« L’accompagnateur des plus grands jazzmen américains » par Fragile

« On peut faire confiance à Georges Perec qui dans sa liste des Je me souviens n’avait pas oublié en 1978 que Sacha Distel fut un guitariste de jazz et même un très grand.

Voilà enfin une compilation intelligemment composée de 57 titres sur 3 albums dont certains difficilement trouvables aujourd’hui, indispensables pour se souvenir de qui fut Sacha Distel. Une fois encore soulignons que le « buzz » médiatique que Sacha Distel entretint volontiers, cette image de “crooner” très beau (Scoubidou), la star des variétés des années soixante et soixante-dix ( émissions le samedi soir de Maritie et Gilbert Carpentier) ne peut faire oublier le réel talent d’un guitariste jazz qui connut ses premiers succès à St Germain des Prés, devenant dès lors l’accompagnateur des plus grands jazzmen américains.

Ce sont ses enregistrements de 1955 à 1962 que l’excellente maison Frémeaux & Associés en gardienne du patrimoine a choisi de regrouper dans un coffret au livret très détaillé. Sur le premier CD (1955 à 1957) on écoute avec délice des titres piochés dans Jazz d’aujourdhui avec le tromboniste Billy Biers (1956), Jazz Hors série avec Bobby Jaspar et René Urtreger (1957) ou encore des plages de Crazy Rhythm avec Lionel Hampton alors en tournée européenne.

Le CD2 fait revivre l’excellente collection Jazz in Paris avec six titres d’un disque culte, cet Afternoon in Paris de 1957 où Sacha Distel, en co-lead avec le grand pianiste John Lewis du Modern Jazz Quartet reprend des standards avec la crème des musiciens de l’époque.

Le dernier Cd réunit des raretés, disques introuvables aujourd’hui, un 45 tours avec JP Sasson (1956), une curiosité à coup sûr, l’album Danse Party chez Sacha Distel de 1959 où il reprend des thèmes de jazz et ses propres chansons. Sans oublier un Hommage à Django avec l’orchestre de Claude Bolling en 1962… Sacha Distel commence à briller quand l’étoile de Django disparaît brutalement d’une congestion cérébrale en 1953, à seulement 43 ans. Sans être inventeur d’un langage, le guitariste Distel a une certaine légitimité à le reprendre. »

Par Sophie CHAMBON - FRAGILE