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1930 - 1948
LUCIENNE BOYER
Ref.: FA5020
Artistic Direction : ERIC REMY
Label : Frémeaux & Associés
Total duration of the pack : 1 hours 53 minutes
Nbre. CD : 2
- - ƒƒƒ TÉLÉRAMA
- - RECOMMANDÉ PAR ÉCOUTER VOIR
1930 - 1948
Eve uses Lucienne Boyer’s mouth to express herself. Eve - a lady who is forever beautiful, forever tempting. Don’t listen, Adam, or it will all start again. But, deep down, it’s so enjoyable. Go on, listen to her. Boris VIAN. Indeed Lucienne Boyer's beauty is almost as great as her singing, sensuality and expressivity. This 2-CD set presents her 1930-1948 production. Includes a 32 page booklet with both French and English notes.
Selected products
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PisteTitleMain artistAutorDurationRegistered in
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1PARLEZ MOI D AMOURLUCIENNE BOYERJEAN LENOIR00:03:021930
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2CA NE S APPREND PASLUCIENNE BOYERPIERRE BAYLE00:02:481926
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3YOUP ET YOUPLUCIENNE BOYERVINCENT SCOTTO00:02:181927
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4ON TROMPE SON MARILUCIENNE BOYERP PARES00:02:471927
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5L AMOUR EST UN JEULUCIENNE BOYERP PARES00:02:291927
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6DANS LA FUMEELUCIENNE BOYERJEANNE BOS00:03:251930
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7LE COUP DURLUCIENNE BOYERVITTONET00:02:471930
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8AH POURQUOI MENS TULUCIENNE BOYERCAMILLE FRANCOIS00:03:221931
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9LA BARQUE D YVESLUCIENNE BOYERJEAN TRANCHANT00:03:171932
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10SI PETITELUCIENNE BOYERPIERRE BAYLE00:03:001932
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11PARLE MOI D AUTRE CHOSELUCIENNE BOYERJEAN DELETTRE00:03:171933
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12MOI JE CRACHE DANS L EAULUCIENNE BOYERJEAN TRANCHANT00:03:241933
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13J AI REVE DE T AIMERLUCIENNE BOYERC FALLOT00:02:581933
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14UN AMOUR COMME LE NOTRELUCIENNE BOYERALEX FAREL00:02:511934
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15TA MAINLUCIENNE BOYERMAURICE AUBRET00:03:061935
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16CHEZ MOILUCIENNE BOYERJEAN FELINE00:03:181935
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17L HOTEL DU CLAIR DE LUNELUCIENNE BOYERR H GERARD00:03:321936
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18ESTAMPE MAROCAINELUCIENNE BOYERJEANNE BOS00:03:371936
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PisteTitleMain artistAutorDurationRegistered in
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1LES PRENOMS EFFACESLUCIENNE BOYERJEAN TRANCHANT00:03:221936
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2C EST TOUJOURS LA MEME CHANSONLUCIENNE BOYERROGER FERNAY00:03:211936
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3C EST A ROBINSONLUCIENNE BOYERJ DE LETRAZ00:03:021937
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4LA VAGABONDELUCIENNE BOYERJ DE LETRAZ00:03:131937
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5POUR TOILUCIENNE BOYERJ DE LETRAZ00:02:531937
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6LA ROMANCE DU PRINTEMPSLUCIENNE BOYERJ DE LETRAZ00:02:531937
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7CHEZ NOUSLUCIENNE BOYERJ DE LETRAZ00:02:391937
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8MON MEILLEUR AMILUCIENNE BOYERA TABET00:03:151938
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9ENTRAINEUSELUCIENNE BOYERA TABET00:03:271939
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10PARTI SANS LAISSER D ADRESSELUCIENNE BOYERPIERRE DUDAN00:03:161940
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11C EST MON QUARTIERLUCIENNE BOYERLOUIS POTERAT00:03:191941
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12SI L ON AVAIT ENREGISTRELUCIENNE BOYERMIREILLE BROCEY00:03:221941
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13C EST MA RENGAINELUCIENNE BOYERF ARLYS00:03:211943
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14BONNE NUIT MON AMOUR MON AMANTLUCIENNE BOYERBRUNO COQUATRIX00:03:261943
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15AUSSI SIMPLE QUE CALUCIENNE BOYERMIARKA LAPARCERIE00:03:221944
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16QUE RESTE T IL DE NOS AMOURSLUCIENNE BOYERCHARLES TRENET00:03:191944
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17UN AIR D ACCORDEONLUCIENNE BOYERHENRI CONTET00:02:521947
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18TOO MANY MEMORIESLUCIENNE BOYERALEX ALSTONE00:03:221948
LUCIENNE BOYER 1930 - 1948 - FA 5020
LUCIENNE BOYER1930 - 1948
Emilienne-Henriette Boyer naît à Montparnasse en 1901. Ce quartier qui deviendra très lancé vingt ans plus tard, n’est encore qu’un arrondissement campagnard et presque provincial où le père élève soixante couples de pigeons : “si bien que je me suis éveillé, durant toute mon enfance, au chant du coq, sans m’être pour ainsi dire jamais absenté de Paris.”2... Les parents sont artisans, à la tête de leur petite entreprise, de plomberie pour lui, de couture pour elle ; on chantonne beaucoup : Mayol est le roi de cette Belle Epoque qui sourit aux Français moyens de ceux, du moins, qui croient qu’en France tout se termine par des chansons.Le 11 octobre 1914, trois mois après le déclenchement de la première guerre mondiale, le père de Lucienne est décapité à la baïonnette. Dans cette famille, tous les hommes en âge de se faire tuer meurent en quelques mois ce qui entraîne ruine et misère morale pour les survivants. Les femmes s’engagent dans une usine d’armement où Emilienne lave les pièces d’armement dans des cuves de pétrole, afin de les débarrasser de la limaille et de la poussière métallique. Dans ce cauchemar, la jeune femme chante pour distraire ses compagnes d’infortune et leur donner du cœur à l’ouvrage.Pour s’échapper de l’enfer, Emilienne suit des cours de modiste et, plus mollement, de sténo puis travaille comme secrétaire au théâtre de l’Athénée afin d’approcher le monde des planches. Elle revient toujours à Montparnasse où la fête déjà, bat son plein : elle y prend sa part dans le sillage de Kiki et Youki, coudoie Picasso, Modigliani, Foujita, Kisling, Van Dongen, Domergue, Guéraud Rivière et chante toujours.
Pendant plus de dix ans d’années folles, Lucienne va chercher sa voix. Comme tout le monde, à la fin de la guerre, elle a été très frappée par la première grande revue à plumes et à jazz band du Casino de Paris, Laisse-les tomber! avec Gaby Delys et Harry Pilcer, relayés ensuite par Mistinguett et Chevalier3. Ces fastes délurés donnent le la : l’opérette française des années 1920 est cousine gauloise de la revue. Face au répertoire des aïeux, les Lecoq, les Planquette et les Audran, délices de la Province, face à l’opérette viennoise, plus lyrique, plus romantique, musicalement plus capiteuse, se déhanche une opérette aux intrigues boulevardières et plus du tout patriotiques, aux couplets lestes, fripons ou grivois, aux rythmes prestes, plus fox-trot que flon-flon, en décor unique et tenues légères, troussées par de sémillants jeunes auteurs, Christiné, Yvain, Szulc, Moretti, Van Parys, écoliers du music-hall plus que de l’opéra, une oreille sur Offenbach (tout de même !), une autre sur Irving Berlin.Il est donc tout naturel de voir Emilienne distribuée dans la reprise d’une opérette très légère de Tristan Bernard et Claude Terrasse, La petite femme de Loth. Pour l’occasion (trois répliques...), elle adopte le prénom (féminisé) du directeur de l’Athénée, Lucien Rozemberg, qui lui est un bienveillant mentor. Elle participe aussi, de loin, en doublure d’un petit bout de rôle (“le Suçon” !), au triomphe de Phi Phi, l’opérette de l’Armistice, l’opérette des années folles dont la première, prévue le 11 novembre fut, et pour cause, repoussée au 13. Chez Rip, le plus célèbre entrepreneur des plus petites revues de l’époque4, elle joue une autre oeuvrette de Terrasse, Le cochon qui sommeille, avec, en vedette, Raimu et Spinelly. Poiret l’y accable d’un impossible costume de... jet d’eau5 mais l’habille gracieusement à la ville. Parisys, très parigotte divette, la prend sous son aile et la fait engager pour La Goualeuse à l’Eldorado.
Elle se fait remarquer par Tristan Bernard, l’un des princes de l’esprit du temps. Au concert Mayol, racheté par les très entreprenants Oscar Dufrenne et Henri Varna elle joue les utilités et son goût du déguisement y sera comblé plus qu’il ne faut.6 Elle prend des cours chez Mme Aimée Samuel-Charlot, professeur de diction très réputée, qui la verrait bien dans des rôles d’ingénue, puis, après examen lui conseille finalement de choisir, comme spécialité, plutôt que l’art dramatique ou l’opérette, la chanson. Ce sera bientôt chose faite puisqu’elle se rend Chez Fysher, un trou dans le mur, 21 rue d’Antin, petite porte mais grand lieu en vérité car ici vont et viennent Damia, Fréhel, Cora Madou, Gaby Montbreuse, la Môme Moineau, Germaine Lix, Yvonne George, Arletty, dans une bousculade très très chic et très courue du tout-Paris noctambule, entre un ballet suédois au théâtre des Champs-Elysées et un jazz cocktail au Bœuf sur le toit, tout cela véhiculé, comme il se doit par un chauffeur de taxi russe à trente-six quartiers de noblesse...Lucienne passe donc sa première audition devant Nelson Fysher, le pittoresque maître des lieux avec “ça ne s’apprend pas”, une amusette de Eblinger, compositeur de chansons souvent humoristiques7 et “Tu me demandes si je t’aime”, un titre de Vincent Scotto assez mélodramatique (on en trouve de pareils en assez grande quantité à son répertoire pendant une dizaine d’années). Ces deux chansons seront aussi l’objet de son premier enregistrement en décembre 1926 chez Columbia.Un jour, chez Fysher elle reprend “Pars” devant sa créatrice, Yvonne George, belle chandelle d’à peine trente ans, déjà brûlée par les deux bouts, “Pars”, “véritable pièce en trois actes dont, elle était, à la fois les décors et tous les interprètes à elle toute seule.” “J’y mettais une certaine désinvolture, de l’air de dire : «Pars... si cela te fait plaisir, mais après tout je m’en fiche...»
Je crânais alors qu’Yvonne George, elle, avait dans cette chanson des accents vraiment déchirants. C’est cela, dit-elle, vous la chantez comme une femme qui commence, et moi, comme une femme qui finit”. Difficile de se trouver sereinement à l’ombre de ces géantes, de se forger un style personnel, encore trop jeune dans une époque trop agitée et intempérante.Signe des temps, c’est par un stage aux USA qu’elle va terminer ses années de formation. Broadway était déjà, le firmament de “l’entertainment” et du “show business”. Elle y est invitée par Lee Shubert8, l’un des Shubert Brothers, ceux qu’on nommaient là-bas “les Messires Shubert”, propriétaires de pas moins de 31 théâtres à New York et de 63 autres dans le reste du pays, producteurs de quelques 500 spectacles pendant le premier demi-siècle, des concurrents impitoyables pour les “Follies” de Florenz Zigfeld, les “Vanities” de Earl Carroll, les “Scandals” de George White... 1927-1929 : “Un américain à Paris” et des français à New York... Il est amusant, en effet de constater que, pendant les quelques mois de gestation d’une des pages les plus illustres de la musique des “roaring twenties”, cet illustre “American in Paris” de George Gershwin, un certain nombre de vedettes françaises de la chanson, confirmées ou futures, avaient fait un bond de l’autre côté de “la mare au harengs” (“The Big Pond”), à Broadway. Stars de toute première grandeur : Yvonne George et Chevalier, bientôt happé par Hollywood où balbutiait le cinéma parlant. Talents en herbe : Lucienne flanquée de la Môme Moineau et d’un Henri Garat encore obscur, Jane Aubert et, quelques saisons plus tard, Mireille. Nos Frenchies n’y trouvèrent pas la gloire mais jazz et discipline.
Pour le jazz il allait définitivement s’imposer dans les vertes campagnes de la chanson française au cours de la décennie suivante; Mireille en sait quelque chose qui a déjà dans ses cartons “Couchés dans le foin”, trop vert encore pour l’époque. Note bleue, heure bleue, nuits bleues de Broadway, soirs de Manhattan où Lucienne, déjà de bleu vêtue côtoie le comique Harold Loyd, Al Jolson, première voix universellement consacré du cinéma parlant nouveau-né9, Fred Astaire, Texas Guinan (“la reine des boîtes de nuit”)... de quoi faire tourner la tête. “C’est l’Amérique qui a fait de moi une vedette” dira-t-elle. C’est donc fort aguerrie qu’elle regagne la mère patrie et son cher Fysher. Elle tente l’aventure d’offrir un écrin à sa voix et le baptise “Chez les Borgia”. Inauguré en décembre 1928, cet établissement au luxe ostentatoire de la rue Laferrière, se flatte d’être l’“unique cabaret à posséder un équipement capable de fournir 3000 mètres cubes d’air filtré frais”. “Pourquoi «Les Borgia»? – car je crois n’avoir vraiment aucun trait de ressemblance avec la célèbre Lucrèce, bien que les clients de mon établissement aient pris l’habitude à cette époque de m’appeler ainsi, plutôt que Lucienne –, parce que «Chez Lucienne Boyer» me paraissait encore prématurée et prétentieux, alors que le titre «Les Borgia» me permettait d’utiliser mes initiales, frappait l’imagination et se prêtait à de magnifiques effets décoratifs (...) et une atmosphère de luxe un peu lourd.” “Le gotha des blasés de la capitale” se presse dans ce local de 80 places ou... dans les voitures qui stationnent non loin en y patientant avec du champagne offert par l’hôtesse.
Celle-ci apparaît, chaque soir, à minuit après que les tziganes ont bien chatouillé les nerfs des convives; Pierre Dac et Mireille, Jacques Pills en duo avec Pierre Ward s’y font applaudir : tout ce petit monde est très jeune; Lucienne retrouvera Jacques Pills, on le sait presque dix ans plus tard pour une autre aventure. En revanche elle s’attache professionnellement les bons soins du violoniste Iza Volpin qui lui fournira, pendant une décennie, l’accompagnement idéal de son ensemble à cordes. C’est entre ses murs qu’elle créera sa chanson la plus célèbre et l’une des plus célèbres au monde et pour l’éternité. Son compositeur, Jean Lenoir (Jean Neuburger) était l’auteur du fameux “Pars” d’Yvonne George et de la seule chanson dont Albert Londres ait jamais écrit les paroles, “La belle” (“L’évasion”, en argot des bagnards)10. Lenoir n’aurait jamais imaginé proposer “Parlez-moi d’amour” à Lucienne qui l’entend susurré par une soprano. “Que cette chanson est jolie! Ca fait XVIIe!” se dit Lucienne. “Mais c’est une chose légère, implorante; c’est le cri d’une timide. (...) Toi qui est moqueuse ou réaliste!” lui répond Lenoir, incrédule. “Mon genre, à l’époque, j’en avais pas! Je passai allègrement du réalisme à la fantaisie...” rira-t-elle plus tard. Lucienne tient tête et, en trois couplets, vampe instantanément l’auteur. Pris au charme, le public à son tour, le surlendemain, réclame à la magicienne en velours bleu nuit de lui verser ce philtre à trois reprises.11 L’ivresse dura et dure encore au point que son interprète commanda un jour, à son amoureux du moment, le compositeur Jean Delettre, un très joli tango-antidote : “Parle-moi d’autre chose / Parle-moi d’autre chose, veux-tu / Parle-moi d’autre chose que d’aimer!”12
“Habituée, peu à peu à feutrer, à ouater un timbre qui, grâce à la conformation spéciale d’une de ses cordes vocales, peut soutenir la comparaison avec la tonalité du violoncelle (...) sans doute y fallait-il cette espèce d’étouffement, cette retenue, cette note presque brisée (...) d’une voix qui semblerait chanter, non pas pour tous mais pour chacun et pour chacun se faire confidentielle.”13Les années trente, relevailles des années folles et des lendemains de crise seront les années Boyer. Et le 18 mai 1931, pour la première fois, le jury assemblé par l’hebdomadaire “Candide” et comprenant Mesdames Colette (écrivain) et Lucienne Bréval (de l’Opéra), et messieurs Gustave Charpentier (de l’Institut), Maurice Ravel et Maurice Yvain (compositeurs), Maurice Emmanuel (professeur au Conservatoire), Jean Périer (de l’Opéra comique), Emile Vuillermoz et Dominique Sordet (critiques musicaux de la rédaction de Candide), Jacques Copeau (acteur et metteur en scène) et le général Ferrié (de l’Institut) décerna le Grand Prix du disque Candide à Mesdemoiselles Lucienne Boyer pour son “Parlez-moi d’amour” et Josephine Baker pour son disque réunissant “Suppose” et “J’ai deux amours”.Quelques saisons après la récolte de ces lauriers, Lucienne devint la première interprète de Jean Tranchant alors que celui-ci n’était encore qu’un (distingué) décorateur. “La barque d’Yves”, mélancolique barcarolle, joue la carte de la tradition la plus pure, mais, à l’heure du swing et de Kurt Weill, “Les prénoms effacés” se fait slow-fox au deuxième refrain et “Moi, j’crache dans l’eau” injecte une dose de blues et d’acide dans un répertoire qui aurait pu s’affadir sous tant de bleu, de rose, de mauve.14 Car c’est aussi à cette époque que Jean Delettre devient son compagnon et son compositeur dans ces tons pastel qui feront le renom de “La dame en bleu”.
D’un cabaret l’autre : sans doute lassée par les velours, les cristaux et l’argenterie des Borgia, Lucienne s’associe avec un certain M. Fric (!), (propriétaire d’un grand garage derrière la gare Montparnasse) et, ouvre un second cabaret au nom de crise et de récession : “Chez les clochards”. “C’était une sorte de hall nu s’étendant au rez-de-chaussée de l’hôtel Beau Séjour, au-dessus de voûtes épaisses et très anciennes. Un pont de chemin de fer enjambe le boulevard à cet endroit. Le coin n’a rien de pittoresque, il aurait même quelque chose de sinistre et de sordide, mais il faut savoir qu’en fait de populisme on peut difficilement trouver mieux. Melano de Cassinas se chargea de la décoration : le hall représenta les quais de la Seine, avec les boîtes des bouquinistes et aussi des marchandes de fleurs et d’autres, de moules et de pommes frites. Un tapis imitant des pavés avec de l’herbe dans leur interstice, couvrait le sol, tandis que la silhouette de Notre-Dame se dressait dans le fond et, à ses pieds, une barque : “La Lucienne”. On dansait au son d’un orchestre musette, dont l’accordéon était tenu par Lacassagne, un bandeau noir dissimulant son œil de verre. Et, “Nous autres, les clochards”, une chanson de Lucien Boyer15, était chantée par un chœur vêtu de guenilles. La carte ne comprenait qu’un plat unique : “Bœuf bourguignon ou entrecôte Bercy ou pot-au-feu.” C’est peu de dire que l’on nageait en plein populisme... Pierre Dac, toujours lui, (sans doute jugeait-il tout cela à la hauteur de son surréalisme particulier!) ne dédaigna pas de s’y produire.
Puis, soignant toujours les contrastes, Lucienne émigre vers le quartier de l’Opéra où elle établit, rue de la Michodière, son troisième cabaret, “Chez elle” décrit par la presse comme le salon de Lucienne Boyer, “salon décoré à son goût de bleu pâle, de rose pâle et de blanc”. En octobre 1933, peu après l’inauguration de son établissement, elle connaît une nouvelle consécration Salle Pleyel où, le temps d’un récital elle croise Jacques Pills, également à l’affiche et associé à Georges Tabet pour un duo qui, cette fois-ci fait florès : Pills et Tabet16.“Speak to me of love” : cette fois-ci, c’est l’Amérique qui la réclame. Elle est comme chez elle au Rainbow Room, 67ème étage du Radio City building puis au Little Theatre où, au cœur de Broadway, le show Continental Varieties de 1934 fait courir le tout Manhattan; le “bleu Boyer” est du dernier cri chez les couturiers de la 5ème avenue; elle s’y fait quelques amis nommés Gershwin, Sophie Tucker, Edward G. Robinson, Helen Morgan et le “café society” en fait son invitée de luxe pour vingt ans. Le redoutable Walter Winchell, échottier ultra-mondain qui fait et défait les réputations dans des chroniques où il décerne “orties ou orchidées” lui offre les premières (sans l’avoir vue!) puis les secondes avec ses excuses... sur la piste de danse du “Versailles” où il se donne la peine de venir enfin l’écouter et où elle réunit sa cours d’admirateurs.
Pourtant lorsque Lubitsch, l’Empereur de la Paramount lui demande d’être la star d’un de ces films, à l’égal d’une Claudette Colbert, d’une Kay Francis ou d’une Jeanette MacDonald, elle se montre incrédule et décline ses offres.Si elle avait accepté, aurait-elle créé “La belle saison” qui fleure bon le Front populaire, même si celui-ci n’est plus très fringant, à l’automne 37, lorsque le rideau retombe sur cette ravissante opérette, bien méconnue qui ne dansa qu’un seul été et ne chanta que le temps de deux saisons?17 Succès ou non, ce dût être une belle saison pour Lucienne car ce fut la saison d’amour avec Pills, enfin!, après qu’ils se furent tant et tant de fois croisés; et pour professionnelle qu’elle fut leur tournée en Europe (Scandinavie, Italie et Europe Centrale où Hitler les précède de peu à Vienne) puis en Argentine et au Brésil dût avoir des parfums de lune de miel. Plus saumâtre, par contre, fut, pour Tabet la dissolution de leur duo à succès.
1939 est bien la fin d’une époque. “Parti sans laisser d’adresse”, d’un Pierre Dudan encore inconnu en France (il était suisse), ajoute à sa réussite le fait que, par le jeu des circonstances (l’exode, la captivité, l’attente) ses paroles vont faire écho et devenir emblématiques de cette “drôle de guerre”. Pills, mobilisé en septembre promet à sa dulcinée de l’épouser à sa première permission et le mariage a lieu le 10 septembre 39 et, revenu “de prisonnier”, comme on disait alors, le couple poursuit une carrière appréciée mais prudente et réussit à se soustraire aux dangereuses invitations en Allemagne “au profit de nos chers prisonniers” et autres refrains compromettants.Lucienne rouvre son “Chez Elle” en septembre 1940, avec Van Parys au piano, l’ami Vanvan, comme au beau temps de “Chez Fysher”; Pills et Lucienne sont les hôtes de ce qu’ils considérent comme une “bonbonnière, le refuge intime dont quelques privilégiés goûtent l’intimité” en cette première rentrée d’occupation. Les titres de guerre se font berceuses câlines et discrètement évocatrices des voluptés dont étaient privées les femmes de prisonniers, auditrices avides de la TSF.En avril de l’année suivante naît leur fille, Jacqueline18. Lucienne fait le succès de “Que reste-t-il de nos amours?” qui est, dans sa carrière, son second très grand titre de gloire, plus secrètement émouvant que “Parlez-moi...”. L’auteur, il est vrai, s’appelle Trenet... A partir de ce refrain nostalgique la carrière française de la “Dame en bleu” s’estompe doucement...
La maturité lui offrira encore “Mes mains” du jeune Bécaud, mais c’est désormais, au pays de la chanson bleue, le temps d’une autre Lucienne, Lucienne Delyle, le temps de Jacqueline François, le temps de Piaf, bien sûr à qui elle présente Marcel Cerdan, à New York, en 47, Piaf qui, même si elles ne se ressemblent guère, la “Lulu” et la “Didite”19, lui succèdera, autre ironie du sort, dans les faveurs de Jacques Pills, quelques années après Cerdan... Symboliquement, c’est surtout hors de nos frontières que, dès la Libération le souvenir de “la dame en bleu” éveille les plus chers souvenirs : Buenos Aires, Copacabana et Rio au temps des sambas, le Cafe Society et le Waldorf Astoria de New York, les Etats-Unis “coast to coast” et “toast of the town”. En 53, elle remplit Carnegie Hall, accompagnée par Toscanini.Mais, elle porte toujours un petit quelque chose au cœur pour Paris qui la fait revenir vers Saint-Cloud, Vaugirard et Montparnasse.Lucienne Boyer a reçu un ultime hommage du public, de sa fille et de toute la profession en février 1976 à l’Olympia avant de nous quitter en 1983.
Discographie
Technique
“Parlez-moi d’amour”, premier titre de la sélection, et qui en constitue l’“accroche” commerciale, accroche fâcheusement, à vrai dire. Il semble qu’il ait été mal capté, mal gravé et, de surcroît, pressé sur des pâtes bruyantes car il ne nous a pas été possible de trouver un seul disque qui nous en offre un état satisfaisant et foncièrement différent. C’est un fait paradoxal de l’année 1930, mais trois titres de gloire pour leurs interprètes : “J’ai deux amours” (Joséphine Baker), “Tout est permis quand on rêve” (Lilian Harvey et Henri Garat) et ce “Parlez-moi d’amour”, trois titres multi-millionaires n’ayant jamais quitté la distribution, n’ont pas été très soignés par les ingénieurs affectés aux diverses étapes de la fabrication d’un disque. Or, les enregistrements effectués les années précédentes (1926-1929), notamment chez Columbia pour ladite Lucienne Boyer sont d’une qualité bien supérieure à ceux réalisés au début des années trente dans le même studio. Faut-il voir un relâchement de la vigilance des techniciens, désormais familiarisés avec le microphone électrique, tout nouveau en 26 (la séance de décembre 26 est, de fait, pour Columbia, la toute première avec cet accessoire révolutionnaire) et complètement intégré au décor quatre ou cinq ans plus tard?Nous avons conservé, dans “Entraîneuse”, pour les oreilles très attentives, entre le bord extrême du disque et le début du sillon quelques très lointains arpèges au piano: musicien dans la pièce voisine, pianotages ou prélude shunté? Les gravures effectuées sous l’occupation permettent de goûter aux charmes des restrictions : les pâtes utilisées pour la galvanoplastie, produits de recyclage, sont si médiocres que la voix bat en retraite devant un vilain souffle semblable à un tuyau de gaz ou une arrivée d’air chaud (hélas même pas réels en ces hivers de pénurie).
Répertoire
On ne trouvera pas dans cette sélection des titres tels que “Mon sort est dans vos mains” (d’un certain Waller) qui bien que sous-titré “fox-blues chanté” ne balance pas terrible... Mais pourquoi le devrait-il? Parce qu’il dissimule “My fate is in your hands” de Thomas “Fats” Waller! Quinze jours plus tard, dans le même studio, Joséphine Baker en donnera une version autrement swinguante. Soyons juste, Lucienne ne fut pas la seule à s’attaquer aux standards du jazz et notamment à “Fats” Waller : Réda Caire ou Adrien Lamy, entre autres, nous offrirent, vers 1930, des exécutions croquignolettes où l’auditeur d’aujourd’hui, sidéré, parvient à identifier ce qui reste de “Honeysuckle rose” ou de “I’ve got a feelin’ I’m fallin’” derrière les paroles gauloises de “Rien qu’un mot d’amour” ou “Malgré moi ”...De la même façon, il ne reste plus grand chose du lyrisme viennois de Franz Lehar dans ce “Gigolette”, très canaille adaptation de “Ich hol’ dir vom Himmel das Blau”, aria à succès de La Danse des libellules, ou de l’ironie du cabaret berlinois dans “Qui veut de mon amour”, tiré de la revue Nudist Bar, “opérette-revue en deux nuits d’amour” (!) qui fut bien la seule du genre à être parvenue en France (probablement édulcorée).
En revanche, on pourra entendre “Estampe marocaine” car c’est un monument d’anthologie que l’on peut, maintenant, écouter sans honte quelque part entre le 2ème et le 75ème degré. Oui, on chantait cela en 1936 et ce racisme ingénu est exactement contemporain du “Légionnaire”, des mousmées pathétiques de La Bandera et de Pépé le Moko, du Front populaire (qui ne fit d’ailleurs pas grand chose pour les “indigènes” de notre bel Empire)...Sur l’un de ses premiers disques de 1927, elle chante deux malicieuses ariettes de La petite dame du train bleu, opérette de George Van Parys qui est déjà un copain à l’époque. Ceci est le seul témoignage de la première Lucienne Boyer, celle de la période opérette, petits rôles et petit bout de femme. Dans “L’amour est un jeu dangereux” passe le nom de Marcel Prévost, dont la gloire a bien pâli et dont les opus encombrent bien des vide-greniers. Cet académicien des lettres (1862-1941), est l’auteur immortel de Les demi-vierges (1894), Les vierges fortes (1900), Les Don Juanes (1922), L’homme vierge (1930)... Pour qui ne l’aurait pas compris, il s’agissait d’un “spécialiste de l’âme féminine” et d’une psychologie dont Paul Bourget (lui-même un connaisseur!) disait “qu’elle commence à quelques dizaines de milliers de francs de rente.” Antinaturaliste, réactionnaire et foncièrement misogyne, pleine de fausses audaces de complaisance et de sévérité hypocrite, cette littérature stéréotypique de la Belle Epoque devait apparaître déjà bien poussiéreuse à l’époque où paraissaient A la recherche du temps perdu, Les faux monnayeurs et les manifestes surréalistes.
On en peut dire autant ou presque de Francis Carco, plus à la page (1886-1958) et dont la pose de voyou dilettante, le pittoresque de la pègre, le naturalisme argotique et portuaire, dans une tonalité opposé certes, mais non moins que Marcel Prévost, chatouillaient les nerfs des poules de luxe et des gens comme il faut, de ceux qui s’encanaillaient à Montmartre et au Lapin à Gilles que hanta l’auteur de Jésus la Caille (1914), La bohême et mon cœur (1912, recueil de poésies populistes plus frais, moins frelaté que le reste de son œuvre), Perversité (1926), Morsure (1949)...Les six titres américains enregistrés à New York (deux en novembre 34, quatre autres en mars 36) sont restés introuvables. On se consolera en constatant que deux d’entre eux, au moins, sont des versions anglaises de titres français fort connus (“Hands across the table” / “Ta main” et “It’s a thrill all over again” / “C’est toujours la même chanson”). D’autre part, et ceci peut sembler paradoxal, les enregistrements de Columbia France sont nettement supérieurs à ceux d’outre-Atlantique, sur le plan technique s’entend (la prise de son est plus étriquée à New York qu’à Paris et Mildred Bailey ou Billie Holiday chez Brunwyck beaucoup moins bien nanties que Damia ou Lucienne Boyer). Enfin, l’orchestre anonyme qui l’accompagne n’était pas nécessairement Duke Ellington (ne fantasmons pas) mais bien plus sûrement un fade ou mollasson Paul Baron ou Norman Cloutier, orchestres qui accompagnent Jean Sablon à la même époque à New York.
Eric RÉMY
© FRÉMEAUX & ASSOCIÉS/GROUPE FRÉMEAUX COLOMBINI SA, 2002
1 Gosse de Paris, collection “Entrée des artistes”, éditions La Palatine, 1955.La Dame en bleu (Lucienne Boyer m’a raconté...), Pascal Sevran, Les nouvelles éditions françaises, 1971.
2 Citation extraite, comme la plupart de celles de cette biographie, du livre de souvenirs de Lucienne Boyer, Gosse de Paris, collection “Entrée des artistes”, éditions La Palatine, 1955.
3 L’apprentie chanteuse rendra hommage à tous ces glorieux aînés dans ça n’s’apprend pas. Y sont évoqués Félix Mayol et son fameux toupet qui donne lieu à un jeu de mots, la Miss et Chevalier, qui chantent l’une “avec ses dents”, l’autre “avec ses pieds”, Harry Pilcer qui conseille “pour que ça gaze, prends un bon jazz!”.
4 Qui trouverait “original” de la rebaptiser “Zizi Trompette”, pseudonyme bien dans le ton, disons... burlesque de ses revues. “Sans doute, lui répliqua la Lulu, mais quand j’aurai quatre-vingts berges, parce qu’en plus d’être original, cela sera ridicule.”
5 “... costume si lourd et si compliqué, tout en tissu broché et en pendeloques de cristal avec, autour de ma jupe des nids de mousse d’où s’envolaient des oiseaux qu’il m’était à peu près impossible de remuer, encore moins d’esquisser un pas de danse.”
6 Le Concert Mayol se fit alors une spécialité des revues aussi munificentes que généreusement déshabillées; l’intitulé des réjouissances est à lui seul tout un programme : La revue très chichiteuse (1919), Le couvent des caresses (1920), Le coucher de la Pompadour (1921), T’en as du vice!, Oh quel nu! (1922), Cache ta pudeur (1923), Toute nue (1924), Très excitante, Quel beau nu! (1925), Nu... nu Nanette (1926), Gigolette revue (1927), Oh! la vicieuse! (1927) et actualité cinématographique oblige, en 1930, Nu... sonore... seins parlants. Difficile de dire ce qu’incarnait Lucienne et dans quelle revue. On peut simplement certifier qu’elle joua dans une revue de 1929 au titre moins suggestif : En pleine jeunesse.
7 On lui doit des succès de Marie Dubas et le seul titre un peu drôle de Damia : “Ploum ploum ploum”.
8 Lee Shubert qui, semble-t-il, écumait régulièrement les lieux de spectacle parisiens, était une relation de Fysher lequel possédait, sur Broadway, une succursale new yorkaise de son placard à chansons.
9 The Jazz Singer est présenté au public en octobre 1927.
10 Lucienne Boyer jouera durant un an sa pièce “Au bagne”.
11 Jean Lenoir a raconté bien plus tard qu’elle lui avait refusé la chanson quelques semaines auparavant, la jugeant petite, insignifiante...
12 En 1936, un autre opus allusif, “Parle-moi de toi”, cite “Parlez-moi d’amour” bien sûr mais aussi “Si petite” et “Un amour comme le nôtre” qui firent aussi beaucoup pour le renom de Lucienne Boyer.
13 La chanteuse a souvent raconté qu’un de ses admirateurs des débuts lui faisait porter chaque soir un grog dans sa loge, parce qu’il prenait pour un rhume la légère félure de son timbre.
14 Elle laissa à son auteur le soin de créer “Ici l’on pêche” et de devenir, ainsi, interprète.
15 Aucun lien de parenté, rappelons-le, avec sa quasi parfaite homonyme féminine.
16 “On n’a pas besoin d’être tout nus, comme les statues grecques, pour symboliser la jeunesse, la bonne humeur et la joie de vivre...” dira d’eux Jean Nohain!
17 “La belle saison”, rodée d’abord en Belgique, s’ouvrit au théâtre Marigny le 29 juin et prit fin le 8 novembre.
18 Elle reçut le prix Eurovision de la chanson en 1960 pour “Tom Pilibi”.
19 C’étaient les diminutifs qu’elles se donnaient.
english notes
Emilienne-Henriette Boyer was born in Montparnasse in 1901. This district which was to become fashionable twenty years later, was then rather provincial and the family could still wake to the crowing cockerel. Her parents ran a small business ; her father was a plumber while her mother was a dressmaker. They hummed as they went about their chores - during the Belle Époque, Mayol reigned.In October 1914, just three months after the outbreak of World War I, Lucienne’s father was killed by a bayonet - indeed, all the men of age in the Boyer household lost their lives in a short space of time, leaving the survivors in poverty. The women started working in an armament factory. The young Emilienne sang as she laboured to entertain her fellow workers and boost their moral.To escape from this wretched life, she trained as a milliner and then learnt shorthand and found a secretarial job in the Athénée theatre. She still returned to Montparnasse which was becoming increasingly lively and she rubbed shoulders with Picasso, Modigliani, Foujita, Kisling, Van Dongen, Domergue and Guéraud Rivière, still continuing to sing. When the war ended she, like others, was impressed by the first big revue with its glitter and jazz band in the Casino de Paris, Laisse-les tomber ! with Gaby Delys and Harry Pilcer, later replaced by Mistinguett and Maurice Chevalier. The French operetta of the twenties could be considered as the Gallic cousin of this revue as taking its distance from the more lyrical Viennese operetta, it relaxed to become more audacious and less patriotic, supported by young authors such as Christiné, Yvain, Szulc, Moretti and Van Parys who came from the school of the music-hall rather than that of the opera and while still respecting Offenbach, also listened to Irving Berlin.
Emilienne obtained a small role in the revival of the light operetta by Tristan Bernard and Claude Terrasse, La petite Femme de Loth. For the stage she borrowed (and feminized) the name of the director of the Athénée, Lucien Rozemberg who acted as her mentor. She also acted as understudy in Phi Phi, the operetta of Armistice with its opening night on 13 November 1918. She was equally found in Le Cochon qui sommeille, starring Raimu and Spinelly. Subsequently, the very Parisian light opera star, Parisys, took her under her wing, clinching a contract for her in La Goualeuse in the Eldorado where she was spotted by the celebrated Tristan Bernard. In the Concert Mayol, renowned for its generous if lightly clad revues, Emilienne obtained more minor roles. Finally, after taking elocution lessons, her worthy teacher Mme Aimée Samuel-Charlot, advised her to specialise in singing rather than drama or operetta.She did indeed follow these wise words and went along to Chez Fysher, the establishment which dealt with the big names of Paris night-life including Damia, Fréhel, Cora Madou, Gaby Montbreuse, la Môme Moineau, Germaine Lix, Yvonne George and Arletty. Lucienne’s first audition was before the boss, Nelson Fysher when she interpreted Eblinger’s ça ne s’apprend pas and Vincent Scotto’s rather melodramatic Tu me demandes si je t’aime. These two songs were again used for her debut recording for Columbia in December 1926.One day, at Fysher’s she sang Pars (‘Leave’) in front of its creator, Yvonne George, who despite her youth and beauty, had burnt the candle at both ends.
Her interpretation gave the impression of nonchalance whereas Yvonne used heart-wrenching tones for the same number. But, as the latter pointed out, ‘You sing it like a woman who is starting out and me, like one who is finishing’.Surrounded by these giants, it was hard for Lucienne to feel at ease and find her personal style. Her years of training finally came to a close after a trip to the USA. Broadway was already the centre for entertainment and showbiz. She was invited over by Lee Shubert, one of the Shubert Brothers who were at the head of 31 theatres in New York and 63 others in the rest of the land, and who directed some 500 shows during the first half of the century. Tough competitors for Florenz Zigfeld’s ‘Follies’, Earl Carroll’s ‘Vanities and George White’s ‘Scandals’. While the roaring twenties are often associated with George Gershwin’s rated American In Paris, a number of French singers did the opposite, crossing the Big Pond, heading for Broadway. Big names such as Chevalier and Yvonne George tried their luck as did fledglings including Lucienne, the Môme Moineau, Henri Garat, Jane Aubert followed by Mireille a while later. They may not have found full glory but learnt about jazz and discipline. Indeed, in the decade to come, jazz found a firm footing in French song. Through these evenings spent in Broadway and Manhattan, Lucienne encountered Harold Loyd, Al Jolson of the new-born talkie fame, Fred Astaire and Texas Guinan (‘the queen of night-clubs’). Later on she announced , ‘America made me a star’. By the time she returned to her homeland and dear Fysher, she felt well-seasoned.In December 1928, Lucienne opened a luxurious cabaret ‘Chez les Borgia’ in Rue Laferrière. Every evening the hostess would appear at midnight and other young artists also provided entertainment - Pierre Dac and Mireille, Jacques Pills and Pierre Ward teamed up as a duo. And violinist Iza Volpin accompanied her string band for ten years running.
It was within these four walls that she created her most celebrated song that was to become immortal. The composer, Jean Lenoir (Jean Neuburger) had signed the famous Pars of Yvonne Georges and La Belle. Lenoir was surprised when Lucienne showed interest in his Parlez-moi d’Amour, believing it was not in keeping with her style. At a later date she admitted, ‘In those days, I didn’t have a style. I flitted from realism to fantasy.’ Yet she insisted that this song was for her and finally convinced the author. The punters also fell under the charm and a couple of days later the sorceress attired in dark blue velvet had to sing it three times at their request.The thirties were the Boyer years. On 18 May 1931, the jury selected by the weekly, ‘Candide’, comprising Colette, Lucienne Bréval, Gustave Charpentier, Maurice Ravel, Maurice Yvain, Maurice Emmanuel, Jean Périer, Emile Vuillermoz , Dominique Sordet, Jacques Copeau and Général Ferrié awarded the Candide Grand Prix to Lucienne Boyer for her Parlez-moi d’Amour and to Josephine Baker for her disc reuniting Suppose and J’ai deux Amours.A few seasons after this honour, Lucienne became Jean Tranchant’s first interpreter. The melancholic barcarole La barque d’Yves respected tradition in its purest form, Les Prénoms effacés was a slow fox-trot whereas Moi, j’crache dans l’Eau added a bluesy and acidic touch to the repertoire which otherwise lacked spirit. It was also during this period that Jean Delettre became her companion and composer using these pastel shades which made the name of the ‘lady in blue’.No doubt weary of the velvet, crystal and silver in ‘Les Borgia’, Lucienne teamed up with a certain Mr. Fric who owned a large garage behind Montparnasse station and opened a second cabaret named ‘Chez les Clochards’.
Its location was far from being picturesque, but it was in an extremely popular district and the crowds came to dance to the band with Lacassagne on the accordion and try the unique dish of the day. The whole essence was that of populism.Her love of contrast then led her to open a third venue, near the Paris Opera, called ‘Chez Elle’, decorated in her preferred pastel tones. In October 1933, shortly after its opening, Lucienne was billed at the Salle Pleyel where Jacques Pills and Georges Tabet were also performing, but by now they had become the acclaimed ‘Pills et Tabet’ duo.Speak To Me Of Love - this time America was calling for her. She felt quite at home in the Rainbow Room on the 67th storey of the Radio city building then went off to Broadway’s Little Theatre where the Continental Varieties show of 1934 was attracting Manhattan’s elite circles. Lucienne made a few friends, namely Gershwin, Sophie Tucker, Edward G. Robinson, Helen Morgan and she was accepted as guest of honour in the ‘Café Society’. However, when the high priest of Paramount, Lubitsch offered her the starring role in one of his films, she refused.Even on the romantic front life was rosy, as after meeting Pills so many times, their personal relationship finally flourished. Together they toured Europe (Scandinavia, Italy and Central Europe) followed by Argentina and Brazil, though the old duo formula was abandoned much to Tabet’s disappointment.1939 was indeed the end of an era. Pills was called up in September, but promised his sweetheart that they would marry when he had his first leave. The wedding was held on 10 September ’39. A year later Lucienne reopened ‘Chez Elle’ with Van Parys on the piano and her friend Vanvan, and Pills and his wife became the hosts of this cosy refuge which welcomed a privileged few during this first part of Occupation. In April of the following year, their daughter, Jacqueline was born. Lucienne had a big hit with Que reste-t-il de nos Amours ?, her second tremendous success after Parlez-moi....
The author behind this moving number was Charles Trénet.After this nostalgic tune, the French career of ‘the lady in blue’ slowly faded. The young Gilbert Bécaud still offered her Mes Mains but France had set its sights on another Lucienne - Lucienne Delyle, and it was time for Jacqueline François and Edith Piaf, who was the next in line to steal the heart of Jacques Pills a few years after Marcel Cerdan’s death. Memories of Lucienne were stronger overseas, in Buenos Aires, Copacabana and Rio, the Cafe Society and the Waldorf Astoria in New York. In 1953 she had a full house in Carnegie Hall when she was accompanied by Toscanini. Yet her fondness for Paris remained, urging her to return to Saint-Cloud, Vaugirard and Montparnasse.An ultimate tribute was paid to Lucienne Boyer in February 1976 in Olympia, Paris before she passed away in 1983.DiscographyUnfortunately, the opening title of this selection, Parlez-moi d’Amour is lacking in technical perfection. Paradoxically, it is impossible to find a decent copy of this disc despite its enormous marketing success. The recordings which Lucienne made previously, from 1926-1929, particularly those for Columbia are of superior quality than those made in the earlier thirties in the same studios. The records cut during Occupation are fine examples of the restrictions of the day : the recycled material produces a hissing sound which shadows the vocals.We may discover one of her first records, made in 1927 where she sings two ariettas from George Van Parys’ operetta, La petite Dame du Train bleu. Only here do we have a glimpse of the debuting Lucienne Boyer during her period of operettas and minor roles. We have been unable to find the six American titles recorded in New York (two in November ’34 and four in March ’36). But at least two of them were English versions of well-known French songs (Hands Across The Table / Ta Main and It’s A Thrill All Over Again / C’est toujours la même Chanson). Moreover, the recordings made by Columbia France are far superior to those made in the US. Finally, the accompanying orchestra was most probably the insipid bands led by Paul Baron or Norman Cloutier as were used by Columbia America (they accompanied Jean Sablon during the same period and at the same place).
Adapted in English by Laure WRIGHT from the french text of Eric RÉMY
© FRÉMEAUX & ASSOCIÉS/GROUPE FRÉMEAUX COLOMBINI SA, 2002
Discographie
Titres
Tous les titres ont été enregistrés à Paris pour la marque Columbia, sauf titre 18, CD 2.Les prénoms des auteurs et compositeurs de chansons entre parenthèses mentionnés une fois ne sont plus répétés par la suite.
Orchestres
Anonyme : CD 1 : 4, 5
Basil Codolban : CD 1 : 1, 6
Costica Bagiac : CD 1 : 7
Iza Volpin : CD 1 : 8 à 18 ; CD 2 : 1, 2, 8, 9
Wal Berg : CD 2 : 3 à 7
Raymond Legrand : CD 2 : 10 à 12, 17
Franck Pourcel : CD 2 : 13, 14
Marius Coste : CD 2 : 15, 16
Emile Deltour (arrangement : R. Legrand) : CD 2 : 18
CD 1
1. Parlez-moi d’amour (m. & p. Jean Lenoir). 10 avril 1930 3’02
DF 61 WL 2177-1
2. ça ne s’apprend pas (m. Eblinger- p. Pierre Bayle) 2’48
Au piano : Georges Van Parys. 3 décembre 1926 D 6218 WL 307-2
3. Youp et youp (m. & p. Vincent Scotto) Au piano : Van Parys. 12 février 1927 2’18
D 6228 WL 371-2
4. On trompe son mari (de l’opérette La Petite Dame du Train bleu; 2’47
m. Van Parys - p. Philippe Parès). Fin février 1927 D 6223 WL 386-10
5. L’amour est un jeu (Mêmes références que titres 4). Matrice WL 387-1 2’29
6. Dans la fumée (m. & p. Jane Bos) Mêmes références que titre 1. 3’25
Matrice WL 2176-1
7. Le coup dur (Bataille-Henri-Vittonet-Lenoir) 14 juin 1930 2’47
DF 173 WL 2343-20
8. Ah ! Pourquoi mens-tu ? (m. Lenoir - p. Lenoir et Camille François) 3’22
28 février 1931. DF 537 WL 2825-1
9. La Barque d’Yves (m. & p. Jean Tranchant) 12 avril 1932 3’17
DF 870 WL 3666-1
10. Si petite (m. Gaston Claret - p. Pierre Bayle) 8 juillet1932 3’00
DF 935 WL 3838-1
11. Parle-moi d’autre chose (m. & p. Jean Delettre) 10 février 1933 3’17
DF 1058 CL 4179-1
12. Moi, j’crache dans l’eau (m. & p. Tranchant) 10 février 1933 3’24
DF 1157 CL 4180-1
13. J’ai rêvé de t’aimer (m. Gustave Goublier - p. Charles Fallot) 2’58
1er novembre 1933. DF 1394 CL 4395-3
14. Un amour comme le nôtre (m. Charles Borel-Clerc - p. Alex Farel) 2’51
13 septembre 1934. DF 1650 CL 5013-2
15. Ta main (m. Delettre - p. Maurice Aubret) 14 juin 1935 3’06
DF 1760 CL 5426-3
16. Chez moi (m. Paul Misraki - p. Jean Féline) 30 septembre 1935 3’18
DF 1815 CL 5458-1
17. L’hôtel du clair de lune (m. Jacques Simonnot - p. Rosemonde Gérard) 3’32
14 mai 1936. DF 1918 CL 5736-3
18. Estampe marocaine (Max Eddy - Jeanne Bos) 14 mai 1936 3’37
DF 1950 CL 5738-1
CD 2
01. Les prénoms effacés (m. J. H. Tranchant- p. Jean Tranchant) 14 mai 1936 3’22
DF 1950 CL 5737-30
2. C’est toujours la même chanson (m. Delettre - p. Roger Ferney) 3’21
14 décembre 1936. DF 2079 CL 5998-30
3. C’est à Robinson (valse de l’opérette La Belle Saison) 3’02
(m. Delettre - p. Jean de Letraz) 8 juillet 1937 DF 2171 CL 6271-10
4. La vagabonde (Mêmes références que titre précédent) 3’13
DF 2172 CL 6273-1 0
5. Pour toi (idem) DF 2172 CL 6272-1 2’53
6. La Romance du printemps (idem) avec Pills et Tabet. 6 octobre 1937 2’53
DF 2221 CL 6374-1
7. Chez nous (idem) Matrice CL 6375-1 2’39
8. Mon meilleur ami (m. G. Berthomieu & Georges Tabet - p. André Tabet) 3’15
11 juin 1938. DF 2416 CL 6747-1
9. Entraîneuse (m. G. Tabet- p. A. Tabet & Jacques Pills) 3’27
DF 2416 CL 6750-1
10. Parti sans laisser d’adresse (m. Jean Payrac et Fredo Gardoni - p. Pierre Dudan) 3’16
10 avril 1940. DF 2737 CL 7276-1
11. C’est mon quartier (m. Maurice Yvain - p. Louis Poterat) 5 février 1941 3’19
DF 2803 CL 7406-1
12. Si l’on avait enregistré (m. Bruno Coquatrix - p. Mireille Brocey) 3’22
1er août 1941. DF 2840 CL 7486-1
13. C’est ma rengaine (m. Coquatrix & André Luc - p. Fred Arlys) 8 avril 1943 3’21
BF 58 CL 7744-1
14. Bonne nuit, mon amour, mon amant 3’26
(m. Coquatrix & Fred Arlys - p. Coquatrix & Poterat) 21 juin 1943 BF 57 CL 7765-1
15. Aussi simple que ça (m. & p. Miarka Laparcerie) 16 mars 1944 3’22
BF 74 CL 7909-1
16. Que reste-t-il de nos amours? (p. & m. Charles Trénet) 16 mars 1944 3’19
DF 3119 CL 7911-1
17. Un air d’accordéon (m. Paul Durand - p. Henri Contet) 21 janvier 1947 2’52
DCF 35 CL 8331-1
18. Too many memories (m. & p. Alstone) Bruxelles, 1948 3’22
Decca 20.269 FO 2183
Remerciements
Remerciements à Danièle Blanchard, Dany Lallemand, Daniel Nevers, Jacques Primack, Jocelyne, Gérard Roig et André Bernard pour le prêt de ses photos.J’exprime ma plus vive gratitude à Jacqueline Boyer qui m’a confié ses rares exemplaires personnels de Gosse de Paris et La Dame en bleu1, sans lesquels cette biographie eût été bien pauvre.
CD Lucienne Boyer © Frémeaux & Associés (frémeaux, frémaux, frémau, frémaud, frémault, frémo, frémont, fermeaux, fremeaux, fremaux, fremau, fremaud, fremault, fremo, fremont, CD audio, 78 tours, disques anciens, CD à acheter, écouter des vieux enregistrements, albums, rééditions, anthologies ou intégrales sont disponibles sous forme de CD et par téléchargement.)