« Éditeur phare du patrimoine sonore depuis un trentaine d’années, la maison Frémeaux & Associés étend à présent ses activités à l’édition littéraire (après en avoir certes déjà fait autant en matière d’audio-livres). Critique musical (à Jazz Magazine et Diapason), producteur et animateur d’émissions sur France Culture et France Musique, mais aussi essayiste, novelliste et romancier (pour une soixantaine d’ouvrages), Alain Gerber cumule ces fonctions et talents à celui de directeur artistique de la collection “The Quintessence”, qui dénombre désormais 80 coffrets au sein du catalogue Frémeaux. À l’aube de sa huitième décennie en ce bas monde, il porte un regard à la fois sensible et érudit sur son propre parcours d’instrumentiste amateur et éclairé. Dépourvu de la moindre indulgence quant à l’estimation de ses propres aptitudes en ce domaine (au point que l’on aurait presque pu sous-titrer cet ouvrage “Autocritique biographique d’un autodidacte sans illusions”), l’auteur nous promène, depuis son adolescence dans le Territoire de Belfort jusqu’à sa résidence varoise actuelle, sans nous épargner maintes anecdotes savoureuses ayant jalonné sa période parisienne. Il n’occulte rien de son laborieux rapport à l’instrument de percussion (non plus que de sa relation quasi-fétichiste aux cymbales, caisses claires, balais et baguettes, dont il nous détaille, par delà toute considération technique, la dimension psychologique chez leur usager de base). Mais par delà l’aspect ironiquement auto-dépréciateur de ce prétendu chemin de croix, Gerber retrace son propre parcours passionnel en référence à maintes figures légendaires du jazz drumming (il ne tarit ainsi pas d’éloges envers Mel Lewis, Roy Haynes et Kenny Clarke, dressant au passage les panégyriques de Connie Kay, Max Roach et Philly Joe Jones). Ne taisant pas non plus son compagnonnage fécond avec quelques parangons de la scène jazz française (Daniel Humair, Bernard Lubat, Jean-Louis Chautemps, Dédé Ceccarelli, Georges Paczynski, Aldo Romano…), Alain Gerber nous entraîne avec lui dans son périple musicalo-amoureux, avec une langue et un humour souvent dignes d’Alexandre Vialatte. »
Par Patrick DALLONGEVILLE – PARIS MOVE