« Du jazz grandiose et talentueux ! » par Jazz Gazette

« Pour le grand (voire très grand) public, Sacha Distel (1933 – 2004) était avant tout un charmeur, une vedette de la chanson et de la variété à la voix de velours, un présentateur de télévision et aussi un playboy du show business dont certaines conquêtes féminines appartenaient au gratin du monde des people des années d’insouciance.
C’est oublier qu’il a été l’un des meilleurs guitaristes de jazz en France avant d’entamer avec succès cette carrière de crooner.
« Sacha Distel 1955 – 1962 » (Frémeaux & Associés) est un coffret de 3 cds pour nous rappeler le rôle qu’il a joué dans la galaxie du jazz en France à cette période.
Durant ces années, lui, le neveu du chef d’orchestre Ray Ventura qui avait appris la guitare en 1947 auprès d’Henri Salvador, alors guitariste au sein du big band « Les Collégiens », va côtoyer et enregistrer avec ce qui se fait de mieux dans le monde du style be-bop émergent dans l’Hexagone et aux Etats-Unis.
Outre-Atlantique justement où, envoyé par son oncle, il va rencontrer Stan Getz et Jimmy Raney et surtout ceux qui seront sa principale inspiration vocale comme Tony Bennett, Nat « King » Cole ou encore Frank Sinatra.
De retour à Paris, il fréquente pêle-mêle le saxophoniste/flûtiste belge, Bobby Jaspar, René Urtreger (piano), Nat Adderley (trompette - frère de Julian « Cannonball ») et Lionel Hampton, alors en tournée européenne.
Mais le clou de son expérience et de sa reconnaissance de guitariste de jazz de premier plan – et de ce coffret – demeure sa rencontre avec le pianiste du Modern Jazz Quartet (MJQ), John Lewis.
En cette fin d’année 1957, entourés de quelques-unes de pointures du jazz du moment, à savoir les complices attitrés du pianiste – Percy Heath (contrebasse) et Connie Kaye (batterie) – associés à des jazzmen français de tout premier plan – Barney Wilen (saxophone-ténor) et Pierre Michelot (contrebasse) – ou américains – Art Blakey (batterie) – les deux coleaders vont explorer et revisiter avec inspiration en studio plusieurs des impérissables standards du jazz. Du grand art et surtout du jazz grandiose et talentueux !
Avant que Sacha ne devienne une vedette de la chanson et abandonne définitivement le jazz. Une sacré perte pour ce dernier ! »
Par Didier PENNEQUIN – JAZZ GAZETTE