« (…) Le combo déluré des briscards du jazz classique remet son répertoire en selle (…). Le concept ? La reprise de tubes de la pop, traités en swing. On ne s'ennuie pas un quart de seconde à l'écoute de la compilation extraite des trois CD de Pink Turtle (Sortie fin mars chez Frémeaux et Associés, avec une jaquette sobrement estampillée Best Of). Une originalité folle habite le traitement "jazz tradi" de la musique populaire des années 70-80-90. Les arrangeurs et les musiciens, au cours de nombreuses répétitions, ont mis au point l'approche en tout sur une cinquantaine de compositions. Avec les arrangements, pour la plupart du trompettiste Michel Bonnet et du guitariste Christophe Davot, la formation s'approprie, par exemple, Walk on the Wild Side de Lou Reed "à la Fats Waller". Ou We are the Champions sous la forme du générique d'une vieille série télé. Des concerts à gogo entre 2006 et 2013 ont rodé la formule. Succès inatendu : le total des 3 albums parus - à la fin des années 2000 - s'est vendu à quasiment 27.000 exemplaires. Considérable dans un catalogue jazz. Le périodique Jazz Hot applaudit alors à "la bouffée de swing pur" des interprétations résolument personnelles des lurons, après tout le cœur même du jazz. Force est de mentionner la qualité des musiciens et le haut niveau des reprises, ciselées par des orfèvres. De surcroît, le spectacle réserve son lot de surprises (présentations humoristiques des morceaux ; gags ; loteries pour gagner des CD au premier qui trouve les titres des chansons ; participation de la salle ; etc.). Cela dans le pur esprit du music-hall, tel que Charles Trénet le glorifiait. Le livret du CD rapporte cette anecdote : en 2009, en public, à Belo Horizonte (Brésil), près de 10 000 spectateurs hurlent leur joie à tout rompre devant "leur" Hey Jude, des Beatles (figure sur le Best Of ). Humour + jazz surchoix dans un mélange haut-de-gamme. Que désirer de plus ? »
Par Bruno PFEIFFER – MEDIAPART