Le cd-live de John Len Chatman dit Memphis Slim enregistré à l’Olympia (27 mai 1961) fait partie de la collection du label Frémeaux & associés « Les Grands Concerts Parisiens » dirigé par Michel Brillé. Ce soir-là Franck Ténot et Daniel Filipacchi avaient accueilli le légendaire chanteur-pianiste américain. D’après la préfecture, l’artiste de la note bleue n’avait attiré lors de sa prestation que 250 personnes. Dans un article du magazine Jazz Hot, 500 spectateurs étaient bien présents dans la célèbre salle de l’Olympia : chiffre beaucoup plus rassurant pour le bluesman patronné par Europe N°1. Lu dans le livret qui accompagne l’album : Memphis Slim et Willie Dixon en manque de contrats aux USA, se sont dirigés dans un club d’Haïfa en Israël avant de poser leurs bagages et de tenter leur chance à Paris. A cette époque du début des années 60, les deux partenaires donneront des concerts dans divers clubs de la capitale et principalement aux Trois Mailletz (toujours en activité, situé 56 rue Galande dans le 5e arrondissement) pour une durée allant de juin 1962 à décembre 1974. C’est dans cette petite salle située dans une cave que se sont produits, entre autres, Champion Jack Dupree, Big Bill Broonzy (venu faire le bœuf) Roosevelt Sykes et T. Bone Walker. Concernant ces deux derniers, j’ai eu la chance de les voir sur scène dans ce même lieu en 1969. Concert Olympia du 27 mai 1961. Seul au piano, Memphis Slim propulse, de sa voix ample et puissante, le blues de Chicago et intervient entre chaque morceau en tant que conteur ce qui ravit le public. Le créateur du standard « Every Day i Have The Blues » est un compositeur prolifique. Il joue à la perfection des boogie woogie dévastateurs de sa création « Chicago Boogie Woogie », « Unidentified Boogie », du rock and roll pur jus « Shake Rattle and Roll » de Jesse Stone connu sous le pseudonyme de Charles E Calhoun, titre enregistré par Big Joe Turner avant le succès commercial de Bill Halley. D’autres reprises incontournables feront le bonheur des fans du chanteur-pianiste : « All by Myself » de Big Bill Broonzy, « Miss Ida Mae » de Roosevelt Sykes, ou encore « I Just Want to Make Love to You » création du prolifique Willie Dixon. Le live de Memphis Slim est une remarquable réussite sonore. Ce bijou musical s’adresse, entre autres, aux exigeants amateurs de concerts publics, sans oublier, les inconditionnels du mythique bluesman.
Par Bruno MARIE – BLUES & CO