Frémeaux & associés vient de sortir un best of du groupe Pink Turtle. Il s'agit du choix d'une quinzaine de morceaux extraits des trois CD parus chez ce même éditeur en 2008, 2010 et 2012. Le Bulletin s'en est fait l’écho à chaque sortie. Rappelons qu'il s'agit de traiter en jazz des thèmes connus de la pop music, anglaise ou américaine. Rien d'anormal puisque tout peut se traiter en jazz ; l’originalité, ici, consiste dans des arrangements qui se prêtent le plus souvent au swing tout en restant, somme toute, proche des versions originales.
Nous retrouvons des titres fort bien interprétés tels Hôtel California, rappelant presque le Count Basie orchestra ; c'est Jean-Marc Montaut le pianiste. Le chœur pourrait même faire penser à Jimmie Lunceford, Christophe Davot jouant les Trummy Young. On peut citer, parmi les réussites, A hard day's night des Beatles ou Get up, stand up, emprunté à Bob Marley, voire Hey jude, enregistré en public. Etant donné la composition de cet orchestre si original, vous pensez bien qu’il y a quelques découvertes, ou redécouvertes, à faire à l'écoute de cette galette. Première découverte, Money, money, money, où un invité, Didier Lockwood, prend un très bon passage de violon. On côtoie le jazz manouche ! De la même façon, Smoke on the water permet d'apprécier le talent de Jean-Marc Montaut, introduisant façon Fats Waller, plus Michel Bonnet à la trompette muted ou Patrick Bac- queville au vocal, qui arrive à évoquer Louis Prima dans les paroles et qui prend un bon passage de trombone. Ajoutons Christophe Davot (g), Pierre-Louis Cas (ts), Laurent Van- hée (b) et Stéphane Roger (dr) dans ce morceau...et les autres. Je vous laisse le soin de faire les autres découvertes...
Bref, si vous ne possédez pas les trois CD qui représentent la totalité de la production de Pink Turtle, vous pouvez vous procurer ce disque. Il faut, évidemment, avoir un esprit d'ouverture car certains amateurs de notre jazz seront déstabilisés par cette démarche le résultat n'est pas du jazz traditionnel mais l'esprit, je crois, est bien là et le swing aussi.
Par Alain Charbonnier – La Revue du Jazz