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L’INTÉGRALE CHRONOLOGIQUE 1949-1962
MOUNE DE RIVEL
Ref.: FA5493
Direction Artistique : JEAN-PIERRE MEUNIER
Label : Frémeaux & Associés
Durée totale de l'œuvre : 2 heures 33 minutes
Nbre. CD : 3
De sa voix unique au charme envoûtant, Moune de Rivel, originaire de la Guadeloupe, a porté l’art de la chanson créole à ses plus hauts sommets.
Jean-Pierre MEUNIER
Gifted with a unique voice of bewitching charm, the Guadeloupe singer Moune de Rivel took Creole song to its peak.
Jean-Pierre MEUNIER
DIRECTION ARTISTIQUE : JEAN-PIERRE MEUNIER
DROITS : DP / DOMAINE PROTEGE / FREMEAUX & ASSOCIES
CD 1 (1949-1952) : FÉERIE NOIRE, RADIODIFFUSION DE LA SOIRÉE DU 20 DÉCEMBRE 1949À LA SALLE PLEYEL DE PARIS :
PRÉSENTATION - KIEMBÉLI - PARFUM A LI - LES FEUILLES MORTES - ADIEU FOULARDS - TI FI LA TÉ LA BORDÉ - QUADRILLE ANTILLAIS - ANNONCE FINALE • MOUNE DE RIVEL ET SON ORCHESTRE CRÉOLE (MAI 1950) : PAMPOU - FEUILLES - TI FI LA TÉ LA BORDÉ - PRENDS COURAGE, OH ! - KIEMBÉLI - MAMZELLE • MOUNE DE RIVEL, DU CLUB FERAL BENGA, ORCHESTRE AL LIRVAT (JUIN 1952) : LÀ HAUT DANS BOIS - CHOUCOUNE - CHOCOLAT - BEL CONGO - ERZULI - C’EST OU MÊME QUI L’AMOU.
CD 2 (1954-1959) : MOUNE DE RIVEL, ORCHESTRE AL LIRVAT (16 AVRIL 1954) :
MAIS ÇA PAS POSSIBLE - CÉ DOUTÉ - BIGUINE WABAP - BELLE CÉCILIA - OU BELLE OU JOLIE DOUDOU - MATÉTÉ • MOUNE DE RIVEL, ORCHESTRE ANDRÉ POPP (1955) : POUR TOI MON AMOUR • MOUNE DE RIVEL, ORCH. AL LIRVAT (1956) : L’EN NUITE - WAP DI WAP - AIMER - DÉPI TEMPS • MOUNE DE RIVEL, ACC. D’ORCHESTRE (29 NOVEMBRE 1957) : HELLÉ - HURRAH MISSIÉ CALYPSO - MASIBOL - CALYPSO D’ÉTÉ • MOUNE DE RIVEL, ORCHESTRE PIERRE LOUISS (12 MAI 1959) : ADIEU FOULARDS - LA GRÈVE - RÊVER - AMÉDÉE.
CD 3 (1960-1962) : MOUNE DE RIVEL, ORCH. P. LOUISS (1960) : CHOCOLAT - MON AMI - MAM’ZELLE KA OU TINI - LES PÊCHEURS • MOUNE DE RIVEL, ORCHESTRE PIERRE DEVEVEY (1960) : NOËL DES ÎSLES - MATÉTÉ - BERÇEUSE CRÉOLE - LA POUPÉE NOIRE • M. DE RIVEL, ORCH. PIERRE RASSIN (1961) : OU A VIRÉ - L’OISEAU ROUCOULEUR - LA VENDEUSE DES RUES - VA BELLE SUZANNE • MOUNE DE RIVEL, ORCH. P. LOUISS (1961) : OUAGADOUGOU - BOBO-DIOULASSO - T’AIMER TOUJOURS • MOUNE DE RIVEL, ORCH. P. LOUISS (1962) : MADAME LA MARTINIQUE - CES BLANCHISSEUSES-LÀ - ÇA KI OUAI GROS PAUL - MAIS MOI JE T’AIME • CHRISTIAN JUIN, ORCH. P. LOUISS (1961) : CHANT DE L’INDÉPENDANCE DE LA HAUTE VOLTA.
Les années RITMO (Paris 1951-1953)
AVEC L’INTEGRALE ANDRE SALVADOR
LEOPOLD SEDAR SENGHOR - JACQUES RABEMANANJARA -...
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PisteTitreArtiste principalAuteurDuréeEnregistré en
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1Presentation de Moune De Rivel par son directeur artistiqueInconnuInconnu00:01:101949
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2KiembeliMoune De RivelTraditionnel00:02:201949
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3Parfum a liMoune De Rivel00:02:081949
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4Les feuilles mortesMoune De RivelJacques Prevert00:02:321949
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5Adieu foulardsMoune De RivelMarquis De Bouille00:02:571949
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6Ti fi la té la bordéMoune De RivelFernande De Virel00:02:401949
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7Quadrille antillaisMoune De RivelTraditionnel00:02:101949
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8Annonce finaleInconnuInconnu00:00:411949
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9PampouMoune De Rivel et son Orchestre CréoleFernande De Virel00:02:371950
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10FeuillesMoune De Rivel et son Orchestre CréoleTraditionnel00:02:431950
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11Ti fi la té la bordéMoune De Rivel et son Orchestre CréoleFernande De Virel00:02:551950
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12Prends courage, oh!Moune De Rivel et son Orchestre CréoleTraditionnel00:02:411950
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13KiembeliMoune De Rivel et son Orchestre CréoleTraditionnel00:02:521950
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14MamzelleMoune De Rivel et son Orchestre CréoleFernande De Virel00:02:431950
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15Là haut dans boisMoune De RivelFernande De Virel00:02:421952
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16ChoucouneMoune De RivelO. Durand00:03:171952
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17ChocolatMoune De RivelFernande De Virel00:02:511952
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18Bel congoMoune De RivelTraditionnel00:03:201952
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19ErzuliMoune De RivelTraditionnel00:03:051952
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20C'est ou meme qui l'amouMoune De RivelAl Lirvat00:02:531952
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PisteTitreArtiste principalAuteurDuréeEnregistré en
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1Mais ça pas possibleMoune De RivelAl Lirvat00:03:031954
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2Cé doutéMoune De RivelMoune De Rivel00:02:561954
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3Biguine wabapMoune De RivelAl Lirvat00:02:511954
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4Belle céciliaMoune De RivelMoune De Rivel00:02:481954
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5Ou belle ou jolie doudouMoune De RivelTraditionnel00:02:571954
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6MatétéMoune De RivelTraditionnel00:03:141954
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7Pour toi mon amourMoune De RivelPrevert Jacques00:01:331955
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8L'en nuiteMoune De Rivel et ses Rythmes AntillaisMoune De Rivel00:03:161956
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9Wap di wapMoune De Rivel et ses Rythmes AntillaisMoune De Rivel00:03:071956
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10AimerMoune De Rivel et ses Rythmes AntillaisMoune De Rivel00:03:101956
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11Dépi tempsMoune De Rivel et ses Rythmes AntillaisMoune De Rivel00:02:551956
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12HelléMoune De RivelMoune De Rivel00:02:201957
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13Hurrah missié calypsoMoune De RivelRobert Chabrier00:02:421957
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14MasibolMoune De RivelMoune De Rivel00:02:451957
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15Calypso d'étéMoune De RivelMoune De Rivel00:02:421957
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16Adieu foulardsMoune De RivelTraditionnel00:02:201959
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17La grèveMoune De RivelTraditionnel00:02:571959
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18RêverMoune De RivelYvonne Pierre00:02:311959
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19AmédéeMoune De RivelYvonne Pierre00:02:491959
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PisteTitreArtiste principalAuteurDuréeEnregistré en
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1ChocolatMoune De RivelFernande De Virel00:02:121960
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2Mon amiMoune De RivelMoune De Rivel00:02:371960
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3Mam'zelle ka ou tiniMoune De RivelFernande De Virel00:02:401960
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4Les pêcheursMoune De RivelFernande De Virel00:02:041960
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5Noël des îslesMoune De RivelVidal De Fonseca00:02:581960
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6MatétéMoune De RivelMoune De Rivel00:02:471960
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7Berçeuse créoleMoune De RivelMoune De Rivel00:03:131960
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8La poupée noireMoune De RivelMoune De Rivel00:02:131960
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9Ou a viréMoune De RivelMoune De Rivel00:02:211961
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10L'oiseau roucouleurMoune De RivelVidal De Fonseca00:02:071961
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11La vendeuse des ruesMoune De RivelMoune De Rivel00:02:311961
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12Va belle suzanneMoune De RivelYvonne Pierre00:01:591961
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13OuagadougouMoune De RivelMoune De Rivel00:02:131961
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14Bobo-dioulassoMoune De RivelMoune De Rivel00:02:141961
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15T'aimer toujoursMoune De RivelMoune De Rivel00:02:371961
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16Madame la martiniqueMoune De RivelVidal De Fonseca00:02:091962
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17Ces blanchisseuses-làMoune De RivelYva Lero00:02:321962
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18Ca ki ouai gros paulMoune De RivelMarie Magdeleine Carbet00:02:231962
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19Mais moi je t'aimeMoune De RivelMoune De Rivel00:02:501962
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20Chant de l'indépendance de la haute-voltaChristian JuinMoune De Rivel00:02:161962
Moune de Rivel FA5493
MOUNE DE RIVEL
L’intégrale 1949 - 1962
La Grande Dame de la Chanson Créole
L'INTÉGRALE CHRONOLOGIQUE 1949 - 1962
Coffret 3 CD
Nulle artiste antillaise n’aura porté le flambeau de la chanson créole et du folklore des Îles aussi haut, aussi longtemps et avec autant d’amour, de passion, de brio que Moune de Rivel, née à Bordeaux le 7 janvier 1918 et décédée à Paris le 27 mars 2014 à l’âge de 96 ans.
L’histoire de la famille
Jean-Louis - De Virel
On comprend mieux le destin exceptionnel de Moune de Rivel, née Cécile Jean-Louis, quand on connaît l’histoire et les caractères peu ordinaires de ses parents guadeloupéens. Le père de Moune, Jean Symphorien Henri Jean-Louis (1874-1958), fut un acteur infatigable du panafricanisme, de la lutte anticolonialiste et des mouvements pour l’indépendance aux Antilles. Henri Jean-Louis est né le 5 décembre 1874 à Sainte-Anne, commune du sud de la Grande-Terre. Son grand-père nommé Jean-Louis (patronyme et prénom) était un esclave affranchi, “nègre libre patenté sous n°74”, exploitant agricole dans la commune du Gosier. Né en Guadeloupe vers 1779 et décédé en 1831, il aurait pour ancêtre un pacha de Tombouctou, Baghio’o “le bienheureux”, capturé et envoyé en esclavage au début du 18e siècle. Plusieurs descendants de ce Baghio’o devinrent nègres marrons et s’illustrèrent par leur courage dans la lutte pour l’émancipation. Le 26 juin 1819 au Gosier, Jean-Louis épouse Jeanne, “négresse libre patentée sous n°10” native de cette commune et âgée de 39 ans. Ils légitiment en même temps les six enfants déjà nés et en auront deux autres par la suite. L’avant dernier, Louis Joseph Jean-Louis (1821-1896), s’établit à Sainte-Anne comme agriculteur éleveur sur ses terres. Le 20 mars 1875, après la mort de sa première femme, il reconnaît son fils Henri âgé de trois mois, né de Laetitia Lantin âgée de vingt-sept ans, métisse indienne caraïbe qu’il épousera par la suite. À l’âge de quatre ans, le jeune Henri est initié à la lecture par un cousin de sa mère puis il se plonge dans la bibliothèque qu’une tante paternelle avait héritée de son défunt mari. Il fréquente jusqu’à l’âge de douze ans l’école des Frères de la Doctrine Chrétienne, fondée à Pointe-à-Pitre en 1839. Il poursuit sa scolarité au Lycée Carnot et en sort helléniste distingué, bachelier ès Lettres en 1894. De ses études d’humanités, il gardera toute sa vie le goût de l’écriture et de la belle parole.
À sa majorité en 1895, refusant de reprendre l’exploitation de son père, Henri Jean-Louis s’embarque pour la France à l’insu de sa famille, ayant acheté son billet avec le produit de la vente de trente bêtes subtilisées du cheptel paternel la veille de son départ et conduites en marche forcée de Sainte-Anne à Pointe-à-Pitre durant la nuit. Arrivé à Bordeaux, il s’engage sur un coup de tête au 15e Régiment de Dragons en garnison à Libourne. En mars 1897, libéré de son engagement après la mort de son père, il rentre en Guadeloupe. Ce grand Noir bon teint débarquant dans son rutilant costume de Dragon, casqué, botté, long sabre au côté, est aussitôt raillé par un groupe de persifleurs blancs. Humilié, Henri provoque le meneur en duel au fleuret et en sort vainqueur. Après ce coup d’éclat il est abordé par une admiratrice créole, destinée à devenir sa femme.
Luce Blanche Fernande de Virel, née à Pointe-à-Pitre le 13 décembre 1881, est la fille naturelle de Marie Louise Eugénie de Virel âgée de trente deux ans, violoniste et professeur de musique à Pointe-à-Pitre. Marie de Virel est l’arrière-petite-fille d’Augustin du Fresne Seigneur de Virel (1719-1785) ancien conseiller au Parlement de Bretagne, et la petite-fille de Louis Philippe Hercule du Fresne de Virel (1757-1829), né à Saint-Aubin-des-Châteaux, qui s’exila à Saint-Barthélémy en 1783 à cause de ses idées révolutionnaires. Il épousa dans cette île Ursule Bigard, fille de Balthazard Bigard, Consul de la République, et il en eut trois fils qui partirent en Guadeloupe. Le plus jeune, Cyr Baltasar de Virel, professeur de musique à Pointe-à-Pitre, épousa le 30 août 1848 Roselmie Beaupin, petite-fille d’une princesse sénégalaise déportée en esclavage. De leur union naquit le 22 mars 1849 Marie de Virel, future mère de Fernande. D’esprit indépendant, Marie de Virel devint une concertiste réputée, enseigna le violon, le piano, et composa une série de pièces créoles publiées à Paris par les éditions Choudens en 1877.
Dès leur rencontre, Henri Jean-Louis et Fernande de Virel se découvrent le même esprit contestataire et rebelle envers la société coloniale. Henri vend une partie de son héritage et le couple non marié vient vivre à Paris de 1898 à 1902. Henri fait des études de lettres et de droit tandis que Fernande suit les cours du Conservatoire de musique. Après l’épuisement de leurs ressources, ils reviennent en Guadeloupe en 1902. Henri Jean-Louis entre au Service des Contributions et Fernande, titulaire d’un 1er prix de violon et d’un 2ème prix de piano, devient professeur de musique. Ils se marient à Pointe-à-Pitre le 5 septembre 1903. Un premier fils, Edward, naît à Sainte-Rose en septembre 1906 puis une fille Henriette à Pointe-à-Pitre en avril 1908 qui décédera à l’âge de sept ans. De 1909 à 1911, la famille réside à Fort-de-France. Henri a obtenu sa mise en disponibilité pour suivre les cours de l’école d’agriculture à la Martinique. Leur second fils Victor y naîtra en décembre 1910. Durant ce séjour, sous le nom de “Jean-Louis Jeune”, Henri publie un manuel d’Histoire de la Martinique pour les écoles. Retour en Guadeloupe en janvier 1912. En juillet 1913, à l’issue d’un nouveau congé administratif pour terminer ses études universitaires, Henri obtient sa licence en droit à la Faculté de Paris. En octobre 1915 naît une seconde fille, Jane. De 1913 à 1917 à Basse-Terre, les relations dans le couple vont se détériorer, d’une part à cause du caractère volage et emporté du mari, mais aussi des suites de la noyade de leur fille Henriette lors d’une baignade en rivière en novembre 1915. Henri ayant obtenu un congé de convalescence d’un an, les parents et leurs trois enfants embarquent pour Bordeaux en août 1917. On est encore en pleine guerre mondiale. Une bataille navale survient entre des escorteurs américains et un sous-marin torpilleur allemand. Celui-ci fut neutralisé mais la mère terrorisée, enceinte de quatre mois, faillit faire une fausse couche. C’est le 7 janvier 1918 que Fernande de Virel met au monde à Bordeaux, 25 rue de Podensac (aujourd’hui rue Jean Dumas), une petite fille Cécile Aimée Henriette bientôt surnommée “Moumoune”.
Les parents et les quatre enfants reviennent en Guadeloupe en octobre 1918. Durant son séjour à Bordeaux, Fernande a fait publier la première édiition de “Mam’zelle”, sa composition emblématique. Des exemplaires ont précédé l’arrivée de la famille et c’est un orchestre qui l’accueille sur le quai au son de la musique. Quelques jours plus tard, Henri Jean-Louis prête serment d’avocat devant la Cour d’Appel de Basse-Terre. Il a 44 ans et exercera sa charge au Barreau de Basse-Terre jusqu’en décembre 1921. Il acquiert la réputation d’un avocat habile et brillant mais il est dépensier et son ménage subsiste grâce aux cours de musique de son épouse. Il fait une demande pour entrer dans la magistrature coloniale et obtient le 29 novembre 1921 sa nomination de juge d’instruction à Fort-de-France. Premier juge Noir aux Antilles, il exerce cette fonction de janvier 1922 à octobre1923. Sa volonté d’appliquer une justice rigoureuse et impartiale, sans considération de race ni de classe et sans se soucier des pressions politiques ou hiérarchiques, lui vaut de profondes inimitiés. On lui notifie sa mutation dans un poste de magistrat à Brazzaville. Il se soumet, cédant au désir de connaître l’Afrique de ses ancêtres tout en saisissant cette occasion de s’éloigner de son épouse avec laquelle les relations deviennent de plus en plus houleuses. En aucun moment de sa vie cependant il n’envisagera le divorce.
Le 21 octobre 1923, Henri Jean-Louis s’embarque à Fort-de-France pour Le Havre avec ses deux fils âgés de 13 et 17 ans, laissant ses deux filles à la garde de leur mère. Les époux vivront désormais séparés à l’exception de périodes de congés, de quelques mois à un an, dont Henri bénéficiera à l’occasion. Victor et Edward sont placés en pension et poursuivent leurs études au Collège Sainte-Barbe, rue Valette à Paris. Henri embarque ensuite à Bordeaux sur le Paquebot “Europe” pour rejoindre son poste au Congo où il arrive le 15 décembre 1923. Il est aussitôt nommé Président du Tribunal de 1ère instance de Brazzaville et Substitut du Procureur Général. Un collègue l’avertit en secret qu’il est marqué à l’encre rouge au Ministère et surveillé par des informateurs. Il ne tarde pas à découvrir les crimes coloniaux et les exactions des concessionnaires blancs couverts par l’administration française. Il entame un combat pour la défense des indigènes et remporte plusieurs succès. Henri Jean-Louis fait la connaissance de Marianne Ankombié, fille du roi du Gabon Félix Adande. Grande prêtresse des rites Niembé, elle l’initie aux secrets de la culture africaine, à la religion Bwiti, aux vertus des plantes médicinales ou magiques comme l’Iboga, au déchiffrage du langage tambouriné. Elle devient sa seconde femme selon le droit coutumier africain.
Fernande de Virel débarque à Saint-Nazaire en octobre 1924 avec ses filles Jane et Moune âgées de 9 et 6 ans pour rejoindre ses deux garçons et s’établir à Paris. De mai 1925 à janvier 1926, Henri Jean-Louis est en congé administratif. Il apprend sa mutation d’office à Madagascar. À son retour au Congo, il préfère démissionner de la magistrature et s’inscrit comme avocat au Barreau de Brazzaville avec résidence à Port-Gentil au Gabon. Il exercera de février 1926 à septembre 1933, se consacrant tout entier à la défense du peuple africain. Il dénonce les recrutements autoritaires du chantier de 140 km de la voie ferrée Congo-Océan qui cause la mort de quinze mille ouvriers indigènes soumis au travail forcé dans des conditions matérielles et sanitaires atroces. Henri Jean-Louis devient un militant du panafricanisme. Il intègre le “Comité de défense de la Race Nègre” dont il est élu président honoraire. Il acquiert une grande notoriété au Gabon, au Congo, étendant son action au Sénégal et au Cameroun administré en partie par la France depuis 1918. Il est le conseiller juridique du Prince Richard Douala Manga Bell et l’avocat conseil des chefs de villages camerounais victimes d’expropriations abusives. Il les assiste à la Société des Nations en 1929 et encourage le développement d’un nationalisme camerounais. Catalogué comme agitateur, il est pisté par la police coloniale dans ses déplacements en Afrique et à Paris. Mais se dispersant dans des affaires multiples, il commence à subir des plaintes de plusieurs clients. Certains d’entre eux, considérant qu’il ne défend pas leurs intérêts avec le zèle approprié, l’attaquent en justice pour abus de confiance. En mai 1929, la Cour d’Appel de Brazzaville le suspend du Barreau durant six mois pour “manquements professionnels graves”. En 1930, il est condamné à rembourser 30 000 francs-or d’avances sur honoraires à la société savonnière Lever Brothers qui a le monopole des palmeraies du Congo Belge. Celle-ci l’accuse d’avoir négligé d’intercéder auprès de l’Administration coloniale pour que le nouveau chemin de fer passe par une de leurs concessions. N’ayant pas la somme, Henri Jean-Louis refuse de s’exécuter. Empêtré dans des difficultés financières, il arrive à se maintenir encore deux ans. En 1931, avec les sœurs Nardal et le docteur haïtien Léo Sajous, il est l’un des fondateurs de “La Revue du Monde Noir” et il en assure la diffusion au Sénégal.
Contraint de cesser toute activité après une radiation ferme du Barreau, Henri Jean-Louis quitte l’Afrique en septembre 1933 sur le cargo Italien “Le Gabon” qui le ramène en France. Il repart aussitôt habiter la maison ancestrale de Sainte-Anne en Guadeloupe avec sa sœur Laurence. On le retrouve en 1936 à Saint-Pierre de la Martinique où il vient de fonder un hebdomadaire : “Le Progrès Colonial” sous-titré “Organe universel pour le perfectionnement matériel, intellectuel et moral des colonies françaises” qui paraît pour la première fois le 23 juillet 1936. Il y diffuse ses idées autonomistes, prêchant la formation d’une confédération des Antilles dont la langue nationale serait le créole. Poursuivi pour atteinte à la sécurité de l’État, il se réfugie à Trinidad. De 1937 à 1939, il y enseigne le français et publie des pamphlets anticolonialistes en anglais.
À la déclaration de guerre de 1939, Henri Jean-Louis demande au commandant des troupes de Martinique sa réintégration dans l’armée. Sa demande est rejetée pour raison d’âge. Il rentre en Guadeloupe en 1940 et y reste durant toute la guerre, ne cachant pas son opposition à l’amiral Robert. Après l’Armistice, il reprend sa lutte pour l’indépendance des Antilles et participe comme délégué à la troisième “Conférence des Indes Occidentales”. Cette grande rencontre internationale, aussi appelée “Commission Caraïbe”, se déroule fin 1948 au Palais du Conseil Général de Basse-Terre. Le 1er décembre, Henri Jean-Louis y prononce un long et véhément discours, rédigé entièrement en alexandrins. En 1950, cet homme fier à l’énergie farouche obtient l’annulation par le Conseil d’État des sanctions prises contre lui en Afrique. Il se fait aussitôt inscrire au Barreau de Pointe-à-Pitre et recommence à plaider à l’âge de 76 ans. Il continue l’exercice de la médecine africaine, reconstruit le monde des Antilles en de longues discussions passionnées avec son grand ami Rémy Nainsouta, maire de Saint-Claude, et parcourt la Caraïbe pour y défendre sa foi d’une confédération antillaise. Il couvre ses frais en vendant peu à peu le reste des terres familiales. En 1956, à 82 ans, il fait seul un dernier aller-retour en métropole pour revendiquer ses droits à pension auprès de l’administration coloniale.
Henri Jean-Louis meurt subitement à Saint-Claude le 25 août 1958. Sa femme Fernande de Virel l’avait précédé de cinq ans à Paris. Il venait de terminer sa traduction de l’Odyssée d’Homère d’après le texte grec original. Henri Jean-Louis est inhumé à Sainte-Anne où l’on lit sur sa tombe son auto-épitaphe ainsi faite : “Ci-gît Jean-Louis Henri, il n’eut ni gens ni louis mais il en rit”, ultime boutade à la société qu’il n’avait cessé de vouloir transformer. Il laisse dans ses archives de nombreux écrits inédits ou oubliés qu’on redécouvrira peut-être un jour. Son fils Victor (1910-1994), en marge d’une carrière d’ingénieur dans l’hydraulique en Égypte puis dans la radio et la télévision en Afrique Noire, a publié sous le nom de Jean-Louis Baghio’o des poèmes, des nouvelles et des romans biographiques où l’on respire sa curiosité et sa passion pour l’histoire de sa famille qu’il analyse avec la pénétration d’un psychologue et d’un ethnographe en la parant de romantisme et de merveilleux.
Dans le climat fragile qui régnait au foyer familial lors de ses séjours à Paris et dans la correspondance qu’il échangeait depuis l’Afrique avec sa fille artiste, Henri Jean-Louis lui témoignait son immense admiration. Il lui communiquait son amour de la culture africaine et lui prodiguait ses conseils et sa tendresse. Ainsi composa-t-il pour elle ce touchant poème :
Danse, Moumoune, danse,
Danse pour ton papa,
Adoucis sa souffrance
Par le chant de tes pas.
Pour te donner plus d’âme
Comme une sainte dame,
Ma fille, va danser,
Car danser c’est prier.
Moune de Rivel
Formée à la musique créole par sa mère, sensibilisée à l’Afrique Noire par son père, la petite “Moumoune”, future Moune de Rivel, était promise à une carrière artistique sans précédent. Elle a six ans en 1924 quand sa mère s’installe à Paris avec ses enfants. Fernande de Virel écrit des chansons créoles, reçoit chez elle des élèves, des musiciens, des figures antillaises comme René Maran, Prix Goncourt 1921. Dès l’âge de sept ans, Moune chante les chansons de sa mère au salon littéraire de Germaine Casse, peintre tropicaliste, fille d’un ancien député de la Guadeloupe. En 1931, au moment de l’Exposition Coloniale, Moune est fascinée par la personnalité de Léona Gabriel (1891-1971) qui vient répéter les biguines de Saint-Pierre avant de les chanter le soir au “Tagada-Biguine” de Montparnasse dans l’orchestre de Stellio où Fernande de Virel tient le piano. Moune prend des cours de chant avec le Père Montagnier à l’église de Saint-Germain des Prés. Plongée dans un bain de musique, elle devient une authentique artiste, musicienne et danseuse. En 1934, à l’âge de seize ans, elle fait ses débuts rémunérés au “Cabaret des Fleurs”, établissement russe au n°47 de la rue du Montparnasse. Elle y côtoie la célèbre Kiki, “Reine de Montparnasse”, chanteuse, égérie et modèle de Man Ray et Foujita. Moune chante et s’accompagne au piano. La même année, elle met au monde son fils Alban, unique enfant de toute sa vie. Sans autre moyen d’assurer la subsistance de ce petit être, Moune prend la décision, en accord avec sa mère, de s’engager pleinement dans la profession d’artiste. Elle se produit chaque soir dans plusieurs cabarets à la ronde. À partir de 1937, elle est vedette à “La Boule Blanche”, le cabaret exotique du 33 rue Vavin animé à ce moment-là par l’orchestre cubain d’Emilio Don Barreto.
À la déclaration de guerre en septembre 1939, les cabarets ferment et Moune se retrouve sans travail. Quand les Allemands envahissent la France en juin 1940, Fernande de Virel, espérant renouer avec la branche bretonne de sa famille, emmène en Bretagne Moune et son fils ainsi que son autre fille Jane avec ses quatre enfants en bas âge. Les trois femmes et leur petit monde s’intègrent à la population paysanne et subsistent en participant aux travaux des champs. Moune gardera de cette époque difficile un amour profond du pays breton où elle retournera souvent passer des vacances par la suite. Au bout de plusieurs mois, la famille revient à Paris. Moune chante à “La Tomate”, un cabaret semi clandestin au 46 rue Notre-Dame de Lorette qui sera fermé par les Allemands puis rouvert après la guerre. En 1943, elle rejoint le Hot-club Colonial fondé par Abel Beauregard et enregistre en février 1944 un premier disque chez Polydor au sein de l’orchestre dirigé par Félix Valvert. Elle se produit aussi à l’Élysée Montmartre dans un orchestre antillais dirigé par le Belge Al Verdes. Fin 1944, Moune revient à La Boule Blanche pendant six mois. Après l’Armistice, avec le guitariste martiniquais Pierre Louiss (1908-1986) et le clarinettiste guadeloupéen Denis Ancédy, elle inaugure en juillet 1945 le cabaret “La Canne à Sucre” créé au n°4 de la rue Sainte-Beuve à Montparnasse par deux amoureux des Antilles, Louise de Ruysscher et Jacques Magnien, anciens clients de “La Tomate”. Moune restera la figure de proue du cabaret jusqu’à sa fermeture en 1996, avec des pauses de plusieurs années parfois. Sa première absence intervient dès décembre 1945. Un militaire américain du nom de Paul Sklar, agent de la compagnie de disques RCA Victor, la fait engager pour deux mois au “Cafe Society Uptown” de New York. Cet établissement avait été créé en 1940 par Barney Josephson (1902-1988) qui l’intitulait ironiquement “le mauvais endroit pour les gens bien”. C’était aux USA le seul night-club anti-ségrégationniste où Blancs et Noirs se côtoyaient dans la salle. Première artiste française à partir au États-Unis après la Libération, Moune y restera deux ans. Elle voyage sur le paquebot “Groix” peu avant Noël 1945. Cette jeune créole au charme enchanteur, apportant sa gaieté, sa fantaisie, la spontanéité et la décontraction d’un art d’être à la Française, devient aussitôt la coqueluche des New-Yorkais.
À son arrivée, Moune fait la connaissance de Rose-Meta Morgan (1912-2008), Noire américaine qui avait fait fortune en créant la plus importante chaîne de salons de beauté et de coiffure dédiés à l’esthétique féminine afro-américaine. Rose Morgan accueille Moune comme une sœur et l’héberge chez elle à Harlem durant un an et demi. Moune devient son égérie pour sa publicité. Elle s’intègre facilement à la communauté noire de New York. Elle est au centre d’un film d’actualités “Night-Club Boom” et rencontre de nombreux musiciens de jazz parmi lesquels les pianistes Hazel Scott, Mary Lou Williams, Errol Garner, Ellis Larkins… Elle épouse ce dernier en l’église St. James de Baltimore le 31 juillet 1946. Grâce à son mari, Moune s’inscrit à la Juilliard School pour y suivre des cours de composition et d’harmonie moderne. Durant ce temps à Paris, elle est remplacée à la Canne à Sucre par la chanteuse martiniquaise Jenny Alpha. Fernande de Virel, sociétaire de la SACEM depuis le 23 janvier 1946, publie aux éditions Leeds un album des créations de sa fille. Fin septembre 1946, Moune fait un retour en France puis repart aux États-Unis en décembre après deux séances d’enregistrement, l’une avec Don Barreto, l’autre avec Denis Ancédy. Elle revient définitivement en Europe début 1948. Moune et Ellis Larkins divorceront à Paris le 5 juillet 1949, chacun préférant garder la liberté de mener sa carrière en toute indépendance.
Dès son retour, Moune retrouve sa place à la Canne à Sucre, avec l’orchestre de Sam Castendet. Elle a gardé le nom d’artiste de sa mère : “de Virel” mais certains membres de cette noble famille bretonne de longue lignée, indisposés de voir leur nom affiché par une chanteuse noire de cabarets, veulent lui faire un procès. Moune trouve une fine parade en permutant deux consonnes. Elle s’appellera désormais Moune de Rivel et gardera ce nom toute sa vie. En 1948, accompagnée par l’orchestre de Félix Valvert, elle chante dans le film de Jean Delannoy “Aux Yeux du Souvenir” qui sort fin novembre, avec Jean Marais et Michèle Morgan. À ce moment, Moune commence à souffrir d’une extinction de voix qui va l’handicaper durant près d’un an. Fin 1948, avec un associé vietnamien, elle ouvre un restaurant chinois et antillais au 20 rue du Sommerard à Paris puis un autre “Chez Moune” rue Champollion. Elle reprend ensuite une cave en perte de vitesse près des Champs-Élysées : “Le Perroquet au nid” au 49 rue de Ponthieu. Elle refait la décoration et crée un cabaret antillais qu’elle inaugure le 8 juillet 1949. En peu de mois, l’établissement a la faveur des célébrités littéraires et artistiques. Il trouve un formidable succès et refait des bénéfices. Moune subit alors les menaces d’une pègre qui entreprend de la racketter. En mai 1950, plutôt que de céder au chantage, elle préfère revendre son affaire après l’avoir gardée moins d’un an. Ayant retrouvé sa voix depuis plusieurs mois, elle revient à la Canne à Sucre. En juillet, toute l’équipe comprenant Maurice Banguio le gérant, l’orchestre de Sam Castendet, Albert Lirvat, Martinalès, le ballet de Nelly Lungla et Moune de Rivel en vedette, descend sur la Côte d’Azur pour animer durant l’été les soirées du cabaret “Le Rallye” installé dans une villa de la plage de Cros-de-Cagnes. L’écrivain à succès Robert Gaillard, en villégiature dans la région, en fit un article enthousiaste dans “L’Espoir de Nice et du Sud-est” du 8 août 1950.
De fin 1950 à 1952, Moune de Rivel se produit à “La Rose Rouge”, cabaret-théâtre que le Sénégalais Feral Benga (1906-1957), ex-danseur des Folies Bergères, icône androgyne de la beauté plastique noire des années trente, avait aménagé en 1947 dans le sous-sol de son restaurant du 53 rue de la Harpe à Paris. Surtout connu par ses artistes de la nouvelle chanson “Rive gauche” et par sa clientèle d’intellectuels, le cabaret de “La Rose Rouge” fut aussi un haut lieu de la culture africaine avec la troupe de danseurs de Sonar Senghor, neveu du futur premier Président du Sénégal. L’ambiance musicale était créée par l’orchestre afro-antillais de Barel Coppet et Pierre Rassin. C’est à La Rose Rouge en novembre 1951 que le réalisateur André Michel remarqua Moune de Rivel et lui demanda de tenir le rôle principal du sketch “Zora” (inspiré de la nouvelle intitulée “Boitelle” de Guy de Maupassant) dans le film “Trois Femmes” qui sortit en août 1952. Ce sketch à redécouvrir dénonce la sottise des préjugés ordinaires de l’époque sur les mariages interraciaux.
En juillet-août 1952, Moune est invitée en Finlande à l’occasion des Jeux Olympiques d’Helsinki pour y chanter à la télévision et à la radio. Charmée par l’accueil des habitants de ce pays nordique, elle y nouera de solides amitiés et y reviendra souvent par la suite. Le 3 mai 1953, Fernande de Virel décède à l’hôpital Broussais de Paris à l’âge de 71 ans. Profondément affectée par la perte de sa mère, Moune part pour une tournée de concerts en Suède, en Finlande et en Laponie, en Italie, en Allemagne. Ce bouleversement dans sa vie la décide à prendre des cours de composition musicale avec le professeur russe Georges Angelsen et à demander son admission à la SACEM. Elle en devient sociétaire comme compositeur le 14 octobre 1953 et comme auteur le 6 janvier 1954. Elle compose avec Georges Angelsen une “Rhapsodie antillaise” pour orchestre. Après avoir longtemps interprété des morceaux du folklore ou les créations de sa mère, elle peut désormais faire valoir ses propres œuvres.
Moune continue de se produire à la Canne à Sucre et à “La Créole”, le restaurant spectacle de Liliane Harley au 22 de la rue Cambacérès. En 1953 et 1954, elle passe à la radio avec Ernest Léardée dans l’émission “Au-delà des mers” de France Danielly. Elle chante aussi “Chez Suzy Solidor”, cabaret à la mode ouvert en octobre 1954 au n°4 de la rue Balzac. Moune participe au premier congrès des écrivains et artistes noirs réunis à la Sorbonne en septembre 1956. À l’occasion d’un gala au théâtre de la Cité Universitaire de Rome en 1958, elle interprète son concerto “Tam tam piano”. En 1959, la R.T.F. diffuse sa Rhapsodie Antillaise jouée par l’orchestre de Marcel Stern, violoniste et compositeur de musiques de films. En 1960, Moune publie “Kiroa”, petit recueil de contes chez Présence Africaine, et un album “Chansons du Petit Antillais” aux Éditions du Rideau Rouge. La célèbre danseuse russe Vera Krylova, à l’occasion du spectacle annuel de ses élèves, crée au Palais de Chaillot une chorégraphie sur la biguine “Noir et Blanc” composée par Moune de Rivel. En 1961, le gouvernement de la Haute-Volta (devenu Burkina Faso) lui commande un disque de quatre chansons pour la célébration de l’Indépendance proclamée le 5 août 1960. Moune figure parmi les invités d’honneur de la cérémonie qui a lieu à Ouagadougou le 10 décembre 1961. Le 5 février 1962, l’orchestre de l’ORTF de Marseille retransmet sur France III (Chaîne Nationale, future France Culture) son poème symphonique sous la direction du violoniste et chef d’orchestre Pierre Pagliano. Cette même année, Moune devient productrice d’une émission musicale hebdomadaire de l’ORTF “Charmes de Paris” diffusée le mardi sur les ondes courtes à travers le monde et qui durera jusqu’en 1966. Elle sera suivie jusque vers 1969 d’une autre émission intitulée “Sources vives”. Moune fait plusieurs séjours aux Antilles, en 1962, en décembre 1963 et janvier 1964. En marge de ses galas et récitals, elle poursuit ses recherches pour remonter aux sources de la musique traditionnelle de son pays.
Du 1er au 24 avril 1966, six ans après l’indépendance du Sénégal, Moune de Rivel participe en tant qu’artiste et représentante de la Guadeloupe au premier Festival mondial des arts nègres à Dakar. Cette grande manifestation est organisée par le Président Léopold Sédar Senghor à l’initiative de la revue Présence Africaine et de la Société africaine de culture. De 1963 à 1969, Moune de Rivel, entourée parfois de plusieurs dizaines d’artistes, musiciens et danseurs de l’Outre-mer, monte des spectacles et fait découvrir la culture des Antilles et autres Îles lointaines dans différentes salles de Paris : Théâtre Récamier, Théâtre du Vieux Colombier, Salle du Polo de Paris Bagatelle, Théâtre de l’Alliance Française, Théâtre de la Comédie de Paris, Maison de l’UNESCO… En juin 1969, au retour d’une nouvelle tournée aux Antilles et en Guyane, elle présente son premier microsillon de longue durée “Îles et Rivages”, anthologie de textes poétiques d’auteurs français et ultramarins sur des musiques de sa composition. Il s’agit là peut-être de son plus beau chef d’œuvre, à propos duquel le poète et journaliste Bernard Sannier-Salabert souligne, au-delà de la magie de la voix, “l’étonnante musicalité et la recherche savante des mélodies”.
De 1967 à 1974, Moune de Rivel apparaît dans plusieurs films pour le cinéma ou la télévision : “Meurtre en sourdine” (TV 1967), “L’Écume des jours” (1968) de Charles Belmont avec Jacques Perrin et Marie-France Pisier, “Mont-Cinère” (TV 1970), “Popsy Pop” (1971) de Jean Herman avec Claudia Cardinale et Henri Charrière dit “Papillon”, “L’Atlantide” (TV 1972) de Jean Kerchbron avec Ludmilla Tcherina et Denis Manuel, et surtout “Paul et Virginie” (TV 1974), série télévisée en treize épisodes de Pierre Gaspard-Huit avec Véronique Jannot et Bachir Touré. Moune y est resplendissante dans le rôle de Marie, nourrice de Virginie. Elle est aussi l’interprète de la chanson du générique sur une musique de Georges Delerue. Le tournage eut lieu fin 1973 à l’Île Maurice et dura plusieurs mois. Moune continue de promouvoir la tradition des Antilles, ancienne et moderne, dans des spectacles en divers lieux : Bobino (oct. 1970), salle des spectacles de Blois (printemps 1972), Casino de Deauville (été 1972), Parc Floral de Vincennes (1973), Carré Thorigny de Sylvia Montfort (1974). Le 30 octobre 1970, Moune chante sur la scène du prestigieux Hôtel Waldorf Astoria de New York pour le bal de bienfaisance “April in Paris” qui rassemble chaque année la haute société américaine au bénéfice de l’hôpital français de New York.
À partir de 1974, Moune est à nouveau à l’affiche de la Canne à Sucre, tout près du petit appartement qu’elle était venue habiter avec sa mère, 11 rue Jules Chaplain, en avril 1949. En 1978, elle fait une brève apparition dans le film “L’argent des autres” avec Jean-Louis Trintignant. En 1983 la chaîne de télévision scandinave, qui couvre la Suède, la Norvège et le Danemark, lui consacre un programme d’une heure intitulé “Ne joue pas avec la tristesse”, une évocation de sa vie et de sa carrière. En juin 1983, avec l’orchestre de la Canne à Sucre dirigé par le pianiste guadeloupéen Harry Gatibelza (décédé en 1997), Moune de Rivel enregistre un microsillon “Horizons Créoles” à la salle Adyar de Paris. La pochette du disque sera illustrée de son portrait peint par Édith Desternes (1901-2000). De 1983 à 1985, Moune fait partie de la rédaction du mensuel africain “Bingo”. Elle est chargée de l’éditorial et de plusieurs rubriques dont le courrier du cœur. Le 3 février 1986, le cabaret de La Canne à Sucre fête son 40ème anniversaire en présence des artistes qui firent son succès depuis sa création. À plus de 70 ans, Moune continue d’y chanter. Elle anime encore des spectacles créoles à Paris et aux Antilles. Le 19 novembre 1994, la chanteuse guadeloupéenne Winnie Kaona organise pour elle un concert au Centre des Arts et de la Culture de Pointe-à-Pitre. En septembre 1995, à l’âge de 77 ans, Moune de Rivel réalise un de ses rêves les plus chers : elle crée son petit conservatoire de la chanson créole au Centre Culturel Municipal de La Jonquière dans le 17e arrondissement de Paris. De 1995 à 1999, elle transmet à ses élèves son savoir et sa passion. Chaque année au mois de juin, ses élèves présentaient le fruit de leur travail en un spectacle alerte et coloré à l’issue duquel public et artistes se retrouvaient autour d’un pot de l’amitié.
En 1996, le cabaret de la Canne à Sucre ferme définitivement après un demi-siècle de représentation de la musique, de la culture et de la tradition des Antilles à Paris. Moune interprète alors ses chansons le soir au restaurant “Le Flamboyant” de Monsieur Paul Lagaville, rue Boyer Barret, où l’on dégustait en famille l’une des meilleures cuisines créoles de Paris. En juin 2000, âgée de 82 ans, Moune enregistre pour Frémeaux & Associés son dernier CD “Joie et nostalgie créoles” (FA 438), petit bijou d’émotion, d’harmonie et de paix avec la complicité de ses anciens élèves. Son cœur reste débordant d’optimisme et de vitalité. Elle n’arrête pas de recevoir ses amis, de parrainer de jeunes artistes, de bâtir des projets et de partager son expérience et ses souvenirs avec ceux qui viennent la rencontrer dans son petit logement de Montparnasse. Mais elle commence à perdre la mémoire et l’on diagnostique bientôt la maladie d’Alzheimer. En 2008, elle entre à la résidence Océane du 19e arrondissement de Paris. Moune y vivra encore six ans, cloîtrée à jamais dans son univers et dans ses rêves. Elle décède le 27 mars 2014 à l’âge de 96 ans. Ses obsèques furent célébrées le 1er avril en l’église Notre-Dame des Champs. Entourée de ses proches, famille, amis, admirateurs, Moune fut ensuite inhumée au caveau familial du cimetière du Montparnasse pour y reposer au côté de sa mère. Un dernier hommage sans tristesse, en musique et en chansons, leur fut rendu à toutes deux.
Une émouvante, intime et précieuse évocation de la vie de Moune de Rivel a été retracée par son amie artiste Lisette Malidor dans le documentaire télévisé “La Lune lévé” réalisé en 2011 par Barcha Bauer pour les Productions de la Lanterne. Tout au long de sa vie, Moune de Rivel a reçu de nombreuses distinctions. Elle est Officier de l’Ordre National du Mérite et Chevalier des Arts et des Lettres.
À propos de cette réédition
La présente intégrale complète les premiers enregistrements de Moune de Rivel déjà parus chez Frémeaux & Associés, comprenant la séance Polydor de février 1944 du Hot-club Colonial (FA 5110), les deux faces Pathé d’octobre 1946 en compagnie du guitariste cubain Don Barreto (FA 5080) et les six faces Music Monde de décembre 1946 avec le clarinettiste Denis Ancédy (FA 051). Cette nouvelle compilation débute par un document rare, extrait de la radiodiffusion d’un concert intitulé “Féerie noire” donné le mardi 20 décembre 1949 à la Salle Pleyel de Paris. Ce concert en trois parties comprenait également l’orchestre de jazz du trompettiste Buck Clayton et le pianiste Willie Smith “The Lion”. Moune de Rivel occupait la 2ème partie avec sa “Compagnie des Antilles” dont la composition nous est donnée par une photographie du “Perroquet au nid” conservée par le guitariste guyanais Roland Paterne (1912-2009). Le pianiste était le Martiniquais René Léopold (1909-1996). Éminent professeur d’anglais dévoué à ses élèves durant le jour, valeureux musicien durant la nuit, René Léopold a vécu toute la saga de la biguine à Paris. De juillet 1931, date de son arrivée, jusqu’au milieu des années soixante, il a joué avec Stellio, Kindou, Delouche, Valvert, Léardée, Castendet, sans oublier Jenny Alpha, Moune de Rivel, Barel et Honoré Coppet, Pierre Rassin, Al Lirvat… Passionné de musique et demandé par ses pairs, René Léopold avait choisi de rester dans l’ombre afin de se garder de toute interférence entre sa vie d’artiste discret et son statut de professeur distingué. Les précieux souvenirs qu’il nous a amicalement dévoilés éclairent tout un pan de l’histoire des musiciens antillais. Dans les paroles de “Kiembéli”, adaptées pour la circonstance, Moune de Rivel lui adresse un clin d’oeil sur la scène de Pleyel, de même qu’elle salue dans la salle Hugues Panassié, président du Hot-club de France sous le patronage duquel le concert était donné.
Cinq mois plus tard, en mai 1950, Moune de Rivel était à nouveau à la Canne à Sucre animée depuis novembre 1946 par l’orchestre de Sam Castendet (1906-1993). C’est avec des éléments de ce dernier, supervisés par Al Lirvat (1916-2007) qu’elle enregistre chez Selmer trois compositions de sa mère et trois morceaux de folklore des Caraïbes. Moune mettait fin à trois ans et demi d’absence des studios d’enregistrement. La séance fut chroniquée de la manière la plus élogieuse dans le numéro de mai-juin 1950 de “La nouvelle revue des traditions populaires” sous la plume de Géo Charles qui souligne la beauté et la gravité de la complainte guyanaise “Prends courage, oh !”. Fin 1950, Moune devient pendant presque deux ans l’artiste phare de la Rose Rouge, renommée “Club Feral Benga”. Durant ce séjour, en juin 1952, elle fait à nouveau appel à Al Lirvat pour diriger une séance chez Ducretet-Thomson. La composition de l’orchestre est incertaine mais il est probable qu’elle inclut plusieurs musiciens de la Rose Rouge, et parmi eux les Guadeloupéens Lucien Popote à la clarinette et Antoine Troubadour, neveu d’Édouard Pajaniandy, au piano. À l’écoute de Moune de Rivel, on est impressionné par la ferveur presque mystique qui se dégage de la vibration de sa voix, particulièrement dans les morceaux de folklore haïtien d’inspiration Vaudou. Pour la première fois dans le titre “Choucoune” on entend Moune imiter le sifflement d’un oiseau, procédé dont elle agrémentera souvent ses interprétations par la suite, avec une habileté et un réalisme saisissants.
La coopération de Moune de Rivel et Albert Lirvat durera encore de nombreuses années. Les deux artistes enregistrent une nouvelle série de 78 tours chez Pathé en avril 1954. C’est l’époque de la biguine Wabap, ce style réjouissant inventé au début des années cinquante par Al Lirvat et Robert Mavounzy pour redynamiser la biguine en l’enrichissant d’harmonies et d’arrangements inédits inspirés du jazz moderne. Moune se lance dans ce nouveau courant bien décrit dans les paroles de “Biguine Wabap”. Deux de ses œuvres, “Cé douté” et “Bell Cécilia”, sont ainsi sublimées par la magie du chef d’orchestre. Moune renouvellera cette réussite deux ans plus tard chez Pathé avec un 45 tours de quatre titres de sa composition, parmi lesquels “Dépi temps”, un blues créole de toute beauté. Entre ces deux séances vient s’insérer une autre merveille : “Pour toi mon amour”, subtil poème de Jacques Prévert mis en musique par Al Lirvat. La maison de disques “Le Chant du Monde” en 1955 avait eu cette idée de réunir sous le thème “Chansons d’amour… grises” une sélection de grands interprètes de la chanson française. L’orchestre est dirigé par André Popp qui, lié par un contrat d’exclusivité avec Philips et Fontana, avait pris le pseudonyme de Serge Kenneth. Fin 1957, toujours pour la firme Pathé, c’est cette fois le calypso qui est à l’honneur dans un 45 tours de quatre titres d’une grande volupté, dont trois compositions de Moune. L’orchestre n’est pas nommé mais on y distingue clairement la clarinette du Guadeloupéen Sylvio Siobud (1911-2005) et la guitare d’Al Lirvat, ainsi que la voix de ce dernier parmi les chœurs.
À partir de 1959 et jusqu’en 1962, Moune de Rivel ne va plus enregistrer que pour la filiale française de la firme RCA avec une régularité remarquable : six microsillons 45 tours en quatre ans. Pierre Louiss assure la direction de quatre séances. En 1959, il est chef d’orchestre attitré du casino de Trouville sur la côte normande. Il l’anime à longueur d’année depuis mars 1953 et le quittera seulement en septembre 1963, quelques mois avant d’aller jouer à l’Hôtel Lido sur la commune de Schoelcher à la Martinique de juillet 1964 à février 1970. La formation qui accompagne Moune comprend des éléments de l’orchestre de Trouville augmentés de quelques musiciens recrutés à Paris (Al Lirvat et Barel Coppet). On y trouve Eddy Louiss âgé de moins de vingt ans, talentueux vibraphoniste dans l’orchestre de son père à Trouville. C’est avec un simple trio guitare-vibraphone-contrebasse que Moune enregistre la plus belle version que l’on connaisse du fameux hymne antillais “Adieu foulards”, une interprétation aérienne et céleste qui vous transporte au paradis. Dans des arrangements rajeunis, elle reprend quelques grands classiques du folklore et des succès de sa mère comme “Chocolat” et “Mam’zelle”. D’autres paysages musicaux nous sont apportés avec deux albums dirigés l’un par le pianiste Pierre Devevey, l’autre par Pierre Rassin. Le premier, de formation classique et symphonique, est un grand arrangeur de musique légère de divertissement, telle qu’on la goûtait à la radio dans les années d’après- guerre. Le tromboniste Pierre Rassin, quant à lui, reste imprégné de la musique traditionnelle de la Martinique dans laquelle il a baigné depuis son enfance.
Tout au long de ses enregistrements, Moune de Rivel nous livre maintes mélodies originales, sur ses propres textes ou ceux d’auteurs confirmés dont elle a su s’entourer comme Marie-Magdeleine Carbet, Yva Léro, Marie-Louise Vidal de Fonseca ou Yvonne Pierre-Rochez. On ignore souvent que Moune de Rivel est une compositrice hors pair qui a déposé plus de trois cents œuvres à la SACEM. On découvrira enfin avec curiosité les quatre chansons créées spécialement pour la célébration de l’indépendance de la Haute-Volta, un an après sa proclamation. Trois d’entre elles sont une peinture colorée des principales villes du pays : Ouagadougou, Bobo-Dioulasso et Koudougou. Quant au “Chant de l’indépendance”, écrit par Moune de Rivel avec un discernement qu’il faut saluer, il est tout le contraire d’un chant partisan. C’est une exhortation à l’union, au travail, au progrès, à la mise en valeur de la Haute-Volta et, à travers ce pays, de l’Afrique entière. Il est interprété avec fougue et conviction par le baryton Christian Juin (1917-2006) qui commença en 1944 une carrière de chanteur de cabaret puis d’opérettes avant de se reconvertir dans la production de spectacles à la fin des années soixante.
Cette période de 1949 à 1962 représente assurément un tournant dans la carrière de Moune de Rivel. Sa voix, son style se sont affirmés. Après avoir été une simple interprète de la tradition antillaise avec ses chansons qui célèbrent l’amour, la poésie, la tendresse… Moune est devenue sur scène une artiste militante, un trait d’union hautement symbolique entre les races, les peuples et les cultures pour exalter la beauté du métissage et l’avenir de la Créolité. Dans le domaine de la musique et de la chanson qui est le sien, elle rejoint par là le même idéal de fusion des cultures qui fut glorifié par la grande artiste américaine Katherine Dunham (1909-2006) avec la danse d’expression caraïbe et africaine.
Jean-Pierre MEUNIER
© FRÉMEAUX & ASSOCIÉS, 2015
Très vifs remerciements à : Barcha Bauer, Éliane David, Fofo Forey Fumey, Liliane Harley, Christophe Hénault, Wyck Jean-Louis, René Léopold, Albert Lirvat, Éliane Louise, Eddy Louiss, Lisette Malidor, Moune de Rivel, Roland Paterne, Joëlle Rodride, Loïc de Virel.
Bibliographie sur la famille Jean-Louis :
Le Colibri Blanc, de JEAN-LOUIS BAGHIO’O,
éd. Caribéennes, 1980.
De l’Oubli à l’Histoire, de ORUNO DENIS LARA,
éd. Maisonneuve et Larose, 1998.
No French Caribbean artiste ever carried the banner of Creole song and traditional music so high, so long, or with as much passion and brio, as Moune de Rivel, née Cécile Jean-Louis (b. Bordeaux, January 7th 1918, d. Paris, March 27th 2014 at the age of ninety-six.)
The Jean-Louis and De Virel
Families: A History
The exceptional destiny of Moune de Rivel, née Cécile Jean-Louis, is better understood when you know more of the unusual history and personalities of her parents from Guadeloupe. Her father, Jean Symphorien Henri Jean-Louis, was born on December 5th 1874 in Sainte-Anne, a southern commune of Grande-Terre Island. One of his distant ancestors was Pasha of Timbuktu, Baghio’o “le bienheureux”, who was made captive and sent to the Antilles as a slave early in the 18th century. Several of the latter’s descendants showed great courage in the struggle for emancipation. Henri Jean-Louis’ parents were farmers who raised cattle on their own land. The young Henri was four when one his mother’s cousins began teaching him to read, and until the age of twelve he attended the school of the Brothers of Christian Doctrine in Pointe-à-Pitre. He continued his schooling at the Lycée Carnot from which he emerged as a Greek scholar and Bachelier ès Lettres in 1894. From his studies of the Greats he retained a taste for writing and oratory all his life.
On coming of age in 1895, he refused to take over the running of his father’s farm and embarked for France in secret, having purchased passage with the proceeds from the sale of some thirty head of cattle spirited away from his father’s herd on the eve of his departure. On his arrival in Bordeaux, he joined a cavalry regiment of the French Army, only to be freed from service on his father’s death; he returned to Guadeloupe in March 1897.
It was on his return that Henri Jean-Louis met his future wife Fernande de Virel, who was born in Pointe-à-Pitre on December 13th 1881. She was the natural daughter of Marie Louise Eugénie de Virel, one of whose ancestors was a noble from Brittany who had been obliged to go into exile in the Antilles in 1783 due to his ideas of revolution. Marie de Virel’s father was a music-teacher in Pointe-à-Pitre, and Marie herself became a distinguished concert-artiste who taught violin and piano, and composed a series of Creole pieces published in Paris by Choudens in 1877.
Henri Jean-Louis and Fernande de Virel shared the same anti-establishment spirit with regard to colonial society. Henri sold part of his inheritance and the unmarried couple went to live in Paris from 1898 to 1902. Henri studied literature and law, while Fernande attended the Conservatory of Music. In 1902 they returned to Guadeloupe, where Henri Jean-Louis worked in a government tax department, and Fernande, who’d graduated from the Conservatoire, became a music-teacher. They married in Pointe-à-Pitre on September 5th 1903 and Fernande, from 1906 to 1915, would give birth to two boys and two girls. Taking advantage of administrative leave to complete his university studies, Henri Jean-Louis obtained his law degree from the Faculty of Paris in July 1913. Their couple would gradually break up, partly because Henri was a fickle husband, but also as a consequence of the death of their first daughter at the age of seven, who drowned in 1915 while bathing in a river. Henri would be granted convalescence-leave for one year, and the couple and their three children left for Bordeaux in August 1917. It was on January 7th 1918 that Fernande de Virel would give birth to a little girl named Cécile Aimée Henriette, soon referred to as “Moumoune”. Now with four children, her parents returned to Guadeloupe that October, and Henri Jean-Louis took his oath as a lawyer at the Appeals Court of Basse-Terre where he practised until December 1921. Between January 1922 and October 1923 he was appointed as a magistrate in Fort-de-France, so becoming the first black judge in the French Antilles. His wilfulness in applying rigorous and impartial justice entailed his transfer (in reprisal) to a magistrate’s post in Brazzaville. After leaving his two sons Edward and Victor at boarding-school in Paris to pursue their studies, Henri took up his post in the Congo alone on his arrival (December 15th 1923); he was immediately appointed “Président du Tribunal de 1ère instance” in Brazzaville.
When he discovered the crimes of colonists and the abusive actions of white concession-holders protected by the French administration, Henri Jean-Louis began his struggle in defence of the native population. He made the acquaintance of Marianne Ankombié, the daughter of Gabon’s king, and she initiated him into secret rites of Africa’s culture. Marianne became his second wife according to African law. In the meantime, Fernande de Virel disembarked at Saint-Nazaire in October 1924 with her daughters Jane and Moumoune, aged 9 and 6, to meet up with her two sons in Paris and settle there. On learning of his transfer to Madagascar, Henri Jean-Louis decided to resign as a magistrate; he became a member of the bar in Brazzaville but continued to live in Port-Gentil, Gabon, where he conducted business from February 1926 to September 1933, devoting himself to the defence of the African people. He denounced the forced recruiting which took place during the construction of the 80 mile Congo Ocean railway which cause the death of some 15,000 native workers whose working conditions, both material and sanitary, were atrocious. Henri Jean-Louis became a Pan-Africa militant and joined the “Comité de défense de la Race Nègre” where he was made Honorary President. He became famous throughout Gabon and the Congo, extending his interests to Senegal and Cameroon. He was classified as an agitator and placed under surveillance by the colonial police when he moved around Africa or travelled to Paris. Numerous law-suits were brought against him, and as a result he was disbarred in 1933. Unable to continue his profession as a lawyer, Henri Jean-Louis left Africa and returned to Guadeloupe to live in the family home in Sainte-Anne with his sister Laurence. He turned up again in 1936 in Saint-Pierre de la Martinique when he founded an independence-movement political journal named “Le Progrès Colonial” and became its director. Charged with offences against national security, he took refuge in Trinidad where from 1937 to 1939 he taught French and published anti-colonial pamphlets in English.
Henri Jean-Louis returned to Guadeloupe in 1940, and after the end of the war he took up the struggle for Independence again, travelling in the Caribbean to proclaim his faith in an Antilles confederation. In 1950, this proud man possessed by a wild energy obtained the annulment by the Conseil d’État of all sanctions brought against him in Africa. He immediately rejoined the bar, this time in Pointe-à-Pitre, where he began pleading defence cases again at the age of 76. He also continued practising African medicine, and rebuilt the world of the Antilles during long, impassioned debates with his great friend Rémy Nainsouta, the Mayor of Saint-Claude and a fellow pro-Independent. Henri Jean-Louis died suddenly on August 25th 1958 (he had survived his wife Fernande de Virel by five years). In the fragile climate that reigned during his visits to Paris (in the family home where Fernande had died), and also in his correspondence with his artist-daughter, Henri Jean-Louis showed his immense admiration for her, communicating his love of African culture and proffering counsel and tenderness.
Moune de Rivel
Schooled in Creole music by her mother, and made aware of Black Africa by her father, the young girl known as “Moumoune”, the future Moune de Rivel, was destined for an artistic career without precedent. She was six in 1924 when her mother settled in Paris with her children; Fernande de Virel composed Creole songs, and received visits at home from students, musicians and such Antilles figures as René Maran, the recipient of the Prix Goncourt in 1921. By the time she was seven, Moune was singing her mother’s songs in the literary salon of Germaine Casse, the daughter of the député Eugène Casse, former Member of Parliament for Guadeloupe. In 1931, at the time of the Colonial Exhibition, Moune was fascinated by the personality of Léona Gabriel, the singer in Stellio’s group who used to rehearse Saint-Pierre’s beguines with her mother. Steeped in music, she became a genuine artiste as both a musician and a dancer. In 1934, aged 16, Moune made her debuts as a paid artist at the “Cabaret des Fleurs” at N°47, rue du Montparnasse, and that same year she gave birth to her son Alban, her only child. Without other means to raise the boy, Moune became a professional, and in 1937 she starred at “La Boule Blanche”, the cabaret exotique on the rue Vavin where the Cuban orchestra was led by Emilio “Don” Barreto.
When the Germans invaded France in June 1940, Fernande de Virel moved to Brittany in the hope of finding the Breton branch of her family, and she took with her Moune and her son, and her other daughter Jane together with her four young children. The three women and five children joined the farming community and worked in the fields before the family returned to Paris several months later. Moune sang at «La Tomate», a semi-clandestine cabaret at N°46 rue Notre-Dame de Lorette. In 1943 she joined the Hot-club Colonial founded by Abel Beauregard and in February 1944, Moune made her first record. She also appeared at the Élysée Montmartre with an Antilles band led by the Belgian Al Verdes. At the end of that year she returned to the Boule Blanche for six months, and then after the Armistice, in July 1945, she inaugurated the Antilles cabaret “La Canne à Sucre” in Montparnasse with Martinique guitarist Pierre Louiss (1908-1986) and the Guadeloupe clarinettist Denis Ancédy.
In December 1945, an American soldier by the name of Paul Sklar, an agent for the RCA Victor record company, booked Moune to appear for two months at the “Cafe Society Uptown” in New York. Created in 1940 by Barney Josephson (1902-1988), the establishment was something its founder ironically called “The wrong place for the right people”. It was the only anti-segregationist night-club in The United States where Whites and Blacks could mingle in the same room… In the end, Moune would stay there for two years. She was young and Creole, her charm was enchanting, and she brought gaiety, fantasy and spontaneity as well as the relaxed attitude of a way of life à la française; she was an immediate hit with New-Yorkers. On her arrival she met Rose-Meta Morgan (1912-2008), a Black American who made a fortune after creating the biggest chain of beauty-salons for Afro-American women. Rose Morgan took Moune into her home like a sister, and gave her a roof for the next eighteen months, during which Moune became an advertising-icon for her. Moune easily became part of the Black community in New York. She was filmed for a documentary “Night-Club Boom” by the 20th Century-Fox and met many jazz musicians, among them pianists Hazel Scott, Mary Lou Williams, Erroll Garner, and Ellis Larkins, whom she married at St. James’ Church in Baltimore on July 31st 1946. Thanks to her husband, Moune attended the Juilliard School to study composition and modern harmony. She returned to Europe definitively early in 1948, and she and Ellis Larkins would divorce in Paris on July 5th 1949, leaving each with the freedom to pursue an independent career.
In Paris, Moune resumed singing at the Canne à Sucre club, accompanied by Sam Castendet and his orchestra. She retained her mother’s stage-name “de Virel” but some members of the Breton family were indisposed to see the name on the bills which featured a Black cabaret singer, and wanted to take her to court. Moune finally found the answer by inverting two consonants, and she adopted the name Moune de Rivel, keeping it for the rest of her life. On July 8th 1949 she opened her own night-club “Le Perroquet au nid” [“The Parrot in the Nest”] in a cellar at N°49, rue de Ponthieu, near the Champs-Élysées. It was an immediate success, but in May 1950, threatened by racketeers, Moune sold out and went back to sing at the Canne à Sucre.
From the end of 1950 to 1952, Moune de Rivel appeared at “La Rose Rouge”, a Latin Quarter cabaret-theatre which was managed by Feral Benga from Senegal (1906-1957), a former dancer with the Folies Bergères. During her stay at his club she was noticed by filmmaker André Michel, who gave her a role in “Trois Femmes”, released in August 1952. In July-August that year, Moune was invited to Finland during the Olympic Games held in Helsinki. On May 3rd 1953 her mother Fernande died in Paris at Broussais Hospital at the age of 71. Deeply affected by her mother’s death, Moune went on tour, giving concerts in Sweden, Finland, Lapland, Italy and Germany. This upheaval in her life decided her to apply for admission to [French Authors’ Rights Society] SACEM, which she joined as a composer on October 14th and as a lyricist on January 6th 1954. During the Fifties, she continued her appearances at the Canne à Sucre, but also at “La Créole”, N° 22, rue Cambacérès, and “Chez Suzy Solidor”, at N°4, rue Balzac in Paris. She also presented several weekly radio shows. In 1961 the government of Haute-Volta (today, Burkina Faso) commissioned a record of four songs from Moune de Rivel to celebrate the proclamation of Independence a year earlier, on August 5th 1960. During the Sixties and Seventies, she produced the short-wave radio music programme “Charmes de Paris”, which was broadcast worldwide, and also made several visits to the Antilles, taking part in April 1966 at the First World Festival of the Negro Arts organized in Dakar, Senegal, by President Léopold Sédar Senghor. She also produced numerous Antilles cultural shows, recorded several LPs, and appeared in a dozen films made for the cinema and television. On October 30th 1970 she sang at the prestigious Hotel Waldorf Astoria in New York for the charity ball “April in Paris”, which every year gathered America’s High Society to raise funds for the French Hospital in New York.
Beginning in 1974, Moune was billed at the Canne à Sucre again, only a few steps away from her apartment at N°11, rue Jules Chaplain in Montparnasse. From 1983 to 1985 she joined the editorial staff of the African monthly “Bingo”, and on February 3rd 1986, the cabaret La Canne à Sucre celebrated its 40th anniversary in the presence of the artists who had ensured its popularity ever since its foundation. At the age of more than 70, Moune continued to sing there and present Creole shows both in Paris and in the Caribbean. In September 1995, at the age of 77, Moune de Rivel saw one of her dearest dreams come true when she created her own little Conservatory for Creole Song at the Centre Culturel Municipal de La Jonquière in Paris, which she would direct until 1999. In 1996, the Canne à Sucre cabaret closed permanently, and Moune de Rivel would continue presenting her songs of an evening at the restaurant “Le Flamboyant”, rue Boyer Barret in Paris. In June 2000, aged 82, Moune de Rivel recorded her final CD for Frémeaux & Associés, “Joie et nostalgie créoles” (FA 438), a gem filled with emotion, harmony and peace.
A few years later, Moune began to suffer from memory-loss and was diagnosed with Alzheimer’s disease. In 2008 she was taken into care at a specialist-establishment in Paris, where she passed away on March 27th 2014 at the age of 96. Her funeral was celebrated on April 1st at Notre-Dame des Champs Church in Paris, and her remains lie alongside those of her mother in Montparnasse Cemetery. A moving evocation of the life of Moune de Rivel was made by her artist-friend Lisette Malidor in the television documentary “La Lune levé” made by Les Productions de la Lanterne.
The present reissue
This set of complete works completes the first recordings of Moune de Rivel already published by Frémeaux & Associés and comprising the Polydor session of February 1944 by the Hot-club Colonial (FA 5110), the two Pathé sides from October 1946 in the company of Cuban guitarist Don Barreto (FA 5080), and the six Music Monde sides from December 1946 with clarinettist Denis Ancédy (FA 051). This new compilation begins with a rare document, an extract from the radio-broadcast of a concert entitled “Féerie noire” given at Salle Pleyel in Paris on Tuesday, December 20th 1949. In this concert you could hear in parts one and three the jazz orchestra of trumpeter Buck Clayton and pianist Willie “The Lion” Smith. The second part of the concert is taken up with Moune de Rivel and her “Compagnie des Antilles”, which was the name given to the orchestra of the “Perroquet au Nid” club. It notably includes the Martinique pianist René Léopold, who accompanied most Antilles musicians over three decades, from 1931 until the Sixties. This concert was sponsored by the Hot-Club de France whose President Hugues Panassié was present in the room.
Five months later in May 1950 Moune de Rivel recorded for Selmer: three of her mother’s compositions and three traditional pieces with an ensemble gathered for the occasion by trombonist/guitarist Al Lirvat which featured former members of the Canne à Sucre orchestra. The session was praised to the skies in the May-June 1950 issue of the “La nouvelle revue des traditions populaires” by critic Géo Charles, who emphasized the beauty and seriousness of the French Guyana lament “Prends courage, oh!”. In June 1952, Moune summoned Al Lirvat again, this time to supervise a Ducretet-Thomson session while she was one of the star artists at the club “La Rose Rouge” run by Feral Benga. Listening to these sessions, one is impressed by the almost mystical fervour emanating from the vibrations of her voice, particularly in the folk pieces originating in Haitian voodoo. In “Choucoune” you can hear Moune imitating a bird-call for the first time, a practice with which she often enhanced her performances later, showing striking skill and realism.
The cooperation between Moune de Rivel and Albert Lirvat would last many years. The two artists recorded together again for Pathé in April 1954, the age of the Wabap beguine, a jubilant style invented by Al Lirvat and Robert Mavounzy in the early Fifties to add new stimulus to the beguine by enhancing it with new harmonies and arrangements inspired by modern jazz. Moune picked up this new trend wholeheartedly, incorporating two of her own works, “Cé douté” and “Bell Cécilia”, sublimated by the bandleader’s magic. Moune would have similar success again two years later with Pathé, on the release of a four-track 45rpm single of her own compositions, including the beautiful Creole blues “Dépi temps”. Between these two sessions came another marvel, “Pour toi mon amour”, a subtle poem by Jacques Prévert which Al Lirvat set to music. At the end of 1957, again for Pathé, this time it was the calypso which had pride of place, for a voluptuous four-title 45rpm record which included three of Moune’s own compositions. The orchestra isn’t named but we can clearly distinguish the clarinet of Guadeloupe musician Sylvio Siobud (1911-2005) and the guitar of Al Lirvat, together with the latter’s voice featured in the backing-group.
From 1959 until 1962, Moune de Rivel would record only for the French affiliate of RCA, and her work shows remarkable creativity: six microgroove 45rpm records in four years, four of which she made in the company of Pierre Louiss (with whom she’d inaugurated the Canne à Sucre club fourteen years earlier). In 1959, Pierre Louiss was the regular conductor at the Trouville Casino on the coast of Normandy; he was active there from March 1953 and only left the casino in September 1963, shortly before he left for Martinique definitively. Pierre Louiss accompanies Moune with a mid-sized group made up of members from his Trouville orchestra, completed by a few musicians recruited in Paris, including Al Lirvat and Barel Coppet. Among the musicians is Pierre’s son, Eddy Louiss, then aged barely twenty, who used to accompany his father on the vibraphone in Trouville. Here Moune de Rivel uses fresh new arrangements as she picks up a few great traditional classics or else some of her mother’s hits like “Chocolat” and “Mam’zelle”. The musical atmosphere was renewed with two albums, one led by pianist Pierre Devevey, the other by trombonist Pierre Rassin.
Throughout her recordings, Moune de Rivel provides us with a multitude of original melodies to surround either her own texts or the writings of such talented authors as Marie-Magdeleine Carbet, Yva Léro, Marie-Louise Vidal de Fonseca or Yvonne Pierre-Rochez. It is often little-known that Moune de Rivel was a peerless composer in her own right, and she registered more than three hundred works with SACEM. The curious can discover four titles created especially for the celebration of independence in Haute-Volta, a year after its proclamation. Three of these give us a colourful painting of the country’s principal cities: Ouagadougou, Bobo-Dioulasso and Koudougou. As for the “Chant de l’indépendance”, this is the opposite of a partisan song: it exhorts union, social progress, the worthiness of Haute-Volta and, through the latter, all of Africa. The song is sung with fire and conviction by the baritone Christian Juin (1917-2006) who in 1944 began his career as a cabaret singer before moving to operettas and finally becoming an impresario at the end of the Sixties.
This period 1949-1962 definitely represents a landmark in the career of Moune de Rivel. Her voice and her style had become well-established, and after having been just a simple singer in the Antilles tradition, with songs celebrating love, poetry and tenderness, she became a militant stage artist who formed a highly symbolic link between races, populations and cultures, singing of the beauty of mixed-race and of the future of the Creole identity. In the field of music and song that is hers, she was just as much a part of that ideal of cultural fusion which the great American artist Katherine Dunham (1909-2006) glorified in dancing of Afro-Caribbean inspiration.
Jean-Pierre MEUNIER
English translation by Martin Davies
© FRÉMEAUX & ASSOCIÉS, 2015
CD 1 : Matrice
FÉERIE NOIRE, radiodiffusion
Radiodiffusion de la soirée du 20 décembre 1949 à la Salle Pleyel de Paris
Moune de Rivel (chant ; g dans 4 et 5), Denis Ancédy (bongos dans 2 et 6 ; chacha dans 3 ;
cl dans 5, 7, 8), René Léopold (p), Roland Paterne (g), Christian Jean-Romain (batterie).
1. PRÉSENTATION de MOUNE DE RIVEL par son directeur artistique RTF Pyral
2. KIEMBÉLI (Arr. Moune de Rivel) Calypso biguine RTF Pyral
3. PARFUM A LI (Fernande de Virel) Mazurka RTF Pyral
4. LES FEUILLES MORTES (Jacques Prévert et Joseph Kosma) RTF Pyral
5. ADIEU FOULARDS (Marquis de Bouillé) RTF Pyral
6. TI FI LA TÉ LA BORDÉ (Fernande de Virel) Biguine RTF Pyral
7. QUADRILLE ANTILLAIS (Folklore) RTF Pyral
8. ANNONCE FINALE RTF Pyral
MOUNE DE RIVEL et son orchestre créole (Paris, mai 1950)
Al Lirvat (tb dans 9, 11, 13), Maurice Noiran (chacha, cl dans 9, 11, 13),
Claude Martial (p), inconnus (g, b, bongos, batterie).
9. PAMPOU (Fernande de Virel) Mazurka Selmer PPS 3891
10. FEUILLES (Arr. Moune de Rivel) Folklore haïtien Selmer PPS 3892
11. TI FI LA TÉ LA BORDÉ (Fernande de Virel) Biguine Selmer PPS 3893
12. PRENDS COURAGE, OH ! (Arr. Moune de Rivel)
Folklore guyanais Selmer PPS 3894
13. KIEMBÉLI (Arr. Moune de Rivel)
Air Trinidad - Calypso biguine Selmer PPS 3895
14. MAM’ ZELLE (Fernande de Virel) Biguine lente Selmer PPS 3896
MOUNE DE RIVEL du Club “Feral Benga”, acc. d’orch. Al Lirvat (Paris, juin 1952)
Al Lirvat (g ; tb dans 17), prob. Lucien Popote (cl), prob. Antoine Troubadour (piano),
inconnus (b, batt, bongos, maracas).
15. LÀ HAUT DANS BOIS (Fernande de Virel) Berceuse antillaise Ducretet-Thomson SEL 950
16. CHOUCOUNE (O. Durand, M. Monton) Merengue haïtienne Ducretet-Thomson SEL 951
17. CHOCOLAT (Fernande de Virel) Biguine Ducretet-Thomson SEL 952
18. BEL CONGO (Folklore haïtien) Ducretet-Thomson SEL 953
19. ERZULI (Folklore haïtien) Vaudou Ducretet-Thomson SEL 954
20. C’EST OU MÊME QUI L’AMOU (Al Lirvat, Martinalès, R. Monis)
Mélodie antillaise Ducretet-Thomson SEL 955
CD 2 : Matrice
MOUNE DE RIVEL orch. direction Al Lirvat (Paris, 16 avril 1954)
Al Lirvat (tb dans 1 à 4 ; g dans 5, 6), Maurice Noiran (cl), Sylvio Siobud (cl),
Vincent Ricler (g), Claude Martial (p), Pierre Renay (b), Robert Mommarché (batt).
1. MAIS ÇA PAS POSSIBLE (Al Lirvat) Mélodie Wa-bap Pathé CPT 10744-21
2. CÉ DOUTÉ (Moune de Rivel) Biguine Pathé CPT 10745-21
3. BIGUINE WABAP (Al Lirvat) Wa-bap Pathé CPT 10746-21
4. BELL CÉCILIA (Moune de Rivel) Biguine Pathé CPT 10747-21
5. OU BELL OU JOLIE DOUDOU (arr. Moune de Rivel) Biguine Pathé CPT 10748-21
6. MATÉTÉ (Folklore, arr. Moune de Rivel) Berceuse Pathé CPT 10749-21
MOUNE DE RIVEL (Paris, 1955)
Orch. sous la direction de Serge Kenneth (pseudonyme de André Popp), personnel inconnu.
7. POUR TOI MON AMOUR (J. Prévert, Al Lirvat) Le Chant du Monde YDL 471 (2)
MOUNE DE RIVEL et ses rythmes antillais, orch. direction Al Lirvat (Paris, 1956)
Al Lirvat (tb ; g dans 10, 11), Robert Mavounzy (cl), Sylvio Siobud (cl), Pierrot Jean-Louis (p),
Pierre Renay (b), Robert Mommarché (batt), inconnus (tumbas, maracas).
8. L’EN NUITE (Moune de Rivel) Meringue Pathé 7ECT729 (1)
9. WAP DI WAP (Moune de Rivel) Cha-cha-cha Pathé 7ECT729 (2)
10. AIMER (Moune de Rivel) Merengue Pathé 7ECT730 (1)
11. DÉPI TEMPS (Moune de Rivel et G. Angelsen) Complainte Pathé 7ECT730 (2)
MOUNE DE RIVEL avec accompagnement d’orchestre (Paris, 29 novembre 1957)
Sylvio Siobud (cl), Al Lirvat (g), inconnus (p, b, batt, tumbas, maracas).
12. HELLÉ (Moune de Rivel) Calypso Pathé 7ECT1033 (1)
13. HURRAH MISSIÉ CALYPSO (R. Chabrier, S. Siobud) Calypso Pathé 7ECT1033 (2)
14. MASIBOL (Moune de Rivel) Calypso Pathé 7ECT1034 (1)
15. CALYPSO D’ÉTÉ (Vidal de Fonseca, Moune de Rivel) Calypso Pathé 7ECT1034 (2)
MOUNE DE RIVEL, orchestre Pierre Louiss (Paris, 12 mai 1959)
Al Lirvat (tb), Barel Coppet (cl, as), Lucien Popote (cl, ts), Pierre Louiss (g),
Eddy Louiss (vib, dans 16, 18 ; p dans 17, 19), Francis Dunglas (b), Gaby Malahel (batt).
16. ADIEU FOULARDS (arr. Fernande de Virel) RCA 59M337 (1)
17. LA GRÈVE (folklore, arr. Moune de Rivel) RCA 59M337 (2)
18. RÊVER (Yvonne Pierre, Marcel Sanchez) RCA 59M338 (1)
19. AMÉDÉE (Yvonne Pierre, Moune de Rivel) RCA 59M338 (2)
CD 3 : Matrice
MOUNE DE RIVEL, orchestre Pierre Louiss (Paris, 1960)
Al Lirvat (tb), Barel Coppet, Lucien Popote (cl, sax), Salvador Creuzet (fl), Pierre Louiss (g), Eddy Louiss (vib), Francis Dunglas (b), Gaby Malahel (batt).
1. CHOCOLAT (Fernande de Virel) RCA 60M256 (1)
2. MON AMI (Moune de Rivel, Yvonne Pierre) RCA 60M256 (2)
3. MAM’ZELLE KA OU TINI (Fernande de Virel) RCA 60M257 (1)
4. LES PÊCHEURS (Fernande de Virel) RCA 60M257 (2)
MOUNE DE RIVEL, orchestre Pierre Devevey (Paris, 1960)
Personnel inconnu.
5. NOËL DES ÎLES (Vidal de Fonseca, Moune de Rivel) RCA 60M320 (1)
6. MATÉTÉ (Moune de Rivel) RCA 60M320 (2)
7. BERCEUSE CRÉOLE (Yvonne Pierre, Moune de Rivel) RCA 60M321 (1)
8. LA POUPÉE NOIRE (Yva Léro, Moune de Rivel) RCA 60M321 (2)
MOUNE DE RIVEL, orchestre Pierre Rassin (Paris, 1961)
Pierre Rassin (tb), Barel Coppet (cl), inconnus (fl, mandoline, piano, b, batt., tumba, mcas)
9. OU A VIRÉ (Marie-Magdeleine Carbet, Moune de Rivel) RCA 61M133 (1)
10. L’OISEAU ROUCOULEUR (Vidal de Fonseca, Moune de Rivel) RCA 61M133 (2)
11. LA VENDEUSE DES RUES (Marie-M. Carbet, Moune de Rivel) RCA 61M134 (1)
12. VA BELLE SUZANNE (Yvonne Pierre, Moune de Rivel) RCA 61M134 (2)
MOUNE DE RIVEL, orchestre Pierre Louiss (Paris, 1961)
Lucien Popote (ts), Salvador Creuzet (fl, as), inconnu (2ème fl dans 14, 15), Pierre Louiss (g),
Eddy Louiss (vib), Francis Dunglas (b), Gaby Malahel (batt), inconnu (mcas).
13. OUAGADOUGOU (Moune de Rivel) RCA 61M510 (2)
14. BOBO-DIOULASSO (Moune de Rivel) RCA 61M511 (1)
15. T’AIMER TOUJOURS (Moune de Rivel) RCA 61M511 (2)
MOUNE DE RIVEL, orchestre Pierre Louiss (Paris, 1962)
Salvador Creuzet (flûte), inconnu (2ème flûte), Pierre Louiss (g), Eddy Louiss (vib),
Francis Dunglas (b), prob. Germain Jallier (tumbas), Gaby Malahel (batt).
16. MADAME LA MARTINIQUE (Vidal de Fonseca, Moune de Rivel) RCA 62M357 (1)
17. CES BLANCHISSEUSES LA (Yva Léro, Moune de Rivel) RCA 62M357 (2)
18. ÇA KI OUAI GROS PAUL (Marie-M. Carbet, Moune de Rivel) RCA 62M358 (1)
19. MAIS MOI JE T’AIME (Yvonne Pierre, Moune de Rivel) RCA 62M358 (2)
CHRISTIAN JUIN (chant), orchestre Pierre Louiss (Paris, 1961)
Pierre Louiss (tp), prob. Al Lirvat (tb), Lucien Popote (sax ténor),
Francis Dunglas (b), Gaby Malahel (batt)
20. CHANT DE L’INDÉPENDANCE DE LA HAUTE-VOLTA (Moune de Rivel) RCA 61M510 (1)
Avertissement au discophile : Tous les phonogrammes de ce coffret ont été restaurés avec les techniques numériques les plus élaborées, avec le souci constant de ne pas altérer la couleur ni la vérité du son original. C’est pourquoi certains bruits des disques 78 tours les plus anciens n’ont pas été totalement éliminés. L’auditeur comprendra que cela n’enlève rien à la qualité artistique ni à l’intérêt historique de ces enregistrements d’une extrême rareté.
De sa voix unique au charme envoûtant, Moune de Rivel, originaire de la Guadeloupe, a porté l’art de la chanson créole à ses plus hauts sommets. Jean-Pierre Meunier
Gifted with a unique voice of bewitching charm, the Guadeloupe singer Moune de Rivel took Creole song to its peak. Jean-Pierre Meunier
CD 1 (1949-1952) :
FÉERIE NOIRE, radiodiffusion
de la soirée du 20 décembre 1949
à la Salle Pleyel de Paris
1. PRÉSENTATION 1’10
2. KIEMBÉLI 2’21
3. PARFUM A LI 2’08
4. LES FEUILLES MORTES 2’33
5. ADIEU FOULARDS 2’57
6. TI FI LA TÉ LA BORDÉ 2’41
7. QUADRILLE ANTILLAIS 2’10
8. ANNONCE FINALE 0’39
Moune de Rivel et son orchestre créole (mai 1950)
9. PAMPOU 2’36
10. FEUILLES 2’41
11. TI FI LA TÉ LA BORDÉ 2’53
12. PRENDS COURAGE, OH ! 2’40
13. KIEMBÉLI 2’51
14. MAMZELLE 2’41
Moune de Rivel, du Club Feral Benga, orchestre Al Lirvat (juin 1952)
15. LÀ HAUT DANS BOIS 2’40
16. CHOUCOUNE 3’15
17. CHOCOLAT 2’49
18. BEL CONGO 3’18
19. ERZULI 3’03
20. C’EST OU MÊME QUI L’AMOU 2’53
CD 2 (1954-1959) :
Moune de Rivel, orchestre Al Lirvat (16 avril 1954)
1. MAIS ÇA PAS POSSIBLE 3’01
2. CÉ DOUTÉ 2’54
3. BIGUINE WABAP 2’50
4. BELLE CÉCILIA 2’46
5. OU BELLE OU JOLIE DOUDOU 2’55
6. MATÉTÉ 3’11
Moune de Rivel,orchestre André Popp (1955)
7. POUR TOI MON AMOUR 1’31
Moune de Rivel, orch. Al Lirvat (1956)
8. L’EN NUITE 3’15
9. WAP DI WAP 3’05
10. AIMER 3’08
11. DÉPI TEMPS 2’54
Moune de Rivel, acc. d’orchestre (29 novembre 1957)
12. HELLÉ 2’19
13. HURRAH MISSIÉ CALYPSO 2’40
14. MASIBOL 2’44
15. CALYPSO D’ÉTÉ 2’41
Moune de Rivel, orchestre Pierre Louiss (12 mai 1959)
16. ADIEU FOULARDS 2’18
17. LA GRÈVE 2’55
18. RÊVER 2’29
19. AMÉDÉE 2’50
CD 3 (1960-1962) :
Moune de Rivel, orch. P. Louiss (1960)
1. CHOCOLAT 2’11
2. MON AMI 2’36
3. MAM’ZELLE KA OU TINI 2’39
4. LES PÊCHEURS 2’02
Moune de Rivel, orchestre Pierre Devevey (1960)
5. NOËL DES ÎSLES 2’56
6. MATÉTÉ 2’46
7. BERÇEUSE CRÉOLE 3’11
8. LA POUPÉE NOIRE 2’11
M. de Rivel, orch. Pierre Rassin (1961)
9. OU A VIRÉ 2’19
10. L’OISEAU ROUCOULEUR 2’05
11. LA VENDEUSE DES RUES 2’29
12. VA BELLE SUZANNE 1’57
Moune de Rivel, orch. P. Louiss (1961)
13. OUAGADOUGOU 2’11
14. BOBO-DIOULASSO 2’12
15. T’AIMER TOUJOURS 2’36
Moune de Rivel, orch. P. Louiss (1962)
16. MADAME LA MARTINIQUE 2’08
17. CES BLANCHISSEUSES-LÀ 2’31
18. ÇA KI OUAI GROS PAUL 2’21
19. MAIS MOI JE T’AIME 2’48
Christian Juin, orch. P. Louiss (1961)
20. CHANT DE L’INDÉPENDANCE DE LA HAUTE VOLTA 2’17