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1937-1946
MAHALIA JACKSON
Ref.: FA1311
Direction Artistique : JEAN BUZELIN
Label : Frémeaux & Associés
Durée totale de l'œuvre : 1 heures 12 minutes
Nbre. CD : 1
- -
Comment une petite blanchisseuse de la Nouvelle-Orléans est devenue du jour au lendemain, en décembre 1947, et après des années de difficultés et de persévérence, la Reine du Gospel ! L'intégrale chronologique de l'oeuvre enregistrée de Mahalia Jackson présentée par Jean Buzelin, historien de la musique noire américaine.
Patrick Frémeaux
Frémeaux & Associés a fait preuve d'une belle initiative en mettant à notre disposition l'intégrale des enregistrements de Mahalia Jackson, laplus grande interprète de gospels qui fut jamais.
Jean Pierre Jackson - REPERTOIRE
GOD’S GONNA SEPARATE THE WHEAT FROM THE TARES • OH, MY LORD • KEEP ME EVERYDAY • GOD SHALL WIPE ALL TEARS AWAY • I WANT TO REST • HE KNOWS MY HEART • WAIT UNTIL MY CHANGES COME • I’M GOING TO TELL GOD • 9. WHAT COULD I DO • MOVE ON UP A LITTLE HIGHER (PT. 1 & 2) • MOVE ON UP A LITTLE HIGHER (PT. 1 & 2) • EVEN ME • I HAVE A FRIEND • DIG A LITTLE DEEPER • TIRED • IF YOU SEE MY SAVIOR • IN MY HOME OVER THERE • IN MY HOME OVER THERE • THERE’S NOT A FRIEND LIKE JESUS • AMAZING GRACE (1) • AMAZING GRACE (2) • SINCE THE FIRE STARTED BURNING IN MY SOUL.
1953-1954
INTEGRALE 1954-1955
INTEGRALE MAHALIA JACKSON 1959 1960
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PisteTitreArtiste principalAuteurDuréeEnregistré en
-
1GOD S GONNA SEPARATE THE WHEAT FROM THE TARESMAHALIA JACKSONL BOWLES00:03:101937
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2OH MY LORDMAHALIA JACKSONTRADITIONNEL00:02:591937
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3KEEP ME EVERYDAYMAHALIA JACKSONTRADITIONNEL00:02:471937
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4GOD SHALL WIPE ALL TEARS AWAYMAHALIA JACKSONA HASKELL00:03:041937
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5I WANT TO RESTMAHALIA JACKSONK MORRIS00:02:531946
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6HE KNOWS MY HEARTMAHALIA JACKSONTRADITIONNEL00:03:161946
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7WAIT UNTIL MY CHANGES COMEMAHALIA JACKSONTRADITIONNEL00:03:031946
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8I M GOING TO TELL GODMAHALIA JACKSONTRADITIONNEL00:03:181946
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9WHAT COULD I DOMAHALIA JACKSONTHOMAS A DORSEY00:02:581947
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10MOVE ON UP A LITTLE HIGHERMAHALIA JACKSONW H BREWSTER00:06:041947
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11MOVE ON UP A LITTLE HIGHERMAHALIA JACKSONW H BREWSTER00:05:371947
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12EVEN MEMAHALIA JACKSONR MARTIN00:02:581947
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13I HAVE A FRIENDMAHALIA JACKSONT R FRYE00:03:081947
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14DIG A LITTLE DEEPERMAHALIA JACKSONK MORRIS00:02:361947
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15TIREDMAHALIA JACKSONR DAVIS00:02:411947
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16IF YOU SEE MY SAVIOURMAHALIA JACKSONTHOMAS A DORSEY00:03:221947
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17IN MY HOME OVER THEREMAHALIA JACKSONH J FORD00:03:231947
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18IN MY HOME OVER THEREMAHALIA JACKSONH J FORD00:03:201947
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19THERE S NOT A FRIEND LIKE JESUSMAHALIA JACKSONTRADITIONNEL00:02:411947
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20AMAZING GRACEMAHALIA JACKSONJ NEWTON00:03:341947
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21AMAZING GRACEMAHALIA JACKSONJ NEWTON00:02:201947
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22SINCE THE FIRE STARTED BURNING IN MY SOULMAHALIA JACKSONTRADITIONNEL00:03:201947
COMPLETE MAHALIA JACKSON Vol.1 FA 1311
COMPLETE MAHALIA JACKSONVolume 1
1937-1946
Il est curieux de remarquer que les plus célèbres figures du monde musical afro-américain, Louis Armstrong et Mahalia Jackson, sont nées toutes les deux à la Nouvelle-Orléans. Si l’histoire et la légende ont fait de cette ville le lieu de naissance du jazz, grâce à Armstrong, on n’aurait jamais l’idée d’attribuer à la Cité du Croissant celui du gospel! Et d’ailleurs qui se préoccupe de savoir où est née Mahalia Jackson qui appartient pour chacun au monde intemporel?Comme Louis Armstong, elle est originaire de la communauté noire, nègre, barreau inférieur de l’échelle sociale dans une ville où chaque degré correspond à une valeur : du plus clair au plus foncé, autrement dit du plus riche au plus pauvre.Comme Louis Armstrong, dont la date de naissance est passée de 1900 à 1901 ces dernières années, celle de Mahalia Jackson est passée de 1911 à 1912, un 26 octobre. Qui dit vrai?La petite Mahalia, ou plutôt Mahala, son véritable prénom, troisième d’une famille de six enfants, grandit dans une baraque vétuste située Front of town, dans le French Quarter près de Storyville, quartier des plaisirs et de la musique. Elle fut donc très tôt bercée par le blues, le ragtime et le jazz naissant des Kid Ory, King Oliver, Bunk Johnson... et les marching bands comme le Tuxedo Brass Band qui jouaient When The Saints Go Marching In au retour des enterrements. Ses parents étaient pauvres mais maintenaient la famille dans la dignité et la piété. Son père, Johnny Jackson Sr, qui trimballait toute la journée des balles de coton dans les docks et rasait les barbes le soir pour quelques sous, prêchait le dimanche à l’Eglise baptiste. Dès l’âge de 5 ans, Mahalia, qui possédait déjà une voix exceptionnellement forte, rejoignait la chorale de l’église locale pour y chanter les hymnes baptistes tirés du recueil du Dr Watts (1), Amazing Grace ou The Day Is Past And Gone.
Les veillées à la maison se déroulaient autour des vieilles chansons traditionnelles.Sa mère meurt à 30 ans en 1918 et la petite est placée chez une de ses tantes. Parmi celles-ci, une autre avait tourné avec la grande chanteuse de blues Ma Rainey qui plantait régulièrement son tent show à la Nouvelle-Orléans, et elle aurait souhaité que sa nièce, si douée, la rejoignit. Refus familial. Alors dès 7 ans, Mahalia travaillait comme bonne, aidait dans une blanchisserie, gardait les enfants de familles blanches. Le métier d’infirmière l’aurait tenté mais comment poursuivre des études?Bientôt un cousin acquit un Victrola, ces fameux phonographes bon marché sur lesquels s’usaient les 78 tours de Ma Rainey, de Ida Cox, de Clara Smith et surtout de Bessie Smith dont le chant faisait forte impression sur Mahalia, comme celui du célèbre ténor Caruso dont les disques étaient dans toutes les familles! Elle écoutait aussi avec fascination les sons plus rythmés et débridés qui s’échappaient de l’église sanctifiée située à deux pas de chez elle. (Si ce type d’expression sera l’une des bases de son propre style, Mahalia Jackson ne se convertira pourtant jamais à la Sanctified Church). (2)En 1927, c’est le départ. Elle rejoint sa tante Hannah qui habite le quartier sud de Chicago, ce bouillonnant ghetto où sont en train de se forger et se développer jazz, blues et bientôt gospel songs. Mahalia a 15 ans et c’est, paraît-il, une fille superbe et une contralto déjà accomplie. Elle entend dans le South Side la chanteuse Elder Lucy Smith qui l’impressionne et fréquente la Greater Salem Baptist Church.
Elle devient rapidement l’une des meilleures solistes de la chorale et, lorsque Robert Johnson, le fils du pasteur, décide de monter un petit groupe avec ses frères Wilbur et Prince, qui joue un vigoureux piano boogie, et la soprano Louise Barry Lemon, il demande à Mahalia de se joindre à eux. Au début des années 30, ces Johnson Gospel Singers, font la tournée des églises de Chicago et des environs. Malheureusement aucune trace n’existe de ce qui fût peut-être le premier ensemble vocal mixte professionnel. Nous étions en pleine Dépression et les rares disques publiés de musique religieuse noire ne faisaient entendre que des preachers ou des quartettes vocaux masculins.Entre 1929 et 1932, Thomas A. Dorsey, qui est en train de mettre sur pied son organisation (3), remarque la chanteuse. Impressionné par sa voix, il veut la faire travailler dans les «normes» mais Mahalia refuse, préférant garder sa voix à l’état naturel et son expression de «fille du Sud». Dorsey, dès 1931, avait organisé en compagnie de Theodore R. Frye la première grande chorale de l’histoire à l’Ebenezer Baptist Church de Chicago et avait créé avec Frye et M. Lewis Butts la Chicago Gospel Choral Union avant de s’associer en 1932 avec Sallie Martin. Auteur-compositeur habile, il devient le catalyseur de cette nouvelle forme de gospel songs nourrie de blues et de swing. Dans son entourage se situent la chanteuse-pianiste Roberta Martin (qui va fonder ses Roberta Martin Singers en 1936) et la grande chanteuse Willie Mae Ford Smith découverte à St-Louis en 1935. Mahalia la rencontre bientôt et trouve en elle son véritable modèle. «Mother» Smith possède aussi cet accent du Sud et ce pouvoir d’expression que Mahalia reconnait immédiatement et qu’elle va ensuite développer à son propre compte.
Elle fait d’autres rencontres importantes, d’abord celle en 1933 d’un «enfant de la balle» originaire du Mississippi, et qu’elle va prendre sous sa protection ; ce gamin de 8 ans deviendra plus tard Brother John Sellers et fera une belle carrière, y compris en France. Mais sa vie va changer à partir de 1935. Elle qui travaillait comme domestique ou ouvrière car ses activités vocales ne lui apportaient que de maigres revenus, partage sa vie avec un certain Isaac Hockenhull, diplômé d’Université au chômage reconverti en bookmaker! Or, la mère de «Ike», comme on l’appelle, est une esthéticienne de renom. Mahalia, jeune femme coquette, s’intéresse vivement à cette activité qu’elle perçoit comme lucrative. Elle suit des cours au Scott Institute of Beauty Culture avant d’ouvrir, autour de 1938, son Mahalia Beauty Salon.Mais en 1937 était survenu un événement qui, s’il n’eut guère de retentissement sur le coup, allait plus tard entrer dans l’histoire : la première séance d’enregistrement de Mahalia Jackson.C’est un diacre et dentiste, le Dr Frank J. Hawkins, qui introduisit la chanteuse auprès de J. Mayo Williams, grand manitou de la musique noire et à cette époque directeur artistique de la jeune compagnie Decca. Accompagnée par Estelle Allen, sa pianiste depuis deux ans, elle grave successivement deux pièces enlevées, God’s Gonna Separate The Wheat From The Tares, une adaptation d’un vieux song des veillées de son enfance (4), et Oh, My Lord, un negro spiritual traditionnel, ainsi que Keep Me Everyday, un hymne baptiste dont elle donne une lecture nouvelle, et God Shall Wipe All Tears Away, un thème gospel lent écrit par le Dr Antonio Haskell de St-Louis.
Malgré le caractère dépouillé de ses interprétations, le talent de la chanteuse éclate dès les premiers sillons. Sa voix forte, expressive, son sens du placement instinctif, improvisé – la tradition du preaching –, son articulation, sa respiration, son assurance et par dessus tout son charisme et sa profonde conviction montrent que cette chanteuse de 25 ans est arrivée à sa pleine maturité. Le parallèle avec Bessie Smith, qu’elle prolonge à l’évidence malgré un répertoire différent, est frappant. Son expression vocale est parsemée de growls, de moanings, d’inflexions, de murmures, d’effets de souffle, de tremblements et de grondements qui viennent tout droit de l’héritage «africain» du Sud profond, celui du blues. Et là encore on en revient à Louis Armstrong : même origine, même culture, même intuition, même lecture, même confiance et même éclat. Il y a des gens comme ça, peu nombreux, qui transfigurent tout ce qu’ils touchent. Sans doute mal promus et distribués – il n’y avait pratiquement pas de gospel chez Decca – mais surtout probablement trop «neufs» pour les goûts de l’époque – personne n’avait encore enregistré une chanteuse soliste (5) –, les deux disques ne se vendent pas. Et il faudra attendre près de dix années pour retrouver la voix de Mahalia Jackson sur disques, dix années où cette voix, alors fraîche et lumineuse, a peut-être été à son sommet – imaginez encore qu’on n’ait pas enregistré Armstrong entre 1925 et 1935! Dix années perdues pour la postérité et l’histoire de la musique afro-américaine.
Elle n’est pas la seule, l’industrie phonographique a négligé également Willie Mae Ford Smith la Sanctified Lady, Georgia Peach, Mary Johnson Davis, Louise Lemon, sans parler de Sallie et de Roberta Martin.En attendant, Mahalia a épousé Ike en 1938. Pas terrible. Celui-ci veut absolument pousser sa femme dans les domaines profanes plus rentables – il a conscience de sa voix d’or, alors pourquoi ne pas convertir cet or en dollars? – mais Mahalia, qui pourtant a le sens des affaires, refuse énergiquement. Elle s’en est souvent expliqué : «Quand j’étais jeune, j’ai lavé les assiettes, gratté les parquets, fait la lessive, rien que pour aider ma famille à vivre; je connaissais le blues, mais il y a du désespoir dans le blues; je chantais la musique de Dieu parce qu’elle me donnait l’espérance. J’ai toujours besoin de l’espérance et du bonheur que me donne la musique de Dieu; pour moi, c’est un triomphe personnel sur chaque difficulté, une solution à chaque problème, un petit sentier vers la paix.»(6) Elle a choisi, toute petite, de mettre sa voix au service de la Parole, elle ne reviendra jamais sur cet engagement malgré de nombreuses sollicitations. On raconte ainsi que Earl Hines voulait l’engager dans son grand orchestre lorsqu’il faisait les belles soirées du Grand Terrace de Chicago. Après son institut de beauté, elle gagnera de l’argent en ouvrant une boutique de fleuriste et saura effectuer quelques bons placements.
Le mariage, lui, ne tiendra pas longtemps. Les années qui suivent vont consister en d’intenses activités musicales. Les Johnson Singers se dispersant à l’été 1938, Mahalia va en profiter pour affiner son répertoire soliste avec Estelle Allen. Elle participe en septembre à un grand programme à l’Ebenezer Baptist Church en compagnie des Roberta Martin Singers (Theo Frye, Robert Anderson, etc.) et de Sallie Martin qu’accompagne Thomas Dorsey. Elle-même est soutenue par Helen Green. Elle se glisse ainsi dans la «famille Dorsey» où l’on trouve également Willie Webb, Myrtle Scott, Emma Bell, Gertrude Ward et les Ward Singers... et James Lee, un jeune pianiste et chanteur originaire comme elle de la Nouvelle-Orléans. Dorsey commence, au début des années 40, à l’emmener en tournée à travers les États-Unis. Il l’accompagne lui-même au piano dans ses plus fameux thèmes, Precious Lord, If You See My Saviour, What Could I Do ou Peace In The Valley. Leurs prestations attirent les foules et la notoriété de Mahalia Jackson grandit de plus en plus. Sa simplicité, ses manières naturelles et «paysannes» habillées d’une réelle élégance, sa chaleur humaine et son esprit ardent, ce sentiment de liberté qui accompagne la force de son message ravissent ses auditeurs, ceux restés «au pays» comme tous les émigrés qui peuplent les métropoles du Nord. Sans doute cela provoque-t-il quelques irritations chez certains. Ainsi comment expliquer que Sister Rosetta Tharpe fasse une éclatante carrière chez Decca depuis 1938 (7) tandis que les compagnies ferment encore leurs portes devant Mahalia ?
La route de la chanteuse croise, vers 1942 à Chicago, l’organiste «Blind» James Francis que l’on retrouvera plus tard sur nombre de ses disques puis, à Détroit vers 1945, le Révérend C. L. Franklin (père d’un petite Aretha de 3 ans!) et un grand impresario de gospel, Johnny Meyers, lequel la met en contact avec une certaine Bess Berman, propriétaire des disques Apollo, l’un des plus dynamiques et prospères labels indépendants qui fleurissent depuis la fin de la guerre et de la grève des enregistrements. Orienté vers le jazz et le blues, Apollo, qui a sous contrat des artistes de la taille de Dinah Washington par exemple (ancienne pianiste de Sallie Martin), ne possède pas encore de catalogue gospel. Meyers persuade Bess Berman d’organiser une séance pour les Dixie Hummingbirds, la chanteuse Georgia Peach et Mahalia, chacun disposant de quatre faces.Mahalia Jackson se retrouve donc en studio sous la responsabilité du directeur artistique Art Freeman. Accompagnée au piano avec économie (8), elle chante un très vif I Want To Rest dû à la plume du pianiste Kenneth Morris, encore un familier de Sallie Martin, un thème traditionnel lent He Knows My Heart, un plus rythmé Wait Until My Changes Comes, et surtout recrée superbement I’m Going To Tell God All About One Of These Days. Par rapport aux enregistrements de 1937, la voix de Mahalia a acquit certainement plus d’ampleur, gagné en nuances, le timbre a pris du «grain», mais elle a probablement perdu une sorte d’éclat juvénile – la chanteuse a désormais 34 ans.(9) Malgré un grand concert au Golden Gate Ballroom de New York qui assoit un peu plus sa réputation, les deux disques issus de cette séance d’octobre 1946 ne se vendent que médiocrement. Bess veut arrêter les frais ou alors, avec une telle voix, qu’elle chante le blues et tout est prêt pour en faire une nouvelle Bessie Smith! Refus de Mahalia. Mais grâce à l’insistance de Freeman, la redoutable businesswoman lui accorde une dernière chance.
Art Freeman avait été conquis par un morceau d’un genre nouveau que lui avait chanté Mahalia mais n’avait pas osé le graver sur disque. Il s’agissait de Move On Up A Little Higher, écrit par un concurrent de Dorsey, W. Herbert Brewster, et que Mahalia avait entendu chanter par Q. C. Anderson, interprète privilégiée de ce compositeur de Memphis avec laquelle elle se trouva un jour au même programme. Elle arrange le thème à sa manière avec James Francis et James Lee au piano (10) et l’enregistre le 12 septembre 1947 sans doute après plusieurs essais – une prise alternative, plus lente, figure dans notre CD – car John Sellers a raconté que cette pièce en deux parties ne fût pas gravée avant 3 ou 4 heures du matin. Freeman jugea alors les deux faces «parfaites» et prises sur un tempo idéal.Cette œuvre exceptionnelle, pleine de soul, sort sur le marché en décembre. En moins d’un mois, 50000 copies s’envolent! C’est un triomphe inespéré. Pressé et repressé continuellement et en priorité à cause de la demande – les vedettes de la marque doivent patienter – le disque dépassera, paraît-il, le million d’exemplaires. Lors de la même séance, elle avait également gravé What Could I Do de Dorsey, I Have A Friend de Theo Frye et une pièce lente et majestueuse interprétée avec un phrasé, une justesse et une maîtrise rares, Even Me qui fera également des ventes énormes.Mahalia Jackson devient alors «The Gospel Queen» et sa carrière prend un relief considérable.
Elle tourne dans le Sud, le Midwest, en Californie, chante à New York avec Sister Ernestine Washington, autre vedette de Johnny Meyers, et s’associe avec celle qui restera pendant une vingtaine d’années sa fidèle accompagnatrice, la pianiste Mildred Falls. Il ne faut guère de temps cette fois pour qu’elle soit convoquée en studio. Dès la sortie de Move On Up, elle grave sept nouvelles pièces avec lesquelles nous terminons notre premier volume. Nous en retiendrons particulièrement le très rythmé Dig A Little Deeper, composé par Kenneth Morris et qui sera son troisième gros succès (environ 500000 ex.), ainsi que l’hymne baptiste attribué à l’Anglais John Newton, Amazing Grace, qu’elle interprète sans emphase, laissant simplement exprimer le léger vibrato de sa voix riche et résonnante. C’est, comme l’a écrit Jacques Chesnel, «la chaleur, l’amplitude, la profondeur de cette voix aux intonations bouleversantes, cette science consommée des nuances, ce sens particulier de la dramatisation et de la solennité d’un chant habité par une sensibilité qui touche autant au cœur qu’au corps et l’esprit, à l’âme» qui traversent avec une émotion et une gravité rares ces interprétations de jeunesse et de maturité dont certaines figurent parmi les chefs-d’œuvre absolus de l’art vocal de l’Amérique noire.
Jean Buzelin
© FRÉMEAUX & ASSOCIÉS SA, 1998
Notes :
(1) Recueil de cantiques, psaumes et hymnes publiés au début du XVIIIe et qui formaient encore, deux siècles plus tard, la base du répertoire des églises noires (cf. Gospel Vol.1/ Negro Spirituals Gospel Songs, FA 008).
(2) Église «rénovatrice» fondée après la création, en 1894, de la Church of God in Christ, qui favorisait l’expression «physique» et l’usage d’instruments de musique dans les lieux de culte (cf. Gospel Vol.1, op. cit.).
(3) Thomas Dorsey fonde d’abord la T.A. Dorsey Gospel Songs Music Pub. pour diffuser ses œuvres puis met sur pied avec Sallie Martin la National Convention of Gospel Choirs & Choruses en 1932 (cf. Gospel Vol.1, op. cit. et Sister Rosetta Tharpe Vol.1, FA 1301).
(4) Voir la version de Blind Joe Taggart in Gospel Vol.3/Guitar Evangelists & Bluesmen, FA 044).
(5) Hormis les chanteuses noires «classiques» comme Marian Anderson dont les disques ne se vendaient pas dans le circuit des race records et occasionnellement quelques chanteuses de blues comme Bessie Smith, on peut citer Clara Belle Gholston qui, en 1930, grava avec une petite congrégation quelques faces sous le nom de «Sister Clara Hudson»; elle enregistra en soliste en 1931/32 pour le public blanc mais ne débutera sa carrière discographique sous le nom de «The Georgia Peach» qu’à partir de 1942.
(6) Interview cité par George Avakian (traduit par Boris Vian).
(7) Cf. Complete Sister Rosetta Tharpe Vol.1, FA 1301.
(8) Malgré les discographies qui répètent, les unes après les autres, le nom de Mildred Falls, il est permis de douter de sa présence dans ces faces où le (la) pianiste pratique un jeu d’une sobriété presque timide qu’on ne reconnait pas habituellement chez l’accompagnatrice fidèle de la chanteuse. Ainsi la biographie de Laurraine Goreau mentionne-t-elle le nom de Rosalie McKenny, à l’époque pianiste régulière de Mahalia en remplacement de Robert Anderson. Mildred Falls n’apparait dans ce récit qu’après la 2e séance Apollo.
(9) Dès leur première réédition en microsillon chez Vogue au début des années 50, ces quatre faces ont toujours été publiées avec une vitesse de rotation beaucoup trop rapide qui dénaturait la voix de Mahalia. Avec Lionel Risler, nous avons essayé de leur restituer leur couleur et leur tempo originels.
(10) Toujours contrairement aux discographies, Mahalia dit elle-même, dans la biographie écrite par L. Goreau, avoir gravé ce morceau avec le pianiste James Lee et James Francis à l’orgue (cf. note 8).
Deux prises alternatives de Dig A Little Deeper et There’s Not A Friend Like Jesus n’ont pû être incluses dans ce 1er volume – qui aurait d’ailleurs dépassé les limites du format CD. Nous les recherchons pour une publication ultérieure. Toute information concernant ces rares prises sera la bienvenue.
Ouvrages consultés :
Laurraine Goreau : Mahalia (Lion Publishing, UK 1976 - 2e édition).
Jules Schwerin : God to Tell It : Mahalia Jackson, Queen of Gospel (Oxford University Press, 1992).
Anthony Heilbut : The Gospel Sound (Limelight Ed., NY 1992 - 4e édition).
Robert Sacré : Les Negro Spirituals et les Gospel Songs (Que Sais-je?, PUF, Paris 1993).
Nous remercions tout particulièrement Jacques Morgantini, François-Xavier Moulé, Étienne Peltier, Robert Sacré et Alain Tomas pour leur prêt de 78 tours et autres documents et leur collaboration.Photos et collections; Ray Funk, Jacques Morgantini, Otto Rothschild, X (D.R.).
english notes
Mahala (her true name) Jackson was born in New Orleans on 26 October in 1911 or 1912 – opinions vary. She grew up in the French Quarter near Storyville to the sound of blues, ragtime and the nascent jazz of Kid Ory, King Oliver, Bunk Johnson… plus marching bands like the Tuxedo Brass Band. Her father preached in the Baptist church on Sundays. At the age of 5 Mahalia, who already had an exceptionally strong voice, joined the local church choir and sang Baptist hymns from Dr. Watt’s collection. (1) After the death of her mother in 1918, she went to live with an aunt. Another aunt who had toured with Ma Rainey, whose tent show appeared regularly in New Orleans, was keen for Mahalia to join her but the family would have none of it. By the time she was 7 Mahalia was working as a maid, doing laundry and looking after white children. On a cousin’s Victrola, Mahalia heard the blues of Ma Rainey, Ida Cox and, above all, Bessie Smith who made a huge impression on her, as did the famous tenor Caruso! She was also fascinated by the more unbridled sounds coming from the Sanctified church just around the corner but, although these were to form the basis of her own style, she never became a Sanctified Church convert. (2) In 1927, when she was 15 and already an accomplished contralto, she joined her aunt Hannah who lived on Chicago’s Southside, a hotbed of jazz, blues and later gospel, where she heard Elder Lucy Smith whose singing greatly impressed her. She joined the Greater Salem Baptist Church, soon becoming one of the best soloists in the choir. When the pastor’s son, Robert Johnson, decided to form a small group with his brothers Wilbur and Prince and soprano Louise Barry Lemon, he invited Mahalia to join them. In the early 30s, as the Johnson Gospel Singers, they toured churches in and around Chicago.
Unfortunately we have no recorded trace of what was probably the first mixed professional vocal ensemble. The rare religious records issued during the Depression featured only preachers or male-voice quartets.Between 1929 and 1932, the quality of Mahalia’s voice was noticed by Thomas A. Dorsey, who was setting up his own organisation (3). However, Mahalia refused to work in the traditional way he wanted, preferring to keep to her natural voice and her “Southern gal” mode of expression. In 1931 Dorsey, together with Theodore R. Frye, organised the first ever big choral concert at Chicago’s Ebenezer Baptist Church and, with Frye and Lewis Butts set up the Chicago Gospel Choral Union, before going into partnership with Sallie Martin in 1932. A skilful composer-songwriter, he acted as a catalyst for this new form of gospel songs rooted in blues and swing. His entourage included piano-vocalist Roberta Martin and the outstanding singer Willie Mae Ford Smith in whom Mahalia found her true model. She immediately identified with “Mother” Smith’s Southern accent and power of expression which she now began to develop in her own right. In 1933 she also took under her wing an 8-year-old country boy from Mississippi, the future Brother John Sellers. But, by 1935, things began to change. She was living with a certain Isaac Hockenhull, an out-of-work university graduate-cum- bookmaker! His mother was a successful beautician and Mahalia saw that this could be a lucrative business. She wasn’t making much from her music so she took a course at the Scott Institute of Beauty Culture before opening her Mahalia Beauty Salon in 1938.Then, in 1937, she made her first record – an event that, although it did not create any great waves at the time, was a milestone in the history of jazz. Deacon Dr. Frank J. Hawkins introduce the singer to J. Mayo Williams, artistic director of the up-and-coming Decca company.
Accompanied by Estelle Allen, her pianist for two years, she cut God’s Gonna Separate The Wheat From The Tares, an adaptation of an old childhood song (4), and Oh My Lord, a traditional Negro spiritual, followed by Keep Me Everyday, a new version of a Baptist hymn, and God Shall Wipe All Tears Away, a slow gospel by Dr. Antonio Haskell. Mahalia’s talent is obvious from the very first note. Her powerful, expressive voice, instinctive sense of timing – based on the preaching tradition –, her articulation, breath-control, self-confidence and, above all, her charisma and profound conviction show that the 25-year-old singer had attained full maturity. Although the repertoire is different, the similarity with Bessie Smith is striking. Her growls, moanings, humming and “breathy” effects spring directly from the African/blues heritage of the Deep South. She was one of those rare beings who transfigure everything they touch. Louis Armstrong was another: also born in New Orleans, the same culture, the same intuitive gift, the same confidence and the same brilliance.Doubtless due to inadequate promotion and distribution – Decca’s catalogue included practically no gospel – and probably too “new’ for popular taste – no-one had yet recorded a solo female vocalist (5) –, the two records failed to sell. Almost ten years were to pass before Mahalia Jackson’s voice was again recorded, ten years during which it was perhaps at its peak – imagine if no recordings of Armstrong had been made between 1925 and 1935! She was not alone, the recording industry also ignored Willie Mae Ford Smith the Sanctified Lady, Georgia Peach, Mary Johnson Davis, Louise Lemon, not to mention Sallie and Roberta Martin.
Meanwhile, in 1938, Mahalia married Ike who was determined to push his wife into the more profitable secular domain but Mahalia refused categorically. She often explained that she had lived the blues when young but they only expressed despair and she preferred to sing God’s music that offers hope. As a child she had chosen to sing the Word and she never went back on this in spite of repeated requests, e.g. Earl Hines wanted to hire her to sing with his big band when it appeared at Chicago’s Grand Terrace. After her beauty salon, she opened a flower shop and made several good investments. As for her marriage, that didn’t last long.During the years that followed she was extremely active musically. After the Johnson Singers broke up in summer 1938, Mahalia used the time to polish up her solo repertoire with Estelle Allen. In September she sang at the Ebenezer Baptist Church backed by Helen Green, alongside the Roberta Martin Singers (Theo Frye, Robert Anderson etc.) and Sallie Martin who accompanied Thomas Dorsey. She thus joined the “Dorsey family” that included Willie Webb, Myrtle Scott, Emma Bell, Gertrude Ward and the Ward Singers…and James Lee, a young pianist and vocalist from New Orleans. In the early 40s Dorsey began to take her on tour throughout the States, accompanying her on piano himself on her best-known songs, Precious Lord, If You See My Saviour, What Could I Do or Peace In The Valley. They attracted huge crowds and Mahalia’s reputation grew by leaps and bounds. Her simplicity, her natural “country” ways combined with true elegance, her human warmth and fiery spirit, the sense of freedom inherent in her message delighted both her Southern and Northern audiences.
Clearly this was not to the liking of everyone. How else explain the fact that, while Sister Rosetta Tharpe had been pursuing a brilliant career with Decca since 1938 (6), the studio doors still remained closed to Mahalia?Around 1942, in Chicago, she met organist “Blind” James Francis who appears on a number of her later records then, in Detroit towards 1945, Rev. Franklin (father of the 3-year-old Aretha!) and the gospel impresario, Johnny Meyers, who introduced her to Bess Berman, owner of Apollo, one of the most dynamic and successful independent labels that sprang up after the war and the Petrillo ban. Oriented towards jazz and blues, Apollo, with such artists as Dinah Washington on their books, did not yet have a gospel catalogue. Meyers persuaded Bess to set up a session for the Dixie Hummingbirds, singer Georgia Peach and Mahalia, each being given four sides.Mahalia Jackson worked under artistic director Art Freeman. With a very unobtrusive piano backing (7) she turned in a lively I Want To Rest by pianist Kenneth Morris, the traditional slow He Knows My Heart, a more up-tempo Wait Until My Changes Come and a superb I’m Going To Tell God All About It One Of These Days. Compared to the 1937 recordings, the 38-year-old Mahalia’s voice is certainly fuller, with more nuances and a more “grainy” timbre, but had probably lost some of that youthful freshness. (8)Although her reputation was further enhanced by a concert at New York’s Golden Gate Ballroom, the two records from this October 1946 session did not sell well. Anxious to recuperate her losses, Bess wanted Mahalia to sing the blues, to transform her into a new Bessie Smith!
Mahalia refused but Bess gave her a second chance on the insistence of Freeman, who had heard Mahalia sing a piece she had hesitated to record: Move On Up A Little Higher by W. Herbert Brewster. She recorded her own arrangement with James Francis and James Lee on piano (9) on 12 September 1947. There were clearly several takes – an alternative slower take features on our CD – before Freeman was satisfied, for John Sellers recounts that the two parts were not recorded before 3 or 4 o’clock in the morning.This exceptional side came out in December and sold 50,000 copies in a month! It was an unhoped for hit, sales passing the million mark. During the same session she cut Dorsey’s What Could I Do, Theo Frye’s I Have A Friend and a slower, majestic version of Even Me which also sold in huge numbers. Mahalia Jackson was now “the Gospel Queen” and her career really took off. She toured in the South, the Midwest, in California, sang in New York with Sister Ernestine Washington, and began her twenty-year partnership with pianist Mildred Falls. After Move On Up came out, she cut seven new titles with which our first volume closes. Particularly noteworthy are Dig A Little Deeper, her third great hit, and Amazing Grace which she delivers very simply, allowing the vibrato of her rich and resonant voice to express it all. A voice that fills these present tracks with a rare depth of emotion and conviction that place them among the masterpieces of black American vocal art.
Adapted by Joyce Waterhouse from the French text of Jean BUZELIN
© FREMEAUX & ASSOCIES S.A. 1998
Notes:
(1) An early 18th century collection of psalms and hymns still used today as the basis of black church music (cf. Gospel Vol. I/Negro Spirituals & Gospel Songs, FA 008).
(2) Founded after the creation in 1894 of the Church of God in Christ which allowed musical instruments to be played in church (cf. Gospel Vol. I above).
(3) T. Dorsey founded the T.A. Dorsey Gospel Songs Music Pub. to publish his compositions and, with Sallie Martin, set up the National Convention of Gospel Choirs & Choruses in 1932 (cf. Gospel Vol. I above and Sister Rosetta Tharpe Vol. I, FA 1301).
(4) Cf. Blind Joe Taggart’s version on Gospel Vol. 3/Guitar Evangelists & Bluesmen, FA 044).
(5) Apart from classical singers like Marian Anderson whose records were not sold on the race records circuit and the blues singers, such as Bessie Smith, who sang gospel on rare occasions, Clara Belle Gholston recorded several sides in 1930 as “Sister Clara Hudson”; she made solo recordings in 1931/32 for white audiences but only began her recording career as “The Georgia Peach” in 1942.
(6) Cf. Sister Rosetta Tharpe Vol. I, FA 1301.
(7) Although numerous discographies cite Mildred Falls her presence is doubtful on these sides for the pianist’s timid approach is completely unlike her normal style. Laurraine Goreau’s biography mentions Rosalie McKenny who often replaced Robert Anderson on piano, Falls’ name only appearing after the 2nd Apollo session.
(8) Since Vogue reissued these four sides on LP in the 50s, they have always been reproduced at too high a speed. With the aid of Lionel Risler we have attempted to restore the original tempo and colour of the voice.
(9) Contrary to many discographies, Mahalia says herself (cf. note 7) that she cut this title with James Lee on piano and James Francis on organ.
We were not able to include two alternative takes of Dig A Little Deeper and There’s Not A Friend Like Jesus. We would like to include them on a later CD. Any information about these rare takes would be welcome.
With special thanks to Jacques Morgantini, François-Xavier Moulé, Etienne Peltier, Robert Sacré and Alain Tomas for their help and loan of 78s and other archives.
References:
Laurraine Goreau: Mahalia (Lion Publishing, UK 1976-2nd edition)
Jules Schwerin: God To Tell It: Mahalia Jackson, Queen of Gospel (OUP, 1992)
Anthony Heilbut: The Gospel Sound (Limelight Ed., NY 1992-4th edition)
Robert Sacré: Les Negro Spirituels et les Gospel Songs (Que Sais-je?, PUF, Paris 1993)
DISCOgraphie
01. GOD’S GONNA SEPARATE THE WHEAT FROM THE TARES (L. Bowles) 91264-A
02. OH, MY LORD (Trad.) 91265-A
03. KEEP ME EVERYDAY (Trad.) 91266-A
04. GOD SHALL WIPE ALL TEARS AWAY (A. Haskell) 91267-A
05. I WANT TO REST (K. Morris) C2012-3
06. HE KNOWS MY HEART (Trad. - arr. M. Jackson) C2013-3
07. (I’m Goin’ To) WAIT UNTIL MY CHANGES COMES (Trad. - arr. M. Jackson) C2014
08. I’M GOING TO TELL GOD (Trad. - arr. M. Jackson) C2015
09. WHAT COULD I DO (T.A. Dorsey) C2157-A
10. MOVE ON UP A LITTLE HIGHER Pt.1 & 2 (W.H. Brewster - V. Davis) C2158-alt./C2159 - alternate take
11. MOVE ON UP A LITTLE HIGHER Pt.1 & 2 (W.H. Brewster - V. Davis) C2158-2/C2159-2 - master
12. EVEN ME (R. Martin) C2160-B
13. I HAVE A FRIEND (T.R. Frye - V. Davis) C2161-B
14. DIG A LITTLE DEEPER (K. Morris) C2194-2
15. TIRED (R. Davis) C2195-1
16. IF YOU SEE MY SAVIOUR (T.A. Dorsey) C2196-2
17. IN MY HOME OVER THERE (H.J. Ford) C2197-1 - master
18. IN MY HOME OVER THERE (H.J. Ford) C2197-3 - alternate take
19. THERE’S NOT A FRIEND LIKE JESUS (Trad.) C2198-1
20. AMAZING GRACE (J. Newton) C2199-1 - master
21. AMAZING GRACE (J. Newton) C2199 - alternate take
22. SINCE THE FIRE STARTED BURNING IN MY SOUL (Trad.) C2200-1
Mahalia Jackson (vocal) with :
(1-4) Estelle Allen (piano on 1, 2, organ on 3, 4). Chicago, 21/05/1937.
(5-8) Prob. Rosalie McKenny (piano). New York City, 03/10/1946.
(9-13) Prob. James Lee (piano, out on 12), Herbert J. Francis (organ). Chicago, 12/09/1947.
(14-22) Mildred Falls (piano on 14, 15, 16, 19, 22), Herbert J. Francis (organ), Samuel Patterson (guitar on 14, 15, 19, 22). Chicago, 10 or 20/12/1947.
CD Intégrale Mahalia Jackson Vol 1 © Frémeaux & Associés (frémeaux, frémaux, frémau, frémaud, frémault, frémo, frémont, fermeaux, fremeaux, fremaux, fremau, fremaud, fremault, fremo, fremont, CD audio, 78 tours, disques anciens, CD à acheter, écouter des vieux enregistrements, albums, rééditions, anthologies ou intégrales sont disponibles sous forme de CD et par téléchargement.)