On retrouve dans ces textes (avec ou sans le coffret de quatre CD qui les accompagnent) la sobriété, l’élégance et l’honnêteté rigoureuse du philosophe des questions morales (Traité des vertus) et musicologue Vladimir Jankélévitch, dans un registre abordable, sinon pour le néophyte, du moins pour le non-spécialiste. Et l’on est parfois saisi au col. Ainsi à propos de la Shoah : « Quand on ne peut rien faire, on peut du moins ressentir, inépuisablement. » Ou encore pour réveiller la combativité des philosophes contemporains : « La philosophie, ce n’est pas un cadeau de Noël qui nous est donné tout ficelé dans son emballage, dans l’emballage des cadeaux avec du papier rose, mais il faut la conquérir, lutter pour elle, en toutes circonstances, contre le sarcasme (…) et surtout contre les entreprises venues d’en haut qui visent purement et simplement à la faire disparaître, à l’assassiner, à l’exterminer. » Contre toute attente, on sort de ce livre ragaillardi et l’âme musicale — grâce aux cours sur Claude Debussy, Gabriel Fauré et Frédéric Chopin.
Par Alexandre DUCLOS – LE MONDE DIPLOMATIQUE