Yves Montand - Intégrale - Vol 3
Yves Montand - Intégrale - Vol 3
Ref.: FA5178

1953 - 1954 - UNE ETOILE A L'ETOILE

YVES MONTAND

Ref.: FA5178

Direction Artistique : DANIEL NEVERS

Label : Frémeaux & Associés

Durée totale de l'œuvre : 2 heures 15 minutes

Nbre. CD : 2

Sélectionnez une version :
Grâce à ce pack, vous bénéficiez d’une remise de 20.00 % soit de 9,99 €
Cette œuvre est déjà dans votre panier
Une version numérique de cette œuvre est déjà dans votre panier
Expédié sous 24 à 48h
Présentation

"Daniel Nevers présente au travers de ces 41 titres sur 2 CD accompagné d'un livret de 28 pages l'intégrale de référence d'Yves Montand pour la période 1953 - 1954. Cet ouvrage d'enregistrements historiques est devenue l'édition de référence."
Patrick Frémeaux

“J’ai la nostalgie du Théâtre de l’Etoile. Ça collait avec Montand. Je dirais que la loge, les balcons, les fauteuils, les ouvreuses, ressemblaient à Montand”.
Hubert Rostaing, clarinettiste de Montand
Yves Montand & Bob Castella et ses rythmes (Sessions Odéon 05 & 09/1953) : J’aime t’embrasser • Car je t’aime • Le doux caboulot • Sanguine (I) • Sanguine (II) • Le grand amour de ma vie - Yves Montand & Bob Castella Et Son Ensemble (Récital au Théâtre de l’Etoile - 1re partie oct. 1953) : Orchestre : After you’ve gone • la Ballade de Paris • Premiers pas • Quand un soldat • Une demoiselle sur une balançoire • Il a fallu • Les Saltimbanques • Gilet rayé • Car je t’aime • Flamenco de Paris • Il fait des... • Le peintre, la pomme et Picasso • Sanguine • Du soleil plein la tête - Yves montand & Bob Castella et son ensemble (Récital au Théâtre de l’Etoile - 2e partie oct. 1953) : Orchestre : tea for two / I want to be happy / Hallelujah ! • Toi, tu n’ressembles à personne • Le chemin des oliviers • Les routiers • Donne-moi des sous • Les cireurs de souliers de Broadway • Dis-moi Jo • Le chef d’orchestre est amoureux • C’est à l’aube • Barbara • À Paris • Les feuilles mortes • C’est si bon - Yves Montand & Bob Castella Et Ses Rythmes (Odéon session 2/10/1953) : Premiers pas • Donne-moi des sous - Yves Montand & Bob Castella Et Ses Rythmes (Odéon session, jan-avril 1954) : La goualante du pauvre Jean • Faubourg Saint-Martin • Mon pot’ le Gitan • Neige sur la ville • Cœur de mon cœur • La tête à l’ombre.
“I fondly remember the Théâtre de l’Etoile.  It rhymes with Montand.  I’d even say that the dressing-room, the circle, the seats and attendants all resemble Montand.”
Hubert Rostaing
Droits : Groupe Frémeaux Colombini - Frémeaux & Associés, Disques du patrimoine de la chanson française.



Presse
TEMPS FORT - LES EDITEURS DE PATRIMOINE SONORE DEFENDENT LE DOMAINE PUBLICAlors que les producteurs (Snep, SCPP, Ifpi…) réclament l’allongement de la durée des droits voisins, les éditeurs phonographiques de patrimoine s’y opposent, défendant le domaine public et ses enjeux. Leur chef de file, Patrick Frémeaux, PDG et fondateur de Frémeaux et Associés, a remis au ministère de la Culture un «  Mémoire vert » pour alimenter sa réflexion sur ce sujet. La loi du 3 juillet 1985, dite loi Lang, a fixé à 50 ans la durée des droits voisins des producteurs et artistes-interprètes. Une période jugée trop courte par les intéressés qui réclament son allongement à 7 ans (comme en bénéficient les auteurs), inquiets de voir aujourd’hui tous les enregistrements antérieurs à 1951 basculer dans le domaine public. D’où un « lobbying récurrent » des majors, « d’un certain nombre d’artistes, ainsi que des héritiers de nombreux artistes décédés ».Domaine public vs domaine protégéSi la revendication paraît concevable à Patrick Frémeaux « pour permettre à quelques artistes comme Charles Aznavour ou Eddy Mitchell de percevoir plus longtemps leurs droits d’interprètes », « il n’est pas juste en revanche de refuser dans le même temps, la sauvegarde et la mise à la disposition du public de milliers d’artistes dont la réédition n’intéresse pas les majors, faute d’un potentiel commercial important », estime-t-il , en posant « pour un artiste arrivant par exemple à l’âge de 75 ans, la question légitime de ne plus percevoir de droit d’interprète sur une œuvre diffusée au public quand il avait 24 ans ».Il souligne les «  conséquences fatales » de l’allongement de la durée du domaine protégé, qui interdirait au éditeurs de patrimoine de poursuivre leur travail de sauvegarde de notre héritage sonore. Des dizaines de milliers d’œuvres, d’entretiens ou de témoignages enregistrés disparaîtraient ainsi du patrimoine. « Au-delà du préjudice causé à une grande part de l’activité d’édition phonographique, il en résulterait pour le bien public un dommage définitif par la perte de trésors irremplaçables ». De nombreux brevets sont limités à 10 ans. Les dessins et modèles sont protégés entre 5 et 25 ans. La durée du brevet européen est de 20 ans. Et « le domaine protégé des compagnies majors représente aujourd’hui une période 5 fois plus longue que celle accordée aux laboratoires pharmaceutiques pour l’amortissement et l’exploitation exclusive de leurs recherches en tant qu’œuvres de l’esprit », rappelle par ailleurs le mémoire. Pour son auteur, une modification de la loi privilégierait « les intérêts financiers des interprètes et des majors, au détriment de la nécessaire pérennité d’une muséographie sonore ». L’entrée dans le domaine public « permet une relecture historique des courants musicaux et de leurs interprètes, elle donne aussi la possibilité de réinjecter en dehors de l’économie de masse les enregistrements audio assimilés au patrimoine », explique-t-il, en soulignant au passage la raréfaction des fonds sonores (il existe peu de collectionneurs, et ils disparaissent peu à peu) d’où l’importance d’alimenter le domaine public. L’éditeur insiste sur cette notion de patrimoine sonore et regrette que son existence « comme élément de culture et objet d’histoire à part entière » ne soit pas reconnue aujourd’hui par les pouvoirs publics. Il note l’absence d’aide institutionnelle ou de fondation privée pour le maintien, la restauration, la conservation, la restitution au public du fond d’archives sonores (Frémeaux et Associés y consacre en moyenne 1.8 million d’euros par an pour 100 heures de patrimoine musical et 40 heures de patrimoine historique ou de diction) ; tout comme l’absence d’institution ou de lieu de stockage pour les derniers collectionneurs qui cherchent souvent une solution de donation. La BNF (Phonothèque nationale) « n’a jamais témoigné de réelle volonté de mise en valeur et de diffusion du patrimoine sonore ». Les sociétés civiles n’ont pas prévu d’aide au patrimoine, etc. Concurrence déloyaleValeur artistique, travail d’inventaire, relecture de courants musicaux, dimension humaine et socio-historique « qui va bien au-delà de la seule musique », intemporalité du répertoire, mise à la disposition du public, des chercheurs et des enseignants, prodigieux outil de transmission des savoirs… Le mémoire dresse un bilan du domaine public dans ses aspects positifs, mais aussi négatifs, évoquant la « concurrence déloyale »arguent du domaine public pour exploiter sans vergogne les grands noms d’artistes ou les thèmes en vogue en copiant sordidement le travail des véritables éditeurs », à des prix de revient bien inférieurs, au motif que l’œuvre reproduite n’était pas protégée par le droit d’auteur.Pour la création d’une commission d’aideEn conclusion, Patrick Frémeaux considère que le dispositif législatif actuel constitue le « cadre politique parfaitement adapté » à la sauvegarde du patrimoine sonore. Il préconise la création d’une commission d’aide pour favoriser la sauvegarde et la mise à disposition du public des fonds sonores, dont l’importance (artistique, musicologique, ethnologique, historique…) l’emporte sur les critères de rendement financier actuellement pris en compte dans l’édition et la distribution phonographique. Elle aurait parmi ses attributions l’aide aux projets de patrimoine (y compris ceux n’appartenant pas au domaine public) et la création à court terme d’une institution chargée de recueillir et  de sauvegarder des collections de phonogrammes souvent uniques au monde, des fonds sonores non édités (ou très partiellement) qui n’intéressent aujourd’hui aucun établissement public. Son budget serait prélevé sur les droits voisins dont les ressources vont substantiellement augmenter (« les pouvoirs publics ont là une opportunité de donner un signal fort pour la reconnaissance de l’existence même d’un patrimoine sonore ») et versé par le biais des sociétés civiles. « La mise en place d’une telle aide irait de pair avec l’exclusion, pour les producteurs de patrimoine, de tout droit à rémunération sur la copie privée. » La création de cette commission, composée d’éditeurs consacrant au moins 30 % de leur chiffre d’affaires au patrimoine sonore, est une « nécessité », insiste Patrick Frémeaux en posant en condition préalable « la reconnaissance officielle et publique de la notion de patrimoine sonore ». « Il sera ainsi possible (…) d’avoir la garantie durable d’une vraie diversité de l’offre culturelle en limitant les risques de concentration horizontale liés au néolibéralisme de l’économie de marché ». Un marche delaissé par les majorsLe Mémoire souligne « l’indifférence des majors », qui « se désintéressent de ce travail de réédition, sauf en ce qui concerne quelques grands artistes encore populaires au bout de 50 ans » (Piaf, Trenet…) La principale raison est d’ordre économique, compte tenu du volume extrêmement limité des ventes potentielles des disques de patrimoine : de quelques centaines à quelques milliers d’exemplaires sur 5 ans par référence, avec une moyenne de 1 800 ventes cumulées sur 8 ans. Donc des seuils de rentabilité très courts et des plans d’amortissement très long (5 à 7 ans, parfois davantage). « Ce fonctionnement est antinomique avec la logique de l’édition de masse », écrit Patrick Frémeaux. Il évoque par ailleurs les difficultés à obtenir des licences auprès des majors (avec une complexité « qui décourage toutes les maisons de disques »). Certaines se refusent quasi systématiquement à répondre aux demandes des éditeurs indépendants, « même pour des titres qu’elles n’exploiteront jamais ». Autres raisons citées : la paranoïa concurrentielle, la durée de production (certains projets peuvent exiger plusieurs années de recherches, de collectage et de travail éditorial. L’intégrale Django Reinhardt est par exemple planifiée sur … 12 ans !), la difficulté d’accès aux supports originaux (matrices 78 tours, mêmes métalliques) qui entraîne un « travail de fourmi à l’échelle internationale et de très longue haleine », la concentration des catalogues… Pour les éditeurs de patrimoine, un projet législatif qui « renforcerait l’hégémonie des majors » serait contraire à la promotion de la diversité culturelle pour laquelle ils militent. La concentration des catalogues « impose aux éditeurs indépendants une obligation culturelle, pédagogique et morale à l’égard du public ». Gildas LEFEUVRE – MUSIQUE INFO HEBDO
Lire davantage Lire moins
"Des pans entiers de notre patrimoine sonore sont sauvegardés grâce au travail méticuleux et passionné d'éditeurs indépendants. Voici les secrets d'une bonne réédition musicale.Il y a plusieurs manières de faire du neuf avec du vieux. A l'opposé des compilations et autres best of, produits purement commerciaux, les rééditions musicales sauvegardent le patrimoine sonore. « C'est une ambition muséographique : comme s'il s'agissait de restaurer une abbaye, nous prenons le passé pour le réoffrir au présent », explique Patrick Frémeaux, grand expert en la matière. Un autre spécialiste, Yves Riesel, le patron d'Abeille Musique (le plus important label indépendant de musique classique), abonde dans le même sens : « La réédition est une réappropriation d'un patrimoine culturel. Il s'agit de faire vivre la mémoire discographique. »Un travail de limierLes rééditions sont rarement réalisées par les multinationales du disque, qui, pourtant, ont effectué les enregistrements d'origine. Elles s'en désintéressent parce que les ventes potentielles de ces « vieux » enregistrements sont limitées à court et moyen terme, et que leur modèle économique repose sur des produits à forte rotation permettant de réaliser de grandes plus-values en un temps record. Ainsi, ce n'est pas Pathé Marconi (EMI) qui s'est attaqué à publier une intégrale Django Reinhardt, mais Frémeaux & Associés. « C'est un projet en 20 volumes de 2 CD d'un coût global de 300.000 euros, précise Patrick Frémeaux. Cette somme a été récupérée au bout de sept à huit ans lorsque nous avons commercialisé le 15e coffret. Aucune major ne peut mettre autant d'argent tout de suite et dire à ses actionnaires qu'ils percevront peut-être des dividendes plus tard ! »La plupart des rééditions utilisent des oeuvres tombées dans le domaine public (c'est-à-dire que cinquante ans au moins se sont écoulés depuis la première diffusion). Dans le cas contraire, l'éditeur doit obtenir un contrat de licence de la part du détenteur des droits. Un bon travail de réédition coûte cher. « Stewart Brown, passionné de musique classique et patron du prestigieux label Testament, dépense autant d'argent que s'il produisait un artiste aujourd'hui ! », explique Yves Riesel, qui le distribue en France. « Si l'on veut les meilleures sources, une restauration sonore optimale et un bon livret, le travail de réédition nécessité coûte le même prix qu'une session d'enregistrement d'aujourd'hui en jazz ou en musique du monde, c'est-à-dire environ 15.000 euros », explique Patrick Frémeaux.Rééditer une oeuvre, c'est d'abord un travail de fin limier : il faut trouver la meilleure source sonore possible. L'idéal, bien entendu, est de pouvoir disposer de la bande originale. Il arrive fréquemment que la seule source disponible soit un vieux 78 tours. « Dans 60 % des cas, sur ces vinyles, les morceaux ont été reproduits à une vitesse différente de celle de l'enregistrement initial ! » s'amuse Claude Carrière, mémoire encyclopédique du jazz et producteur de l'émission « Jazz Club » sur France Musique. Une mauvaise vitesse change la tonalité du morceau. C'est un peu comme si, dans le domaine de la peinture, tous les livres consacrés à Monet reproduisaient les « Coquelicots » en violet !Le premier travail est donc de retrouver la bonne vitesse. Il faut ensuite aller dans un studio spécialisé et nettoyer les scories repérées sur la source. « Il nous arrive de «calmer» des enregistrements trop agressifs de l'époque qui, parfois, saturent », explique-t-il. A force de vouloir enlever les grattements ou le souffle, certains éditeurs finissent aussi par enlever de la musique. D'autres introduisent une « fausse » stéréo et le son perd en précision, comme si les instruments étaient « enrhumés ».Une réédition digne de ce nom s'accompagne forcément d'un travail éditorial considérable. Outre la présentation des artistes et des morceaux, les meilleurs livrets fournissent également les indications sur les solistes : qui joue, quand et sur combien de mesures ? Un vrai travail de bénédictin !" RENAUD CZARNES - LES ECHOS
Lire davantage Lire moins
Troisième volume d’une intégrale en cours (les deux premiers couvrent les périodes 1945 à 1949 et 1949 à 1953), ce coffret poursuit la chronologie du répertoire discographique d’un interprète majeur de la chanson française : « La romance se réveille, écrivait alors Jacques Prévert, avec au pied du lit, ce grand garçon vivant ingénu et lucide, viril, tendre et marrant, qui déjà s’appelle Yves Montand. » On y trouve les quatorze titres enregistrés en studio et sortis chez Odéon en 78 et 45 tours entre le printemps 53 et l’hiver 53-54 ; outre les vingt-sept plages de son récital intégral au Théâtre de l’Étoile, en octobre 53, avec Bob Castella et son ensemble (lequel donna lieu à l’époque à l’édition d’un double 30 cm 33 tours) : Quand un soldat, Une demoiselle sur une balançoire, Le Flamenco de Paris, Sanguine, Le chef d’orchestre est amoureux, Barbara, Les Feuilles mortes, C’est si bon… ou l’incontournable À Paris (de l’immortel camarade Francis Lemarque).Un récital dont le célèbre arrangeur Hubert Rostaing, alors clarinettiste du chanteur, dira ceci : « J’ai la nostalgie du Théâtre de l’Étoile. Ça collait avec Montand. Je dirais que la loge, les balcons, les fauteuils, les ouvreuses, ressemblaient à Montand… » Alors que Prévert, toujours lui, signait le texte du programme : « Un rideau rouge se lève, devant un rideau noir. Devant ce rideau noir, Yves Montand, avec le regard de ses yeux, l’éclat de son sourire, les gestes de ses mains, la danse de ses pas, dessine le décor. Et la couleur de sa voix éclaire le paysage de New Orleans, Old Belleville and Vieux Ménilmontant. »Par Fred HIDALGO – SI ÇA VOUS CHANTE
Lire davantage Lire moins
« Montand, il fallait, comme beaucoup de ces artistes de music-hall, le voir sur scène, sa bouche, son visage et ses mains, son corps sculpté par la rigueur des exercices à la barre. La radio ne rendrait donc qu’un maigre aperçu de l’artiste ? Mais il y a la voix. Montand nous raconte l’enfance marseillaise – dans un univers marqué par l’utopie communiste qu’il ne reniera que sur le tard –, puis ses débuts fulgurants, en 1939, sur la scène de l’Alcazar, la grande salle marseillaise qui fait les succès ou détruit les espoirs, et qui ovationne le jeune homme tout juste âgé de 18 ans. La guerre ensuite, parenthèse douloureuse où il est métallurgiste, puis docker sur le port de Marseille… Il remonte sur la scène l’Alcazar en 1941. Désormais, le succès ne le quittera plus. Les Greniers se sont attardés sur les débuts de l’artiste, dans les années 1948-1950. Il est déjà célèbre, mais la voix, encore, se façonne, se cherche un registre, de la matière, des cadences. »Par Karine Le Bail et Philippe Tétart — FRANCE MUSIQUE"(Depuis des années, Les Greniers de la Mémoire diffusent des disques publiés par Frémeaux & Associés. En les remerciant souvent d’offrir la seule possibilité d’illustration sonore pour tel ou tel thème, tel ou tel artiste, telle ou telle rareté. Il nous est donc tout naturel de dire l’importance du travail, militant, mené par cette « maison » afin de restaurer, sauvegarder et diffuser un patrimoine sonore – au sens le plus large – dont l’intérêt artistique, historique ou musicologique, essentiel, l’emporte rarement sur le principe de rentabilité à court terme.)"
Lire davantage Lire moins
Certes, Montand n’a pas inventé la formule du récital. Avant lui, Charles Trenet l’avait pratiquée à plusieurs reprises en 1953-1954. Il n’empêche que chaque récital de Montand à l’Etoile était un évènement. Celui de 1953-1954, reproduit ici, auquel nous eûmes le privilège d’assister, dura six mois… Montand est accompagné par H. Crolla, Bob Castella, Rostaing, Freddy Balta…PHONOSCOPIE
Lire davantage Lire moins
Ce volume 3 de l'intégrale Yves Montand sous la direction avisée de Daniel Nevers comprend les sessions Odéon de 1953 et 1954 (janvier à avril) et les deux parties du légendaire récital à l'étoile en octobre 53. Sous la direction du fidèle pianiste arrangeur Bob Castella, Yves Montand a réuni la fine fleur des jazzmen français de l'époque : Emmanuel Soudieux, contrebasse, Roger Paraboschi, batterie, Hubert Rostaing, clarinette, arrangements, tous trois ex compagnons de route de Django Reinhardt (qui disparaît brutalement cette même année 1953), Freddy Balta, accordéon et surtout l'immense Henri Crolla à la guitare, qui signe aussi 7 musiques des 25 titres interprétés (de jolies mélodies, souvent des valses comme " car je t'aime "). Pas mal de chansons signées Francis Lemarque (" A Paris ", " les Routiers ", " comme un soldat ") ou Jacques Prévert pour les textes. A signaler " le flamenco de Paris " de Léo Ferré où Montand est uniquement accompagné (le mot est faible!) par la guitare inspirée d'Henri Crolla; mais tous ces formidables musiciens sont sous employés, uniquement au service du one man show (la formule est explicite!) de l'interprète Yves Montand ; sur scène ils sont d'ailleurs dissimulés par un rideau de tulle! A l'écoute des deux instrumentaux joués au début de chaque partie, on regrette presque de voir ensuite la vedette débouler ! Montand fait ce que le public attend ; il fait son numéro, récite du Prévert... tout est réglé comme du papier à musique; l'accompagnement haut de gamme lui déroule le tapis (cf. "c'est si bon", "A Paris", "Mon pote le gitan" et la guitare très poétique de Crolla, "Cœur de mon cœur" ou "dis-moi Jo" blues signé par le guitariste avec là encore une guitare de rêve). Cette conception du music hall a quelque peu vieilli mais il faut replacer ces enregistrements dans leur contexte : qu'avait-on à se mettre sous la dent à l'époque ? Francis Couvreux - Etudes Tsiganes
Lire davantage Lire moins
Liste des titres
  • Piste
    Titre
    Artiste principal
    Auteur
    Durée
    Enregistré en
  • 1
    J'aime t'embrasser
    Yves Montand
    Plante J.
    00:03:37
    1953
  • 2
    Car je t'aime
    Yves Montand
    Crolla H.
    00:02:29
    1953
  • 3
    Le doux caboulot
    Yves Montand
    Carco F.
    00:01:49
    1953
  • 4
    Sanguine
    Yves Montand
    Prevert J.
    00:03:02
    1953
  • 5
    Sanguine
    Yves Montand
    Prevert J.
    00:02:45
    1953
  • 6
    Le grand amour de ma vie
    Yves Montand
    Balta F.
    00:03:23
    1953
  • 7
    After you've gone
    Yves Montand
    Creamer H.
    00:04:40
    1953
  • 8
    La ballade de Paris
    Yves Montand
    Lemarque F.
    00:03:42
    1953
  • 9
    Premiers pas
    Yves Montand
    Verrieres J.
    00:03:22
    1953
  • 10
    Quand un soldat
    Yves Montand
    Lemarque F.
    00:02:11
    1953
  • 11
    Une demoiselle sur une balancoire
    Yves Montand
    Nohain J.
    00:04:07
    1953
  • 12
    Il a fallu
    Yves Montand
    Vaucaire M.
    00:02:25
    1953
  • 13
    Les saltimbanques
    Yves Montand
    Apollinaire G.
    00:03:38
    1953
  • 14
    Gilet rayé
    Yves Montand
    Contet H.
    00:05:03
    1953
  • 15
    Car je t'aime
    Yves Montand
    Crolla H.
    00:02:24
    1953
  • 16
    Flamenco de Paris
    Yves Montand
    Ferre L.
    00:03:09
    1953
  • 17
    Il fait des…
    Yves Montand
    Piaf E.
    00:04:42
    1953
  • 18
    Le peintre, la pomme et Picasso
    Yves Montand
    Prevert J.
    00:03:04
    1953
  • 19
    Sanguine
    Yves Montand
    Prevert J.
    00:03:03
    1953
  • 20
    Du soleil plein la tête
    Yves Montand
    Hornez A.
    00:03:57
    1953
  • Piste
    Titre
    Artiste principal
    Auteur
    Durée
    Enregistré en
  • 1
    Tea for two (Pot Pourri)
    Yves Montand
    00:04:21
    1953
  • 2
    Toi tu n'ressembles à personne
    Yves Montand
    Lemarque F.
    00:02:40
    1953
  • 3
    Le Chemin des oliviers
    Yves Montand
    Lemarque F.
    00:02:11
    1953
  • 4
    Les routiers
    Yves Montand
    Lemarque F.
    00:03:10
    1953
  • 5
    Donne-moi des sous
    Yves Montand
    Cazalis Anne-Marie
    00:02:49
    1953
  • 6
    Les cireurs de souliers de Broadway
    Yves Montand
    Prevert J.
    00:03:51
    1953
  • 7
    Dis-moi Jo
    Yves Montand
    Cosmos J.
    00:04:15
    1953
  • 8
    Le Chef d'Orchestre est amoureux
    Yves Montand
    Mareuil J.
    00:05:42
    1953
  • 9
    C'est à l'aube
    Yves Montand
    Monod F.
    00:02:55
    1953
  • 10
    Barbara
    Yves Montand
    Prevert J.
    00:03:26
    1953
  • 11
    A Paris
    Yves Montand
    Lemarque F.
    00:04:01
    1953
  • 12
    Les feuilles mortes
    Yves Montand
    Prevert J.
    00:02:09
    1953
  • 13
    C'est si bon
    Yves Montand
    Hornez A.
    00:03:47
    1953
  • 14
    Premiers pas
    Yves Montand
    Verrieres J.
    00:03:09
    1954
  • 15
    Donne-moi des sous
    Yves Montand
    Cazalis Anne-Marie
    00:02:27
    1954
  • 16
    La goualante du Pauvre Jean
    Yves Montand
    Rouzeaud R.
    00:02:30
    1954
  • 17
    Faubourg Saint-Martin
    Yves Montand
    Monis R.
    00:03:30
    1954
  • 18
    Mon Pot' Le Gitan
    Yves Montand
    Verrieres J.
    00:02:52
    1954
  • 19
    Neige sur la ville
    Yves Montand
    Larue J.
    00:03:04
    1954
  • 20
    Coeur de mon coeur
    Yves Montand
    Larue J.
    00:02:40
    1954
  • 21
    La tête à l'ombre
    Yves Montand
    Misraki P.
    00:03:27
    1954
Livret

INTÉGRALE YVES MONTAND 1953-1954

INTÉGRALE YVES MONTAND 1953-1954

UNE ÉTOILE À L’ÉTOILE


Comme il est souvent de mise avec ces « intégrales », la bonne vieille chronologie a bien failli, cette fois encore, être bousculée. Le bruit a couru en effet que le nommé Montand (Yves) aurait accompagné en copain ses potes du trio Crolla (incidemment ses accompagnateurs réguliers, justement : Henri à la guitare, Emmanuel Soudieux à la contrebasse, Geo Daly au vibraphone) au studio de la rue de  Magellan le 29 janvier 1953. Quatre titres au programme, destinés à sortir sur deux 78 tours de la maison Odéon, pour laquelle Montand lui-même réalisait ses propres disques… La rumeur en question laissait aussi entendre que le chanteur se serait amusé à chanter les refrains de certains de ces airs. La rareté des disques originaux (qu’aucun des réputés connaisseurs du guitariste ne semble posséder, non plus du reste que Colette Crolla, la veuve du musicien) bloquait tout examen approfondi. On savait toutefois que C’est mon Gigolo (Just a Gigolo – Ki 12228), le seul repris par la suite sur un 45 tours, était strictement instrumental. On se doutait aussi que Montand n’était sûrement pas intervenu sur C’est pas une Chanson d’Amour (Ki 12226), puisque cette chanson-là, d’amour ou pas, faisait partie de son répertoire et qu’il l’avait déjà enregistrée « officiellement » en novembre et décembre 52 (voir volume 2 – FA 5109) : aucune raison d’en donner une version « digest » ! Restaient donc en suspens Heureux tous les deux (Ki 12229) et surtout Mon Homme (Ki 12227), ce dernier publié sous le numéro de catalogue 282753. On imagine bien un Maurice Chevalier facétieux parodier allègrement cette chanson si typiquement féminine (encore qu’écrite par des messieurs) créée d’ailleurs, fin 1920, dans cette revue du « Casino de Paris » intitulée Paris qui jazz par sa Grande Amie Mistinguett. Du reste, « Momo » avait menacé celle-ci, hésitante, de prendre la chanson pour lui si elle la refusait ! L’argument dut faire mouche et l’aria, interprétée avec la gouaille qui convient par celle qui se prétendait (indûment) née dans le faubourg Saint-Denis, connut le succès que l’on sait. A New York, chez Ziegfeld, Fanny Brice lança une version yankee, reprise des années plus tard par Lady Day et quelques autres… Chevalier n’en fit tout de même pas moins sa parodie, titrée C’est ma Bonne (voir Maurice Chevalier, volume 1, CD 1 – FA 162), que la pas très commode meneuse de revue n’apprécia, dit-on, qu’assez médiocrement…On conçoit bien encore un esprit aussi caustique et sarcastique que celui d’un Serge Gainsbourg se livrant au même genre d’exercice – ce qu’il ne manquera d’ailleurs point de faire avec cette chère vieille chose du bon temps des colonies, spécialité de Marie Dubas et Edith Piaf,  Mon Légionnaire…  
En revanche, avec ce grand garçon répondant au pseudonyme d’Yves Montand, sérieux, perfectionniste, engagé certes mais pas provocateur pour un sou, soucieux de correspondre à l’image que son public se fait de lui, la chose semble davantage incongrue. Passe encore pour J’en ai marre, mais chanter Mon Homme, même à la blague, est-ce bien raisonnable quand on n’est pas une fille ? Peut-on réellement plaisanter avec cela ? Réponse mitigée : « peut-être, mais alors à huis clos » (ce qui ne veut pas dire «en cellule » !). En tous cas, jamais devant un micro indiscret lors d’une séance d’enregistrement des copains ! Yves Montand n’est pas Henri Salvador (aiguillonné, il est vrai, pas Boris Vian), toujours prêt à se délecter d’une version porno de Quand Je monte chez Toi, tournée en fin de séance, juste après la « normale », celle destinée au public pas viceloque… Montand n’a point confié à la bande magnétique Son Homme : Anne Legrand, qui a su mettre la main sur une copie de cette rareté, est formelle : il s’agit, comme les trois autres pièces, d’un instrumental… Tant pis. Et tant mieux pour la chronologie…
Laquelle chronologie nous ramène pour commencer au joli mai de l’an 1953, puis au début de l’automne de la même année, pour nous entraîner enfin jusqu’au premier trimestre de 1954. Il s’agit là des enregistrements réalisés en studio et édités peu après, en 78 et 45 tours, par Odéon. Mais dans l’intervalle, fin 53, il y eut le légendaire récital du « Théâtre de l’Etoile ». Durant bien plus longtemps que prévu, il donna naissance, évènement des plus exceptionnels dans le domaine de la chanson en ce temps-là, à un double album microsillon 33 tours, 30 centimètres (ce qu’il convient de nos jours, à ce qu’on dit, d’appeler bêtement « vinyle »), présenté dans une adorable pochette illustrée par Jean Effel, qui autorisa ceux n’ayant pu se rendre au 33, avenue de Wagram, de savourer quand même l’intégralité de ce mémorable one man show. Même Trenet, lors de son passage dans la même salle près de deux ans plus tôt, n’avait pas eu droit à une telle débauche de luxe. C’est ce superbe fleuron de l’industrie phonographique hexagonale qui nous servira ici de plat de résistance…
 
Ce  « Théâtre de l’Etoile », aux dimensions humaines (1500 places), connu sous le nom de « Folies Wagram » lors de son inauguration en 1928, était devenu après la Libération le passage quasi obligé des petites et grandes vedettes de la chanson, à qui son directeur donna la préférence plutôt qu’à celles de l’opérette et du théâtre. Piaf et Trénet ne rechignèrent point à s’y produire fréquemment, mais Montand fut probablement celui qui le fréquenta le plus assidûment pendant une bonne douzaine d’ans… Douze mois tout juste après son arrivée, le 17 février 1944, dans un Paris encore fort occupé, Ivo Livi fit sa première apparition sur la scène de l’« Etoile ». En ce rigoureux hiver 44-45, il n’était encore que ce que l’on appelle la « vedette américaine », qui se produit en première partie du spectacle, avant l’entracte, et qui prépare en douceur le public au grand moment de la soirée. Quelquefois, la « vedette américaine » devient la vedette tout court : la salle refuse de le laisser partir. C’est ce qui arriva à Trenet à l’«ABC», début 38… Cette fois, sept ans plus tard, la vraie vedette était bien évidemment Madame Edith, alors embarquée en pleine romance avec le talentueux, souriant et dynamique grand jeune homme dont elle voulait absolument faire une star – quitte à avoir peur de lui après !... Le spectacle connut un beau succès pour l’une comme pour l’autre et se poursuivit en province et dans d’autres établissements parisiens.        
Edith Piaf revint à l’« Etoile » du 14 septembre au 4 octobre de cette année-là, mais Montand ne lui faisait déjà plus sa première partie. Plus question désormais de « lever de torchon » ! Lui, il se réservait pour la suite : les sept semaines menant du 5 octobre au 30 novembre (qui trouveront un prolongement à l’« Alhambra »), au cours desquelles il fut la vedette chantante et dansante à part entière – mais non point le seul à occuper la scène toute la soirée. Il ne donnait encore qu’une bonne douzaine de chansons (une quinzaine avec les rappels) et abandonnait la première partie du programme à ses camarades. La critique, malgré quelques voix discordantes, se montra enthousiaste, affirmant que, depuis la révélation de Trénet, Montand apparaissait de loin comme la plus forte personnalité. Le public ne bouda point et quelques membres de la famille montèrent même de Marseille pour fêter l’enfant prodige. Commentant ses prestations de l’automne 45 des années plus tard, le chanteur/acteur (« exclusivement un interprète n’ayant pas écrit la moindre chanson », plaidait-il), affirma : « Finalement, quand j’entre sur la scène en traînant une chaise pour incarner le veilleur de nuit de Gilet rayé qui va s’asseoir et conter son amour désespéré, c’est du cartoon, tout simplement. Du Tex Avery surtout. Du Walt Disney, du Grimault. Je suis de la génération du dessin animé… » (cité dans Tu vois, Je n’ai pas oublié, d’Hervé Hamon et Patrick Rotman – Seuil/Fayard, 1990). Piégé l’année suivante par Les Portes de la Nuit et par une rupture des plus douloureuses, Montand ne retrouva la scène de l’« Etoile » qu’en octobre et novembre 1947, alors que, signataire d’un mirifique contrat de cinéma qui finit par être annulé, il avait peu auparavant failli s’envoler pour Hollywood. Cette fois encore, Piaf le précéda dans les lieux, entourée de Pierre Roche et Charles Aznavour. Et, comme deux ans plus tôt, le chanteur ne s’octroya que la seconde partie du programme avec une quinzaine de titres, principalement choisis parmi ceux que le public aimait bien. Ce coup-là, la « vedette américaine », était une jeune dame débarquée de l’autre bout du pays, du département du Nord, chantant avec succès les charmes de sa Cabane au Canada : Line Renaud…   
Ce n’est en somme que du 5 mars au 27 juin 1951 que Montand, retrouvant l’« Etoile », put enfin réaliser un des ses grands rêves : le vrai solo absolu sur scène pendant plus de deux heures (avec, tout de même, un entracte) – ce qu’en français moderne on appelle aussi un one-man show. Et tant pis pour la « vedette améri­caine »… Tout seul n’est peut-être pas le terme exact, puisqu’il y avait aussi l’indispensable équipe des accompagnateurs, dirigée de manière douce et ferme à la fois par Bob Castella, avec en vedette, à la guitare, Henri Crolla et parfois – pas toujours, du fait de ses nombreuses autres activités – Hubert Rostaing à la clarinette… Eux, le chanteur, tout en les plaçant près de lui sur scène, les estompa (avec leur accord) derrière un léger voile de tulle, afin que ne fût point distraite l’attention de la salle. Il s’en trouva bien quelques uns pour le lui reprocher, mais il tint bon et récidiva. Au demeurant, le tulle n’empêcha jamais les musiciens de se livrer ça et là aux joies de la jam-session – puisque tous venaient du monde du jazz –, notamment en ouverture de chaque partie du spectacle. On a dit que le one-man show, déjà pratiqué outre Atlantique, avait été introduit dans notre vieille Europe si rétrograde par Yves Montand. Ce n’est pas tout à fait exact. Le 29 novembre 1947, déjà, Charles Trénet, dans ce même décor de l’avenue de Wagram, eut l’occasion de donner semblable récital, diffusé intégralement en direct à la radio (voir Intégrale C. Trenet, vol.7 – Frémeaux FA-087). Mais cela ne dura que le temps d’une unique soirée, aussi brève qu’exceptionnelle… Des années plus tôt, le 13 juin 1935, Jean Tranchant, compositeur, auteur, interprète à qui la chanson française doit beaucoup plus qu’on l’imagine, pionnier en ce domaine comme en bien d’autres, avait déjà tenté le coup à Pleyel, accompagné (rien que ça !) par le tout nouveau Quintette du Hot Club de France. Mais le succès resta pour le moins mitigé et, de toute façon, cela ne fut là en­core que l’affaire d’une nuit, dont ne demeure qu’un vague souvenir… Montand, lui, tint des mois et porta le genre à son point d’extrême perfection.
Tout ça pour dire que quand il repiqua au truc à partir du lundi 5 octobre 1953, il n’avait rien d’un demi-sel dans le domaine !... Et, on le sait, ce coup-ci la radio et la maison de disques, qui avaient bêtement loupé le coche deux ans auparavant, surent se faire pardonner. Il est vrai qu’un monsieur qui a pu vendre plus d’un million d’exemplaires 78 tours des Feuilles mortes, la chanson de Prévert et Kosma que le public boudait au début, a droit à tous les égards ! Il est vrai également, soyons justes, que les techniques d’enregistrement ayant fait de sérieux progrès en peu de temps, il était plus facile de capter un récital dans son intégralité en 1953 qu’en 1951. Quoi qu’il en soit, le dit récital 53 confirma à point nommé que la bonne formule avait bien été inaugurée deux ans plus tôt… En ces jours très anciens, on ne changeait pas un système qui marchait ! Et qui marchait d’autant mieux, même, que depuis Montand avait vu sa popularité augmenter encore, en particulier grâce à sa prestation, remarquée et appréciée, du Salaire de la Peur, Grand Prix du Festival de Cannes du millésime en question.
Ceux qui eurent la chance d’assister au récital en question, du simple spectateur aux  « pros » purs et durs, en passant par les musiciens (sur la scène et dans la salle), la famille, les copains et les copains des copains, s’accordent à reconnaître que cette cuvée 53 marqua un réel tournant. La qua­lité musicale de ce spectacle-ci fut sensiblement la même que celle de l’édition précédente et des suivantes, mais, selon le mot de Paul Grimault, représenta « un point culminant ». L’existence du double 33 tours déjà signalé n’y est sans doute pas pour rien. Du côté du répertoire, on remarquera que la plus grande part des airs de la première période phonographique (1945-48), comme Dans les Plaines du Far-West, Luna Park, Moi J’m’en fous, Battling Joe, Mathilda, Clopin-Clopant, ou encore, entre bien d’autres, Parce que ça me donne du Courage, Les Enfants qui s’aiment, Clémentine, figurant déjà aux programmes antérieurs, ont comme il se doit été écartés, au profit de créations des années 50-52 (Quand un Soldat, Une Demoiselle sur une Balançoire, Saltimbanques, Toi Tu n’ressembles à personne,C’est à l’Aube, Flamenco de Paris, Les Routiers, Dis-Moi Jo). On relève aussi un nombre assez éloquent de nouveautés millésimées 1953 : sorties toutes chaudes depuis peu, pour certaines, des presses catoviennes dans leur « version studio » (Il a fallu, Le Chemin des Oliviers, Car Je T’aime, Sanguine…), ou bien, pour d’autres, déjà mises en boîte mais pas encore commercialisées (Premiers Pas, Donne-Moi des Sous), ou même, pour deux d’entre elles (Du Soleil plein la Tête, La Ballade de Paris…), à refaire dès que possible, les versions initiales n’ayant pas donné satisfaction – on y reviendra… Les plus anciennes chansons, susceptibles déjà de faire appel aux souvenirs – encore relativement récents, tout de même ! – du spectateur sont Il fait des…, que Piaf lui confia en 45 (voir la toute première séance, dans le volume 1 – FA 199) ; A Paris (1948), du pote Lemarque ; les deux poèmes sans musique du non moins pote Prévert, Barbara et Le Peintre, la Pomme et Picasso (1949) ; du même mais en musique (signée Crolla), Les Cireurs de Souliers de Broadway (1948) ; encore du même et toujours en musique (signée Kosma), Les Feuilles mortes (1946-49), interprétées en bis… C’est si bon, qui clôt le pro­gramme, fait également partie des « anciennes » (1948)…
Pour illustrer le programme, celui sur papier glacé que l’on achète dans le hall avant le lever du rideau et qui, à côté de belles photos, fournit la liste et l’ordre des titres sélectionnés, c’est justement à Frère Jacques, généreux comme pas un et comme toujours, qu’on s’est adressé (pages 4, 5, 6) :
          « Un rideau rouge se lève  
          devant un rideau noir
          Devant ce rideau noir
          Yves Montand
          Avec le regard de ses yeux l’éclat de son
          sourire les gestes de ses mains la danse
          de ses pas
          dessine le décor
          Et la couleur vocale de sa voix éclaire le
          paysage de New Orleans old Belleville
          and Vieux Ménilmontant »…

Le succès fut tel que l’on joua les prolongations jusqu’au printemps d’après, mais l’enregistrement quant à lui fut effectué au cours de la première période, à savoir dès octobre 53. Certainement pas le soir de la Première, ni même les jours suivants, alors que le chanteur avait encore les nerfs à vif ! On attendit au moins le 15 octobre, pour que le héros de l’histoire commence à se détendre. Il est probable que les techniciens firent des essais dès le début (voire au cours des répétitions), afin d’être en mesure de suivre fidèlement un monsieur terriblement remuant sur scène… En tous cas, il ne fait guère de doute que le résultat tel qu’on peut encore l’apprécier aujourd’hui, correspond à une seule soirée. En d’autres termes, le « montage » pratiqué en studio le 26, ainsi que l’attestent certains documents, consista uniquement à raccourcir un poil la durée des applaudissements pour équilibrer les quatre faces de microsillon, et non à raccorder des fragments captés à des dates différentes…
        
Et, puisqu’il vient d’être question de studio (il s’agissait, à ce moment-là, des deux auditoriums ouverts à l’automne de 1951 par la maison Pathé-Marconi au numéro 14 de la rue de Magellan, à deux pas des Champs-Elysées, afin de remplacer petit à petit l’ancien, vétuste, de la rue Albert et le moins vieux, pas trop vaste, de la rue Pelouze), on remarquera que, pour ce qui touche les disques « normaux » (ceux destinés à sortir encore en 78 tours, mais aussi, de plus en plus souvent, en 45 tours, voire en 33 tours, 25 centimètres), Montand a mis la pédale douce pendant cette période extrêmement fatigante du récital. Vieille habitude : lorsqu’un évènement important survenait dans sa vie et sa carrière, il s’arrangeait pour faire passer son activité phonographique au second plan. Il fut tout de même sur la brèche de janvier à avril 1954, la firme commençant à manquer de cire fraîche : en des temps où le public n’était encore qu’assez peu équipé pour jouer les microsillons de longue durée, le double album ne suffisait pas…
Comme (presque) toujours avec les enregistrements de Montand en ces années Odéon, la recherche discographique revêt rapidement des allures de parcours du combattant. Ceux datés 53-54 se gardent soigneusement de faire exception à la règle ! D’abord, cela paraît clair comme le jour et de l’eau de roche tendrement mêlés  (pour dire comme Prévert). Les feuilles de séances indiquent gentiment les trois titres du 11 mai 1953 venant en conclusion de notre volume 2 : Le Vieux Canal (Ki 12380), Il a fallu (Ki 12381) et Le Chemin des Oliviers (Ki 12382) – une seule prise de chaque, apparemment celle choisie pour l’édition. Seulement voilà : l’impénitent perfectionniste tint absolument – il le fallait, évidemment ! – à refaire quatre jours plus tard Il a fallu (prise marquée « 22 »). Moralité : on ne sait plus aujourd’hui laquelle de ces prises fut sortie sur Odéon 282823. La une ? La deux ? Les deux peut-être, en alternance ? Ce qui, avouons-le sans honte, n’est point d’une importance capitale pour l’avenir du système solaire… La suite – le 12 mai –, ça peut encore aller. C’est avec ces titres-là que débute notre volume 3 : J’aime T’embrasser (Ki 12383) et Car Je T’aime (Ki 12384), pour lesquels Crolla inventa de jolies mélodies en forme de valses. A quoi il convient d’ajouter cette reprise du Vieux Caboulot (Ki 12386) de Francis Carco, doux rappel de parties de campagne à la Maupassant et Renoir sur les bords de Marne, quand les congés payés n’étaient encore qu’un beau rêve… On peut évidemment se demander où est passée la matrice Ki 12385. Eh bien, elle correspond à une chanson intitulée L’Enfant aux Oranges et fut refusée par Montand, qui ne jugea pas utile de la re­faire…
En conclusion de ces séances de mai 53, le 15 donc, outre la seconde prise d’Il a fallu, on ajouta, pour faire bonne mesure, deux nouveaux titres : une version initiale de Sanguine (Ki 12387) en grand orchestre et une première prise du Grand Amour de ma Vie (Ki 12388),  refusée elle aussi, qui dut attendre jusqu’au 26 septembre pour être remise sur le métier et enfin acceptée. Le 4 de ce même mois de septembre 53, déjà en pleine préparation du récital, Montand était revenu une première fois au studio, à seule fin de réenregistrer, cette fois avec le quintette habituel, une version assez différente de Sanguine, d’ailleurs nantie d’un nouveau numéro de matrice : Ki 12473… Les deux moutures de cette chanson jugée alors audacieuse, voire « lubrique »( !) de Prévert et Crolla furent l’une et l’autre commercialisées, mais sous des numéros de catalogue différents : Odéon 282822 pour celle du 15 mai (couplage Car Je T’aime) et Odéon 282860 pour celle du 4 septembre (cou­plage Le Grand Amour de ma Vie). Au mois d’août, la plus ancienne, à la suite de démêlés avec la censure radiophonique, avait été purement et simplement interdite d’antenne pour cause d’obscénité – pour ne pas dire de pornographie ! Sans doute n’est-ce pas pour cette raison que Montand décida de réenregistrer le corps du délit trois semaines plus tard : l’accompagnement était certes différent, mais le texte, lui, restait le même et l’interdiction ne pouvait nullement être levée… Simplement, il s’était rendu compte que l’accompagnement d’un orchestre trop volumineux nuisait plutôt à l’atmosphère sensuelle, caressante, de la pièce et était revenu à la formule qui lui convenait le mieux. Une tentative semblable, avec deux versions des Amoureux (voir volume 2, CD 2 – FA 5109), avait abouti, en 1952, au même résultat. De toute façon, Montand dut bien se marrer en chantant chaque soir pendant des mois, sur la scène de l’ « Etoile », le beau Sanguine de ce pornographe de Prévert !...
Le 26 septembre, il refit donc Le Grand Amour de ma Vie (Ki 12388-22 – adopté) et, dans la foulée, confia à la bande magnétique les premiers jets de deux nouvelles pièces promises à figurer en bonne place dans le récital : La Ballade de Paris (Ki 12482) et Du Soleil plein la Tête (Ki 12483). Ces deux-là, il aura vraiment du mal à les mettre en boîte ! Ainsi qu’il fallait s’y attendre, il refusa ces essais de septembre et refit les deux chansons (prises marquées « 22 ») dès le 2 octobre, soit trois jours avant la Première. Comme elles ne parurent point lui plaire davantage, il attendit tranquillement le milieu de l’année d’après pour revenir à la charge et enfin donner son feu vert. Si loin, que nous ne trouverons pas ici ces dernières nées et qu’il faudra patienter jusqu’à un volume ultérieur… Le rodage de la scène – surtout en lever de rideau pour La Ballade de Paris – fut sans nul doute bénéfique…  Le 2 octobre, le chanteur très occupé et sa bande ne se déplacèrent tout de même pas pour rien (du « Théâtre de l’Etoile » aux studios de la rue Magellan, le chemin n’est pas si long !), puisque, outre La Ballade et le Soleil pouvant mieux faire, ils donnèrent également Premiers Pas (Ki 12497) et Un Homme sans Cœur (alias Donne-Moi des Sous – Ki 12498). Ceux-ci, au moins, eurent plus de chance, que l’on adopta dès la première prise. Veinards !... Un Homme sans Sous/Donne-Moi des Cœurs porte la signature d’Anne-Marie Cazalis, une des muses secrètes du « Tabou » en ses belles et grandes nuits et de Saint-Germain-des-Prés (en général). Pour des raisons techniques, afin d’équilibrer les deux disques autour du récital, nous avons quelque peu bousculé la chronologie et placé ces deux titres après le spectacle en question. Mais il est certain qu’ils furent enregistrés avant… Quelques discographes affirment même qu’en réalité on les captura directement sur la scène de « l’Etoile » au cours des répétitions. C’est inexact : les documents portant sur l’activité des studios Magellan stipulent clairement que les quatre titres de ce jour – les deux refusés et les deux acceptés – furent bien enregistrés en ce lieu…
Contre toute attente, Montand ne refit donc pas La Ballade… et Du Soleil… à son retour au studio le 19 janvier 1954. A la place, il  risqua La Goualante du pauvre Jean – jolie scie de Marguerite Monnot et René Rouzeaud, que Dame Piaf était presque la seule assez gonflée pour balancer mine de rien en pleine poire de ses admira­teurs/trices – et, renouant avec son plan du Paris populaire, se montra nettement plus prudent avec Faubourg Saint-Martin (Ki 12628), concocté pour lui sur mesures – n’oublions pas en passant qu’à l’époque, ce faubourg-là était le repaire de la plupart des éditeurs de chansonnettes, le « Tin Pan Alley » local. La Goualante, pourtant pas facile, marcha du premier coup, alors que le chanteur se sentit obligé de renfiler le Faubourg le 4 février pour une seconde prise qui, cette fois, parut acceptable. Ce fut le seul titre fait cette fois-là. Six jours plus tard, le 10, on remit le couvert avec Neige sur la Ville (Ki 12663) et Cœur de mon Cœur (Ki 12664), mais, là encore, on ne délivra pas de bon à tirer. Ces deux airs, qui ne restèrent au répertoire guère plus d’une ou deux saisons, durent eux aussi être réenregistrés afin de se retrouver couplés sur Odéon 282949. Cela fut fait le 23 mars. Entre-temps, le 4 mars 1954, Montand enregistra deux nouvelles matrices, Ki 12699 et 12700, correspondant respectivement à Mon Pot’ le Gitan et La Tête à l’Ombre. Ici encore, le premier titre, l’hommage de Jacques Verrières et Marc Heyral à Django Reinhardt mort l’année précédente à l’âge de quarante-trois ans, passa comme une lettre à la poste (en ce temps-là un service public !), tandis qu’avec la souriante chanson de Paul Misraki, il fallut s’y reprendre à plusieurs fois. Une deuxième prise le 23 mars (quand furent refaits Neige sur la Ville et Cœur de mon Cœur) ne donna pas davantage satisfaction et il fallut revenir le 1er avril pour qu’une troisième tentative soit enfin couronnée de succès. C’est par cet essai transformé que se clôt le présent recueil. Ce premier du mois-là, dédié à tous les poissons du monde, Montand, à cinq jours de la quille, enregistra trois autres nouveautés…qui finirent par s’abîmer dans les fonds de tiroirs de la firme : Etrange Etranger (Ki 12752), qui est sans doute, en réalité, ce poème de Prévert intitulé Etranges Etrangers (au pluriel), La Plus Drôle (Ki 12753) et Le Puits (Ki 12754). Seule cette dernière chanson fera l’objet, six mois plus tard, d’une seconde prise. Quant aux deux autres, la bande étant rare et chère, on ne manqua sûrement point de la recycler ! Donc… Donc, on ne saura pas à quoi ressemblait ce bizarre Etrange(s) Etranger(s), ni qui  pouvait bien être La Plus Drôle… Dommage.                  
Daniel NEVERS

© 2007 Frémeaux & Associés/Groupe Frémeaux Colombini SAS


Remerciements : Alain ANTONIETTO, Philippe BAUDOIN, Henri CHENUT, Jean-Pierre DAUBRESSE, Alain DÉLOT, Ivan DÉPUTIER, Yvonne DERUDDER, Claude FIHMANN, Marcelle HERVE, Pierre LAFARGUE, Dany LALLEMAND, Anne LEGRAND, Emile NOEL, Gérard ROIG.


english notes

As is often the case with complete series, the chronology was almost upset once again.  Rumour had it that Yves Montand informally accompanied his pals in the Crolla trio (who were incidentally his regular accompanists, Henri on guitar, Emmanuel Soudieux on bass, Geo Daly on vibraphone) in the Parisian Rue de Magellan studio on 29 January 1953.  Four titles were scheduled, to be released on two 78s for Odeon.  The rumour in question also led one to believe that the singer sang the choruses of some of the tunes.  The scarceness of these discs prevents us from affirming this.  However, we do know that C’est mon Gigolo (Just a Gigolo – Ki 12228), the only title to reappear on a 45, was strictly instrumental.  We can also believe that Montand stood back in C’est pas une Chanson d’Amour (Ki 12226), as this song was already tucked in his repertoire and was ‘officially’ recorded in November and December 52 (see Volume 2 – FA 5109).  The enigma lies in Heureux tous les deux (Ki 12229) and, in particular, Mon Homme (My Man) (Ki 12227), the latter being issued under the catalogue reference 282753.  This tune was created in late 1920 by Mistinguett for the ‘Casino de Paris’ revue, Paris qui jazz and was taken on by Fanny Brice for  Florenz Ziegfeld in New York, and years later by Lady Day and a few others.
The facetious Maurice Chevalier may have parodied the title with his C’est ma Bonne (see Maurice Chevalier, Volume 1, CD 1 – FA 162), but it is hard to imagine the tall and lanky Yves, concerned by his public image, to launch into such unmanly material.  Rest assured, Anne Legrand managed to retrieve a copy of this rarity, and we can confirm it is another instrumental number.  And our chronology is preserved! Back to our time scale and apple blossom time in May 1953, then in early autumn of the same year to go on to the first trimester of 1954.  Studio recordings were made and issued shortly after as 78s and 45s for Odeon.  But meanwhile, in late 53 there was the legendary concert in the ‘Théâtre de l’Etoile’.  Lasting longer than intended, it gave birth to a double LP disc comprising the entire one man show.  We may savour this sublime moment of the French phonographical industry as our pièce de résistance. The ‘Théâtre de l’Etoile’ was known as the ‘Folies Wagram’ when opened in 1928, and following Liberation became the stage for the luminaries of song, and Montand probably trod its boards more than any other, being regularly billed for a good twelve years.  Only twelve months after his arrival in occupied Paris on 17 February 1944, Ivo Livi first appeared at the ‘Etoile’.  During this bitter winter of 44-45, he was simply known as the curtain raiser, he who plays first before the interval, preparing the public for the night’s main attraction.  Sometimes the curtain raiser became the main attraction, winning the hearts of the punters.  But the true luminary of the evening was Edith Piaf, then engaged in a fully-fledged romance with the young Yves.  The show was a big success for both and continued in the French provinces and on other Parisian stages.
Piaf returned to the ‘Etoile’ from 14 September to 4 October of the same year, but without Montand who was getting ready for the seven weeks from 5 October to 30 November (to be prolonged at the ‘Alhambra’) when he was to top the bill, but still sharing the glory with other performers.  He presented a dozen songs (fifteen with the encores).  The critics were enthusiastic on the whole, the audience was content and even some members of his family came from Marseilles to celebrate the prodigious son.  As the singer related many years later, recalling this episode, “Finally, when I went on stage, dragging along a chair to play the part of the night watchman of Gilet rayé who sits down and speaks of his desperate love affair, it’s simply a cartoon.  More like Tex Avery.  Or Walt Disney or Paul Grimault.  I am of the cartoon generation.” The following year Montand was trapped by Les Portes de la Nuit and a painful rupture, and returned to the ‘Etoile’ only in October and November 1947, whereas he had almost made it to the Hollywood screens, but his contract had been cancelled.  This time he was preceded by Piaf, surrounded by Pierre Roche and Charles Aznavour.  And again, in the second part of the programme, the singer came out with some fifteen titles, mainly those most appreciated by the public.  On this occasion, the American star was a young lady from the north of France, singing of her charming Cabane au Canada:  Line Renaud.
Only from 5 March to 2 June 1951 could Montand, back at the ‘Etoile’, fulfil his dream:  to be truly solo on stage for over two hours (with an interval all the same), a real one man show.  The term solo is perhaps exaggerated as he was nevertheless surrounded by his indispensable accompanists – led by Bob Castella with Henri Crolla on the guitar and occasionally Hubert Rostaing on the clarinet.  Although set close to the singer, they played behind a flimsy screen of netting so as to not distract the audience.  Yves Montand is claimed to be the European pioneer of the American one-man show concept.  This is not quite the case as Jean Tranchant had already instigated the genre in 1935 as did Charles Trénet in 1947.  But these were merely one-off experiments whereas Montand launched wholeheartedly into the idea, bringing it to a tee. In 1953, the radio and record industry were ready and waiting for what they had missed a couple of years previously.  Admittedly, recording techniques had greatly improved since the previous recital, and Montand’s popularity had increased by leaps and bounds, particularly after his performance in Le Salaire de la Peur (The Wages of Fear) which won the Grand Prix in the 1953 Cannes Festival. The fortunate spectators of the recital, professionals and amateurs alike, all appreciated the calibre of this particular vintage.  The musical quality may have been comparable to that which preceded or which was to follow but the show boasted an extra je ne sais quoi.  And the aforementioned double album which resulted.  As regards his repertory, most of the tunes of the first phonographic period (1945-48) such as Dans les Plaines du Far-West, Luna Park, Moi J’m’en fous, Battling Joe, Mathilda, Clopin-Clopant, or among many others, Parce que ça me donne du Courage, Les Enfants qui s’aiment, Clémentine which were already featured in previous programmes, were put to one side, favouring creations of 1950-52 (Quand un Soldat, Une Demoiselle sur une Balançoire, Saltimbanques, Toi Tu n’ressembles à personne, C’est à l’Aube, Flamenco de paris, Les Routiers, Dis-Moi Jo).  We can also note quite a number of 1953 novelties (Il a fallu, Le chemin des Oliviers, Car Je T’aime, Sanguine, etc) and others, already recorded but not yet released (Premiers Pas, Donne-Moi des Sous) and there were even two (Du Soleil plein la Tête, La Ballade de Paris) which were to be re-cut asap as the initial versions were not satisfactory.  We’ll come back to that.  The oldest songs for (relatively recent) remembrance sake were Il fait des …, (see the very first session in Volume 1 – Fa 199), A Paris (1948), Picasso (1949), Les Cireurs de Souliers de Broadway (1949), Les Feuilles mortes (Autumn Leaves) (1946-49) and C’est si bon (1948).
Such was the success that the show ran until the following spring, but the recording itself was made in the first period, as from October 53.  Obviously not on the Première or during the next few days when the singer was still on edge.  Indeed, it was not before 15 October when the hero of this tale began to loosen up.  The technicians probably made test runs right from the start (and even during rehearsals) in order to follow Yves’ activity on stage.  However, the concert as we can appreciate it today resulted from just one evening.  During the studio assembly on 26 October, only some applause was cut to balance the four sides of the discs and it by no means fused various fragments from several concerts. Speaking of studios, Montand put his phonographic activity to one side during the extremely tiring concert run.  Nevertheless, he made an exception from January to April 1954 as the company was crying out for fresh wax. Some confusion lies in Montand’s 1953-54 recordings for Odéon.  As per the session sheets,  three titles of 11 May 1953 were cut, closing our Volume 2 -  Le Vieux Canal (Ki 12380), Il a fallu (Ki 12381) and Le Chemin des Oliviers (Ki 12382) – and just one take was made of each, apparently that chosen for issue.  However, the painstaking Yves decided to come out with another Il a fallu (take ‘22’) four days later.  So which of these takes bore the reference Odéon 282823?  The session held on 12 May is less confusing and opens this volume:  J’aime T’embrasser (Ki 12383) and Car Je T’aime (Ki 12384), sung to Crolla’s pretty waltzing melodies.  To this we can add the remake of Le Vieux Caboulot (Ki 12386) by Francis Carco, reminiscent of Renoir’s portrayal of the banks of the River Marne, in the days when paid vacation was just a dream.  The omitted matrix Ki 12385 corresponds to a song entitled L’Enfant aux Oranges which Montand refused and didn’t attempt to record again.
The final session of these spring sessions, held on the 15th May 1953, hatched the second take of Il a fallu plus two new titles:  an initial version of Sanguine (Ki 12387) with a big band backing and a first take of Le Grand Amour de ma Vie (Ki 12388), which was also refused to be reworked and finally accepted on 26 September.  On 4 September, while preparing for the recital, Montand had already returned to the studios in order to re-record a quite different version of Sanguine, this time with the regular quintet (Ki 12473).  Both renditions of this song by Jacques Prévert and Crolla were then considered bold, even ‘lewd’ but were registered under different catalogue numbers – Odéon 282822 for the 15 May recording (coupled with Car Je T’aime) and Odéon 282860 for that of 4 September (coupled with Le Grand Amour de ma Vie).  In August, the former had been banned from the air for obscenity!  Notwithstanding Montand decided to re-record it three weeks later.  The accompaniment was certainly different but the lyrics remained unchanged, so the ban could not be lifted.  Yves must have had a good chuckle every night in the ‘Etoile’ while singing the beautiful Sanguine spiced by the lecherous Prévert! So on 26 September, he remade Le Grand Amour de ma Vie (Ki 12388-22) and at the same time offered some fresh pieces:  La Ballade de Paris (Ki 12482) and Du Soleil plein la Tête (Ki 12483), promising novelties for his recital.  But the latter couple was particularly onerous.  He refused these September takes to try once more on 2 October (takes numbered ’22), just three days before the Première.  He was still dissatisfied with these new attempts, so bided his time until the middle of the following year, when he was to eventually give his thumbs up to the new babes which we will find in a volume to come.
On 2 October, the busy singer and band still found time in the studios to offer Premiers Pas (Ki 12497) and Un Homme sans Coeur (aka Donne-Moi des Sous – Ki 12498).  The lucky tunes were accepted straight off.  Un Homme sans Sous/Donne-Moi des Coeurs was signed by Anne-Marie Cazalis, one of the secret Muses of the ‘Tabou’ club during the magnificent epoch of Saint-Germain-des-Prés.  For technical reasons, so as to balance the two discs around the recital, we have somewhat altered chronology, placing these two titles after the show in question.  Some discographers claim that in fact they were recorded on the ‘Etoile’ stage during rehearsal.  But this is not the case.  Documents from the Magellan studios clearly state that the four titles of the day – those refused and those accepted – were indeed cut in their establishment. Much to the surprise of all, when Montand returned to the studios on 19 January 1954, he didn’t try La Ballade de Paris or Du Soleil plein la Tête but instead, risked La Goualante du pauvre Jean written by Marguerite Monnot and René Rouzeaud  in particular for Piaf and, on a safer note, Faubourg Saint-Martin (Ki 12628), a made-to-measure tune, remembering that the Faubourg in question was the Parisian equivalent of Tin Pan Alley, housing most music publishers.  La Goualante, not an easy piece, was mastered straight away but the singer returned with his Faubourg for a second take on 4 February for a satisfactory version.  This was the only title recorded on this particular day.  Six days later, on 10 February, a new session was in store giving way to Neige sur la Ville (Ki 12663) and Coeur de mon Coeur (Ki 12664), but again the tunes were turned down.  They were featured in Yves’ repertoire for just a season or so, and were rerecorded on 23 March to be issued together on Odéon 282949.
Meanwhile, on 4 March 1954, Montand cut two new mothers, Ki 12699 and 12700, Mon Pot’ le Gitan and La Tête à l’Ombre respectively.  The first title where Jacques Verrières and Marc Heyral give tribute to Django Reinhardt, who had passed on the previous year aged forty-three, went down a treat, whereas Paul Misraki’s happy song necessitated more effort.  The second take on 23 March (at the same time as the remakes of Neige sur la Ville and Coeur de mon Coeur) was also refused but on 1 April the third time proved lucky.  The present selection closes with this transformed version.  On the same day, Montand recorded three other novelties, which the company was to put aside and gather dust in a bottom drawer:  Etrange Etranger (Ki 12752), which is undoubtedly the Prévert poem entitled Etranges Etrangers (plural), La Plus Drôle (Ki 12753) and Le Puits (Ki 12754).  Only the latter benefited from a second take six months on.  The other two have disappeared into thin air.  Shame.
English adaptation by Laure WRIGHT from the french text of Daniel NEVERS
© 2007 Frémeaux & Associés/Groupe Frémeaux Colombini SAS


CD INTÉGRALE YVES MONTAND 1953-1954 - UNE ÉTOILE À L’ÉTOILE © Frémeaux & Associés. (frémeaux, frémaux, frémau, frémaud, frémault, frémo, frémont, fermeaux, fremeaux, fremaux, fremau, fremaud, fremault, fremo, fremont, CD audio, 78 tours, disques anciens, CD à acheter, écouter des vieux enregistrements, albums, rééditions, anthologies ou intégrales sont disponibles sous forme de CD et par téléchargement.)

commander les produits Frémeaux ?

par

Téléphone

par 01.43.74.90.24

par

Courrier

à Frémeaux & Associés, 20rue Robert Giraudineau, 94300 Vincennes, France

en

Librairie ou maison de la presse

(Frémeaux & Associés distribution)

chez mon

Disquaire ou à la Fnac

(distribution : Socadisc)

Je suis un(e) professionnel(le)

Librairie, disquaire, espace culturel, papeterie-presse, boutique de musée, médiathèque…

Contactez-nous