Tout au long de son histoire, le jazz a entretenu des rapports plus ou moins étroits avec d’autres formes de musique, « classique » ou « populaire ». Relations à doubles sens : nombreux sont les standards de jazz provenant des comédies musicales de Tin Pan Alley. A l’inverse, le jazz inspira des compositeurs tels Maurice Ravel ou George Gershwin. L’avènement du cinéma intensifia encore ces échanges. Ainsi les musiques de films composées par des jazzmen, Miles Davis, le MJQ, les Jazz Messengers, ou les bandes sonores « jazzifiées » comme par exemple, « Someday My Prince Will Come » empruntée à Walt Disney. Swingin’ Affair a opté pour cette dernière démarche. Le groupe, composé de jazzmen éprouvés de la scène française, s’empare de bandes originales connues pour en détourner l’esprit initial et en donner une version pétrie de swing. Un pari quelque peu risqué. « Les Tontons Flingueurs » ou « Le Gendarme de Saint-Tropez » ne présentent, a priori, aucune affinité particulière avec le jazz. Pour peu que l’on garde en mémoire certaines images des œuvres concernées, ce décalage savoureux du fond et de la forme contribue au charme de l’album. A quoi il convient d’ajouter l’enthousiasme de l’ensemble, la qualité des arrangements et des solistes.
Par Jacques ABOUCAYA - JAZZ MAGAZINE