Swing Caraibe
Swing Caraibe
Ref.: FA069

CARIBBEAN JAZZ PIONEERS IN PARIS 1929 - 1946

Ref.: FA069

Direction Artistique : JEAN-PIERRE MEUNIER

Label : Frémeaux & Associés

Durée totale de l'œuvre : 1 heures 43 minutes

Nbre. CD : 2

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Présentation

Un nouvel éclairage sur l'un des aspects les plus occultés de l'histoire du jazz : la contribution des musiciens antillais à l'émergence d'un jazz français. Jean Pierre Meunier présente en un coffret de 2 CD accompagné d'un livret de 40 pages l'héritage et la construction du Jazz Créole.
Patrick Frémeaux

Droits éditorialisation : Frémeaux & Associés Jazz - L'histoire sonore de notre mémoire collective à écouter - Antilles - Créole - Biguine.



THE GOOD EARTH ROBERT MAVOUNZY EN JAM SESSION AU 'MALESHERBES CLUB' • HALLELUYAH SOLO DE SAXOPHONE PAR LE VIRTUOSE GUADELOUPEEN FELIX VALVERT • ARMIDE ORCHESTRE CREOL'S BAND, DIRECTION FELIX VALVERT • SONNY BOY FELIX VALVERT AVEC VAISSADE ET LATORRE • HE'S MY SECRET PASSION NOTTE AND HIS CREOLE BAND DE 'LA COUPOLE DE MONTPARNASSE' • I'VE FOUND A WONDERFUL GIRL NOTTE AND HIS CREOLE BAND DE 'LA COUPOLE DE MONTPARNASSE' • SHUFFLE OFF TO BUFFALO MAYAMBA ET SON JAZZ • SWING LOW SWEET CHARIOT LOUIS-THOMAS ACHILLE, ORCHESTRE ROGER GUTTINGER • EENY MEENY MINEY MO JAZZ SAM CASTENDET • SWEET GEORGIA BROWN JAZZ SAM CASTENDET • MY HEART DEL'S JAZZ BIGUINE, DIRECTION EUGèNE DELOUCHE • SWING BUT SWEET PIERRE LOUISE ET ALBERT LIRVAT • CET AIR CONVIENT À MA MELANCOLIE PIERRE LOUISE ET ALBERT LIRVAT • OH! CETTE MUSIQUE • FREDY JUMBO ET SON ENSEMBLE • SEUL CE SOIR FREDY JUMBO ET SON ENSEMBLE • BEGONIA SWING FREDY JUMBO ET SON ENSEMBLE • SWING 42 FREDY JUMBO ET SON ENSEMBLE • BOOGIE WOOGIE FREDY JUMBO ET SON ENSEMBLE • CE SOIR FREDY JUMBO ET SON ENSEMBLE • LE WA DI WA WA OU FREDY JUMBO ET SON ENSEMBLE • VOYAGE AU LONG COURS FREDY JUMBO ET SON ENSEMBLE • INSPIRATION HARRY COOPER ET SON ORCHESTRE • BLUES 43 HARRY COOPER ET SON ORCHESTRE • NUAGES HARRY COOPER ET SON ORCHESTRE • LA CIGALE HARRY COOPER ET SON ORCHESTRE • ALLEGRO HARRY COOPER ET SON ORCHESTRE • NOS IMPRESSIONS HARRY COOPER ET SON ORCHESTRE • CAPRICE EN UT HARRY COOPER ET SON ORCHESTRE • LUNE ROUSSE HARRY COOPER ET SON ORCHESTRE • PARTIE DE PLAISIR GUS VISEUR ET SON ORCHESTRE • HOT-CLUB PARADE LEO CHAULIAC ET SON ORCHESTRE • SAINT-LOUIS PELOUZE LEO CHAULIAC ET SON ORCHESTRE • SWING GUITARS JEAN FERRET ET SON SIXTETTE • GEORGINA ENSEMBLE SWING DU HOT-CLUB COLONIAL • J'ADORE LA MUSIQUE ENSEMBLE SWING DU HOT-CLUB COLONIAL • MISTY SUNRISE JAM SESSION N° 6.

Presse
                          L'ESPRIT CRÉOLE par vibrationsLe fabuleux destin des Antillais de Paris s’écrit sur plus d’un siècle. Où l’on se rend compte qu’il y a une vie avant et après le zouk.Il y a un siècle tout juste, au printemps 1902, la montagne Pelée raya d’un jet de lave et de poussière la ville de Saint-Pierre. A l’époque, la métropole martiniquaise forte de près de trente mille âmes était la capitale des Antilles françaises, et plus largement l’une des grandes cités de la créolité  caraïbe. Son rayonnement culturel allait bien au-delà des rivages. On y dansait et jouait de la biguine, la musique des salons d’une bourgeoisie métisse bourgeonnante. Née quelques décennies plus tôt, cette musique aux origines incertaines, dont même les plus fameux spécialistes ne se risqueraient pas à en expliquer le nom, combine le souvenir tenace des tambours africains à l’héritage du quadrille. Pour Jean-Pierre Meunier, spécialiste de la question à qui l’on doit de multiples rééditions sur le label Frémeaux, « il s’agit d’une interprétation de la polka à la manière africaine, marquée par les syncopes ». A chacun sa définition. Toujours est-il que quand on songe que la Louisiane fut française, quand on pense que les transactions commerciales et les migrations de population furent fréquentes entre les îles et la côte du Golfe du Mexique, on ne peut manquer de tisser un lien évident entre le jazz qui allait naître aux États-unis et la biguine dont le centre créatif venait de s’éteindre des suites de cette catastrophe naturelle. Jean-Christophe Averty osera même : « Si saint-Pierre n’avait pas été totalement détruite, le jazz y serait né ! ».Les instruments de la révolteÁ l’orée du vingtième siècle, le mento jamaïcain, le son cubain, la samba brésilienne apparaissaient, styles à l’évidence cousins de la biguine. Chacune de ces musiques nées en ville même les harmonies européennes aux cadences africaines, sur quelques accords de base et une trame mélodique appuyée. On pourrait de même rapprocher les instrumentations…Chacune conserve une part de l’héritage de la grande déportation, longtemps consigné dans des sociétés secrètes, plus ou moins syncrétiques. La biguine porte en elle les stigmates des lewoz et autres chants de veillée, dont elle s’affranchi en s’urbanisant, en même temps que l’esclavage est aboli. Dès lors, deux branches d’un même tronc vont se séparer pour ne se retrouver qu’un siècle et bien des péripéties plus tard. D’un côté, les tambours et la transe rythmique vont nourrir le terreau des mornes, ces petits monts arrondis des îles, des campagnes ; de l’autre, les cordes et la danse mélodique vont se développer sur le pavé des villes. « Mais l’esprit de la biguine a toujours été dans le ka », tempère Eric Vinceno, bassiste guadeloupéen qui a grandi avec les grands maîtres du genre mais qui a aussi retenu les leçons du jazz appris à Berklee. En 2002,il est temps pour sa génération de réunir enfin ces deux traditions. Il est temps de réexaminer à leur juste valeur le gwo ka et son équivalent martiniquais le bel-air, ces instruments ces instruments de la révolte, de la résistance à la colonisation. Ces longs fûts taillés dans les barriques de rhum conservent les origines de antillais, demeurent les porte-parole de leur originalité. « Le ka, ce n’est pas qu’un rythme et un tambour. C’est un phrasé, un sens mélodique. Il y a toute une dimension spirituelle », ajoute Vinceno. Tandis que la biguine devient l’emblème, puis le zouk, de la musique antillaise, le ka est rejeté aux oubliettes d’une histoire filtrée selon les critères politiques de la métropole. Il y a bien des raisons d’expliquer l’attitude de la France dans cette affaire, qui n’a jamais favorisé cette expression. Si la conga et le djembé n’ont pas de secrets pour le français moyen, le ka et le bel air font figures d’illustres inconnus pour la plupart. Ce n’est pas là l’un des moindres paradoxes de cette drôle d’histoire coloniale qui fit taire les tambours, bannir le créole de l’école jusque dans les années 60, tandis que nombre d’antillais affichaient l’envie de se blanchir, de s’assimiler pour réussir en s’intégrant au risque de se désintégrer…Précurseurs et passeurs« Pendant très longtemps, la musique antillaise a été parquée, réduite à la Compagnie créole et Kassav. Et pourtant depuis le début du siècle, les Antillais ont apporté beaucoup de musique dans leurs bagages. Mais les français ne se sont pas rendu compte que le chaînon manquant entre les États-unis et l’Europe, c’était les Antilles ! Les décideurs ont privilégié les Afro-américains ». L’écrivain et musicien Roland Brival ne cache pas son amertume face à une métropole qui a privilégié la voie « doudouiste », plus simple à contrôler que celle d’une réelle diversité, loin de tout exotisme bon teint, mais sans doute plus proche des discours indépendantistes. A toutes les époques, les Antillais ont été à la fois précurseurs et passeurs, conservant leur accent spécifique tout en adaptant avec aisance aux autres musiques. Pour Vinceno, « les Antillais ont plus de facilités à jouer tous les répertoires. Ils ont l’oreille. C’est sans dout du à notre culture créole ». Albert Lirvat, l’un des mentors de l’époque, précise : « Contrairement aux Cubains, nous avons la chance de pouvoir jouer n’importe quel style. Si on avait eu un conservatoire aux Antilles, on aurait sorti des musiciens extraordinaires ». Sans, ce n’est déjà pas si mal…De Félix Valvert, surnommé « roi de la rumba » dans le Paris des années 30 à Daddy Yod, « prophète » en son genre d’un dancehall à la française au milieu des années 80. Du virtuose Stellio, clarinettiste qui débarque avec la biguine du « serpent maigre » et un sens inné du swing dans le Paris des années folles, à Henri Guédon, qui fera chavirer tambour battant la capitale avec sa salsa. De Liquid Rock, trio en fusion dirigé par Alain Jean-Marie dès les années 60 aux grandes fanfares créoles d’Eddy Louiss…Et que dire de Vélo, véloce tambourinaire qui finira sur les trottoirs de Pointe-à-Pitre le 5 Juin 1984…Paris, terre d’accueilDes orchestres de « jazz » des années 20 aux solistes tels que que le saxophoniste Emilen Antile, le guitariste André Coudouant, le clarinettiste Robert Noisron, le pianiste Michel sradaby qui s’illustrèrent à la suite du bop, les Antilles ont envoyé des bataillons de musiciens, des générations d’excellents instrumentistes, mais pour peupler les longues nuits de séance studio plus que pour exprimer leurs différences de styles. Rares sont ceux qui réussiront à se faire un nom, à passer à la postérité du patrimoine national. Des pianistes en pagaille, des souffleurs en rafale, des tambours en série, des chanteurs d’exception…Des dynasties entières quand on songe aux Louiss, père et fils, à la fratrie Jean-Marie, à la famille Fanfant, de Roger directeur d’orchestre dans les années 20 à Jean-Philippe, qui a traversé le siècle et du mêm coup tout le spectre de la musique noire. Tous ceux-là seront bien là parmi les plus grands, bien peu sur le devant de la scène. Tous iront contre mauvaise fortune aller chercher la reconnaissance à Paris. « et sans doute inconsciemment une respectabilité ; Mais en même temps, ils étaient porteurs de leurs différences, des idées nouvelles nées aux États-unis », souligne Vinceno. L’émigration s’accélère avec l’exposition coloniale de 1931, où les soufflants antillais s’affichent tout pavillon dehors. C’est à la capitale que ces amateurs se professionnalisent, s’inspirent des autres musiques pour créer, même si la biguine tient alors le haut du pavé. Le phénomène va s’amplifier avec la guerre, et l’impossibilité pour les musiciens américains de venir swinguer. « La guerre a permis aux Antillais de remplacer les Américains dans les grands orchestres. Cela s’est fait naturellement d’autant que certains, comme Sam Castendet, avaient déjà gravé des pièces de jazz avant-guerre. Ils jouaient à l’identique. Un musicien comme Mavounzy était capable de tout mémoriser et rejouer, ajoutant un petit vibrato très personnel », analyse Jean-Pierre Meunier. Le jazz, les musique cubaines et autres versions latines n’ont plus aucun secret pour les antillais. Mais l’âge d’or de la biguine se situe dans l’après guerre et les années 1950. C’est l’époque des grands lieux qui font courir le tout-Paris, mais aussi les musiciens américains de passage. Il n’est pas rare d’y entendre les grands jazzmen de passage y boeuffer tard dans la nuit. Il y a la Boule Blanche, la Canne à Sucre, le bal de la rue Blomet…Il y a surtout La Cigale, la grande brasserie de Pigalle qui va brasser toutes les générations jusqu’à sa fermeture, le 28 Septembre 1975.Le wabap d’Al LirvatDu haut de ses 87 printemps, Al Lirvat se souvient de ses vertes années. Sa carrière est exemplaire, son style emblématique. Guitariste autodidacte, il déboule de sa guadeloupe en Décembre 1935. Il est déjà un bon musicien amateur, un compositeur en herbe, mais pas encore le visionnaire loué par tous. Plusieurs rencontres vont s’avérer décisives, à commencer par celle avec Félix Valvert : « Il m’a embauché dans son orchestre pour remplacer son tromboniste qui venait de mourir. Seulement, moi, j’étais guitariste ! J’ai donc tout appris à l’oreille, en travaillant les chorus de Jack Teagarden, JJ Johnson et JC Hingginbotham ». C’est ainsi qu’il se met au jazz américain, initié par son ami Charles Delaunay. Il est vite cité au plus haut dans les classements du Hot Club. Et là, deuxième révélation qui cette fois va révolutionner la biguine. « En février 1948, j’ai assisté comme tous ceux qui étaient curieux au concert de Dizzy avec Chano Pozzo à Pleyel. Bien entendu, dans ce déluge de notes, on n’y comprenais rien ! Mais quand j’ai commencé à piger, tout est devenu limpide. Et je me suis dit : pourquoi ne pas faire pareil avec la biguine ? » Il crée alors le wabap, c’est-à-dire les principes du cubop et du bebop appliqués à la biguine, qu’il modernise en intégrant des assonances et des dissonances, des accords altérés et des rythmes en cinq, six et sept temps. « Le nom m’a été soufflé par Nelly, une danseuse de la Canne à Sucre ». « Doudou pas pleuré » sera le titre phare qui marque une rupture avec la tradition des années 1950. Dès lors, il ne sera jamais plus tout à fait considéré comme un musicien de biguine ni comme un musicien de jazz par les puristes des deux côtés. Entre les deux, ce mélodiste raffiné était surtout en avance de cinquante ans ! Il suffit de se pencher sur ses quelques 250 compositions originales pour mesurer le talent de ce personnage qui, à la fin des années 1960 va encore inventer un nouveau rythme, le kalangué, bientôt suivi par le beka. « Deux temps after beat, deux temps biguine : la parfaite combinaison ! C’était aussi une danse, avec une cavalière et des pas bien précis ». Et de mimer sa danse sous les lambris de sa vaste demeure aux allures de palais habanero. « C’était chouette !». L’expression nous rappelle un autre « Antillais » revenu d’on ne sait où : Henri Salvador, lui aussi guitariste et fin mélodiste. En 2002, Al Lirvat vit toujours à Paris, il est encore absent des encyclopédies de jazz, au même titre que l’immense saxophoniste Robert Mavounzy.Le Tépaz de Ti MarcelÁ deux pas de chez lui, on retrouve un autre rescapé de la belle époque des mazurkas et biguines. Le saxophoniste martiniquais Ti Marcel, de son vrai nom Marcel Louis-Joseph, n’a « que » 72 ans. Lui aussi a débuté en autodidacte, « sur le pipeau de mon cousin », puis sur un biniou troqué contre un biclou. Ti Marcel découvre le jazz en gagnant à la loterie un Tépaz et un 75-78 tours de jazz. « Johnny Hodges, Coleman Hawkins et surtout Don Byas ». Il les rejoue note à note, tant et si bien que très vite on surnomme le jeune homme Don Byas. Le jour où il croise l’Américain aux Trois-Maillets, celui-ci l’invite à « se démarquer de son jeu ». Mais voilà, celui qui affirme avoir joué de tout, « du mambo, du paso doble, des boléros, des guarachas », a pour modèle les grands ténors américains de l’époque : Lester Young et Sonny Rollins, plus que Stellio et Sylvio Siobud…S’il a connu une carrière bien remplie, s’il a joué avec Quincy Jones début 60, Ti Marcel restera pour la mémoire un bon musicien de séance, n’ayant gravé qu’un disque sous son nom. Il ne regrette rien, bien au contraire. « Si j’étais resté au pays, je seraiplus connu, mais moins fort techniquement ». Et le retraité des affaires d’enchaîner quelques chorus chaloupés, du Rollins et une biguine. « Avec un solo de jazz, j’peux pas m’en empêcher ! ».La salsa du démon Guédon.Originaire de Fort-de-France et influencé par Sainte-Marie, « lieu mythique et mystique du bel air, l’équivalent du guaguanco cubain », le touche-à-tout Henri Guédon fut lui aussi un musicien attentif aux nouveaux courants venus des Etats-Unis. C’est ainsi qu’il créera très tôt la contesta, marquée par la musique latine, mais c’est endébarquant en France qu’il prend un temps d’avance sur son époque. Il participe aux prémices de la fusion du Chat qui Pêche avec Loe Maka et Tony Scott et au début des années 1970, de retour de New York, il s’illustre en créant un big band de jazz caraïbes aux fortes consonances salsa. « A Paris, nous avion plus de possibilités, les producteurs étaient plus ouverts », se souvient le quasi-sexagénaire assagi qui réalisa « les premières adaptations créoles de classiques cubains ». C’est à lui que l’on doit la vague zouk, « un mot tiré du créole qui désignait une pauvre paillote, un lieu de perdition qui accueillait toutes les fusions avec les tambours ». Aujourd’hui épuisés, « Cosmozouk » et « Zouk experience » sortirent sur CBS au milieu des années 70.Á écouter ces tourneries insensées, on mesure le contresens historique et esthétique qui va suivre, même si les premiers disques de Kassav, de Malavoi, sont loin d’être sans qualité. « Le zouk ne me gêne pas. Il y en a juste trop, et pas assez bon ». A l’époque, il enflamme L’escale, lieu de rendez-vous des danseurs et transeurs. Avec le recul, celui qui se considérait comme un franc-tireur, l’ami de Pierre Goldman, estime que « cette attitude a fait avancer les choses ». « Je me souviens que le public communautaire nous sifflait. Il nous fallait prendre le maquis ! Mais nous avons montré le chemin aux plus jeunes ». Depuis bientôt vingt ans, le percussioniste-compositeur s’est fait plus discret, favorisant une autre facette de son travail, les arts plastiques. Il n’en reste pas moins créatif, toujours prompt à se lancer dans l’aventure si tant est qu’on lui donne l’envie et la place. La réécoute attentive de disques comme « Afro Blue » et « Afro Temple » est un argument qui devrait achever de convaincre les plus sceptiques…Retour aux racinesSi la fermeture de la Cigale conclut la fin d’une ère, celle d’un jazz antillais aux couleurs de la biguine, c’est à la même époque que débarquent progressivement d’autres musiciens, cette fois plus soucieux de valoriser leurs origines africaines. L’heure n’est pas encore à la world, mais déjà à la « musique racine ». Le ka et la flûte en bambou peuvent enfin desczendre des mornes. Depuis les années 60, quelques maisons (Cellini, Emeraude, Mavounzy) publient des disques de cette musique de « mauvais garçons », mal considérée voire envisagée comme une tache sur les vestons bien propres et lisses de la bourgeoisie typique. « dans le miouvement d’assimilation, le ka était un symbole dérangeant. Pour moi, il est l’affirmation de notre identité », pointe Klod Kiavé, tambourinaire guadeloupéen arrivé en 1994 avec la dernière vague et coleader du groupe Wopso. Q’importe : les temps changent, l’heure est à l’indépendance et les tambours sont là pour rappeler de douloureux souvenirs. En la matière, quelques personalités vont vite s’illustrer : le flûtiste Max Cilla, les percussionistes Robert Loyson, Ti Raoul Grivalliers…Là encore, impossible de tous les citer tant le vivier est riche. Il en est deux pourtant que l’on ne peut passer sous silence : Eugène Mona et Marcel Lollia, plus connu sous le sobriquet de Vélo. Le premier est martiniquais, joue de la flûte et chante comme Fela. Le second est guadeloupéen et frappe les peaux aussi fort, aussi juste, qu’un Patato. L’un et l’autre incarnent l’âme noire qui renaît. La légende de l’un et le mythe de l’autre ne traverseront jamais tout l’océan. Vélo terminera dans le caniveau, Mona dans le quasi oubli. Et pourtant n’importe quel percussionniste antillais vous dira que Vélo était le meilleur marqueur, à la fois le plus ouvert et le plus conscient de ses racines. L’un comme l’autre ont réveillé les consciences. Leur spiritualité va irradier toutes les générations à venir à Paris. D’autant mieux qu’en métropole, l’heure est au free. Les héritiers de Césaire peuvent enfin sortir du ghetto, la musique bwa-bwa ou chouval-bwa raisonner de son plus bel écho. Et là encore, la parenté est évidente avec les musiques noires américaines. « Il existe un sentiment ka comme il existe un sentiment blues », résume Klod Kiavé. « Le boladieul, c'est-à-dire le tambour de bouche dans la musique ka, c’est du scat qui s’ignore », précise Roland Brival. […]Trois livres pour en savoir plus« Félix Valvert, le roi de la rumba » (Ed. New Legend), par Isabelle de Valvert. La biographie du saxophoniste et chef d’orchestre qui en forma plus d’un. Á noter la future parution dans la même collection d’un ouvrage consacré à Al Lirvat. « La Biguine de l’Oncle Ben’s » (Ed. Caribéennes), par Jean-Pierre Meunier et Brigitte Léardée. Avant de devenir le célèbre Oncle Ben’s, Ernest Léardée a traversé le siècle et l’océan pour imposer à Paris le son typique de la biguine.« Musiques & musiciens de la Guadeloupe », par Alex et Françoise Uri. Un ouvrage un peu ancien mais qui a l’intérêt de bien insister sur les racines de la musique antillaise.Jacques DENIS© VIBRATIONS
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Frémeaux & Associés est le premier éditeur sonore du patrimoine créole. La direction de la réédition de toute l’histoire de la musique antillaise a été confiée à M. Jean-Pierre Meunier, spécialiste de la musique et de l’histoire des Antilles.Ce travail a été honoré de l’ensemble des distinctions de la presse World Music, comme de la presse classique ou jazz. Frémeaux & Associés est particulièrement sensible aux nombreux courriers reçus depuis les Antilles de la part d’auditeurs heureux d’avoir pu retrouver la mémoire de leur histoire (biguine, valses & mazurkas créoles, naissance du zouk et du mambo…)
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Le label Frémeaux & Associés a œuvré pour la redécouverte du patrimoine antillais, souvent méconnu, voire « mal entendu » sous nos tropismes. Parmi les nombreuses compilations, thématiques ou monographiques, celle-ci souligne la contribution essentielle des Guadeloupéens et Martiniquais au jazz des premières heures. Les zélés souffleurs Félix Valvert et Robert Mavouzy, le batteur Sam Castendet, Freddy Jumbo et son Orchestre, et surtout Al Lirvat, l’inventeur du wabap, une forme de bebop créolisé. LE MONDE
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Les « étonnants collectionneurs » réunis par Patrick Frémeaux n’en finissent pas de nous épater : après avoir exploité les « sons patrimoniaux de nos émotions » du côté des cow-boys, des chanteurs de tango, des accordéonistes ritals et autres instrumentistes tziganes, ces discographes-fous s’attaquent à l’exotisme des années folles ! Entre les deux guerres, la société cosmopolite qui faisait la fête de New York à Berlin via Paris découvrait le jazz en même temps que les musiques tropicales…Et de nos jours, si la musique hawaïenne concerne surtout la variété Américaine, la musique des Caraïbes est installée dans la musique des fêtes Parisiennes depuis deux ou trois générations. Par exemple, un grand musicien français de jazz comme le créole Eddy Louiss démontre qu’à Paris, les musiques populaires savent « faire la fête », ensemble pour créer de nouveaux plaisirs. Et ce n’est pas le moindre mérite de ces documents que de nous le rappeler.CENTRE PRESSE
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L’apport des musiciens antillais au jazz a souvent été occulté. Voici donc la première anthologie en deux CDs  qui rend enfin justice à quelques-uns des plus décisifs parmi les pionniers du jazz caraïbe, installés à Paris pendant les années 1929 à 1946. Contient également un livret de quarante pages abondamment illustré. LIBÉRATION
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Al Lirvat, tromboniste, guitariste, compositeur et chef d'orchestre est mort le 30 juin 2007 à Paris. C'est toute une époque de sa vie du Jazz en France qui disparait avec lui. Dans le Paris des années 70 débutantes, à La Cigale du Boulevard Rochechouart où la soirée coûtait le prix d'un demi tarif brasserie, officiait Al Lirvat, la générosité faite musicien. Générosité de son trombone, puissant, cuivré; générosité musicale, ouverte à tous les grands courants transatlantiques, du ka guadeloupéen au bebop et à ses prolongements; générosité humaine qui rendait son orchestre accueillant à tous les nouveaux talents (André Coudouant, Michel Sardaby, Alain Jean-Marie, entre autres, peuvent en témoigner). Avec Robert Mavounzy, un des premiers émules de Charlie Parker sur le sol français, il proposait une musique plaisante, à son goût, comme à celui du public. Cela pouvait aller de Petite Fleur à des chansons antillaises en passant, toujours, par des standards du Jazz dans l'interprétation desquels la modernité insérait des vagabondages imprévus. Cette Cigale-là était un petit lieu de bonheur et ceux qui ont eu la chance de la connaître n'effaceront pas de leur mémoire une tendresse certaine pour Al Lirvat. La Cigale ne représenta pourtant qu'un moment, en fait deux, dans sa vie. Né à Pointe-à-Pitre en 1916, il pratique de bonne heure la musique en touchant de divers instruments à corde; il est, dès la lycée, chef d'orchestre et compositeur. Il arrive à Paris en 1935 pour y suivre des études de radio mais y rencontre Pierre Louiss (le père d'Eddy) avec qui il forme un duo mêlant musique antillaise et jazz. Pendant l'occupation, il demeure à Paris et entre dans l'orchestre du trompétiste Felix Valvert qui l'incite à se mettre au trombone. Il rejoint ensuite le groupe du batteur d'origne camerounaise Freddy Jumbo qui se produit à la Cigale. En 1943, il participe à la création du Hot Club Colonial. Après la Libération, tout en continuant à jouer du Jazz, adoptant les nouveautés qu'il a decouvertes à l'écoute du grans orchestre de Dizzy Gillespie, il entreprend de moderniser la Buiguine : il intensifie ses polyrythmies et enrichit ses harmonies de manière à rendre possible des phrasés plus originaux sans atténuer les couleurs et les souplesse de la musicalité créole. En 1969, il revient à La Cigale, dont il dirigera l'orchestre jusqu'en 1975. Par la suite , son activité se fera plus discrète, plus axée sur la composition mais, extrêmement respecté par les jazzmen et les musiciens antillais, plusieurs hommages lui seront rendus, notamment par Alain Jean-Marie, Eric Vinceno, et le producteur Henry Debs. Les microsillons 33 et 45 tours gravés par Al Lirvat sont aujourd'hui introuvables, mais on peut l'entendre à la guitare et au trombone dans quelques faces du coffret "Swing Caraïbe" (Frémeaux FA069). En espérant qu'un jour une rétrospective lui soit consacrée et démontre tout ce que le jazz français et les musiques antillaises doivent à ce grand musicien. Denis-Constant MARTIN-JAZZ MAGAZINE
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As was also the case in Britain, in France Carribean musicians played a significant though discreet role in popularising jazz. This 36-track double CD set is accurately subtitled "Caribbean Jazz Pioneers in Paris (1929-1946) and a fascinating document it is too. The earliest titles are New Orleans styled, and Felix Valvert's solo sax piece was recorded just a few weeks after he had first picked up the instrument, even though he was billed on the 78 label as "le virtuose guadeloupéen" - to be fair, at the time he was known as a good banjo player. However, even as early as 1931 the sound was moving on and becomes closer to contemporary American jazz. There are oddities such as Jean Vaissade's jazz accordion rendition of Al Jolson's "Sonny Boy" or Louis-Thomas Achille's rather formal rendering of "Swing LowSweet Chariot", wich is in the classically influenced style of Paul Robenson (but not a baritone), though with a wayward Hawaian guitar in the accompanying band. Balancing these are such items as the excellent swinging "Sweete Georgia Brown" by Sam Castendet from 1936 (his oth track leans a little more towards dance band sounds) and the sublime guitar duets of Pierre Louise and the late Al(bert) Lirvat. Paris was a cosmopolitan city and many antillean musicians had had contact with American jazzmen. Trumpeter Harry Cooper had the advantage of actually being an American Jazzman, born in lake Charles, Louisiana in 1903 and having worked in the bands of George Lee, Bennie Moten and Duke Ellinton. His eight titles here date from two sessions in 1943-somewhat incredibly, from the years of the Nazi occupation (he had been interned for a short time) and feature international line-ups, though both include Antillean Robert Mavounzy. Also reccorded under the Nazi occupation were the eight titles buy African drummer (from the former German Colony in Camerron, wich enabled him to get a work permit) Fredy Jumbo, leading a mostly carribean personnel, and featuring such excellent band numbers as "Boogie Woogie" (which draws on Count Basie's One O'Clock Jump") and the very bluesy "Oh! cette musique". These recordings seem to indicate that someone was keeping up - clandestinely?- with the latest American trends! The ensemble Swing du Hot-Club Colonial was the first big bang made up of French Carribean musicians, and their sides betray the influence of Count Basie and Lionel Hampton - as do the sides by Léo Chauliac and Jean Ferret. Closing out the set is a jam session thet reveals an awareness of be-bop on the part of saxman Robert Mavounzy - who also opened this collection with a previously unissued side, also from 1946. Thi is a truly fascinating document, well annotated ( though with a truncated English translation) and with some fine vintage photographs. If you want to understand how European appreciation of black American music developped, this is essential, or one to consider if you just have a taste for good jazz. Norman DARWEN-BLUES AND RYTHM
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Liste des titres
  • Piste
    Titre
    Artiste principal
    Auteur
    Durée
    Enregistré en
  • 1
    THE GOOD EARTH
    ROBERT MAVOUNZY
    NEAL HEFTI
    00:02:32
    1946
  • 2
    HALLELUJAH
    FELIX VALVERT
    VINCENT YOUMANS
    00:02:32
    1929
  • 3
    ARMIDE (FOLKLORE)
    FELIX VALVERT
    00:02:47
    1930
  • 4
    SONNY BOY
    FELIX VALVERT
    A JOLSON
    00:03:01
    1930
  • 5
    HE S MY SECRET PASSION
    NOTTE AND HIS CREOLE BAND
    ARTHUR YOUNG
    00:02:52
    1931
  • 6
    I VE FOUND A WONDERFUL GIRL
    NOTTE AND HIS CREOLE BAND
    MAX KNIGHT
    00:02:52
    1931
  • 7
    SHUFFLE OFF TO BUFFALO
    MAYAMBA ET SON JAZZ
    A L DUBIN
    00:02:55
    1934
  • 8
    SWING LOW SWEET CHARIOT (NEGRO SPIRITUAL)
    ORCH ROGER GUTTINGER
    00:02:33
    1934
  • 9
    EENY MEENY MINEY MO
    SAM CASTENDET
    M MALNECK M
    00:02:33
    1936
  • 10
    SWEET GEORGIA BROWN
    SAM CASTENDET
    M PINKARD
    00:02:52
    1936
  • 11
    MY HEART
    DEL S JAZZ BIGUINE
    E DELOUCHE
    00:03:18
    1937
  • 12
    SWING BUT SWEET
    LOUISE
    LOUISE PIERRE
    00:02:54
    1939
  • 13
    CET AIR CONVIENT A MA MELANCOLIE
    LOUISE
    ALBERT LIRVAT
    00:02:46
    1939
  • 14
    OH CETTE MUSIQUE
    FREDY JUMBO ET SON ENSEMBLE
    CHARLES HENRY
    00:02:34
    1942
  • 15
    SEUL CE SOIR
    FREDY JUMBO ET SON ENSEMBLE
    PAUL DURAND
    00:02:49
    1942
  • 16
    BEGONIA SWING
    FREDY JUMBO ET SON ENSEMBLE
    MAVOUNZY
    00:02:48
    1942
  • 17
    SWING 42
    FREDY JUMBO ET SON ENSEMBLE
    DJANGO REINHARDT
    00:03:00
    1942
  • 18
    BOOGIE WOOGIE
    FREDY JUMBO ET SON ENSEMBLE
    CHARLES HENRY
    00:02:32
    1942
  • Piste
    Titre
    Artiste principal
    Auteur
    Durée
    Enregistré en
  • 1
    CE SOIR
    FREDY JUMBO ET SON ENSEMBLE
    A SINIAVINE
    00:03:04
    1943
  • 2
    LE WA DI WA WA OU
    FREDY JUMBO ET SON ENSEMBLE
    PAUL DURAND
    00:02:43
    1943
  • 3
    VOYAGE AU LONG COURS
    FREDY JUMBO ET SON ENSEMBLE
    GAUTHIER
    00:03:39
    1943
  • 4
    INSPIRATION
    HARRY COOPER
    HARRY COOPER
    00:03:08
    1943
  • 5
    BLUES 43
    HARRY COOPER
    HARRY COOPER
    00:03:19
    1943
  • 6
    NUAGES
    HARRY COOPER
    DJANGO REINHARDT
    00:02:54
    1943
  • 7
    LA CIGALE
    HARRY COOPER
    MAVOUNZY
    00:03:19
    1943
  • 8
    ALLEGRO
    HARRY COOPER
    HARRY COOPER
    00:02:11
    1943
  • 9
    NOS IMPRESSIONS
    HARRY COOPER
    HARRY COOPER
    00:02:52
    1943
  • 10
    CAPRICE EN UT
    HARRY COOPER
    HP CHADEL
    00:03:18
    1943
  • 11
    LUNE ROUSSE
    HARRY COOPER
    HP CHADEL
    00:02:18
    1943
  • 12
    PARTIE DE PLAISIR
    GUS VISEUR
    GUS VISEUR
    00:02:50
    1943
  • 13
    HOT CLUB PARADE
    LEO CHAULIAC ET SON ORCHESTRE
    LEO CHAULIAC
    00:03:01
    1943
  • 14
    SAINT LOUIS PELOUZE
    LEO CHAULIAC ET SON ORCHESTRE
    LEO CHAULIAC
    00:03:02
    1943
  • 15
    SWING GUITARS
    JEAN FERRET
    DJANGO REINHARDT
    00:02:46
    1943
  • 16
    GEORGINA
    ENSEMBLE SWING DU HOT CLUB COL
    MAVOUNZY
    00:02:14
    1944
  • 17
    J ADORE LA MUSIQUE
    ENSEMBLE SWING DU HOT CLUB COL
    P IGELHOFF
    00:02:58
    1944
  • 18
    MISTY SUNRISE
    HARRY COOPER
    CHARLIE LEWIS
    00:03:15
    1946
Livret

SWING CARAÏBEPREMIERS JAZZMEN ANTILLAIS à PARIS

SWING CARAÏBE
PREMIERS JAZZMEN ANTILLAIS à PARIS

(1929-1946)
Caribbean jazz pioneers in Paris (1929-1946)
Cet album dédié aux premiers jazzmen antillais s'ouvre sur un enregistrement totalement inédit du saxophoniste guadeloupéen Robert Mavounzy interprétant en public "The Good Earth", grand succès de Woody Herman composé par Neal Hefti. Nous devons ce document unique à Jacques Lubin, ingénieur du son et critique de jazz, qui le réalisa lui-même en décembre 1946 sur un pont de gravure portable au cours d'une soirée organisée par le batteur Ivan Levine au "Malesherbes Club" à Paris. Robert Mavounzy, grande figure du jazz antillais, musicien autodidacte et prodigieux improvisateur, illustre bien avec quel bonheur les musiciens originaires des Antilles Françaises se sont tout naturellement intégrés au mouvement du jazz en France, en lui apportant cette coloration fraîche, gaie, sincère et généreuse, héritée de la biguine.Ce nouvel épisode vient à la suite d'une longue histoire qui commence aux origines du peuplement de ces îles, au soleil enchanteur certes, mais encore marquées du souvenir pesant de la colonisation et de l'esclavage. La Guadeloupe et la Martinique sont devenues françaises en 1635, bien avant Nice ou la Savoie. Deux siècles de traite des Noirs devaient inéluctablement engendrer une population métissée presque entièrement, emblème omniprésent de la fusion des deux mondes européen et africain. Après l'abolition de l'esclavage en 1848, une immigration nouvelle et diversifiée se développa. Les Antilles Françaises, formant ce "creuset de civilisation" cher à Gilbert Gratiant, furent le centre d'un formidable brassage ethnique et culturel, comparable à celui qui se produisit en Amérique du Nord à la Nouvelle-Orléans mais avec l'insularité en plus. La biguine, née dans le bouillonnement cosmopolite et frondeur de Saint-Pierre, est le produit de ce métissage. Une évolution possible vers des formes musicales plus élaborées s'arrêta le 8 mai 1902 quand la capitale économique et culturelle des Petites Antilles fut foudroyée avec ses trente mille âmes dans la nuée ardente de la Montagne Pelée. Alors que le jazz issu du blues, du ragtime et des parades de la Nouvelle-Orléans allait grandir et se diffuser par le disque en Amérique et en Europe dès le début des années vingt, c'est la biguine dans son style originel de Saint-Pierre qu'enregistre pour la première fois l'orchestre du clarinettiste Alexandre Stellio en 1929 à Paris, vingt-sept ans après la catastrophe (coffret Frémeaux & Associés réf. FA 023). La Martinique et la Guadeloupe n'étaient cependant pas restées à l'écart des courants musicaux venus d'outre-Atlantique. Ainsi peut-on lire dans le numéro du 25 février 1922 du journal "La Paix", publié à Fort-de-France, ces lignes nostalgiques :
"Le menuet, la gavotte, dont la grâce a charmé nos arrière-grand-mères, reposent depuis longtemps avec les vertugadins, la fraise et la crinoline dans le linceul de pourpre où dorment les vieux dieux morts. Les valses, polkas, mazurkas dont notre jeunesse a raffolé traînent une vie mourante. Ces vieilles danses françaises ou francisées par un long usage ont dû céder le pas à leurs soeurs étrangères : fox-trot, two-step et autres shimmies... Dans notre île, nous n'avons pas échappé à cette loi. Nos vieilles danses s'en vont, elles aussi". Les Antillais avaient découvert le phonographe. Dans une publicité parue le 7 mai 1927 dans le même journal, le "Magasin Général de musique, instruments, phonos et accessoires", 49 rue Schoelcher à Fort-de-France, annonce, parmi d'autres disques, ses "nouveautés par les meilleurs orchestres de jazz", sans les nommer d'ailleurs. Si les danseurs Guadeloupéens et Martiniquais commençaient à s'intéresser aux fox-trot, charleston, black-bottom... et si des musiciens locaux s'y essayaient sans aucun doute, les conditions n'étaient pas réunies pour voir se développer aux Antilles une véritable musique de jazz. Les disques et phonographes restaient cantonnés parmi une classe privilégiée d'aristocrates "békés" ou de mulâtres enrichis, les seuls aussi à pouvoir se payer de temps à autre un aller retour pour la Métropole. La référence à la culture occidentale dans tous les domaines, celui de la musique en particulier, restait de règle. Les concerts récréatifs donnés par les sociétés philharmoniques locales sous les kiosques à musique de Pointe-à-Pitre et de Fort-de-France ne tarissaient pas de marches, pas redoublés, valses, polkas, et autres genres européens surannés. Sylvio Siobud, né en 1911 à Pointe-à-Pitre, se rappelle les leçons de saxophone que lui donnait dans la pure tradition académique son père Armand Siobud, chef de la so­ciété musicale "La Minerve" et ancien élève du Conservatoire de Port-au-Prince (Haïti). Avec lui, il fallait filer droit... les sons, bien entendu! Pas question de risquer le moindre vibrato ou un effet quelconque, forcément jugé déplacé. Encore heureux qu'on pût se défouler ensuite en jouant des airs de danse chez les frères Martial, des camarades d'école qui avaient formé le "Tommy's Jazz", un petit orchestre amateur, fort prisé d'ailleurs à Pointe-à-Pitre.
Dans ces conditions, c'est en s'expatriant à Paris et en s'intégrant à des orchestres métropolitains que des musiciens antillais purent, dès les années vingt, se frotter au jazz et en découvrir les ressources. Il est intéressant de constater que la Guadeloupe, probablement moins "Vieille France" que sa soeur la Martinique, fut une véritable pépinière pour ces avant-gardistes du jazz antillais. Parmi eux : le trompettiste Abel Beauregard (1902-1957) et le tromboniste Jean Degrace, tous deux enrôlés dans l'orchestre du trompettiste américain Edgard E. Thompson peu après leur venue à Paris en 1924; le saxopho­niste Félix Valvert (1905-1995), arrivé en septembre 1921 à Saint-Nazaire et passé musicien professionnel en 1928; les guitaristes Pollo Malahel et Vincent Ricler; les batteurs Léonard Nadys, Pierre Jean-François, Christian Jean-Romain... Au fil des ans, bien d'autres Guadeloupéens quittèrent leur île pour emboîter le pas de ces défricheurs: Sylvio Siobud, les frères Tom (décédé en 1932), Claude (1913-1991) et Bruno Martial (1912-1984), Albert Lirvat, Robert Mavounzy, Émilien Antile... Beaucoup d'entre eux figurent dans cet album. L'un des rares Martiniquais à avoir joué du jazz à Paris avant 1930 est le batteur Florius Notte (et non Flavius comme on le voit parfois). Malheureusement, il ne nous est parvenu aucun enregistrement d'avant 1930 pour témoigner des orchestres de jazz antillais de ces années-là...
La première face de jazz gravée par un Antillais date en effet du début de l'année 1929. Encore s'agit-il d'un simple solo de saxophone alto avec accompagnement de piano. Ce fut une gageure pour Félix Valvert d'enregistrer ce petit disque alors qu'il n'avait touché un saxophone pour la première fois que quelques semaines auparavant! En effet, nous a-t-il raconté, il ne se produisait qu'au banjo dans une brasserie du boulevard Saint-Germain dénommée "Le Turquety", en compagnie d'une pianiste métropolitaine et du batteur Christian Jean-Romain. Pour le réveillon de Noël 1928, il avait demandé à Pierre Jouffroy, un camarade de régiment devenu professeur de conservatoire, de venir compléter la formation au saxophone alto. La soirée terminée, les musiciens prennent un dernier verre chez Félix puis se séparent. Pierre Jouffroy avait laissé son instrument en prévision du 31 décembre. Félix l'essaye, découvre qu'il peut en sortir des sons sans difficulté, se pique au jeu et travaille toute la semaine. Peut-être avait-il eu la chance de tomber sur un de ces binious rares et bénis qui ne demandent qu'à s'exprimer, comme en fit l'expérience, mais beaucoup plus tard, l'éminent saxophoniste Daniel Huck. Sans aucun doute, Félix bénéficia de sa pratique de la flûte, son premier instrument. Toujours est-il que, pour le réveillon du nouvel an 1929, Pierre Jouffroy fut prié d'apporter son ténor et il y eut deux saxophones au Turquety. Félix Valvert s'empressa de transformer cet essai en enregistrant "Halleluyah" chez le petit éditeur des disques IVE et INOVAT qui tenait boutique au pied de son immeuble, au numéro 39 de l'avenue des Gobelins. La performance fut homologuée par l'étiquette qui annonce de manière bien élogieuse : "le virtuose guadeloupéen Félix Valvert". À l'écoute de ce document rare et peu banal, on peut être étonné du résultat auquel le jeune saxophoniste était arrivé en un temps si court. En dépit de l'accompagnement guindé du piano et d'une sonorité encore malhabile sur son alto, Félix parvient à exprimer un swing plein de promesses à une époque où le jazz "hot" en était encore à ses balbu­tiements en France.
Exactement un an plus tard, en janvier 1930, Félix Valvert joue au "Pélican Blanc", boulevard Raspail, dans l'orchestre du batteur guadeloupéen Pierre Jean-François. Un soir, le violoniste martiniquais Ernest Léardée, devenu chef d'orchestre du Bal Blomet, vient le trouver. Léardée a quitté Stellio après avoir fait quelques disques avec lui chez ODÉON, et il est à la recherche d'un producteur phonographique. Félix Valvert lui indique la firme INOVAT. C'est avec la participation de Valvert et sous la direction occasionnelle de celui-ci que le "Creol's Band" du Bal Blomet va enregistrer six biguines dans un style inhabituel, qui n'avait encore jamais été aussi proche de l'esprit du jazz louisianais. L'arrangement est particulièrement réussi dans "Armide" où alternent parties d'improvisation collective, breaks et solos mettant tour à tour chacun des musiciens au premier plan. On peut dire que cette séance, avec pour la première fois l'incursion d'un saxophone dans une biguine, marque le début de son évolution vers le jazz. C'est le hasard, probablement, qui mit en présence dans le même studio, ce jour-là ou le lendemain, Félix Valvert et l'accordéoniste auvergnat Jean Vaissade (1911-1979). Félix lui-même, quand nous lui en avons parlé, avait oublié cette rencontre. Son nom figure pourtant en toutes lettres sur les étiquettes des six faces INOVAT de fox-trot et valses musettes enregistrées par l'accordéoniste et son inséparable banjoïste Latorre. Nous reproduisons ici "Sonny Boy", grand succès du chanteur américain Al Jolson dans le premier film parlant "The Singing Fool" sorti en 1928 aux États-Unis. Les amateurs de Jean Vaissade apprécieront certainement le regain de vitalité apporté à cette exécution par la présence imprévue du saxophone guadeloupéen et de ses envolées enthousiastes.Le mystère qui entoure l'orchestre du batteur Florius Notte ne sera probablement jamais complètement éclairci. Lazare Florius Notte est né le 18 décembre 1896 au Lamentin (Martinique) de Basile Notte, cultivateur, et de Constance Néja, commerçante de détail. À l'âge de treize ans, il émigre au Costa-Rica pour y travailler à la forge d'un Martiniquais établi dans ce pays.
En 1916, l'année de ses vingt ans, il s'embarque pour Paris et s'engage dans l'Armée Française en pleine guerre. Démobilisé en 1918, Florius peut enfin se consacrer à sa passion pour la musique et se produire comme batteur dans divers orchestres. En 1923, il est avec le trompettiste américain Arthur Briggs au "Régina" à Paris. Il intègre en 1928 l'orchestre du flûtiste et saxophoniste haïtien Bertin Depestre Salnave avec lequel il joue d'abord à l'Hôtel Princesse de Nice, puis de décembre 1929 à avril 1930 à l'Hôtel Beausite de Cannes. C'est à ce moment que "La Coupole" de Montparnasse, dont le dancing était ouvert depuis un an, cherche un orchestre de jazz pour alterner avec son orchestre de tango. Salnave et ses musiciens sont retenus. Pourtant, et c'est là le mystère, c'est sous le nom de "Notte and his Creole Band - Jazz de La Coupole" que la formation fera trois disques pour la petite marque ULTRAPHONE vers février 1931. Ces exécutions, caractérisées par leur belle cohésion, mettent en valeur les deux cuivres guadeloupéens. Abel Beauregard à la trompette fait preuve d'un sens aigu de la syncope, en dépit d'un phrasé plutôt empâté. Degrace au trombone, poussant ses énergiques contre-chants de quelques notes, revendique la stature d'un Honoré Dutrey. D'autres cires, sous le nom de Salnave cette fois, seront gravées par la suite, toujours pour la même firme. Mais en décembre 1933, alors qu'il faisait une saison d'hiver dans un grand hôtel de la Côte d'Azur, l'orchestre sera évincé de La Coupole par celui du Cubain Filiberto Rico, qui ne devait en principe rester que le temps de ce remplacement. Florius Notte en eut la surprise à son retour d'un séjour à la Martinique. Plus tard, après la seconde guerre mondiale, Notte jouera à "La Cabane Cubaine", 42 rue Fontaine à Paris. Il était également réputé pour sa fabrication artisanale de tumbas, bongos et autres instruments de percussion, activité qu'il exercera jusqu'à sa mort survenue le 15 juin 1957 à Paris 9e. Sa famille garde de lui le souvenir d'un homme intelligent, délicat, convivial et très généreux.
Peu d'informations nous sont parvenues sur l'orchestre du chanteur et danseur d'origine martiniquaise Mayamba, de son vrai nom Marcel Yamba (probablement né et élevé en France, de mère martiniquaise et de père africain). Il apparaît pour la première fois en 1932, accompagnant Sam Castendet dans la longue tournée qu'il fit dans le sud-ouest de la France après la fermeture de l'Exposition Coloniale. En mai 1933, Mayamba participe à un enregistrement chez COLUMBIA avec l'orchestre "Les Caraïs". À partir du 18 juillet 1934, il est directeur artistique du cabaret "Le Shanghaï", 28 rue Victor Massé à Paris. C'est cette année-là qu'il réalise l'enregistrement de "Shuffle Off to Buffalo" avec un orchestre composé en partie de musiciens européens et cubains. L'année suivante, il dirige un orchestre antillais dans un cabaret de la rue Frochot. En novembre 1937, il chante en duo avec Maïotte Almaby dans un disque de biguine. Pendant l'été 1938, il est chef d'orchestre de "La Potinière Hawaïenne" à La Baule. Ernest Léardée, qui faisait partie de cette dernière formation, nous l'a décrit comme un homme instruit, ayant avant tout le sens des affaires, doué de beaucoup de classe et de distinction, et rappelant Fred Astaire dans les numéros de danse qu'il pré­sentait.
Les spirituals afro-américains ont été tôt connus en Martinique. Le journal "La Paix" du samedi 19 janvier 1929 rend compte d'une "Conférence sur le chant nègre aux États-Unis" donnée le jeudi précédent à Fort-de-France dans la salle du "Manicou Volant" par Mlle Jane Nardal, dont la famille représentait le fleuron de l'élite intellectuelle noire de la Martinique. Conférence illustrée d'une audition de disques au phonographe et de plusieurs morceaux interprétés par un choeur de jeunes artistes. Cet événement apparemment anodin n'est pas sans lien avec les disques de negro-spiritual enregistrés à Paris en 1934 pour la marque LUMEN par le Martiniquais Louis-Thomas Achille, jeune cousin des soeurs Nardal. Né le 31 août 1909 à Fort-de-France, il arrive en 1926 à Paris où il fait trois années d'études littéraires supérieures au Lycée Louis-le-Grand tout en préparant une licence d'anglais à la Sorbonne. C'est pendant cette période que le jeune Louis-Thomas reçoit un jour la révélation du negro-spiritual au domicile de ses cousines, 7 rue Hébert à Clamart, en entendant chanter un artiste noir-américain de passage à Paris, invité par Paulette et Jane à leur réunion littéraire habituelle. Cette passion du negro-spiritual ne le quitte plus ensuite et devient même partie intégrante de sa vie. À partir de 1932, L.T. Achille séjourne aux États-Unis, y enseignant le Français dans les universités noires de Howard et d'Atlanta tout en continuant de travailler à son agrégation d'anglais. C'est alors qu'il fait la dure expérience de la ségrégation raciale. L'enregistrement de "Swing Low Sweet Chariot" fut réalisé à l'occasion d'un séjour à Paris pour y passer des examens. En dépit de l'accompagnement plutôt kitsch de l'orchestre de Roger Guttinguer (où figure une guitare hawaïenne!), cette interprétation irradie la ferveur spirituelle de son auteur, jouant le rôle de précurseur du negro-spiritual en France. La beauté mystique du chant religieux prend une dimension singulière sous la voix de ténor léger, presque féminine, aux nuances subtiles et aux inflexions pathétiques. En 1945, au sortir de la guerre, L.T. Achille fut nommé professeur agrégé d'anglais au Lycée du Parc à Lyon, où il resta jusqu'à sa retraite en 1974. Il a fondé en 1948 le "Park Glee Club", chorale d'étudiants exclusivement vouée à la pratique intuitive du negro-spiritual. Il s'est éteint le 11 mai 1994 dans sa ville adoptive, après y avoir créé en février 1987 le "Centre de Documentation sur la Musique Sacrée Afro-Américaine".
En juin 1936, quand Sam Castendet (1906-1993) enregistra "Sweet Georgia Brown" et "Eeny Meeny Miney Mo", il était chef d'orchestre du "Mikado", boulevard de Rochechouart à Paris. Il se préparait à partir en saison d'été au Touquet-Paris-Plage où l'attendait un contrat de deux mois à l'Hôtel Normandy. Il avait dû modifier sa formation pour l'occasion, afin de pouvoir aussi bien jouer jazz, tango, musette, rumba, biguine... Sam Castendet avait avec lui le trompettiste américain Bobby Jones, un vétéran de l'orchestre "Southern Syncopated Orchestra" de Will Marion Cook arrivé à Londres en 1919 avec ses cinquante musiciens. C'est Bobby Jones qui se chargea de recruter Henri Collot-Bonnet, pianiste au dancing de "l'Olympia", le violoniste et saxophoniste brésilien Peter Wanderley, le saxo ténor américain Frank "Big Boy" Goudie et le chanteur Bert Marshall. Castendet garda comme seuls Antillais les deux frères Martial : Claude à la guitare et Bruno à la batterie. Il ajouta encore à sa formation le célèbre accordéoniste Gus Viseur, qui fit la saison au Touquet avec lui mais ne figure pas dans les enregistrements. Sam, quant à lui, se partageait entre la contrebasse et la clarinette. C'est en constatant la valeur de l'ensemble dont il disposait tout à fait par hasard qu'il prit la décision de demander à COLUMBIA de l'enregistrer avant son départ. La veille de la séance, Big Boy fut pris d'une angine carabinée et devint incapable de souffler dans son instrument. Bobby Jones fut encore mis à contribution et réussit à trouver en catastrophe un ténor américain du nom de "Case" qui, selon les souvenirs de Castendet, aurait fait partie de l'orchestre de Duke Ellington. La séance, en définitive, fut presque improvisée. Il faut rendre grâce à Sam Castendet de nous avoir laissé ces deux chefs-d'oeuvre qui sont bien la démonstration que la richesse et l'imprévu du jazz résident dans la diversité des sensibilités et des cultures réunies lors d'une rencontre fugitive. L'enregistrement de "My Heart" en 1937 par l'orchestre d'Eugène Delouche est de la même veine, avec des musiciens tous antillais cette fois à l'exception du Cubain German Araco. Ce dernier n'est autre que le contrebassiste (orthographié à tort avec un "g") qui enregistra avec Louis Armstrong à Paris en octobre 1934. Le clarinettiste Eugène Delouche a réalisé dans les années trente de nombreux disques de biguines, valses, mazurkas... Cette face de jazz est la seule qu'il ait gravée avant-guerre, et l'une des rares où on l'entend au saxophone alto. Remarquons l'influence qu'avait un musicien comme Django Reinhardt qui semble avoir inspiré aussi bien Claude Martial jouant avec Castendet, que Pollo Malahel accompagnant Delouche.
Albert Lirvat, né à Pointe-à-Pitre le 12 février 1916, s'est intéressé à la musique dès le lycée, jouant du banjo alto et composant déjà des airs à succès. Il arrive à Paris en décembre 1935 pour y suivre des études d'ingénieur radio, sans cesser de faire de la musique en amateur. À cette époque, il est aussi gardien de but au "Racing-Club Antillais", le club de football du Docteur Zizine. C'est là qu'il fait la connaissance du Martiniquais Pierre Louise (auquel Frémeaux & Associés a consacré le CD réf. FA 042). Les deux musiciens amateurs vont se découvrir la même passion, à la fois pour la guitare et pour Louis Armstrong. Ils se retrouvent souvent au domicile de Pierre Louise pour répéter et composer. Le jour où ils sont prêts, celui-ci prend les contacts avec ODÉON pour réaliser un disque. La séance a lieu le 28 juillet 1939. Deux jours plus tard, Albert Lirvat, dont les études sont terminées, s'embarque pour la Guadeloupe. Les duos de guitare "Swing but Sweet" et "Cet Air convient à ma Mélancolie" sont des pièces uniques dans les annales du jazz antillais. Ces deux exquises ballades en forme de blues tirent assurément leur inspiration des sérénades qu'il était coutume d'aller donner sous la fenêtre de sa belle, par les douces nuits antillaises, dans la tiédeur des alizés...Le 1er septembre 1939, les troupes allemandes envahissent la Pologne. Le surlendemain, le gouvernement français déclare la guerre à l'Allemagne. Les musiciens en âge de combattre, antillais comme tous les autres, sont mobilisés. Albert Lirvat, qui était sursitaire, fera ses classes pendant six mois à la Martinique avant d'être renvoyé par le premier bateau en Métropole pour y commencer une formation d'élève officier de réserve à l'école de Rochefort. Il y arrivera en mai 1940, au moment où les troupes allemandes pénètrent en France. Beaucoup de musiciens antillais font alors la tragique expérience du front. Les plus chanceux seront faits prisonniers, d'autres y perdront la vie comme le pianiste martiniquais Victor Collat ou le chanteur guadeloupéen Sosso Pé-En-Kin. Le 22 juin 1940, le gouvernement de Vichy signe l'armistice de Rethondes et c'est le début de la sombre période de l'Occupation. Quand la démobilisation fut décrétée, la plupart des musiciens antillais se trouvaient dispersés dans l'armée française en déroute. Ils finirent par regagner Paris mais là, impossible de retrouver un engagement. Les quelques cabarets qui avaient rouvert étaient sous contrôle allemand et leurs patrons, par crainte de s'attirer des ennuis, refusaient d'embaucher des musiciens de couleur. Pour tenter de subsister, beaucoup durent se reconvertir à de petits métiers et d'aucuns gardent un souvenir meurtri de cette époque au cours de laquelle ils ne mangeaient pas tous les jours à leur faim.
C'est dans ce contexte qu'un orchestre cubano-antillais parvint quand même à se rassembler en 1941 et à donner une série de concerts dans plusieurs grandes salles de Paris, puis en Belgique à Bruxelles et à Anvers. Mais à la fin de l'année la situation s'aggrave. Les actions de résistance se multiplient. Plusieurs officiers et soldats allemands sont tués dans une vague d'attentats qui secoue Paris. À partir de fin novembre, les autorités allemandes décrètent le couvre-feu de 18 heures à 5 heures du matin. Tous les lieux publics doivent être fermés à partir de 17 heures. Début décembre 1941, les USA entrent dans la guerre. Les allemands procèdent alors à la rafle de tous les Cubains et Américains résidant à Paris pour les envoyer dans des camps de prisonniers. De nombreux musiciens comme Don Barreto, Ricardo Bravo, Arthur Briggs, Harry Cooper... et même le Guyanais Paul Cordonnié vont se retrouver à Royallieu, près de Compiègne, dans un camp de sinistre mémoire. Tous ces événements rendent la vie impossible à un orchestre de couleur dans la Capitale. C'est ce qui décide Félix Valvert à s'éloigner de Paris en février 1942 avec une grande formation réunissant le gratin des musiciens antillais du moment : Eugène Delouche, Robert Mavounzy, Emilio Clotilde et Félix Valvert aux saxophones; Abel Beauregard, Paul Lude et Jean Degrace à la trompette; Albert Lirvat à la guitare mais s'essayant depuis peu au trombone; Claude Martial au piano; le contrebassiste cubain Alberto Borgiano, miraculeusement passé au travers des rafles de décembre; et Fred Alexis à la batterie. La tournée, en dépit d'un accueil triomphal de la population de Dijon, tourne court dès le départ après un violent incident survenu entre un soldat allemand et le trompettiste Paul Lude. Toute l'équipe se voit obligée de rentrer à Paris. Félix Valvert ne renonce pas pour autant à son idée mais il a compris qu'il ne sera tranquille qu'en zone non occupée. Avec l'aide d'un ancien boxeur camerounais du nom de Malapa (le Cameroun étant ancienne colonie allemande), il obtient un laissez-passer collectif, valable jusqu'au 4 octobre, qui lui permet de franchir la ligne de démarcation avec son orchestre. Cette seconde tournée se déroulera sans encombre de mai à septembre 1942 et les musiciens se produiront à Marseille, Aix-en-Provence, Nice, et Hyères. Ils feront relâche, tous frais payés, pendant plusieurs semaines à Carry-le-Rouet, le contrat suivant pour la Corse ayant été annulé au dernier moment.
Robert Mavounzy avait regagné Paris dès le mois de juin. Il avait pu se faire engager à la brasserie de "La Cigale" dans l'orchestre du batteur Fredy Jumbo - autre Camerounais - qui avait autrefois fait partie d'un cirque en Allemagne. Ce dernier n'avait eu aucun mal à se faire délivrer par la Propaganda Staffel un ausweiss l'autorisant à présenter un orchestre noir à La Cigale, exploitée à l'époque par Monsieur Drapier à l'angle de la rue des Martyrs et du boulevard de Rochechouart. En juin 1942, l'orchestre comprenait les Guadeloupéens Robert Mavounzy au saxophone alto et Sylvio Siobud au ténor, le pianiste haïtien Maurice Thibault, le contrebassiste guyanais Henri Godissard, et Fredy Jumbo à la batterie. En juillet, Maurice Thibault se brouille avec le patron pour une banale histoire de consommations. Le trompettiste métropolitain Pierre Lamidiaux, qui venait souvent épauler les musiciens, le remplace au pied levé au piano. Il y restera jusqu'à la mi-décembre. En octobre, Félix Valvert et ses compagnons sont de retour à Paris et Albert Lirvat vient compléter la formation à la guitare et au trombone. Si ce personnel constituait le noyau permanent de l'orchestre, la brasserie n'en était pas moins à l'époque le lieu de rencontre privilégié de beaucoup de musiciens, antillais ou non, qui venaient quotidiennement y faire un boeuf. L'orchestre n'était pas payé par le patron qui se bornait à fournir une consommation par individu.
On se rémunérait sur le produit d'une quête qu'un musicien passait récolter dans la salle entre deux morceaux. En cette période difficile, il fallait s'estimer heureux de pouvoir assurer sa subsistance par ce moyen. Pierre Lamidiaux, que nous avons rencontré en mai 1984, nous a décrit l'ambiance magique de ce lieu qui a fortement marqué tous ceux qui l'ont connu. Le pilier de l'orchestre, arrangeur de la plupart des morceaux, était Robert Mavounzy qui transmettait son aura à tous les musiciens sans exception. Capable de s'exprimer avec le même brio au soprano, à l'alto, au ténor, au baryton ou à la clarinette, il passait d'un instrument à l'autre et poussait la fantaisie jusqu'à en jouer de deux à la fois! En octobre 1942, La Cigale offrait à son public une section de quatre saxophones : Eugène Delouche et le Cubain Chico Cristobal à l'alto, Sylvio Siobud au ténor, et Robert Mavounzy qui s'était adjugé la quatrième partie sur un baryton de location. Un vrai feu d'artifice! Né le 2 avril 1917 à Colon (Panama) d'une mère guadeloupéenne et d'un père panaméen, Robert Mavounzy avait 11 ans au moment de son arrivée en Guadeloupe avec sa mère devenue veuve. Il avait débuté comme batteur dans l'orchestre le plus connu de Pointe-à-Pitre : le "Fairness's Jazz" de Roger Fanfant, y jouant même de la scie musicale! Il s'était acheté un saxophone alto en 1933 et avait fait de rapides progrès. En 1937, l'orchestre au complet avait traversé l'Atlantique pour se produire au "Pavillon de la Guadeloupe" dans le cadre de l'Exposition Internationale des Arts et Techniques à Paris. La manifestation à peine terminée, l'équipe s'était rembarquée pour la Guadeloupe, non sans avoir pris le soin d'enregistrer en octobre trois disques de biguines chez PATHÉ (coffrets Frémeaux & Associés BIGUINE vol. 1 et 2, réf. FA 007 et FA 027). Dès l'année sui­vante, Robert Mavounzy était revenu seul à Paris. Il n'avait alors pas tardé à se faire connaître dans le cercle des musiciens de la Capitale, jouant notamment avec le trompettiste Bill Coleman au "Club des Champs Élysées", puis au "Chantilly" avec le guitariste argentin Oscar Aleman.
L'événement discographique de l'année 1942 aura lieu le 18 novembre avec le premier enregistrement de "Fredy Jumbo et son ensemble", chez POLYDOR. Pour la circonstance, les musiciens sont placés sous la houlette du pianiste Charles-Henry, instigateur de la séance, compositeur et professeur de jazz à ses heures. Sur les six faces burinées ce jour-là, cinq furent commercialisées que nous reproduisons dans cet album. Ces exécutions nous donnent aujourd'hui le plaisir de redécouvrir les deux saxophonistes qui se placent dans la lignée des meilleurs américains. Robert Mavounzy à l'alto possède l'aisance déconcertante, la logique sophistiquée et intui­tive, l'élégance, l'invention, l'exubérance d'un saxophoniste comme Benny Carter, dans des chorus où chaque attaque est un cri de joie. Sylvio Siobud, quant à lui, a retrouvé sur son ténor la générosité véhémente, l'assise inébranlable, la flexibilité chaude et moelleuse d'un Coleman Hawkins. Albert Lirvat à la guitare as­sure le soutien métronomique et harmonique d'un Freddie Green. La version swing du tube de la chanteuse Léo Marjane "Je suis seul ce Soir" n'a probablement jamais été égalée depuis. Dans le supplément de février 1943 à son catalogue, POLYDOR ne cache pas sa fierté en annonçant "Une surprise pour les amateurs de swing : le merveilleux orchestre noir de Fredy Jumbo et son ensemble swing".
C'est bien le qualificatif qui convient à des enregistrements providentiels pour un public sevré de disques américains depuis le début de la guerre. Une seconde séance suivra huit semaines plus tard. Cette fois, c'est le Guadeloupéen aveugle Claude Martial qui tient le piano. Trois des six faces enregistrées sont reproduites ici. On en trouvera une quatrième dans le coffret "BIGUINE vol. 2" (FA 027), une polka où Fredy Jumbo fait un numéro de virtuosité au pipeau mais où Robert Mavounzy nous donne une démonstration éblouissante de sa verve et de sa fantaisie à la clarinette. On reconnaîtra dans "Boogie Woogie" une version camouflée du "One O'Clock Jump" de Count Basie. Pour les curieux de précisions, signalons que "Voyage au long cours" est le premier chorus de trombone enregistré par Albert Lirvat, moins d'un an après ses débuts sur cet instrument. Un essai encore bien timide, mais qui n'empêchera pas le jeune Albert de figurer deux ans plus tard parmi les meilleurs trombones de jazz en France. Une évolution fondamentale est en train de s'accomplir dans les goûts musicaux des Français. L'heure n'est plus à la musique typique mais au jazz. Arrivé des États-Unis depuis plus de deux décennies, c'est pendant l'Occupation que le jazz va trouver une soudaine popularité en France en prenant la dimension d'un phénomène de société. Il faut saluer ici le rôle majeur joué dans ce vaste mouvement par Charles Delaunay et le Hot-Club de France sous l'égide duquel furent organisés de nombreux concerts à Paris et en province. Sous le nom de "swing", et souvent associé à la mode "zazou", le jazz devient une forme tacite de résistance culturelle aux Allemands. On s'ingénie à rebaptiser les standards américains sous de faux noms français, non parfois sans une bonne dose d'humour. Paradoxalement, et bien que le jazz, qualifié de "musique décadente", eût été depuis longtemps mis à l'index par l'idéologie nazie, les occupants fermaient les yeux. Le swing, paraît-il, était fort apprécié de certains soldats vert-de-gris, lesquels ne passaient pas inaperçus parmi les habitués de La Cigale. Musique... quand tu nous tiens!
Tout au long de l'année 1943, les musiciens antillais vont participer à Paris, au sein de formations changeantes, à de multiples sessions d'enregistrement. Les disques issus de ces rencontres furent produits pour la plupart par la firme SWING, créée dès 1937 par Charles Delaunay. Les plus passionnants sont certainement ceux du trompettiste américain Harry Cooper, qui n'était pas resté enfermé longtemps au camp de Compiègne. Il avait pu en être libéré grâce à l'intervention de sa femme, alsacienne, auprès des Allemands, comme nous l'a raconté Félix Valvert. Bien lui en prit! Le soir même de son départ, le camp fut bombardé et la baraque où il aurait dû se trouver fut désintégrée avec son compagnon de chambrée, le contrebassiste portoricain Juan Fernandez. Né en 1903 à Lake Charles, à vingt kilomètres de la Nouvelle-Orléans, Harry Cooper avait appris la trompette à Kansas City, pendant ses études à la High School. Il y était devenu à 19 ans chef de musique de la fanfare militaire du "Reserve Officers Training Corps". Il eut alors l'occasion de se joindre à des orchestres de la ville comme ceux de Bennie Moten ou George Lee. En 1922, Harry Cooper avait commencé des études d'architecture à l'institut de Hampton (Virginie). Un premier emploi chez un archi­tecte de Baltimore (Maryland) lui fit vite comprendre que la musique payait mieux que le bâtiment. Jouant du cornet le soir dans une boîte de la ville, il avait été remarqué par la chanteuse de blues Virginia Liston qui l'avait fortement incité à venir l'accompagner à New-York. Il eut ainsi l'occasion d'y faire en 1924 ses premiers enregistrements chez Okeh. Avec les "Seminole Syncopators" du pianiste Graham W. Jackson, Harry Cooper avait ensuite été engagé au "Bailey's Theater" à Atlanta. De retour à New-York, il avait joué à partir de 1925 au Cotton-Club, dans l'orchestre des "Missourians". En 1926, Duke Ellington l'intégra à ses "Washingtonians" qui se produisaient au Kentucky-Club. Cependant, dans les premiers jours de 1928, Harry Cooper avait préféré quitter les USA pour suivre à Londres un chef d'orchestre du "Savoy" de Harlem, le violoniste Léon Abbey. En 1931, au terme d'une tournée en Belgique dans l'orchestre de Sam Wooding, Harry Cooper avait fini par se retrouver en France où il s'était marié et fixé à demeure. Dans les deux séances SWING de 1943, Harry Cooper se taille la part du lion avec un jeu allègre et dépouillé qui pourrait se comparer à celui de Tommy Ladnier si ce n'étaient certaines faiblesses de lèvres... La première séance de janvier réunit les trois meilleurs saxophonistes guadeloupéens du moment : Robert Mavounzy, Sylvio Siobud et Félix Valvert. L'enregistrement de "Blues 43" permet de comparer les styles de chacun d'eux. Dans le dernier chorus au ténor, Félix Valvert, forçant le vibrato, ne parvient pas à se distancier de l'influence "biguine".
Notons au passage la composition de Robert Mavounzy intitulée "La Cigale", coup de chapeau à ce lieu qu'il a marqué de son empreinte et où il jouait encore, trente et un ans plus tard, quand il fut pris d'un malaise auquel il devait succomber le 24 mars 1974. Dans la séance de mai 1943, Robert Mavounzy est le seul Antillais, au ténor cette fois. C'est son émule, le Cubain Chico Cristobal, qui tient l'alto. Mais on a parfois du mal à différencier les deux saxophonistes tant Robert Mavounzy s'ingénie à rester dans le registre aigu de son instrument, et tant Chico Cristobal parvient à reproduire les traits de style de Mavounzy. Ainsi, dans "Caprice en Ut", bien malin serait celui qui, sans l'avoir su par ailleurs, oserait parier que ce n'est pas Robert Mavounzy qui prend le chorus d'alto. Le titre "Partie de Plaisir", est l'une des cinq faces que Robert Mavounzy enregistra chez SWING avec Gus Viseur, roi de l'accordéon-jazz. Quel contraste avec la séance de Vaissade et Valvert en 1930, et comme il est dommage que la place ait manqué pour en mettre davantage! Le jour précédent, dans le grand orchestre de Django Reinhardt, Robert Mavounzy avait enregistré, toujours pour la marque SWING, les trois titres: "Gaiement", "Blues d'Autrefois" et "Place de Brouckere" qu'on trouvera prochainement dans l'intégrale Frémeaux & Associés du grand guitariste. Passionnantes encore sont les deux faces "Hot-Club Parade" et "Saint-Louis Pelouze" (du nom du studio de la rue Pelouze) gravées en juillet 1943 par la formation du pianiste Léo Chauliac. Il s'agit en réalité d'une jam-session dans laquelle notre vaillant trio Lirvat-Siobud-Mavounzy (ce dernier empoignant l'alto avant de conclure à la clarinette) nous donne en final une époustouflante improvisation collective emmenée par Mavounzy dans la pure tradition de la Nouvelle-Orléans. Nous retrouvons ensuite Sylvio Siobud faisant cette fois cavalier seul à la clarinette dans le sixtette du guitariste gitan "Matlo" Ferret en décembre 1943. Il ne s'y trouve d'ailleurs nullement dépaysé et prend avec une belle assurance d'énergiques solos dans "Swing Guitars". Saki Bamboo, batteur de la séance, n'est autre que le Guadeloupéen Jacques Bourgarel (1916-1994, né et décédé à Paris) qui, sous le pseudonyme de "Jacky Bamboo", fera après la Libération une carrière de plusieurs années dans l'orchestre de Jacques Hélian.
Ce même mois de décembre 1943, la circulaire n° 9 du Hot-Club de France annonce les débuts du premier grand orchestre français de couleur, celui du "Hot-Club Colonial". Cette association de musiciens d'Outre-mer, sous-titrée "Club Artistique et Musical des Coloniaux", venait d'être créée cette année-là par Abel Beau­regard, qui en fut le président. L'association ne fut signalée au Journal Officiel que le 26 octobre 1945. L'article II des statuts précise que son objet est de "resserrer les liens de camaraderie et de solidarité entre les adhérents, de leur apporter l'aide morale dont ils ont besoin, de faciliter leur perfectionnement dans leur art respectif et de défendre leurs intérêts professionnels". Le premier concert du Hot-Club Colonial eut lieu à la Salle Pleyel l'après-midi du dimanche 19 décembre 1943, avec un grand orchestre sous la direction de Félix Valvert et une moyenne formation dirigée par Robert Mavounzy. Le compte-rendu qui nous en est donné dans le numéro de janvier 1944 de la circulaire du Hot-Club de France est plutôt réservé, mais il reconnaît toutefois les bonnes performances de Lirvat au trombone, de Claude Martial au piano, et de Bourgarel à la batterie. Exactement trois semaines plus tard, les musiciens sont à nouveau réunis dans les studios POLYDOR pour réaliser le premier enregistrement d'une moyenne formation de jazz (8 éléments) exclusivement antil­laise. En dépit de la qualité imparfaite de la gravure et du pressage, nous pouvons maintenant juger du haut niveau de professionnalisme des musiciens antillais de cette époque. Dans une ambiance faisant penser à des orchestres comme ceux de Count Basie ou de Lionel Hampton, ces exécutions maintiennent un swing ininterrompu, dû en partie à l'habileté des arrangements faisant se succéder tutti, solos juste appuyés de la section rythmique, chorus assaisonnés de riffs augmentant la tension. Dans "Georgina", composition de Robert Mavounzy, celui-ci développe un chorus de clarinette débordant de jubilation. L'autre titre, "J'adore la musique", donne à Lirvat et Beauregard l'occasion d'un bel échange trombone-trompette. Tout au long de ces exécutions se dégage la sonorité galvanisante du saxo ténor de Siobud, tandis que Claude Martial nous fait une brillante démonstration de piano "stride" à la manière de Willie Smith et de Earl Hines. Les musiciens antillais sont en 1944 au meilleur de leur forme. Cet état de grâce se révélera dans les suffrages des amateurs de jazz. Début 1945, le Hot-Club de France publie les résultats du référendum annuel qu'il organise auprès de ses abonnés. Albert Lirvat arrive en tête parmi les trombones devant Guy Paquinet et Maurice Gladieu. Dans la catégorie saxophone, Robert Mavounzy se classe deuxième, après André Ekyan mais devant Hubert Rostaing.
Cet album a débuté avec Robert Mavounzy, nous le terminerons en sa compagnie avec "Misty Sunrise", enregistré fin 1946 dans le cadre d'une de ces fameuses jam-sessions organisées après la Libération par Charles Delaunay. Mais une révolution se prépare avec l'avènement du be-bop révélé par les disques qui commencent à arriver des USA et par des prestations de musiciens venus à Paris avec l'armée américaine. Mavounzy sera l'un des premiers en France à se lancer dans cette nouvelle vague qui bouleversait les idées reçues et donnait lieu à d'ardentes polémiques. Délaissant les circonvolutions d'un Benny Carter pour faire l'expérience de la modernité anguleuse de Charlie Parker, il sera aussi l'un des premiers à enregistrer du be-bop à Paris, six mois avant que le trompettiste Dizzy Gillespie ne vienne faire la démonstration de ce style déton(n)ant sur la scène de la salle Pleyel en février 1948. En un peu plus de quinze ans, que de chemin parcouru depuis les premiers pas de l'orchestre du Bal Blomet vers la terre promise du jazz! Mais aussi, quelle remarquable continuité dans cette progression! La contribution des musiciens antillais à l'émergence du jazz en France a été trop souvent méconnue, pour ne pas dire occultée, au profit du modèle américain qui en est sans conteste le fondateur. La présente antho­logie, en rassemblant et fixant les dernières traces sonores avant qu'elles ne s'effacent, veut rendre justice aux musiciens français d'Outre-mer et garder témoignage de la ferveur avec laquelle ils se sont investis et réalisés dans l'art du swing qu'ils avaient - eux aussi - dans leurs gènes. Leur activité, alors que la quasi totalité des jazzmen américains étaient repartis au pays, avait d'autant plus d'importance qu'elle apportait oubli et consolation aux Français à un moment le plus désespéré de leur histoire, celui de l'Occupation par l'Allemagne nazie.
Jean-Pierre MEUNIER
© FRÉMEAUX & ASSOCIÉS SA, 1997

Très vifs remerciements à Étienne Achille, Dominique Cravic, Jacques David, Maurice Desramé, Albert Lirvat, Éliane Louise, Jacques Lubin, Jean Meysonnier, Marc Monneraye, Daniel Nevers, M. et Mme Georges Notte, Roland Paterne, Lionel Risler, Gérard Roig, Armand Roulleau, Sylvio Siobud, Claude Thuillier, Patrick Tricoit.Nota : Ce double CD constitue la reprise partielle et le complément de l'album Antilles-Jazz réalisé en 1993 par Daniel Nevers. Celui-ci nous a obligeamment prêté son concours en nous confiant plusieurs documents d'une qualité sonore exceptionnelle. Nous voulons à cette occasion rendre hommage à l'oeuvre d'utilité publique accomplie par cet éminent discographe et critique de jazz tout au long de sa série de rééditions intitulée Jazz Time. Cette indispensable collection n'est malheureusement plus disponible aujourd'hui. La compagnie "major" qui la produisait, estimant sans doute qu'elle ne répondait plus à ses critères de rentabilité, a décidé de l'ôter de son catalogue.

Swing Caraïbe
Caribbean Jazz Pioneers in Paris (1929-1946)

This album of early Antillean jazz musicians begins with a previously unissued live recording by the Guadeloupean saxophonist Robert Mavounzy, playing Neal Hefti’s “The Good Earth” in a Paris club in 1946. Mavounzy was a major figure in Caribbean jazz and, like many other musicians from the French Antilles, he brought a new island freshness to the Paris jazz scene. The islands of Guadeloupe and Martinique became French in 1635. Two centuries of slave-trading produced an almost entirely mixed-race population of Afro-Europeans. With the abolition of slavery in 1848, a new, more diversified wave of immigration to the French Caribbean produced an extraordinary cultural and ethnic melting-pot, much like New Orleans. The biguine was the immediate musical result, but things came to a sudden halt when, on 8th May 1902, St. Pierre, the cultural and economic capital, was destroyed by the eruption of Mount Pelée, with the loss of 30,000 lives. From the early 1920s, phonograph records spread New Orleans jazz across the United States, but the first recording of authentic biguine music did not appear until the clarinettist Alexandre Stellio and his band visited a Parisian studio in 1929, a good 27 years after the St. Pierre disaster1. Martinique and Guadeloupe were not immune to American music, however, and in 1922 a local newspaper reported the decline of old French dances in favour of the foxtrot, the two-step and the shimmy. By 1927 music stores were stocking the latest jazz tunes, but record players remained the privilege of aristocratic colonists and rich mulattos, and the main musical references were still European. The bandstands of Point-à-Pitre and Fort-de-France rang to the sound of ancient marches, waltzes and polkas. Musicians were encouraged to develop a strictly classical technique, although some local college boys were able to form “Tommy’s Jazz”,  an amateur band well-thought of in Pointe-à-Pitre. 
This meant that, in the 1920s, French Caribbean musicians had to go to Paris to have any significant contact with jazz. Guadeloupe was less conservative than Martinique in this respect and spawned many Caribbean jazz pioneers: trumpet player Abel Beauregard (1902-1957); trombonist Jean Degrace; saxophonist Félix Valvert (1905-1995); guitarists Pollo Malahel and Vincent Ricler; drummers Léonard Nadys, Pierre Jean-François, Christian Jean-Romain, etc. In due course, a host of other Guadeloupeans followed, such as Sylvio Sioboud, the brothers Tom (d.1932), Claude (1913-1991) and Bruno Martial (1912-1984), Albert Lirvat, Robert Mavounzy, Emilien Antile, many of whom are featured on this album. However, there are no records of Antillean jazz bands before 1930 . Early in 1929, Félix Valvert became the first Antillean to make a jazz record in Paris, an alto saxophone solo of Hallelujah  with piano accompaniment. Remarkably, Valvert’s “real” instrument was banjo, and he had only picked up the saxophone a few weeks before. The record came out on the small Inovat label, where the soloist was credited as “the Guade­loupean virtuoso Félix Valvert”! At a time when “hot jazz” in France was in its infancy, Valvert managed to convey a sense of swing, despite his rough technique. In January 1930, Valvert was contacted by the Martinican violinist Ernest Léardée, who was looking for a label to record with. Valvert suggested Inovat, and the upshot was a session that produced six unusual, jazz-inflected biguines,  under the pseudonym “Creol’s Band”. The best is Armide, where solos and breaks alternate with ensemble passages. The inclusion of the saxophone was unprecedented in biguine recordings. Also in the studio that day was accordionist Jean Vaissade (1911-1979), with whom Valvert then recorded Sonny Boy , Al Jolson’s hit from the 1928 talkie, “The Singing Fool”.         
The Martinican drummer Florius Notté was born on 18 December 1896. After a spell in Costa Rica, he sailed for Paris in 1916 and joined the French army. He was demobilized after the1918 Armistice and devoted himself to music. He was with the American trumpet player Arthur Briggs in 1923, and then with the Haitian flutist and saxophonist Bertin Depestre Salnave from 1928. Curiously, when Salnave’s band came to record for the small Ultraphone label in 1931, it was under Notté’s name. There is fine work from Abel Beauregard on trumpet and Degrace on trombone. The band played at “La Coupole” in the Montparnasse district of Paris, until it was replaced at the end of 1933. After World War II, Notté was based at “La Cabane Cubaine”. He was also involved in the manufacture of percussion instruments until his death in 1957. Information is scarce about singer and dancer Mayamba and his orchestra. His mother was Martinican, his father African, and his real name was Marcel Yamba. He first appeared on tour in France in 1932 and made his first recordings for Columbia in 1933 with a band called “Les Caraïs”. In 1934 he was in charge of entertainment at “LeShanghaï”. He recorded Shuffle Off To Buffalo the same year with a band of Cubans and Europeans.   Singer Louis-Thomas Achille (b. Fort-de-France, 14 August 1909 ) was from a respected black Martinican family and went to Paris in 1926 to study.  He discovered Negro Spirituals when a visiting black American artist sang at his cousins’ Paris home. He later taught French in the U.S. at Howard and Atlanta universities. He recorded Swing Low Sweet Chariot  while on a trip back to Paris. He had a distinguished academic career as a professor of English in Lyon, where he founded the “Park Glee Club” in 1948. He died in 1994.    
When he recorded Sweet Georgia Brown and Eeny Meeny Miney Mo ,  Sam Castendet led the band at the “Mikado” in Paris. Musicians included trumpet player Bobby Jones - a veteran of Will Marion Cook’s Southern Syncopated Orchestra, the American tenor player Frank “Big Boy Goudie” and the Caribbean guitarist Claude Martial, with his brother Bruno Martial on drums. Sam himself played clarinet and double-bass. Because of a throat infection,  Goudie was replaced at the last minute by another American, called “Case”, who had supposedly played with Duke Ellington. Despite this hitch, the resulting sides are admirable. The Eugène Delouche band’s 1937 recording of My Heart has the same hybrid vigour. Here all the band members are Antillean, except for the Cuban bass player German Araco, who had recorded with Louis Armstrong in Paris in 1934.  Guitarist Albert Lirvat (b. Pointe-à-Pitre, 12 February 1916) arrived in Paris in December 1935 to study radio engineering. He was also goalkeeper for the “Racing-Club Antilleans” soccer team, where he met the Martinican Pierre Louise, who shared his passion for Louis Armstrong and playing the guitar. Their exquisite 1939 guitar duets Swing But Sweet and Cet Air convient à ma Mélancholie   are unique in the annals of French Caribbean jazz and are plainly influenced by Antillean serenades. With the German invasion of Poland on 1st September 1939, France declared war on Germany. Musicians of military age, including Antilleans, were called up. After the fall of France in 1940, the scattered remnants of the French army were demobilized. Those Caribbean musicians who survived made their way back to Paris. However, under the Occupation, Parisian club owners were reluctant to hire black musicians for fear of problems with the German authorities. Many such French Caribbeans were forced to take up other trades to make ends meet, and they frequently went hungry. Even so, a Cubano-Antillean band managed to get together in 1941 for some concerts in Paris, Brussels and Antwerp. Towards the end of that year, increasing Resistance attacks on German personnel made the authorities impose a curfew in Paris from 6 pm to 5 am. Public premises had to close by 5 pm. When the U.S. entered the war in early December 1941, all Americans and Cubans were rounded up and put into camps.  Félix Valvert decided to form a band from the best Antillean musicians and get out of Paris. Despite initial problems, the band made a succesful summer tour of the French Riviera in 1942.       
Another Caribbean band flourished in Paris under the Occupation, because its leader, drummer Freddy Jumbo, came from the German Cameroons and had no problems getting the appropriate club permit. In June 1942, the band included two Guadeloupeans: the gifted alto player and arranger Robert Mavounzy (b. Panama, 2 April 1917) and the tenor player Sylvio Siobud. Pianist Maurice Thibault was from Haiti, and the French Guyanese Henri Godissard was on bass. In October, guitarist and trombone player Albert Lirvat also joined the Jumbo band.  They played at “La Cigale”, where the musicians were not actually paid, and the club only provided one drink per man. The rest of the time they would pass the hat around. Still, by all accounts, there was a terrific atmosphere. In its February 1943 catalogue supplement, the Polydor label was enthusiatic: “A surprise for Swing fans...Freddy Jumbo’s wonderful black orchestra and swing band.” Although jazz had been played in Paris for a couple of decades, it only became truly popular under the Occupation, something we should thank Charles Delaunay and the Hot-Club of France for. Under the guise of “swing”, jazz became a form of unstated cultural resistance to the Germans. Ingenious new French titles were dreamt up for American standards. Paradoxically, while Nazi ideology had long condemned jazz as “decadent”, the Occu­pation turned a blind eye. Swing, it seemed, had some major fans in German uniform.    
Throughout 1943, Caribbean musicians took part in various recordings made in Paris, mostly for Charles Delaunay’s Swing label. The most interesting of these are by the American trumpet player Harry Cooper, who was not interned for long, thanks to his Alsatian wife’s negotiations with the Germans. Cooper was born in Lake Charles, Louisiana in 1903 and learnt trumpet at high school in Kansas City. In the 1920s he played with Bennie Moten, George E. Lee, the Missourians and Duke Ellington, before leaving for Europe in 1928 and settling in Paris in 1931. On his two sessions for Swing,  Cooper gets the lion’s share of the solos, where his deft playing is slightly reminiscent of Tommy Ladnier. The first session brought together the three Guadeloupean reed men, Mavounzy, Siobud and Valvert, the latter still sometimes audibly influenced by biguine  music. Mavounzy composed La Cigale  as a tribute to the club where he was still working at his death in 1974. Partie de Plaisir is one of five numbers that Mavounzy cut with Gus Viseur, the king of jazz accordion. The July 1943 sides led by Léo Chauliac are basically a studio jam, with impressive contributions from the three Caribbean reed players, including some fine New Orleans-style collective improvisation. Siobud plays clarinet on Swing Guitars  with gypsy guitarist “Matlo” Ferret’s six-piece band. December 1943 saw the founding of the “Hot-Club Colonial”, which produced the first black French big band. The declared aims of this overseas musicians’ club were to create solidarity between its members, help them perfect their art, and defend their professional interests. There was a concert by the big band and a medium-size group in the Salle Pleyel on 19th December. Three weeks later the musicians were in the Polydor studios to make the first-ever recordings by an entirely Antillean eight-piece band. These reveal the high standard of French Caribbean musicians at this period. Stylistically, these excellent 1944 sides recall the Count Basie and Lionel Hampton bands.   We close the album more or less where we started, jamming with Robert Mavounzy in 1946. The latest American records and the playing style of U.S. army musicians were proof that the scene was clearly changing. Malvounzy was one of the first in France to embrace bebop. In the rush of adulation for American artists, the contributions of Antillean musicians to the development of jazz in France have too often been ignored, particularly with regard to their crucial role during the dark days of the Nazi occupation. This album is intended to set the record straight.
Abridged and adapted by Tony Baldwin from the French text by Jean-Pierre Meunier.
© FRÉMEAUX & ASSOCIÉS SA 1997
CD 1 :
1. THE GOOD EARTH (Neal Hefti)    ACÉTATE PRIVÉ
2. HALLELUJAH (Vincent Youmans)  I.V.E. 6442-NB
3. ARMIDE (folklore)     INOVAT 5128-AB
4. SONNY BOY (Jolson, De Silva, Brown, Henderson) INOVAT 5135-AB
5. HE'S MY SECRET PASSION (Arthur Young, Val Valentine)          ULTRAPHONE KU 390-1
6. I'VE FOUND A WONDERFUL GIRL (Max Knight et E. Paoli)   ULTRAPHONE KU 392-1
7. SHUFFLE OFF TO BUFFALO (Al Dubin et Harry Warren)   CONSORTIUM CM 277
8. SWING LOW SWEET CHARIOT (negro spiritual)       LUMEN XC 124
9. EENY MEENY MINEY MO (Malneck, Mercer)  COLUMBIA CL 5803-1
10. SWEET GEORGIA BROWN (Pinkard)       COLUMBIA CL 5805-1
11. MY HEART (Eugène Delouche)     PATHÉ CPT 3248-1
12. SWING BUT SWEET (Pierre Louise)          ODÉON KI 9019-1
13. CET AIR CONVIENT À MA MÉLANCOLIE (Albert Lirvat)      ODÉON KI 9020-1
14. OH! CETTE MUSIQUE (Charles-Henry, Henri Bertonneau)       POLYDOR 6141-1 DRPP
15. SEUL CE SOIR (P. Durand, Rose Noël, Casanova)     POLYDOR 6142-2 DRPP
16. BÉGONIA SWING (Robert Mavounzy)         POLYDOR 6143-2 DRPP
17. SWING 42 (Django Reinhardt)        POLYDOR 6145-2 DRPP
18. BOOGIE WOOGIE (Charles-Henry, Henri Bertonneau)       POLYDOR 6146-2 DRPP
1           Jam session au "Malesherbes Club" fin décembre 1946
Robert Mavounzy (as), André Persiany (p), Georges Bellamy (b), Ivan Levine (dm, annonce parlée). Enregistrement PYROLAC réalisé en public au "Malesherbes Club", 112 bd Malesherbes à Paris, par Jacques Lubin. (micro Mélodium 50A, pont de gravure DUAL équipé d'un graveur CLÉMENT).
2      Solo de saxophone par le virtuose guadeloupéen Félix Valvert prob. janvier 1929
Félix Valvert (as), non identifié (p).
3          Orchestre Creol's Band. Dir. Félix Valvert prob. janvier 1930
Félix Valvert (as), Robert Claisse (cl), Ernest Léardée (vl), Robert Charlery (bj), Victor Collat (p), Bernard Zélier (dm).
4       Vaissade et Latorre prob. janvier 1930
Jean Vaissade (acc), Latorre (bj), Félix Valvert (as), A. Huwyler (p).
5, 6        Notte and his creole band (Jazz de "La Coupole" de Montparnasse)        vers février 1931
Prob. : Abel Beauregard (tp), Jean Degrace (tb), Bertin Depestre Salnave (as), Émile Chancy (ts, cl), Hilton Wiles (bj), Oscar Calle (p), non identifié (b), Florius Notte (dm).
7            Mayamba et son Jazz        vers mars 1934
Poss. Paul Haughner (cl, as), Crémas Orphélien (dm). Non identifiés : tp, tb, ts, bs, g, p, b.
8       Louis-Thomas Achille, orchestre Roger Guttinger      avril 1934
Louis Thomas Achille (voc), personnel d'orchestre non connu.
9, 10            Jazz Sam Castendet            23 juin 1936
Bobby Jones (tp), Case (ts), Peter Wanderley (as, vl dans 9), Claude Martial (g), Henri Collot-Bonnet (p), Sam Castendet (b), Bruno Martial (dm), Bert Marshall (voc).
11          Del's Jazz Biguine, direction Eugène Delouche     29 avril 1937
Eugène Delouche (as), Sylvio Siobud (ts), Pollo Malahel (g solo), Richard Alexis (g), René Léopold (p), German Araco (b), Robert Mommarché (dm).
12, 13       Louise et Lirvat        28 juillet 1939
Pierre Louise (1ère g dans 12, 2ème g dans 13), Albert Lirvat (1ère g dans 13, 2ème g dans 12).
14 à 18        Fredy Jumbo et son ensemble, dirigé par Charles-Henry            18 novembre 1942
Robert Mavounzy (as, cl), Sylvio Siobud (ts), Albert Lirvat (g), Henri Godissard (b), Pierre Lamidiaux (p), Fredy Jumbo (dm).
CD 2 :
1. CE SOIR (Siniavine, Spada, R. Thoreau)            POLYDOR 6197-1 JSPP
2. LE WA DI WA WA OU (Paul Durand)            POLYDOR 6198-1 JSPP
3. VOYAGE AU LONG COURS (Gauthier)      POLYDOR 6199-2 JSPP
4. INSPIRATION (Harry Cooper)         SWING OSW 310-1
5. BLUES 43 (Harry Cooper)      SWING OSW 311-1
6. NUAGES (Django Reinhardt) SWING OSW 312-1
7. LA CIGALE (Robert Mavounzy)        SWING OSW 313-1
8. ALLEGRO (Harry Cooper) SWING OSW 344-1
9. NOS IMPRESSIONS (Harry Cooper)           SWING OSW 345-1
10. CAPRICE EN UT (H.P. Chadel)          SWING OSW 346-1
11. LUNE ROUSSE (H.P. Chadel)         SWING OSW 347-1
12 PARTIE DE PLAISIR (Gus Viseur)    SWING OSW 361-1
13. HOT-CLUB PARADE (Léo Chauliac)  SWING OSW 371-1
14. SAINT-LOUIS PELOUZE (Léo Chauliac)            SWING OSW 372-1
15. SWING GUITARS (Django Reinhardt)        PATHÉ CPT 5783-1
16. GEORGINA (Robert Mavounzy)  POLYDOR SPP 6381-3
17. J'ADORE LA MUSIQUE (P. Igelhoff, A. Steimel)         POLYDOR SPP 6382-1
18. MISTY SUNRISE (Charlie Lewis, Frank Goodie)      SWING SWK 21-1
1 à 3         Fredy Jumbo et son ensemble     7 janvier 1943
Robert Mavounzy (as, cl), Sylvio Siobud (ts, cl), Albert Lirvat (g, tb dans 3), Henri Godissard (b), Claude Martial (p), Fredy Jumbo (dm).
4 à 7      Harry Cooper et son orchestre     14 janvier 1943
Harry Cooper (tp), Robert Mavounzy (as, cl), Sylvio Siobud, Félix Valvert (ts), Jacques Diéval (p), Pierre Gérardot (g), Lucien Simoens (b), Armand Molinetti (dm).
8 à 11           Harry Cooper et son orchestre     11 mai 1943
Harry Cooper (tp), Chico Cristobal (as), Robert Mavounzy (ts), Robert Castella (p), Pierre Gérardot (g), Lucien Simoens (b), Charles Delaunay "H.P. Chadel" (dm).
12         Gus Viseur et son orchestre         8 juillet 1943
Robert Mavounzy (as), André Lluis (ts, cl), Gus Viseur (acc), Gaston Durand, Jean "Matlo" Ferret (g), Jacques Petitsigne (b).
13, 14           Léo Chauliac et son orchestre     16 juillet 1943
Albert Lirvat (tb), Robert Mavounzy (as, cl), Sylvio Siobud (ts), Léo Chauliac (p), Pierre Gérardot (g), Lucien Simoens (b), Armand Molinetti (dm).
15      Jean Ferret et son Sixtette            15 décembre 1943
Jean "Matlo" Ferret (g. solo), Camille Martin (vb), Sylvio Siobud (cl), René Duchaussoir (g), Marcel Fabre (b), Saki Bamboo alias Jacques Bourgarel (dm).
16, 17    Ensemble Swing du Hot-Club Colonial        9 janvier 1944
Abel Beauregard (tp), Albert Lirvat (tb), Robert Mavounzy (as), Sylvio Siobud (ts), Claude Martial (p), Vincent Ricler (g), Robert Roch (b), Jacques Bourgarel (dm).
18   Jam Session n° 6    3 décembre 1946
Harry Cooper (tp), Robert Mavounzy (as, cl), Frank "Big Boy" Goudie (ts), Charlie Lewis (p), Lorenzo Jova (b), Benny Bennet (dm).
Tous les titres de ce double CD ont été enregistrés à Paris.
Graphisme de couverture : d'après un bois gravé de Maurice DELAVIER tiré du livre "Magie Noire", de Paul Morand (1936).


CD Swing Caraibe © Frémeaux & Associés (frémeaux, frémaux, frémau, frémaud, frémault, frémo, frémont, fermeaux, fremeaux, fremaux, fremau, fremaud, fremault, fremo, fremont, CD audio, 78 tours, disques anciens, CD à acheter, écouter des vieux enregistrements, albums, rééditions, anthologies ou intégrales sont disponibles sous forme de CD et par téléchargement.)

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