Dans son récit politique « Deux histoires, une terre », Emmanuelle Morau, journaliste à « Jeune Afrique », raconte la séparation entre Israéliens et Palestiniens, qu’elle a observée au cours de ses nombreux voyages dans la région.
J’aurais dû prendre un avion le 27 octobre 2023 pour Tel-Aviv, comme je le fais régulièrement depuis près de dix ans. Adhérente à l’Association France Palestine Solidarité (AFPS), j’ai fait des voyages de découverte qui m’ont permis de rencontrer les acteurs politiques mais aussi de la société civile en Cisjordanie, avant d’y retourner pour la cueillette des olives, temps fort de la solidarité internationale avec les Palestiniens. Cette année-là, j’ai attendu jusqu’au dernier moment pour décider si j’y allais, recevant au compte-gouttes des nouvelles de la situation sur place. C’est finalement la compagnie aérienne qui a décidé pour moi en annulant tous les vols, et Israël en fermant l’aéroport.
Quelques mois plus tard, un éditeur m’a demandé si j’accepterais de raconter mon attachement à cette terre, dans une tentative d’expliquer, aussi modestement soit-il, le chaos qui faisait rage à Gaza. La gageure étant de ne pas coller à l’actualité dont l’évolution erratique rendait difficile un traitement distancié.
Pour pallier l’impossibilité de voyager et ne pas céder à la tristesse, j’ai accepté d’écrire une déambulation géographique mais aussi politique sur ce territoire si particulier, en expliquant comment il est délimité, administré et protégé. Trois notions déterminantes pour comprendre comment la vie dysfonctionne sur ce confetti de terre inflammable. Et rappeler que tant que le droit international ne sera pas appliqué pour garantir les mêmes droits aux hommes qui y vivent et à ceux qui n’y vivent pas, la paix ne pourra pas durablement s’installer.
Emmanuelle MORAU - JEUNE AFRIQUE