en ce printemps 49, il n’était pas bien loin, Django. Il jouait au “Pavillon de l’Elysée” avec André Ekyan et aurait fort bien pu se libérer un soir afin de participer à la fête sur la scène de Pleyel. D’ailleurs Ekyan, on l’a signalé, fut bel et bien invité, lui... Mais après tout, sachant en quelle humeur il se trouvait parfois, peut-être même est-ce le musicien lui-même qui refusa de venir prêter main forte...  Tout de même : on a du mal à imaginer que certains soirs il n’éprouva pas l’envie de rôder dans les coulisses, pour examiner de plus près tous ces gens dont il ne connaissait encore pour la plupart que les provocations phonographiques – celles qui, justement, apportaient cet appel d’air indispensable (que l’on peut aussi désigner sous le nom de “liberté”), l’essence même du jazz... On imagine plus mal encore que, ces soirs-là, il ne se mêla pas à eux “après les heures”, pour partager le plaisir aussi fugitif qu’irremplaçable d’échanger en leur compagnie quelques traits tendres et acérés dans l’une ou l’autre boîte conçue spécialement à cet effet. Dans sa biographie de Django (qui est aussi un recueil de souvenirs personnels et de témoignages), Django mon Frère (Le Terrain vague, 1968), Delaunay n’évoque rien de semblable. Comme si le guitariste, après avoir consciencieusement fait son boulot de monteur et descendeur de gammes, était rentré en métro sagement faire dodo dans la verdine familliale. Un autre peut-être, mais Django ?.. On préfère l’apercevoir, mal et de dos, à travers les volutes de son éternel clope en bataille, rattraper au vol une phrase laissée en suspens par Bird ou Miles, la prolonger, la retourner dans tous les sens, la faire sienne, l’achever enfin au bout d’un nombre incalculable d’heures qui n’ont duré que trois minutes, comme un 78 tours. On voit son œil noir fixer “Hot Lips” et Don tout déconfits d’avoir loupé une note. On l’entend ronronner si fort qu’il finit par couvrir les roulements de Max et Kenny dans leur duo de pieds et de mains idéalement synchronisés... Le rêve. 
Pour ce qui concerne les relations Django-Dizzy, on a davantage de précisions – mais pas la moindre note-souvenir. John Birks Gil­lespie, alors membre de l’orchestre de Teddy Hill chargé d’accompagner au Moulin Rouge la revue du Cotton Club à l’occasion de l’Exposition universelle de 1937, était venu pour la première fois en France quelques mois avant de célébrer son vingtième au­tomne (il est né le 21 octobre 1917 !) et il semble bien improbable que, toujours museau au vent à la poursuite d’un jupon dans les environs de Pigalle (où, selon sa propre expression, il, “était plus heureux qu’un chat à deux têtes dans un marché aux poissons”), il n’ait pas un jour ou l’autre croisé Django sur les pentes douces de la Butte : guitare acoustique déjà folle et trompette pas encore coudée... Ils ont même failli enregistrer ensemble, puisque Delaunay et Panassié avaient mijoté pour leur naissante marque “Swing” quelques séances dirigées par Dickie Wells, tromboniste-vedette chez Teddy Hill. Wells voulait Django dans la section rythmique, mais comme il n’appréciait guère Dizzy jugé trop “moderne”, on le remplaça par Bill Coleman, ex-membre de l’orchestre alors présent lui aussi à Paris... Comme il se doit, ces faces – six chefs-d’œuvre – sont incluses dans notre intégrale (voir vol. 6).  Quelques années et une guerre plus tard, à l’occasion de l’unique incursion reinhardtienne par delà le Grand Océan, les deux fadas se revirent à New York, mais n’eurent évidemment pas le droit de jouer ensemble, puisque là-bas, ça s’fait pas... A ce moment-là, nanti d’une des plus belles grandes formations que le jazz ait connu, Dizzy tenait le haut du pavé et annonçait glorieusement les choses à venir, ainsi que l’indique assez son titre le plus emblématique : Things to Come. Sont-elles vraiment venues ? C’est là une toute autre histoire... Ensuite, comme les choses savent si merveilleusement s’enchaîner, elles ne manquèrent point de le faire et la superbe usine gillespienne devint parisienne l’avant dernier jour du mois de février 1948 (une année bisextile). Ce soir-là, Django ne pouvait se trouver à Pleyel, puisqu’il jouait à Nice. Mais en mars, de retour, il vint en compagnie de Stéphane Grappelli saluer le nouveau Maître. Quelques photos ont survécu, mais pas la moindre quinte diminuée, comme il se doit... 
Plus tard encore (1952-53), sans sa grosse machine à bop restée en carafe, le trompet­tiste refit escale en France et y grava pas mal de disques pour “Swing” et “Blue Star”, notamment en compagnie de Don Byas, des frères Hubert et Raymond Fol, de Pierre Michelot et Pierre Lemarchand : en somme, les partenaires réguliers de Django au “Club Saint-Germain” – Django excepté, comme par hasard... Lui, dont on ne manquait jamais de tirer le portrait auprès du trompettiste chaque fois qu’ils se rencontraient, put enfin se mesurer (amicalement) à lui le dimanche 1er mars 1953, sur la scène du “Théâtre Royal des Galeries” de Bruxelles. La veille, Django et son Quintette avaient animé un bal aux “Grands Magasins de la Bourse” et, se trouvant encore en la capitale belge, il ne put résister à l’appel du grand large ni à la tentation de s’inviter sans façons, flanqué d’Hubert Fol tout aussi ravi. Irruption surprise plutôt bienvenue qui “enthousiasme tout le monde, y compris Dizzy”, note Jean-Louis Scali, Président du Hot Club de Belgique et artisan de la rencontre, lequel poursuit ainsi son compte-rendu publié dans le numéro de Jazz Hot d’avril 1953 : “On assiste, notamment sur S’Wonderful, à un dialogue guitare-trompette qui montre bien que ces deux musiciens sont de la même classe exceptionnelle” (cité par Delaunay dans Django mon Frère). Dizzy-Django, Django-Dizzy : impromptu-apparté dont il ne reste rien, la radio d’outre-Quiévrain ne s’étant guère intéressée à ce concert... Un dernier petit plaisir avant le grand saut pour l’Homme à la Guitare (LA Guitare faite Homme ?); un beau souvenir pour le fou sentimental à la trompette coudée, qui l’a parfois évoqué avec humour et tendresse en ma présence quand il venait jouer à la Grande Parade du Jazz de Nice dans les années 70-80, alors que les VIP n’avaient pas encore supplanté les amoureux du swing dans les jardins de Cimiez et que l’on pouvait toujours s’envoyer un bon bock à la guinguette en compagnie de (presque) tous les musiciens...  
Rien sur Dizzy-Django. Rien non plus sur ces croisements qu’il y eut à la même époque entre le Manouche et quelques guitaristes américains réputés (et admiratifs) tels que Les Paul, superbe bidouilleur passé maître dans l’art encore neuf du “re-recording”, ou Barney Kessel qui vient de nous quitter, oublié depuis longtemps d’un pays incapable de mesurer la création autrement qu’à l’aune des comptes en banque. En fait, à l’exception de deux faces “Blue Star” fin 1947 (voir vol. 16), Night and Day et Confessin’, quand il fut l’invité de Rex Stewart, l’un de ses plus inconditionnels admirateurs, Django n’enregistra (disque ou radio) avec aucun des Américains qu’il lui arriva de croiser entre 1947 et 1953. Il est vrai qu’au cours de cette période pas toujours rose, on ne le redira jamais assez, les producteurs de rondelles en gomme-laque (en train de virer progressivement à la moderne “résine de vinyle”) ne se bousculèrent pas pour le convier à graver quelques laques ou à magnétiser quelques bandes. Les gens de radio furent plus généreux mais ne prirent guère de risques (comme d’habitude !)... on aurait pu croire que son engagement, à partir du 26 janvier 1953, au “Ringside” (futur “Blue Note”), sis rue d’Artois, en compagnie du Quartet du pianiste afro-américain Art Simmons, allait briser cette sorte de fatalité. Il n’en fut rien. Le groupe n’attira pas la foule et ne dura guère. Quant au passage relativement bref de l’émission Avant-Premières, produite par Pierre Grimblat, réalisée par Bernard Gandrey-Réty, diffusée sur la Chaîne pari­sienne le 18 janvier 53 (enregistrement en date du 15), relatif à ce petit évènement parisien, il n’est pas très certain que le pianiste accompagnant Django sur cette courte et poignante version de Yesterdays soit vraiment Simmons. Certes, c’est bien son nom que prononce le présentateur Marcel Dynine, chose assez logique, puisque ces deux garçons doivent jouer ensemble une dizaine de jours plus tard. Mais est-ce bien lui que l’on entend ici, une dizaine de jours plus tôt ? Rien n’est moins sûr...
Il est possible que le 15 janvier 1953 Art Simmons se soit trouvé ailleurs, en province ou à l’étranger. Roger Paraboschi, qui nous a été d’un grand secours pour les romaines radios de 1950, signale aussi qu’il participa, quelques mois avant la mort du guitariste, à une émission au cours de laquelle on interpréta Yesterdays. Et le pianiste n’était autre que Maurice Vander.. A qui se fier ?.. Dans l’interview qui précède Yesterdays, il est bien moins question de musique et du prochain engagement au “Ringside” que de pêche à la ligne, sport auquel Django se livre avec délice à Samois-sur-Seine, petite com­mune proche de Fontainebleau où cet enfant du voyage dans l’âme a fini par faire halte avec femme et enfant vers l’automne de 1950. Il s’y est rapidement fait admirer de la population, davantage comme champion de billard que comme guitariste. Quant à la pêche, on peut être certain qu’il la pratique sans permis, y compris quand elle est fermée ! A un marinier qui le lui faisait remarquer, il répondit dit-on : “Oh, mon frère, le temps qu’elle soit ouverte et je serai peut-être mort !..”. Ce petit bout d’émission est l’avant-dernier document radiophonique donnant à entendre le Manouche, du moins à notre connaissance. En vérité, les fichiers de l’INA signalent plusieurs autres curiosités que nous avons réclamées avec insistance, mais qui n’ont pu être retrouvées, bien que figurant dans la liste informatique de l’Institut à l’entrée “Reinhardt Django” (parfois aussi orthographié “Djando” – mais il ne s’en serait sûrement pas offusqué, lui qui fut parfois baptisé “Jungo”, “Djungo”, “Jiango” ou même “Jean Got” !). Une de ces émissions fantômes porte la référence PHD 85007875, est dite durer deux heures et trente minutes (rien que ça) et s’apparenter au genre “jazz”; elle est sans date, relève de la RDF et de l’“inventaire disques” (c’est-à-dire que le support original doit se composer de laques, de “Pyrals”). Deux heures et demi de Django ? Inespéré... Mais peut-être s’agit-il tout simplement de certains des enregistrements réalisés dans la seconde moitié de 1947 pour Surprise-Partie, l’émission d’Anne-Marie Duverney et Georges Lourier ?
Une deuxième référence, PHD 89021408, offre dans la série Paris, Capitale du Monde une émission du Club d’Essai diffusée le 10 décembre 1950 à 21 heures, avec la participation du boxeur Georges Carpentier (grand perdant du “match du siècle” près de trente ans plus tôt), du chef d’orchestre Alexandre Tansmann, de Crosby Bing, de Bechet Sidney, de Ray Robinson Sugar (sic) et, bien sûr, de Reinhardt Django. Cette fois, il devrait s’agir d’une bande magnétique et la durée de l’ensemble est d’une heure et vingt-huit minutes. Tous ces gens sont crédités “PAR”, (pour “parole”) et ne jouent probablement pas de musique. De quoi Django a-t-il pu parler cette fois-là ? De billard peut-être... Enfin, enregistrée le 5 avril 1952 et diffusée le 13 sur la chaîne “Paris Inter” (référence PHD 88015978), il existe (ou existait) une émission d’une heure dans la collection “Grand Orchestre”, produite par Spade Henri et Chazal Robert, réunissant Joubert Jacqueline, Lynel Francis, Ciampi Yves (cinéaste), Marquet Marie (comédienne), Rosay Françoise (comédienne), Lamoureux Robert (comédien), Lemarque Francis, Delyle Lucienne et quelques autres parmi lesquels Reinhardt D. comme il se doit. Chacun de ces invités est crédité de l’abréviation “INT” (est-ce pour “intervention” ou pour “interprétation” ?). En tous cas, l’orchestre semble placé sous la direction (“DIR” en abrégé) de Rostaing Hubert... Le descriptif précise en­core : “émission publique radiotélévisée, avec toutes les vedettes de la scène, de l’écran et du micro”. Au cours de ces années 50 en effet, certaines émissions d’Henri Spade (comme par exemple sa série intitulée Les Joies de la Vie) étaient diffusées à la fois à la radio et à la télévision, soit en direct simultanément, soit avec un léger décalage l’une par rapport à l’autre. Pour ce qui est de l’image, on peut toujours se brosser. Mais qu’en est-il du son, puisqu’une fiche existe encore ? Cette émission est-elle celle dont m’a parlé il y a une vingtaine d’années le batteur Bernard Plan­chenault, qui se rappelait avoir fait, vers le printemps 52, en compagnie de Django, une télé au cours de laquelle ils ont interprété Nuages ? Le saura-t-on jamais ?.. Combien de fois le guitariste a-t-il pu apparaître sur le “petit écran” – qui, en ce temps-là, n’était effectivement pas bien grand ?..  
Quinze jours après l’annonce de l’engagement au “Ringside”, le 30 janvier 53, Django reprit contact avec les studios de la maison Decca afin de confier quatre nouveaux titres au phonographe. On notera au passage que cette séance ne se fit pas en la compagnie du quartet d’Art Simmons avec lequel il jouait depuis déjà plusieurs jours, mais, comme celles de 1951 et 52 pour la même firme, avec l’équipe des jeunes l’accompagnant régulièrement au “Club Saint-Germain” au cours de ces deux années écoulées. Choix délibéré très probablement, mettant complètement à profit une complicité déjà ancienne... Ceux, nombreux, qui estiment que cette série de faces faites pour Decca (ainsi que les enregistrements effectués en public au Club en février 51 – voir vol. 19) marque une sorte de renais­sance de Django après la période des hésitations, une entrée de plain-pied dans la “modernité” sans le moindre reniement de l’héritage conjugué du swing, du blues et de la tradition tzigane de la part du guitariste, remarquent que cette troisième session se trouve davan­tage placée sous le signe de la sérénité que les précédentes. La mise en place de l’ensemble, la maîtrise enfin pleinement réalisée de l’électricité en font foi, tant sur le blues (D.R. Blues) que sur le thème à la mode du jour (Fine and Dandy) ou le vieux standard tranquille totalement régénéré (Crazy Rhythm – à comparer, pour en être persuadé, avec la version “classique” d’avril 1937 qui donna naissance au disque “Swing” numéro 1, avec le quatuor de saxophones mené par Coleman Hawkins – vol. 5). La sensuelle ballade qui a pour titre Anouman est très certainement la perle noire de la séance du 30 janvier 1953. Django en fut sans doute conscient, qui n’hésita pas à la dédier à un dieu de l’Inde, singe-guerrier ayant donné un sérieux coup de main au Roi Ràma (incarnation de Vishnu) dans la reconquête de son épouse Sità kidnappée par un vilain démon, et dont le nom s’orthographie aussi Hanumàn... L’ultime écho radio donnant à entendre Django date du 1er février 1953 et il n’est pas répertorié à l’INA, pour la bonne raison que cette nouvelle émission de la série Jazz Variétés (coproduite par Charles Delaunay pour la partie jazz), diffusée le dimanche, le plus souvent en direct depuis la salle du “Rex”, par la radio nationale en 1952-53, ne fit point l’objet d’un enregistrement “officiel”.
Là encore donc, comme pour les extraits de novembre 52 provenant de la même collection et inclus dans le volume 19, c’est grâce à l’initiative privée que l’on peut reproduire ici aujourd’hui ces émouvantes reliques. on sait qu’un Sieur Gré­goire, à qui l’on refilait parfois des acétates afin qu’il leur confiât ces musiques que les infaillibles sélectionneurs de l’époque ne daignaient point faire mettre en conserve, se montra particulièrement actif durant cette période. A l’affut derrière son poste de T.S.F. et sa grosse machine à graver les fragiles disques à âme de métal, il récu­péra tout ce qui, à tort ou à raison, lui semblait important. Seulement, comme il ne possédait qu’un seul graveur, parfois, le temps qu’il recharge son engin (une bonne minute, pour quelqu’un d’entraîné), des tas de mesures précieuses s’étaient à jamais évanouies dans l’air. C’est ce qui a dû arriver au moment de la jam-session, basée sur la trame de Fine and Dandy. Le solo de piano du jeune Claude Bolling se voit tristement coupé dès les premières notes et le fil de l’histoire n’est renoué que bien plus loin, quand Django attaque son second solo, peu avant le rendez-vous au tas de sable venant en conclusion d’une coda quelque peu débridée... Le début du morceau se trouve sur une bande provenant de la collection de Charles Delaunay où Anne Legrand l’a déniché, mais il manque la fin. Alain Antonietto et Jean Portier nous l’ont aimablement procurée. Merci à elle et à eux. De son côté, François Terrazonni a réussi un si parfait travail de soudure entre les deux parties que, pour un peu, on ne se rendrait pas compte que deux ou trois minutes de notes ont définitivement sauté les pistes... Outre cette Jam finale, le guitariste intervient encore sur Time after Time et sur un Blues aussi agréable que passe-partout.
Cette fois, le big band de service était celui de Tony Proteau, dont le talent se révéla a la Libé­ration. Il enregistra pour Blue Star et plusieurs autres firmes quelques faces qui se vendirent parcimonieusement. Déçu par le public français, il s’exila vers le milieu des années 50 du côté de chez l’Oncle Sam où on ne lui fit pas davantage un pont d’or... Petite parenthèse personnelle (de la part de Daniel Nevers, s’entend) : cette matinée du “Rex”, le 1er février 1953, fut l’unique occasion que j’eus d’entendre et voir Django Reinhardt “en vrai”. J’avais alors six ans et demi et Mimile, mon papa qui aimait bien ce genre de musique décadente (il fut sans doute, en 1932, l’un des rares Français à apprécier à la “Connie’s Inn” de New York le big band de Fletcher Henderson, avec Benny Carter et Coleman Hawkins), m’avait trimbalé ce jour-là sur les boulevards. Des disques de Django, j’en avais déjà écouté, surtout ceux du Quintette à cordes avec Grappelli. Mais là, il était sur scène. Dans mon souvenir, il a joué beaucoup plus que Time after Time, le Blues et le Fine and Dandy de la fin. Et en plus, il me semble bien qu’il s’est engueulé avec le chef d’orchestre (Proteau) et le présentateur (Bobby Forrest). Mais je délire sûrement...
Par la suite, j’ai pu ouir “en vrai” Benny Carter et Coleman Hawkins (malheureusement pas Fletcher Henderson !), mais plus jamais Django Reinhardt... Pourquoi ? C’est pas juste. Quelle idée, aussi, de tirer sa révérence trois mois plus tard, à l’âge de qua­rante-trois piges, alors que des tas de mômes en culottes courtes auraient aimé vous réentendre en pantalons longs...  En tous cas, cette participation à Jazz Variétés, la séance Decca deux jours plus tôt, la présence au “Ringside”, l’interview du 15 janvier et les deux dernières séances en mars et avril, prouvent amplement qu’en ce début de l’an 53, Django n’était point devenu l’“introuvable” que l’on décrit souvent, le type parti sans laisser d’adresse après avoir rompu avec tous ses amis, Delaunay compris... Il semblait même s’être plutôt assagi, fixé en somme, comme s’il éprouvait moins que jadis ou naguère l’impérieux besoin de se barrer... Il se reposait à Samois, où il n’était sûrement pas difficile de le contacter. Et quand il jouait à Paris, au “Club” ou ailleurs, il occupait une chambre, louée au mois, dans un hôtel proche de son lieu de travail, le “Crystal” ou le “Montana” selon les sources. C’est d’ailleurs là que le vit le contrebassiste jamaïcain Coleridge Goode, accompagnateur en Angleterre de Grappelli à la fin de la guerre et participant des sessions de retrouvailles des deux complices au début de 1946 (voir vo­lume 13). Selon Goode, le guitariste limitait ses mouvements au strict minimum : “il était au lit. Il restait au lit, se levait, allait faire son truc, puis revenait se coucher...” (citation extraite de l’ouvrage de Geoffrey Smith consacré à Grappelli - Ed. Filipacchi, 1988, pour la traduction française).
Dans le même livre, à la même page, on apprend que Stéphane, rentré de Londres en février 53, chercha son ancien partenaire, afin de le convaincre de reformer, une fois encore, le Quintette à cordes en vue d’une tournée outre-Atlantique. Il ne put, paraît-il, le dénicher nulle part et personne, pas même Delaunay, ne sut lui dire où il était passé... Bizarre, bizarre... Stéphane n’a certainement pas dû insister beaucoup. Son ex-bassiste se serait sûrement fait un plaisir de le renseigner. Mais peut-être au fond, malgré son désir de jouer lui aussi en Amérique (patience, ça viendra !), le violoniste ne tenait-il pas plus que cela à faire avec Django la tournée en question... Une tournée en Amérique, ainsi qu’au Japon et dans une bonne partie de l’Europe, c’est justement cela que, bien plus sérieusement sans doute, proposa en mars 53 à Django Norman Granz, producteur depuis la seconde moitié des années 40 de disques, de films, de concerts, d’émissions de radio et de télévision et, surtout, inventeur du “Jazz at the Philarmonic” (JATP), vastes randonnées internationales où se croisaient allègrement aussi bien Billie qu’Ella, le Duc que le Comte, Satch et Dizz, l’Oiseau et le Lapin, le Président, le Vice-Président et leur saint patron à tous le Haricot, Art et Oscar et encore un tas d’autres dont les noms rempliraient des pages et des pages... Gageons que si King Oliver, Jelly Roll Morton, Bix Beiderbecke ou Fats Waller avaient encore été de ce monde, Granz les eût sûrement enrôlés dans l’un ou l’autre de ses JATP. Alors, pourquoi pas un Manouche de feu? Là, pas question de lui refaire le coup de 1946 en l’utilisant comme simple attraction bouche-trou. Là, il aurait eu sa place, tout en s’autorisant des bœufs mémorables avec Dizzy ou Bird. Même qu’il aurait peut-être pu dialoguer avec ses chanteuses préférées? Ou bien avec Louis, qui sait ? On ne saura jamais.  Et pourtant, Granz avait bien fait les choses. Comme il ne s’embarquait jamais sans biscuits, c’est-à-dire sans un disque carte-de-visite, il en commanda un sur le champ à la future nouvelle recrue. A charge pour Eddie Barclay, alors distributeur pour la France des productions américaines de Norman, d’organiser une séance dans les plus brefs délais. Les résultats devaient être publiés aux U.S.A. sur “Clef”, l’un des labels granziens, et en Europe sur “Blue Star”. Ainsi fut fait. A ceci près que lorsque le disque fut proposé au public, il était hors de question que Django Reinhardt participât au “Jazz at the Philarmonic”... 
Le 10 mars 1953, dans le studio “B” Pathé-Marconi de la rue Magellan, le quartette composé de Django, Maurice Vander (piano), Pierre Michelot (basse) et Jean-Louis Viale (batterie), ne traîna pas et, en quelque trois heures, donna huit titres soigneusement choisis : une seule prise de chaque... Quatre standards plus ou moins anciens, Confessin’, Night and Day, September Song et Brazil, bien connus des Américains (et aussi des Européens); Insensiblement, une jolie mélodie de Paul Misraki (qui la considérait comme l’une de ses meilleures compositions) ; trois pièces signées Reinhardt : Blues for Ike (seule nouveauté de la session), Manoir de mes Rêves et, bien entendu, Nuages. Django en avait, paraît-il, par dessus la tête de s’entendre sans arrêt réclamer cet air-la dont il ne s’expliquait pas la popularité, mais, rien à faire, il ne pouvait guère refuser à ses admirateurs de l’interpréter. Pour Pierre Michelot, il s’agit de “la plus belle version de Nuages qu’il ait jamais enregistrée. A un moment, il phrase de telle façon qu’en écoutant le disque, j’ai eu comme un frisson. Et chaque fois que je l’entend, je suis ému. Je ne saurais expliquer pourquoi. Sentait-il qu’il allait bientôt nous quitter, je ne sais pas...”. De leur côté, Alain Antonietto et François Billard dans un ouvrage récent (Django Reinhardt - Rythmes futurs - Fayard, 2004), font le commentaire suivant : “En fait, cette séance prit des allures de bilan et l’ensemble nous donne une sensation de plein équilibre, de classicisme reinhardtien, la souplesse de la section rythmique n’y étant pas étrangère.(...) A l’écoute de ces faces de Django, parmi les plus belles sur le plan de la plénitude sonore, on réalise leur caractère d’exception, la somptueuse sonorité instrumentale que bien des guitaristes de tous les pays ont vainement cherché à retrouver”. 
Il est important de remarquer que ces huit titres de mars 53 seront les seuls, dans l’ensemble de la carrière phonographique du guitariste, à ne connaître aucune édition en 78 tours et sortiront directement sur un microsillon 33 tours de 25 centimètres de diamètre (puis, un peu plus tard, sous la forme de deux 45 tours). L’intérêt de l’entreprise n’a évidemment pas échappé à Antonietto et Billard : “(Django va) pouvoir concevoir comme un ensemble cohérent le choix d’un répertoire thématique. Expérience totalement nouvelle puisque élaborée en fonction de sa parution en un seul disque longue-durée.(..) Huit morceaux donc, qui jouaient sur les contrastes de couleurs, de climats et de tempos. Album fondateur que ce légendaire microsillon, disque de chevet de bien des guitaristes depuis.(..) Cet objet musical reste une merveille d’unité esthétique : improvisations sublimes, prise de son parfaite et graphisme de pochette signé par le prestigieux David Stone-Martin. Bref, de quoi renouer enfin avec une considération internationale que le Manouche n’aura hélas pas eu le temps de savourer, lui qui avait manifestement mis toutes les chances de son côté, jusqu’à composer un Blues for Ike dédié semble-t-il à Eisenhower récemment élu Président des Etats-Unis.”...  La dernière séance eut lieu un mois plus tard, le 8 avril, chez Decca cette fois et, de nouveau, sans souffleurs. Comme si la formule de la seule section rythmique avait désormais toute les faveurs du guitariste. Celui-ci toutefois, toujours en quête de sonorités différentes, se plut à ajouter au quartette du mois d’avant le vibraphone de “Fats” Sadi Lallemand, l’un des meilleurs spécialistes européens de l’instrument avec qui il avait déjà brièvement travaillé en 1952.
Cette séance de printemps fut également la première à laquelle prit part ce jeune pianiste né sur l’autre rive de la Médi­terrannée, encore peu connu mais déjà très prometteur, Martial Solal. Django refilant le témoin à Martial : tout un symbole ! Dans les années 60, Solal fut, avec Grappelli, l’un des très rares jazzmen français à se produire dans le cadre du prestigieux festival de Newport. Si Django avait vécu quelques années de plus, il est à peu près sûr qu’il aurait été le premier de ces illustres invités...   Lors de cette rencontre unique, les anciens compagnons de Ray Ventura se trouvèrent à l’honneur : Paul Misraki de nouveau, avec Chez Moi, et Louis “Loulou” Gasté, ex-guitariste des Collégiens de 1930 à 1939 (et, incidemment, accompagnateur de Django lors d’une séance de 1937 pour “Swing”), avec Le Soir, chanson écrite pour son épouse Line Renaud. Pour faire bonne mesure, un standard revisité de manière rêveuse et nostalgique, I Cover the Waterfront (déjà gravé en 1934 et en vf, sous le titre Un Jour sur la Mer, par Germaine Sablon qu’accompagnait la grande formation de Michel Warlop à la­quelle s’était joint le guitariste) et enfin ce Decca­phonie que l’on donne parfois comme un testament. “Ce qu’il n’est pas”, précisent Antonietto et Billard qui ajoutent : “A moins de le considérer comme un testament ouvert sur l’avenir, car Deccaphonie se prête étrangement à cette interprétation, certes un peu fa­cile. Ce thème composé par Django se présente comme une succession de lignes évoquant un style pianistique axé sur le jeu en single lines (“technique ou l’on ne joue qu’une seule note à la fois, par opposition au jeu en accords”, selon la définition de Philippe Baudouin) et dont le point de fuite se situerait quelque part vers l’infini. L’extrême nudité des motifs, le dépouillement presque total confinent à l’épure, sans que soit entravé pour autant l’élan de la phrase.” (op. cité).  Ensuite, pendant une quinzaine de jours, Django, accompagné de sa femme et de son fils, entreprit une tournée en Suisse. Par le chemin des écoliers comme toujours, car ayant croisé des Manouches, ils préférèrent les suivre sur les routes sans trop se soucier des concerts...
C’est aussi à ce moment que ce garçon qui avait fêté son quarante-troisième anniversaire trois mois plus tôt, ressentit de violents maux de tête et s’aperçut qu’il avait du mal à plier les doigts, chose quelque peu gênante pour un guitariste... On lui dit que sa tension artérielle était sans doute trop élevée et qu’il devrait consulter un médecin. Natu­rellement il n’en fit rien, avouant à Naguine qu’il avait “trop peur des piqûres”. Django et sa famille vinrent un jour dîner chez le saxophoniste suisse Loïs Choquart et des photos (d’amateur) furent prises à cette occasion. Freddy Haederli, qui en possède quelques-unes, certifie que si un médecin avait pu les connaître, il aurait immédiatement, manu militari si nécessaire, fait embarquer notre homme pour procéder à un bilan de santé complet, voire à quelques piqûres (peut-être) salvatrices... Mais aucun médecin ne vit jamais ces photos-là... Et, fin avril ou début mai, les Reinhardt retrouvèrent leur déjà retraite de Samois. Ils apprirent, dit-on, qu’en leur absence, Bing Crosby, de passage en France, avait vainement cherché Django dont il voulait – peut-être en souvenir d’Eddie Lang – faire son accompagnateur.  De retour en le manoir de ses rêves – un modeste logis dans le Bas-Samois, dont il ne fut jamais propriétaire et qui le ravissait –, Django reprit sa vie errante. Dans sa tête et au fil de l’eau, sans bouger. On raconte qu’un instituteur samoisien, retraité lui aussi et capable d’écrire la musique, notait parfois des petits bouts de guitare jetés au vent par le musicien et les lui offrait ensuite, sur des feuillets remplis de portées qu’il ne saurait décidément jamais décrypter. Il lui arrivait aussi de s’enregistrer sur le magnétophone... Il semble enfin que, dans la première semaine de mai 53, il fut à plusieurs reprises réquisitionné au “Club Saint-Germain”. Il est sûr qu’il y fit encore la soirée du 14 mai et s’en fut au petit matin dormir dans sa chambre d’hôtel. A partir de là, les versions diffèrent. La plus répandue le fait revenir, dans le courant de l’après-midi du 15 (une journée plutôt orageuse), d’une partie de pêche probablement assez arrosée. Il s’arrête un moment au café du patelin et bavarde avec les habitués du lieu. Soudain, il s’écroule, frappé de congestion...
Dans l’autre version, il passe la nuit dans sa chambre à Paris après son travail au Club. Il déjeune à midi puis prend le train pour Bois-le-Roi, la gare la plus proche de Samois. Ne trouvant pas de taxi, il se décide à faire le trajet à pied, en plein soleil. A Samois, il s’arrête au Café de son ami Fernand Loisy pour se rafraîchir. Naguine et Babik, qui l’ont aperçu de loin, le rejoignent et s’assoient avec lui à la terrasse. Au moment de porter la tasse de café à ses lèvres, il se sent mal et s’évanouit... Eut-il encore le temps de refuser pour la dernière fois le secours de la médecine ? On ne sait. Là non plus les choses ne sont pas très claires. Toujours est-il qu’un médecin finit tout de même par l’examiner et le faire embarquer d’urgence à hôpital de Fontai­nebleau. Arrivé plus tôt, aurait-il pu le sauver comme certains le pensent encore ? Tombé dans le coma, Django Reinhardt s’éteignit le lendemain, 16 mai 1953. Comme il eut une vie brève mais terriblement originale, l’Etat ne lui fit point de funérailles nationales. Une nouvelle tombe trouva sa place dans le petit cimetière de Samois. Quelques amis musiciens (dont Grappelli ne faisait pas partie) l’accompagnèrent ainsi à sa dernière demeure, comme on dit. Et aussi plusieurs centaines de Tziganes, venus rendre hommage à leur frère. Le “vrai” frère, Joseph, posa une guitare sur le cercueil. Depuis, il a rejoint Django dans le caveau, de même que la maman “Negros”, l’épouse Naguine et les deux fils, Lousson et Babik... Dans les jours qui suivirent, selon la tradition tzigane, Naguine brûla les effets personnels du défunt, ses guitares, son matériel de pêche, les partitions de l’instituteur, les enregistrements... Des guitares plus anciennes qu’elle n’avait pas sous la main ont survécu, mais nombre de tableaux ont disparu. Quant aux enregistrements, seul celui du concert de Bruxelles, fin 1948, est parvenu jusqu’à nous – sans doute parce que le fil magnétique était resté en la possession d’Hubert Rostaing... Ensuite, Naguine et son fils reprirent la route. Des concerts furent organisés à leur profit, car l’imprévoyant Django ne leur avait pas laissé lourd de thune.
Les bénéfices des ventes des ultimes enregistrements leur furent également reversés, de même que ceux des premières rééditions microsillon des anciens chefs-d’œuvre du Quintette, dirigées chez Pathé Marconi par Jean-Paul Guiter, Frank Ténot et Daniel Filipacchi. Pour les faces de la période 1936-1940, le guitariste (de même d’ailleurs que ses complices) avait été payés à la séance sous forme de cachets forfaitaires, sans royautés. L’équipe des rééditeurs fit faire un calcul, selon un pourcentage standard, de ce qu’auraient rapporté les ventes au musicien s’il avait eu droit aux royalties en question. Ce n’était pas la fortune, mais le chiffre était tout de même assez conséquent, se rappelle Guiter, chargé avec Ténot de remettre un chèque correspondant à la veuve. Naguine, pas plus que Django (et pas plus que nombre de Français en ces temps reculés), n’avait jamais eu de compte en banque. Il fallut que les deux lascars l’accompagnassent jusqu’au guichet d’un de ces établissements où elle ne voulait pas entrer seule, car, disait-elle, “il n’y a que des voleurs là-dedans”... A Samois, où l’on avait davantage apprécié Django comme joueur de billard d’élite et comme pêcheur-voyou que comme guitariste habité par la grâce, finit par s’organiser, à partir de 1978 (vingt-cinquième anniversaire de sa mort), tous les ans pendant trois jours à la fin de juin, un festival destiné (en théorie) à lui rendre hommage. Entre bien d’autres s’y produisirent son frère Joseph, ses deux fils et même, récemment, deux de ses arrière-petits enfants, Dallas et Lévis...
En histoire, il n’existe aucune excuse : on ne la refait pas. Pas question de céder à la tentation dans un domaine ou les “si” ne doivent pas avoir cours. L’histoire de Django Reinhardt et de sa musique s’est brisée irrémédiablement le 16 mai 1953. Une catastrophe, une calamité, mais c’est ainsi. Qui peut dire ce qui serait arrivé “si” ? S’il avait vécu dix ans de plus, ou vingt, ou quarante? Comment aurait-il joué à la Grande Parade du Jazz de Nice ou à Jazz à Juan dans la seconde moitié des années 70 (avec ou sans Stéphane, qui visita à plusieurs reprises les dits festivals)? D’ailleurs aurait-il encore seulement joué à cette époque-là ? Avec Django, l’être le plus libre que le jazz (et probablement bien d’autres choses) ait connu, sait-on jamais ? Certes, une vision quelque peu li­néaire du processus (celui qui, en général, mêne du ventre de la mère à la tombe), voire dialectique (bien que, de nos jours, la raison dialectique ne soit plus très à la mode), le ferait poursuivre, victorieux mais sans illusions, une carrière régénérée, réellement internationale cette fois, remplie d’expérience et de sagesse, convergeant vers une sorte d’Omega qu’aurait peut-être qualifié d’“esprit absolu” un dialecticien d’Iéna, vermoulu et, à l’évidence, terriblement démodé... Plus simplement, derniers enregistrements à l’appui, on pourrait penser, eu égard à sa maîtrise parfaitement accomplie de l’électricité et du be-bop à sa botte (et non le contraire) mani­festée en mars et avril 53, qu’il aurait pu suivre une trajectoire à la Armstrong : l’explosion, le swing impérial, l’exploration de continents inouïs, la gloire, l’exploitation tranquille des découvertes d’avant (avec, de temps en temps, ça et là, un petit truc chouette signifiant que le créateur ne dormait que d’un œil), la reconnaissance universelle, la stratification sympathique, la gelée de groseille...
Au moins Django a-t-il échappé aux dernières étapes de la sacralisation. D’autres s’en sont chargés pour lui. Quelle idée, aussi, de flancher comme ça, à quarante-trois piges. En aurait-il eu envie, rien que pour ne pas retourner chez McCarthy et l’Oncle Sam réunis ? Quel­quefois, on n’a pas le choix. On en connait d’autres, genre Bix ou Bird, qui ne se sont même pas demandés si la suite valait vraiment le coup...  Imaginons un peu Monsieur Reinhardt rentrant une seconde fois déçu d’un pays décevant (que celui-ci ait, sans trop le vouloir, “inventé” le jazz ne change rien à l’affaire). Aurait-il eu tellement envie de remettre le couvert, lui qui, avant déjà, semblait si fataliste et de plus en plus éloigné de cette sorte de préoccupations ? N’aurait-il pas plutôt laissé définitvement rouiller ses cordes sublimes pour ne plus peindre désormais que les choses cachées derrière les choses? A moins que, larguant les amares, il n’ait fait l’emplette d’un chalutier d’occase pour aller à la pêche au gros sur les bancs de Terre-Neuve ? Ou alors, toujours plus distant, inconditionnel de la sieste, il se serait prostré et n’aurait plus répondu à ses interlocuteurs (de moins en moins nombreux au demeurant) que “crénom”, en toute simplicité. Grand voyageur, se serait-il inscrit en catimini pour être le premier à marcher sur la Lune et ne se serait-il point désisté en apprenant que l’expédition était organisée par les Américains (militaires, de surcroit)? Ou bien on l’aurait peut-être aperçu, aventurier dans la brume, se livrant à la brune au trafic d’armes – voire d’esclaves –, quelque part en Abyssinie... 
Dans la conclusion de son Django (Ed. Parenthèses, 1998), Patrick Williams rappelle que les Manouches donnent aux enfants des surnoms qui, en réalité, sont leurs véritables noms, ceux par lesquels on les appelle dans la communauté. Il fournit quelques exemples et ajoute : “Il faut croire qu’en venant au monde, le petit Django a poussé un fameux cri et qu’aussitôt un éclat de lumière a troué l’obscurité qui couvrait la campagne du Brabant, ce 23 janvier 1910, vers dix heures du soir, parce que, dans la langue des Manouches,, «Django» cela veut dire Je réveille !”... Il termine ainsi : “le «Je» est remarquable. «Django» est un nom rare alors que «Djanguela» («il réveille; celui qui réveille») est courant. On comprend bien qu’un bébé, lorsque ses parents et les enfants dorment ensemble dans une caravane, soit appelé «Celui qui réveille». Mais avec «Django», c’est comme si, sans attendre, il avait fait savoir que, pour ce qui était de son destin, il ne s’en remettait à personne et s’en emparait, lui, à deux mains... Comme on s’empare, bien sûr, d’une guitare.” Destin, fatalité, romantisme... Ou bien alors, ce «Je réveille», c’est tout bonnement la li­berté incarnée, en acte, cette belle insaisissable qui, pendant tant de siècles, fit passer un nombre incalculable de nuits blanches à la chère vieille philosophie occidentale en la personne de ses plus illustres représentants. Django Reinhardt était bien l’un des très rares capables de réveiller à la première personne. Sans doute même pouvait-il tirer une chose comme le jazz d’un terrible sommeil dogmatique... Une “intégrale” achevée, menée à bon port, sans qu’il manque le moindre bouton de guêtre, c’est un rêve! Dans les faits, ça n’existe pas et c’est sûrement une bonne chose : la preuve que l’on n’arrive jamais à épuiser tout à fait un bonhomme, qu’une part – infime peut-être, mais aussi capitale dans la préservation du mystère d’un esprit – parvient toujours à s’échapper en faisant le pied de nez ad-hoc à la face des exégètes ravis. Et quand le bonhomme en question a nom Django Reinhardt et a laissé derrière lui la phonographie que l’on sait (que dire d’Armstrong ou d’Ellington – pour se cantonner au seul domaine du jazz –, qui commencèrent bien avant lui et terminèrent bien après !), on peut être assuré que l’“Intégrale” le concernant ne sera jamais tout à fait close. Il se peut que trois mois (ou bien cinq ans, peu importe) après la parution de cet ultime album, l’on retrouve quelques-unes de ces “radios perdues” déjà mentionnées, ou quelques faces de disques demeurées inédites...  Au reste, nous savons dès maintenant que cette “intégrale” n’en est pas vraiment une, puisque plusieurs galettes, dans lesquelles la présence du guitariste est avérée ou présumée, ont sournoisement échappé à toutes les recherches. C’est par exemple le cas de ce vieux disque “à saphir” de la maison “Henry”, paru sous le numéro H.962 en 1928, dévolu au chanteur méridional Chaumel : Sur la Place de l’Opéra couplé avec E viva la Carmencita. Une chose de peu d’importance sans doute, mais Django affirmait qu’il s’agissait-là de la toute première séance de photographe à laquelle, en qualité de banjoïste, il avait participé, en compagnie de l’accordéoniste Alexander. Comme il ne se rappelait plus très bien le nom du gars, il avait parlé à Charles Delaunay d’un certain “Chabel” et pendant des années l’on chercha vainement un disque de ce monsieur...
Finalement, au début des années 1980, Chaumel sembla faire l’unanimité. Par la suite, dans les années 30, ce chanteur grava quelques autres faces (notamment chez “Idéal” et “Cristal”) que l’on déniche de temps en temps. Malheureu­sement, Django ne s’y fait point entendre. Quant à celui qui nous intéresse – probablement le tout premier – nul ne paraît le posséder ni même l’avoir entendu. Amateurs d’accordéon, de banjo bizarre et de chanteurs méridionaux, unissez-vous ! Ils l’ont fait, mais n’ont toujours rien trouvé... A se demander si ce disque Henry a réellement été commercialisé...  Aucun des huit titres mentionnés dans le texte du volume 1, enregistrés à la même époque par Alexander, sans le chanteur mais avec (peut-être) Django au banjo (Souvenirs, Yvette, Napoli, Cédratine, etc.), également édités chez “Henry”, n’a pu être localisé. Ceux-là pourtant, on en est sûr, ont bien été proposés au public. Nul collectionneur, nulle discothèque aussi importante soit-elle, ne semblent les posséder aujourd’hui. Il est vrai que les ventes ne furent certainement. pas miraculeuses... En revanche, nous avons découvert une autre galette “Henry” par Alexander, non signalée dans le volume 1, ou le banjoïste se démarque assez nettement des Py, Puig, De Ligori, Latorre et autres spécialistes de l’accompagnement des accordéonistes. Jeu plus mélodique, plus subtil, tel qu’on l’entend dans Parisette, (vol. 1, CD 1, plage 11), seul titre d’Alexander repéré à ce jour dans lequel le jeune “Jeangot” (dix-huit ans et encore – plus pour très longtemps – ses dix doigts), pourrait remplacer avantageusement l’un des vieux routiers...
En l’absence de feuilles d’enregistrement et même de numéros de matrices inscrits dans la cire, rien n’est sûr : impossible de savoir le nombre de séances et, partant, quels titres on peut rattacher à telle ou telle. Notons simplement que dans La Pergola et Déception d’Amour (ici à la fin du CD 1), il n’y a pas de saxophoniste, non plus que dans Parisette, alors qu’il y en a un dans d’autres faces à l’enregistrement desquelles Django (si c’est lui) n’a pas participé. Déception d’Amour fut également enregistré à la même époque chez “Idéal” (vol. 1, CD 1, plage 10) par Jean Vaissade en une séance (probablement mi-mai 28) où la présence du dentelier (identifié “Jiango Renard” sur les étiquettes gravées) est certaine. Dans la version Alexander, on serait tenté d’admettre que le banjo-guitare utilisé est le même que dans la version Vaissade. De là à penser que celui qui tient le banjo-guitare est le même... Ce Déception d’Amour, suprême désillusion, ne finit pas ; il manque la dernière note et la résonnance. Nous n’y sommes pour rien : c’est ainsi sur le disque. La seule coupable, c’est la maison Pathé et son désuet système de transfert cylindre-disque, via le vieux poisson acoustique. Il devrait y avoir prescription...  Django a-t-il enregistré avec Alexander pour d’autres firmes que “Henry” ? Lorsqu’il si­gnala jadis à Delaunay qu’il avait également fait des disques en compagnie de cet accordéoniste-là, il ne précisa évidemment pas pour quelle(s) marque(s). Or, il se trouve qu’Alexander fut, à partir de 1928, très demandé par le phonographe, tant chez Perfectaphone que chez Chantal, chez Broadcast puis chez Columbia (dès le printemps 1929). Si bien que des collectionneurs bien intentionnés se sont fait un devoir de traquer le Django en liberté dans certaines de ces faces. Simple petit problème de dates : des titres souvent cités, tels Rafle ou Et maintenant J’adore ça, furent gravés pour Columbia les 18 et 19 juin 1929; d’autres, comme Montmartre, Griserie ou Pour danser une Java, le furent chez Broadcast fin avril et début mai 1930.
En cette sombre période, le garçon, affreusement brûlé, ayant de justesse échappé à l’amputation, les doigts de la main gauche en marmelade, ne pouvait certainement pas gratouiller le moindre banjo... on mentionne aussi, toujours par Alexander chez Columbia, une des innombrables versions des Gars de la Marine (“tube” increvable issu du film Le Capitaine Craddock), gravure en date du 4 juillet 1932 avec jolis contre-chants de banjo. Mais à ce moment-là, le Manouche enfin rétabli coulait des jours tranquilles sur les bords de la Riviéra et jouait parfois avec la bande à Vola. Redisons-le : seules certaines faces “Henry” de 1928 sont susceptibles de bénéficier de son concours.  Toujours dans le domaine de l’accordéon, nous avons pu mettre la main sur les deux plus rares titres du 20 mars (et non du 19, indiqué par erreur dans le livret du volume 1) 1933, Ensemble (Marching Along Together) et Pluie de Printemps, par (Vetese) Guerino et son orchestre de la “Boîte à Matelots”. Cette fois, n’en déplaise aux sceptiques, Django est bien là – à la guitare. Là, certes, mais pas exactement ou on l’attend, c’est-à-dire dans le rôle du soliste, mais plutôt dans celui d’accompagnateur. Inhabituel bien sûr, presque inconcevable, surtout quand on sait que le soliste qu’il accompagne ici, Pierre “Baro” Ferret, deviendra un peu plus tard... un de ses accompagnateurs ! Tout ceci a déjà été si­gnalé dans le texte du livret du volume 1, mais sans doute n’était-ce pas assez clair. Dans ce même livret se trouve reproduite une photo montrant l’orchestre au complet, qui ornait l’un des suppléments mensuels de la firme “Odéon”. Guerino, Ferret, Django et Lucien Gallopain, le troisième guitariste, y sont aisément reconnaissables. Sans préciser quel était son rôle dans le groupe, Django, là encore, confia à Delaunay qu’il en avait fait partie et avait enregistré avec lui.
La seule séance susceptible de “coller” est celle du 20 mars 33. Dans les suivantes, l’oiseau s’est envolé : il n’y a plus qu’un seul guitariste d’accompagnement et ce n’est assurément pas notre homme... Ce n’est probablement pas lui non plus que l’on entend très (trop) discrètement lors d’une séance curieuse, organisée dans le courant de cette année 1933 pour la mystérieuse firme “SEDOEM” par Michel Warlop, afin de pourvoir en valses, fox-trots ou one-steps les écoles de danse... L’un des arguments avancés par ceux qui n’entendent pas Django (accompagnateur, donc) dans les six titres de Guerino est que les frères Ferret n’ont jamais mentionné cet épisode. Peut-être n’en eurent-ils pas envie ou bien qu’alors personne ne songea à leur poser la question. Au demeurant, il convient d’user ici du singulier: “lui” à la place de “leur”, car seul “Baro” est concerné, ses frangins n’ayant, en 1933, pas encore débarqué à Paris. De toutes façons, dans les deux morceaux retrouvés et placés ici tout à la fin du CD 1, la question du soliste à la guitare ne se pose pas : il n’y en a pas ! Mais le trio, très actif à l’arrière plan, est fort agréable.  Nous avons eu moins de chance avec le Columbia DF-1676, dévolu à la voix suave et totalement dépourvue de swing de Léon Monosson, chanteur originaire de Lituanie et parent du cinéaste Anatole Litvak, nous a as­suré un membre de sa famille. Monosson enregistra quelques faces chez Columbia en 1934-35, notamment avec l’orchestre du pianiste Léon Kartun et, surtout, le 9 février 35, avec la formation d’Alain Romans dont fit brièvement partie Django. Les deux premiers titres de la séance, Deux Cigarettes dans l’Ombre (Two Cigarets in the Dark) et Tout le Jour, toute la Nuit (Night and Day) se trouvent inclus dans le volume 2 (CD 2) et l’on sait que le quatrième morceau, Je ne vois plus que Toi (I Only Have Eyes for You) (matrice CL 5223-1), ne fut jamais édité. Le troisième, en revanche, Reste toujours Toi-même (Stay as Sweet as You Are) (matrice CL 5222-1), le fut bel et bien : sur cette galette demeurée obstinément introuvable. A se demander si c’est bien vrai – encore que la référence figure au catalogue de la firme – et si, au dernier moment, la sortie ne fut pas simplement annulée, comme cela arrive parfois quand tout est déjà imprimé...
Et si cette face a réellement été commercialisée, combien en a-t-on vendu d’exemplaires ? Moins d’une centaine, probablement. Pas étonnant qu’on n’arrive à mettre la patte dessus... Consolons-nous en pensant que, peut-être, Django a mis les voiles après l’enregistrement des deux premières chansons et qu’il ne joue pas dans les deux suivantes... Pas de traces non plus – il fallait s’y attendre – de certaines sessions plus ou moins avortées, dont les résultats ne furent point communiqués au public, mais dont des extraits pourraient encore exister sous forme d’épreuves d’usine. C’est la cas de quatre faces du trompettiste Arthur Briggs, flanqué de Django et Stéphane, réalisées en 1935 pour Ultraphone ou Polydor (au choix). C’est le cas aussi de deux titres du Quintette à cordes, Billets doux et Swing 39, dont les premières “prises” auraient, dit-on, pu être éditées par erreur sur quelques exemplaires introuvables (ce sont les secondes qui furent choisies). Rien concernant, à propos de “prises”, celles marquées “2” (les éditions française et anglaise utilisent les premières) de Body and Soul et My Melancholy Baby, interprétés le 31 mai 1938 par l’harmoniciste américain Larry Adler avec le concours du Quintette – et pourtant, des tests furent pressés... Pas davantage de résultats touchant le I Wonder (OLA 2309-1) enregistré pour “Swing” le 28 décembre 1937, en même temps que College Stomp et Harlem Swing (voir volume 7), par Philippe Brun, quelques collègues de chez Ray Ventura, Django et Grappelli. Des tests furent également pressés en leur temps des premiers essais en solitaire, sur Je suis swing et Quand les Abeilles joueront de la Clarinette, de Johnny Hess accompagné, le 24 mai 1938, par le guitariste et le violoniste (voir volume 8 et aussi le recueil consacré à Hess – Frémeaux FA 5054); aucun n’a pu être retrouvé. Seul le premier titre fut refait six mois plus tard, avec le concours d’un orchestre totalement différent...  En revanche, grâce à la générosité de Daniel Filipacchi, il nous est possible de proposer ici trois superbes raretés, à l’ouverture du CD 2. Gravées à treize jours d’intervalle (30 septembre et 13 octobre 1935) lors des premières séances (plutôt laborieuses) du Quintette pour Decca (voir volume 4), les deux versions de Chinatown, my Chinatown (matrices 2010 HPP et 2037 HPP) furent l’une et l’autre refusées à l’édition. On peut présumer que, prises sur un tempo extrêmement vif, elles donnèrent l’impression d’une certaine confusion vers la fin.
De plus, chose rarissime, Grappelli a tendance à accélérer dans le dernier chorus. Il n’en fallait pas plus... Le troisième morceau (le premier sur le CD) paraît encore bien plus mystérieux, qui n’est mentionné dans aucune discographie. Il s’agit d’un test simple-face, étiquette blanche, sans la moindre indication de titre, interprètes ou marque. Seul le chiffre “235”, précédé de la lettre “E” (probablement pour “essai”), se trouve inscrit dans la pâte. Toutefois, l’iden­tité des participants ne laisse guère subsister de doute : Arthur Briggs à la trompette, Grappelli au piano puis au violon, Django à la guitare et Louis Vola à la basse. Au cours de l’année 1935, les membres du Quintette eurent assez souvent l’occasion de se produire – notamment au “Stage B” – en compagnie de Briggs, déjà vétéran du jazz au style souple et léger, venu en Europe dès 1919 avec le légendaire Southern Synco­pated Orchestra de Will Marion Cook, dont faisait également partie Sidney Bechet. Après moult hésitations tout au long des années 20, il avait, comme nombre de ses compatriotes, opté pour la “vieille Europe”, dont les charmes (malgré les bruits de bottes) avaient de quoi séduire des gens pas toujours très bien considérés dans la plus grande Démocratie du monde et de tous les temps... Arthur, qui nous a quitté en 1991 à sans doute plus de nonante ans, passa le reste de ses jours en France – y compris la période pénible de l’Occupation. Au cours de l’été 1935, les gens des cordes l’avaient invité à l’une de leurs séances “Ultraphone” (voir volume 3), et lui, rendant la politesse, les avait fait participer à la session restée inédite signalée ci-dessus. Si bien que l’on s’est demandé si ce test ne provenait pas de la dite session. Le problème – car il y en a un, comme il se doit – c’est que les quatre morceaux retenus alors pour l’enregistrement étaient (d’après Delaunay, certainement présent dans le studio) Tïger Rag, Sweet Georgia Brown, Who? et There’ll Be Some Changes Made, toutes choses fort connues et aisément identifiables, même Who?, gravé vers 1926 par nombre d’orchestres de danse yankees, ainsi que par Mistinguett en vf. Or, le morceau du test n’est aucun des quatre... Vraiment un essai, comme d’ailleurs le confirme la petite gymnastique de Grappelli passant d’un instrument à l’autre, grâce à Django qui lui ménage quelques jolies mesures au bon moment. A la fin, c’est Alain Antonietto qui a identifié l’objet : Bright Eyes, vieille cuvée de l’an 1920 que Paul Whiteman enregistra dès janvier 21 et que Briggs devait avoir inscrit à son répertoire depuis l’époque... Précisons que les tests, quelles que soient leurs qualités, n’étaient jamais destinés à être édités commercialement; ils servaient uniquement aux techniciens pour prendre leurs marques et aux têtes pensantes des firmes pour accepter (ou refuser) tel ou tel artiste. En général, au bout de quelques auditions ils devenaient injouables. Un miracle donc que celui-ci ait survécu en bon état ! Ce qui ne nous dit pas quelle firme le fit enregistrer. Pas la “Société générale du Disque” (futur Pathé-Marconi) en tous cas. J’ai longtemps pensé qu’il pouvait s’agir de “Polydor”. J’en suis beaucoup moins sûr aujourd’hui...
Quoiqu’il en soit, Henri Filipacchi dut se trouver au bon endroit au bon moment pour récupérer au vol cet oiseau plus que rare. Et merci à Daniel, son fils, de ne pas l’avoir gardé jalousement par devers lui comme le font parfois les collectionneurs...  Encore des tests, toujours en 1935, mais ceux-ci concernent la formation du danseur/chanteur/trompettiste occasionnel noir américain Freddy Taylor, qui se produisait au début de cet an 35 dans cette boîte parisienne appelée la “Villa d’Este”. Le guitariste régulier en était l’Argentin Oscar Aleman, redoutable concurrent de Django, qui participa avec le groupe à une première séance “Ultraphone” au début du mois de mars. Ensuite, de la mi-mars à la fin avril, Django le remplaça et c’est précisément à cette époque que Delaunay place une nouvelle session de quatre titres pour la même firme, laquelle ne commercialisa jamais les dits enregistrements. On a pensé les avoir retrouvés sous forme d’épreuves souples voici une dizaine d’années, mais il s’agit peut-être en réalité d’une, troisième séance... On trouvera davantage d’informations sur cette question dans le livret du volume 3, où figure déjà Swanee River (CD 1, plage 7), l’un des quatre titres re­trouvés, celui qui offre le plus long solo de guitare... Comme, évidemment, la date d’enregistrement n’est pas plus connue que la marque pour laquelle ceux-ci furent réalisés, il n’est guère aisé de trancher entre Oscar et Django. Si ces faces sont antérieures au 15 mars ou postérieures au 30 avril, le Manouche n’est sûrement pas dans le coup. Certains traits peuvent néanmoins lui être attribués, alors que d’autres font plutôt songer à l’Argentin.
A la sortie de ce volume 3, nous avons laissé juge l’auditeur mais n’avons ob­tenu que peu de réponses. De toute façon, les deux musiciens arrivaient ex-aequo... Récidivons donc avec How Come You Do Me Like You Do, l’autre face présentant un solo (plus bref que celui de Swanee River) en même temps qu’un travail d’accompagnement remarquable. Pas de solo, malheureusement, sur les deux autres morceaux, Blue Drag et Mama Don’t Allow...  Nouveau problème d’identification avec les faces suivantes, Y a du Soleil dans la Boutique et Chéri est-ce que tu m’aimes, gravées par la “French Swing Girl”, Micheline Day, la sœur cadette de Mireille, sur une ga­lette “Polydor” qui décrocha l’un des “Prix Candide” pour l’an 1937. Quand, sur le conseil d’Ivan Députier, j’en fis l’acquisition vers 1975, j’en parlai à Charles Delaunay qui se montra formel : “c’est bien Grappelli, mais ce n’est pas Django. C’est mon copain Henri Schaap, membre comme moi du Quintette Dupont-Durand”... Plus tard, en 1982, lorsque je rééditai pour la première fois ces chansons sur un 33 tours intitulé Django et Compagnie, Micheline Day, de retour en France après des années passées en Amérique du Sud, fut ravie et me donna quelques renseignements complémentaires : il y avait bien en effet Stéphane au violon, mais Django, selon sa bonne habitude, avait fait faux bond et avait dépêché à sa place son frangin “Ninnin”... Depuis, la dame a changé d’avis : elle est maintenant certaine que c’est bien  l’aîné des Reinhardt qui se trouvait à son côté dans le studio, ce 26 octobre 1937. Revirement assez compréhensible : contrairement à sa grande sœur, Micheline n’a que peu de disques à son actif. Alors, tant qu’à faire, il n’est pas plus mal d’affirmer que, pour ceux-ci au moins, on a eu comme accompagnateurs la fine fleur du jazz français du moment ! C’est humain... Quoiqu’il en soit, la remarque de Delaunay touchant Henri Schaap reste pour le moins curieuse.
On peut se faire une idée du style de ce guitariste assez discret, pour ne pas dire effacé, en écoutant dans le recueil Frémeaux (FA 5096) intitulé Harmonica Swing les deux titres du “Quintette Dupont-Durand” et ceux où, en compagnie de Michel Warlop, il accompagne l’excellent Max Geldray... Or, le guitariste de Y a du Soleil est loin d’être aussi timide qu’on veut bien le dire. Petit mystère dont la clef réside peut-être en cela qu’il existe au moins un autre disque de Micheline Day, gravé le 3 mars 1938, toujours chez “Polydor”, avec une formation légèrement différente dirigée par le pianiste Michel Emer. Deux gentilles bluettes dans le même esprit, Tu M’aimes (4035 hpp) couplé avec Y a des Fleurs (4036 hpp) sous le nu­méro 524410, permettent d’entendre un violoniste (certainement Grappelli, là encore), Emer au piano, un clarinettiste, un bassiste et un ou deux guitaristes dont l’un, cette fois, risque fort de s’appeler Schaap... Moralité ? Confusion probable : Delaunay, possesseur de ce second disque, a dû croire que je parlais de lui alors que, de mon côté, je faisais allusion au premier... Il n’empêche : je persiste et signe en affirmant que le guitariste sur Y a du Soleil n’est pas plus Django que Schaap, mais bel et bien Joseph. A cause de ce je ne sais quoi qui fait défaut à son jeu. Ce petit rien qui fait toute la différence (insondable) entre un cadet talentueux et un aîné de génie, par exemple...  Ride, Red, Ride, suite de variations sur Tiger Rag, provient du concert donné le 10 novembre 1946 au “Civic Opera House” de Chicago, quand le Manouche faisait (presque) partie de l’orchestre de Duke Ellington. Cette version se trouve déjà sur le CD 1 (plage 14) du volume 13, mais, nous a-t-on signalé, il manque vingt-quatre mesures ! C’est hélas fort juste... Ces acétates de concerts qui s’enchaînent souvent de manière assez cahoteuse vous réservent parfois de ces surprises !.. Bizarre, quand même, cette fa­culté que possèdent certains de mettre directement le doigt sur le moindre défaut, aussi minime soit-il, et de ne surtout jamais faire allusion à tout ce qu’il peut se trouver de nouveauté dans telle ou telle entreprise, comme par exemple la présente “intégrale”, où un nombre assez élevé d’inédits permet d’apporter quelques perspectives différentes sur la question... Afin que le ciel ne nous tombe pas sur la tête comme le craignaient jadis nos Ancêtres les Gaulois, pour n’être point maudits, toutes générations confondues, jusques à la fin des temps, nous avons décidé, non seulement d’inclure ici les fameuses vingt-quatre mesures, mais aussi celles qui précèdent et celles qui suivent. Sympa, non? 
Le 21 septembre 1952, la Radiodiffusion nationale diffusa deux titres dont Django Reinhardt était la vedette et qui semblaient provenir des enregistrements réalisés dans la seconde moitié de 1947 afin d’être programmés dans les émissions de la série Surprise-Parties (voir volumes 14 à 17). C’est en tous cas vrai du second morceau, R-Vingt-six, dont le début (il se trouve interrompu bien avant la fin) correspond à la version radio avec Grappelli de novembre 47, diffusée le 27 décembre (vol. 15, CD 2, plage 13). Quant au premier... Capté au vol par un amateur, l’acétate sur lequel il se trouve est dans un état déplorable et l’annonce à peu près inaudible. Même en tendant désespérément l’oreille, on a un mal fou à ouir un titre ressemblant à “Quelquefois”. Et, contrairement au suivant, celui-ci paraît n’avoir pas été envoyé sur les ondes en son temps. Peut-être parce que son atmosphère tranquille, recueillie, semblait déplacée dans le cadre d’une “surprise-party” digne de ce nom... Tout porte à croire que la laque dans laquelle il se trouvait emprisonné ne fut récupérée par hasard que trois ou quatre ans plus tard... Ici, le guitariste est flanqué d’Hubert Rostaing à la clarinette et l’interprétation doit appartenir à la copieuse série qu’ils firent ensemble d’août à octobre-novembre 47. En somme, un laissé pour compte repris de justesse... Django n’enregistra jamais commercialement ce Quelquefois, mais après sa mort d’autres le reprirent, en partant soit d’une partition, soit de l’enregistrement ici reproduit. Ce fut d’abord le clarinettiste Gérard Lévêque, ex-compagnon de Django, qui lui donna pour titre Pour que ma Vie demeure (1957). Vint ensuite Michel Attenoux, autre clarinettiste, qui l’enregistra vers 1960 pour une firme distribuant ses 45 tours dans les Prisunic... En 1965, les Guitars Unlimited en feront un arrangement et le baptiseront tout simplement Testament. Depuis, cette mélancolique composition a repris sa deuxième identité (Pour que ma Vie...) et a été parfois interprétée par des musiciens comme Patrick Saussois ou Didier Roussin.  Avec ce Quelquefois-Pour que ma Vie-Testament s’achève notre “rattrapage” de quelques Djangos oubliés et retrouvés... Afin de compléter cette ultime livraison, il n’a pas paru incongru d’inclure quelques jolies illustrations de ce qu’étaient capables de faire ses parents, ses potes, ses admirateurs, voire ses concurrents – ses frères, en somme... En commençant justement par son frère, Joseph, à qui il n’octroyait jamais le moindre solo aux jours du Quintette.
Tant et si bien que, de temps en temps, il en avait ras la guitare, “Ninnin”, et qu’il prenait le large... pour finir quand même par presque toujours revenir !.. Néanmoins, notamment à l’époque de l’Occupation, il joua les abonnés absents assez longtemps, se faisant membre de la pe­tite formation “swing” de l’accordéoniste Gus Viseur (1942) puis montant son propre orchestre, avec Claude Laurence (alias André Hodeir) au violon (1942-45)... Il lui arriva aussi de participer à des séances du “Jazz de Paris” ou d’être réquisitionné par des formations de studio accompagnant Charles Trenet. Début 42, quand Joseph débarqua chez lui, Viseur enregistrait déjà pour “Swing” et “Columbia”. Il préféra donc ne pas trop se faire repérer et laissa Joseph signer à sa place une séance de mars pour la firme “ABC-Jazz Club” réalisée dans les studios de la maison “Technisonor”. Deux des titres, Zazou-zazou et Ballade, ont été réédités récemment par “Universal” ; voici donc les deux autres : Pam-Pam et Fantasque. Signalons que ce dernier morceau s’intitule bien ainsi et non “Fantastique”, composition de Paul Misraki, indicatif de l’orchestre Ray Ventura, alors en exil l’un comme l’autre... C’est également avec Viseur – sous le nom de celui-ci, cette fois – que la même année, chez “Swing”, Joseph participa à l’enregistrement de Swing 42, l’une des compo­sitions les plus populaires de son aîné en ce temps-là... Avec son propre groupe, Reinhardt cadet fit également quelques disques pour ABC en 1943 et 44. Là encore, plusieurs ont fait l’objet de rééditions assez récentes. Nous avons toutefois repris ici deux de ces faces, Un peu de Rêve et Douce Georgette (mieux connu en des jours meilleurs sous le nom de Sweet Georgia Brown), sans doute parce que Hodeir-Laurence nous a affirmé jadis qu’il avait joué là ses solos de violon les plus estimables !.. Les deux autres titres en revanche, plus tardifs, sont réédités ici pour la première fois, bien que nous ayons déjà inclus une version d’Odette, attribuée par erreur (mais avec de sérieuses ré­serves) à Django lui-même (volume 16, CD 1, plage 17). En réalité, il s’agissait de Joseph et de son groupe, lors de cette même session du printemps 44, mais c’était aussi une “prise” différente, probablement refusée à l’édition... Celle ici reproduite fut en revanche publiée en Belgique par la maison “Decca” et nous a été aimablement prêtée par Iwan Frésart. Il ne semble pas qu’ABC ait sorti ce titre en France, non plus que le verso, Dernier Soir, que chante Odette Pacou, la copine de “Ninnin” à l’époque – et non comme on l’a parfois suggéré Lucienne Delyle... C’est bien entendu à elle – également chanteuse sur J’attends l’Amour, face plus ancienne non retenue ici – qu’Odette est dédié.
Le guitariste d’accompagnement a nom “G. Milpat” et l’on pense évidemment au jeune Henri Crolla, que la bande du “Café de Flore” avait surnommé “Mille-Pattes” à cause de sa virtuosité. Mais, si c’est bien lui qui joue ici, pourquoi l’initiale “G” pour le prénom ?.. Joseph Reinhardt n’était certes pas Django, mais au fil des ans, il avait su développer sa propre originalité teintée d’une modernité certaine. Il fut, avant son frère, adepte de la guitare amplifiée (voir sa composition Oui, pour vous revoir, enregistrée avec le “Hot Four” de Grappelli - volume 15, CD 2, plage 6). Alain Antonietto va même jusqu’à suggérer qu’il utilise déjà un instrument de ce genre sur Odette, mais au printemps 44, ces bêtes-là ne couraient pas les rues d’un Paris encore terriblement occupé... C’est justement à ce moment, au printemps de l’an 1944, que naquit le second fils de Maître Reinhardt aîné, immédiatement baptisé “Babik” et qui devint plus tard, lui aussi, un guitariste renommé dont les enregistrements sont assez nombreux. Fin 2001, il s’en est allé rejoindre dans le caveau de Samois sa maman, son papa et aussi son demi-frère, Henri “Lousson” Baumgartner-Reinhardt, premier fils de Django, né en 1929, alors que son père, grand brûlé, tentait de redonner vie à une main gauche dont deux doigts resteraient à jamais paralysés... Lui, “Lousson”, il n’enregistra pas le moindre disque sous son nom : trop fantasque certainement, jugé trop inégal, il joua cependant beaucoup en club, dans un style évoquant parfois le Django de l’ère électrique. Le fragment ici inclus (CD 2, plage 16) de Love is Here to Stay, composition de Gershwin moins connue que I Got Rhythm ou Oh ! Lady be Good, saisi sur le vif, donne une idée assez précise de ses capacités. Document certes imparfait mais unique, communiqué par Alain Antonietto, qui, espérons-le, rendra une miette de justice posthume à un musicien aussi oublié qu’attachant. Les suivants sont moins oubliés bien que plus anciens, puisqu’il s’agit des frères Ferret – pour une fois de vrais “Gitans”, par rapport aux “Manouches” que furent les frères Reinhardt. “Baro” (qui, on l’a dit, eut assez souvent l’occasion de jouer avec Django dans les années 30), “Matlo” et “Sarane” développèrent ensemble (en trio) ou séparément des styles originaux, à la fois parents et néanmoins bien distincts de celui initié par le plus fameux de tous. Un recueil doit prochainement être consacré à leurs mérites chez Frémeaux and Co., aussi laisserons-nous Pierre Lafargue parler d’eux plus abondamment à cette occasion. Pour l’heure, bornons-nous à les entendre, avec ou sans Gus Viseur (en compagnie de qui ils jouèrent régulièrement en 1938-39), dans quelques thèmes signés Reinhardt. C’est le cas – avec Gus – de l’adorable Daphné, dédié par Django à une petite amie (anglaise) de Stéphane.
Le trio, sans l’accordéoniste, eut droit au début de 1939 à une séance “Columbia” de quatre titres : rien que des valses ! Des “valses gitanes”, il va sans dire, donc le plus souvent interprétées sur le mode mineur. L’une d’elles, intitulée Gin-Gin (alias, plus tard, Chez Jacquet), porte la griffe de Django Reinhardt, lequel en composa plusieurs que, malheureusement, il ne trouva jamais le temps d’enregistrer lui-même. Il est vrai que considéré à l’époque (et à juste titre) comme la locomotive du jazz hexagonal, ce n’est pas tellement ses valses que les maisons de disques lui réclamaient. Elles, il les réservait aux amis, aux frères, aux intimes réunis en petits comités... En 1959, “Matlo” Ferret en enregistrera quelques-unes chez “Vogue”, dont Choti. La version figurant ici est nettement plus ancienne, qui fut gravée sur acétate – peut-être à des fins de diffusion radiophonique – vers 1940 par le troisième larron, “Sarane”... C’est encore lui qui joue en solo, en compagnie cette fois de Tony Murena, l’autre grand spécialiste du swing au piano à bretelles, sur Gitan Swing, composition de l’accordéoniste et de “Baro” Ferret que n’aurait certes pas reniée Django. Dinah et I’ll See You in my Dreams (CD 2, plages 21 et 22) mettent scène deux anciens compagnons, momentanément séparés par le Channel ou l’océan pour cause de guerre mondiale, Grappelli et Vola, qui finiront bien par se retrouver un jour ou l’autre... Le premier, on le sait, fut le seul du Quintette à rester en Angleterre au moment de la déclaration de guerre, en septembre 39. Du coup, il s’y trouva bloqué durant toutes ces années de Blitz et de fog. Son exceptionnel talent le sauva rapidement du chômage. Employé dans le “Hatchett’s Swingtet” ou titulaire de groupes à géométrie variable dont fut souvent membre le pianiste George Shearing, il se produisit beaucoup en public, sur les ondes, parfois dans les films, souvent dans les studios d’enregistrement. En ces jours d’exil, pas plus que Django, il ne tenta de reconstituer un quintette du genre de celui qui fonctionna si miraculeusement entre 1934 et 1939. Pourtant, ils leur arrivait tout de même de temps en temps de se retrouver à cinq, comme en ce mois d’avril 1941 pour l’enregistrement de Dinah.
Stéphane, dont la plus grande qualité ne fut sans doute jamais la mémoire, se souvenait-il seulement, à moins de sept ans de distance, que ce grand “tube” américain du milieu des années 20, fut le premier morceau qu’enregistra lors de son initiale séance officielle de phonographe (le 11 ou le 12 décembre 34 - datation établie par Anne Legrand à partir de moult recoupements entre nombre de documents) le Quintette du Hot Club de France ? Peut-être après tout s’en souvenait-il quand même, puisqu’à la suite de cette gravure jugée “trop forte”, le patron de la maison “Ultraphone” demanda que, pour les faces suivantes, l’on mît une sourdine ! Quoiqu’il en soit, lui – Grappelli –, qui, en général, n’accordait guère de solos à ses guitaristes anglais, laissa pour une fois le vétéran Jack Llewellyn s’octroyer quelques mesures... Vola, le bassiste-accordéoniste, avait suivi une voie toute différente. De 34 à 39, il joua très régulièrement avec le Quintette, mais, avec son engagement chez les Collégiens de Ray Ventura, il fut parfois obligé de se couper en deux ! Position des plus délicates, à laquelle la guerre puis l’Occupation mirent fin : Ventura préférant laisser un maximum d’eau entre lui et nos vainqueurs, il partit pour l’Amérique du Sud en emportant dans ses bagages tout un orchestre dont Vola était membre, ainsi qu’un jeune guitariste-fantaisiste, destiné à connaître par la suite et jusqu’à aujourd’hui une notoriéte certaine, du nom d’Henri Salvador... En Argentine, fort de sa réputation d’ex-bassiste du déjà légendaire Quintette, Vola décrocha un contrat d’enregistrement auprès d’une importante firme et grava nombre de faces à cinq, avec les remarquables musiciens locaux qu’étaient le violoniste Hernan Oliva et le guitariste Luis Silva. Les étiquettes de ces disques, évidemment rédigées en espagnol, laissent volontairement planer un doute sur l’identité des solistes, comme il se doit. On peut être assuré que Vola était vraiment le seul de la bande à avoir joué en compagnie de Django Reinhardt ! Ce n’est pas lui, pourtant, qui avait accompagné le Manouche dans cette version que l’on peut sans crainte qualifier de sublime de I’ll See You in my Dreams, autre morceau à la mode des années 20, offerte aux disques “Swing” le 30 juin 1939 à Paris. Mais il ne pouvait pas ne pas la connaître... Quant au dernier - Daphné, une fois encore -, c’est aussi en Argentine qu’il fut enregistré. Plus tard, évidemment. Quand éclata la  guerre, Oscar Aleman, qui avait pris goût à la vieille Europe, dut bien se résoudre à rentrer au pays où il poursuivit une carrière des plus prolifiques, jalonnée de nombreux disques à l’humour parfois ravageur. Lui aussi s’était mis à l’électricité dès la fin des années 40 et c’est sur un instrument amplifié qu’il donna cette version de la composition de Django.
Exception à une règle qu’il semblait s’être fixée : rival autant qu’admirateur du Ma­nouche, Aleman n’a à peu près jamais enregistré les compositions de celui-ci, du moins de son vivant. Sauf ce Daphné. Faut-il y voir quelque prémonition ? On ne connaît pas la date exacte, mais tout porte à croire que cela se passa bien peu de jours avant la mort de son frère ennemi, ce type qui avait osé le remplacer chez Freddy Taylor au printemps 35! Le disque dut sortir pile au moment où, de l’autre côté de la grande mare, Django rendait l’âme... Ultime hommage venu de très loin du côté du cœur. Daniel NEVERS ©?FRÉMEAUX & ASSOCIÉS/GROUPE FRÉMEAUX COLOMBINI SAS, 2005  Le 21 septembre 1952, la Radiodiffusion nationale diffusa deux titres dont Django Reinhardt était la vedette et qui semblaient provenir des enregistrements réalisés dans la seconde moitié de 1947 afin d’être programmés dans les émissions de la série Surprise-Parties (voir volumes 14 à 17). C’est en tous cas vrai du second morceau, R-Vingt-six, dont le début (il se trouve interrompu bien avant la fin) correspond à la version radio avec Grappelli de novembre 47, diffusée le 27 décembre (vol. 15, CD 2, plage 13). Quant au premier... Capté au vol par un amateur, l’acétate sur lequel il se trouve est dans un état déplorable et l’annonce à peu près inaudible. Même en tendant désespérément l’oreille, on a un mal fou à ouir un titre ressemblant à “Quelquefois”. Et, contrairement au suivant, celui-ci paraît n’avoir pas été envoyé sur les ondes en son temps. Peut-être parce que son atmosphère tranquille, recueillie, semblait déplacée dans le cadre d’une “surprise-party” digne de ce nom... Tout porte à croire que la laque dans laquelle il se trouvait emprisonné ne fut récupérée par hasard que trois ou quatre ans plus tard... Ici, le guitariste est flanqué d’Hubert Rostaing à la clarinette et l’interprétation doit appartenir à la copieuse série qu’ils firent ensemble d’août à octobre-novembre 47. En somme, un laissé pour compte repris de justesse... Django n’enregistra jamais commercialement ce Quelquefois, mais après sa mort d’autres le reprirent, en partant soit d’une partition, soit de l’enregistrement ici reproduit. Ce fut d’abord le clarinettiste Gérard Lévêque, ex-compagnon de Django, qui lui donna pour titre Pour que ma Vie demeure (1957). Vint ensuite Michel Attenoux, autre clarinettiste, qui l’enregistra vers 1960 pour une firme distribuant ses 45 tours dans les Prisunic... En 1965, les Guitars Unlimited en feront un arrangement et le baptiseront tout simplement Testament. Depuis, cette mélancolique composition a repris sa deuxième identité (Pour que ma Vie...) et a été parfois interprétée par des musiciens comme Patrick Saussois ou Didier Roussin. 
Avec ce Quelquefois-Pour que ma Vie-Testament s’achève notre “rattrapage” de quelques Djangos oubliés et retrouvés... Afin de compléter cette ultime livraison, il n’a pas paru incongru d’inclure quelques jolies illustrations de ce qu’étaient capables de faire ses parents, ses potes, ses admirateurs, voire ses concurrents – ses frères, en somme... En commençant justement par son frère, Joseph, à qui il n’octroyait jamais le moindre solo aux jours du Quintette. Tant et si bien que, de temps en temps, il en avait ras la guitare, “Ninnin”, et qu’il prenait le large... pour finir quand même par presque toujours revenir !.. Néanmoins, notamment à l’époque de l’Occupation, il joua les abonnés absents assez longtemps, se faisant membre de la pe­tite formation “swing” de l’accordéoniste Gus Viseur (1942) puis montant son propre orchestre, avec Claude Laurence (alias André Hodeir) au violon (1942-45)... Il lui arriva aussi de participer à des séances du “Jazz de Paris” ou d’être réquisitionné par des formations de studio accompagnant Charles Trenet. Début 42, quand Joseph débarqua chez lui, Viseur enregistrait déjà pour “Swing” et “Columbia”. Il préféra donc ne pas trop se faire repérer et laissa Joseph signer à sa place une séance de mars pour la firme “ABC-Jazz Club” réalisée dans les studios de la maison “Technisonor”. Deux des titres, Zazou-zazou et Ballade, ont été réédités récemment par “Universal” ; voici donc les deux autres : Pam-Pam et Fantasque. Signalons que ce dernier morceau s’intitule bien ainsi et non “Fantastique”, composition de Paul Misraki, indicatif de l’orchestre Ray Ventura, alors en exil l’un comme l’autre... C’est également avec Viseur – sous le nom de celui-ci, cette fois – que la même année, chez “Swing”, Joseph participa à l’enregistrement de Swing 42, l’une des compo­sitions les plus populaires de son aîné en ce temps-là... Avec son propre groupe, Reinhardt cadet fit également quelques disques pour ABC en 1943 et 44. Là encore, plusieurs ont fait l’objet de rééditions assez récentes. Nous avons toutefois repris ici deux de ces faces, Un peu de Rêve et Douce Georgette (mieux connu en des jours meilleurs sous le nom de Sweet Georgia Brown), sans doute parce que Hodeir-Laurence nous a affirmé jadis qu’il avait joué là ses solos de violon les plus estimables !..
Les deux autres titres en revanche, plus tardifs, sont réédités ici pour la première fois, bien que nous ayons déjà inclus une version d’Odette, attribuée par erreur (mais avec de sérieuses ré­serves) à Django lui-même (volume 16, CD 1, plage 17). En réalité, il s’agissait de Joseph et de son groupe, lors de cette même session du printemps 44, mais c’était aussi une “prise” différente, probablement refusée à l’édition... Celle ici reproduite fut en revanche publiée en Belgique par la maison “Decca” et nous a été aimablement prêtée par Iwan Frésart. Il ne semble pas qu’ABC ait sorti ce titre en France, non plus que le verso, Dernier Soir, que chante Odette Pacou, la copine de “Ninnin” à l’époque – et non comme on l’a parfois suggéré Lucienne Delyle... C’est bien entendu à elle – également chanteuse sur J’attends l’Amour, face plus ancienne non retenue ici – qu’Odette est dédié. Le guitariste d’accompagnement a nom “G. Milpat” et l’on pense évidemment au jeune Henri Crolla, que la bande du “Café de Flore” avait surnommé “Mille-Pattes” à cause de sa virtuosité. Mais, si c’est bien lui qui joue ici, pourquoi l’initiale “G” pour le prénom ?.. Joseph Reinhardt n’était certes pas Django, mais au fil des ans, il avait su développer sa propre originalité teintée d’une modernité certaine. Il fut, avant son frère, adepte de la guitare amplifiée (voir sa composition Oui, pour vous revoir, enregistrée avec le “Hot Four” de Grappelli - volume 15, CD 2, plage 6). Alain Antonietto va même jusqu’à suggérer qu’il utilise déjà un instrument de ce genre sur Odette, mais au printemps 44, ces bêtes-là ne couraient pas les rues d’un Paris encore terriblement occupé... C’est justement à ce moment, au printemps de l’an 1944, que naquit le second fils de Maître Reinhardt aîné, immédiatement baptisé “Babik” et qui devint plus tard, lui aussi, un guitariste renommé dont les enregistrements sont assez nombreux. Fin 2001, il s’en est allé rejoindre dans le caveau de Samois sa maman, son papa et aussi son demi-frère, Henri “Lousson” Baumgartner-Reinhardt, premier fils de Django, né en 1929, alors que son père, grand brûlé, tentait de redonner vie à une main gauche dont deux doigts resteraient à jamais paralysés... Lui, “Lousson”, il n’enregistra pas le moindre disque sous son nom : trop fantasque certainement, jugé trop inégal, il joua cependant beaucoup en club, dans un style évoquant parfois le Django de l’ère électrique. Le fragment ici inclus (CD 2, plage 16) de Love is Here to Stay, composition de Gershwin moins connue que I Got Rhythm ou Oh ! Lady be Good, saisi sur le vif, donne une idée assez précise de ses capacités.
Document certes imparfait mais unique, communiqué par Alain Antonietto, qui, espérons-le, rendra une miette de justice posthume à un musicien aussi oublié qu’attachant. Les suivants sont moins oubliés bien que plus anciens, puisqu’il s’agit des frères Ferret – pour une fois de vrais “Gitans”, par rapport aux “Manouches” que furent les frères Reinhardt. “Baro” (qui, on l’a dit, eut assez souvent l’occasion de jouer avec Django dans les années 30), “Matlo” et “Sarane” développèrent ensemble (en trio) ou séparément des styles originaux, à la fois parents et néanmoins bien distincts de celui initié par le plus fameux de tous. Un recueil doit prochainement être consacré à leurs mérites chez Frémeaux and Co., aussi laisserons-nous Pierre Lafargue parler d’eux plus abondamment à cette occasion. Pour l’heure, bornons-nous à les entendre, avec ou sans Gus Viseur (en compagnie de qui ils jouèrent régulièrement en 1938-39), dans quelques thèmes signés Reinhardt. C’est le cas – avec Gus – de l’adorable Daphné, dédié par Django à une petite amie (anglaise) de Stéphane. Le trio, sans l’accordéoniste, eut droit au début de 1939 à une séance “Columbia” de quatre titres : rien que des valses ! Des “valses gitanes”, il va sans dire, donc le plus souvent interprétées sur le mode mineur. L’une d’elles, intitulée Gin-Gin (alias, plus tard, Chez Jacquet), porte la griffe de Django Reinhardt, lequel en composa plusieurs que, malheureusement, il ne trouva jamais le temps d’enregistrer lui-même. Il est vrai que considéré à l’époque (et à juste titre) comme la locomotive du jazz hexagonal, ce n’est pas tellement ses valses que les maisons de disques lui réclamaient. Elles, il les réservait aux amis, aux frères, aux intimes réunis en petits comités... En 1959, “Matlo” Ferret en enregistrera quelques-unes chez “Vogue”, dont Choti. La version figurant ici est nettement plus ancienne, qui fut gravée sur acétate – peut-être à des fins de diffusion radiophonique – vers 1940 par le troisième larron, “Sarane”... C’est encore lui qui joue en solo, en compagnie cette fois de Tony Murena, l’autre grand spécialiste du swing au piano à bretelles, sur Gitan Swing, composition de l’accordéoniste et de “Baro” Ferret que n’aurait certes pas reniée Django. Dinah et I’ll See You in my Dreams (CD 2, plages 21 et 22) mettent scène deux anciens compagnons, momentanément séparés par le Channel ou l’océan pour cause de guerre mondiale, Grappelli et Vola, qui finiront bien par se retrouver un jour ou l’autre...
Le premier, on le sait, fut le seul du Quintette à rester en Angleterre au moment de la déclaration de guerre, en septembre 39. Du coup, il s’y trouva bloqué durant toutes ces années de Blitz et de fog. Son exceptionnel talent le sauva rapidement du chômage. Employé dans le “Hatchett’s Swingtet” ou titulaire de groupes à géométrie variable dont fut souvent membre le pianiste George Shearing, il se produisit beaucoup en public, sur les ondes, parfois dans les films, souvent dans les studios d’enregistrement. En ces jours d’exil, pas plus que Django, il ne tenta de reconstituer un quintette du genre de celui qui fonctionna si miraculeusement entre 1934 et 1939. Pourtant, ils leur arrivait tout de même de temps en temps de se retrouver à cinq, comme en ce mois d’avril 1941 pour l’enregistrement de Dinah. Stéphane, dont la plus grande qualité ne fut sans doute jamais la mémoire, se souvenait-il seulement, à moins de sept ans de distance, que ce grand “tube” américain du milieu des années 20, fut le premier morceau qu’enregistra lors de son initiale séance officielle de phonographe (le 11 ou le 12 décembre 34 - datation établie par Anne Legrand à partir de moult recoupements entre nombre de documents) le Quintette du Hot Club de France ? Peut-être après tout s’en souvenait-il quand même, puisqu’à la suite de cette gravure jugée “trop forte”, le patron de la maison “Ultraphone” demanda que, pour les faces suivantes, l’on mît une sourdine ! Quoiqu’il en soit, lui – Grappelli –, qui, en général, n’accordait guère de solos à ses guitaristes anglais, laissa pour une fois le vétéran Jack Llewellyn s’octroyer quelques mesures... Vola, le bassiste-accordéoniste, avait suivi une voie toute différente. De 34 à 39, il joua très régulièrement avec le Quintette, mais, avec son engagement chez les Collégiens de Ray Ventura, il fut parfois obligé de se couper en deux ! Position des plus délicates, à laquelle la guerre puis l’Occupation mirent fin : Ventura préférant laisser un maximum d’eau entre lui et nos vainqueurs, il partit pour l’Amérique du Sud en emportant dans ses bagages tout un orchestre dont Vola était membre, ainsi qu’un jeune guitariste-fantaisiste, destiné à connaître par la suite et jusqu’à aujourd’hui une notoriéte certaine, du nom d’Henri Salvador... En Argentine, fort de sa réputation d’ex-bassiste du déjà légendaire Quintette, Vola décrocha un contrat d’enregistrement auprès d’une importante firme et grava nombre de faces à cinq, avec les remarquables musiciens locaux qu’étaient le violoniste Hernan Oliva et le guitariste Luis Silva.
Les étiquettes de ces disques, évidemment rédigées en espagnol, laissent volontairement planer un doute sur l’identité des solistes, comme il se doit. On peut être assuré que Vola était vraiment le seul de la bande à avoir joué en compagnie de Django Reinhardt ! Ce n’est pas lui, pourtant, qui avait accompagné le Manouche dans cette version que l’on peut sans crainte qualifier de sublime de I’ll See You in my Dreams, autre morceau à la mode des années 20, offerte aux disques “Swing” le 30 juin 1939 à Paris. Mais il ne pouvait pas ne pas la connaître... Quant au dernier - Daphné, une fois encore -, c’est aussi en Argentine qu’il fut enregistré. Plus tard, évidemment. Quand éclata la  guerre, Oscar Aleman, qui avait pris goût à la vieille Europe, dut bien se résoudre à rentrer au pays où il poursuivit une carrière des plus prolifiques, jalonnée de nombreux disques à l’humour parfois ravageur. Lui aussi s’était mis à l’électricité dès la fin des années 40 et c’est sur un instrument amplifié qu’il donna cette version de la composition de Django. Exception à une règle qu’il semblait s’être fixée : rival autant qu’admirateur du Ma­nouche, Aleman n’a à peu près jamais enregistré les compositions de celui-ci, du moins de son vivant. Sauf ce Daphné. Faut-il y voir quelque prémonition ? On ne connaît pas la date exacte, mais tout porte à croire que cela se passa bien peu de jours avant la mort de son frère ennemi, ce type qui avait osé le remplacer chez Freddy Taylor au printemps 35! Le disque dut sortir pile au moment où, de l’autre côté de la grande mare, Django rendait l’âme... Ultime hommage venu de très loin du côté du cœur.
Daniel NEVERS
©?FRÉMEAUX & ASSOCIÉS/GROUPE FRÉMEAUX COLOMBINI SAS, 2005 
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In the last six years of Django Reinhardt’s life, from his return from the American continent in 1947 until his death in 1953, the artist obviously rubbed shoulders with a number of American jazzmen, who had returned to Europe once the hostilities had ended.  Among them were some old pals such as Rex Stewart, Coleman Hawkins, ‘Big Boy’ Goudie and Bill Coleman, not to mention Ellington and his team.  He also met several big names of what was already considered as ‘classical’ jazz, who he had hitherto known through their discs including Roy Eldridge, Sidney Bechet and Benny Goodman.  And then there were those boasting their own idiolect and who attracted the curious, one nonchalant ferreter being Django – Dizzy Gillespie, Charlie Parker, Fats Navarro, Sonny Stitt, Bud Powell, Kenny Clarke and a few others.  The billing of the international jazz festival held in Paris in May 1949 was quite atypical (as was the festival in itself), featuring Parker and his Quintet (with Kenny Dorham, Al Haig and Max Roach) and this other quintet headed by Miles Davis and Tadd Dameron (with James Moody and Kenny Clarke), some boogie with Pete Johnson and swing with ‘Hot Lips’ Page and Don Byas.  But there was more to come!  Sidney Bechet, a patron of ‘old’ Europe, having come back after almost twenty years of absence was also present as well as some locals such as Claude Luter, Hubert Rostaing, André Ekyan, Léo Chauliac, Jean-Claude Fohrenbach, Aimé Barelli, Pierre Braslavsky, the Bernard Peiffer trio plus Vic Lewis’ British crowd, the Belgian ‘Bob Shots’, Hazy Osterwald’s Swiss quintet, Totts Thielsman’s trio and the Roman Armando Travajoli.  The only ones missing were Armstrong, Dizzy and … Django. 
The organisers seemed to have overlooked Django a little too easily.  He was playing in the ‘Pavillon de l’Elysée’ with André Ekyan and could have simply slipped away one night to climb on the Pleyel stage.  Moreover, Ekyan himself, as mentioned above, had indeed been invited.  But knowing the Gypsy’s grouchy tendencies, he may have declined the invite. It is however hard to believe that he wasn’t sometimes tempted to creep around the back scenes to further inspect these folk behind such phonographic provocation, and harder still to imagine he didn’t join them to jam after hours.  In Charles Delaunay’s biography on Django, nothing was mentioned, as if the musician simply respected his routine job, then plodded back home to bed.  Someone else maybe, but not a guy like him. As regards the Django-Dizzy relationship, we have a few more elements, but no sounds.  John Birks Gillespie, then a member of Teddy Hill’s band, commissioned to accompany the Cotton Club revue at the Moulin Rouge during the 1937 Universal Exhibition, having come to France a short while before to celebrate his twentieth birthday, and as he admittedly loved sniffing out ladies around Pigalle, it is quite probable he had already met up with Django.  In fact they had almost recorded together, as Delaunay and Panassié had devised some sessions led by Dickie Wells for their teething ‘Swing’ label.  Wells had asked for Django in the rhythm section, but esteeming Dizzy too ‘modern’, he was replaced by Bill Coleman.  You can find these six remarkable gems in Volume 6 of the present collection. A few years and one war later, during Django’s unique US trip, the two musicians again met up in New York but didn’t have the right to playing together. 
Dizzy was riding high, and the Gillespian factory was transferred to Paris in late February 1948, when Django was playing in Nice.  However, upon his return in March, he went to greet the new Master, along with Stéphane Grappelli.  Some photos bear witness of this encounter, but unfortunately no notes. Later still (1952-53), the trumpeter went back to Paris and cut quite a few discs for ‘Swing’ and ‘Blue Star’, mainly with Don Byas, the brothers Hubert and Raymond Fol, Pierre Michelot and Pierre Lemarchand – Django’s regular partners in the ‘Club Saint Germain’, excluding Django, funnily enough.  But he finally managed to team up with him on Sunday 1 March 1953 at the ‘Théâtre Royal des Galeries’ in Brussels.  The previous night, Django and his Quintet had played in the ‘Grands Magasins de la Bourse’ and couldn’t resist gate-crashing Dizzy’s billing, pleasantly surprising everyone, including Dizzy, and giving way to a ‘guitar-trumpet dialogue proving that these two musicians belong to the same exceptional class’, to quote Jean-Louis Scali, the President of the Hot Club of Belgium.  Alas, the local radio stations were hardly interested in this encounter, and no trace remains of it today. In fact, excepting the two ‘Blue Star’ sides cut in late 1947 (see Vol. 16), Night and Day and Confessin’, when he was Rex Stewart’s guest, Django did not record (either on disc or for the radio) with any Americans in the 1947-53 period.  True enough, this was a time of hardship when producers were reluctant to record and the radio took no risks.  One could have imagined that his contract as from 26 January 1953 with ‘Ringside’ (future ‘Blue Note’), along with the Quartet of the Afro-American pianist Art Simmons would have amended things, but this was not to be. 
Then there was a relatively brief spot on the radio show Avant-Premières, broadcast on 18 January 53 (recorded 3 days previously), featuring a poignant version of Yesterdays, with the pianist supposedly being Art Simmons, though Roger Paraboschi, who greatly assisted us regarding the Roman radio stints in 1950 believes it was Maurice Vander on the keys.  In the interview preceding Yesterdays, Django speaks more of his passion for fishing than of music, a hobby he pursued even when the season was closed.  When questioned about it, he apparently replied, “Oh, my brother, by the time it opens I may be dead!.” This small snippet is, to our knowledge, the second to last radio document featuring the Gypsy.  Meanwhile the files in the INA (National Archive Institute) indicate several other curiosities which, despite our insistence, have not been traced.  One of these phantom shows bears the reference number PHD 85007875 and allegedly lasted two and a half hours.  But it could have concerned some of the recordings made in the second part of 1947 for the show Surprise-Partie.  A second reference, PHD 89021408, presents in the series Paris, Capitale du Monde, a ‘Club d’Essai’ broadcast on 10 December 1950 at 9pm with boxer Georges Carpentier, conductor Alexandre Tansmann, Bing Crosby, Sidney Bechet, Sugar Ray Robinson Sugar and, of course, Django Reinhardt – a recording lasting one hour twenty-eight minutes.  The inscriptions indicated that it was a talk-show, so what on earth did Django chatter about this time?  Finally, recorded on 5 April 1952 and broadcast on 13 April over ‘Paris Inter’ (ref. PHD 88015978), there was a one-hour programme in the ‘Grand Orchestre’ collection, reuniting various names of the French stage and screen plus Django.  The band was apparently headed by Hubert Rostaing and the show intended for both the radio and television.  We will never know exactly how many times the guitarist appeared on the small screen, which in those days was indeed very small. A couple of weeks after the start of the ‘Ringside’ contract, on 30 January 53, Django contacted the Decca studios for the recording of four new titles, backed by the young team which accompanied him at the ‘Club Saint Germain’. 
The session was harmonious, covering blues (D.R. Blues), sounds of the day (Fine and Dandy), a totally regenerated old standard (Crazy Rhythm), topped by the sensual ballad Anouman, dedicated to Hanuman, a Hindu monkey god who helped Rama to recover his wife Sita from the demon Ravana. Django’s ultimate radio stint was on 1 February 1953 and is not listed at the INA for the simple reason that this new show of the series Jazz Variétés, broadcast on Sundays, usually live from the ‘Rex’, on national radio in 1952-53 was never classed as an ‘official’ recording.  It is thus through private initiative that we have been able to include these moving relics.  Unfortunately, amateur enterprise often resulted in slightly reduced recordings, cutting valuable bars, as was the case in the Jam-session, woven around Fine and Dandy.  Young Claude Bolling’s piano solo was sadly curtailed after the first notes and the thread was replaced much later on when Django attacked his second solo.  The beginning of the piece was on a tape from Charles Delaunay’s collection, but the end, which was missing, was fortunately retrieved and lovingly welded to its other half. Apart from this final Jam, the guitarist intervenes in Time after Time and in Blues which is  pleasant though somewhat pedestrian.  This time the band furnished was that of Tony Proteau, whose talent was revealed with Liberation.  A personal anecdote concerning the intrepid instigator of this series, Daniel Nevers.  On this particular 1 February, Daniel, then aged six and a half, went along to the Rex with his jazz-loving papa, Mimile where he saw Django in the flesh for the one and only time in his life.  He seems to recall that the artist quarrelled with the band leader (Proteau) and the host (Bobby Forrest), but were these erroneous childhood memories?  Most likely.  But how unfair!  Why did he have to take his final bow just three months later when loads of kids in breeches would have liked to see him again sporting long trousers? In any case, these aforementioned appearances all prove that in early 1953 Django wasn’t quite the recluse as some make out. 
On the contrary, it would appear that he had settled down somewhat, no longer feeling the same persistent urge to roam.  He relaxed in Samois and when working in Paris, he rented a room in a hotel.  Geoffrey Smith’s book dedicated to Grappelli, (Stephane Grappelli:  A Biography) mentions that Stéphane, back from London in February 53, sought out  his ex-partner, hoping to convince him to re-establish the old string Quintet for a US tour.  Apparently he was impossible to find.  Strange.  Perhaps deep down the violinist was hoping to tour America without Django… A more serious proposition concerning a tour of the States, Japan and a large part of Europe was made in March 53 by Norman Granz, a major producer of discs, films, concerts, radio and TV shows and, above all, the inventor of the ‘Jazz at the Philharmonic’ (JATP) which beckoned to the greatest jazz icons.  In this structure, our fiery Gypsy would have truly had firm footing, combined with memorable jam sessions with Dizzy or Bird.  He may even got it together with Louis, who knows?  But we will never know. And yet Granz did the necessary, asking Eddie Barclay, the French distributor of Norman’s American products, to organise a session ASAP.  The results were to be released in the US by ‘Clef’, on the Granz labels and by ‘Blue Star’ in Europe.  However, by the time the record came on the market, it was out of the question for Django Reinhardt to participate in the ‘Jazz at the Philharmonic’. On 10 or 11 March 1953 in the Pathé-Marconi studios, a quartet comprising Django, Maurice Vander (piano), Pierre Michelot (bass) and Jean-Louis Viale (drums) hatched eight carefully chosen titles in the space of three hours – just one take of each.  Four oldish standards; Confessin’, Night and Day, September Song and Brazil; Insensiblement, a pretty tune written by Paul Misraki; three pieces signed by Reinhardt:  Blues for Ike (the session’s sole novelty), seemingly dedicated to President Eisenhower, Manoir de mes Rêves and, of course, Nuages. 
Pierre Michelot believed it to be the best ever recording of Nuages, but all the titles boasted an outstanding instrumental sonority which guitarists the world over have never successfully attempted to match.  And these eight titles were the sole pieces in the guitarist’s phonographic career to be directly released on LP’s, and never on 78’s.  A superfine product to be recognised on an international scale, even though the Gypsy didn’t have time to relish in its acclaim. The last session was held a month later, on 8 April, this time for Decca, and again with no blowers.  Forever on the lookout for new sounds, Django added ‘Fats’ Sadi Lallemand to the previous month’s quartet.  This was also the first important session for the very promising pianist from Algeria, Martial Solal.  On this occasion, Ray Ventura’s old pals were honoured:  Paul Misraki with Chez Moi and Louis ‘Loulou’ Gasté with Le Soir.  The team equally interpreted I Cover the Waterfront and finally Deccaphonie, a Reinhardt composition evoking the piano single lines playing technique, using no chords. Then Django, his wife and son toured Switzerland, winding their way around the back lanes as usual.  It was then that the artist, having recently celebrated his forty-third birthday, suffered violent headaches and had difficulty in bending his fingers, but refused to see a doctor, admitting he was ‘afraid of injections’.  In early May, they were the guests of musician Loïs Choquart and some snapshots were taken.  And when they returned to Samois, they discovered that while away, Bing Crosby had tried to find Django in vain, hoping he would accompany him. Back in his modest rented home, the guitarist’s vagabondage again took over, both in his mind and by the river.  It would seem that in the second week of May 53, he was invited to play at the ‘Club Saint Germain’ on several occasions.  We know for certain that he was there on 14 May, but there are differing versions as to what followed. 
The most widely believed is that in the sticky afternoon of the 15th, he was returning from a fishing outing, stopped in the local bar to chat with the regular patrons and suddenly collapsed, having had a stroke.  Another account relates that he spent the night in his hotel room in Paris, had lunch then took the train to Bois le Roi, the nearest station to Samois.  Unable to find a taxi, he decided to walk back, and stopped off for a drink in a bar in Samois where he was joined by Naguine and Babik.  Just before sipping his coffee he passed out.  He was finally examined by a doctor, as he was whisked off to the hospital in Fontaineblau, but Django Reinhardt fell in a coma and died the following day, on 16 May 1953. He was left to rest in Samois’ small cemetery where a few fellow musicians saw him off as well as several hundred Tsiganes and his brother, Joseph, who laid a guitar on his coffin.  Later, he was to join Django in the tomb, along with their mother, ‘Negros’, his wife Naguine and his two sons, Lousson and Babik.  After the funeral, and as per Tsigane tradition, Naguine burnt her husband’s personal belongings, including his guitars and recordings, though but one – the concert in Brussels given in late 1948 – survived as the wire was no doubt in the hands of Hubert Rostaing. Django Reinhardt’s story was thus irreversibly shattered on 16 May 1953.  Django, the freest being jazz had ever known.  If only he had hung around for another ten, twenty or even forty years, able at last to savour international renown, this time with the added bonus of experience and wisdom.  But would he have truly wished to try his luck once more in the land of Uncle Sam and McCarthy, or would he have preferred to leave his sublime strings to rust? This ‘complete’ series may have reached its end, though is far from being complete.  How could one man’s life be encompassed in just twenty volumes, especially when the man in question is Django Reinhardt?  In the coming months, or even years, we will undoubtedly stumble across some of the lost radio recordings or unpublished sides of discs.  And indeed, many such pieces are still lacking, as cited in the previous albums of this collection. Some titles, however, have cropped up since our various distress calls which we have appended to the present boxed set, such as La Pergola and Déception d’Amour when in 1928, the young Django, or ‘Jeangot’ was (maybe) on the banjo accompanying the accordionist Alexander, though the latter tune is sadly missing the final note thanks to Pathé’s recording techniques.  Still with the portable free-reeds, we have managed to recover two rarer titles made on 20 March (and not the 19 as wrongly indicated in Vol. 1) 1933, Ensemble (Marching Along Together) and Pluie de Printemps by (Vetese) Guerino and his orchestra. 
Here, we are certain that Django is on the guitar, accompanying Pierre ‘Baro’ Ferret (who was to accompany him later).  Both of these pieces are without solos. The second part of this album opens with three superb rare pieces.  Cut on 30 September and 13 October 1935 during the Quintet’s debut sessions for Decca, the two versions of Chinatown, my Chinatown were both refused for release.  The third title (which is the first on CD2) is more mysterious in that it is not mentioned in any discography.  This one-sided test bears a white label without the slightest indication of title, interpreters or firm, though there is no mistaking as to the artists:  Arthur Briggs on the trumpet, Grappelli on the piano then violin, Django on the guitar and Louis Vola on the bass.  It was eventually identified as Bright Eyes, belonging to the 1920 vintage which Paul Whiteman recorded in January 21 and which Briggs must have then tucked into his repertory.  These three rarities were kindly lent by Daniel Filipacchi. More tests, again in 1935, this time concerning the band of the black American dancer/singer/occasional trumpeter Freddy Taylor, who was then billed in the Parisian club, the ‘Villa d’Este’.  His usual guitarist was Argentinean Oscar Aleman, muscular competition for Django.  From mid-March to the end of April, Django replaced him, and at this point a new four-titled session was organised for ‘Ultraphone’, though the results were never put on the market.  We found interesting tests made by this group some ten years back, but these were most probably the products of a later session.  Volume 3 featured Swanee River and here we may enjoy the other side boasting a solo, How Come You Do Me Like You Do although, still uncertain as to the recording date, we cannot ascertain whether we hear Oscar or Django on the guitar. Another identification problem arises in the following sides, Y a du Soleil dans la Boutique and Chéri est-ce que tu m’aimes, recorded by the ‘French Swing Girl’, Micheline Day for ‘Polydor’.  In the eighties, Micheline was back in France after years spent in South America and confirmed that Grappelli was behind the violin but the undependable Django had sent his brother ‘Ninnin’ to replace him on the guitar. 
Since, Micheline Day has changed her mind, now affirming the elder brother of the Reinhardt clan was beside her in the studio on 26 October 1937.  We believe her initial souvenir was correct, but have included both for the listener to judge for himself. Ride, Red, Ride was on the programme of a concert held on 10 November 1946 in Chicago’s ‘Civic Opera House’, when our Gypsy was (nearly) a member of the Duke Ellington outfit.  The version included in Volume 13, we later discovered, was missing twenty-four bars!  Respecting the completion of this ‘complete’ series, we can now appreciate this title in its entirety. On 21 September 1952, national radio broadcast two titles starring Django Reinhardt and which would appear to come from the recordings made in 1947 intended for the Surprise-Partie shows (see Volumes 14 to 16).  This was indeed the case with the second tune, R-Vingt-six.  The first was recorded by an amateur, and the acetate is in a sorry state.  However, after careful listening, we can just make it out to be Quelquefois, a title which was never broadcast at the time and which Django never recorded for commercial purposes.  After his death, other artists adopted it under other titles (Pour que ma Vie demeure and Testament). With this latter piece concluding our catching up of a few forgotten then retrieved Djangos, our epilogue concerns some pretty portraits of achievements made by his family, pals, admirers and even his rivals.  Beginning with his brother Joseph, who occasionally eclipsed from his sibling, particularly during Occupation when he joined the small swing band of accordionist Gus Viseur then founded his own set-up with Claude Laurence (alias André Hodeir) on the violin.  He also participated in some ‘Jazz de Paris’ sessions and was sometimes requested to play in studio bands accompanying Charles Trénet.  In early 42, Viseur was already recording for ‘Swing’ and ‘Columbia’ and allowed Joseph to sign for him during a March session for the company ‘ABC-Jazz Club’ which gave birth to four titles, two being Pam-Pam and Fantasque.  Again with Viseur in the same year, Joseph participated in the recording of Swing 42, one of his elder brother’s choice compositions at that time. Heading his own group, the younger Reinhardt also made a few discs for ABC in 1943 and 44, two sides being Un peu de Rêve and Douce Georgette (a disguised title of Sweet Georgia Brown). 
Two subsequent titles were Odette (falsely attributed to Django in Vol. 16), coupled with Dernier Soir, sung by Odette Pacou. In this same year, Django’s second son was born, ‘Babik’, another future guitarist of renown.  His step-brother, Henri ‘Lousson’ Baumgartner-Reinhardt never once recorded in his name, but frequently played in clubs.  The fragment of Love is Here to Stay gives us a good idea of his talent. The following titles may be older but are less forgotten, as they feature another Gypsy branch, the Ferret brothers – ‘Baro’, ‘Matlo’ and ‘Sarane’.  Here we can appreciate their artistry in three Django-signed numbers.  Firstly the adorable Daphné (with Gus Viseur), the Gypsy waltz Gin Gin, which Django never had time to record himself and Choti, played by ‘Sarane’ around 1940.  We discover the same brother, this time with Tony Murena, the other big French swing accordionist, in Gitan Swing, a composition by Murena and ‘Baro’ Ferret. Dinah and I’ll See You in my Dreams spotlight other companions, temporarily separated by the Channel or Atlantic due to WWII – Grappelli and Vola.  The former, as we know, was the only Quintet member to stay in England when war was declared, in September 39 and was then forced to stay during the years of blitzing and fog.  His exceptional skills enabled him to continue working, often in groups comprising pianist George Shearing.  Without attempting to recreate a quintet resembling that had worked like magic between 1934 and 39, the bands often added up to five members and such was the case in April 41 for the recording of Dinah. Bassist cum accordionist Louis Vola had followed a quite different path.  From 34 to 39 he played on a regular basis with the Quintet, but was also a member of Ray Ventura’s Collégiens, an orchestra which decamped to South America when France was occupied.  In Argentina, Vola clinched a contract with a large firm and cut a number of sides as a quintet, including remarkable local musicians, violinist Hernan Oliva and guitarist Luis Silva.  Here we find him in I’ll See You in my Dreams, a sublime version of which was made by Django in 1939. To conclude, Daphné was also recorded in Argentina, but later on.  With the hostilities, Oscar Aleman decided to return to his homeland where he enjoyed a rich career.  Being both a fan and rival of Django, Aleman rarely recorded the Gypsy’s compositions but on this occasion he dipped into his friend and enemy’s repertory, adding electricity to this version of Daphné.  The recording must have been made just a few days before Django’s death and was released as he was drawing his last breath.  An ultimate homage from the other side of the planet.
Adapted in English by Laure WRIGHT From the French text of Daniel NEVERS
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INTÉGRALE DJANGO REINHARDT / THE COMPLETE DJANGO REINHARDT
VOLUME 20 (1953)  “pour que ma vie demeure”
DISQUE / DISC 1
- Django : derniers feux / last recordings (1953)
1. INTERVIEW & YESTERDAYS (J. Kern)     (Radio-RTF-Broadcast)     2’26
2. CRAZY RHYTHM (I. Caesar-J. Meyer-R. Kahn)     (Decca MF 36124- P 1616-?)    3’07
3. ANOUMAN (D. Reinhardt)     (Decca MF 36124 - P 1617-?)    2’44
4. FINE AND DANDY (P. James-K. Swift)     (Decca MF 36125 - P 1618-1)    3’10
5. D.R. BLUES (D. Reinhardt)     (Decca MF 36125 - P 1619-2)     3’08
6. ANNONCE & TIME AFTER TIME (J. Styne-S. Cahn)     (Radio-R T F-Broadcast)     2’58
7. BLUES (Trad.)     (Radio-R T F-Broadcast)    2’50
8. FINE AND DANDY (P. James-K. Swift)     (Radio-R T F-Broadcast)    7’16
9. BLUES FOR IKE (D. Reinhardt)     (Clef MGG-516 - Part 17276)     3’20
10. SEPTEMBER SONG (K. Weill-M. Anderson)    (Clef MGC-516  - Part 17277)    2’33
11. NIGHT AND DAY (C. Porter)     (Clef MGC-516 - Part 17278)    2’50
12. INSENSIBLEMENT (P. Misraki)     (Clef MGC-516 - Part 17279)    3’06
13. MANOIR DE MES RÊVES (D.Reinhardt)     (Clef MGC-516 - Part 17280)    2’35
14. NUAGES (D. Reinhardt)     (Clef MGC-516 - Part 17281)    3’15
15. BRAZIL (A. Barreso)     (Clef MGC-516 - Part 17282)    2’25
16. CONFESSIN’ (Neiburg-Daugherty-Reynolds)     (Clef MGC-516 - Part 17283)    3’37
17. LE SOIR (L. Gasté)     (Decca MF 36165- P 1715-1)    2’55
18. CHEZ MOI (P. Misraki)     (Decca MF 36166 - P 1716-1)    2’57
 19. I COVER THE WATERFRONT (E. Heyman-J. Green)     (Decca PF 36166 - P 1717-1)     3’24
20. DECCAPHONIE (D. Reinhardt)     (Decca MF 36165 - P 1718-1)     3’14
- Django : compléments (1928-1933)     
21. LA PERGOLA (A. Bondot)     (Disque Henry H.906 - 906 A)    2’35
22. DéCEPTION D’AMOUR (Pourville-Silvestri)     (Disque Henry H.906 - 906 B)    2’30
23. ENSEMBLE (Marching along together)     (Odéon 250419 - Ki 5903-1)    3’05
(Steininger)
24. PLUIE DE PRINTEMPS (V. Guérino -M. Golfier)     (Odéon 2 50419 - Ki 5904-1)    2’47
FORMATIONS & DATES D’ENREGISTREMENT / PERSONNEL & RECORDING DATES
1. DJANGO REINHARDT dans “AVANT-PREMIERES”    
Django REINHARDT (parole/talking, el-g); Art SIMMONS ou/or Maurice VANDER (p) ; Pierre MICHELOT (b) ; prob. Roger PARABOSCHI (dm). PARIS (Radio/broadcast RTF), enregistrement/recorded : 15/01/1953 - Diff./Broadc.(Chaîne parisienne) 18/01/1953.
2 à/to 4. DJANGO REINHARDT et son QUINTETTE    
Roger GUéRIN (tp) ; Hubert FOL (as) ; Maurice VANDER (p) ; Django REINHARDT (el-g) ; Pierre MICHELOT (b) Pierre LEMARCHAND (dm). PARIS, 30/01/1953 (Studio Decca - Enregistreur/Recordist : Pierre MOIROU).
5. Même formation, lieu et date que pour 2 à 4, moins R.GUéRIN & H. FOL / Personnel, location & date as for 2 to 4 minus R. GUéRIN & H. FOL.
6 & 7. DJANGO REINHARDT avec TONY PROTEAU et son ORCHESTRE   
Bernard HULIN, Jean LIESSE, Roger GUéRIN, Fernand VERSTRAETE (tp) ; Nat PECK, Guy PAQUINET, André PAQUINET (tb) ; Jack ARY, Robert CUINET (as) ; Daniel DALLOLMO, André ROSS (ts) ; Henri ASPAR (bars) ; André PERSIANY (p) ; Django REINHARDT (el-g) ; Charlie BLAREAU (b) ; Gérard “Dave” POCHONNET (dm); Bobby FORREST (mc). PARIS (cinema “Le Rex”, 1, boulevard Poissonière - IIe arr.) (RTF prod., série “Jazz-Variétés” -Enr. privé/air-shot), 1/02/1953.
8. JAM SESSION    
Formation comme pour 6 & 7 / Personnel as for 6 & 7. Plus Claude BOLLING (p), Jean-Claude FOHRENBACH (ts), Raymond Le SénéCHAL (p). Solos : BOLLING - D. REINHARDT - J. LIESSE -J.C. FOHRENBACH - N. PECK - F. VERSTRAETE - R. le SéNéCHAL - B. HULIN - R. GUÉRIN - D. REINHARDT. Lieu et date comme pour 6 & 7 / Location & date as for 6 & 7.
9 à/to 16. DJANGO REINHARDT et ses RYTHMES    
Django REINHARDT (el-g) ; Maurice VANDER (p) ; Pierre MICHELOT (b) Jean-Louis VIALE (dm). PARIS, 10 ou/or 11/03/1953 (Studio “B” Pathé-Marconi Magellan - 10, rue Magellan, VIIIe arr. - Enr./Rec. : prob. Pierre Hamard).     NOTE : Les discographies indiquent la date du 10 mars, mais les archives Pathé-Marconi donnent celle du 11 / Discographies usually give 10 March as the date of recording, but the Pathé-Marconi archives state 11 March.
17 à/to 20. DJANGO REINHARDT    
Django REINHARDT (el-g) ; “Fats” Sadi LALLEMAND (vib) ; Martial SOLAL (p) ; Pierre MICHELOT (b) ; Pierre LEMARCHAND (dm). PARIS, 8/04/1953 (Studio Decca - Eur./Rec. : P. MOIROU).
COMPLEMENTS
21 & 22. L’Accordéoniste ALEXANDER    
Maurice ALEXANDER (acc) ; poss. Django REINHARDT (bjo) ; Non identifiés/Unidentified jazzoflûte/slide-whistle & perc/traps. PARIS, début juillet/early July 1928 (Studio Pathé, 30, boulevard des Italiens, IXe arr.).
23 & 24. GUéRINO et son Orchestre Musette de la Boîte à Matelots    
Vetese GUéRINO (acc, ldr) ; Pierre PAGLIANO (vln) ; Pierre “Baro” FERRET, Django REINHARDT, Lucien GALLOPAIN (g) ; “Tarteboule” (b). PARIS, 20/03/1933 (Studio Albert - 61, rue Albert, XIIIe arr. - Enr./Rec. : prob. Georges CAILLY). 
REMERCIEMENTS
Ils nous auront suivis jusqu’au bout – et même au-delà – et ils auront eu raison : Jean-Claude ALEXANDRE, Alain ANTONIETTO, Jean-Christophe AVERTY, Philippe BAUDOIN, Olivier BRARD, Dominique CRAVIC, Christian DANGLETERRE, Ate van DELDEN, Alain DéLOT, Ivan DéPUTIER, Yvonne DERUDDER, Daniel FILIPACCHI, Iwan FRéSART, Jean-Paul GUITER, Freddy HAEDERLI, Anne LEGRAND, Jacques LUBIN, Roger PARABOSCHI, Jean PORTIER. Et aussi ceux qui nous ont laché en chemin : Charles DELAUNAY, Gérard GAZèRES, Marcelle HERVé, Christian LIVORNESS, Robert PERNET, René RAMEL, Didier ROUSSIN, que viennent de rejoindre Frank TéNOT et John R.T. DAVIES... Que le Département de l’Audiovisuel de la Bibliothèque Nationale soit lui aussi remercié de son aide précieuse. 
DISQUE / DISC 2
- Django : Compléments (1935-1947)
1. BRIGHT EYES (O. Motzan)     (Test poss. Ultraphone E 235)    2’50
2. CHINATOWN, MY CHINATOWN (Jerome-Schwartz)     (Test Decca 2010 HPP)    2’44
3. CHINATOWN, MY CHINATOWN (Jerome-Schwartz)     (Test Decca 2037 HPP)    2’47
4. HOW COME YOU DO ME LIKE YOU DO ?     (Test K 170)    3’27 (Austin-Bergere)
5. Y A DU SOLEIL DANS LA BOUTIQUE     (Polydor 524380 - 3847 1/2 HPP)    3’00 (Mireille-J. Nohain)
6. CHéRI EST-CE QUE TU M’AIMES    (Polydor 524380 - 3848 112 HPP)    3’28 (B. Cocatrix-R. Sarbib)
7. RIDE, RED, RIDE (L.Millinder-I.Mills)    (Acetate unnumbered)    2’44
8. QUELQUEFOIS (Pour que ma vie demeure)    (RDF acetate unnumbered)    4’25 (TESTAMENT) (D. Reinhardt)
- La Famille & les potes / Family & pals
a) Joseph Reinhardt :
09. PAM PAM (A.L eyraux)     (Disque ABC 859 - ST 711)    2’46
10. FANTASQUE (A. Loyraux)     (Disque ABC 859 - ST 714)    2’41
11. SWING 42 (D. Reinhardt)    (Swing SW 140 - OSW 276-1)    2’40
12. UN PEU DE RêVE (J. Reinhardt)    (ABC Jazz Club JC 23 - ST 971)    2’58
13. DOUCE GEORGETTE (Sweet Georgia Brown)    (ABC Jazz Club JC 23 - ST 972)    2’33 (B. Bernie-M. Pinkard-K. Casey)
14. ODETTE (J. Reinhardt)    (Decca 9153 - ST 1064)    2’50
15. DERNIER SOIR (J. Reinhardt-A. Salvet)    (Decca 9153 - ST 1066)    2’40
b) Lousson Baumgartner-Reinhardt :    
16. LOVE IS HERE TO STAY (G. Gershwin)     (Bande privée/Private tape)    1’56
c) Les frères Ferret/The Ferret Brothers :    
17. DAPHNé (D. Reinhardt)     (Swing SW 60 OSW 48-1)    2’53
18. GIN-GIN (D. Reinhardt)     (Columbia test CL 6986-1)    3’04
19. CHOTI (D. Reinhardt)    (Acetate unnumbered)    2’28
20. GITAN SWING (T. Muréna-P. Ferret)     (Odéon 281489 - Ki 9221-1)    2’45
d) Stéphane Grappelli :    
21. DINAH (H. Akst-Lewis-Young)     (Decca F-R128 - DR 5579-1)    3’10
e) Louis Vola :    
22. TE VEO IN MIS SUENOS (I. Jones-G. Kahn)     (Victor 60-0586 - BS 080???-1)    2 ’53
(I’ll see you in my dreams)
f) Oscar Aleman :    
23. DAPHNé (D. Reinhardt)     (Odéon 55511 - C-18616)    1’47
FORMATIONS & DATES D’ENREGISTREMENT / PERSONNEL & RECORDING DATES
COMPLÉMENTS
1. ARTHUR BRIGGS & SON ORCHESTRE
Arthur BRIGGS (tp) ; Stéphane GRAPPELLI (p & vln) ; Django REINHARDT (g solo) ; Joseph REINHARDT (b) ; Louis VOLA (b). PARIS, été/Summer 1935.
2 & 3. QUINTETTE DU HOT CLUB DE FRANCE
Stéphane GRAPPELLI (vln) ; Django REINHARDT (g solo) ; Joseph REINHARDT, Pierre “Baro” FERRET (g) ; Louis VOLA (b). PARIS, 30/09 & 13/10/1935 (Studio Polydor, 72-74, boulevard de la Gare, XIIIe arr. - Enregistreur/Recordist : Rudolf HAMBURGER).
4. FREDDY TAYLOR and His ORCHESTRA
Prob : Freddy TAYLOR (tp voc, ldr) ; Charlie JOHNSON (tp) ; Chester LANIER (cl, as, bars) ; Fletcher ALLEN (cl, ts) ; Django REINHARDT ou/or Oscar ALEMAN (g) ; Eugène d’HELLEMMES (b) ; William DIEMER (dm). PARIS, mars-avril/March-April 1935.
5 & 6. MICHELINE DAY et son Quatuor Swing
Micheline DAY (voc), acc. par/by Stéphane GRAPPELLI (vln);  Emil STERN ou/or Michel EMER (p) ; Django ou/or Joseph REINHARDT (g) ; Louis VOLA (b). PARIS, 26/10/1937 (Studio Polydor - Enr./Rec. : R. HAMBURGER).
7. DJANGO REINHARDT with DUKE ELLINGTON & His ORCHESTRA
Django REINHARDT (el-g solo), Duke Ellington (p, ldr). Pour le reste de la formation, voir vol. 13 - CD 1 / For the complete Personnel, see vol. 13 - CD 1. CHICAGO, 10/11/1946 concert - Civic Opera House).
8. QUINTETTE DU HOT CLUB DE FRANCE
Hubert ROSTAING (cl) ; Django REINHARDT (el-g solo) ; prob. Eugène VéES (g) ; Emmanuel SOUDIEUX (b) ; André JOURDAN (dm). PARIS, Sept.-Oct. 1947 (Radio Diffusion Française, Studio Montparnasse, centre Armand Moisan, XIVe arr. - Enr./Rec. : Colette BARRé).
LA FAMILLE & LES POTES / FAMILY & PALS    
9 & 10. Ensemble Swing JO REINHARDT
André LLUIS (cl) ; Gus VISEUR (acc) ; Joseph REINHARDT (g solo) ; Joseph SOLERO (g) ; Maurice SPEILEUX (b). PARIS, mars/March 1942 (Studio Technisonor, 50, rue François Ier, VIIIe arr. - Enr./Rec. Robert SERGENT).
11. GUS VISEUR et son Orchestre
Formation comme pour 9 & 10 / Personnel as for 9 & 10. PARIS, 20/05/1942 (Studio Albert, 61, rue Albert, XIIIe arr. - Enr./Rec. : Eugène RAVENET).
12 & 13. JOSEPH REINHARDT et son Ensemble
Claude LAURENCE (André HODEIR) (vln) ; Joseph REINHARDT (g solo, ldr) ; Pierre “Baro” FERRET (g) ; Emmanuel SOUDIEUX (b) ; Gaston LéONARD (dm). PARIS, Dec. 1943 (Studio Technisonor - Enr./Rec. : R. SERGENT).
14 & 15. JOSEPH REINHARDT et son Ensemble
Claude LAURENCE (vln) ; Joseph REINHARDT (g solo) ; G. MILPAT (g) ; Marcel FABRE (b) ; Pierre FOUAD (dm) ; Odette PACOU (voc). PARIS, avril/April 1944 (Studio Technisonor Enr/Rec. : R. SERGENT).
16. “LOUSSON” BAUMGARTNER
Henri “Lousson” BAUMGARTNER-REINHARDT (el-g solo) ; Jean-Claude ANDRé (g) ; Pierre SIM (b) ; Teddy MARTIN (dm). PARIS, 4/07/1966 (enregistré en club/Rec. live - Enr/Rec. : Alain ANTONIETTO).
17. GUS VISEUR’S MUSIC
Gus VISEUR (acc, ldr) ; Pierre “Baro”, Jean “Matlo”, René “Challun” FERRET (g) ; Maurice SPEILEUX (b). PARIS, 20/10/1938 (Studio Albert Enr/Rec. : Georges CAILLY).
18. TRIO FERRET
Formation comme pour 18 / Personnel as for 18. Moins/minus G. VISEUR. PARIS, 2/03/1939 (Studio Albert - Enr/Rec. : Walter RUHLMANN).
19. SARANE FERRET, guitare, acc. de piano. PARIS, 1940-41.
20. TONY MURENA et son Ensemble “Swing”
Antonio “Tony” MURENA (acc, ldr) ; poss. Pierre DELHOUMEAU (cl) ; Pierre “Baro” & Etienne “Sarane” FERRET (g) ; Jacque PETITSIGNE (b) ; Pierre FOUAD (dm). PARIS, 16/06/1941 (Studio Albert - Enr/Rec. : E. RAVENET).
21. STEPHANE GRAPPELLI and His QUARTET
Stéphane GRAPPELLI (vln) ; George SHEARING (p) ; Jack LLEWELLYN (g) ; George GIBBS (b) ; Dave FULLERTON (dm). LONDRES/LONDON, 9 04/1941 Decca studio, Breadhurst Gardens, London NW6 - Enr/Rec. : Arthur LILLEY ou/or Arthur HADDY).
22. LOUIS VOLA DEL QUINTETO DEL HOT CLUB DE FRANCIA
Hernàn OLIVA (vln) ; Luis SILVA (g-solo) ; Milton MUSCO, Héctor CONDRO (g) ; Louis VOLA (b, ldr). BUENOS-AIRES, avril/April 1944.
23. OSCAR ALEMAN y su Orquestra de Jazz / Oscar ALEMAN
(el-g solo) avec important orchestre à cordes/with large string orchestra.  BUENOS-AIRES, février/February 1953.
CD Intégrale Django Reinhardt Vol 20 © Frémeaux & Associés (frémeaux, frémaux, frémau, frémaud, frémault, frémo, frémont, fermeaux, fremeaux, fremaux, fremau, fremaud, fremault, fremo, fremont, CD audio, 78 tours, disques anciens, CD à acheter, écouter des vieux enregistrements, albums, rééditions, anthologies ou intégrales sont disponibles sous forme de CD et par téléchargement.)

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