« Sa longue route vers la perfection » par Le Monde

Le pianiste et compositeur publie, à 97 ans, son autobiographie. Un siècle de vie et d’hommage à ses compagnons de route. C’est un siècle de jazz, le sien, sa longue route vers la perfection, pas moins. Un petit livre allègre, vif comme une flèche. Un récit peuplé des plus grands musiciens de la Terre, qui vous prend à l’improviste car on ne s’y attendait pas : voici l’autobiographie « véritable » de Martial Solal, à sauts et à gambades, sans souci de la chronologie, il s’en vante. Seule ambition : mentionner tous ses partenaires (un exploit !) et tricoter une histoire personnelle du jazz.

Depuis André Hodeir (1921-2011), son compagnon de route, de science, d’intelligence et d’humour, la vie et l’œuvre de Martial Solal, né à Alger le 23 août 1927, ne manquent ni de commentaires savants ni d’exégètes brillants. « La “solalologie” tient sa légitimation de l’entrée de Martial Solal dans la collection The Quintessence, qui a le statut de Pléiade. » Dixit l’inventeur de la collection. Vu la qualité de l’édition et de la glose (Gerber et Tercinet), Frémeaux n’exagère pas. A 95 ans, il le lance dans la version écrite de son autobiographie musicale.

On découvre un Solal ingénu, gourmand, fidèle en amitiés musicales (Lee Konitz, Jean-Louis Chautemps, Eric Le Lann), passionné de ce jazz dont il apprend le nom enchanteur à Alger, pointilleux sur les souvenirs de club et les questions de cachet. Solal se souvient de tout et retrace factuellement son apprentissage, d’orchestres modestes à la reconnaissance universelle. Celle des classiques et des musiciens américains, dès sa première invitation au Festival de Newport (Rhode Island), en 1963. (…)
Par Francis MARMANDE – LE MONDE