« Al Lirvat inventeur du Wabap, » Par Jazz News

Pour écouter du jazz antillais après-guerre, il n’y avait pas que la Cigale ! Dans un petit immeuble au 4 rue Sainte-Beuve près de Montparnasse se tenait La Canne à Sucre, où le tromboniste et guitariste Albert, ou Al Lirvat, né en 1916 à Pointe à Pitre, composa l’une de ses plus belles chansons (« Mi Belle Journée » qui mériterait d’être un standard) et inventa le Wabap, réponse guadeloupéenne au Cubop afro-cubain ! Indissociable de Robert Mavounzy, Lirvat théorisa la rencontre du jazz et de la tradition biguine, après avoir été traumatisé par le concert de Dizzy Gillespie à Pleyel en 1948. Le trombone ? Il s’y était mis un peu par hasard lors de son arrivée à Paris treize ans plus tôt : c’était le seul pupitre vacant de l’orchestre de Felix Valvert, guadeloupéen comme lui, et pour cause… son tromboniste venait de décéder ! Taulier de la Cigale jusqu’à sa fermeture, engagé dans la préservation d’un patrimoine qu’il avait contribué à rénover et enrichir. Lirvat publia en 2002 un dernier disque en guise de testament, passant le flambeau du Wabap à la génération des Mario Canonge, Eric Vinceno et Alain Jean-Marie, qu’il avait lancé dans son orchestre en 1973, soit au lendemain de son arrivée en métropole. Composé à Pointe à Pitre alors qu’il était adolescent, « Touloulou », du nom de ce petit crabe rouge vif vivant aux Antilles, restera l’un de ses plus grands tubes.

David KOPERHANT  - JAZZ NEWS