« Des miracles avec la mémoire du jazz » par La Métropole

« La petite fleur de Sidney pour Noël. Sidney Bechet, 1952-1958. Live in Paris . Olympia de Paris. Théâtre Cyrano Versailles. Exposition universelle, Bruxelles, Frémeaux & Associés, 3 DC.
Voilà douze ans, ce 22 décembre 2009, mon père nous quittait soudainement. Son coeur qui battait pour ma mère et nous tous s’arrêta.
Quinze ans plus tard, sa mémoire est encore aussi vive que si c’était hier. Son rire résonne encore, tout comme le saxophone soprano de Sidney Bechet. Pourquoi ce musicien ? Parce que, en 1957, à Toulouse, mon père, jeune étudiant et pourtant peu intéressé par le jazz, a assisté à un concert dans une salle surchauffée où Sidney Bechet a attiré une foule considérable, comme un véritable « rock vedette » d’aujourd’hui.
Comme l’écrit si bien Michel Brillié dans les notes du livret : « La France est devenue “becholatre” selon le néologisme concocté par Hughes Panassié. Et l’homme qui est entré vivant dans la légende, comme l’écrit Boris Vian, a maintenant son palais à St-Germain-des-près ».
Le 8 mars 1955, le magazine Jazz Hot organisait un événement à l’Olympia de Paris pour célébrer son 20e anniversaire. « Les jeunes sont bien présents, ils dansent le be-bop dans les travées, se dressent sur les fauteuils, font un chahut de tous les diables ». Et tout cet émoi pour un style Nouvelle-Orléans et son astre solaire : Sidney.
La palette musicale de cet homme est variée. On y retrouve ses classiques : « Les Oignons » (1949), « Petite Fleur » (1952) et « Dans les rues d’Antibes », qui étaient présents dans tous les juke-boxes de l’époque. Mais ce n’est pas tout. Il séduisait par son vibrato puissant et son swing imparable, qui ont inspiré John Coltrane, Roland Kirk et Johnny Hodges (l’altiste étoile du grand orchestre de Duke Ellington), et notre ami Yannick Rieu d’ici.
Ce coffret, que l’on peut également télécharger en intégralité sur le site de Frémeaux & Associés, qui font des miracles avec la mémoire du jazz, vous fera revivre cette époque presque bénie.
Entouré de « sacrées pointures » : Guy Lognon (trompette), Benny Vasseur (trombone), Claude Luter (clarinette), Marcel Blanche (batterie), Roland Bianchini (contrebasse), ou Buck Clayton (trompette), Vic Dickenson (trombone), Arvel Shaw (contrebasse) et le pianiste George Wien, futur fondateur du Festival de jazz de Newport, Bechet nous fait taper du pied ! »

Par Christophe RODRIGUEZ – LA METROPOLE