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Guillaume Apollinaire • Buffalo Bill • Thomas Edison • Gustave Eiffel
Ref.: FA5846
Direction Artistique : JEAN-BAPTISTE MERSIOL
Label : FREMEAUX & ASSOCIES
Durée totale de l'œuvre : 47 minutes
Nbre. CD : 1
- - Lauréat d'un Coup de cœur 2023 de la Commission Parole enregistrée, Documents & Créations sonores
Savoir reproduire et conserver le son, que ce soit celui d’une voix, d’une musique, ou d’un poème est une question relativement banale aujourd’hui mais qui a trouvé réponse que très récemment dans notre histoire. La période qui constitue les premiers pas de l’enregistrement phonographique dès la fin du XIXe siècle est un concentré inouï d’expérimentation technologique et de volonté de conservation patrimoniale, une aventure moderne qui renvoie directement vers l’histoire de la civilisation humaine. La présente sélection réalisée par Jean-Baptiste Mersiol permet notamment d’entendre la voix de Gustave Eiffel, Buffalo Bill, Sarah Bernhardt, ou Guillaume Apollinaire… Un temps passé, figé par le son, des sons gravés pour l’éternité.
Patrick FRÉMEAUX
1860 : EDOUARD SCOTT DE MARTINVILLE – AU CLAIR DE LA LUNE • 1878 : THOMAS EDISON – PREMIER ENREGISTREMENT • 1889 : JOHANNES BRAHMS – DANSE HONGROISE N°1 • 1890 : FLORENCE NIGHTINGALE • 1890 : TCHAÏKOVSKY & ANTON RUBINSTEIN • 1898 : GUSTAVE EIFFEL – PARLE AUX ENFANTS • 1898 : BUFFALO BILL – LA QUESTION CUBAINE • 1900 : FANFARE – MARCHE (TITRE NON INDENTIFIÉ) • 1902 : ENRICO CARUSO – TU NON ME VUOI PIU BENE • 1902 : ENRICO CARUSO – CELESTE AÏDA • 1902 : GARDE RÉPUBLICAINE – RETRAITE AUX FLAMBEAUX • 1902 : SARAH BERNHARDT – LES VIEUX • 1902 : SARAH BERNHARDT – LA SAMARITAINE • 1903 : METROPOLITAN OPERA HOUSE – I PAGLIACERI • 1903 : LÉON XIII – AVE MARIA • 1904 : ALESSANDRO MORESCHI – LES LAMENTATIONS DE JÉRÉMIE • 1904 : MARÉ- CHAL – LES DEUX BEUBLETS • 1904 : MERCADIER – MAGDELEINE T’EN SOUVIENS TU ? • 1905 : GABIN – EN REVENANT DE LA REVUE • 1906 : ARISTIDE BRUANT – AU BOIS DE BOULOGNE • 1910 : MONTÉHUS – VOILÀ LES PRUSSIENS • 1913 : GUILLAUME APOLLINAIRE – LE PONT MIRABEAU. BONUS : PREMIERS PAS DE LA STÉRÉO : BLUMLEIN – EXTRAITS SESSION EMI STUDIO 12 JANVIER 1934 • RICHARD WAGNER – LA CHEVAUCHÉE DES WALKYRIES • JOHANNES BRAHMS – DANSE HONGROISE N° 5 • SÉQUENCE JAZZ – NEW MAYFAIR ORCHESTRA • EXPÉRIMENTATIONS STÉRÉO LABORATOIRES BELL 1ER JUIN 1934.
DIR. ARTISTIQUE : JEAN-BAPTISTE MERSIOL
CONTEXTUALISÉES PAR JEAN-YVES PATTE SUR 8 CD -...
ENREGISTREMENTS HISTORIQUES 1914-1918
ALIBERT • CHARLES TRENET • BOURVIL • GEORGETTY •...
AVEC LES VOIX DE SARTRE • BACHELARD • FOUCAULT • ARON...
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PisteTitreArtiste principalAuteurDuréeEnregistré en
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1Au clair de la lune - 9 Avril 1860Édouard Scott de MartinvilleMusique Traditionnelle00:00:091860
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2Premier enregistrement de Thomas Edison, 1878Thomas EdisonMusique Traditionnelle00:01:091878
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3Danse hongroise n°1, 1889Johannes BrahmsJohannes Brahms00:01:081889
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4Voix de Florence Nightingale, 30 juillet 1890Florence NightingaleFlorence Nightingale00:00:591890
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5Voix de Piotr Ilitch Tchaïkovski et Anton Rubinstein, 1890Piotr Ilitch Tchaïkovski, Anton RubinsteinPiotr Ilitch Tchaikovski00:00:591890
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6Gustave Eiffel parle aux enfants, 1898Gustave EiffelGustave Eiffel00:00:311898
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7La question cubaine, 1898Buffalo BillBuffalo Bill00:01:351898
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8Marche (titre non identifié), 1900FanfareMusique Traditionnelle00:01:101900
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9Tu non me vuoi piu bene, 1902Enrico CarusoGiacomo Meyerbeer00:02:181902
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10Céleste Aïda, 1902Enrico CarusoGiuseppe Verdi00:02:331902
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11Retraite aux flambeaux, 1902Garde RepublicaineTitre Iconnu00:03:241902
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12Les vieux, 1902Sarah BernhardtEdmond Rostand00:03:541902
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13La Samaritaine, 1902Sarah BernhardtEdmond Rostand00:02:151902
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14I pagliaceri, 1903Metropolitan Opera HouseRuggero Leoncavallo00:00:441903
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15Ave maria, 1903Léon XIIIMusique Traditionnelle00:00:441903
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16Les lamentations de Jérémie, 1904Alessandro MoreschiMusique Traditionnelle00:03:031904
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17Les deux beublets, 1904MaréchalArtiste Anonyme00:01:101904
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18Magdeleine t'en souviens-tu ?MercadierÉdouard Doyen00:01:091904
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19En revenant de la revue, 1905Ferdinand GabinLéon Garnier00:02:181905
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20Au bois de Boulogne, 1906Aristide BruandAristide Bruand00:02:391906
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21Montehus – Voilà les Prussiens, 1910MontehusMontehus00:02:081910
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22Le pont Mirabeau, 1913Guillaume ApollinaireGuillaume Apollinaire00:01:141913
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23La chevauchée des Walkyries, 1934Orchestre InconnuRichard Wagner00:02:381934
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24Danse hongroise n °5, 1934Orchestre InconnuJohannes Brahms00:03:041934
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25Séquence jazz, 1934New Mayfair OrchestraTitre Iconnu00:02:561934
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26Expérimentations stéréo, 1934Laboratoire BellLaboratoires Bell00:02:061934
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L’art phonographique
Premiers enregistrements
Apollinaire
Buffalo Bill
Thomas Edison
Gustave Eiffel
1860
1934
Savoir reproduire et conserver le son, que ce soit celui d’une voix, d’une musique, ou d’un poème est une question relativement banale aujourd’hui mais qui a trouvé réponse que très récemment dans notre histoire. La période qui constitue les premiers pas de l’enregistrement phonographique dès la fin du XIXe siècle est un concentré inouï d’expérimentation technologique et de volonté de conservation patrimoniale, une aventure moderne qui renvoie directement vers l’histoire de la civilisation humaine. La présente sélection réalisée par Jean-Baptiste Mersiol permet notamment d’entendre la voix de Gustave Eiffel, Buffalo Bill, Sarah Bernhardt, ou Guillaume Apollinaire… Un temps passé, figé par le son, des sons gravés pour l’éternité. Patrick Frémeaux
Today, knowing how to reproduce and preserve sound is a relative commonplace, whether the sound is music, a spoken voice, poetry or song. But historically speaking this knowledge is very recent. The period when the first steps in this domain were taken (the late 19th century) shows an extraordinary concentration of technology, experiment, and desire to preserve our heritage: it was a modern adventure that directly echoes the history of human civilisation. This selection prepared by Jean-Baptiste Mersiol allows us to hear the voices of Buffalo Bill and Gustave Eiffel, Sarah Bernhardt and Guillaume Apollinaire among others. This is the past, but these bygone times had sounds, and they were fixed and recorded for all eternity. Patrick Frémeaux
1. 1860 : Edouard Scott de Martinville – Au clair de la lune 0’09
2. 1878 : Thomas Edison – Premier enregistrement 1’09
3. 1889 : Johannes Brahms – Danse Hongroise n°1 1’08
4. 1890 : Florence Nightingale 0’59
5. 1890 : Tchaïkovsky & Anton Rubinstein 0’59
6. 1898 : Gustave Eiffel – Parle aux enfants 0’31
7. 1898 : Buffalo Bill – La question cubaine 1’35
8. 1900 : Fanfare – Marche (titre non indentifié) 1’10
9. 1902 : Enrico Caruso – Tu non me vuoi piu bene 2’18
10. 1902 : Enrico Caruso – Celeste Aïda 2’33
11. 1902 : Garde Républicaine – Retraite aux flambeaux 3’24
12. 1902 : Sarah Bernhardt – Les vieux 3’54
13. 1902 : Sarah Bernhardt – La Samaritaine 2’15
14. 1903 : Metropolitan Opera House – I Pagliaceri 1’58
15. 1903 : Léon XIII – Ave Maria 0’44
16. 1904 : Alessandro Moreschi – Les Lamentations de Jérémie 3’03
17. 1904 : Maréchal – Les deux Beublets 1’10
18. 1904 : Mercadier – Magdeleine t’en souviens tu ? 1’09
19. 1905 : Gabin – En revenant de la revue 2’18
20. 1906 : Aristide Bruant – Au bois de Boulogne 2’39
21. 1910 : Montéhus – Voilà les Prussiens 2’08
22. 1913 : Guillaume Apollinaire – Le Pont Mirabeau 1’14
BONUS : Premiers pas de la stéréo : Blumlein – Extraits Session EMI Studio 12 janvier 1934
23. Richard Wagner – La chevauchée des Walkyries 2’38
24. Johannes Brahms – Danse Hongroise n° 5 3’04
25. Séquence Jazz – New Mayfair Orchestra 2’56
26. Expérimentations stéréo Laboratoires Bell 1er juin 1934 2’06
L’art phonographique
Anthologie des premiers enregistrements 1860 - 1934
Aujourd’hui la musique est omniprésente à travers l’enregistrement sonore. Il n’existe aucun lieu qui ne soit épargné par l’usage de cette invention et par la diffusion du son. Les moyens tels que les radios et les télévisions mais aussi des lieux tels que supermarchés ou l’intérieur des automobiles sont les objets d’environnements sonores : la musique est omniprésente. Les gens se promènent en pleine campagne, walkman et ipod dans les mains, écouteurs sur les oreilles, sans penser un seul instant à cette invention prodigieuse qu’est la fixation du son sur un support en vue de sa reproduction ! Invention prodigieuse, il faut le dire, car il y’a deux cents ans, qui aurait pu imaginer arriver à fixer des sons à l’intérieur même d’un support plastifié ? Comment même imaginer dématérialiser la captation sonore par le biais d’ondes radiophoniques et plus tard dans des formats tels que les Wave ou les MP3 ? Invention prodigieuse car tout comme l’homme imagina un jour un appareil volant au-dessus de nos têtes, diffuser et rediffuser du son, était un vieux mythe telle une pierre philosophale qui aurait le pouvoir de capturer nos sons, les détenir avant de pouvoir les relâcher. Nous vivons donc chaque jour avec cette invention devenue banale sans y prêter attention. Loin de ses rudiments, l’enregistrement sonore s’est développé de manière spectaculaire, atteignant aujourd’hui la haute-fidélité, évoluant d’une source monorale vers un procédé stéréophonique tentant de satisfaire notre appareil humain. Si l’enregistrement sonore est très souvent perçu comme un moyen de distraire par le biais de la musique, on oublie souvent qu’il est un support de communication et de conservation du passé. Ainsi, revenir sur les premiers enregistrements sonores réalisés dans ce monde paraît inévitable et indispensable. Pour comprendre comment nous en sommes arrivés à ce que nous entendons aujourd’hui, il faut remonter au milieu du 19e siècle.
L’invention de l’enregistrement sonore est une idée typiquement française que l’on doit à Léon Scott de Martinville et le poète Richard Cross. Il s’agit là des premiers essais de fixation des sons de la voix sur un support quel qu’il soit. Toutefois l’invention de la phonographie en soit que l’on nomme en premier lieu « machine parlante » est quant à elle une réalisation américaine qui succède au téléphone (qui la précède de deux ans). Les deux sociétés de production américaines étant Edison et Columbia, Berliner en Allemagne devient le troisième plus grand producteur de machines parlantes. C’est à lui que l’on doit l’apparition du disque en concurrence au cylindre. Cette concurrence s’efforce de faire évoluer la technologie sonore entre 1877 à 1897 et seule la filiale des frères Pathé en France sera capable de rivaliser avec les trois grands leaders jusqu’à la première guerre mondiale. Les américains ont donc inventé les premières machines qui permettront d’enregistrer, dupliquer et lire les supports (cylindres, disques) toutefois l’Europe se contentera de copier ces procédés sans vraiment révolutionner les techniques de l’enregistrement.
La vibrographie s’inscrit comme l’ancêtre de l’enregistrement sonore. C’est en 1807 que l’anglais Thomas Young imagine fixer des sons sur un support matériel dans son livre « A course of lectures on natural philosophy and mechanical arts ». Un physicien Allemand du nom de Wilhelm Weber imagine de son coté, reproduire les vibrations d’un diapason à l’aide d’une plaque de verre revêtue de noir de fumée. Deux français, Wertheim et Duhamel font évoluer la vibrographie sur divers supports en utilisant également la fumée noire. Les premiers signes de fixation de vibrations sont bien présents mais personne n’a encore conçu la possibilité de fixer un son avec ses harmoniques sur un support. C’est un ouvrier typographe français nommé Edouard Léon Scott de Martinville qui va en 1853 parler de « fixer les sons de l’air ». Il effectue de nombreuses et fastidieuses recherches jusqu’au 26 janvier 1857 où il dépose ses premières notes à l’Académie des Sciences : dans ce pli il précise qu’il ne cherche pas à reproduire les ondes sonores mais qu’il souhaite lire les signes graphiques qu’il obtient. Il dépose donc en mars 1857 le brevet de son enregistreur graphique. L’appareil rudimentaire doté d’un pavillon acoustique va l’amener à faire évoluer son invention vers ce qu’il appellera le phonautographe. Il s’associe avec Koenig un constructeur d’instruments de physique afin de mettre sur le marché un appareil plus perfectionné que celui de 1857. En juillet 1859, un nouvel enregistreur est mis en construction. Le son est recueilli par une conque faite de plâtre en parois épaisses dont la sortie est munie d’un tuyau. Un autre tube vient frotter ce tuyau en supportant la membrane, ainsi l’orientation évolue en fonction de la voix. L’alliance avec Koenig s’avèrera donc payante et le phonautographe est amélioré. On ne tarde pas à l’appeler « oreille artificielle ». Durant ces années (1857 à 1877), Léon Scott de Martinville ne cessera de perfectionner son invention, avant que Thomas Edison ne fasse réellement apparition. Longtemps, il a été admis l’idée que Léon Scott de Martinville n’avait pas fixé à proprement parler le son sur un support. En effet, seuls des supports papiers contenant des vibrations avaient été déposés en 1860 à l’Académie des sciences. Cependant, des chercheurs de l’université de l’Indiana ont réussi en 2008 à extraire un son de ces supports, révélant ainsi la voix de Léon Scott de Martinville. Parmi plus de 100 essais, retranscrits, l’extrait chanté par Léon Scott de Martinville de la comptine « Au clair de la lune » a distinctement été révélé et constitue à ce jour le premier enregistrement sonore réalisé.
Au phonautographe va succéder le phonographe. Le poète Charles Cros est certainement la personne qui en a eu la première idée précise. Bien qu’il invente un télégraphe automatique en 1867 pour l’Exposition universelle de Paris, il dépose le 22 décembre de cette même année à l’Académie des Sciences un pli au titre précis : « Procédé d’enregistrement et de reproduction des couleurs, des formes et des mouvements ». Mais les investigations ne vont pas s’arrêter là : la guerre interrompt certes sont travail en cours mais il se remet au travail dès 1872, jusqu’en 1877 pour déposer le 18 avril très précisément un nouveau pli appelé : « Procédé d’enregistrement et de reproduction des phénomènes perçus par l’ouïe ». Il contacte Antoine Bréguet, un constructeur qui lui demande un cahier des charges afin de construire son appareil. Bien que l’invention soit en l’état d’essai, il s’agit bien de stocker les sons sur un support et c’est par le biais d’un article élogieux de l’Abbé Lenoir du 10 octobre 1877 que l’invention est baptisée « phonographe ». De son côté Thomas Edison ne cache pas non plus l’avancée de son invention qui est quasi identique, ainsi Charles Cros n’hésite pas à rendre publique ses derniers travaux. Toutefois, c’est bien Edison qui parviendra à faire fonctionner en premier une machine parlante lorsqu’il présentera son appareil à l’Académie des Sciences le 11 mars 1878. Le véritable phonographe était en état de marche. Charles Cros en réclame l’antériorité le 18 mars 1878 mais Thomas Edison demeurera vainqueur de cette course à l’enregistrement sonore. Léon Scott de Martinville crie au scandale et clame haut et fort qu’on lui a volé son invention.
Thomas Edison conserve donc la propriété d’une partie de son invention mais en soit, n’importe qui pourra produire des phonographes car dans ses précédents plis Charles Cros a mis l’enregistrement sur spirale plane ou sur hélice cylindrique dans le domaine publique. Charles Cros souhaite que l’invention soit librement utilisée et c’est ainsi que par la suite, la firme Pathé évitera de payer des droits sur les brevets d’Edison.
Il faudrait un livre entier pour détailler les différents brevets, évolutions et techniques d’enregistrements imaginés puis réalisés par Léon Scott de Martinville, Charles Cros et Thomas Edison. Mais s’il faut résumer les débuts de cette aventure, disons clairement qu’elle est française et américaine. Thomas Edison créa donc dans le New Jersey à Menlo Park, de vastes entrepôts permettant la duplication de ses disques : en réalité de véritables laboratoires remplis d’instruments de chimie. On estime donc que les premiers mots enregistrés par Edison l’ont été le 6 décembre 1877 au soir ou le 7 décembre au matin. Par la suite le phonographe ne va cesser de se développer, évoluant de brevets en brevets, la préoccupation majeure étant celle de la duplication. Fin 1878, s’achève l’invention de la machine parlante au profit du phonographe. Cependant la machine parlante renaitra de ses cendres lorsque Alexander Graham Bell mettra au point l’enregistrement gravé dans la cire en 1881. Edison lui rachètera l’invention qui prédominera l’industrie musicale jusqu’à la première guerre mondiale. Emile Berliner quant à lui, invente le gramophone équipé de disques plats. Dès 1898, le disque sera commercialisé et deviendra le support utilisé par toutes les marques, le cylindre jugé trop fragile sera progressivement abandonné. Désormais chaque marque pourra déposer ses modèles de disques : en effet il n’y aura pas de standard avant la fin des années 1920, chaque firme proposera donc des disques à vitesses différentes, certains commençant par le bord ou d’autres par le centre. Les disques en ciment de Pathé du début du vingtième siècle, seront uniface et commenceront par le centre. Ces disques sont très recherchés en raison de leur rareté mais également de leur bel aspect unique en son genre.
C’est après l’invention du phonographe et celle du gramophone, que le microphone fut inventé. L’ancêtre de ce dernier n’était autre que le téléphone et cela impliqua de transformer le son mécanique en son électrique. Le microphone équipé d’un électro-aimant, ne tarda pas à créer un signal électrique, qui à l’aide d’un burin gravera le son dans un disque de cire, d’acétate et de cellulose. Les premiers disques de 17 à 37 cm, tournaient à des vitesses variables de 70 à 100 tours minute. Le 78 tours deviendra ensuite le standard de toutes les marques en même temps que la venue de l’enregistrement électrique qui découlera sur une meilleure qualité sonore et les nouveaux formats microsillons (16, 33 et 45 tours). Dès le début des années 1930, la stéréophonie fait sa première apparition dans les studios d’enregistrements avant d’être expérimentée et commercialisée sur des premiers disques dans les années 1950. La stéréo se développera dans les années 1960, devenant le standard de tous les disques officiellement vers 1969-1970. Toutefois le support magnétique tiendra une place importante dans l’histoire de l’enregistrement sonore : On doit à Valdemar Poulsen, un ingénieur Danois d’avoir breveté le « telegraphone » en 1898. Il présente son invention à l’Exposition universelle de Paris en 1900 mais il n’exploita pas son brevet à temps pour le commercialiser. Dans les années trente, Telefunken et AEG, deux compagnies allemandes développent l’enregistrement sur bande qui allait dès lors supplanter l’enregistrement sur disque. A la fin de la seconde guerre mondiale, l’enregistrement magnétique enterre les autres supports : désormais le disque sera réservé au public comme support d’écoute uniquement. Cependant de nombreuses radios continueront de produire des enregistrements sur disque par la technique Pyrale. Dans les années 1960, la cassette audio et le dictaphone font leur apparition, ce qui permet au grand public d’avoir recours à l’enregistrement. Par la suite la venue du numérique changera définitivement la donne : le compact disque inventé au début des années 1980 permettra d’éliminer les problèmes de craquements, souffles et autres bruits de surfaces dont les autres supports souffrent à la lecture. Toutefois le grand public n’aura accès à l’enregistrement des supports numériques que vers la fin des années 1990 avec le CD enregistrable, le mini-disc la DCC. Et enfin, les années 2000, verront la dématérialisation complète des supports avec la venue des fichiers tels que le MP3 et le Wave, accessibles à tous, toutefois le disque vinyle abandonné vers 1995, n’aura jamais complètement disparu et connaît un regain d’intérêt à partir de 2010, ainsi que le CD qui n’a jamais complètement disparu.
Récolter les enregistrements historiques n’est pas une mince affaire. Il en existe de nombreux mais certains d’entre eux ont un intérêt majeur dans l’histoire de l’enregistrement mais aussi dans l’histoire de notre civilisation. Loin d’être réservé à l’art musical et au divertissement, l’enregistrement a dès le départ eu vocation à laisser une trace de l’histoire et de certaines voix emblématiques qui sont de ce fait devenues immortelles. Il est absolument merveilleux de pouvoir entendre les voix de Gustave Eiffel, Sarah Bernhardt ou Buffalo Bill aujourd’hui, alors qu’en général, ces personnalités ont laissé une trace historique de leurs talents ou activités uniquement dans les livres d’histoire. Ces premiers enregistrements mécaniques réalisés sur des cylindres ont vieilli et les bruits de surface de ces supports ont hélas pris le dessus. Si certaines fréquences indésirables ont été effacées, certains craquements supprimés à l’aide d’un procédé de quantification, il a bien fallu veiller à ne pas dénaturer les documents originaux. C’est donc avec sincérité et charme que nous sommes amenés à découvrir cette anthologie des débuts de l’enregistrement sonore. Pour démarrer la sélection, nous entendons le premier enregistrement réussi de Léon Scott de Martinville, chantant un extrait durant 9 secondes de la chanson « Au clair de la lune » le 9 Avril 1860. Il s’agit d’un enregistrement sur papier réalisé avec son phonautographe, et la vitesse reste approximative. Même si l’on devine la voix de Léon Scott de Martinville, on distingue fort bien la mélodie de la célèbre comptine française. Il s’agit donc officiellement du premier enregistrement sonore. Le plus ancien enregistrement d’Edison que l’on retrouve date de 1878, il dure environ une minute et est très intéressant. Grace à l’invention du phonographe, les voix de Florence Nightingale, Tchaïkovsky, Johannes Brahms, Buffalo Bill, peuvent être à nouveau entendues. En France, ce sont les voix de Gustave Eiffel et Guillaume Apollinaire récitant « Le pont Mirabeau » qui seront conservées. Mais l’enregistrement sonore a pu conserver davantage de curiosités. Si bien que Enrico Caruso était la vedette incontestable du début du vingtième siècle, en 1904, le dernier des Castrat du Pape Léon XIII, Alessandro Moreschi a pu être enregistré par la compagnie Gramophone à l’initiative des frères Fred et William Gaisberg. Cet enregistrement ici proposé est absolument étonnant. Au départ les frères Gaisberg avait pour projet d’enregistrer la voix du Pape Léon XIII en 1902, mais son entourage refusa, ils s’orientèrent donc vers son Castrat. Pourtant l’année suivante Gianni Bettini parvient à enregistrer sur cylindre le Pape qui interprète un « Ave maria » devenu mythique. Léon XIII mourra cinq mois plus tard. Alessandro Moreschi enregistre en 1904 sur disque plat et non sur cylindre, ce qui permet de conserver de lui, de meilleurs enregistrements. Cependant sa voix de Castrat qui recouvre les registres de soprano, alto et ténor souffre du manque de précision de la technologie dans les aigues (Problème que rencontre également les voix de femmes). L’enregistrement est toutefois très intéressant et peu décevant. En effet, si les documents sonores présentés ici sont historiques, ils souffrent de la technologie peu avancée de l’époque, les voix sont abimées, chevrotantes, et paraissent usées, vieillies. Sarah Bernhardt et Aristide Bruant n’échappent pas à ces limites de l’enregistrement sonore mais ces derniers témoignent de la fin de l’âge d’or français, et illustrent un Paris ouvert sur le monde par sa culture. Concernant Aristide Bruant, l’artiste aurait enregistré pas moins de 125 « faces » en l’espace de dix années. 72 d’entre elles ont été retrouvées et publiées dans le coffret Frémeaux & associés « La sélection définitive » FA 5819. Nous présentons ici une version alternative du titre « Au bois de Boulogne » enregistré sur disques Bruant/Orphée en 1906, bien avant la version publiée chez Pathé en 1911. Il s’agit donc ici d’un 73e enregistrement original de l’artiste qui vient compléter « La sélection définitive ». Celui-ci provient de la collection personnelle de Monsieur Célian Guillemard, documentaliste à la Discothèque de Radio France.
À la fin de la présente édition, il a paru judicieux d’avancer de quelques années en avant pour présenter ce qui est considéré comme les premiers enregistrements stéréo de l’histoire. Le 12 janvier 1934, Alan Dower Blumlein réalise plusieurs titres dans les studios EMI à Londres, les premiers enregistrements stéréo à être immortalisés dans la cire par une technique de gravure binaurale. Ces studios accueilleront une multitude d’artistes tel que Igor Stravinsky et deviendront plus tard l’antre des Beatles avant d’être rebaptisé « Abbey Road studios ». Déçu par le son d’un film à la sortie d’un cinéma, Alan Dower Blumlein imagine un système de séparation des sons. En réalité l’idée de donner du relief à la musique n’est pas nouvelle et dès les années 1920, les bals populaires diffusant de la musique à l’aide de gramophones imaginent la diffusion de disques à l’aide de deux pavillons séparés qui diffusent le microsillon unique avec un micro décalage. Ce jour-là il enregistre trois séquences en compagnie de trois pianistes (pour les deux premières) à savoir 1. La chevauchée des Walkyries de Wagner et 2. Danse Hongroise numéro 5 de Brahms. Pour la troisième séquence il fait appel au New Mayfair Orchestra et Ray Noble. Pour ne pas altérer le son, nous avons volontairement choisi de ne pas trop effacer les bruits de surface. Il faut savoir que le premier réel enregistrement stéréo est attribué à Duke Ellington avec « Black and Tan Fantasy » en février 1932 mais il sera uniquement publié en disque en 1979. Puis le 1er juin 1934 un disque de démonstration est publié par les laboratoires téléphoniques « Bell » à New-York. Arthur C Keller et I.S Rafuse ont imaginé une façon de séparer deux canaux et de les enregistrer sur le même disque de manière parallèle. En utilisant deux microphones assignés chacun à une tête de lecture ils se promènent de gauche à droite en révolutionnant le monde du disque. Le disque stéréo sera démocratisé dans les années 1960 après avoir connu ses premières commercialisations à la fin des années 1950.
Dans ce disque, les enregistrements sont principalement américains ou français car ils constituent le vivier de l’avancée de l’enregistrement sonore. À l’ère du numérique, où les techniques d’enregistrements sont très évoluées, ces premiers enregistrements ne manquent pas de charme et d’authenticité. À cette époque-là, les techniques d’enregistrements étaient simples, et les artistes n’avaient ni recours à la technique du multipiste, ni droit à l’erreur. Contrairement à aujourd’hui, il n’est pas difficile d’imaginer le contexte véritable dans lequel ces enregistrements ont été effectués : il s’agit donc ici d’un simple voyage dans le temps.
Jean-Baptiste Mersiol
Janvier 2023.
Merci à Jacques Viret.
© Frémeaux & Associés 2023
Phonograhic Art
An anthology of the first recordings, 1860-1934
by Jean-Baptiste Mersiol
The invention of sound recording was a typically French notion that we owe to Léon Scott de Martinville and the poet Richard Cross. Their efforts marked the first attempts at fixing vocal sounds on any physical carrier whatever. Yet the invention of the phonograph itself, or what people first called a “talking machine,” was an American creation that followed the telephone, which was only two years its elder. While the first two companies to produce the machines were American (Edison and Columbia), it was the Berliner company in Germany that became the world’s third-largest producer of talking machines. We owe to Berliner the appearance of a recorded disc that could compete with the cylinder. The rivalry of the three firms contributed to make further progress in sound technology between 1877 and 1897. Until the advent of the First World War, only the company founded by Charles & Emile Pathé in France – “Pathé Frères” – would be capable of competing with those three great market-leaders above. So the Americans invented the first machines to permit recording, duplicating and playing various sound-carriers (cylinders or circular discs); Europe, meanwhile, was content to copy the existing processes without truly revolutionising recording-techniques.
The ancestor of the sound-recorder was the “vibrograph”. In 1807, the English polymath Thomas Young published his “Course of Lectures on Natural Philosophy and the Mechanical Arts,” which among other things raised the subject of fixing vibrations on a physical carrier. Another physicist, the German Wilhelm Weber, imagined reproducing the vibrations of a tuning fork with the aid of a smoke-blackened glass plate. Two Frenchmen named Wertheim and Duhamel furthered vibrography by using various physical carriers and black smoke... So the first signs of fixing vibrations were present, but nobody had yet thought how it might be possible to fix a sound’s harmonics... until 1853, when the French typographer Edouard Léon Scott de Martinville alluded to “fixing the sounds of the air.” Between 1857 and 1877, de Martinville worked unceasingly to perfect his invention (i.e. before Thomas Edison’s phonograph.) The excerpt from the nursery song “Au clair de la lune” sung here by de Martinville constitutes the first-ever sound recording.
After de Martinville’s “phonautograph” patented in 1857 came the “phonograph.” French poet Charles Cros was the father of this 1877 invention. Although the machine made by Cros was at the trial-stage, it was indeed successful in storing sounds on a physical carrier. A praise-filled article written by Abbé Lenoir on 10 October 1877 referred to the machine already as a “phonographe”. As for Edison, he did nothing to hide progress with his own invention, a quasi-identical machine, while Charles Cros also published his latest findings. Edison was the man who first succeeded in manufacturing a “talking machine” that worked, and he demonstrated his invention for the National Academy of Sciences in Washington in 1878 (the year in which he patented it.) His genuine phonograph worked. Charles Cros claimed to have been first, but Thomas Edison would remain the winner of the race for a sound recorder... De Martinville would say it was a scandal, and protested vociferously that his work had been stolen. Edison finally retained the ownership of part of his invention... but in practise, anyone had the right to produce a phonograph, because in a sealed letter to the French Academy of Sciences in April 1877, Charles Cros had suggested a method of tracing the oscillation of a vibrating membrane onto a “cylindrical form,” and even proposed a metal tool that did just that. His letter was read aloud in public six months later (December 1877), which therefore placed the invention in the public domain. A few months before Edison’s patent. What Cros really desired was for his invention to be freely used.
From one patent to another, the phonograph continued to evolve, with everyone’s major concern being replication. By the end of 1878, the phonograph replaced the “talking machine”, but the latter would rise from its ashes when in 1881 Alexander Graham Bell perfected a recording engraved on wax. Edison purchased Bell’s invention from him, and it dominated the music industry until the outbreak of the Great War. Emile Berliner, of course, invented the gramophone, which played flat discs... By 1898, these discs would be on sale to the public, and every record company adopted discs to carry sound, which tolled the knell for the cylinder. Everybody considered it to be too fragile to last anyway.
The microphone was the next invention (its ancestor was none other than the telephone) and microphones implied that mechanical sounds be transformed into “electric” sound-waves. New discs would be required to reproduce this kind of recordings. The first discs measuring from around 7 to 12 inches in diameter were made to spin at speeds varying from 70 to 100 “rpm” (revolutions per minute). Records spinning at 78 rpm would become the standard for every record company, and at the same time electrical recordings would appear, offering better sound quality when played. There were new microgroove formats also, that revolved at 16, 33 or 45 rpm. Stereophony appeared in the early Thirties, first in the recording studios; and then after much experiment, “stereo” was exploited on the first stereophonic records of the Fifties. After evolving through the Sixties, stereo became an official standard in around 1969/1970.
Magnetic sound carriers, as opposed to the physical ones above, would occupy a major place in the history of recorded sound. In 1898 a Danish engineer named Valdemar Poulsen patented his invention under the name “telegraphone” and demonstrated it at the 1900 Universal Exhibition in Paris... but did not exploit his patent in time to derive any benefit from selling it. In the Thirties, the German companies Telefunken and AEG developed techniques for magnetic-tape-recording, and this would replace recordings made onto disc. In the Sixties, audiocassettes and the dictaphone would make an appearance, and mass audiences suddenly gained access to all kinds of recordings.
The digital age brought a definitive change to the landscape. The CD or “compact disc” player had an optical system to reproduce (i.e. “play”) the sound recorded onto the disc. Invented early in the Eighties, it eliminated almost every problem of “surface noise,” which promptly disappeared. Mass audiences would not benefit from this until the end of the Nineties, however: there had to be a “recordable” CD available to the public, a “minidisc” format, or a DCC (tape) format, that they could use to make their own recordings at home.
The years 2000 that followed would see the next major upheaval: “dematerialisation” was the name given to the phenomenon, and it saw sound-files replace physical carriers. These formats needed computers and processors to play them, and the sound-files had suffixes such as “.mp3”, “.wav” or “.wma” etc. They made recorded sound available to almost everyone. Vinyl discs were almost entirely abandoned in the mid-Nineties but saw renewed interest after 2010, particularly in certain music genres (jazz, rap, funk) that were disc-jockey favourites in public performances. Nor did the CD ever entirely disappear.
Collecting historic recordings has never been a simple matter. There are a great many of those, but some are historically very important in the recorded history of our civilisation. Far from being a technique reserved for the musical and entertainment arts, recording, ever since its infancy, has had a vocation: to leave a trace on history, especially for some of the emblematic voices that belong to it. The latter have become immortal: it is an absolute marvel to be able to hear the voices of Gustave Eiffel, Sarah Bernhardt or Buffalo Bill. Personalities such as these have left their mark, either because of their talents, or due to their creations and performances. But their traces have been confined to history-books, so we can read them, yes, but not hear them. The recordings contained in this disc, whether American or French in origin, are a vivarium for recorded sounds.
Jean-Baptiste Mersiol
January 2023.
With thanks to Jacques Viret.
English adaptation by Martin Davies
© Frémeaux & Associés 2023
Nota: for this present edition we thought it wise to bring certain recordings forward a few years, so as to present what are considered to be the first stereo recordings in history.
Discographie de L’art phonographique
Anthologie des premiers enregistrements 1860 - 1934
01. Edouard Scott de Martinville – Au clair de la lune
Enregistrement Phonautographe sur papier – 9 Avril 1860
02. Thomas Edison – Premier enregistrement
Enregistrement Tinfoil sur cylindre – Edison – 1978
03. Johannes Brahms – Danse Hongroise n°1 (Johannes Brahms)
Enregistrement cylindre – 1889
04. Florence Nightingale
Enregistrement cylindre – 1890
05. Tchaïkovsky & Anton Rubinstein
Enregistrement cylindre – Edison – 1890
06. Gustave Eiffel – Parle aux enfants
Enregistrement cylindre à l’exposition universelle de Paris – 1898
07. Buffalo Bill – La question cubaine
Enregistrement cylindre – Berliner 5014 – 1898
08. Fanfare – Marche (titre non identifié)
Enregistrement cylindre Pathé – 1900
09. Enrico Caruso – Tu non me vuoi piu bene (Meyerbeer)
Enregistrement cylindre Anglo Italian Commerce Compagny 84003 - 1902
10. Enrico Caruso – Celeste Aïda (Verdi)
Enregistrement cylindre Grammophone & Typewriter G.C 52369 – 30/11/1902
11. Garde Républicaine – Retraite aux flambeaux
Enregistrement Disque Zonophone X 1261 – 1902
12. Sarah Bernhardt – Les vieux (Edmond Rostand)
Enregistrement Disque Gramophone G.C 31.172 – 1902
13. Sarah Bernhardt – La Samaritaine (Edmond Rostand)
Enregistrement Disque Gramophone G.C 31.172 – 1902
14. Metropolitan Opera House – I Pagliaceri (Ruggero Leoncavallo)
Enregistrement Disque sans référence – Enregistré par Lionel Mapleson – 1903
15. Léon XIII – Ave Maria (Traditionnel)
Enregistrement cylindre par Gianni Bettina – 05/05/1903
16. Alessandro Moreschi – Les Lamentations de Jérémie (Traditionnel - Semaine Sainte)
Enregistrement disque Gramophone – 1904
17. Maréchal – Les deux Beublets (Anonyme)
Enregistrement disque Pathé – 1904
18. Mercadier – Magdeleine t’en souviens tu ? (Edouard Doyen/ Marc Chautagne)
Enregistrement disque Pathé – 1904
19. Gabin – En revenant de la revue (Léon Garnier/ Lucien Delormel)
Enregistrement Disque Columbia – 26936 – 1905
20. 1905 : Aristide Bruant – Au bois de Boulogne (Aristide Bruant)
Enregistrement Disque Orphée 5 – 1906 [collection personnelle de Monsieur Célian Guillemard, documentaliste à la Discothèque de Radio France]
21. 1906 : Montéhus – Voilà les Prussiens (Montéhus)
Enregistrement Disque Semeur 158 – 1910
22. Guillaume Apollinaire – Le Pont Mirabeau (Guillaume Apollinaire)
Enregistrement disque sans référence – 1913
BONUS :
Premiers pas de la stéréo : Blumlein – Extraits Session EMI Studio 12 janvier 1934
23. La chevauchée des Walkyries (Richard Wagner)
24. Danse Hongroise n° 5 (Johannes Brahms )
25. New Mayfair Orchestra – Séquence Jazz
26. Expérimentations stéréo Laboratoires Bell 1er juin 1934.