Ce prodigieux chanteur-guitariste se singularisait non seulement avec aisance dans le domaine jazz mais pouvait aussi aborder le blues, le rhythm & blues, les ballades et autres courants musicaux tant sa faculté d’adaptation était remarquable. Doté d’un vocal agréablement doux et au vibrato prononcé, Lonnie Johnson se distinguait à la guitare par la finesse de son jeu et sa richesse d’improvisation. « C’est Lonnie Johnson qui m’a donné l’idée de jouer comme je le fais » T. Bone Walker. « J’étais dingue de Lonnie Johnson. C’était mon idole, mon maître » B.B. King et Robert Johnson qui a subi son influence se faisait passer pour un parent de Lonnie. Plusieurs dates de naissance du mythique bluesman ont été répertoriées au 8 février d e1889 à 1900. Plusieurs fois citée nous allons retenir celle du 8 février 1900 à la Nouvelle Orléans. Le jeune louisianais a d’abord découvert le violon puis le piano et la guitare (son instrument de prédilection). Ses débuts se font au violon dans le « String band » de son père. En 1917, au sein d’une revue musicale, Alonzo « Lonnie » Johnson part en Angleterre. De retour à la Nouvelle Orléans en 1919, il apprend que la famille est décimée par l’épidémie de la grippe espagnole. Après ce choc, la décision est prise d’aller à Saint Louis (Missouri) avec son frère le pianiste James « Steady Roll » Johnson. Ses premiers enregistrements ont lieu en 1925 pour le label Okeh. En tant que soliste, ses fructueuses rencontres lui permettront de s’associer avec le guitariste Eddie Lang (enreg. de duos de guitare), le Hot Five de Louis Armstrong, l’orchestre de Duke Ellington, Victoria Spivey, Clara Smith… Malgré tout, sa carrière connaîtra des hauts et des bas et pour survivre, tous les petits boulots seront bons à prendre, Lonnie réside à Chicago et s’associe avec le batteur Baby Dodds. Ses nouveaux enregistrements pour Decca et Bluebird rencontrent un honorable succès. En 1948, il adopte la guitare amplifiée électrique et grave de nombreux disques dont « Tomorrow Night » vendu à trois millions d’exemplaires. La tournée européenne « American Folk Blues Festival » de 1963, lui permettra de partager l’affiche avec Sonny Boy Williamson, Memphis Slim, Muddy Waters, Victoria Pivey… en 1964, des contrats sont signés pour se produire dans les clubs à Toronto (Canada). Sérieusement blessé lors d’un accident de la circulation en 1969, il sera frappé quelques mois plus tard par une paralysie. Ne pouvant plus assurer ses prestations scéniques, sa dernière apparition est signalée en janvier 1970 au « Massey Hall » de Toronto (Canada). Il décède le 6 juin 1970 à la Nouvelle Orléans. Frémeaux et Associés propose un superbe coffret composé de deux CDs retraçant la carrière musicale de ce génial guitariste depuis ses débuts en 1925 jusqu’en 1947. Un livret écrit par Gerard Herzhaft, accompagne l’indispensable document sonore de cet incontournable artiste de la note bleue.
Par Bruno MARIE – BLUES & CO