En mars 1961, Duke Ellington séjourna dans la Capitale pour le tournage de « Paris Blues » de Martin Ritt. Pour éviter le chômage technique des musiciens de son orchestre Norman Granz improvisa une mini tournée européenne sous le seul nom de Johnny Hodges, flanqué de cinq copains de pupitre, plus Al Williams au piano. On connaissait déjà le concert du Sportpalast de Berlin publié en un double album par Pablo (1978). Celui, inédit, de l’Olympia s’impose à sa suite comme le fidèle reflet de la musique qu’aimait jouer en petit comité et en toute décontraction cette éphémère formation et qui sonne aujourd’hui délicieusement intemporelle. Sans son patron, que pensez-vous que le Rabbit ait choisi d’interpréter ? Bien sûr des chevaux de bataille du répertoire ducal (Mood Indigo, Satin Doll, Perdido…), mais aussi quelques blues suaves comme celui dédié à Madeleine (l’épouse de Hugues Panassié), Une fois encore, fidèle à lui-même, flegmatique et impassible derrière son masque à la Buster Keaton, Johnny Hodges en amoureux de la phrase onduleuse déploie sur chaque morceau toutes les qualités sensuelles de son alto à la sonorité chaudement veloutée, au légato si ensorcelant, savant dosage de braise et de tendresse. C’est addictif, on en redemande !
Par Pascal ANQUETIL – JAZZ MAGAZINE
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