Lucienne Delyle
Lucienne Delyle
Ref.: FA151

ANTHOLOGIE 1939-1946

Lucienne Delyle

Ref.: FA151

Direction Artistique : ERIC REMY

Label : Frémeaux & Associés

Durée totale de l'œuvre : 1 heures 50 minutes

Nbre. CD : 2

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  • - * * * * LE MONDE DE LA MUSIQUE
Présentation

La voix de Lucienne Delyle est de celles qui flattent les sens et dépassent l’intelligence. Revenue d’au-delà des modes, son charme agit toujours. Eric Rémy présente au travers de ces 36 titres accompagné d'un livret de 24 pages l'anthologie de Lucienne Delyle.
Patrick Frémeaux

Droits audio : Groupe Frémeaux Colombini SAS - Ecouter notre mémoire collective.

Les ouvrages sonores de Frémeaux & Associés sont produits par les meilleurs spécialistes, bénéficient d’une restauration analogique et numérique reconnue dans le monde entier, font l’objet d’un livret explicatif en langue française et d’un certificat de garantie. La marque Frémeaux & Associés a obtenu plus de 800 distinctions pour son travail muséographique de sauvegarde et de diffusion du patrimoine sonore.

This album, issued by the world-famous publishers, Frémeaux & Associés, has been restored using the latest technological methods. An explanatory booklet of liner notes in English and a guarantee are included.



SUR LES QUAIS DU VIEUX PARIS • SANS Y PENSER • LE NUMÉRO TREIZE • PRIÈRE À ZUMBA • BEL AMI • LE CARAVANIER • C’EST DRÔLE • SOURIS-MOI ET DIS-MOI «BONNE CHANCE!» • JE CROIS AUX NAVIRES • FUMÉE • LE PARADIS PERDU • SI LOIN DE TOI • Y A PAS D’REFRAIN • LE SOLEIL A SAUTÉ DANS MA CHAMBRE • Y A D’LA FUMÉE DANS MA BANLIEUE • VIENS DEMAIN • JAMAIS NE S’OUBLIENT • MOI, JE SAIS QU’ON S’REVERRA • MON AMANT DE SAINT-JEAN • J’AI TOUT GARDÉ POUR TOI • NUAGES • REFRAIN SAUVAGE • DES MENSONGES • QUAND L’AUTOMNE • MARIE DES ANGES • J’AI CHANTÉ SUR MA PEINE • MALGRÉ TES SERMENTS • DOMINGO • CHEZ JOHNNY • UN AIR D’ACCORDÉON • SANS AMOUR • AMALAOUTA • POUR LUI • EMBRASSE-MOI (CHÉRI) • JOUR ET NUIT • BROUILLARD.

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Presse
Dans une récente chronique – je suis sûr que depuis, vous vous en reteniez le souffle - je vous avais promis des nouvelles de Lucienne Delyle, dont la remarquable collection 1939-1946 (Frémeaux et Associés FA 151/ Distribution Fussion III) me parvenait récemment. Mais voilà: vu l’importance de la chose, vu le désir de rendre justice à un de ces coups de cœur comme je n’en ai que rarement, je me trouvais désemparé. Et puis j’avais un peu peur de passer pour un vieux nostalgique (ou, ce qui est pire, un jeune nostalgique), toujours à vous parler. Je pourrais bien sûr vous résumer la chronologie: naissance en 1917, premiers enregistrements et premiers succès en 1938, un Olympia de 1954 passé à l’histoire du fait qu’il marquait les débuts de Bécaud – en vedette américaine, comme on disait alors – sur cette scène, et décès en 1962, un an avant Edith Piaf. Mais rien de tout cela ne touche à l’essentiel. Et chez Lucienne Delyle, l’essentiel, c’est la voix. La voix et le regard. Justement, le malheur de Lucienne est justement d’avoir toujours évolué dans l’ombre de Piaf. Sort d’autant plus injuste que les deux interprètes étaient foncièrement différentes, voire opposées. Alors que la môme sondait l’émotion jusqu’à le moelle, ce qui faisait sa force et, pour certains, sa principale faiblesse (avec ce sens de l’emphase parfois hérissant, et dont Mireille Mathieu ferait plus tard un instrument de torture), Lucienne Delyle avait sagement choisi un autre registre, plus caressant, qu’on qualifia - à tort - de fleur bleue. A tort, parce que chez elle, la légèreté n’est qu’un voile pudique posé sur l’émotion tendre ou douloureuse qui se trame derrière le moindre refrain. Ainsi Mon amant de Saint-Jean qui, sur fond de valse populo, traduit la fatalité de l’amour («Comment ne pas perdre la tête/Serré par des bras audacieux/Car l’on croit toujours/Aux doux mots d’amour/Quand ils sont dits avec les yeux»); ainsi Sur les quais du vieux Paris qui touche à l’essence même du bonheur simple, ou encore ce mémorable Souris-moi et dis-moi «bonne chance !», mélange d’espoir et de résignation qui était en parfaite symbiose avec les déchirures de 39-45, mais qui nous touche encore au cœur, cinquante ans plus tard. Il est probable que Delyle n’avait pas le gabarit qui lui aurait permis de charrier les émotions de l’Hymne à l’amour ou de Milord, mais en revanche, on peut douter que Piaf aurait su rendre la sublime évanescence de Nuages (le célèbre thème de Django Reinhardt), ou l’exotisme - world avant l’heure - de la prière à Zumba. Pardonnez mon indignation, mais le fait qu’une de ces voix soit entrée dans la légende tandis que l’autre traîne dans les limbes reste pour moi un des grands mystères - et, pourquoi pas, une des grandes injustices - de l’histoire de la chanson française. L’EXPRESS
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On retrouve certes dans ce double CD quelques interpretations déjà reproduites par MC Productions et Music Memoria. Mais il y en a un certain nombre d'autres, comme : "Sansy, penser", "Le Caravanier", "Si loin de toi" et, surtout, nous découvrons un inédit "Jamais ne s'oublient" (1942), qui était demeuré pendant 56 ans dans les tiroirs de Pathé-Marconi... PHONOSCOPIE 
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Remarquée par Jacques Canetti, elle enregistre dès 1939 pour Colombia et se produit à l'Européen et à l'ABC. A la veille de la guerre et de la grande culbute du monde moderne, elle représente encore une certaine tradition, sans avoir l'épaisseur d'une Damia ou d'une Piaf. Son registre est plus sobre et ses versions de Sur les quais du vieux Paris ou Mon amant de Saint-Jean ont un petit quelque chose de fort distingué que souligne la splendide photo Harcourt sur la couverture de ce coffret. Du coup, les effets à l'ancienne qui, chez les grandes tragédiennes de la chanson populaire, n'ont rien perdu de leur efficacité font aujourd'hui souvent sourire Lucienne Delyle. Il y a un répertoire qui mérite d'être redécouvert (Marie des Anges, Moi, j'sais qu'on s'reverra, Brouillard...), même si l'oubli où il sombra ne peut être attribué au seul hasard. Reste le témoignage d'une époque dont Lucienne Delyle fut l'une des principales voix. Restent aussi quelques fort belles orchestrations entre swing et tradition française : l'introduction Debussyste et sa sublime trompette sur Nuages empruntée à Django Reinhardt, les violons et la trompette de Des mensonges... Il faut prêter l'oreille aux merveilleux obligatos de Philippe Brun (et à l'accordéon de Gus Viseur) sur Bel ami et Le Caravanier. Il faut enfin savoir goûter le kitsch et la sensualité troublante des chansons exotiques telles que Prière Zumba, Le Refrain sauvage, Domingo et l'étonnant Amalaoutan, prémonitoire, en 1946, des premières révoltes anti-coloniales. Franck BERGEROT-LE MONDE DE LA MUSIQUE
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Liste des titres
  • Piste
    Titre
    Artiste principal
    Auteur
    Durée
    Enregistré en
  • 1
    SUR LES QUAIS DU VIEUX PARIS
    LUCIENNE DELYLE
    LOUIS POTERAT
    00:03:20
    1939
  • 2
    SANS Y PENSER
    LUCIENNE DELYLE
    JEAN MARIE HUARD
    00:03:21
    1939
  • 3
    LE NUMERO TREIZE
    LUCIENNE DELYLE
    LOUIS POTERAT
    00:03:05
    1939
  • 4
    PRIERE A ZUMBA
    LUCIENNE DELYLE
    JACQUES LARUE
    00:03:06
    1939
  • 5
    BEL AMI
    LUCIENNE DELYLE
    LOUIS POTERAT
    00:02:15
    1939
  • 6
    LE CARAVANIER
    LUCIENNE DELYLE
    ROBERT CHAMFLEURY
    00:02:28
    1939
  • 7
    C EST DROLE
    LUCIENNE DELYLE
    LOUIS POTERAT
    00:03:19
    1940
  • 8
    SOURIS MOI ET DIS MOI BONNE CHANCE
    LUCIENNE DELYLE
    ALBERT WILLEMETZ
    00:02:38
    1940
  • 9
    JE CROIS AUX NAVIRES
    LUCIENNE DELYLE
    JACQUES LARUE
    00:03:21
    1940
  • 10
    FUMEE
    LUCIENNE DELYLE
    HENRI BATAILLE
    00:03:22
    1941
  • 11
    LE PARADIS PERDU
    LUCIENNE DELYLE
    ROGER FERNAY
    00:03:23
    1941
  • 12
    SI LOIN DE TOI
    LUCIENNE DELYLE
    SYAM
    00:03:23
    1941
  • 13
    Y A PAS D REFRAIN
    LUCIENNE DELYLE
    MAURICE VANDAIR
    00:03:19
    1941
  • 14
    LE SOLEIL A SAUTE DANS MA CHAMBRE
    LUCIENNE DELYLE
    S VEBER
    00:02:52
    1941
  • 15
    Y A D LA FUMEE DANS MA BANLIEUE
    LUCIENNE DELYLE
    MIREILLE BROCEY
    00:03:03
    1941
  • 16
    VIENS DEMAIN
    LUCIENNE DELYLE
    JACQUES LARUE
    00:03:05
    1941
  • 17
    JAMAIS NE S OUBLIENT
    LUCIENNE DELYLE
    JEAN SOLAR
    00:03:02
    1942
  • 18
    MOI JE SAIS QU ON S REVERRA
    LUCIENNE DELYLE
    JACQUES LARUE
    00:03:01
    1942
  • Piste
    Titre
    Artiste principal
    Auteur
    Durée
    Enregistré en
  • 1
    MON AMANT DE SAINT JEAN
    LUCIENNE DELYLE
    LUCIEN AGEL
    00:03:06
    1942
  • 2
    J AI TOUT GARDE POUR TOI
    LUCIENNE DELYLE
    JOHNNY HESS
    00:03:16
    1942
  • 3
    NUAGES
    LUCIENNE DELYLE
    JACQUES LARUE
    00:03:13
    1942
  • 4
    REFRAIN SAUVAGE
    LUCIENNE DELYLE
    FRANCOIS LLENAS
    00:02:58
    1942
  • 5
    DES MENSONGES
    LUCIENNE DELYLE
    LOUIS SAUVAT
    00:03:06
    1943
  • 6
    QUAND L AUTOMNE
    LUCIENNE DELYLE
    LOUIS SAUVAT
    00:03:04
    1943
  • 7
    MARIE DES ANGES
    LUCIENNE DELYLE
    JACQUES LARUE
    00:02:58
    1943
  • 8
    J AI CHANTE SUR MA PEINE
    LUCIENNE DELYLE
    PIERRE HIEGEL
    00:02:57
    1943
  • 9
    MALGRE TES SERMENTS
    LUCIENNE DELYLE
    HENRI CHRISTINE
    00:03:17
    1944
  • 10
    DOMINGO
    LUCIENNE DELYLE
    BERARD
    00:03:21
    1944
  • 11
    CHEZ JOHNNY
    LUCIENNE DELYLE
    JACQUES LARUE
    00:02:55
    1945
  • 12
    UN AIR D ACCORDEON
    LUCIENNE DELYLE
    HENRI CONTET
    00:02:49
    1946
  • 13
    SANS AMOUR
    LUCIENNE DELYLE
    HENRI CONTET
    00:02:52
    1946
  • 14
    AMALAOUTA
    LUCIENNE DELYLE
    JACQUES LARUE
    00:03:05
    1946
  • 15
    POUR LUI
    LUCIENNE DELYLE
    JACQUES LARUE
    00:03:09
    1946
  • 16
    EMBRASSE MOI (CHERI)
    LUCIENNE DELYLE
    JACQUES LARUE
    00:02:49
    1946
  • 17
    JOUR ET NUIT
    LUCIENNE DELYLE
    HENRI CONTET
    00:03:13
    1946
  • 18
    BROUILLARD
    LUCIENNE DELYLE
    HENRI CONTET
    00:02:46
    1946
Livret

LUCIENNE DELYLE FA 151

LUCIENNE DELYLE
1939-1946       


“Je ne suis pas une grande dame de la chanson
Je ne suis pas une fleur bleue
Je ne suis pas poète
Je ne suis pas une oie blanche
Je ne suis pas insouciante          
du matin au soir
Je ne suis pas une femme-objet
Je ne suis pas dans les frou-frous
Je ne suis pas une midinette
Je ne suis pas une héroïne...
Je suis une femme qui chante.”

Voilà ce que nous aurait peut-être dé­claré Lucienne Delyle en paraphrasant Barbara qui vient de nous quitter et à qui l’on peut rendre un petit hommage1. Il y a loin de Lucienne à Barbara mais pour qui veut entreprendre de raconter la vie d’une chanteuse sans histoires, cette belle proposition de Barbara est providentielle. Si il est quelque chose de légendaire chez Delyle, c’est sa voix. Une voix qui fait rendre les armes aux plus “intellectuels” des auditeurs et dont les charmes opéraient à nouveau pour toute une génération qui l’ignorait, dès le générique du Dernier métro de François Truffaut. Ce grand cinéaste populaire savait ce qu’il faisait, lui qui racontait : “Mon premier souvenir de cinéma remonte à 1939. On jouait Paradis perdu d’Abel Gance, avec Micheline Presle, d’une beauté et d’une douceur extraordinaires. La salle était pleine de permissionnaires en uniforme accompagnés de leur jeune femme ou de leur maîtresse. On sait peut-être que ce superbe mélodrame se déroule de 1914 à 1935 et qu’une large section du film est consacrée à la guerre, aux tranchées, aux usines de munitions où travaillaient les femmes... La coïncidence entre la situation des personnages du film et celle des spectateurs était telle que la salle entière pleurait; des centaines de mouchoirs trouaient de points blancs l’obscurité du cinéma. Je ne devais plus jamais ressentir une telle unanimité émotionnelle...” Lucienne Delyle, vingt-deux ans en 1939, fut la chanteuse des émotions de ce temps-là. Paradis perdu, J’attendrai, Sérénade sans espoir, Souris-moi et dis-moi : “Bonne chance!”, Si loin de toi, Viens demain, Moi je sais qu’on s’reverra en disent long sur les chagrins, les attentes et les espoirs de toute une époque.Préparatrice en pharmacie, elle se fait remarquer à un radio-crochet où les autres chantent du classique, elle “Mon Légionnaire”.
Jacques Canetti, directeur artistique des disques Polydor et de Radio-Cité, homme de flair, l’engage à son “Music-hall des jeunes”, banc d’essai radiophonique de tous les jeunes talents chantonnants. A la rentrée de 1938, “le Grand Jeu”, cabaret de la rue Pigalle, l’annonce comme “la révélation de la saison”. Et c’est vrai : des premiers enregistrements chez Columbia aux premiers passages en tête d’affiche à L’Européen (décembre 39), puis à l’A.B.C. (qui vous consacrait), en un an, elle aura été le dernier espoir de ce qui se vivait comme “l’immédiat avant-guerre” puis la “Drôle de Guerre”... Juste après Piaf, Trénet ou Léo Marjane.En 38-39, simple chanteuse d’orchestre en tournée, ou attraction dans de grands cinémas (comme le Paramount), elle se cherche encore un répertoire, hésitant entre les tonalités : le tragique de Damia (Le Numéro treize), le lyrisme dramatique de Lys Gauty ou de Germaine Sablon (Je crois aux navires), la romance à l’américaine de Léo Marjane (C’est drôle,2 Fumée). Elle se hasarde même dans les quartiers de Piaf (Elle fréquentait la rue Pigalle, Je n’en connais pas la fin), mais supporte mal la comparaison. Plus tard, une fois confirmée, elle enregistre Moi, je sais qu’on s’reverra, dont la création lui est attribuée, à la grande fureur de Piaf, la véritable inspiratrice de cette chanson et qui ne nous a laissé aucun enregistrement. On ne peut qu’imaginer ce qu’Edith en faisait sur scène (un hymne sans aucun doute!). Toujours est-il que, du coup, le disque de Lucienne ne peut cette fois, pâtir d’une aussi écrasante rivalité.
C’est tout de même assez rapidement qu’elle trouve son style : un lyrisme fleur bleue, suffisamment sincère et discret pour être prenant et toucher au bon endroit le cœur des foules désemparées par les joies ou les peines de coeur, peines aggravées par les misères du temps d’occupation. Ses valses tendres (Sur les quais du vieux Paris et Sans y penser en sont deux échantillons parmi les premiers et les plus délicats) et très ouvertement sentimentales (Viens demain, J’ai tout gardé pour toi, J’ai chanté sur ma peine) assument si naïvement leur navigation sur l’eau de rose qu’elles évitent l’écueil du ridicule, malgré ça et là des vers carrément sublimes qu’il faut citer :“Le coeur de Lisette a pleuré ce matin...”“J’ai prié la vierge/J’ai brûlé des cierges...” “Je suis la servante de mon homme à moi...” “Et chaque soir à ma fenêtre/J’attends dans l’espoir que peut-être/Dans les bras d’une autre un jour tu souffriras/Et que dans mes bras, tu reviendras” Et toujours, cette prononciation, du mot “amour”, perdue à jamais et quasi-impossible à transcrire à l’écrit : âMMououR !Mon Amant de Saint-Jean est devenu anthologique, Y a d’la fumée dans ma banlieue et Le soleil a sauté dans ma chambre sont deux petites merveilles de poésie populiste, de couleurs opposées. Tout cela la situe dans la filiation d’une autre grande Lucienne de la chanson bleue, Lucienne Boyer.
Parfois, le rythme des émotions passe du trois temps des valses fleur bleue aux quatre temps de la note bleue : Fumée, Jamais ne s’oublient, Nuages, Refrain sauvage, Des Mensonges, Chez Johnny sont de beaux exemples d’un certain métissage, car ils réunissent sous la bannière de la chanson populaire, les compositions d’un manouche (Nuages de Django Reinhardt), d’allemands amoureux du jazz (Mensonges, Quand l’automne de Peter Kreuder,  Jamais ne s’oublient de Théo Mackeben) ou d’un Lopez (Refrain sauvage)3 dans des arrangements envoûtants où chante amoureusement la trompette d’Aimé Barelli. Le même Lopez défie toutes les catégories avec Marie des Anges, portrait émue d’une “fille” située dans un univers à mi-chemin entre Les Visiteurs du soir et Jenny-La-Chance, chanson écrite par Norbert Glanzberg, Michèle Senlis et Claude Delécluse dix ans plus tard.Nous avons tenu, dans cette anthologie forcément partielle à intégrer la totalité des titres indubitablement exotiques, probablementement coloniaux, éventuellement antiracistes, voire militants (Jour et nuit), souvent païens, absolument tropicaux et toujours d’un sérieux impeccable (Amalaouta, sous-titrée “chanson africaine) et pour lesquels le qualificatif “kitsch” est insultant parce que nettement insuffisant. Du Caravanier, qui ajoute le grain de sable de sa contribution à la cause du “fox-oriental”, très en vogue vers 1920 à Jour et nuit qui, sans nul doute poussa définitivement Sartre à l’engagement (c’est presque déja La Putain respectueuse et c’est plus drôle), en passant par La Prière à Zumba - on n’a jamais chanté ainsi les bambous -, Refrain sauvage, dénonciation impitoyable du tourisme sexuel, Domingo, texte certainement fondateur pour le séparatisme antillais, et Amalaouta enfin, qui met définitivement le feu aux bambous, pardon, aux poudres de toutes les indépendances (nous sommes en 46, n’oublions pas)!
Voici donc de la chanson à message... d’outre-mer natu­rel­lement. Mais Lucienne savait passer en trois minutes des bambous, des savanes, des “idoles rouges” et des “grands noirs” à des athmosphères plus... nordiques. Suivons-là dans ses voyages. Comme beaucoup d’autres, son réper­toire accueille des thèmes germaniques travestis derrière des paroles françaises. Et pour cause... Déjà, avant-guerre, Paradis perdu ou Je crois aux navires étaient signés d’auteurs allemands ou autrichiens sur le chemin de l’exil (Hans May ou Ralph Erwin). Bel Ami, Si loin de toi, Jamais ne s’oublient, Des Mensonges ou Quand l’automne, eux, sont d’une encre plus... triomphale... Car, en effet, le cinéma allemand, ses pompes et ses œuvres, va débarquer sur nos écrans. Une cen­taine de films en tout pendant quatre ou cinq ans because disparition du cinéma made in Hollywood, totalement interdit, même en zone en­core “nono” (non occupée) par un décret de Vichy en vigueur à partir du 15 octobre 41. Ciné-ersatz? Probable : il fallait pallier. Pour le policier, le fantastique, les comédies sentimentales et les films historiques, la France assura la relève. Mais, d’outre-Rhin, nous eûmes droit à des importations d’autres genres. Ainsi les mélos avec Zarah Leander, mi-Garbo, mi-Marlène qui eut ses fans et en compte encore. Lucienne enregistra trois des chansons de la Leander dont Jamais ne s’oublient. Les interprétations sont fort différentes, lied avec Leander, slow sinueux avec Delyle, nostalgiques toujours. Dans ces colis venus d’Allemagne on eut droit aussi (toujours les grands bambous) à des aventures africaines avec Congo Express ou Traqués dans la jungle qui doivent valoir l’os (qui nous les rendra?)!
Et il y eut Marika Rökk, tap-dancer hongroise en Agfacolor, sorte de genre d’espèce de variété de Ruby Keeler-Eleanor Powell-Ginger Rogers en une seule! Ses charmes sévirent dans, entre autres, Le Démon de la danse, Fille d’Eve, Allo, Janine!, Kora Terry, La Danse avec l’Empereur, La Belle Diplomate, La Femme de mes rêves que l’on peut encore contempler, de loin en loin, tard, trop tard, dans la nuit sur Arte (la chaîne franco-allemande). Ses productions appartinrent à un genre qu’un hebdomadaire de télévision parfois facétieux (Télérama, pour ne pas le nommer) dénomme : “Singin’ in the Strudel”. Le concept cherchait très visiblement son rythme (on n’ose dire son style) et s’emmêla un peu les pinceaux entre les viennoiseries ou les berlinoiseries Belle Epoque (kiosques, redoutes masquées, faux-culs et mazurka) et les jazzeries blanchies et argentées d’Hollywood (dancings, palaces, girls et claquettes). Films de propagande? Fort peu en somme; plutôt démobilisateurs même. Bel Ami4, lui, offrait le tableau classique d’un Paris, froufroutant, licencieux, débraillé et tentateur. Il rajoutait tout de même au roman de Maupassant, déjà passablement vitriolé, une satire des moeurs parlementaire en régime républicain. Le film et sa chanson furent d’énormes succès par chez nous. Il est vrai que cela ne pouvait plus trop déranger la République puisqu’on venait, jus­tement, de l’enterrer...  Et que cachait, par exemple ce Croiseur Sébastopol, ce Weisse Sklaven projeté chez nous à Paris en novembre 41, soit plus de cinq ans après sa réalisation chez Goebbels?
Les “weisse Sklaven”, les  “esclaves blancs” en question, sont des russes blancs fuyant les rouges. A la sortie de cet anti-Cuirassé Potemkine, le “Postdamer Tageszeitung” du 16 janvier 1937 claironnait : “Un film captivant jusqu’au dernier mètre et qui devrait ouvrir les yeux de plus d’un incorrigible en Allemagne et surtout à l’étranger sur la peste bolchevique”. Lucienne qui chanta deux mélopées, d’ailleurs fort jolies5, de cet édifiant chef-d’oeuvre, et sans doute d’autres romances de provenance teu­tonne, lors d’un de ses passages sur Radio-Paris6, savait-elle tout ça? Probable que non. En tout cas, elle fut l’une des rares artistes qui, à la Libération, n’eut rien à craindre des comités d’épuration.          Elle poursuivit une carrière de chanteuse populaire au sens plein du terme, en femme discrète et aimée. Etrangement, le charme de cette voix, revenue d’au-delà des modes opère toujours. On a dit que le chant précédait le parole, que la musique touchait d’abord au ventre. Et en effet, la voix de Delyle est de celles qui, vraiment, caressent les sens et dépassent l’intel­ligence.
De quelques orchestres, accompagnateurs, amis et aimés...
L’orchestre musette Victor, sous la houlette du pianiste et arrangeur Boris Sarbeck, a réuni pendant un an (fin 38 à fin 39), au gré des séances, le trompettiste Philippe Brun, les saxophonistes ou clarinettistes André Ekyan, André Lluis et Eddie Brunner, les guitaristes Oscar Aleman, Pierre “Baro” et Jean “Matelo” Ferret, le bassiste Maurice Speileux, les batteurs Tommy Benford et Grégoire “Coco” Aslan, l’accordéoniste Gus Viseur et occasionellement une poignée de violonistes (dont Sylvio Schmidt). Le répertoire était ultra-commercial (le tout-venant des chansonnettes en vogue) et, d’ailleurs, des jazzmen de la pointure d’un Philippe Brun ou d’un Oscar Aleman ne jouaient que les fox-trots, pas les valses. Pourquoi ce (pré)nom, Victor, donné à cet orchestre? Une ou deux réponses sont sûres : aucun rapport avec la marque de disques R.C.A. Victor (sise outre Atlantique), encore moins avec les V Discs à venir (les disques de la Victoire gravés aux USA au plus dur de la guerre et réunissant le tout-jazz US). Alors, hommage à Victor Hugo, le plus illustre poète français comme une ultime affirmation de notre différence à la veille de la catastrophe? Cette différence que, comme par un fait exprès, la formule originale et très française du “swing musette”, tâchera de maintenir dans les restrictions de l’occupation et dont Gus Viseur sera l’un des héraults ? Ou y eut-il tout simplement un dancing “Chez Victor” dont ce petit jazz-band était l’attraction, car rien ne prouve que ce groupement n’existait que pour le disque.
Du reste, certains musiciens (Sarbeck, Speileux, les frères Ferret) formaient déjà le noyau dur de la formation de Gus Viseur.Tout ce petit monde mouvant et qui ne tient pas en place va trouver, à l’automne 39, d’autres raisons d’aller, venir, partir, repartir, émigrer même... Ainsi Aimé Barelli, monté de son Nice natal vers Paris au printemps de 1940, redescend peu après (comme beaucoup de monde pas spécialement natif du midi... exode oblige) puis remonte enfin dans une capitale sinon apaisée, du moins très “occupée”... Restent en lice, sur la place du “Gross Paris”, parmi les trompettistes de jazz français : deux jeunots, Aimé Barelli et Christian Bellest et un aîné (Alex Renard); Philippe Brun a pris le large (si l’on peut parler ainsi pour la Suisse) et Pierre Allier est en zone Sud. Il y a donc bien plus de demandes que d’offres, car Paris est très vite redevenue, pour ceux qui ont les moyens de s’y divertir, l’impénitente capitale des plaisirs de la Grande et Nouvelle Europe. Ainsi, (coïncidence), une grande formation de studio intitulée “Orchestre Jazz Victor” (le revoilà!) ébauche du futur Jazz de Paris d’Alix Combelle, tient séance dès novembre 1940 avec Barelli et Bellest à la section des trompettes. Aimé va devenir chez Alix Combelle, Jacques Métehen, Raymond Legrand ou Marius Coste le Harry James français. Il a déjà plus que croisé sa Betty Grable lorsqu’il grave “Lucienne” avec un orchestre à son nom à l’automne de 19417. L’idylle ne trouva sa fin qu’en avril1962, après la “longue et douloureuse maladie” – une leucémie –  qui emporta Lucienne.
On trouve, au répertoire de l’orchestre de Barelli, des versions de Mon Amant de Saint-Jean, Refrain sauvage, Chez Johnny, Amalaouta, Pour lui, Embrasse-moi (l’hymne national de leur amour, comme disait Proust et Grand Prix du Disque 1946) ayant subi un traitement très jazz. Il est savoureux d’entendre, à la suite, l’illustrissime Amant de Saint-Jean par la voix de Lucienne, puis la version chauffée pour la marque Swing par Barelli et ses hommes. Par la suite, bien qu’émancipé et payant largement son tribut au jazz aimé jusque dans ses divers courants d’après-guerre (le cool, l’afro-cubain), Barelli restera marqué, comme tous ses confrères, par l’impressionisme néo-debussiste qui, de si belle manière, s’allie à la blue-note dans les arrangements des chefs d’orchestre dont certains furent ses patrons ou ceux de ses copains. Des chefs plus ou moins contraignants selon qu’ils vous tenaient la bride sur le cou (Chagnon, Cariven) ou vous autorisaient soli et impro (Metehen, Legrand, Coste, Wal-Berg, Adison). Brouillard, slow des bords de Seine, clôt notre sélection sur cette tonalité de mélodie française impressioniste voilée d’ellingtonisme.
Eric Rémy
© FRÉMEAUX & ASSOCIÉS SA, 1998

1Barbara écrivait : “Je ne suis pas une grande dame de la chanson. Je ne suis pas une tulipe noire. Je ne suis pas poète. Je ne suis pas un oiseau de proie. Je ne suis pas désespérée du matin au soir. Je ne suis pas une mante religieuse. Je ne suis pas dans les tentures noires. Je ne suis pas une intellectuelle. Je ne suis pas une héroïne... Je suis une femme qui chante.”
2“It’s funny for everyone but me” que le jeune Frank Sinatra venait d’enregistrer à New York avec l’orchestre du trompettiste Harry James, très admiré par Aimé Barelli. Quelques jours plus tard, un autre titre, “All or nothing at all” allait consacrer définitivement Sinatra.
3Refrain sauvage est une de ses toutes premières œuvres et des meilleures avant le temps des espagnolades marianesques post-libératoires. Francis Lopez est le responsable, après la Libération, de presque toutes les opérettes où rutila Luis Mariano (La Belle de Cadix, Andalousie, Don Carlos, Le Chanteur de Mexico, La Toison d’or, Le Secret de Marco Polo...)
4De l’acteur-chanteur-producteur viennois Willi Forst. On lui attribue aussi, sur les partitions de “Si loin de toi” une Sérénade du souvenir ou Sérénade d’amour de 1937.
5“Quand l’automne” (Wenn die Sonne hinter den Dächern versinkt) fut également enregistré par Pola Negri, Greta Keller et, la vedette du film, la blonde Camilla Horn.
6“Radio-Paris ment/ Radio-Paris ment/ Radio-Paris est allemand!” chantait Pierre Dac à l’antenne de Radio-Londres sur l’air de “La Cucaracha”.
7Le trompettiste-vedette Harry James avait épousé la star des musicals de la Fox, Betty Grable, la pin-up n°1 des G.I., celle dont les jambes allaient faire gagner la guerre aux U.S.A.

english notes
«I am not a grand lady of song, ...      
I am a woman who sings».
Another of France’s female voices, Barbara, who recently left us, wrote these unpretentious lines thus summarising her life as an untarnished singer.  Although far from the world of Barbara, the unblemished Lucienne Delyle could have made the same declaration.  Lucienne’s voice was indeed legendary, stirring the most ‘intellectual’ of listeners, even to this day.  The contemporary French film-producer, François Truffaut, who knows how to target the public recalled his first memories of the cinema in 1939, with Abel Gance’s Paradis perdu.  This melodrama took place between 1914 and 1935, with a large portion devoted to war, trenches and women working in ammunition factories.  There was naturally much in common with the uniformed audience, each soldier on leave with a girl on his arm, the result was inevitable - floods of tears, the cinema filled with hundreds of little white handkerchiefs.  Truffaut admitted that he had never witnessed such an emotional unanimity.Lucienne Delyle was twenty-two years of age in 1939 and was the singer of emotions of the day.  Titles such as Paradis perdu, J’attendrai, Sérénade sans Espoir, Souris-moi et dis-moi : «Bonne Chance!» (Wish Me Luck As You Wave Me Good Bye from the film Shipyard Sally), Si loin de toi, Viens demain and Moi je sais qu’on s’reverra were all filled with the heart-ache, the waiting and the hopes that dominated that period.She started up as a chemist’s assistant before being spotted on a talent contest on the radio.  While others sung classics, she came out with Mon Légionnaire.  Jacques Canetti, the artistic director for Polydor records and for Radio-Cité, renowned for his nosing abilities, hired her for his Music-hall des Jeunes, a radio-show for young talent. 
In 1938, a cabaret, ‘Le Grand Jeu’ in the Parisian Pigalle district,  declared her as being the discovery of the season.  In the space of one year, from the chorus line of Musette Victor for Columbia to head the bill for the Européen and then for the A.B.C. she became the last hope of the ‘just-before-the-war’ period followed by that of ‘the-phoney-war’.  Just after Piaf, Trénet and Léo Marjane.From 1938 to 1939 she lived as a simple band singer on tour or as an artist in the large cinemas, still hesitant and searching for her own repertory.  She drifted from the tragedy of Damia (Le Numéro treize) to Lys Gauty or Germaine Sablon’s dramatic lyricism (Je crois aux Navires) or to Léo Marjane’s American romance style (C’est drÙle, sung by the young Frank Sinatra under the title, It’s Funny For Everyone But Me, and Fumée).  She even ventured into Piaf’s territory with Elle fréquentait la Rue Pigalle,  and Je n’en connais pas la Fin but found the comparison hard to deal with.  At a later date she cut Moi, je sais qu’on s’reverra much to Piaf’s horror, as Edith was the true inspiration behind the song.  However, Lucienne’s record was not, for once, affected by such a potent rival.She found her own style relatively quickly - a sentimental lyricism that was sufficiently sincere and discrete to be credible and tangible for the distraught crowds, victims of the heart’s vicissitudes.  From tender waltzes (Sur les Quais du vieux Paris and Sans y penser are two of the most delicate examples) to overtly romantic numbers (Viens demain, J’ai tout gardé pour toi, J’ai chanté sur ma Peine), distinctly yet naively perfumed with rose water.  And when she evoked the realm of love, the simple word ‘amour’ became a barely transcribable kind of ‘aMMououR’ !Mon Amant de Saint-Jean has become anthological. 
Y a d’la Fumée dans ma Banlieue and Le Soleil a sauté dans ma Chambre  are two populist gems of poetry, may they be of opposing moods.  Sometimes the emotional front changes from a three-four rhythm to a blue note, where some good examples of cross-breeding can be discovered including the compositions of a gypsy (Nuages by Django Reinhardt), German jazz-lovers (Mensonges, Quand l’Automne by Peter Kreuder and Jamais ne s’oublient by Théo Mackeben) and Francis Lopez, who was to later be the creator of the Latin-inspired operettas starring Luis Mariano (Refrain sauvage being one of his first and best works preceding the aforementioned escapade).  This same Lopez surpassed all these categories ten years later with Marie des Anges.Despite this anthology being incomplete, we have included all titles that are considered to be exotic, colonial, antiracist and even militant (Jour et Nuit), or tropical on a serious note (Amalaouta, otherwise known as ‘the African song’).  Passing from Caravanier to Jour et Nuit, not forgetting La Prière à Zumba, Refrain sauvage, Domingo and Amalaouta, a distinctly foreign flavour can be detected in all these numbers.At the drop of a hat Lucienne could switch from the tropics to a more Nordic ambience.  As many others, her repertoire comprised a number of Germanic themes dressed with French lyrics. 
Before the war broke out Paradis perdu and Je crois aux Navires amongst others were signed by Germans or Austrians on the way to exile (Hans May and Ralph Erwin).  Other compositions such as Bel Ami, Si loin de toi, Jamais ne s’oublient, Des Mensonges and Quand l’Automne were signed with more triumphal ink as the German cinema hit the French screens.  Around a hundred films were released during the four or five year period due to the total censorship regulations regarding the Hollywood movies.  The films were probably ersatz and needed palliating with French produce.  Notwithstanding, the nation saw the importation  of melodramas with the acclaimed Zarah Leander, half Garbo and half Marlene.  Lucienne cut three of her songs including the nostalgic Jamais ne s’oublient.  Returning to the tropics, Congo Express and Traqués dans la Jungle also arrived.  Not forgetting the Hungarian tap-dancer, Marika Rökk, a sort of Ruby Keeler-Eleanor Powell-Ginger Rogers rolled into one!  Her charm can be discovered in Le Démon de la Danse, Fille d’Eve, Allo, Janine!, Kora Terry, La Danse avec l’Empereur, La Belle Diplomate and La Femme de mes Rêves.  Her productions have been categorised in the ‘Singin’ in the Strudel’ bracket, with a certain befuddlement between the Berlin Belle Époque with its bandstands and mazurkas, and the glitter of Hollywood.Propagandist films were few.  The Viennese Willi Forst’s film, Bel Ami, much appreciated by the French, painted a classical picture of Paris with its rustle and bustle, clutter and coquetry where the republican parliamentary ways were satirized.
Then there was the screening of Weisse Sklaven (‘White Slaves’) in November 1941, more than five years after its production in the land of Goebbels.  The slaves in question were the Russians fleeing the red flag.  Following its initial release, the ‘Postdamer Tageszeitung’ of 16th January 1937 claimed it to be ‘a captivating film from start to finish which should open the eyes of the incorrigible in Germany and above all abroad to the Bolshevist scourge’.  Was Lucienne aware of this when she interpreted two pretty recitatives from this master-piece on Radio-Paris?  Most probably not.  In any case, she was one of the few artists with little to hide from the purging committees when Liberation arrived.She discretely pursued her career as a popular singer and was loved in return.  Strangely enough, the charm of her voice, surpassing fashion, is still effective to this day.  They say that singing preceded speech and that music hits you first in the stomach.  Indeed, Delyle’s voice belongs to those that heads straight for your senses, overshadowing the intellect.
Bands, accompanists, friends and loved-ones
From late 1938 to late 1939, the Victor accordion band, under the wing of pianist and arranger Boris Sarbeck, reunited the trumpeter Philippe Brun, the saxophonists or clarinettists André Ekyan, André Lluis and Eddie Brunner, the guitarists Oscar Aleman, Bierre ‘Baro’ and Jean ‘Matelo’ Ferret, the bassist Maurice Speileux, the drummers Tommy Benford and Grégoire ‘Coco’ Aslan, the accordionist Gus Viseur and a handful of violinists on the odd occasion (including Sylvio Schmidt).  The repertory was of a highly commercial nature comprised of the hits of the period.  The provenance of the band’s name is unsure.  We do know, however, that it has nothing to do with the R.C.A. Victor label, nor with the forthcoming V. Discs.  So perhaps it was named after Gus Viseur himself, or even after a dance hall named ‘Chez Victor’.In Autumn 1939 this merry crowd had reasons to come and go, depart and even emigrate.  Amongst the French trumpeters remaining in the capital were Aimé Barelli, Christian Bellest and Alex Renard.  The demand for artists existed, however, with Paris fast becoming the European pleasure centre.  Consequently, the studio orchestra  ‘Jazz Victor’ saw the light of day in November 1940 with Barelli and Bellest on the trumpets. 
Aimé was to become the French Harry James for Alix Combelle, Jacques Métehen, Raymond Legrand and Marius Coste.  He met his Betty Grable when he cut Lucienne in Autumn 1941.  Their idyll continued until April 1962, when leukaemia got the better of Lucienne.In the repertory of Barelli’s orchestra, we find jazzified versions of Mon Amant de Saint-Jean, Refrain sauvage, Chez Johnny, Amalaouta, Pour lui and Embrasse-moi.  To hear the illustrious Amant de Saint-Jean sung by Lucienne followed by the disc cut by Barelli and Co. for the Swing label is a real treat.  Even during his post-war deviations (mainly Afro-Cuban) Barelli remained faithful to jazz, before adhering to the arrangements of other band leaders, some of whom were to be his boss or the boss of his friends.  Some kept a tight rein (Chagnon, Cariven) whereas others were more lenient when it came to free expression (Metehen, Legrand, Coste, Wal-Berg, Adison).  This selection closes with Brouillard, a slow number from the banks of the river Seine, with its impressionistic French melody veiled with a touch of Ellington.
Adapted by Laure WRIGHT from the French text of Eric REMY
© FRÉMEAUX & ASSOCIÉS SA, 1998.
DISCOGRAPHIE
CD 1
1. Sur Les Quais du vieux Paris (p. Louis Poterat- m. Ralph Erwin) 15 février 1939.   CO DF 2456  CL 6971-1           3’20
2. Sans y penser (p. Jean-Marie Huart & Gaston Groener- m. Noël Glanzberg)             3 janvier 1939. CO DF 2456 CL 6907-2          3’21
3. Le Numéro treize (p. Poterat- m. Erwin) avril 1939.       CO DF 2594 CL 7036        3’05
4. Prière à Zumba (p. Jacques Larue- m. Augustin Lara) 28 avril 1939.         CO DF 2613 CL 7049-1          3’06
5. Bel Ami (Fox-trot du film Bel Ami, der Liebling Schöner Frauen- pf. Poterat- m. Hans-Fritz Beckmann & Théo Mackeben) 1er juin 1939. Avec Philippe Brun (tp), Eddie Bruner (ts), André Lluis (cl), 2 violons, Gus Viseur (acc), Pierre «Baro» Ferret (g), Maurice Speileux (cb), Tommy Benford (b).      CO 2629 CL 7080-1         2’15
6. Le Caravanier (pf. Robert Champfleury & Charles Vinci- m. P.G. Redi)           Mêmes références que titre 5. CL 7O84-1  2’28
7. C’est drôle (It’s funny to everyone but me- pf. Poterat- m. Jack Lawrence)        12 février 1940. CO DF 2713 CL 7234-1  3’19
8. Souris-moi et dis-moi «Bonne Chance!»     (Wish me luck as you wave me good bye, fox-trot du film Shipyard Sally/La Mascotte des chantiers. pf. Albert Willemetz- m. Harry Parr-Davis)             Mêmes références que titre 7. CL 7235-1          2’38
9. Je Crois aux Navires (p. Larue- m. Marguerite Monnot) 4 octobre 1940.           CO DF 2772 CL 7341-1   3’21
10. Fumée (p. Bataille-Henry- m. Jean Jal) 23 janvier 1941.  CO DF 2798 CL 7385-1       3’22
11. Le Paradis perdu (valse du film- p. Roger Ferney- m. Hans May)      Mêmes références que 1O. CL 7386-1    3’23
12. Si loin de toi (Schön war die Zeit, valse du film Serenade.          pf. Syam- m. Peter Kreuder) 1O avril 1941. CO DF 2815 CL 7427-1         3’23
13. Y a pas d’refrain (p. Maurice Vandair- m. Monnot) 10 avril 1941.  CO DF 2850 CL 7429-1     3’19
14. Le Soleil a sauté dans ma chambre (du film Sixième Etage -          p. S. Veber- m. Georges van Parys) 6 juin 1941. CO DF 2822 CL 7439-1          2’52
15. Y a d’la fumée dans ma banlieue (p. Mireille Brocey- m. Guy Dalmont)    16 octobre 1941. CO DF 2850 CL 7509-1     3’03
16. Viens demain (p. Larue- m. Marcel Louiguy) 16 octobre 1941.      CO DF 2881 CL 7510-1   3’05
17. Jamais ne s’oublient (Ich will nicht vergessen,      slow-fox du film Der Weg ins Frei/Le Chemin de la liberté.         (pf. Jean Solar et Henri Lemarchand-m. Théo Mackeben)        28 janvier 1942. CO inédit CL 7571         3’02
18. Moi, je sais qu’on s’reverra (p. Larue- m. Louiguy) 28 janvier 1942.     CO DF 2881 CL 7573-1     3’01
Titres
Tous les titres ont été enregistrés à Paris pour la marque Columbia.Jusqu’en mai 1939 les étiquettes mentionnnent encore Lucienne Delyne et non Lucienne Delyle.Les prénoms des auteurs et compositeurs entre parenthèses, mentionnés une fois ne le sont plus par la suite.
CD 2
1. Mon Amant de Saint-Jean (p. Lucien Agel- m. Emile Carrara) 7 juillet 1942.        CO DF 2898 CL 763-1       3’06
2. J’ai tout gardé pour toi (p. et m. Johnny Hess)         Mêmes références que  titre précédent. CL 7632-1     3’16
3. Nuages (p. Larue- m. Django Reinhardt) 7 juillet 1942.   CO DF 3037 CL 7635-1     3’13
4. Refrain sauvage (p. Francois Llenas & Pierre Hiegel- m. Francis Lopez)         Mêmes références que titre 3.  CL 7636-1 2’58
5. Des Mensonges (Was Du mir erzählt hast von Liebe und Treu,    fox-trot du film Weisse Sklaven/ Le Croiseur Sebastopol.           pf. Louis Sauvat- m. Kreuder) 22 juin 1943. CO DF 2989 CL 7768-1            3’06
6. Quand l’automne (Wenn die Sonne hinter den Dächern versinkt.          Mêmes références que titre 5). CL 7770-1          3’04
7. Marie des Anges (p. Larue- m. Lopez) 8 octobre 1943.          CO DF 2963 CL 7822-1          2’58
8. J’ai chanté sur ma peine (p. Hiegel- m. Marcel Métehen) 8 octobre 1943.            CO DF 2964 CL 7826-1          2’57
9. Malgré tes serments (p. Henri Christiné- m. Jos. Howard) 9 mars 1944.         CO BF 89 CL 7906-1       3’17
10. Domingo (Rumba du film Le Roi des resquilleurs.            p. Georges Bérard & Louis Gasté- m. Louis Gasté) 9 mars 1944.      CO DF 2976 CL 7907-1  3’21
11. Chez Johnny (p. Larue- m. Aimé Barelli) 13 juillet 1945.  CO DF 3022 CL 8034-1     2’55
12. Un Air d’accordéon (p. Henri Contet- m. Paul Durand) 5 avril 1946.    CO DF 3061 CL 8131-1     2’49
13. Sans Amour (p. Contet- m. Durand) 5 avril 1946. CO DF 3075 CL 8134-1     2’52
14. Amalaouta (Chanson africaine- p. Larue- m. Barelli) 3 juillet 1946.         CO DF 3047 CL 8201-1     3’05
15. Pour lui (p. Contet- m. Barelli) 3 juillet 1946.      CO DF 3142 CL 8203-3          3’09
16. Embrasse-moi (Chéri) (p. Larue- m. Barelli) 3 juillet 1946.         CO DF 3047 CL8204-3 2’49
17. Jour et nuit (p. Contet- m. Durand) 3 juillet 1946.          CO DF 3041 CL 8206-1          3’13
18. Brouillard (p. Contet- m. Durand) 23 novembre 1946.            CO DF 3196 CL 8267-1          2’46
Orchestres
Marcel Cariven : CD 1 : 1 à 4.
Orchestre Victor, direction Boris Sarbeck : CD 1 : 5 et 6.
Wal-Berg : CD 1 : 7 et 8.
Pierre Chagnon : CD 1 : 9 et14
Raymond Legrand : CD 1 : 1O à 13, 15, 16.
Jacques Météhen : CD 1 : 17, 18; CD 2 : 1 à 4, 7, 8.
Marius Coste : CD 2 : 5 et 6
Aimé Barelli : 9 à 18.
Remerciements
Remerciements à Minouche Barelli, Joëlle Carlin, Danny Lallemand, Daniel Nevers, Jack Primack, Jocelyne et Gérard Roig, Marie-Pierre Vancallement.

CD Lucienne Delyle (C) Frémeaux & Associés (frémeaux, frémaux, frémau, frémaud, frémault, frémo, frémont, fermeaux, fremeaux, fremaux, fremau, fremaud, fremault, fremo, fremont, CD audio, 78 tours, disques anciens, CD à acheter, écouter des vieux enregistrements, albums, rééditions, anthologies ou intégrales sont disponibles sous forme de CD et par téléchargement.)

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