Intégrale Georges Brassens
et ses interprètes

1952 – 1962

« Au village, sans prétention
J’ai mauvaise réputation
Qu’je me démène ou que je reste coi
Je passe pour un je-ne-sais-quoi
Je ne fais pourtant de tort à personne
En suivant mon chemin de petit bonhomme »
Georges Brassens – La Mauvaise réputation
Je dédie ce coffret réalisé par Olivier Julien, à mon père qui passait pour punk subversif et activiste de la grossièreté dans sa belle-famille car il écoutait Brassens. Patrick Frémeaux

Georges Brassens et ses interprètes
1952 - 1962
Par Olivier Julien

Georges Brassens naît le 22 janvier 1921 à Cette dont le nom ne sera orthographié Sète qu’en 1928, il en fera une chanson : Jeanne Martin « On a changé l’orthographe du nom du patelin ». Sa mère, Elvira, dont la famille est originaire de Marsico Nuovo dans la région de Basilicate en Italie du Sud est catholique pratiquante, elle est veuve de guerre d’Alphonse Comte, tonnelier tué au front et mère de Simone, la demi-sœur de Georges. Elvira épouse, en 1919, Jean-Louis Brassens, maçon comme son père. C’est un homme paisible et généreux qui lui transmet sa liberté de pensée et son esprit anticlérical (il refusera d’assister à la communion de son fils) tandis qu’Elvira apprend à ses enfants la rigueur du dogme religieux. Georges Brassens grandit ainsi dans une famille aux idées diamétralement opposées. Ils sont réunis par le goût de la musique qui va de la chanson française au jazz ce qui lui permet d’avoir une large culture musicale. Sur le phonographe, on joue les disques de Mireille, Jean Nohain, Tino Rossi ou Ray Ventura et ses Collégiens. Georges commence sa scolarité à l’âge de quatre ans, dans l’institution catholique des sœurs de Saint-Vincent. Il en sort deux ans après pour entrer à l’école communale, selon le désir de son père, puis entre au collège à l’age de douze ans. Les études ne le passionnent pas et c’est un élève indiscipliné jusque sa rencontre avec un professeur de français, Alphonse Bonnafé qui lui fait découvrir la poésie et les vertus des vers et de la rime, il l’encourage à écrire ses propres bouts rimés. Sa mère lui refuse des cours de musique. Il ignorera donc tout du solfège, mais cela ne l’empêche pas de griffonner des chansonnettes sur ses premiers poèmes, le jeune homme s’adonnera d’abord à la mandoline avant de découvrir la guitare. À l’âge de seize ans, Georges Brassens est impliqué dans des petits larcins dont ses proches sont les principales victimes. Il subtilise une bague et un bracelet de sa sœur. Les vols répétés avec sa bande de copains mettent la ville en émoi, son père ne lui adresse pourtant aucun reproche quand il va le chercher au poste de police. Il racontera cet épisode et ses conséquences dans les titres Les quatre bacheliers et La mauvaise réputation. Il écope en 1939 d’une condamnation à une peine d’emprisonnement avec sursis. Il ne retournera pas au collège et interrompt brusquement ses études, il persuade alors ses parents de le laisser quitter Sète, où sa réputation est ternie pour aller tenter sa chance à Paris. Il se rend, en février 1940, chez sa tante Antoinette rue d’Alésia. Autodidacte, le jeune homme apprend le piano et compose ses premiers airs. Parallèlement, il travaille comme manœuvre à l’usine Renault. La guerre arrive et Paris est bombardée. Georges Brassens retourne quelques temps vivre chez ses parents mais, s’ennuyant très vite, revient dans la capitale quand le danger s’amoindrit. Cette nouvelle vie lui donne le loisir de se consacrer à l’écriture et d’affiner son style. Il fréquente les bibliothèques et y apprend la versification, il lit Villon, Baudelaire, Verlaine, Hugo et tant d’autres. Il écrit son premier recueil de poèmes, A la venvole dans lequel son anarchisme se fait jour. L’opuscule est publié en 1942, grâce à l’argent de ses proches : ses amis, sa tante et même une amie de celle-ci, une couturière nommée Jeanne Planche née Le Bonniec, qui apprécie beaucoup ses chansons ; paraît ensuite la même année Des coups d’épée dans l’eau.
En mars 1943, Georges Brassens est réquisitionné dans le cadre du Service de Travail Obligatoire (STO). Il se rend en Allemagne dans la banlieue de Berlin, à Basdorf, où il travaille dans la manufacture de moteurs d’avion BMW. Malgré la situation, il continue d’écrire des textes et les joue devant son premier public constitué de prisonniers de guerre. Il lie des amitiés, auxquelles il restera fidèle tout au long de sa vie notamment avec André Larue, René Iskin et, plus particulièrement, Pierre Onténiente, le bibliothécaire du camp, à qui il emprunte régulièrement des livres ; il le considérera toute sa vie comme son homme de confiance et l’engagera en 1956 comme secrétaire. Après un an passé en Allemagne, il obtient une permission pour maladie grave et revient à Paris. Il se réfugie dans la pension de famille de Jeanne Planche, la voisine de sa tante et s’y cache jusqu’à la fin de la guerre. Au 9 impasse Florimont, on se lave à l’eau froide, il n’y a ni gaz ni électricité (donc pas de radio), ni le tout-à-l’égout. Il se lève et se couche avec le soleil et gardera ce rythme la majeure partie de sa vie, il poursuit l’écriture d’un roman et compose des chansons en s’accompagnant d’un vieux banjo. Dans la petite cour, vit une véritable ménagerie : chiens, chats, canaris, tortues, buse… et la fameuse cane. Jeanne est sa première admiratrice et Georges Brassens se sentit tellement bien chez elle et son mari, qu’il y restera pendant vingt-deux ans. Elle tient une place importante dans sa vie et il lui consacrera deux chansons La cane de Jeanne et Jeanne. Commence alors une période de galères et de pauvreté pour le jeune auteur. C’est à cette époque, en 1945, que Georges Brassens acquiert, avec l’aide de Jeanne, sa première guitare, sur laquelle il fait ses premiers accords et compose ses premiers morceaux. Parallèlement, il continue à manier la plume en collaborant au journal anarchiste Le libertaire pour gagner un peu d’argent sous les pseudonymes de Géo Cédille, Charles Brenns, Georges, Charles Malpayé, Pépin Cadavre ou encore Gilles Colin. Il y exerce également un double emploi non rémunéré de secrétaire de rédaction et de correcteur. Ses articles sont virulents, teintés d’humour noir envers tout ce qui porte atteinte aux libertés individuelles et la violence de sa prose ne fait pas l’unanimité auprès de ses collègues. En 1946, il hérite du piano de sa tante Antoinette, morte en juillet. Cette année-là, il ressent ses premiers maux de reins accompagnés de crises de coliques néphrétiques. En 1947, Georges Brassens a 26 ans. Il fait la rencontre d’une jeune estonienne, Joha Heiman, et tombe amoureux. Il la considère non pas comme « sa femme » mais comme « sa déesse ». Ils ne partageront jamais le même toit mais resteront ensemble jusqu’au bout, il l’appelle « Püppchen », petite poupée en allemand, mais ils l’orthographieront tous les deux « Püpchen ». Celle-ci restera la seule femme dans la vie du chanteur et c’est le nom qui sera gravé sur leur tombe. Il lui écrira J’ai rendez-vous avec vous, Je me suis fait tout petit (devant une poupée), Saturne, Rien à jeter et La Non-Demande en mariage. En juin 1947, il quitte la Fédération en gardant intacte sa sympathie pour les anarchistes (plus tard, Brassens ira régulièrement se produire bénévolement dans les galas organisés par Le Monde libertaire). Son roman qu’il achève à l’automne est publié à compte d’auteur. La Lune écoute aux portes est estampillé NRF, la couverture plagie, par provocation, celles de la maison Gallimard. Brassens adresse une lettre à l’éditeur concerné pour signaler cette facétie. Durant ces années, il continue activement d’écrire. Il ne s’imagine pas alors chanteur mais se considère plutôt comme un parolier mais peine à trouver des interprètes pour ses compositions. De nombreuses chansons sont déjà écrites, pratiquement toutes celles de cette époque qu’il choisira d’enregistrer deviendront célèbres, comme Le Parapluie, La Chasse aux papillons, J’ai rendez-vous avec vous, Brave Margot, Le Gorille, Il n’y a pas d’amour heureux (poème d’Aragon, mis en musique par Brassens sur une mélodie qui sera réutilisée pour La Prière, poème de Francis Jammes). Il fait ses débuts sur scène dans des cabarets parisiens et se produit alors dans quelques cinémas parisiens, tel Le Batignolles, rue La Condamine, où, entre les actualités et le film, il interprète trois de ses premiers succès, Le Parapluie, Chanson pour l’Auvergnat et Le Gorille. Roger Thérond et Victor Laville, deux copains sétois, journalistes du magazine Paris Match, viennent le soutenir et tentent de l’aider dans la mesure de leurs moyens. Ils lui obtiennent une audition dans le restaurant-cabaret Chez Patachou le jeudi 24 janvier 1952 à Montmartre. C’est cette rencontre qui va véritablement le lancer. Elle accepte de lui prendre quelques chansons dont Les bancs publics, à condition qu’il monte sur la scène de son cabaret. Elle est, en effet, persuadée que l’auteur personnifie ses textes en les chantant et que lui seul peut les interpréter. Le chanteur est maladroit et peine à surmonter son trac et sa timidité. C’est pourtant sur cette scène qu’il fera ses premières armes et c’est bien cette authenticité qui fera à jamais son originalité. Pour le soutenir, Pierre Nicolas, bassiste dans l’orchestre de la chanteuse, l’accompagne spontanément. Tout le style Brassens est déjà là avec sa guitare, sa fameuse moustache et sa pipe. Jacques Canetti, célèbre dénicheur de talents et patron des Trois baudets le repère et l’engage dans son cabaret. Emballé, il convainc le président de Philips de lui signer un contrat. Le quotidien France-Soir, des 16-17 mars, proclame en gros titre : « Patachou a découvert un poète ! » Le 19 mars, l’enregistrement du Gorille et du Mauvais sujet repenti s’effectue au studio de la Salle Pleyel. Le disque 78 tours est d’abord fabriqué par Philips (78 tours 25 cm Philips N 72.083 H) mais certains collaborateurs, offusqués par Le Gorille, s’opposent à ce que ces chansons sortent sous le label. Une porte de sortie est trouvée par le biais d’une nouvelle marque qui vient d’être acquise : Polydor. Un nouveau disque est pressé La Mauvaise Réputation / Le Petit Cheval (78 tours 25 cm Polydor 560.399). Le 24 juin 1952, Patachou en fait son éloge à la radio et parle du « phénomène et poète Brassens » qui se produit dans son cabaret, elle a apporté ce disque et Brassens passe pour la première fois à la radio avec La mauvaise réputation. Dès l’été 1952, il part en tournée avec les Frères Jacques et Patachou. Puis, il enchaîne les spectacles dans les cabarets et revient aux trois baudets. Un nouveau disque est édité : Le gorille / La chasse aux papillons (78 tours 25 cm Polydor (560.460). En 1953, il passe en tête d’affiche à Bobino tandis que Patachou enregistre ses chansons Brave Margot / Les amoureux des bancs publics (78 tours 25 cm Philips N72.101 H) puis La Prière « Je Vous Salue Marie » / Le Bricoleur « La Boite A Outils » (78 tours 25 cm Philips N72.122 H) et La chasse aux papillons (78 tours 25 cm Philips N72.156 H) Sort alors le premier trente-trois tours Georges Brassens chante les chansons poétiques (... et souvent gaillardes) de... Georges Brassens : La mauvaise réputation / Le parapluie / Le petit cheval, Le fossoyeur / Le gorille / Corne d’auroch / La chasse aux papillons / Hécatombe (33 tours 25 cm Polydor - LP 530.011) sur lequel il s’accompagne à la guitare. Le Parapluie, est remarquée par le réalisateur Jacques Becker qui l’utilise pour son film Rue de l’Estrapade. Éditée sur disque en même temps que la sortie du film en salle, elle est distinguée par l’Académie Charles-Cros l’année suivante en obtenant le Grand Prix du disque 1954. Juliette Gréco enregistre Chanson pour l’auvergnat avec Michel Legrand et son orchestre (78 tours 25 cm Phillips N 72.246 H). Séduit par les chansons qui passent à la radio, l’écrivain René Fallet va l’écouter un soir aux Trois Baudets. Il en sort ravi et son enthousiasme le pousse à publier un article dithyrambique dans Le Canard enchaîné du 29 avril 1953 : « Allez, Georges Brassens ! » « La voix de ce gars est une chose rare et qui perce les coassements de toutes ces grenouilles du disque et d’ailleurs. Une voix en forme de drapeau noir, de robe qui sèche au soleil, de coup de poing sur le képi, une voix qui va aux fraises, à la bagarre et… à la chasse aux papillons. » Touché, Brassens lui écrit pour le remercier et lui demander de venir le voir aux Trois Baudets ; leur rencontre sera le début d’une amitié qui durera le restant de leur vie. À partir de ce moment, la carrière de Georges Brassens est lancée. En 1954, il est près de deux mois sur la scène de l’Olympia. Catherine Sauvage enregistre Il n’y a pas d’amour heureux sur un texte d’Aragon (78 tours 25 cm Philips N72.177H). Il publie la même année son second roman La tour des miracles et enregistre un duo avec Patachou Papa...Maman qu’elle sort couplé à La légende de la nonne (78 tours 25 cm Philips N72.155H) avant de sortir un album entier Patachou chante Brassens. Parait ensuite Georges Brassens interprète ses dernières compositions : Le vent / J’ai rendez-vous avec vous / Bancs publics / Ballade des dames du temps jadis (poème de François Villon) /Comme hier / Pauvre Martin / Brave Margot / Il suffit de passer le pont / La cane de Jeanne / La marine (poème de Paul Fort) / Il n’y a pas d’amour heureux (poème de Louis Aragon) (33 tours 25 cm Polydor - LP 530.024). Chose rare, un second album sort la même année cette fois-ci accompagné par Pierre Nicolas à la contrebasse et tout simplement intitulé N°3 : Les sabots d’Hélène / Chanson pour l’auvergnat (elle est à toi, cette chanson) / La première fille (qu’on a pris dans ses bras) / La prière (poème de Francis Jammes) / Gastibelza (l’homme à la carabine) (poème de Victor Hugo) / La mauvaise herbe / Une jolie fleur (dans une peau de vache) / Je suis un voyou (la tramontane) / Le mauvais sujet repenti / P... de toi (33 tours 25 cm Polydor - LP 530.033). En octobre parait La Mauvaise Réputation, recueil où sont réunis des textes en prose et en vers, dont une pièce de théâtre : Les Amoureux qui écrivent sur l’eau. En 1955, Georges rencontre Paul Fort, poète qu’il admire et qu’il a chanté à ses débuts (Le Petit Cheval, sur son deuxième 78 tours). Avant sa tournée en Afrique du Nord et son passage à l’Ancienne Belgique, à Bruxelles, il compose des musiques sur deux autres de ses poèmes : Comme hier et La Marine en vue de son nouveau passage à l’Olympia (du 6 au 27 octobre). La nouvelle station de radio, Europe n°1, qui vient d’apparaître sur les ondes, est un événement important dans sa carrière. C’est la seule qui diffuse ses chansons interdites sur les radios d’État. En 1956, Brassens sera animateur sur Europe n°1. Son nouvel album est édité : N°4 : Je me suis fait tout petit / Auprès de mon arbre / Marinette (j’avais l’air d’un c...) / Le testament / Les croquants / La légende de la nonne (poème de Victor Hugo) / Le nombril des femmes d’agents et Colombine (poème de Paul Verlaine) (33 tours 25 cm Philips N 76.064 R). Il est toujours accompagné de Pierre Nicolas à la contrebasse. Le groupe Les Quat jeudis sort un EP complet consacré à Brassens qui pose avec eux sur la pochette : La marine (poème de Paul Fort) / Les croquants / Colombine (poème de Paul Verlaine) et Bonhomme sur des arrangements de Raoul Curet (45 tours EP 17 cm Ducretet-Thomson 450 V 037). Prêt à se consacrer à son ami, Pierre Onténiente quitte son emploi en janvier 1956. Son baptême du feu : le prochain passage à Bobino de l’artiste (27 janvier - 16 février). Entre-temps, à la demande de René Fallet, Brassens a accepté, par amitié, de faire l’acteur aux côtés de Pierre Brasseur et Dany Carrel. Le roman La Grande Ceinture, de son ami Fallet, est adapté à l’écran par René Clair. Le film s’intitulera Porte des Lilas. Dans cette affaire, Onténiente y gagnera son sobriquet de « Gibraltar ». Le trouvant aussi résistant qu’un roc quand il défend les intérêts de son « protégé », le réalisateur le compare au Rocher de Gibraltar. Friand de surnoms, Brassens l’adopte pour dénommer son ami et, désormais, secrétaire-imprésario. Trois chansons arrivent à point pour illustrer le film : Au bois de mon cœur, L’Amandier et Le Vin qui paraissent sur son nouvel album en 1957 avec les titres Oncle Archibald / La marche nuptiale / Celui qui a mal tourné / Grand’ père / Les lilas et Les philistins (33 tours 25 cm Philips N 76.074 R) accompagné par Pierre Nicolas à la contrebasse et Antoine Schessa à la guitare. Michèle Arnaud, alors épouse de Françis Claude (directeur du cabaret Milord L’arsouille) enregistre Une jolie fleur dans une peau de vache accompagnée par Jacques Lasry (33 tours 25 cm Ducretet-Thomson 260 V 045) et Suzy Solidor reprend Le parapluie avec Freddy Balta et son ensemble (33 tours 30 cm Decca 133726). Brassens et Gibraltar créent les éditions 57. La maison de Jeanne est toute petite et pour vivre comme il l’entend et recevoir ses amis ; il achète en 1958 le Moulin de la Bonde, au bord du ru de Gally, à l’extérieur du village de Crespières, en Seine-et-Oise (dans les Yvelines actuelles). Il s’y rend souvent pour, entre autres, y honorer grandement l’amitié des copains d’enfance : Victor Laville, Émile Miramont, Henri Colpi, Roger Thérond ; de ceux de Basdorf : René Iskin, André Larue ; des anars du Libertaire ; des amis du monde de la chanson et du spectacle : Marcel Amont, Guy Béart, Georges Moustaki, Jacques Brel, Pierre Louki, Jean Bertola, Boby Lapointe, Lino Ventura, Raymond Devos, Jean-Pierre Chabrol, Bourvil (en voisin), Fred Mella (soliste des Compagnons de la chanson) et bien d’autres. Fidèles, jusqu’à la fin. Seule Jeanne refusera de venir au moulin. Le sixième album de Georges Brassens est édité N°6 : Le pornographe / Le vieux Léon / Comme une sœur / A l’ombre du cœur de ma mie / Le cocu / La ronde des jurons / La femme d’Hector et Bonhomme avec Pierre Nicolas à la contrebasse et Jean Bonal à la guitare (33 tours 25 cm Philips N 76.451 R). Dorénavant, il cesse de se produire dans les cabarets pour alterner les tours de chant entre Bobino et l’Olympia et poursuit ses tournées à l’étranger avec en 1958 la Suisse et l’Italie. Les interprétations se multiplient : Claude Parent reprend Au bois de mon cœur avec Alain Goraguer et son orchestre (45 tours EP 17 cm Fontana 460.547 ME), Juliette Greco : La marche nuptiale accompagnée par Freddy Balta et Henri Patterson (45 tours EP 17 cm Philips 432.214 BE), Marc Et Odile : Il suffit de passer le pont (45 tours EP 17 cm Pacific LDP.G.173) et Léo Noël enregistre quatre titres de Brassens : Grand-père / Marinette (45 tours SP 17 cm RGM 1116) et Les lilas / Le vin (45 tours SP 17 cm RGM 1117) accompagné par Jean Claudric et son orchestre. En 1959 Georges Brassens poursuit ses tournées en Belgique et en Afrique du Nord ; Christian Mery enregistre Vendetta avec Mario Bua et son orchestre (45 tours EP 17 cm Fontana 460.640 ME), Les Cinq Pères reprennent La Ronde des jurons avec Pierre Daniderff et ses rythmes (45 tours EP 17 cm Philips 432.338 BE) et Nicole Louvier Les sabots D’Hélène avec Pierre Spiers à la direction d’orchestre (33 tours 25 cm Decca 123 911). En 1960, paraît le premier livre consacré à Georges Brassens écrit par Jacques Charpentreau : Georges Brassens et la poésie quotidienne de la chanson. Barbara chante Brassens est édité cette même année, la chanteuse qui a intégré des chansons de Brassens à son tour de chant, consacre un album entier (tout comme pour Jacques Brel) aux chansons de Georges : La marche nuptiale / La petite fille et le père Noël / Pauvre Martin / La légende de La nonne (poème de Victor Hugo) / Oncle Archibald / Pénélope / Il n’y a pas d’amour heureux (poème de Louis Aragon) et La femme d’Hector (33 tours 25 cm Odéon OS 1260) (voir Barbara interprète Brassens, Brel, Moustaki, Barbara… 1955-1961 Frémeaux et associés FA 5411). Georges Brassens sort un nouvel album : N°7 Les funérailles d’antan / Le mécréant / Embrasse-les tous/ Le père noël et la petite fille / Le bistrot / L’orage / Pénélope et Le verger du roi Louis (poème de Théodore de Banville) avec Pierre Nicolas à la contrebasse (33 tours 25 cm Philips N 76.488 R). Un album paraît également dans la collection Philips Réalités : Georges Brassens, qui êtes-vous ? composé d’une interview par Luc Bérimont entrecoupée de versions exclusives de ses chansons, accompagné par Victor Viacella à la guitare et Pierre Nicolas à la contrebasse : La Marine / Hécatombe / La mauvaise réputation / Il suffit de passer le pont / La cane de Jeanne et Comme hier. Le poète Paul Fort disparaît le 20 avril 1960, l’année suivante Georges édite un quarante-cinq tours Hommage à Paul Fort sur lequel il reprend les poèmes de l’auteur qu’il a déjà mis en musique et en récite trois : L’enterrement de Verlaine / Le petit cheval / Germaine Tourangelle / La marine / À Mireille dite « Petit verglas » / Comme hier (45 tours EP 17 cm Philips 432.556 BE). Un huitième album est édité : Le temps ne fait rien à l’affaire / Dans l’eau de la claire fontaine / La traîtresse / La ballade des cimetières / Complainte des filles de joie / Tonton Nestor - la noce de Jeannette / Le temps passé / La fille à cent sous toujours avec Pierre Nicolas à la contrebasse (33 tours 25 cm Philips B 51.672 R). Entre le 23 septembre et le 1er octobre 1961, il se produit au Québec à La Comédie-Canadienne de Montréal avant de retrouver l’Olympia de Paris début novembre (voir Georges Brassens Live in Paris 3 novembre 1961 Frémeaux et associés FA 5455). En 1962 Lucienne Vernay reprend La cane de Jeanne avec André Grassi et son orchestre (33 tours 30 cm Philips Réalités V.42). Le chanteur sort un neuvième album : Les trompettes de la renommée / Jeanne / Je rejoindrai ma belle / Marquise / La guerre de 14-18 / Les amours d’antan / L’assassinat / La marguerite / Si le bon dieu l’avait voulu (poème de paul Fort) ; puis part en tournée comme tête d’affiche du « premier festival du disque 1962 » aux côtés notamment de son ami Pierre Louki. Pour clore l’année Georges Brassens est sur la scène de l’Olympia du 6 au 25 décembre.
S’ensuit un mode de vie itinérant, où les tournées en France et dans les pays francophones s’enchaînent, à mesure que les albums sortent. Le parler franc de ses textes a fait son succès, et sa popularité ne sera jamais démentie, même pendant la période yé-yé, qui véhicule pourtant un mode de vie plus insouciant. Homme engagé il se positionnera contre la peine de mort. En 1980, un cancer de l’intestin est diagnostiqué et se généralise, deux opérations suivront. Il meurt le jeudi 29 octobre 1981 laissant la France orpheline de son poète. Nombre d’artistes se réclament aujourd’hui de l’héritage de Brassens et ses chansons continuent à vivre à travers le monde. De nombreuses écoles, rues, et centres culturels portent aujourd’hui son nom.
Olivier Julien
Pour Lise et Noé Metz
© Frémeaux & Associés 2021


Georges Brassens et ses interprètes 1952 - 1962

CD1
N°1 chante les chansons poétiques
(... et souvent gaillardes) de... Georges Brassens
1 - La mauvaise réputation    
2 - Le parapluie    
3 - Le petit cheval (poème de Paul Fort)    
4 - Le fossoyeur    
5 - Le gorille    
6 - Corne d’auroch    
7 - La chasse aux papillons    
8 - Hécatombe
33 tours 25 cm Polydor - LP 530.011 - 1953
N°2 interprète ses dernières compositions
9 - Le vent    
10 - J’ai rendez-vous avec vous    
11 - Bancs publics    
12 - Ballade des dames du temps jadis
(poème de François Villon)
13 - Comme hier (poème de Paul Fort)
14 - Pauvre Martin    
15 - Brave Margot    
16 - Il suffit de passer le pont    
17 - La cane de Jeanne    
18 - La marine (poème de Paul Fort)
19 - Il n’y a pas d’amour heureux (poème de Louis Aragon)
33 tours 25 cm Polydor - LP 530.024 - 1954
N°3
20 - Les sabots d’Hélène    
21 - Chanson pour l’auvergnat (elle est à toi, cette chanson)    
22 - La première fille (qu’on a pris dans ses bras)    
23 - La prière (poème de Francis Jammes)
24 - Gastibelza (l’homme à la carabine)
(poème de Victor Hugo)
25 - La mauvaise herbe    
26 - Une jolie fleur (dans une peau de vache)    
27 - Je suis un voyou (la tramontane)    
28 - Le mauvais sujet repenti    
29 - P... de toi
Avec Pierre Nicolas à la contrebasse
33 tours 25 cm Polydor - LP 530.033 - 1954
CD2
N°4
1 - Je me suis fait tout petit    
2 - Auprès de mon arbre    
3 - Marinette (j’avais l’air d’un c...)    
4 - Le testament    
5 - Les croquants    
6 - La légende de la nonne (poème de Victor Hugo)
7 - Le nombril des femmes d’agents    
8 - Colombine (poème de Paul Verlaine)
Avec Pierre Nicolas à la contrebasse
33 tours 25 cm Philips N 76.064 R - 1956
N°5
9 - Oncle Archibald
10 - L’amandier    
11 - La marche nuptiale    
12 - Au bois de mon cœur    
13 - Celui qui a mal tourné    
14 - Grand’ père    
15 - Les lilas    
16 - Les philistins (poème de Jean Richepin)
17 - Le vin
Avec Pierre Nicolas à la contrebasse et Antoine Schessa
à la guitare
33 tours 25 cm Philips N 76.074 R - 1957
N°6
18 - Le pornographe    
19 - Le vieux Léon    
20 - Comme une sœur    
21 - A l’ombre du cœur de ma mie    
22 - Le cocu    
23 - La ronde des jurons    
24 - La femme d’Hector    
25 - Bonhomme
Avec Pierre Nicolas à la contrebasse et Jean Bonal à la guitare
33 tours 25 cm Philips N 76.451 R - 1958

CD3
N°7
1 - Les funérailles d’antan    
2 - Le mécréant    
3 - Embrasse-les tous    
4 - Le père noël et la petite fille    
5 - Le bistrot    
6 - L’ orage    
7 - Pénélope    
8 - Le verger du roi Louis (poème de Théodore de Banville)
Avec Pierre Nicolas à la contrebasse
33 tours 25 cm Philips N 76.488 R - 1960

N°8
9 - Le temps ne fait rien à l’affaire
10 - Dans l’eau de la claire fontaine
11 - La traîtresse
12 - La ballade des cimetières
13 - Complainte des filles de joie
14 - Tonton Nestor - la noce de Jeannette
15 - Le temps passé
16 - La fille à cent sous
Avec Pierre Nicolas à la contrebasse
33 tours 25 cm Philips B 51.672 R - 1961
N°9
17 - Les trompettes de la renommée
18 - Jeanne
19 - Je rejoindrai ma belle
20 - Marquise
21 - La guerre de 14-18
22 - Les amours d’antan
23 - L’assassinat
24 - La marguerite
25 - Si le bon dieu l’avait voulu (poème de Paul Fort)
Avec Pierre Nicolas à la contrebasse et Barthelemy Rosso
à la guitare
33 tours 25 cm Philips B 76.563 R - 1962
Hommage à Paul Fort (poèmes de Paul Fort)
26 - L’enterrement de Verlaine
27 - Le petit cheval (version 1961)
28 - Germaine Tourangelle
29 - La marine (version 1961)
30 - À Mireille dite « Petit verglas »
31 - Comme hier (version 1961)
45 tours EP 17 cm Philips 432.556 BE - 1961

CD4 Georges Brassens - Enregistrement public au cabaret
la Villa d’Este
1 - La mauvaise réputation
2 - Le mauvais sujet repenti
3 - Le parapluie
4 - Hécatombe
5 - La chasse aux papillons
6 - Le gorille
7 - Les amoureux des bancs publics
8 - Putain de toi
9 - Brave Margot
Enregistrement radiophonique le 21 Décembre 1953
Georges Brassens, qui êtes-vous ? -
Entretien avec Luc Bérimont
10 - Luc Berimont Présente Georges Brassens
11 - La Marine (poème de Paul Fort) (version 1960)
12 - Interview Georges Brassens
13 - Hécatombe (version 1960)
14 - Interview Georges Brassens
15 - La mauvaise réputation (version 1960)
16 - Il suffit de passer le pont (version 1960)
17 - Interview Georges Brassens
18 - La cane de Jeanne (version 1960)
19 - Interview Georges Brassens
20 - Comme hier (poème de Paul Fort) (version 1960)
Avec Victor Viacella à la guitare et Pierre Nicolas
à la contrebasse
33 tours 30 cm Philips Réalités V 23 - 1960
CD5 - Les interprètes de Georges Brassens
Patachou
1 - J’ai rendez-vous avec vous    
2 - Les amoureux des bancs publics    
3 - Brave Margot    
4 - La prière (poème de Francis Jammes)
5 - Maman... Papa (en duo avec Georges Brassens)
6 - La légende de la nonne (poème de Victor Hugo)
7 - Le bricoleur    
8 - La chasse aux papillons
Avec Léo Clarens et son orchestre
33 tours 25 cm Philips N 76.010 R - 1954
Catherine Sauvage
9 - Il n’y a pas d’amour heureux (poème de Louis Aragon)
Avec Michel Legrand et son orchestre
78 tours 25 cm Philips N 72.177 H - 1954
Juliette Gréco
10 - Chanson pour l’auvergnat
Avec Michel Legrand et son orchestre.
78 tours 25 cm Phillips N 72.246 H - 1955
Michèle Arnaud
11 - Une jolie fleur dans une peau de vache
Accompagnement : Jacques Lasry
33 tours 25 cm Ducretet-Thomson 260 V 045 - 1957
Lucienne Vernay
12 - La cane de Jeanne
Avec André Grassi et son orchestre
33 tours 30 cm Philips Réalités V.42 - 1962
Claude Parent
13 - Au bois de mon cœur
Avec Alain Goraguer et son orchestre
45 tours EP 17 cm Fontana 460.547 ME - 1958
Suzy Solidor
14 - Le parapluie
Avec Freddy Balta et son ensemble
33 tours 30 cm Decca 133726 - 1957
Juliette Gréco
15 - La marche nuptiale
Accompagnée par Freddy Balta et Henri Patterson
45 tours EP 17 cm Philips 432.214 BE - 1958
Marc Et Odile
16 - Il suffit de passer le pont
45 tours EP 17 cm Pacific LDP.G.173 - 1958
Léo Noël
17 - Grand-père
18 - Marinette
45 tours SP 17 cm RGM 1116 - 1958
19 - Les lilas
20 - Le vin
Accompagné par Jean Claudric et son orchestre
45 tours SP 17 cm RGM 1117 - 1958

CD6 - Les interprètes de Georges Brassens
Barbara
1 - La marche nuptiale
2 - La petite fille et le père Noël
3 - Pauvre Martin
4 - La légende de La nonne (poème de Victor Hugo)
5 - Oncle Archibald
6 - Pénélope
7 - Il n’y a pas d’amour heureux (poème de Louis Aragon)
8 - La femme d’Hector
Barbara s’accompagne au piano
33 tours 25 cm Odéon OS 1260 - 1960
Christian Mery
9 - Vendetta
Avec Mario Bua et son orchestre
45 tours EP 17 cm Fontana 460.640 ME - 1959
Les Cinq Pères
10 - La Ronde des jurons
Avec Pierre Daniderff et ses rythmes
45 tours EP 17 cm Philips 432.338 BE - 1959

Les Quat jeudis
11 - La marine (poème de Paul Fort)
12 - Les croquants
13 - Colombine (poème de Paul Verlaine)
14 - Bonhomme
Arrangements Raoul Curet
45 tours EP 17 cm Ducretet-Thomson 450 V 037 - 1956
Marie-Hélène
15 - Maman... Papa
Orchestre direction : Paul Piot
45 tours EP 17 cm Véga V 45 P 2048 - 1960
Juliette Gréco
16 - Le temps passé
Avec André Popp et son orchestre
33 tours 25 cm Philips B 76.415 R - 1961
Marc Ogeret
17 - Ballade des dames du temps jadis (poème de François Villon)
Avec Jacques Liébrard à la guitare
45 tours EP 17 cm Reflets SM 45-48 - 1960
Nicole Louvier
18 - Les sabots D’Hélène
Orchestre direction : Pierre Spiers
33 tours 25 cm Decca 123 911 - 1959
Ensemble vocal Scherzo
19 - Le petit cheval
Direction Raphaël Passaquet
45 tours EP 17 cm Erato LDEV 464 - 1960
Paroles* et Musiques Georges Brassens
* sauf :
- 1:12, 6:17 François Villon
- 1:3, 1:13, 3:25-31, 4:11, 4:20, 6:11 Paul Fort
- 1:19, 6:7 Louis Aragon
- 1:23, 5:4 Francis Jammes
- 1:24, 2:6, 5:6, 6:4, Victor Hugo
- 2:8, 6:13 Paul Verlaine
- 2:16 Jean Richepin
- 3:8 Théodore de Banville