Stellio
Stellio
Ref.: FA023

INTEGRALE CHRONOLOGIQUE 1929-1931

STELLIO

Ref.: FA023

Label : Frémeaux & Associés

Durée totale de l'œuvre : 1 heures 52 minutes

Nbre. CD : 2

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Présentation

Enfin réunis dans leur intégralité, les premiers enregistrements du clarinettiste légendaire qui révéla la biguine martiniquaise à Paris au début des années 30.
Jean Pierre Meunier, historien et discographe, présente en 2 Cd avec un livret 20 pages (Français, Anglais) l'intégrale (1929 - 1931) de celui qui fut aux Antilles ce que Louis Armstrong fut aux USA. 
Claude Colombini & Patrick Frémeaux

"Le plus grand instrumentiste de France."
Benny Goodman
Droits audio : Frémeaux & Associés - French West indies.

Les ouvrages sonores de Frémeaux & Associés sont produits par les meilleurs spécialistes, bénéficient d’une restauration analogique et numérique reconnue dans le monde entier, font l’objet d’un livret explicatif en langue française et d’un certificat de garantie. La marque Frémeaux & Associés a obtenu plus de 800 distinctions pour son travail muséographique de sauvegarde et de diffusion du patrimoine sonore.

This album, issued by the world-famous publishers, Frémeaux & Associés, has been restored using the latest technological methods. An explanatory booklet of liner notes in English and a guarantee are included.



EN SENS UNIQUE S.V.P., BIGUINE • AH ! GADÉ CHABINE LA, BIGUINE • MUSSIEU SATAN FACHÉ, BIGUINE • SEPENT MAIGRE, BIGUINE • YAYA MOIN NI L’AGENT, MAZURKA • MUSSIEU DOLLAR, BIGUINE • QUAND MÊME, BIGUINE • NANA (OU GROS ZOZO), BIGUINE • EN L’AI MONE LA, BIGUINE • GEORGI NANA, BIGUINE • PARIS BIGUINE, BIGUINE • MEMÉE LA CRÉOLE, BIGUINE • L’ÉCHELLE POULE, BIGUINE • ZAFÉ CO IDA, BIGUINE • NINON, BIGUINE • FEMME QUI DOU, BIGUINE • AGOULOU, BIGUINE • BONJOUR LOCA, MAZURKA • A SI PARÉ, BIGUINE • SOIGNÉ I BA MOIN, MAZURKA • MARIE-CLÉMENCE, BIGUINE • SURRAH, BIGUINE • VINI OUÉ COULI A, BIGUINE • BOSSU A BOSSU CO OU, BIGUINE • OUÉ OUÉ OUÉ OUÉ, LAGUIA • AH ! GADÉ YO CHÉ, BIGUINE • OH ! DOUCE MARTINIQUE, VALSE • GRAND TOMOBILE, MAZURKA • CÉ CON ÇA OU YÉ, BIGUINE • AH ! MI RORO, BIGUINE • TI BOURRIQUE ASSOU LA L’VÉE, BIGUINE • ALBERTE ET ANDRÉ, VALSE • LA NUIT, MAZURKA • POMME CANNELLE, MAZURKA • L’ÉCHELLE POULE, BIGUINE • COROSSOLLE DOUDOU, MAZURKA • BALCON FLEURI, MAZURKA • FEMME QUI DOU, BIGUINE • PARIS BIGUINE, BIGUINE • FINOTTE, BIGUINE.

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Presse
                          L'ESPRIT CRÉOLE par vibrationsLe fabuleux destin des Antillais de Paris s’écrit sur plus d’un siècle. Où l’on se rend compte qu’il y a une vie avant et après le zouk.Il y a un siècle tout juste, au printemps 1902, la montagne Pelée raya d’un jet de lave et de poussière la ville de Saint-Pierre. A l’époque, la métropole martiniquaise forte de près de trente mille âmes était la capitale des Antilles françaises, et plus largement l’une des grandes cités de la créolité  caraïbe. Son rayonnement culturel allait bien au-delà des rivages. On y dansait et jouait de la biguine, la musique des salons d’une bourgeoisie métisse bourgeonnante. Née quelques décennies plus tôt, cette musique aux origines incertaines, dont même les plus fameux spécialistes ne se risqueraient pas à en expliquer le nom, combine le souvenir tenace des tambours africains à l’héritage du quadrille. Pour Jean-Pierre Meunier, spécialiste de la question à qui l’on doit de multiples rééditions sur le label Frémeaux, « il s’agit d’une interprétation de la polka à la manière africaine, marquée par les syncopes ». A chacun sa définition. Toujours est-il que quand on songe que la Louisiane fut française, quand on pense que les transactions commerciales et les migrations de population furent fréquentes entre les îles et la côte du Golfe du Mexique, on ne peut manquer de tisser un lien évident entre le jazz qui allait naître aux États-unis et la biguine dont le centre créatif venait de s’éteindre des suites de cette catastrophe naturelle. Jean-Christophe Averty osera même : « Si saint-Pierre n’avait pas été totalement détruite, le jazz y serait né ! ».Les instruments de la révolteÁ l’orée du vingtième siècle, le mento jamaïcain, le son cubain, la samba brésilienne apparaissaient, styles à l’évidence cousins de la biguine. Chacune de ces musiques nées en ville même les harmonies européennes aux cadences africaines, sur quelques accords de base et une trame mélodique appuyée. On pourrait de même rapprocher les instrumentations…Chacune conserve une part de l’héritage de la grande déportation, longtemps consigné dans des sociétés secrètes, plus ou moins syncrétiques. La biguine porte en elle les stigmates des lewoz et autres chants de veillée, dont elle s’affranchi en s’urbanisant, en même temps que l’esclavage est aboli. Dès lors, deux branches d’un même tronc vont se séparer pour ne se retrouver qu’un siècle et bien des péripéties plus tard. D’un côté, les tambours et la transe rythmique vont nourrir le terreau des mornes, ces petits monts arrondis des îles, des campagnes ; de l’autre, les cordes et la danse mélodique vont se développer sur le pavé des villes. « Mais l’esprit de la biguine a toujours été dans le ka », tempère Eric Vinceno, bassiste guadeloupéen qui a grandi avec les grands maîtres du genre mais qui a aussi retenu les leçons du jazz appris à Berklee. En 2002,il est temps pour sa génération de réunir enfin ces deux traditions. Il est temps de réexaminer à leur juste valeur le gwo ka et son équivalent martiniquais le bel-air, ces instruments ces instruments de la révolte, de la résistance à la colonisation. Ces longs fûts taillés dans les barriques de rhum conservent les origines de antillais, demeurent les porte-parole de leur originalité. « Le ka, ce n’est pas qu’un rythme et un tambour. C’est un phrasé, un sens mélodique. Il y a toute une dimension spirituelle », ajoute Vinceno. Tandis que la biguine devient l’emblème, puis le zouk, de la musique antillaise, le ka est rejeté aux oubliettes d’une histoire filtrée selon les critères politiques de la métropole. Il y a bien des raisons d’expliquer l’attitude de la France dans cette affaire, qui n’a jamais favorisé cette expression. Si la conga et le djembé n’ont pas de secrets pour le français moyen, le ka et le bel air font figures d’illustres inconnus pour la plupart. Ce n’est pas là l’un des moindres paradoxes de cette drôle d’histoire coloniale qui fit taire les tambours, bannir le créole de l’école jusque dans les années 60, tandis que nombre d’antillais affichaient l’envie de se blanchir, de s’assimiler pour réussir en s’intégrant au risque de se désintégrer…Précurseurs et passeurs« Pendant très longtemps, la musique antillaise a été parquée, réduite à la Compagnie créole et Kassav. Et pourtant depuis le début du siècle, les Antillais ont apporté beaucoup de musique dans leurs bagages. Mais les français ne se sont pas rendu compte que le chaînon manquant entre les États-unis et l’Europe, c’était les Antilles ! Les décideurs ont privilégié les Afro-américains ». L’écrivain et musicien Roland Brival ne cache pas son amertume face à une métropole qui a privilégié la voie « doudouiste », plus simple à contrôler que celle d’une réelle diversité, loin de tout exotisme bon teint, mais sans doute plus proche des discours indépendantistes. A toutes les époques, les Antillais ont été à la fois précurseurs et passeurs, conservant leur accent spécifique tout en adaptant avec aisance aux autres musiques. Pour Vinceno, « les Antillais ont plus de facilités à jouer tous les répertoires. Ils ont l’oreille. C’est sans dout du à notre culture créole ». Albert Lirvat, l’un des mentors de l’époque, précise : « Contrairement aux Cubains, nous avons la chance de pouvoir jouer n’importe quel style. Si on avait eu un conservatoire aux Antilles, on aurait sorti des musiciens extraordinaires ». Sans, ce n’est déjà pas si mal…De Félix Valvert, surnommé « roi de la rumba » dans le Paris des années 30 à Daddy Yod, « prophète » en son genre d’un dancehall à la française au milieu des années 80. Du virtuose Stellio, clarinettiste qui débarque avec la biguine du « serpent maigre » et un sens inné du swing dans le Paris des années folles, à Henri Guédon, qui fera chavirer tambour battant la capitale avec sa salsa. De Liquid Rock, trio en fusion dirigé par Alain Jean-Marie dès les années 60 aux grandes fanfares créoles d’Eddy Louiss…Et que dire de Vélo, véloce tambourinaire qui finira sur les trottoirs de Pointe-à-Pitre le 5 Juin 1984…Paris, terre d’accueilDes orchestres de « jazz » des années 20 aux solistes tels que que le saxophoniste Emilen Antile, le guitariste André Coudouant, le clarinettiste Robert Noisron, le pianiste Michel sradaby qui s’illustrèrent à la suite du bop, les Antilles ont envoyé des bataillons de musiciens, des générations d’excellents instrumentistes, mais pour peupler les longues nuits de séance studio plus que pour exprimer leurs différences de styles. Rares sont ceux qui réussiront à se faire un nom, à passer à la postérité du patrimoine national. Des pianistes en pagaille, des souffleurs en rafale, des tambours en série, des chanteurs d’exception…Des dynasties entières quand on songe aux Louiss, père et fils, à la fratrie Jean-Marie, à la famille Fanfant, de Roger directeur d’orchestre dans les années 20 à Jean-Philippe, qui a traversé le siècle et du mêm coup tout le spectre de la musique noire. Tous ceux-là seront bien là parmi les plus grands, bien peu sur le devant de la scène. Tous iront contre mauvaise fortune aller chercher la reconnaissance à Paris. « et sans doute inconsciemment une respectabilité ; Mais en même temps, ils étaient porteurs de leurs différences, des idées nouvelles nées aux États-unis », souligne Vinceno. L’émigration s’accélère avec l’exposition coloniale de 1931, où les soufflants antillais s’affichent tout pavillon dehors. C’est à la capitale que ces amateurs se professionnalisent, s’inspirent des autres musiques pour créer, même si la biguine tient alors le haut du pavé. Le phénomène va s’amplifier avec la guerre, et l’impossibilité pour les musiciens américains de venir swinguer. « La guerre a permis aux Antillais de remplacer les Américains dans les grands orchestres. Cela s’est fait naturellement d’autant que certains, comme Sam Castendet, avaient déjà gravé des pièces de jazz avant-guerre. Ils jouaient à l’identique. Un musicien comme Mavounzy était capable de tout mémoriser et rejouer, ajoutant un petit vibrato très personnel », analyse Jean-Pierre Meunier. Le jazz, les musique cubaines et autres versions latines n’ont plus aucun secret pour les antillais. Mais l’âge d’or de la biguine se situe dans l’après guerre et les années 1950. C’est l’époque des grands lieux qui font courir le tout-Paris, mais aussi les musiciens américains de passage. Il n’est pas rare d’y entendre les grands jazzmen de passage y boeuffer tard dans la nuit. Il y a la Boule Blanche, la Canne à Sucre, le bal de la rue Blomet…Il y a surtout La Cigale, la grande brasserie de Pigalle qui va brasser toutes les générations jusqu’à sa fermeture, le 28 Septembre 1975.Le wabap d’Al LirvatDu haut de ses 87 printemps, Al Lirvat se souvient de ses vertes années. Sa carrière est exemplaire, son style emblématique. Guitariste autodidacte, il déboule de sa guadeloupe en Décembre 1935. Il est déjà un bon musicien amateur, un compositeur en herbe, mais pas encore le visionnaire loué par tous. Plusieurs rencontres vont s’avérer décisives, à commencer par celle avec Félix Valvert : « Il m’a embauché dans son orchestre pour remplacer son tromboniste qui venait de mourir. Seulement, moi, j’étais guitariste ! J’ai donc tout appris à l’oreille, en travaillant les chorus de Jack Teagarden, JJ Johnson et JC Hingginbotham ». C’est ainsi qu’il se met au jazz américain, initié par son ami Charles Delaunay. Il est vite cité au plus haut dans les classements du Hot Club. Et là, deuxième révélation qui cette fois va révolutionner la biguine. « En février 1948, j’ai assisté comme tous ceux qui étaient curieux au concert de Dizzy avec Chano Pozzo à Pleyel. Bien entendu, dans ce déluge de notes, on n’y comprenais rien ! Mais quand j’ai commencé à piger, tout est devenu limpide. Et je me suis dit : pourquoi ne pas faire pareil avec la biguine ? » Il crée alors le wabap, c’est-à-dire les principes du cubop et du bebop appliqués à la biguine, qu’il modernise en intégrant des assonances et des dissonances, des accords altérés et des rythmes en cinq, six et sept temps. « Le nom m’a été soufflé par Nelly, une danseuse de la Canne à Sucre ». « Doudou pas pleuré » sera le titre phare qui marque une rupture avec la tradition des années 1950. Dès lors, il ne sera jamais plus tout à fait considéré comme un musicien de biguine ni comme un musicien de jazz par les puristes des deux côtés. Entre les deux, ce mélodiste raffiné était surtout en avance de cinquante ans ! Il suffit de se pencher sur ses quelques 250 compositions originales pour mesurer le talent de ce personnage qui, à la fin des années 1960 va encore inventer un nouveau rythme, le kalangué, bientôt suivi par le beka. « Deux temps after beat, deux temps biguine : la parfaite combinaison ! C’était aussi une danse, avec une cavalière et des pas bien précis ». Et de mimer sa danse sous les lambris de sa vaste demeure aux allures de palais habanero. « C’était chouette !». L’expression nous rappelle un autre « Antillais » revenu d’on ne sait où : Henri Salvador, lui aussi guitariste et fin mélodiste. En 2002, Al Lirvat vit toujours à Paris, il est encore absent des encyclopédies de jazz, au même titre que l’immense saxophoniste Robert Mavounzy.Le Tépaz de Ti MarcelÁ deux pas de chez lui, on retrouve un autre rescapé de la belle époque des mazurkas et biguines. Le saxophoniste martiniquais Ti Marcel, de son vrai nom Marcel Louis-Joseph, n’a « que » 72 ans. Lui aussi a débuté en autodidacte, « sur le pipeau de mon cousin », puis sur un biniou troqué contre un biclou. Ti Marcel découvre le jazz en gagnant à la loterie un Tépaz et un 75-78 tours de jazz. « Johnny Hodges, Coleman Hawkins et surtout Don Byas ». Il les rejoue note à note, tant et si bien que très vite on surnomme le jeune homme Don Byas. Le jour où il croise l’Américain aux Trois-Maillets, celui-ci l’invite à « se démarquer de son jeu ». Mais voilà, celui qui affirme avoir joué de tout, « du mambo, du paso doble, des boléros, des guarachas », a pour modèle les grands ténors américains de l’époque : Lester Young et Sonny Rollins, plus que Stellio et Sylvio Siobud…S’il a connu une carrière bien remplie, s’il a joué avec Quincy Jones début 60, Ti Marcel restera pour la mémoire un bon musicien de séance, n’ayant gravé qu’un disque sous son nom. Il ne regrette rien, bien au contraire. « Si j’étais resté au pays, je seraiplus connu, mais moins fort techniquement ». Et le retraité des affaires d’enchaîner quelques chorus chaloupés, du Rollins et une biguine. « Avec un solo de jazz, j’peux pas m’en empêcher ! ».La salsa du démon Guédon.Originaire de Fort-de-France et influencé par Sainte-Marie, « lieu mythique et mystique du bel air, l’équivalent du guaguanco cubain », le touche-à-tout Henri Guédon fut lui aussi un musicien attentif aux nouveaux courants venus des Etats-Unis. C’est ainsi qu’il créera très tôt la contesta, marquée par la musique latine, mais c’est endébarquant en France qu’il prend un temps d’avance sur son époque. Il participe aux prémices de la fusion du Chat qui Pêche avec Loe Maka et Tony Scott et au début des années 1970, de retour de New York, il s’illustre en créant un big band de jazz caraïbes aux fortes consonances salsa. « A Paris, nous avion plus de possibilités, les producteurs étaient plus ouverts », se souvient le quasi-sexagénaire assagi qui réalisa « les premières adaptations créoles de classiques cubains ». C’est à lui que l’on doit la vague zouk, « un mot tiré du créole qui désignait une pauvre paillote, un lieu de perdition qui accueillait toutes les fusions avec les tambours ». Aujourd’hui épuisés, « Cosmozouk » et « Zouk experience » sortirent sur CBS au milieu des années 70.Á écouter ces tourneries insensées, on mesure le contresens historique et esthétique qui va suivre, même si les premiers disques de Kassav, de Malavoi, sont loin d’être sans qualité. « Le zouk ne me gêne pas. Il y en a juste trop, et pas assez bon ». A l’époque, il enflamme L’escale, lieu de rendez-vous des danseurs et transeurs. Avec le recul, celui qui se considérait comme un franc-tireur, l’ami de Pierre Goldman, estime que « cette attitude a fait avancer les choses ». « Je me souviens que le public communautaire nous sifflait. Il nous fallait prendre le maquis ! Mais nous avons montré le chemin aux plus jeunes ». Depuis bientôt vingt ans, le percussioniste-compositeur s’est fait plus discret, favorisant une autre facette de son travail, les arts plastiques. Il n’en reste pas moins créatif, toujours prompt à se lancer dans l’aventure si tant est qu’on lui donne l’envie et la place. La réécoute attentive de disques comme « Afro Blue » et « Afro Temple » est un argument qui devrait achever de convaincre les plus sceptiques…Retour aux racinesSi la fermeture de la Cigale conclut la fin d’une ère, celle d’un jazz antillais aux couleurs de la biguine, c’est à la même époque que débarquent progressivement d’autres musiciens, cette fois plus soucieux de valoriser leurs origines africaines. L’heure n’est pas encore à la world, mais déjà à la « musique racine ». Le ka et la flûte en bambou peuvent enfin desczendre des mornes. Depuis les années 60, quelques maisons (Cellini, Emeraude, Mavounzy) publient des disques de cette musique de « mauvais garçons », mal considérée voire envisagée comme une tache sur les vestons bien propres et lisses de la bourgeoisie typique. « dans le miouvement d’assimilation, le ka était un symbole dérangeant. Pour moi, il est l’affirmation de notre identité », pointe Klod Kiavé, tambourinaire guadeloupéen arrivé en 1994 avec la dernière vague et coleader du groupe Wopso. Q’importe : les temps changent, l’heure est à l’indépendance et les tambours sont là pour rappeler de douloureux souvenirs. En la matière, quelques personalités vont vite s’illustrer : le flûtiste Max Cilla, les percussionistes Robert Loyson, Ti Raoul Grivalliers…Là encore, impossible de tous les citer tant le vivier est riche. Il en est deux pourtant que l’on ne peut passer sous silence : Eugène Mona et Marcel Lollia, plus connu sous le sobriquet de Vélo. Le premier est martiniquais, joue de la flûte et chante comme Fela. Le second est guadeloupéen et frappe les peaux aussi fort, aussi juste, qu’un Patato. L’un et l’autre incarnent l’âme noire qui renaît. La légende de l’un et le mythe de l’autre ne traverseront jamais tout l’océan. Vélo terminera dans le caniveau, Mona dans le quasi oubli. Et pourtant n’importe quel percussionniste antillais vous dira que Vélo était le meilleur marqueur, à la fois le plus ouvert et le plus conscient de ses racines. L’un comme l’autre ont réveillé les consciences. Leur spiritualité va irradier toutes les générations à venir à Paris. D’autant mieux qu’en métropole, l’heure est au free. Les héritiers de Césaire peuvent enfin sortir du ghetto, la musique bwa-bwa ou chouval-bwa raisonner de son plus bel écho. Et là encore, la parenté est évidente avec les musiques noires américaines. « Il existe un sentiment ka comme il existe un sentiment blues », résume Klod Kiavé. « Le boladieul, c'est-à-dire le tambour de bouche dans la musique ka, c’est du scat qui s’ignore », précise Roland Brival. […]Trois livres pour en savoir plus« Félix Valvert, le roi de la rumba » (Ed. New Legend), par Isabelle de Valvert. La biographie du saxophoniste et chef d’orchestre qui en forma plus d’un. Á noter la future parution dans la même collection d’un ouvrage consacré à Al Lirvat. « La Biguine de l’Oncle Ben’s » (Ed. Caribéennes), par Jean-Pierre Meunier et Brigitte Léardée. Avant de devenir le célèbre Oncle Ben’s, Ernest Léardée a traversé le siècle et l’océan pour imposer à Paris le son typique de la biguine.« Musiques & musiciens de la Guadeloupe », par Alex et Françoise Uri. Un ouvrage un peu ancien mais qui a l’intérêt de bien insister sur les racines de la musique antillaise.Jacques DENIS© VIBRATIONS
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                     FRENCH-CARIBBEAN MUSIC : AN INTRODUCTION                        par latin american literature and artsLike the tango, jazz and the rumba, the music of the French Caribbean territories – Martinique, Guadeloupe, and French Guyana – became all the rage in the Paris of the 1920s and 1930s. This was the golden age of the biguine, which developed out of the nineteenth-century French contredanses and quadrilles crossed with African-derived invention. Many clubs, especially in the Montparnasse area, featured musicians who made the journey from the carribbean and established their careers in Paris, recording for labels like Odéon and Pathé. The featured instrument was usually a clarinet, seconded by a violin, guitar, and/or saxophone, plus a rythm section, with the syncopated interplay found in New Orleans ensembles ; when they where lyrics, they wer sung in Creole. Indeed, some bands also played jazz in their repertoire and conversely, American performers like Josephine Baker and Sydney Bechet took an interest in their music as well.Thanks to the enterprising French label Frémeaux & Associés, which has specialized in reissuing recordings from that period (as it has with musette, tango, gypsy, and Brazillian music), most of the groups then popular can now be heard on two double-CD sets, Biguine, Valse et Mazurkas Créoles, which present many of the same musicians in Volume 1 (1929-1940) and Volume 2 (1930-1943). These include the clarinetists Alexandre Stellio and Eugène Delouche and the violonists Ernest Léardée and Roger Fanfant, all of them band-leaders. Part of what distinguished this music from other Carribean dance forms is the centrality of the melody as focused in the clarinet and also the use of the guitar, at least when played here by Pollo Malahel, a sound reminiscent of French Swing bands and the gypsy-guitar style typified by Django Reinhardt.Stellio (1885-1939) was already the most prominent musician in his native Martinique, known for his authoritative and passionate style, before he and his band left for France in 1929. The double CD Stellio (Frémeaux) covers just his initial two years in Paris, where he was the ford to recored biguine – mostly his own compositions, rooted in the rich musical heritage of the city of Saint-Pierre (destroyed by a volcano in 1902). These sessions show the quick evolution of Stellio’s group sound, first with trombone, violin, abd cello ; later with piano, banjo, drums, and the sassy voice of Léona Gabriel. By 1931, during the five months in which he was a popular attraction at the ornate Pavillon de la Guadeloupe in the long awaited Exposition Coloniale Internationale, his band had expanded to include trombone and cello again, and the traditional chacha, a kind of shaker. I twas nearly the same band, in the last sessions here, with which he opened his own Paris club later that year.With Stellio’s death and then the Nazi occupation of Paris, the popularity of the biguine went into decline, but after the Liberation, what became the most famous and longest-lasting West Indian cabaret opened, La Canne à Sucre. Most of the musicians who played there in those first years are to be found in Biguine à La Canne à Sucre 1946-1949 (Frémeaux), several who were active in Paris before the war : the clarinetist and Stellio disciple Maurice Noiran ; the bandleader Sam castendet, whose long residency at the club contributed to its renown ; and the delightful young singer Moune de Rivel, who continued her career in New York. The lilting music heard here carries on the infectious spirit of the earlier recordings, if a bit more polished, an dis not without its social commentary (as in « Martinique 48 », sung in French).The musician who led the first house banda t La Canne à Sucre and quickly established himself throughout France and beyond, the guitarist and trumpeterer Pierre Louiss (1908-86) returned to live in his native Martinique only in the mid-1960s. More influenced by jazz and Rhythm & Blues than his predecessors, and with his smoky voice and jaunty tunes, he recalls the sound of Louis Prima, Creole-style. Indeed, on Creole Swing (Frémeaux), which gathers rare and unreleased recordings from the 1960s and 1970s, his original verve appears undimmed. Given the range of moods offered here, the music manages to be both intimate and expansive, showing why Pierre Louis sis long overdue for a revival.In recent decades the music of Martinique and Guadeloupe has incorporated new elements ; the rhythmic density has increased under the influence of Cuban styles, calypso, and even funk. One of the most tireless innovators, Henri Guédon, Paris-based percussionist and singer, also an active painter, began in the 1960s to evolve a sort of salsa that draws on Cuban and jazz as well as Creole traditions, collaborating with many of the finest such musicians in his bands. On his two-CD Retrospective (Frémeaux), covering his work between 1972 and 1992, he even offers a pumped-up version of Stellio’s old hit « Sepen Maig ». Above all, in his weave of Old and New World currents, he reminds us how interconnected musical cultures can be.The most popular style to emerge since the 1970s, in which Guédon was involved from the start, is known as zouk, créole slang for « party », marked by a driving high-tech sound rich in lead and backup vocals. […] other artists within the zouk landscape have sought to honor the polder Creole traditions more directly. One prominent group, Malavoi, incorporates biguines and mazurkas, and their string section may even break into passages, over a percolating rhythm, reminiscent of the French contredanses. […]Jason Weiss is currently editing an anthology of the American writer Brion Gysin (University of California press) and teaching at The New School.Jason WEISS© LATIN AMERICAN LITERATURE AND ARTS
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LA GRIFFE DU PASSE« Frémeaux & Associés, maison de disques indépendante, effectue un véritable travail d’archéologie. Ses impressionnantes recherches, son pointilleux didactisme et l’excellence musicale de ses coffrets thématiques en font une maison très estimable au charme résolument passéiste. Tour du propriétaire. Petit problème de planning. On téléphone à Patrick Frémeaux pour avancer notre entrevue. Ca n’a pas trop l’air de le faire marrer. Il accepte, sur un ton plus réservé qu’enthousiaste. La rencontre promet de ne pas être une partie de claques dans le dos, champagne et petits fours, « j’aime-beaucoup-ce-que-tu-fais-moi-aussi-trop-génial ». On s’attend à tomber sur un prof à l’image des disques qu’il édite : rustique, franc du collier, pas trop dégrossi. On a auparavant lu sa déclaration d’intention dans son catalogue : « A l’heure où les technologies dictent les programmes grâce à de vastes empires verticaux, ce sont des dizaines de millions d’auditeurs sur la planète qui écoutent au même moment le même Michael Jackson en buvant le même Coca-Cola. Dans cet univers culturel, souvent nivelé au plus bas, et réduit au plus commun dénominateur, l’édition indépendante (seule se révèle) encore soucieuse d’innovation et de diversité …» « Bigre ! Ca vous change du mielleux marketing « consommez et poilez-vous » des multinationales culturelles. Combat anachronique ? Au contraire : vision politique fatalement lucide d’un certain aspect du music-bizness. Un manifeste franchement vivifiant par les temps qui courent, d’autant plus qu’il s’accompagne d’actes à la hauteur. Et puis Patrick Frémeaux n’a rien du vieux barbon – même s’il est barbu : dans sa galerie de Vincennes, c’est avec un affable gaillard de 29 ans qu’on échange une solide poignée de main ; le jeune boss passionné d’une irréductible boîte d’archéologie musicale : « Je suis éditeur indépendant dans le sens plein du terme, je n’ai de compte à rendre à aucun conseil d’administration. Je jouis d’une liberté totale. Si je décide de faire l’anthologie de Pierre Louiss, le père d’Eddy Louiss, qui est un obscur chanteur créole des années 50, c’est un choix délibérément artistique. Si je fais ça dans une major, je suis licencié. L’objet d’une major, ce n’est pas de défendre la musique, mais de réaliser des bénéfices. Le nivellement par le bas se fait surtout au niveau du déclin de la diversité. Nous, on vend entre cinq cents et vingt mille copies par disque. En théorie, vu l’évolution actuelle, on ne devrait pas exister. Heureusement, il y aura toujours quelqu’un, au centre de la France, qui désirera l’anthologie de Charles Péguri, ou une société japonaise qui voudra absolument acheter deux cents anthologies chronologiques de Stellio – le grand clarinettiste martiniquais du début du siècle. Ce besoin de diversité, ce refus d’une culture monothéiste, fait qu’à la fin on peut vendre annuellement deux cent mille phonogrammes dans le monde, en étant négligé du schéma «économique du disque.» Claude Colombini et Patrick Frémeaux chez les HMong NoirsGrâce à son père, amateur de jazz averti, Patrick Frémeaux s’est tout jeune gavé de musique des années 50, de blues des sixties,des disques de Memphis Slim, Otis Redding, Mahalia Jackson, Al Jarreau… A 17 ans, il organise des concerts. A 19 ans, il crée une société de production de spectacles, faisant tourner Dick Annegarn, Salif Keita, Michel Legrand… A 23, objecteur de conscience, il gère les revues Ecouter Voir et Trad Magazine, préside aux destinées des éditions La Lichère, travaille pour le distributeur de jazz OMD. En 92, il monte une galerie d’estampes qui propose des lithos et gravures originales de Matisse, Alechinsky et Schiele, mais aussi de Charlélie Couture ou Henri Guédon. Enfin, début 93, Noël Hervé lui propose d’éditer un premier ouvrage musical : une anthologie de l’accordéon. « J’ai alors constaté peu à peu que tous les grands genres populaires, de toutes les cultures, n’avaient jamais été réédités scientifiquement. En les réécoutant, avec une oreille actuelle, j’ai vraiment découvert une richesse et des trouvailles importantes : on a donc lancé toute la collection de coffrets thématiques qui analysait les grands genres populaires, en restaurant les enregistrements d’époque, et en faisant des livrets très minutieux, en restituant la musique dans son contexte historique, social et culturel. Pour chaque genre, je déniche son spécialiste. Quelqu’un qui a généralement passé sa vie sur le sujet. Pour les musiques country ou blues, c’est par exemple Gérard Herzhaft, qui a écrit les Que sais-je ? ou Seghers correspondants, Jean Buzelin pour le gospel, Alain Gerber pour le jazz, Jean-Christophe Averty pour la variété française… A chaque fois, on a donc pris le spécialiste en France. Chacun amenait des éléments de sa collection personnelle, complétés par des apports d’amis tout aussi passionnés… Ca se fait essentiellement à partir de leurs 78t, ou parfois des gravures directes, ou encore des enregistrements sur câble, avant la bande. C’est un travail scientifique. Un coffret thématique nous coûte 150 000 F, c'est-à-dire le budget d’une production à part entière. »Ce qui différencie Frémeaux & Associés du label moyen, c’est un souci de la perfection et de la qualité impressionnant, où la musique prime sur le commerce – et tant pis pour le cliché du passionné David opposé au mercantile Goliath. « Pour le nouveau coffret Gospel, il aurait été raisonnable de faire un « simple » livret seize pages. On en a fait soixante-quatre, avec cinquante photos. Parce qu’on voulait que tous les guitaristes évangélistes d’avant-guerre aient leur photo dans le coffret. Maintenant, quelqu’un qui veut faire un bouquin sur ces guitaristes ne peut pas faire mieux : tout est dedans. Pour nos coffrets thématiques ou nos intégrales, notre travail est comparable à ce que le CNRS ferait si demain il ouvrait ce type de département. Il y a donc des découvertes, parfois au moment de la gravure : quand on a préparé l’intégrale de Mireille, on a retrouvé un test-pressing, c’est-à-dire un enregistrement directement fait dans la cire, refusé à l’époque par la compagnie, existant à un unique exemplaire. Il a été découvert aux puces ! L’intégrale Jean Gabin représente des années de travail, de collectage, avec collectionneur à l’autre bout du monde qui a la matrice qui manque, et à qui il faut écrire pendant deux ans avant qu’il n’accepte de lâcher le morceau. On a dégoté une version anglaise de Maintenant je sais qui est incroyable… Pareil pour l’intégrale Django Reinhardt, qui a nécessité un véritable travail d’archéologue. On fait régulièrement des découvertes renversantes.» Quatre salariés bossent chez Frémeaux & Associés, aidés par soixante-cinq intermittents. Un boulot relayé dans trente pays par autant de distributeurs. Parallèlement à sa vocation d’explorateur du temps perdu, Patrick Frémeaux a lancé une branche « production », signant Baden Powell, Screaming Jay Hawkins, et développant un important département gospel. L’essentiel – et le meilleur – du catalogue se situe cependant dans ses passionnantes et miraculeuses rééditions, où cohabitent jazz, variété française et musique du monde – dans le sens large du terme : des chants de Papouasie au flamenco, en passant par les voix bulgares. On tombe ébahi sur le coffret de musique tzigane (Paris/Berlin/Budapest 1910-1935), divin flacon où Goran Bregovic a pu puiser l’essence du Temps des gitans. Ou sur l’anthologie de musique yiddish, regroupant klezmer, prières solennelles, folklore ashkénaze et fox-trot juif… La country bénéficie de quatre doubles CD thématiques, remontant aux sources de la country proprement dite (Nashville/Dallas/Hollywood 1927-1942), du Western cowboy, du Swing texan et des Folksongs – ici s’abreuver avec inspiration Palace et Beck. Cet imposant inventaire des origines de la musique américaine, complétant les disques de blues, jazz et gospel, auxquels il faut aussi ajouter les excellentes anthologies sur la musique cajun et hawaiienne, sera encore complété par un coffret sur la naissance du rythm’n’blues. Ce catalogue, volontairement électrique, possède un dénominateur commun : la date des enregistrements exhumés, généralement comprise entre 1910 et 1940. « On choisit la période en fonction de l’âge d’or de la musique pour les grands genres de musique populaire, ça se situe à l’avant-guerre. Après-guerre, l’industrie phonographique a nivelé les mouvements, pour en faire des produits de marché. On veut saisir le caractère historique et la genèse de sons, sonorités et musiques qu’on connaît tous comme des hymnes et qu’on veut retraduire dans le mouvement socio-historique dans lequel elles ont été créées. Il y a aussi un côté de conservation patrimoniale, parce que les gens qui avaient ces disques-là appartiennent à une génération qui disparaît, et les disques avec. Si on était arrivés dix ans plus tard, des pans entiers de mouvements musicaux seraient passés à la trappe. Il y a cependant un problème au niveau de la perception du son : les gens aujourd’hui ne comprennent pas qu’un son ne puisse être parfait, alors que la retranscription d’un 78t des années 30 ne sera jamais parfaite… » Il faut donc accepter un certain crachotement, un son pas aussi pro que sur le dernier Céline Dion, et se laisser littéralement saisir par la force de ces granuleuses chansons populaires, de leur tangible sincérité, de leur créativité brute, rocailleuse et saisissante. Il y a un aspect Louis Lumière dans beaucoup de ces rééditions, un frisson lié au côté originel des chansons, en une même émotion à l’écoute des interprétations de Papa Harvey Hull ou Joseph Szigeti qu’à la vision de L’Arrivée d’un train en gare de La Ciotat. Une absence de préméditation et de frime irremplaçable.» Benoît SABATIER – LES INROCKUPTIBLES
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La compagnie cévenoleLa biguine martiniquaise revit au pied des Cévennes, grâce à l'Antillais Gérard Tarquin et sa clique métissée qui ont fait d'Anduze un fief des tempos créoles.La biguine avait disparu sous le rouleau compresseur du zouk électrique. Voici ses danses guillerettes et facétieuses ressuscitées, non à Saint-Pierre, au sud de la montagne Pelée où elle est née, mais à Anduze, dans le Gard, au pied des Cévennes, où vit Gérard Tarquin, clarinettiste martiniquais au teint blême, hanté par ses racines nègres. Au sein du groupe Coeur de Chauffe - qui emprunte son nom au nectar de rhum -, il redonne vie aux alliages de tambours bel-air, de figures de carnaval et de mazurka européenne qui ont fait les beaux jours du Bal nègre de la rue Blomet, à Paris, au début du XXe siècle. Les amateurs de jazz New Orleans connaissent bien Tarquin, puisqu'il fut un des fondateurs du groupe Les Haricots rouges, dont le swing un brin désuet se taille un joli succès populaire depuis une quarantaine d'années. « Au fond, se défend-il, nous ne devons pas être si ringards que ça : je me souviens par exemple avoir fui un plateau télé pour aller faire le boeuf avec Sun Ra. D'ailleurs, lorsque dans notre dernier album nous avons adapté Angela, de Saïan Supa Crew, tout le monde a pensé que c'étaient les rappeurs qui s'étaient inspirés de nous et non l'inverse. La créolité de La Nouvelle-Orléans, ne l'oublions pas, est cousine des métissages antillais. » Le goût de Tarquin pour les jam-sessions et son sens de la famille hérité des fêtes martiniquaises de son enfance (dans le 13e arrondissement, à Paris) ont entraîné nombre de musiciens, jeunes ou moins jeunes, dans son sillage. « C'est un gourou », dit Lulu, le batteur des Têtes raides, qui a fait le boeuf avec lui il y a vingt ans, en Seine-et-Marne où tous deux habitaient, puis à Anduze où il est souvent venu le voir avant de décider, il y a trois mois, d'y jeter l'ancre. D'autres potes de l'époque du lycée Rodin à Paris, ou des débuts des Haricots rouges en Seine-et-Marne, ont fait à peu près le même parcours. La plupart d'entre eux se retrouvent dans le groupe Coeur de Chauffe pour sortir la biguine « du folklore distillé dans les musées que sont les maisons de la culture ». « C'est une musique qui parle aux gens et qui les fait bouger », s'emballe Tarquin. « C'est une musique gaie qui donne le goût de vivre », ajoute Joseph Zobel, 90 ans, auteur de La Rue Cases-Nègres, lui même installé à Anduze depuis 1976. Grâce à son fils Roland Zobel dit Zozo, potier et grand amateur de noubas antillaises, nombre de Parisiens, musiciens ou non, se sont pris de passion pour ce verdoyant petit coin du Gard connu pour ses camisards d'autrefois et ses inondations d'aujourd'hui. « Zozo et moi, on s'est trouvés dans la même situation, lui très noir, moi très blanc, aucun de nous deux n'ayant vécu aux Antilles, raconte Tarquin. C'est dans sa superbe maison en surplomb d'Anduze que peu de temps avant sa disparition, à 58 ans - en mars 2004 -, le disque Couleur cachée a été enregistré à haute dose de rhum, boudin, accras et colombo. » Cette bonne ambiance est palpable tout au long de ce CD aux saveurs rétro, où flotte l'esprit d'Eugène Delouche, illustre clarinettiste martiniquais qui fut le maître de Tarquin. Le piment poétique et gouailleur y est distillé par la chanteuse Maura Michalon, venue du lyrique, qui sait retrouver l'âpreté des biguines du « temps longtemps » (comme on dit en créole), et l'accordéoniste-vocaliste Roland Pierre-Charles, ex-membre de La Perfecta, groupe culte antillais des années 70, qui insuffle à l'ensemble une énergie goguenarde et rageuse aux frontières du rock. Tous les morceaux interprétés sont des grands classiques signés Ernest Léardée, Alexandre Stellio, Léona Gabriel, Al Lirvat, Loulou Boislaville... Sauf Couleur cachée, la chanson-titre écrite par Gérard Tarquin, qui laisse libre cours à son blues de « sang-mêlé » et à son goût du balancement chaloupé : « Biguine Saint-Pierre bien cadencée /Mon Dieu ce que j'en ai rêvé /C'est dans mon sang, c'est dans mon âme /Oui mais je suis né à Paname. »par Eliane Azoulay - Télérama n° 2916 - 30 novembre 2005, ffff
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Frémeaux & Associés est le premier éditeur sonore du patrimoine créole. La direction de la réédition de toute l’histoire de la musique antillaise a été confiée à M. Jean-Pierre Meunier, spécialiste de la musique et de l’histoire des Antilles.Ce travail a été honoré de l’ensemble des distinctions de la presse World Music, comme de la presse classique ou jazz. Frémeaux & Associés est particulièrement sensible aux nombreux courriers reçus depuis les Antilles de la part d’auditeurs heureux d’avoir pu retrouver la mémoire de leur histoire (biguine, valses & mazurkas créoles, naissance du zouk et du mambo…)
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En Mai dernier, le bal créole a fait irruption à l’Olympia. Biguines langoureuses, violons en pleurs, tempo syncopé, atmosphères à la fois jubilatoires et nostalgiques, le concert de la Martiniquaise Gertrude Seinin a rallumé les souvenirs du Paname d’entre-deux-guerres…le Paris des années trente c’étaient aussi les fastes quelque peu exotiques du Bal colonial de la rue Blomet, du Bal de la Glacière ou de la Boule blanche, quand la rive gauche s’enfiévrait sur les notes étincelantes de la clarinette de Stellio ou les riffs rigoureux du trombone d’Alexandre Saint-Hillaire. Cette époque insulaire en métropole, qui connut un autre moment de gloire avec l’Exposition Universelle de 1937, animée par l’orchestre guadeloupéen de Roger Fanfant, on la retrouve dans les trois coffrets de 2 CD que la maison Frémeaux & Associés a publié en 1993-1994, et dans lesquels on entend, parmi d’autres, les voix fines et perçantes des vocalistes antillaises Nelly Lungla, Maïotte Almaby et Léona Gabriel. En hommage à cette dernière et pour célébrer le trentième anniversaire de sa disparition (avec un an de retard, car elle est morte en 1971…), Gertrude Seinin a sorti la compilation de ses cinq premiers albums, dont le premier, paru en 1981, lui avait valu les Maracas d’Or l’année suivante. La chanteuse, qui avait commencé sa carrière avec le projet de relancer biguines, mazurkas et valses, bref la musique traditionnelle et populaire de la Martinique, revient à ses anciennes amours après une parenthèse significative consacrée à la création du genre créole-spirituel, sorte de gospel caraïbéen à l’instar du négro-spiritual afro-américain. Avec 34 titres distribués en deux CD et la participation de la fine fleur des musiciens Antillais (le regretté P. Rosine, F. Donatien, J. Béroard, J.-M. Albicy, D. Dantin…), la vocaliste originaire de l’ancienne Madinina se plonge dans les racines d’un art issu du triangle magique Nouvelle Orléans-Paris-Fort-de-France. « Je suis venue à la musique traditionelle de chez moi, celle datant d’avant 1902, l’année de l’éruption de la montagne Pelée et de la disparition de la ville de Saint Pierre, pour rendre homage à léona Gabriel Soïme, la grande dame de la chanson Martiniquaise, nous a expliquer Gertrude Seinin quelques jours avant son passage à l’Olympia. Aujourd’hui il y a une réhabilitation des anciens talents et des musiques populaires qu’on croyait ensevelies dans le passé mais qui sont toujoursvivantes, ce qui explique le succès de Cesaria Evora ou de Compay Segundo. Alors, je me suis dit : « pourquoi pas les Antilles ? » …Je me souviens de ma rencontre avec Léona Gabriel, qui remonte à l’époque où je faisais partie du groupe Art et Folklore. Léona m’a montré un album plein d’images de sa carrière et de sa vie. Dans les photos qui défilaient devant mes yeux, elle était si belle que je n’ai pas pu cacher mon admiration. Á quoi Léona répliqua, devant Alexandre Nestoret qui était avec nous, à l’origine de cette rencontre : »Maintenant elle ne voit que les ruines, c’est pour cela qu’elle s’étonne… ! ». Élégante, pleine d’assurance, dotée d’une voix belle et étendue sur plusieurs registres, cette chanteuse de la créolité nous rappelle, avec ses sérénades bourrées de tendresse, son swing délicat et ses saveurs sensuelles, l’histoire d’un courant musical qui fait son retour attendu dans le sillage des musiques-du-monde. Luigi ELONGUI - RÉPERTOIRE
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Le Titi réagit à notre dossier « Que reste-t-il de Montparnasse » (notre édition du 10 Mai). Un éclairage qui nous apprend que le carrefour Vavin était aussi le quartier antillais de la capitale. « Au carrefour Montparnasse, écrit Simenon dans « La tête d’un homme », la vie battait son plein, il était midi et demi »…A la façon de Balzac exprimant les hasards de la rue Pangevin, Simenon réduit, lui, La Coupole de 1931, depuis Décembre 1927 l’établissement de proue de Montparnasse ; Le film qu’en 1932 Duvivier tire de « La tête d’un homme » montre le bar « américain » de la brasserie. De belles dames en chapeau cloche juchées sur de hauts tabourets trinquent avec de beaux messieurs à nœud pap’. Arrive Maigret. Encore qu’il soit « de la génération de la brasserie et des bocks », la vieille école, le commissaire essaye un Manhattan mais sans toucher aux olives que Bob, le barman, pose devant lui…Dans ce coin de Paris, note Simenon, la proportion est de quatre-vingts pour cent d’étrangers. Montparnasse quoi ! L’endroit le plus cosmopolite, bariolé, bohème, de Paris,  qui « a vaincu Montmartre parce que Montparnasse, explique Héron de Villefosse, touche au Quartier latin et que c’est toujours la jeunesse étudiante, artiste, étrangère ou non, qui excitera le foyer de la gaieté urbaine ». Même si la défaite de Montmartre serait à étayer, les dessins et tableaux d’époque représentant les terrasses du dôme, de la Rotonde, l’intérieur du Jockey, attestent de la surexistence du Montparnasse de l’entre-deux guerres…Les témoignages concordent, on s »’y amusait. Preuve du tellurisme populaire Parisien, les faux bals apaches faisaient florès. L’instigateur en était dessinateur Paul Colin. Le 20 février 1931, « le trépidant Georges Simenon », selon Odette Pannetier dans « Candide », lui demande d’organiser un bal Anthropométrique pour fêter la sortie de ses derniers romans. Déguisés en hommes et femmes du milieu, mille invités chics s’agglutinent, non chez Bousca rue de Lappe ou à l’As de Cœur rue des Vertus, mais à la Boule Blanche, le bal « nègre » du 33, rue Vavin. Jean-Pierre Meunier, qui édite trois Cd consacrés à la musique antillaise entre 1929 et 1943 à Paris, nous apprend qu’alors la Boule Blanche vibrait au rythme du grand clarinettiste martiniquais Stellio (1885-1939), et à la voix rauque et gouailleuse de la belle Léona Gabriel (1891-1971), tante d’Henri Salvador. Revêche aux cadences créoles, Odette Pannetier remarque néanmoins qu’en dansant, les invités de Simenon « semblaient absolument extasiés ».  Montparnasse a été le lieu privilégié de la musique « z’Antilles » à Paris. Tout avait commencé au bal colonial, 33 rue Blomet. D’après Warnod, sa découverte en revient à Pascin. Juste après le succès de la Revue nègre de 1925 avec Joséphine Baker, le Tout-Montparnasse colonise le lieu. Lancinante, la « boîte à clous » - chacha en créole, les maracas – de l’orchestre du pianiste Jean Rezard-Desvouves donnait la fièvre aux esthètes…Avant de mourir, Ernest Léardée (1896-1988), violoniste puis clarinettiste, l’Oncle Ben’s de la publicité télévisée, a confié à sa femme Brigitte et à Meunier ses souvenirs. Ils permettent de reconstituer l’itinéraire des musiciens antillais à travers Monparno, de la Boule Blanche au Tagada-Biguine du 12, rue de l’arrivée – décoré en 1931 par Colin, tenu par Stellio – rebaptisé le Madinina-bar en 1932, à l’Élan noir du 124, boulevard de Montparnasse, monté fin 31 par Léardée…Liste non exhaustive d’une saga essentielle à Montparnasse encore que trop peu connue…Claude DUBOIS – LE FIGARO
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Du côté des « musiques sœurs » du jazz, il convient de noter l’extrême importance des musiques antillaises qui firent les belles nuits de la capitale pendent l’entre deux guerres. Ces musiques étaient magiquement distillées dans plusieurs cabarets dont le plus célèbre était le fameux Bal Nègre de la rue Blomet. Établissement fréquenté par certains surréalistes (Prévert, Desnos, Marcel Duhamel) et si bien chanté par le poète André Hardelet « Des Vénus en flammes de punch / Frottaient la biguine créole / Leur doux contact a fait dresser / - O Blomet Street – des auréoles/ Sur nos espoirs à caresser ». Les plus fameux musiciens antillais « parisiens » de l’époque ont pour noms : Alexandre Stellio et Eugène Delouche ( tous deux clarinettistes, compositeurs, et chefs d’orchestre ), Ernest Léardée (violon), Al Lirvat (trombone), Robert Mavounzy (saxophone). Les rapports entre les musiciens antillais et le jazz furent fréquents. Ainsi le saxophoniste robert Mavounzy, tenu par Charles Delaunay comme un très grand musicien de jazz, fut en France un pionnier du be-bop en même temps qu’il fit avec Al Lirvat les beaux jours du cabaret antillais La Cigale, après la Seconde guerre mondiale. L’instrumentation des musiques traditionnelles antillaises avec la clarinette comme instrument roi, la pulsation particulière des mazurkas, biguines et valses créoles évoquent les « couleurs » des premiers enregistrements du jazz de la Nouvelle-Orléans (Sydney Bechet notamment). ECOUTER VOIR
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L’insularité est souvent un symbole de repli sur soi, de « splendide isolement ». Pour les Caraïbes, le phénomène inverse s’est produit. Dans cet archipel,  les musiques ont toujours su assembler harmonieusement les vieilles mélodies et les danses espagnoles, puntos ou zapteos, avec les rythmes et les rites des confréries à Cuba, où la contredanse de l’ancienne France a également contribué à créer le danzon, alors que valses et mazurkas sont entrées naturellement dans le répertoire de la Guadeloupe et de la Martinique. Le dernier ouvrage de la série consacrée aux musiques du monde par la Cité de la musique et Actes sud (Musiques Cubaines de Maya Roy) nous permet d’entrer dans cet univers, en commençant par les musiques religieuses originaires du Bénin ou du Congo (contrairement aux États-unis, les esclaves de même origine n’étaient pas systématiquement séparés, ce qui a permis aux populations venues d’Afrique de garder, comme au Brésil, une importante partie de leur patrimoine musical). L’évolution des musiques cubaines est clairement expliquée avec, d’abord l’apparition d’instruments européens, comme la guitare ou le tres d’origine espagnole, avant d’arriver aux septetos, où la trompette évoque naturellement l’influence du jazz qui contribuera plus tard à la formation de grands orchestres dont le plus éblouissant fut sans doute celui de Machito. Un CD bien conçu accompagne cet ouvrage d’une lecture aisée. La musique Cubaine est d’une grande richesse et soixante-dix minutes ne permettent pas d’en faire le tour. Le double CD compilé par une autre ethnomusicologue, Isabelle Leymarie, chez le même éditeur (Cuba, 1923-1995), complète intelligemment ce premier choix puisqu’il présente également des enregistrements effectués par l’immigration Cubaine à New York. Malheureusement, aucune des deux parutions ne comporte de témoignages de l’art de la grande chanteuse Celia Cruz ou même de La Lupe, astre fulgurant et sulfureux de la scène de la scène de Nueva York des années soixante. On constate d’ailleurs à ce sujet que la musique d’expression cubaine jouée aux États-Unis nous a longtemps été présentée comme la seule qui soit moderne et évolutive, alors que les musiques d’un Cuba soumis au blocus (complexe de l’insularité !) seraient restées désespérément stagnantes, beaucoup de grands artistes ayant fui le nouveau régime. L’écoute de groupe comme Irakere, l’Orquestra Revé, NG La Banda, Los Van Van ou des descargas (la forme la plus influencée par le jazz) nous prouvent qu’il n’en est rien. Isabelle Leymarie a également publié Musiques Caraïbes, toujours aux mêmes éditions, qui survole l’archipel et permet de mieux comprendre les points communs ou les différences dans ces musiques sœurs. C’est aussi une bonne introduction aux coffrets parus chez Frémeaux & Associés, présentant les musiques des Antilles françaises telles qu’on les jouait au Bal Nègre de la rue Blomet, rendez-vous de l’intelligentsia parisienne des années trente. Ici, la clarinette est reine et ses solistes sont manifestement inspirés par les clarinettistes de la Nouvelle-Orléans avec, au premier rang, Jimmy Noone. Les instrumentistes antillais ont brillamment relevé le défi de leurs confrères louisianais, notamment grâce à Stellio, qui fit connaître la biguine aux parisiens, ne dédaignant pas valses ou mazurkas et même parfois une laghia, comparable à la capoeira brésilienne. Si l’instrumentation évoque les petites formations de la Nouvelle –Orléans, avec l’apport fréquent d’un violoncelle, on est frappé par le rôle original du trombone dont les roulements ne sont pas sans rappeler les frappes du gwo-ka, ce tambour fabriqué à l’origine (paraît-il) avec des barils de viande salée et qui connaît actuellement un renouveau dans les Antilles francophones. Si l’on ne trouve pas d’enregistrements du légendaire Vélo, dont la mort suscita à Pointe-à-Pitre l’émotion de toute la population,  on se référera à deux gravures réalisées dans des villages de la Guadeloupe (Le gwoka. Soirée léwoz à Jabrun, OCORA C 560030 et Soirée léwoz à cacao, OCORA C 560031) qui témoignent de la vitalité de cette musique un moment menacée, mais qui a su suivre la vieille exhortation créole « kembé wed, ou pa moli » (tiens bon, ne faiblis pas). Henri LECOMTE - DIAPASON
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At the same time in Paris, Alexandre Stellio, the clarinet virtuoso from Martinique, was recording and playing beguines that are often stuningly beautiful, and clearly related to the New Orleans style. His band frequently featured a banjo and a trombone, and contrapuntal improvisation. One tune on a two-Cd set issued last year, « Stellio, le créateur de la biguine à Paris » (Frémeaux), « Ah ! Gadé Chabine La » pokes fun at a woman for being easy and a liar ; i t was the carnival hit of 1927. Stellio’s work helps round out the musical picture of the early parts of the century, while showing that musicians from the Americas where listening to the same music and coming to some of the same conclusions about how it should sound. THE NEW YORK TIMES
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Une réédition formidable qui met enfin en lumière l’éclosion de la biguine à Paris dans les années trente ( « Biguine 1929-1940 », Frémeaux)… […] La biguine est née dans ces terres néo-colonisées que sont les Antilles français (Guyane, Guadeloupe, Martinique). Les musiques issues de ces « poussières d’îles », métissages complexes et spécifiques, seront les fers de lance de la reconstitution de communautés fragmentées et déracinées. Une musique, une dérision du quotidien, une déviation des codes culturels coloniaux par l’accentuation rythmique (et polyrythmique), la fusion de l’emprise du terroir et de la palilalie des musiques à tradition orale. Biguine et jazz, tous deux afro-américains, reposent sur les mêmes fondements sociaux. Il semble à tous ces titres que jazz et biguine soient des musiques jumelles. Elles ne l’ont que tardivement reconnu. Nos îles, isolées l’une de l’autre et toutes tendues vers leurs métropoles respectives, vivront un développement culturel à « faible convergence » comme l’a écrit Denis Constant, avec trois axes musicaux que l’on peut retrouver sur chacune d’entre elles. D’abord les sources Africaines : Laghia, Bel-air, Lérose, Calenda, Haute-taille…Ensuite une inspiration européenne : valse, quadrille, mazurka, boléro, biguine. En fin, une musique à tendance syncrétique ou fusionnelle : cadence-lypso originaire de Haïti, afro-cubain. L’intérêt, le rapprochement naturel entre Caraïbes et États-unis est à l’origine de l’enrichissement mutuel de ces musiques. Se rappeler du contexte, le grand mouvement panafricaniste des années vingt, mené par les philosophes et les politiques (Marcus Garvey). Mais ce rapprochement n’eut pas lieu autour du golfe du Mexique. C’est Paris, lieu de convergence des jazzmen américains et des musiciens antillais, qui a servi de décor. Peu d’éléments de mémoire nous restent des années d’avant guerre, en ce qui concerne la biguine, si ce n’est par la tradition orale perpétrée notamment dans les « vidés » du carnaval…Nous savons qu’elle a mûri à Saint-Pierre (en Martinique), Basse-Terre et Pointe-à-Pitre (en Guadeloupe). En revanche des témoignages sur le renouveau de cette musique depuis 1920 sont précis et parfois gravés (le disque compilation « Biguine » ou le livre sur Ernest Léardée La biguine de l’oncle Bens de Jean-Pierre Meunier et Brigitte Léardée aux Éditions Caribéennes). Les grands précurseurs du renouveau de 1929 à 1940, que l’on retrouve sur « Biguine », furent Stellio, Lancry, AlLirvat, Léona Gabriel, etc. Cette compilation des 78 tours de l’époque contient un livret remarquable de concision et de d’histoire, et j’y ai réellement reconnu et retrouvé l’âme de nos îles…Ensuite, après 1945, de Robert Mavounzy à Bib Monville, en passant par Alain Jean-Marie, Mario Canonge ou Chyco Jehelman, la biguine s’est enrichie de la musicalité des harmonies modernes. Le traitement des mélodies, les découpages rythmiques, les possibilités d’improvisation sont autant d’emprunts à la culture, à l’esprit jazz. […] Aujourd’hui, la symbiose entre jazz et biguine s’accentue, autour des musiciens déjà cités avec bien sûr Alain Jean-Marie qui a réalisé tout récemment un merveilleux « Biguine Reflexions ». Après avoir goûté la musique fusion, Alain Jean-Marie joue bebop, puis jazz classique…Il fouille aujourd’hui dans notre patrimoine antillais à la recherche de la « machine à remonter le temps », selon son expression. Avec Malavoi, groupe phare « tout public », l’impact déborde les plus ardents défenseurs d’une approche jazz.Claude SOMMIER - JAZZMAN
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The complete recordings in chronological order of Martinique-born clarinettist and bandleader Alexandre Stellio, the first to record the beguine in Paris and whose six titles from his debut session hark back to the sounds of his native island prior to the volcanic explosion of 1902 which killed 30000 people and incidentally wiped out the music scene – Stellio, born in 1885, was already playing music and living in French Guyana at the time. The six titles from the October 1929 debut session for Odéon Records were a lot wilder than anything that came later, with the band line-up of Stellio on clarinet, the amazing Archange Saint-Hilaire on trombone, Ernest Léardée on violon (sometimes making it sound like a banjo!) and Victor Collat on violincello, plus Jeanne Rosillette on vocals. The results of this, what may seem unusual, instrumentation are familiar and strange at the same time, akin to the wilder side of New Orleans jazz – possibly a relative of course, though Stellio certainly did listen to and consciously study jazz records prior to his own debut on wax. The remaining titles are (relatively speaking) more conventional, Saint-Hilaire unfortunately abandoning the line-up before the second session took place a couple of month later, with banjo and drums added, whilst Léardée headed out on his own before the third session in September 1930 with Victor Collat switching to piano. Léona Gabriella recorded six titles in July 1931 with Stellio and band behind her for Polydor, but as she was the band singer and crops up on numerous other titles anyway, these fit right in. The band credit for Stellio´s own next session reflected the success he had enjoyed at the Paris Exposition, whilst Tagada-Buguine was the name of Stellio´s own short-lived nightclub in the French capital. The forty numbers are mostly classic biguines, though there are some mazurkas and two Creole waltzes included (of the latter, “Alberte Et André” hints at the classic “La Vie En Rose”, a hit for Edith Piaf in 1946). For those with a taste for vintage jazz or the music of the eastern Caribbean, this is indispensable. Should you fall into the category, the only reason for not buying this is if Frémeaux come up with a complete Stellio box set running up to his death in 1939.Norman DARWEN – BLUES & RYTMN
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« Avec ces deux coffrets, nous ne pouvons que réitérer les éloges que nous formulions dans le numéro 34 de notre magazine, suite à la livraison du premier volume de "Biguine". (...) Nous ne saurions trop remercier Jean-Pierre Meunier de nous donner la possibilité d’apprécier les merveilles de sa collection, et félicitons-le pour la précision du livret. » Robert SANTIAGO – TRAD MAGAZINE
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    Artiste principal
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    Durée
    Enregistré en
  • 1
    EN SENS UNIQUES SVP
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:02:25
    1929
  • 2
    AH GADE CHABINE LA
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:02:33
    1929
  • 3
    MUSSIEU SATAN FACHE
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:03:14
    1929
  • 4
    SEPENT MAIGRE
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:03:04
    1929
  • 5
    YAYA MOIN NI L AGENT
    ALEXANDRE STELLIO
    MARTINIQUE
    00:02:52
    1929
  • 6
    MUSSIEU DOLLAR
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:02:27
    1929
  • 7
    QUAND MEME
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:02:59
    1929
  • 8
    NANA
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:03:09
    1929
  • 9
    EN L AI MONE LA
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:02:54
    1929
  • 10
    GEORGI NANA
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:03:02
    1929
  • 11
    PARIS BIGUINE
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:02:44
    1929
  • 12
    MEMEE LA CREOLE
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:02:30
    1929
  • 13
    L ECHELLE POULE
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:02:29
    1930
  • 14
    ZAFE CO IDA
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:02:20
    1930
  • 15
    NINON
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:02:27
    1930
  • 16
    FEMME QUI DOU
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:02:17
    1930
  • 17
    AGOULOU
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:02:25
    1930
  • 18
    BONJOUR LOCA
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:03:00
    1930
  • 19
    A SI PARE
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:03:16
    1930
  • 20
    SOIGNE I BA MOIN
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:03:08
    1930
  • 21
    MARIE CLEMENCE
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:02:42
    1930
  • 22
    SURRAH
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:03:07
    1995
  • Piste
    Titre
    Artiste principal
    Auteur
    Durée
    Enregistré en
  • 1
    VINI OUE COULI A
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:02:46
    1931
  • 2
    BOSSU A BOSSU CO OU
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:03:08
    1931
  • 3
    OUE OUE OUE OUE
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:02:46
    1931
  • 4
    AH GADE YO CHE
    ALEXANDRE STELLIO
    LEONA GABRIELLA
    00:02:47
    1931
  • 5
    OH DOUCE MARTINIQUE
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:02:52
    1931
  • 6
    GRAND TOMOBILE
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:02:42
    1931
  • 7
    CE CON CA OU YE
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:02:47
    1931
  • 8
    AH MI RORO
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:02:56
    1995
  • 9
    TI BOURRIQUE ASSOU LA L VEE
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:02:59
    1931
  • 10
    ALBERTE ET ANDRE
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:03:01
    1931
  • 11
    LA NUIT
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:02:57
    1931
  • 12
    POMME CANNELLE
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:02:58
    1931
  • 13
    L ECHELLE POULE
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:02:58
    1931
  • 14
    COROSSOLLE DOUDOU
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:02:39
    1931
  • 15
    BALCON FLEURI
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:02:52
    1930
  • 16
    FEMME QUI DOU
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:02:57
    1930
  • 17
    PARIS BIGUINE
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:02:38
    1930
  • 18
    FINOTTE
    ALEXANDRE STELLIO
    ALEXANDRE STELLIO
    00:02:48
    1995
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