Formidable batteur, Guillaume Nouaux a exploré depuis une quinzaine d’années les archives de la Nouvelle Orléans et en a tiré un livre événement de 400 pages sur les pionniers de la batterie. L’ouvrage est ainsi chapitré : la ville avant 1910 ; les percussions et la chronologie de leur assemblage en un seul instrument ; un double inventaire sans précédent distinguant pionniers de la percussion néo-orléanaise et premiers batteurs ; enfin les portraits de Baby Dodds et Zutty Singleton qui dominent le paysage par leur discographie, rare ou absente pour la majorité des batteurs ici inventoriés. Ces derniers remarquables chapitres font déjà référence. En revanche, tout admirables qu’ils soient, les autres sont d’une utilité problématique, le gigantesque inventaire qui est dressé souffrant d’incertitudes, de contradictions et de redondances qu’aurait su, non résoudre, mais clarifier une classification plus méthodique, voire synthétique. Facile à dire, certes ! Par ailleurs, dès lors qua la spécificité du tambour néo-orléanais est maintes fois opposée à la prédominance de la cymbale dans le jazz, la résurgence de l’héritage, évoquée en quelques lignes (de Vernell Fournier à Brian Blade) aurait mérité un commentaire autre qu’un simple signalement, ainsi qu’un questionnement des notions de « second line », de « latin tinge », et du rôle du r’n’b local.
Par Franck BERGEROT – JAZZ MAGAZINE