Gargantua D'après Rabelais
Gargantua D'après Rabelais
Ref.: FA807

PHILIPPE NOIRET, JACQUES VILLERET, HENRI VIRLOJEUX, MARTHE MERCADIER, BERNARD HALLER

PHILIPPE NOIRET

Ref.: FA807

Label : Frémeaux & Associés

Durée totale de l'œuvre : 1 heures 37 minutes

Nbre. CD : 2

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Présentation

C'est sans doutes avec des yeux et des oreilles d'enfant qu'il faut aujourd'hui se plonger dans les incroyables aventures de Gargantua. A l'image du héros, si grand — il est géant ! —, si gourmand, si mal élevé, si naïf parfois, si invraisemblable dans ses raisons, riant d’un rire si énorme… tout est empli de démesure. Et cette démesure est justement celle du regard des enfants. C’est pourquoi encore aujourd’hui regarder le monde avec les yeux de Gargantua n’est pas vain. Ce n’est pas qu’un simple divertissement revenu du passé, mais c’est un exercice pour devenir grand, et pourquoi pas Géant, c’est à dire libre de choisir, aimer et croire à sa guise, et non comme un de ces moutons du maître Panurge. Écouter Gargantua, c’est s’armer pour combattre encore aujourd’hui cette «estrange obscurité» qui n’en finit pas de revenir… Philippe Noiret, Henri Virlogeux, Jacques Villeret, Bernard Haller s’emparent des mots de Rabelais. Tour à tour, ils sont des brûlots, coriaces, tendres, ravageurs, impies, cocasses… et tous font ressortir l’absurdité de laquelle on voudrait nous repaître. Une seule chose compte : faire enfin briller les lueurs du savoir et de la quête nécessaire de la vérité grâce à cette mise en scène sonore truculente, regroupant une trentaine d’acteurs et de musiciens.
Patrick Frémeaux

Philippe Noiret : François Rabelais Henri Virlogeux : Grandgousier Jacques Villeret : Gargantua Bernard Haller : Frère Jean Et avec : Marthe Mercadier, Martine Sarcey, Nicolas Marie, Guy Saint Jean, Jacques Charby, Robert Dadies, Jacques Mignot, Alexandre Calaque, Caroline Bigneur, Laurence Geoffroy, Sylvie Haas Musique : Hadi Kalafate
Licence exploitée par Frémeaux & Associés - La Librairie Sonore pour le compte des Editions du Pékinois.



INTERPRÉTÉ PAR PHILIPPE NOIRET - JACQUES VILLERET - HENRI VIRLOGEUX - BERNARD HALLER - MARTHE MERCADIER ET 30 MUSICIENS ET ACTEURS Philippe Noiret : François Rabelais Henri Virlogeux : Grandgousier Jacques Villeret : Gargantua Bernard Haller : Frère Jean Et avec : Marthe Mercadier, Martine Sarcey, Nicolas Marie, Guy Saint Jean, Jacques Charby, Robert Dadies, Jacques Mignot, Alexandre Calaque, Caroline Bigneur, Laurence Geoffroy, Sylvie Haas Musique : Hadi Kalafate

Liste des titres
  • Piste
    Titre
    Artiste principal
    Auteur
    Durée
    Enregistré en
  • 1
    AMIS LECTEURS
    PHILIPPE NOIRET
    FRANCOIS RABELAIS
    00:05:55
    2001
  • 2
    GARGAMELLE ENFANTA
    PHILIPPE NOIRET
    FRANCOIS RABELAIS
    00:05:59
    2001
  • 3
    BONHOMME GRANDGOUSIER BEUVANT
    PHILIPPE NOIRET
    FRANCOIS RABELAIS
    00:08:55
    2001
  • 4
    ON LE CONFIA A UN GRAND DOCTEUR
    PHILIPPE NOIRET
    FRANCOIS RABELAIS
    00:05:16
    2001
  • 5
    CE NE SERAIT QUE BEAU
    PHILIPPE NOIRET
    FRANCOIS RABELAIS
    00:05:02
    2001
  • 6
    QUAND PONOCRATE
    PHILIPPE NOIRET
    FRANCOIS RABELAIS
    00:04:42
    2001
  • 7
    LE DOMAINE DE GRANDGOUSIER
    PHILIPPE NOIRET
    FRANCOIS RABELAIS
    00:08:42
    2001
  • 8
    NOTRE MAITRE
    PHILIPPE NOIRET
    FRANCOIS RABELAIS
    00:03:12
    2001
  • 9
    MON FILS
    PHILIPPE NOIRET
    FRANCOIS RABELAIS
    00:03:15
    2001
  • 10
    CETTE LETTRE SIGNEE GRANDGOUSIER
    PHILIPPE NOIRET
    FRANCOIS RABELAIS
    00:10:50
    2001
  • Piste
    Titre
    Artiste principal
    Auteur
    Durée
    Enregistré en
  • 1
    SITOT LUE LA LETTRE DE SON PERE
    PHILIPPE NOIRET
    FRANCOIS RABELAIS
    00:05:29
    2001
  • 2
    EH OH OH FRERE JEAN
    PHILIPPE NOIRET
    FRANCOIS RABELAIS
    00:05:59
    2001
  • 3
    LE LENDEMAIN
    PHILIPPE NOIRET
    FRANCOIS RABELAIS
    00:02:39
    2001
  • 4
    PONOCRATE LE PREMIER
    PHILIPPE NOIRET
    FRANCOIS RABELAIS
    00:03:20
    2001
  • 5
    AU MEURTRE A LA TRAHISON
    PHILIPPE NOIRET
    FRANCOIS RABELAIS
    00:03:11
    2001
  • 6
    PICROCOLE DESESPERE
    PHILIPPE NOIRET
    FRANCOIS RABELAIS
    00:03:18
    2001
  • 7
    A SON RETOUR
    PHILIPPE NOIRET
    FRANCOIS RABELAIS
    00:02:53
    2001
  • 8
    AU RETOUR DE SON FILS
    PHILIPPE NOIRET
    FRANCOIS RABELAIS
    00:02:43
    2001
  • 9
    ITEM QU AU COUVENT N ENTRAIENT PAS LES HOMMES
    PHILIPPE NOIRET
    FRANCOIS RABELAIS
    00:05:49
    2001
Livret

Gargantua D’après RABELAIS

Gargantua
D’après RABELAIS
Interprété par Philippe NOIRET, Jacques VILLERET, Henri VIRLOGEUX, Bernard HALLER 
CD 1
1.    Amis lecteurs, qui lisez ce livre…    5.55
2.    Voici l’occasion et manière comment Gargamelle enfanta…    5.59
3.    Le bonhomme Grandgousier beuvant et se rigolant avec les autres…    8.55
4.    De fait, on le confia à un grand docteur…    5.16
5.    Ce ne serait que beau que vous ne nous rendissiez nos cloches…    5.02
6.    Quand Ponocrate connut la vicieuse manière de vivre de Gargantua…    4.42
7.    Or laissons-les et retournons au domaine de Grandgousier…    8.42
8.    Notre Maître, notre Maître…    3.12
9.    Mon fils, la ferveur de tes études…    3.15
10.    Cette lettre, dictée et signée Grandgousier…    10.50 
CD 2
1.    En cette même heure, sitôt lue la lettre de son père… 
   5.29
2.     Eh, oh, oh, Frère Jean mon ami…    5.59
3.    Le lendemain, comme l’avait prévu Gargantua…    2.39
4.    Ponocrate, le premier, attaqua par le nord…    3.20
5.    Au meurtre, au meurtre, à la trahison…    3.11
6.    Picrocole, cependant, désespéré, fuyait vers l’île Bouchard…    3.18
7.    A son retour, au lieu de la bataille…    2.53
8.    Au retour de son fils, le bonhomme Grandgousier…    2.43
9.    Item parce qu’au couvent des femmes n’entraient jamais les hommes    5.49 
Prologue du Livre Ier
«N’avez-vous jamais vu un chien ayant trouvé un os à moelle? C’est, comme dit Platon, la bête du monde la plus philosophe. Si vous l’avez vu, notez avec quelle application, il le regarde, il le protège, avec quel souci il le tient, avec quelle prudence il l’entame, avec quelle affection il le brise et quelle attention il le suce? Qui lui a appris à le faire? Quel est l’espoir de son étude? Quel bien prétend-il? Rien de plus qu’un peu de moelle. Il est vrai que ce peu est bien plus délicieux que beaucoup d’autres choses, parce que la moelle, comme le dit Galien [Livre III des Facultés naturelles et XI de L’Usage des Parties du corps], est un aliment élaboré et très parfait. A l’exemple de cet animal, il vous convient d’être sages pour renifler, sentir et estimer les beaux livres de haute graisse, légers à la course et forts à la rencontre; puis il vous faut, par une lecture attentive et de fréquentes méditations, rompre l’os et sucer la substantifique moelle.»    
François Rabelais, Gargantua
Un Géant démesuré
«A boyre ! A boyre ! A boyre !»
Être grand, voilà qui est bien. Être très grand, voilà qui est très bien. Il en est de même pour ce qui est d’être très très grand, c’est donc très très bien. Mais au delà, c’est trop. Après, il n’y a plus de limite… alors c’est carrément géant. Et tel est le cas de Gargantua : c’est un géant.  Il faut avouer qu’il avait de qui tenir puisque ses parent sont tous deux des géants (ce qui aide singulièrement à le devenir soi-même). L’origine de la famille de Gargantua est aussi ancienne, assure Rabelais, que l’apparition de la nation des géant. Ceci suffit donc à expliquer pourquoi Grandgousier, le père de notre héros, et Gargamelle, sa noble mère, le sont. Outre la particularité d’être géant, Gargantua se distingue par plusieurs autres curiosités. Tout d’abord, il fut porté onze mois et naquit par l’oreille gauche de sa mère… Était-ce parce qu’elle avait mangé trop de tripes ou parce qu’assurément le destin de Gargantua serait hors du commun ? Du commun des géant, va sans dire. D’ailleurs, Bacchus est né de la cuisse de Jupiter, Rochetaillé dans le talon de sa mère, Croquemouche dans la pantoufle de sa nourrice et il est nombre d’autres exemples fameux. «A boire ! A boire ! A boire !» furent ses première paroles. Ce qui passe encore pour un prodige non négligeable. Alors on lui donna à boire, et il ne fallut pas moins de Dix sept mille neuf cent treize vaches pour assurer son allaitement… Ainsi commence l’histoire de Gargantua. Être fabuleux, non seulement géant, mais aussi remarquable par sa démesure. Alors comment peut-il regarder le monde des petits où nous sommes? Tout lui paraît si étrange, si consternant. Nombre de nos affaires ­— que nous désignons pompeusement sous le terme de «Grandes Affaires» — restent pour lui de ridicules agitations, de petites choses. Il s’en amuse follement, trouve immédiatement le ridicule, et rit d’un rire énorme, qui il faut l’avouer nous gagne vite.  Il boit, il mange, il grandit, il s’instruit, et se trompe énormément aussi. Et cette fois c’est au tour des petits de rire. Même si les énormes erreurs et sottises du bon Géant ressemblent aux nôtres, mais en plus grand, beaucoup plus grand! D’aventures en aventures, d’excès en fariboles, c’est toutes nos habitudes qui défilent, nos manie mêmes… ou du moins des lubies et des habitudes et des manies qui ressemblent étrangement aux nôtres et qui souvent nous font rire ou sourire, «parce que le rire est le propre de l’homme» ! 
Le Gargantua des enfants
«sucer la substantifique moelle»…   Il y a quelque temps, je ne sais plus à quel propos — mais sachez qu’il y a des jours où les motifs abondent — je fis de sévères remontrances à mon fils, lui faisant savoir qu’il était trop gâté. Certes l’argument n’est pas nouveau et ne vaut pas grand chose, mais la lassitude aidant, il revient parfois. C’est alors que le jeune Félix me fit remarquer d’une voix haut perchée — car lui aussi partageait mon courroux, mais pour des raisons rigoureusement inverses, va sans dire — que «des fois trop, c’est pas assez».  Nous brisâmes là… entr’autres.  Pourtant l’idée générale est bien là, gargantuesque de nature et criante de vérité : «des fois, trop c’est pas assez»… J’ajouterai même qu’en pays rabelaisien c’est une vérité première.  C’est sans doute avec des yeux et des oreilles d’enfant qu’il faut aujourd’hui se plonger dans les incroyables aventures de Gargantua. A l’image du héros, si grand — il est géant ! —, si gourmand, si mal élevé, si naïf parfois, si invraisemblable dans ses raisons, riant d’un rire si énorme… tout est empli de démesure.  Et cette démesure est justement celle du regard des enfants. Le monde des adultes est un monde de géant dont les préoccupations semblent parfois idiotes — et qui sait à la toute fin le sont peut-être. Alors comment ne pas poser sur ce monde un regard plein de curiosité interrogative ?  C’est bel et bien le propos narquois et dérangeant de Gargantua, enfant immense. Il ne comprend pas tout, mais s’indigne justement, il refuse le fatalisme des guerres, des souffrances, mais accueille de la meilleure manière tous les plaisirs du bon rire et du bon vivre. Même ceux qui frisent l’inconvenance. L’enfance n’a pas de limites, ses joies poussent jusqu’à l’infini… il en va ainsi du rire de Gargantua ! 
«Des fois trop, c’est pas assez !»  
«Sa vue seule éveillait des idées de tripes, 
de jambons roses, 
de ripailles gargantuesques» 

Théodore de Banville.  
Un Gargantua qui aide à devenir grand
ou «l’utile-doux» de Joachim du Bellay 

Voltaire, admiratif après avoir lu Rabelais, sentit qu’il «voulu se mettre à couvert sous le masque de la folie»… C’est mettre l’œuvre de Rabelais à sa plus juste place. Le fin conteur philosophique du XVIIIe s. a parfaitement compris l’esprit de l’humaniste du XVIe s. La «moelle», invoquée dès le prologue, se cache sous une enveloppe de folie Car tout est là, et chacun peut tirer de ce vaste ouvrage la moelle sui lui convient… Tel se pique d’érudition, tel ne songe qu’à rire des farces grossières ou lestes, tel veut se divertir d’aventure incroyables…  Mais tous, quelque soit le chemin de lecture choisi, tireront de leur rencontre avec Rabelais, avec Gargantua, une nourriture plus subtile, «un aliment élaboré et très parfait», une philosophie généreuse et souriante, sinon riante à gorge déployée, celle d’un humanisme triomphant qui met en garde contre l’absurdité et l’obscurantisme érigés en vérité première.  Le tour de force de Rabelais est de combattre l’ennemi, non comme un censeur un peu lointain, pontifiant — l’époque aimait les doctes censeurs et les froids moralistes aussi — qui regarderait le monde avec un jugement stoïque, le poussant à vivre «à la Sénèque», mais avec des yeux humains, qui s’interrogent sur la vraie folie de la vie, et la folie des hommes.  Gargantua, Grand parmi les petits, est plus énorme encore vu ainsi. Impitoyable, il fait danser les idées reçues, dénonce les mensonges qui souvent ne font qu’accroître inutilement les maux des hommes.  C’est pourquoi encore aujourd’hui regarder le monde avec les yeux de Gargantua n’est pas vain. Ce n’est pas qu’un simple divertissement revenu du passé, mais c’est un exercice pour devenir grand, et pourquoi pas Géant, c’est-à-dire libre de choisir, aimer et croire à sa guise, et non comme un de ces moutons du maître Panurge. 
Jean-Yves Patte
© Frémeaux et Associés/Groupe Frémeaux Colombini SA, 2001.  
Repères biographiques : La plupart du temps la vie de Rabelais n’est connue qu’au travers d’épisodes saillants. D’ailleurs il reste encore de nombreuses parts d’ombre dans sa vie… au commencement du XXe s. on n’était non seulement pas fixé sur la date exacte de sa nais­sance — qui d’ailleurs est toujours sujette à caution — mais on ne connaissait même pas celle de son décès! C’est pourquoi afin de mieux saisir les circonstances de la vie de cet homme, il paraît plus juste de la situer dans son temps. Ainsi l’on comprend combien les propos de Gargantua trouvent un écho dans leur époque, mais aussi combien la supériorité des vues de Rabelais à su en tirer des histoires éternelles — «tirer la substantifique moelle» (encore et toujours) — bâties sur les ressorts de l’âme humaine…  Cette biographie de Rabelais en son temps permet de saisir combien l’époque de la Renaissance est dominée sans cesse par des guerres [particulièrement 65 années de combats en Italie] et troublée, agitée très profondément même, par les questions religieuses au sein de l’Église qui donneront naissance au Protestantisme, mais aussi à l’Inquisition.  Par delà les débats théologiques, c’est aussi le problème des consciences qui est discuté. C’est pourquoi les Humanistes, philosophes et érudits épris de justice, tentent de faire entendre une nouvelle voix. S’appuyant sur la redécouverte des philosophes de l’Antiquité [dont l’analyse effraye tant les universitaires qu’ils cherchent à faire interdire l’étude du grec ancien], ils veulent proposer des solutions nouvelles adaptées à la condition hu­maine alors très malmenée. 
François Rabelais et son temps
«Quelle joie secrète ne conçut point la nature à la naissance de celui qui, par ses bons mots et par ses doctes railleries, devait tant faire rire la nature humaine».   
Guillaume Colletet, vers 1650 
1483 : naissance, à Chinon — à la Devinière ? —, de François Rabelais, fils d’Antoine Rabelais, avocat.  Mort de Louis XI, commencement du règne de Charles VIII. Naissance en Saxe de Martin Luther.  
1494 : [certains historiens pensent que Rabelais serait né cette année  seulement] Commencement des guerres d’Italie sous la conduite de Charles VIII [elles dureront 65 ans]. Les soldats des armées rapportent «le mal de Naples» [syphilis] qui causera d’importants ravages. 
1495-99 : Érasme, érudit humaniste et philosophe, né en Hollande, enseigne à Paris, où il tombe malade. 
1508 : publication de la première Bible en français. Michel-Ange commence les peintures de la Sixtine à Rome [jusque 1512].  1509 : Érasme publie l’Éloge de la Folie où, dans une vaste satyre, il raille les prélats. Il dénonce leurs abus, les incohérences de leurs actes «leur obscénités»… Il insiste sur la nécessité d’une réforme disciplinaire de l’Église. Quoiqu’Erasme ne remette pas en cause les dogmes fondamentaux de l’Église catholique, ce texte est considéré comme l’un des actes qui concourent au protestantisme. 
1511 : François Rabelais séjourne au couvent de la Baumette près d’Angers. 
1512 : le pape Jules II convoque le concile de Latran. Là le Royaume de France est «mis en interdit», mais surtout la Pragmatique sanction est condamnée. Cette Pragmatique sanction de Bourges, de 1428, prévoyait la supériorité des Conciles œucuméniques [régionaux] sur les Papes. Ainsi la toute puissance papale était-elle tempérée. La suppression de ces pratiques fut plus vivement contestée chacun y voyant une déroute vers des abus de la papauté. Plusieurs théologiens, philosophes, humanistes critiquèrent ouvertement ces dérives ouvrant un peu plus encore la voie à la Réforme protestante.
1513 : mort de Jules II [que Rabelais placera en enfer] Léon X lui succède. Machiavel — homme d’État et historien florentin — écrit Le Prince*. 
1515 : François Ier succède à Louis XII et remporte la bataille de Marignan. 
1517 : Luther affiche sur le portail de l’église de Wittemberg 95 thèses contre l’Église catholique. Cette prise de position est le véritable acte de naissance de la Religion Réformée.
1519 : avènement de Charles Quint. 
1520 : «Entrevue du Camp du Drap d’Or» entre Henry VIII d’Angleterre et François Ier.  Rabelais est moine à Fontenay-le-comte. Son grand savoir et sa bienveillance le font entrer en contact avec l’érudit humaniste Guillaume Budé et le légiste Tiraqueau Magellan découvre le détroit qui porte désormais son nom. Luther entre en opposition avec le pape. 
1522 : Rabelais traduit Hérodote, savant voyageur grec du Ve s. 
1523 : la Sorbonne — après la publication des commentaires sur le texte grec des Évangiles par Érasme — tente d’empêcher l’étude du Grec. Les supérieurs du couvent de Rabelais lui enlèvent ses livres de grec. Budé condamne avec violence «les malheureux ignorants qui veulent faire passer pour hérétique ceux qui s’emploient à l’étude de cette belle langue» 
1524 : Rabelais quitte le couvent de Fontenay et se rend chez à Maillezais chez le prélat humaniste Geoffroy d’Estissac. Avec le neveu de ce dernier, il inspecte les abbayes et les terres du Poitou. Là, il est libre de continuer ses études. Première impression d’une œuvre de Rabelais : «Épître à Jean Bouchet». 
1525 : les armées françaises sont défaites à Pavie. François Ier est emprisonné. 
1526 : après un traité [dont les clauses sont écrasantes] avec Charles Quint, François Ier est libéré. 
1528 : François Rabelais séjourne à Paris [jusque 1530]. Il entreprend des études de médecine et quitte l’habit de moine pour devenir prêtre. 
1530 : François Ier fonde le Collège de France. — septembre : Rabelais est étudiant en Médecine à Montpellier. Il y est reçu bachelier le 1er octobre suivant. 
1532 : à Lyon, Rabelais publie les Épîtres médicinales de Jean Ménard et traduit et annote les Aphorismes d’Hippocrate — [406-380 av. J.C.] — fondateur de la plus ancienne école de Médecine grecque et considéré comme le «père» de cet art — du grec en latin.  Sous le nom de Maître Alcofribas, il publie Pantagruel. En novembre, il entre en relation avec Érasme. A la fin de l’année, Rabelais publie en­core un texte juridique Le Testament de Cuspidius. 
1533 : Rabelais publie la Pantagrueline Pronostication. - octobre : la Sorbonne condamne Pantagruel pour obscénité. Diffusion des thèses de Calvin, théologien originaire de Noyon et converti au thèses protestantes. Il fut le fondateur de la Réforme en France. Rabelais part en Italie avec le cardinal Jean du Bellay.
1534 : Jacques Cartier découvre le Canada. En mai, de retour de Rome, Rabelais publie à Lyon Gargantua, puis une Topographie de la Rome antique. Affaire de placards [affiches] calvinistes contre les dogmes catholiques. 
1535 : mort d’Antoine Rabelais son père. François publie un Almanach où il conteste la possibilité de la divination. Après un bref séjour auprès de Geoffroy d’Estissac, Rabelais est de retour à Lyon. Selon d’autres sources c’est à cette date qu’aurait pu être publié Gargantua. En août, Rabelais retourne à Rome chargé par Geoffroy d’Estissac d’affaires à la Rotte et à la Cour de Rome. Durant ce séjour, il présente une requête pour lui même afin de pouvoir regagner — malgré ses changements d’état religieux —­ un couvent de bénédictins. 
1536 : le pape Paul III autorise Rabelais à retrouver les bénédictins et lui donne la permission exercer a médecine, à condition toutefois qu’il ne pratique pas de chirurgie. En mai il est de retour à Lyon. C’est sans doute vers cette époque que naît Théodule, son fils naturel, qui ne vivra que deux ans. Rabelais souhaite rentrer au Couvent de Saint-Maur-des-Fossés. Mais par une bulle le pape à transformé cet établissement régulier en confrérie de Chanoine. En conscience Rabelais demande au pape de lui accorder «un indult» pour y demeurer. 
1537 : Rabelais retourne à Montpellier pour recevoir son diplôme de médecine. Il enseigne quelque temps à Lyon et y pratique l’une des premières dissection humaine.  Rabelais manque d’être emprisonné pour avoir eu une correspondance avec Rome dont le contenu risquait de nuire aux intérêts du Royaume. A la fin de l’année, il retourne à Montpellier afin de passer son examen de doctorat en médecine. En outre il fait des cours sur les pronostics  d’Hippocrate [en grec] et donne des cours d’anatomie. 
1538 : édition populaire de Panurge disciple de Pantagruel avec les prouesses du merveilleux Bringuenardille ou Navi­gations de Panurge. En juillet Charles Quint et François Ier se rencontrent à Aigues-Mortes. A la suite de cette entrevue le Roi abandonne sa politique de bienveillance vis-à-vis des humanistes et surtout des Réformés. Rabelais est dans la suite de François Ier. 
1539 : en automne Rabelais part pour Turin. 
1540 : mort de Guillaume Budé.  Fondation de la Compagnie de Jésus [Jésuites] afin de ranimer les ardeurs catholiques. Les enfants bâtards du Frère Rabelais [François et Junie] sont légitimés par le pape Paul III.  
1541 : de retour en France, Rabelais donne une nouvelle version de Gargantua-Pantagruel expurgée des railleries contre les Théologiens. La même année paraît une édition clandestine [due à Étienne Dolet] non rectifiée. 
1542 : fondation à Rome de l’Inquisition pour combattre les hérésies. Parution à Lyon du texte latin de Rabelais — aujourd’hui perdu — des Stratagèmes, c’est à dire prouesses & ruses de guerre du très pieux & très célèbre chevalier de Langey dans la tierce guerre Césariane.  
1543 : Copernic publie son traité sur les Révolutions du Système solaire.  Gargantua-Pantagruel est censuré par le Parlement sur la requête des Théologiens.   
1545 : publication des thèses d’Ambroise Paré, chirurgien-barbier qui le premier publie la somme de son savoir en français. Il est considéré comme le père de la chirurgie moderne. Le pape Paul III convoque le Concile de Trente [ville du Tyrol, alors possession de l’Empereur Charles Quint]. Le problème de la toute puissance souveraine du pape y est débattu et fort contesté. Mais le problèmes théologique majeur est la mise en place d’une réforme interne de l’Église catholique et, tournée vers les Protestants, une politique offensive de Contre-Réforme dogmatique. Rabelais obtient le privilège royal pour la publication du Tiers Livre. 
1546 : mort de Luther. Dolet est envoyé au bûcher pour avoir nié que Platon** puisse penser à l’immortalité de l’âme humaine. Publication du Tiers Livre. Il est aussitôt condamné par les Théologiens, encore que ceux-ci n’aient pu relever une hérésie «en endroit aulcun». Rabelais se retire à Metz où il devient médecin de la ville. 
1547 : mort du roi d’Angleterre Henry VIII et de Francois Ier. Henri II lui succède. Rabelais est nommé médecin du cardinal Jean du Bellay et le suit à Rome. Au passage il donne à Tours le manuscrit du Quart Livre.  
1548 : publication du Quart Livre. A Paris le roi Henri II fait établir une Chambre Ardente pour poursuivre les hérétiques.  
1549 : mort du pape Paul III, Jules III lui succède. Les attaques se multiplient contre les ouvrages de Rabelais. 
1550 : Calvin publie le Traité des scandales et traite Rabelais d’impie. Jules III — renouant avec la politique de Jules II suspendue par Paul III — manœuvre contre le France. 
1551 : guerre ouverte contre le pape «guerre de Parme». Le cardinal du Bellay donne à Rabelais la Cure de Meudon. 
1552 : les Théologiens censurent le Quart Livre mais les Parlementaires soutiennent Rabelais. Signature de la Paix entre le Saint-Siège et la France. 
1553 : Rabelais meurt au commencement du mois d’Avril. 
1555 : Calvin dénonce les écrits de Rabelais comme «orduriers»…  

Cf. catalogue Frémeaux &Associés :     
*Le Prince de Machiavel, lu par Michel Galabru, FA 8002.
**Le Banquet de Platon, lu par Michael Lonsdale, FA 8001.
   
Jean-Yves Patte 
© FRÉMEAUX & ASSOCIÉS/GROUPE FRÉMEAUX COLOMBINI SA, 2001  

Ecouter Gargantua D’après RABELAIS (livre audio) © Frémeaux & Associés / Frémeaux & Associés est l'éditeur mondial de référence du patrimoine sonore musical, parlé, et biologique. Récompensés par plus de 800 distinctions dont le trés prestigieux "Grand Prix in honorem de l'Académie Charles Cros", les catalogues de Frémeaux & Associés ont pour objet de conserver et de mettre à la disposition du public une base muséographique universelle des enregistrements provenant de l'histoire phonographique et radiophonique. Ce fonds qui se refuse à tout déréférencement constitue notre mémoire collective. Le texte lu, l'archive ou le document sonore radiophonique, le disque littéraire ou livre audio, l'histoire racontée, le discours de l'homme politique ou le cours du philosophe, la lecture d'un texte par un comédien (livres audio) sont des disques parlés appartenant au concept de la librairie sonore. (frémeaux, frémaux, frémau, frémaud, frémault, frémo, frémont, fermeaux, fremeaux, fremaux, fremau, fremaud, fremault, fremo, fremont, CD audio, 78 tours, disques anciens, CD à acheter, écouter des vieux enregistrements, cours sur CD, entretiens à écouter, discours d'hommes politiques, livres audio, textes lus, disques parlés, théâtre sonore, création radiophonique, lectures historiques, audilivre, audiobook, audio book, livre parlant, livre-parlant, livre parlé, livre sonore, livre lu, livre-à-écouter, audio livre, audio-livre, lecture à voix haute, entretiens à haute voix, parole enregistrée, etc...). Les livres audio sont disponibles sous forme de CD chez les libraires  et les disquaires, ainsi qu’en VPC. Enfin certains enregistrements de diction peuvent être écoutés par téléchargement auprès de sites de téléchargement légal.

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