Les rapports du blues et du jazz avec la boxe ont parfois été un lointain écho des joutes à poings nus imposées à certains esclaves dans les plantations du Vieux Sud, parallèlement aux chants de travail, spirituals et airs de danse de leurs compagnons de servitude. Ils ont surtout illustré les exutoires et les étapes ayant marqué les mutations de la société afro-américaine, comme le montre dans son texte de livret Monique Pouget, responsable avec Jean Buzelin de cette anthologie belle et diverse. Une fois les boxeurs noirs sortis du circuit spécifique où ils évoluaient pour édifier les professionnels blancs, leur succès de plus en plus retentissants ont engendré des héros sportifs comme Tiger Flowers et Jack Johnson, plus tard Joe Louis, Ray Sugar Robinson ou Mohamed Ali. Le monde du ring, facteur de solidarités multiples entre pugilistes et musiciens (par exemple Archie Moore et Lucky Thomson), s’inscrit en arrière-plan chez des bluesman, jazzmen, prédicateurs et soul men qui vont de Bukka White et Champion Jack Dupree à Willie Dixon et Lee Dorsey, de Jelly Roll Morton au bopper Kenny Dorham. Parmi ceux, plus nombreux encore, qui ont célébré des figures du Noble art, citons Miles Davis, ombrageux adepte du punching-ball, Clark Terry, Roy Haynes et même George Russell, défenseur du mode lydien dont le thème « Ezz-Thetic se réfère au poids lourd Ezzard Charles.
Par Philippe BAS-RABERIN - JAZZ MAGAZINE
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