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Cours de MICHEL SERRES
Ref.: FA5202
Label : Frémeaux & Associés
Durée totale de l'œuvre : 1 heures 40 minutes
Nbre. CD : 2
« Lorsqu’il publie Le Contrat naturel (éditions François Bourin, 1990), Michel Serres fait plus qu’exprimer un état de sa recherche philosophique.
En intellectuel, il s’engage au cœur même d’une question fondamentale pour l’avenir de l’humanité : le souci écologique. Quelles sont les limites de la planète terre ? Quels sont les devoirs des civilisations modernes envers elle ? Y a-t-il une fin de la nature prévisible ou prévue ?
A la croisée des chemins entre sciences humaines, sciences dures et droit, les thèses de Michel Serres ont eu nombre de résonances dans les débats et les institutions internationales chargées de la question écologique, et ont évolué dans un aller-retour permanent avec l’actualité.
Revu en 1992 pour une réédition chez Flammarion à l’occasion de la conférence de Rio et de l’appel d’Heidelberg, Le Contrat naturel est en réalité l’objet d’une actualisation permanente, véritable work in progress du philosophe. En 1998, la Bibliothèque nationale de France invitait Michel Serres à effectuer un Retour au Contrat naturel dans une conférence publique suivie d’un débat. A l’heure de la prise de conscience par les politiques du monde entier du problème écologique (Grenelle de l’environnement, prix Nobel de la Paix d’Al Gore et du GIEC pour leur campagne de sensibilisation aux dangers du réchauffement climatique…), la prise de parole et de position de Michel Serres reprend tout son sens éthique et délivre la pensée du philosophe sans médiation aucune, avec toute la clarté du pédagogue et la finesse de l’Académicien. »
Patrick Frémeaux
Droits : Groupe Frémeaux Colombini en accord avec Michel Serres (Collection Cours de philosophie à écouter sur CD).
TEXTE INTEGRAL LU PAR DENIS PODALYDES
REPONSES A DES QUESTIONS FREQUEMMENT POSEES VOL 2
DOMINIQUE VOYNET & NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
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PisteTitreArtiste principalAuteurDuréeEnregistré en
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1Présentation de la ConférenceMichel SerresMichel Serres00:00:471998
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2Avertissement liminaire 1Michel SerresMichel Serres00:03:111998
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3Avertissement liminaire 2Michel SerresMichel Serres00:04:211998
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4Deux morts communes : originalité de l'hommeMichel SerresMichel Serres00:02:431998
-
5Deux morts communes : origine de l'OccidentMichel SerresMichel Serres00:04:221998
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6La troisième nouvelle mortMichel SerresMichel Serres00:01:071998
-
7La troisième nouvelle mort : originalité du XXe siècleMichel SerresMichel Serres00:02:451998
-
8La troisième nouvelle mort : deux modalitésMichel SerresMichel Serres00:02:471998
-
9La chaleur et les objets mondeMichel SerresMichel Serres00:03:331998
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10Qu'est-ce qu'un objet?Michel SerresMichel Serres00:03:481998
-
11Dépendance et possessionMichel SerresMichel Serres00:03:521998
-
12Le monde ou la natureMichel SerresMichel Serres00:02:461998
-
13Bilan de la globalisationMichel SerresMichel Serres00:01:471998
-
14PollutionMichel SerresMichel Serres00:02:491998
-
15Antécédents politiques et religieuxMichel SerresMichel Serres00:02:141998
-
16Caractère juridique de l'antécédent du VraiMichel SerresMichel Serres00:03:281998
-
17Sujets, Objets, ConnaissanceMichel SerresMichel Serres00:01:531998
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18La connaissance et l'échangeMichel SerresMichel Serres00:03:351998
-
19Le droit qui fonde la symbioseMichel SerresMichel Serres00:04:291998
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20Archaïsmes philosophiquesMichel SerresMichel Serres00:03:501998
-
21Archaismes philosophiques : le pouvoirMichel SerresMichel Serres00:03:011998
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22EnvoiMichel SerresMichel Serres00:03:201998
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PisteTitreArtiste principalAuteurDuréeEnregistré en
-
1Questions/Réponses ayant suivi la conférence 1Michel SerresMichel Serres00:04:371998
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2Questions/Réponses ayant suivi la conférence 2Michel SerresMichel Serres00:02:321998
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3Questions/Réponses ayant suivi la conférence 3Michel SerresMichel Serres00:01:471998
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4Questions/Réponses ayant suivi la conférence 4Michel SerresMichel Serres00:01:291998
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5Questions/Réponses ayant suivi la conférence 5Michel SerresMichel Serres00:02:201998
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6Questions/Réponses ayant suivi la conférence 6Michel SerresMichel Serres00:04:331998
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7Questions/Réponses ayant suivi la conférence 7Michel SerresMichel Serres00:00:351998
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8Questions/Réponses ayant suivi la conférence 8Michel SerresMichel Serres00:01:341998
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9Questions/Réponses ayant suivi la conférence 9Michel SerresMichel Serres00:02:391998
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10Questions/Réponses ayant suivi la conférence 10Michel SerresMichel Serres00:02:011998
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11Questions/Réponses ayant suivi la conférence 11Michel SerresMichel Serres00:03:131998
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12Questions/Réponses ayant suivi la conférence 12Michel SerresMichel Serres00:03:141998
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13Questions/Réponses ayant suivi la conférence 13Michel SerresMichel Serres00:03:301998
Retour au Contrat Naturel
Michel Serres
Retour au Contrat Naturel
Discographie
CD1 :
01. Présentation de la conférence
02 & 3. Avertissement liminaire
La mort globale monde-humanité
04. Deux morts communes : Originalité de l’homme par rapport aux animaux
05. Deux morts communes : Origine de l’Occident : ses antiquités
06. La troisième nouvelle mort :
07. La troisième nouvelle mort : Originalité du XXe siècle
08. La troisième nouvelle mort : Deux modalités
Le Nouvel objet-monde
09. La chaleur et les objets-monde
10. Qu’est-ce qu’un objet ?
11. Dépendance et possession
12. Le monde ou la nature
13. Bilan de la globalisation
(Objectif : le Terre entière / Subjectif : l’humanité / Collectif : nouvelle distribution objet-sujet / Du droit à la politique)
Conditions juridiques de la connaissance et de l’action
14. Pollution : le prix des choses ou leur gratuité ?
15. Antécédents politiques et religieux
16. Caractère juridique de l’antécédent du vrai. Choses et causes : l’archaïque et le nouveau contrat
17. Sujets, objets, connaissance (chapitre incomplet, retranscrit en page X du livret) Histoire des causes (chapitre manquant, retranscrit en page X du livret)
18. La connaissance et l’échange : le donné
19. Le droit qui fonde la symbiose / Un Contrat naturel, imité de Lucrèce et des Italiens
Luttes, maîtrise, paix, symbiose
20. Archaïsmes philosophiques : le pouvoir / Le maître et l’esclave : de l’anciennes mort
21. Archaïsmes philosophiques : le pouvoir / La dialectique et le réseau
22. Envoi
CD2 :
Questions / réponses ayant suivi la conférence publique (13 pistes, durée totale : 34’14)
Environnement : pour un retour au « Contrat naturel », par Michel Serres
Article paru dans Le Figaro du samedi 17 - dimanche 18 novembre 2007
S’occuper de la nature revient aujourd’hui à s’occuper d’écologie. Qu’est-ce donc que l’écologie ? Usité en langue française pour la première fois autour de 1874 sur le modèle allemand proposé par Haeckel en 1866, mais inventé – semble-t-il – dès 1852 par le philosophe américain Thoreau, le terme « écologie » a aujourd’hui deux sens très distincts. Premièrement, celui d’une discipline scientifique, adonnée à l’étude d’ensembles, plus ou moins nombreux, de vivants interagissant entre eux et avec leur milieu.[...] De même qu’elle étudie cet ensemble lié d’êtres vivants et d’objets inertes, l’écologie réunit un concert complexe de disciplines classiques et récentes, comme les mathématiques (les équations différentielles), la thermodynamique, la biochimie et ainsi de suite. Le second sens du terme «écologie» est celui, idéologique et politique, d’une doctrine variable selon les auteurs et les groupes, et visant, par des moyens divers et contestés souvent par ses adversaires, à la protection de l’environnement. Il arrive fréquemment que les dits écologistes, au second sens, ignorent tout de l’écologie, au premier sens. Publié en 1990, Le Contrat naturel n’utilise pas une seule fois le vocable «écologie». Pourquoi ? Je n’utilisai pas le terme « écologie » parce que Le Contrat naturel est un livre de philosophie du droit, qui traite en particulier de qui a le droit de devenir sujet de droit. Pendant des siècles, du moins en Occident, ne pouvaient ester en justice que les mâles adultes faisant partie d’une classe sociale donnée, le plus souvent excellente : citoyens grecs ou romains, nobles, bourgeois, à l’exception des esclaves, des étrangers, des femmes, des enfants, des pauvres et des misérables. Toute l’histoire du droit peut être comprise comme l’effort d’une certaine libération qui, peu à peu, a permis à ces étrangers, ces femmes, ces enfants, ces pauvres, ces misérables, parfois à l’embryon même, de devenir sujets de droit, c’est-à-dire majeurs devant la justice et autres services publics. J’ai honte de mon pays qui m’enseigna pendant toute ma jeunesse qu’il élisait son gouvernement au suffrage universel, alors que les femmes n’y obtinrent le droit de vote qu’en 1946. Il fallait même une autorisation signée du mari pour que leurs femmes obtiennent un compte en banque. Plaisante démocratie machiste qui ne voit d’universalité que mâle ! Toute cette histoire se termine, au moins en théorie, par la célèbre Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, édictée pendant la Révolution française, et, mieux, à la sortie de la dernière guerre mondiale, par une déclaration analogue votée par les Nations unies en 1948, et, celle-là, universelle. Alors, en droit – non en fait –, tout le monde devint à cette époque sujet de droit.
Le Contrat naturel défend une thèse nouvelle que cette Déclaration n’atteindra sa pleine universalité que lorsqu’elle décidera que les vivants, les objets inertes et, en somme, tout ce qu’on appelle la nature entière, deviendront, à leur tour, des sujets de droit. En conséquence, il convient de penser un contrat naturel passé réellement entre les humains et les choses, entre la nature et les nations, comme jadis nous pensâmes un contrat social passé seulement dans les nations, c’est-à-dire entre les humains seuls. Or, dès la parution de ce livre, flamba une contestation. L’argument principal partout opposé à ma thèse consista à dire : mais qui donc va signer ce contrat ? [...] Et ma réponse était tout à fait humble : ai-je donc été assez animiste, assez totémiste, assez fétichiste, pour penser qu’à cette place pensait une personne ? Combien objectèrent au «contrat social» de Jean-Jacques Rousseau le même argument, puisque nul, en effet, ne le signa jamais et que nul, en effet, ne peut dater ni documenter la date et les circonstances d’une cérémonie où on l’aurait signé ? La volonté générale d’un groupe comporte d’ailleurs aussi peu d’organes que les sujets que je défends. Ces contrats, celui de Rousseau et le mien, se présentent donc comme des conditions. Si nous vivons ensemble de telle et telle manière, tout se passe comme si on avait signé un contrat social, comme si nos ancêtres avaient signé un tel contrat. Si aujourd’hui nous protégeons telles espèces en voie de disparition, c’est que, virtuellement du moins, nous leur reconnaissons le droit à l’existence. Les chasseurs de tigres au Bengale, au temps de l’occupation anglaise, ne leur reconnaissaient en aucune manière ce droit, ce qui impliquait, sans que les chasseurs s’en doutent, l’éradication complète de ces bêtes. Nous commençons à penser possibles des procès de détail opposant, par exemple, tel parc, telle forêt, telle mangrove à tel et tel pollueur. Ces actions supposent une acceptation tacite de ces choses comme sujets de droit. Nos conduites actuelles, notre sensibilité même, si nouvelle par rapport à la nouvelle fragilité des choses, vécues jadis comme dures face à notre impitoyable sensibilité, supposent bien que la nature devient, peu à peu, à mesure qu’elle s’affaiblit devant notre puissance, un véritable sujet de droit.
Par Michel SERRES, philosophe.
Le troisième volume des Entretiens du XXIe siècle de l’UNESCO paraît en novembre 2007 sous le titre «Signons la paix avec la Terre» (Albin Michel/UNESCO). Dix-sept experts du monde entier ont contribué à cet ouvrage, qui porte sur l’avenir de la planète et de l’espèce humaine.
© 2008 Michel Serres / Le Figaro
Michel Serres
Né à Agen en 1930, Michel Serres entre à l’École navale en 1949 et à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm en 1952. Agrégation de philosophie en 1955. De 1956 à 1958, officier de Marine sur divers vaisseaux de la Marine nationale : escadre de l’Atlantique, réouverture du Canal de Suez, Algérie, escadre de la Méditerranée. Doctorat en 1968. Enseigne à l’université de Clermont-Ferrand et de Vincennes, en philosophie, puis à Paris-I, en histoire des sciences jusqu’en 1997. Professeur à l’université Johns Hopkins, Baltimore, de 1969 à 1979, à l’université de New York à Buffalo, de 1980 à 1985, à Standford University depuis 1984.
Bibliographie :
Membre de l’Académie française depuis 1990, Michel Serres est l’éditeur du Corpus des œuvres de philosophie en langue française (Fayard), directeur des Éléments d’histoire des sciences (Bordas), directeur avec Nayla Farouki du Trésor, dictionnaire des sciences (Flammarion) et de Paysages des sciences (Le Pommier). Il est l’auteur de très nombreux essais philosophiques et d’histoire des sciences.
Le Système de Leibniz et ses modèles mathématiques, PUF, 1982 (1re édition 1968)
Hermès I. La communication, Éditions de Minuit, 1969.
Hermès II. L’interférence, Éditions de Minuit, 1972.
Hermès III. La traduction, Éditions de Minuit, 1974.
Jouvences. Sur Jules Verne, Éditions de Minuit, 1974.
Auguste Comte. Leçons de philosophie positive, tome 1, Hermann, 1975.
Esthétique sur Carpaccio, Hermann, 1975.
Feux et signaux de brume. Zola, Grasset, 1975
Hermès IV. La distribution, Éditions de Minuit, 1977.
La Naissance de la physique dans le texte de Lucrèce, Éditions de Minuit, 1977.
Hermès V. Passage du Nord-Ouest, Éditions de Minuit, 1980.
Le Parasite, Grasset, 1980.
Genèse, Grasset, 1982.
Détachement, Flammarion, 1983.
Rome. Le livre des fondations, Grasset, 1983.
Les Cinq Sens, Grasset, 1985.
L’Hermaphrodite, Flammarion, 1987.
Statues, François Bourin, 1990.
Éléments d’histoire des sciences (en collaboration), Bordas, 1989.
Le Contrat naturel, François Bourin, 1990.
Le Tiers-Instruit, François Bourin, 1991 ;
Éclaircissements. Entretiens avec Bruno Latour, François Bourin, 1992.
La Légende des Anges, Flammarion, 1993.
Les Origines de la géométrie, Flammarion, 1993.
Atlas, Julliard, 1994.
Éloge de la philosophie en langue française, Fayard, 1995.
Nouvelles du monde, Flammarion, 1997.
Le Trésor, dictionnaire des sciences (en collaboration), Flammarion, 1997.
A visage différent (en collaboration), Hermann, 1997.
Paysages des sciences (en collaboration), Le Pommier, 1999.
Variations sur le corps, Le Pommier, 1999.
Hergé, mon ami, éditions Moulinsart, 2000.
Hominescence, Le Pommier, 2001.
L'incandescent, Le Pommier, 2001.
Rameaux, Le Pommier, 2004.
Récits d'humanisme, Le Pommier, 2006.
Petites chroniques du dimanche soir, Le Pommier, 2006.
L'art des Ponts : Homo pontifex, Le Pommier, 2006
Lors de l’enregistrement de la conférence à la Bibliothèque nationale de France, un passage n’a pas été enregistré, en raison d’un dysfonctionnement technique. Le texte manquant a pu être retranscrit et nous le livrons ci-dessous. Il se situe au niveau de la piste 17 du CD1 :
Sujet, objets, connaissance
Toute la question porte sur le statut des sujets d’abord et des objets ensuite. J’ai proposé la notion de Contrat naturel et il a paru fou à certains, il apparût même délirant, de proposer un Contrat qui engagerait ou pour lequel s’engagerait simplement un objet : l’objet-monde, l’objet-nature. Autant faire un cheval Sénateur ou marâtre la Nature. Poésie ou folie. Que je sache, l’on a objecté les mêmes critiques à Rousseau, puisque le Contrat social ne fut jamais signé, dans l’histoire connue ou connaissable par aucun homme ni aucun collectif, et qu’il désigne, chez le philosophe, la condition sine qua non ou transcendantale de la formation des sociétés. L’on aurait pu, de même, critiquer Bacon de la même façon : à qui commande-t-on, à qui obéit-on, dans son adage qu’on ne commande à la Nature qu’en lui obéissant ? Arrive-t-il que des kantiens ne comprennent pas ce que signifie le terme condition ? Or, tout ce que je viens de dire de la globalisation a pour but de décrire la transformation progressive et profonde des statuts respectifs des objets dans le processus qui fait croître action et connaissance vers l’universel ; comment le statut objectif du sujet collectif varie, puisque, anciennement actif, il devient l’objet global passif des forces et contraintes en retour de ses propres actions, et comment le statut de l’objet-monde varie, puisque, anciennement passif, le voici, à son tour, actif en retour, et puisque, anciennement donné, il devient notre partenaire de fait. Je vais définir comment, plus précisément. Mais avant cela, nous ne pouvons plus décrire la scène de la connaissance au moyen du couple médiéval sujet-objet : les termes eux-mêmes changent, ainsi que leur relation. Pour ce qui concerne cette relation, je ne connais aucune connaissance qui ne commence, aussi, par des conditions de droit, dont l’impact augmente dans l’histoire des sciences au moins aussi vite que les conditions de globalisation. Tout savoir demande, en effet, un accord ou consensus que seules des instances de droit et de fait se chargent d’établir. L’enseignement nous fait passer devant des jurys d’examens, de passages, de concours, de prix ou de publication… Avant de proclamer quoi que ce soit vrai, faux ou probable, avant même de dire que ceci ou cela est ou non un objet, de science ou de non-science, telle instance en délibère et en décide, pendant un procès largement contradictoire. Des sujets de droit disent le droit des objets.
Histoire des causes
Ces conditions juridiques n’ont pas toujours évité de mortelles conclusions. Tout le monde s’étonne, aujourd’hui, du procès de Galilée, comme si cette action, exceptionnelle, avait fondé la science moderne ; cela montre l’immense inculture de notre ère. Car je ne connais point de savant grec préoccupé de science objective, astronomie, physique ou médecine, qui n’ait un jour comparu devant les tribunaux et risqué ou laissé sa tête pour avoir interrogé les astres, les cristaux ou les plantes, sous le chef qu’il se désintéressait des choses politiques et des affaires de sa patrie. Le philosophe non engagé se trouve exclu de la communauté. Que la chose émerge avec la cause, l’histoire grecque des grands procès l’atteste en surabondance. Plutôt rare dans l’aire et dans l’ère chrétiennes, le procès de Galilée me paraît, désormais, un reste de cette lointaine histoire. Que les grandes philosophies occidentales (de Platon et Aristote à Hegel) cherchent à découvrir, comme je l’ai noté en commençant, le lieu commun d’où penser à la fois la science et le droit me paraît une trace large de cette origine. Pourquoi appelons-nous d’un même terme les lois de l’une et de l’autre, pourquoi dit-on ou ne dit-on pas nature pour le monde et pour les hommes ? Or nous devons, aujourd’hui, penser un nouvel objet qui dépasse de loin le statut des objets locaux, puisque à certains égards nous devenons les objets de cela dont nous ne savons même pas s’il est un objet : si nous traitons le monde comme un objet, nous nous condamnons à devenir, à notre tour, objets de cet objet. Pour penser cette situation nouvelle, nous revenons donc au geste juridique d’origine : cet objet nouveau-là émerge à la pensée par un nouveau Contrat, qui établit à la fois cet objet global nouveau et le nouveau groupe global qui le pense, qui agit sur lui, dont les débats le font apparaître, dont les actions le font réagir et dont les réactions conditionnent en retour la survie même du collectif qui le pense et agit sur lui. Depuis plus de vingt ans, nous ne faisons qu’établir les bases de ce que j’ai nommé pour l’avoir entendu signer le Contrat naturel. Que, pour avoir repris ce geste, des philosophes politiques pour qui le monde ni la science ni le droit n’existent, m’aient, violemment et sans m’avoir lu ni compris, critiqué, m’a paru d’un prix fort léger par rapport au traitement qui aurait dû m’être infligé. Sans doute ma tête a-t-elle été sauvée par le fait que les hommes politiques ont pris au sérieux, depuis lors, les problèmes en question. Le débat juridique a commencé, la collectivité mondiale prend acte de l’existence et du statut de ce nouvel objet que, faute de mieux, nous continuons d’appeler la nature et, en se réunissant à son propos, ils signent de fait le Contrat naturel. La philosophie a pour rôle, parfois héroïque, d’anticiper l’avenir. La connaissance et l’échange : le donné (CD1 piste 18)
© 1998 Michel Serres 2008 Frémeaux & Associés
Ecouter Michel Serres : Retour au Contrat Naturel © Frémeaux & Associés. Frémeaux & Associés est l'éditeur mondial de référence du patrimoine sonore musical, parlé, et biologique. Récompensés par plus de 800 distinctions dont le trés prestigieux Grand Prix in honorem de l'Académie Charles Cros, les catalogues de Frémeaux & Associés ont pour objet de conserver et de mettre à la disposition du public une base muséographique universelle des enregistrements provenant de l'histoire phonographique et radiophonique. Ce fonds qui se refuse à tout déréférencement constitue notre mémoire collective. Le texte lu, l'archive ou le document sonore radiophonique, le disque littéraire ou livre audio, l'histoire racontée, le discours de l'homme politique ou le cours du philosophe, la lecture d'un texte par un comédien (livres audio) sont des disques parlés appartenant au concept de la librairie sonore. (frémeaux, frémaux, frémau, frémaud, frémault, frémo, frémont, fermeaux, fremeaux, fremaux, fremau, fremaud, fremault, fremo, fremont, CD audio, 78 tours, disques anciens, CD à acheter, écouter des vieux enregistrements, cours sur CD, entretiens à écouter, discours d'hommes politiques, livres audio, textes lus, disques parlés, théâtre sonore, création radiophonique, lectures historiques, audilivre, audiobook, audio book, livre parlant, livre-parlant, livre parlé, livre sonore, livre lu, livre-à-écouter, audio livre, audio-livre, lecture à voix haute, entretiens à haute voix, parole enregistrée, etc...). Les livres audio sont disponibles sous forme de CD chez les libraires et les disquaires, ainsi qu’en VPC. Enfin certains enregistrements de diction peuvent être écoutés par téléchargement auprès de sites de téléchargement légal.