Louis de Funès - Anthologie 1949-1962

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Louis de Funès - Anthologie 1949-1962 Par Jean-Baptiste Mersiol

 

Jamais un acteur français n’aura autant traversé les générations, suscité autant d’admiration. Depuis les années soixante, Louis de Funès captive l’attention des petits et grands aussi bien en France qu’à l’étranger. Pourtant, il est passé presque inaperçu durant plus d’une vingtaine d’années, essayant de s’imposer tant bien que mal tout en conciliant les petits travaux. Il joua les rôles les plus ingrats et insignifiants dans des films à la chaîne, des pièces de théâtre, mais aussi dans des émissions de radio ou encore des disques. Avant de devenir l’immense acteur que nous connaissons tous, c’est cette période de vaches maigres que l’acteur a connu sur laquelle nous allons nous pencher.

 

Louis de Funès de Galarza est né le 14 juillet 1914 à Courbevoie. Il est issu d’une famille castillane par son père Carlos Luis de Funès de Galarza et d’une famille bourgeoise par sa mère Leonor Soto Reguera. Louis de Funès est le cadet d’une famille de trois enfants, sa sœur Marie étant née le 20 juillet 1907 et son frère Charles, le 12 septembre 1908. Carlos étant avocat et Leonor étant issue d’une famille bourgeoise, il ne peut l’épouser puisque les parents de celle-ci s’y opposent ; ainsi ils quittent Madrid en 1904 pour s’installer en France. Carlos ne réussissant pas à exercer sa profession d’avocat dans l’hexagone s’improvise alors diamantaire. Voulant faire prospérer ses affaires il décide de partir au Venezuela en simulant son suicide, mais son épouse n’est pas dupe et décide de le chercher jusque là-bas. Il en revient rongé par la tuberculose et meurt sans un sou en Espagne en 1934. Leonor assure donc seule l’éducation de ses enfants et enseigne le piano au jeune Louis qui n’a alors que cinq ans. Il passe son enfance à Villiers-sur-Marne où il fréquente l’école du Centre, puis à l’âge de dix ans, intègre le collège Jules Ferry de Coulommiers. Ce lieu qui ressemble plus à une prison qu’à une école et qui ne lui permet de n’en sortir que quatre fois par an le rend plutôt indiscipliné et rêveur. Durant trois années d’internat il devient non seulement le souffre-douleur de ses camarades mais subit également les humiliations de ses professeurs. En 1926, pourtant, Louis de Funès connaît sa première expérience théâtrale lors du spectacle donné à l’occasion du cinquantenaire de son collège au théâtre municipal de Coulommiers. En compagnie de ses camarades il chante dans le Royal-Dindon, opéra comique de Luigi Bordèse. Il est remarqué par le journal local dans le rôle d’un enfant de troupe. Il entre ensuite au lycée Condorcet puis à l’école professionnelle de la fourrure, place de la Bastille : nous sommes en 1930. Il est si indiscipliné qu’il se fait renvoyer, ainsi il enchaîne une multitude de petits métiers comme étalagiste, décorateur et comptable mais aucun de ces emplois ne semble lui convenir. Il s’ennuie profondément et se fait systématiquement renvoyer. Il intègre l’école technique de photographie et de cinéma où il choisit la section cinéma sous la direction d’Henri Decaë mais il est à nouveau renvoyé pour « incendie volontaire ». S’ouvre à lui alors, une période chaotique, ponctuée de chômage, d’emplois précaires et de renvois.

 

En septembre 1939, la seconde guerre mondiale éclate et Louis de Funès est mobilisé. Pourtant déclaré inapte auparavant pour sa constitution malingre (1 mètre 65 et 54 kilos) il est pourtant affecté provisoirement à des travaux de manutention et de terrassement et atterrit près de la Marne. Durant la drôle de guerre il monte ses premiers spectacles et excelle dans l’imitation de Maurice Chevalier. Il tombe malade en avril 1940 et passe devant une commission médicale où il est réformé pour « tuberculose » qu’il n’a pourtant pas contractée. Son frère Charles meurt au combat au sein du 152e régiment d’infanterie dans les Ardennes lors de l’offensive surprise des Allemands. Il est fauché par une mitrailleuse le 20 mai 1940. Louis de Funès devient le tuteur de son neveu orphelin Édouard, mais en raison de son manque d’argent, ce dernier est confié à sa tante Mine. En 1942, il décide fermement de devenir comédien et s’inscrit au cours Simon. Il auditionne dans Les Fourberies de Scapin de Molière et réussit son concours d’entrée grâce à son interprétation. Lors de ses cours il croise notamment Daniel Gélin qui lui propose son premier rôle entre deux portes de métro. C’est aussi grâce à ce dernier qu’il obtient son premier rôle en 1945 dans le film La Tentation de Barbizon de Jean Stelli. Simultanément il tente de gagner sa vie en tant que pianiste de jazz dans les cabarets et bars nocturnes. Il enchaîne alors les silhouettes dans différents films mais seul Le paradis lui permet de prononcer une réplique pour le moment. En 1948, il connaît un rôle plus important dans Du Guesclin de Bernard de Latour où il joue plusieurs personnages à la fois : celui d’un mendiant, d’un chef de bande, d’un astrologue et d’un seigneur. L’année 1949 va cependant marquer un premier tournant dans la carrière de Louis de Funès. À la suite du succès de Du Guesclin et ses multiples rôles, il peut désormais apparaître à l’écran avec des répliques dignes de ce nom. Il tourne donc en compagnie de Luis Mariano dans Pas de week-end pour notre amour. Il y tient le rôle secondaire de domestique–pianiste du baron où il accompagne des airs d’opérette, de jazz et de classique.

 

C’est précisément à partir de cette époque que Louis de Funès va enregistrer diverses interventions audio, que ce soit pour le compte de la radiodiffusion ou des maisons de disques. Nous avons ici choisi de présenter les documents par registres. Le premier CD se consacre au Parti d’en rire, au théâtre et à la chanson. Le second rassemble deux pièces spécifiquement enregistrées pour le disque : Un client sérieux et L’âne et le bœuf de la crèche. Puis le dernier disque présente des extraits de différentes pièces de théâtre destinées à la radiodiffusion. Ainsi nous balayons treize années (1949-1962) qui constituent les enregistrements de Louis de Funès durant lesquelles il vivra son ascension avant de devenir une star fulgurante. Nous ne proposons pas ici deux enregistrements de la même période : Le bourgeois Gentilhomme de 1955 et Les Fourberies de Scapin de 1956 car elles ont déjà été rééditées. Pour cela nous vous recommandons de vous procurer les références Frémeaux et Associés FA5435 et FA5478. En faisant cela, vous posséderez l’intégralité des enregistrements de Louis de Funès datant de 1949 à 1962. C’est donc en 1949 que l’acteur fréquente les couloirs de la maison de la radio et se lie d’amitié avec Pierre Dac et Francis Blanche. À diverses occasions, les deux comparses de l’absurde feront appel à Louis de Funès pour des récits radiophoniques dans Le parti d’en rire, émission diffusée chaque dimanche. En réalité Le parti d’en rire est aussi un parti politique humoristique qui sera vite créé dans les années cinquante par Pierre Dac et Francis Blanche et ayant pour hymne le Brasero de Ravel, parodie du célèbre Boléro du même auteur. L’une des émissions de radio qui a été conservée est celle du 19 juin 1949 consacrée à la médecine. Louis de Funès entouré de Roger Lanzac – Lawrence Riesner – Édith Fontaine – Jean Fontaine – Denise Alberty – François Chevet – Pierre Arnaud de Chassy-Poulay et Jean Carmet y tient plusieurs rôles conséquents. La nuit de la pluie révèle un rire qui sera bientôt familier dans le paysage cinématographique français mais le plus grand chef d’œuvre de cette émission devenue culte reste La glande illusion en référence au film de Jean Renoir paru en 1937 avec Jean Gabin et Erich von Stroheim : La grande illusion. Cette émission révèle déjà une aisance particulière chez Louis de Funès à donner la réplique. C’est à ce jour le document audio le plus ancien que nous avons retrouvé. Nous proposons aussi ici trois courts extraits de la dernière émission de la première saison du Parti d’en rire diffusé le dimanche 3 juillet 1949. Il s’agit de l’histoire de Marius et Olive qui ne débouchera sur… rien. Ici, Louis de Funès, démontre qu’avec absolument aucun argument, on peut tenir plus d’une minute trente grâce à son rire. Nous avons choisi de compiler ces trois sections puisqu’elles étaient très courtes, ainsi nous pourrons constater que la dynamique burlesque reste la même à chaque instant de l’émission. En cette année 1949, il s’est installé dans pas moins de neuf petits rôles au cinéma. Il débute également au Café-théâtre de la Tomate. Dès 1951, il est au programme du Journal de Jules Renard en compagnie de Jean Carmet, René Berthier, Jacques Cathy, Francine Dartois, Henri Debain, Michel Mery, Danielle Rocca et Pierre Still. Le théâtre de la Tomate a ouvert ses portes le 21 décembre 1949. Le premier spectacle de cette troupe a eu un succès si retentissant que le théâtre est immédiatement devenu un lieu incontournable dans le circuit traditionnel des spectacles parisiens. Le journal de Jules Renard a été proposé en 1951 lors de la troisième revue et constitue une adaptation des textes par Robert Rocca et Simon Rouzie. Jules Renard est né à Châlon en 1864. Membre de l’Académie Goncourt en 1907, il est reconnu essentiellement pour ses classiques tels que le l’Écornifleur, Les Bucoliques, Poil de carottes, Monsieur Vernet, Plaisir de rompre et Le pain de ménage. Il décède en 1907. Ce n’est que vingt ans plus tard que son Journal est publié, carnet qu’il rédigea sans interruption depuis 1897 jusqu’à la veille de sa mort. Si Jules Renard avait pensé à mettre ses notes en dialogue, l’ensemble de ce recueil est adapté à une vingtaine de répliques près. Le théâtre de la Tomate s’est basé sur cette œuvre également pour les chansons. Il s’agit de mises en musique pures et simples. L’édition d’un 33 tours 25 centimètres chez Philips en 1952 est une idée de Jacques Canetti, alors directeur artistique de la maison de disque. Il s’investit même en étant producteur de cet extrait de spectacle enregistré. Ce disque permet donc d’entendre Louis de Funès, acteur de théâtre. Venu assister au spectacle, Robert Dhéry reconnaît Louis de Funès, qu’il a déjà vu dans les cabarets assis derrière son piano. Lors d’une discussion, Louis lui dit « Je voudrais être des vôtres » au sujet de la troupe des Branquignols. Robert Dhéry lui propose alors d’intégrer l’équipe et lui offre son premier rôle conséquent, un agent de police étrange du nom de Leboeuf ! Ah ! Les belles bacchantes connaît un succès considérable durant trois mois où la troupe des Branquignols tient pas moins de 883 représentations à guichet fermé. La sortie du film en couleur en 1954 révèle alors Louis de Funès à l’écran. On l’entend accompagner Francis Blanche au piano et chanter. Il y a sans doute un malentendu dans la carrière de Louis de Funès au sujet de son activité de chanteur manqué. Contrairement à Jean Gabin, Fernandel et Bourvil, lui, n’aura pas eu une véritable carrière de chanteur. Pourtant Robert Dhéry pense encore à lui en 1962 lorsqu’il monte La grosse valse. André Badin, alors acteur dans cette pièce se souvient du travail acharné de Louis de Funès pour sa danse aragonaise, La jota. Selon lui, il répéta cette danse durant des semaines même dans les coulisses mais aussi son chant pour qu’il « sonne juste ». Il se souvient aussi qu’un soir, alors qu’il avait discrètement bu un verre de vin rouge et mangé un bout de saucisson dans les loges avec Colette Brosset et Robert Dhéry il fut pris d’un fou rire mémorable sur scène le même soir ce qui lui valut les compliments de Marlene Dietrich, venue le saluer dans les loges après le spectacle. Louis de Funès qui a déjà enregistré deux pièces de Molière pour le compte de la maison de disque Vogue, entre en studio avec la troupe des Branquignols pour enregistrer La grosse valse en compagnie des autres acteurs et sous la direction de Gérard Calvi et ceci pour le même label. À noter que Gérard Calvi, déjà présent dans les émissions Le parti d’en rire en 1949 sera l’arrangeur attitré de Louis de Funès tout au long de sa vie, en tous cas pour les disques Vogue. Né en 1922 et auteur de plus de 300 chansons, Gérard Calvi excelle dans les comédies musicales et les opéras bouffe, et est connu pour la musique du film Le petit baigneur, également de Robert Dhéry avec Louis de Funès. L’enregistrement de La grosse valse, révèle alors un Louis de Funès chanteur. C’est défendu, Dans mes godasses en duo avec Robert Dhéry ou Comme la douane, dévoilent un artiste avec un sens du rythme exceptionnel. Mais l’acteur n’est pas loin non plus, ses répliques sont impayables et ses contre interventions face à Janine de Waleyne en cantatrice sont merveilleuses. Il est très intéressant de retrouver Louis de Funès en duo avec cette chanteuse lyrique de studio qui a aussi officié pour Léo Ferré, Jacques Brel, Henri Salvador et tant d’autres. Le malentendu de sa très brève carrière de chanteur qui se limite sans doute à ce disque réside aussi dans ce que Louis de Funès affirmera lui-même plus tard : « Bourvil et moi sommes différents. Lui a l’émotion en plus !... » Si Louis de Funès s’est longtemps considéré comme incapable d’émouvoir et de faire autre chose que de faire rire, certaines scènes comme la lettre adressée à Francine dans La soupe aux choux ont bien prouvé le contraire. Il suffit ici d’écouter la chanson Pour toi pour se rendre compte de l’émotion que véhicule sa voix. Cette chanson est sans doute la plus belle réussite de sa carrière discographique et il est dommage que Louis de Funès n’ait pas récidivé dans cet exercice. Comme pour le Journal de Jules Renard, nous avons uniquement réédité les interventions de Louis de Funès dans La grosse valse (nombreuses) puisqu’il s’agit de lui dans cette anthologie. Pour respecter l’ordre chronologique nous avons publié entre ces deux pièces, un extrait du magazine Sonorama de novembre 1961 dans lequel on entend l’acteur dans la pièce de théâtre Oscar. En 1960, les galas Karsenty avaient proposé à Louis de Funès de jouer au théâtre L’Avare. Trop angoissé, l’acteur se désistera en dernière minute. Si le producteur accepte ce désistement, il demande à Louis de Funès d’honorer son contrat en acceptant de jouer une autre pièce. On lui propose Oscar. Sceptique dans un premier temps, il se prête rapidement au jeu. Nous avions pensé au départ, mettre cet extrait en bonus à la fin de ce premier disque mais nous avons préféré respecter l’ordre chronologique.

 

 

Le deuxième disque de cette anthologie est consacré à deux œuvres destinées à l’art discographique. Le premier enregistrement est une comédie en un seul acte de Georges Courteline : Un client sérieux. Georges Courteline, de son vrai nom Georges Moinaux est né le 25 juin 1858 à Tours et est le fils de l’auteur de théâtre Jules Moinaux. La légende raconte qu’il s’était attribué son pseudonyme car cela sonnait bien. De 1888 à 1893 Georges Courteline fréquente très régulièrement L’Auberge du Clou dans le 9e arrondissement de Paris. Il y crée le conomètre ou idiomètre, un tube de verre gradué de 10 à 50 rempli d’alcool coloré en rouge et communiquant par un long tuyau en caoutchouc avec le sous-sol. Selon un langage convenu avec Courteline, un compère soufflait plus ou moins fort pour faire monter l’alcool dans le tube. De la sorte chacun, en prenant en main le tube, pouvait connaître son degré de stupidité. Le patron, qui n’était pas au courant de cette supercherie, dut lui aussi passer l’épreuve et fit monter l’alcool au maximum. Une réplique de cette invention trône d’ailleurs encore aujourd’hui dans le restaurant. Auteur prolifique, il publie Un client sérieux en 1896 et ne cessera d’écrire jusqu’en 1912. L’enregistrement d’Un client sérieux, paraît pour la maison de disque Decca en 1954. Il ne s’agit pas d’un disque de Louis de Funès, bien qu’il y tienne le rôle important du substitut. Le disque paraît sous le nom principal de Fernandel qui depuis des années enregistre pour le compte de cette maison de disque, non seulement des chansons mais de nombreux disques de sketchs et pièces. Louis de Funès et Fernandel ont eu l’occasion de travailler ensemble la même année dans le film Le Mouton à cinq pattes, ils s’étaient déjà retrouvés en 1951 dans Boniface Somnambule. Fernandel, appréciant particulièrement Louis de Funès qui peine encore à manger à sa faim à cette époque, pense immédiatement à lui. Il suffit d’écouter attentivement ce disque pour se régaler des talents de ces deux comédiens exceptionnels. L’autre œuvre présentée sur ce deuxième disque est une œuvre de Jules Supervielle : Le bœuf et l’âne de la crèche. Œuvre beaucoup moins réussie, il faut le dire, elle a cependant le mérite d’exister. Louis de Funès tient l’un des deux rôle principaux, à savoir l’âne, au côté de Jacques Fabri qui joue le rôle du bœuf. Œuvre religieuse qui n’a pas vraiment vocation à faire rire, elle sort sous le label Erato en 1956 dans un pressage d’une qualité relativement épouvantable. Les bandes d’origine ayant été perdues, nous avons dû rééditer cet enregistrement à partir d’un disque original. Sa gravure médiocre laisse entendre de nombreuses imperfections qui, nous l’espérons, n’enlèveront rien au charme de cette œuvre. Le dos de la pochette nous livre des informations précises sur ce conte atypique et sa volonté religieuse :

« Noël est un thème riche en inspiration. On pourrait faire une merveilleuse anthologie avec les textes, contes, chansons, jeux scéniques ayant pour objet la nativité.

Mais le XXe siècle semble peu attiré par cet admirable sujet d’enluminures. Heureusement il y a le BŒUF ET L’ÂNE DE LA CRÈCHE qui fait l’objet du présent disque.

Jules Supervielle, son auteur, occupe dans les lettres françaises contemporaines une place de tout premier plan : à la fois poète – un poète en dehors des écoles agressives et dont le charme des vers lui est propre, à la fois poète, romancier, conteur, il est aussi un admirable dramaturge – son ROBINSON est dans toute les mémoires.

Aussi bien y a-t-il de la poésie et du sens du théâtre dans le BŒUF ET L’ÂNE DE LA CRÈCHE, publié par Gallimard, avec d’autres nouvelles, sous le titre l’enfant de la haute mer. Et sa mise en disque n’a donc requis qu’une adaptation limitée à quelques détails.

La « personnalité » de Bœuf et l’Ane, éternels compagnons de la Sainte Famille dans l’imagerie populaire, éclate dans la bonhomie, la tendresse, le rêve et aussi l’humour. Et c’est à deux grands comédiens que nous avons confié leur rôle. Vous imaginerez en les écoutant l’opulent Jacques Fabri et le persifleur Louis de Funès transformés en Bœuf et en Ane de légende par le bon vouloir et le style d’un magicien ayant nom Jules Supervielle.

Raphaël Passaquet a composé avec amour une musique d’accompagnement qui veut ne jamais être envahissante mais dont la mélodie est désormais inséparable de l’histoire imaginée par le poète. En particulier le défilé des animaux, renouvelé de celui qui emprunta deux fois la passerelle de l’Arche de Noë, est un fort beau morceau de bravoure.

LE BŒUF ET L’ÂNE DE LA CRÈCHE est un disque de Noël sans doute mais comme il ne s’agit pas d’une œuvre de circonstance, comme il renouvelle et élargit le thème, il sera écouté et réécouté toute l’année. »

Ce texte signé des initiales L.F peut sembler très austère et désuet mais n’oublions pas que la religion catholique dans les années cinquante était très présente et que Louis de Funès, lui-même était très croyant. C’est sans doute l’un des aspects qui a poussé l’acteur à se plier à cet exercice peu réussi, certes, mais que nous aurons plaisir à redécouvrir aujourd’hui.

 

Le troisième et dernier CD de ce coffret est consacré aux œuvres radiophoniques. Il était en effet courant dans les années cinquante et soixante, que la radiodiffusion française fît appel au comédien pour enregistrer des contes, nouvelles et pièces de théâtre. Elles permettaient ainsi parfois de divertir le public durant une matinée ou une soirée tout entière. Étant donné que les œuvres qui suivent sont longues, nous avons choisi d’extraire uniquement les passages où Louis de Funès apparaît. Le 1er juin 1955, la radiodiffusion émet une joyeuse farce signée Shakespeare : Les joyeuses commères de Windsor. L’émission d’une heure et quarante-quatre minutes est réalisée par Philippe Soupault et Jean Chouquet et présente Louis de Funès dans le rôle de Monsieur Ford aux côtés de Marthe Mercadier, Hubert Deschamps, Raymond Devos et Jacques Fabri qu’il retrouvera l’année suivante dans L’âne et le bœuf de la crèche. L’intrigue est simple : Sir John Falstaff, attiré par la fortune de deux joyeuses bourgeoises de Windsor, cherche à les séduire mais celles-ci ne sont pas dupes et décident de s’amuser à ses dépens. Louis de Funès, n’apparaît qu’au deuxième acte mais ne quitte plus les planches jusqu’à la fin de l’intrigue. Nous avons ici sélectionné les extraits où il apparaît : Acte II, scènes 2 et 3. Acte III, scènes 1,2 et 4. Acte IV, scène 1. Acte V, scène 1 et la seconde partie de la scène 2. Cette pièce met en scène Louis de Funès dans un genre anglais assez inhabituel en comparaison avec le cinéma français mais quoi de plus normal pour un acteur qui en connaît les codes puisqu’il double des films anglais et américains depuis plusieurs années. Revenons en arrière, précisément au 1er décembre 1953, lorsque Louis de Funès prête sa voix pour le « Fait divers » - Vive la mariée de Nino Frank. Sous la réalisation de Pierre Billard, il introduit les trois différentes parties du récit dans le rôle du diable. Un grand nombre d’autres acteurs participe à ce casting exceptionnel : Louis Arbessier (le marquis de Saint Guy), Odette Barrois (la Princesse), Nelly Benedetti (la Comtesse Nikia), Maurice Biraud (le chef de gare), Florence Brière (le duchesse d’Ombre), Pierre Dac (le Roi Victor), Pierre Delbon (le Prince Amédée), Gabrielle Fontan (Mama, la vieille nounou), Albert Gercourt (Quenelle, garde du palais), Jean-Pierre Lituac (le Chevalier Bombard) et Pierre Olivier (le Comte de Castillon). Nous avons ici uniquement conservé les trois monologues de Louis de Funès qui le font entendre dans une diction et un rythme absolument grandioses. Enfin pour clôturer ce florilège, nous avons pu retrouver deux extraits d’une émission de radio du 14 mars 1956 : Les hommes et les autres de Elio Vittorini. Ce récit de résistance pose la question de l’horreur nazie, où les communistes s’opposent à eux. Louis de Funès côtoie dans cette diffusion réalisée et adaptée par Alain Trutat : Maria Casarès, Serge Reggiani, Bernard Bimont, Roger Blin, Blanchette Brunoy, Régine Chantal, François Chaumette, Bernard Cotteret, Henri Crémieux, Gérard Darrieu, Charles Deschamps, Jérôme Juliette, Pierre Leproux, Yves Marie Maurin, Jean Claude Michel, Lucien Nat, Pierre Olivier, Yves Peneau, Monique Rollin, Françoise Rosay, Jean Marie Serreau, Pierre Vaneck, Claude Vernier, François Vibert et Yvonne Villeroy.

 

La discographie de Louis de Funès ne s’est pas arrêtée là, elle a continué à quelques rares occasions. Pour l’instant nous nous arrêterons à l’année 1962 car elle met en lumière un acteur en pleine ascension qui, pour manger à sa faim, a sans doute dû accepter de faire de nombreuses concessions : tant mieux, cela nous permettra une fois de plus de constater que c’est un comédien aux multiples facettes et au talent inégalé. L’énorme succès du film Le gendarme de Saint Tropez, le conduira vers une renommée internationale dès 1963 et en direction d’une période de succès ininterrompus. Les années de vaches maigres sont désormais derrière lui, à presque cinquante ans, il n’a plus rien à prouver, et ce coffret anthologique en est la preuve. La suite appartient à la légende.

 

Jean-Baptiste Mersiol

© 2024 Frémeaux & Associés

Louis de Funès - Discographie originale complète (interprète) :

1952 – Le journal de Jules Renard – La tomate – 25 cm Philips N 76.007 R.

1954 – Fernandel - Un client sérieux – LP Decca FMT 1335522.

1956 – Molière – Le bourgeois gentilhomme – Coffret 3 LP Contrepoint MC 121/122.

1957 – Molière – Les Fourberies de Scapin – Coffret 2 LP Contrepoint MC 20.132/133.

1957 – Jules Supervielle - Le bœuf et l’âne de la crèche – LP Erato LDEV 309.

1962 – Robert Dhéry - La grosse valse – LP Vogue LD. 5934-30.

1963 – Le Capitaine Fracasse – LP Philips P 77.503 L.

1964 – Louis de Funès joue avec les classiques – LP Vogue 654 30. *

1970 – Les Poupons - 45 tours Philips 6009.088.

1971 – Louis de Funès raconte Les Aristochats – LP Disneyland ST-3890.

1980 – Molière – L’avare – Coffret WEA 3 LP 68028.

* les poèmes de ce 33 tours ont été compilés sur différents 45 tours.

 

 

Discographie LOUIS DE FUNÈS
ANTHOLOGIE 1949-1962

 

 

CD 1 : LE PARTI D’EN RIRE, THÉATRE, CHANSONS

LE PARTI D’EN RIRE

1. Introduction (Pierre Dac / Francis Blanche) 0’46

2. Émission médicale (Pierre Dac / Francis Blanche) 3’23

3. La nuit de la pluie (Pierre Dac / Francis Blanche) 8’28

4. L’hospice Manneken (Pierre Dac / Francis Blanche) 5’02

5. La glande illusion (Pierre Dac / Francis Blanche) 7’46

6. Histoire de Marius et Olive (Parties 1,2 et 3)
(Pierre Dac / Francis Blanche) 1’34

LE JOURNAL DE JULES RENARD – LA TOMATE

7. Le coucou (Jules Renard/ Michel Mery) 0’46

8. Le journal de Jules Renard : Mari et femme (Jules Renard) 0’56

9. Le journal de Jules Renard : L’histoire du banquier (Jules Renard) 1’46

10. Le journal de Jules Renard : Le jardin (Jules Renard) 4’41

11. Le journal de Jules Renard : Le chagrin (Jules Renard) 5’18

12. Petit cochon, tu ne travailles pas ! (Jules Renard/ Michel Mery) 4’17

Oscar

13. Extrait documentaire Sonorama 1’45

LA GROSSE VALSE - ROBERT DHÉRY

14. Monsieur Darling et le douanier Roussel
(André Maheux – Robert Dhéry / Gérard Calvi) 1’15

15. C’est défendu (André Maheux – Robert Dhéry / Gérard Calvi) 4’18

16.. La grosse valse (André Maheux – Robert Dhéry / Gérard Calvi) 2’09

17. C’est bon la bière (André Maheux – Robert Dhéry / Gérard Calvi) 4’13

18. Comme la douane (André Maheux – Robert Dhéry / Gérard Calvi) 4’11

19. Dans mes godasses (André Maheux – Robert Dhéry / Gérard Calvi) 5’02

20. Pour toi (André Maheux – Robert Dhéry / Gérard Calvi) 3’11

21. Piano bar (André Maheux – Robert Dhéry / Gérard Calvi) 4’08

22. Finale (André Maheux – Robert Dhéry / Gérard Calvi) 2’00

 

1 à 6 : 19 juin 1949 - DOMAINE PUBLIC. LE PARTI D’EN RIRE - Production Radiodiffusion française. Pierre Dac – Francis Blanche – Louis de Funès – Roger Lanzac – Lawrence Riesner – Édith Fontaine – Jean Fontaine – Denise Alberty – François Chevet – Pierre Arnaud de Chassy-Poulay – Jean Carmet. Gérard Calvi (Piano et direction du quatuor) - Etienne Lorin (Clarinette) – Johnny Sabrou (Guitare) – Georges Paquet (Batterie).

7 à 12: 1952 – DOMAINE PUBLIC Disque Philips 33 tours – 25 centimètres N 76 007R. Théâtre de la Tomate : Louis de Funès – Jean Carmet – René Berthier – Jacques Cathy – Francine Dartois – Henri Debain – Michel Mery – Danielle Rocca – Pierre Still, André Camonin (Piano). Adaptation de Robert Rocca et Simon Rouzie.

13 : Novembre 1961 – DOMAINE PUBLIC. Disque Magazine SONORAMA numéro 34.

14 à 22 : 1962 – DOMAINE PUBLIC. Disque original VOGUE LD. 33 tours – 30 centimètres 593 -30. Louis de Funès (le douanier Roussel) – Robert Dhéry (Monsieur Darlind) – Colette Brosset (Le porteur) – Liliane Montevecchi (La Fouillança) – Grosso (Le douanier Pepito) – Modo (Le douanier Antoine) – Pierre Tornade (Le chef douanier) – Janine de Waleyne (La grosse dame) – Françoise Moncey (Baby) – André Badin – Anick Tanguy – Marthes Serres – Robert Burnier – Bernard Cara – Robert Destain – Jacques Marchand – Jean Roucher – Romuald Figuier. Gérard Calvi et son orchestre.

 

 

CD 2 : UN CLIENT SÉRIEUX
& L’ÂNE ET LE BŒUF DE LA CRÈCHE

 

UN CLIENT SÉRIEUX - GEORGES COURTELINE

 1. La salle du tribunal d’un peu partout 4’36

 2. Le tribunal… l’audience est ouverte 2’54

 3. Examen de la seconde affaire 3’32

 4. Un café, les journaux, les cartes 5’51

 5. Maître Barbemolle, vous avez la parole 5’13

 6. Verdict 9’37

 

L’ÂNE ET LE BŒUF DE LA CRÈCHE – JULES SUPERVIELLE

 7. Scène 1 - 6’09

 8. Scène 2 - 5’30

 9. Scène 3 - 7’38

10. Scène 4 - 5’31

11. Scène 5 - 7’29

12. Scène 6 - 7’52

 

1 à 6 : 1954 - Fernandel – Un client sérieux. Disque DECCA 33 tours – 30 centimètres FM 133522. 1954. Louis de Funès (Le Substitut) – Fernandel (L’accusé) – André Brunot (Ma Pipe) – Bernard Lajarrige (Alfred) – Max de Rieux (Le Président) – Georges Chamarat (Maître Barbemollme / Un employé) – Orbal (L’Huissier).

7 à 12: 1956 - DOMAINE PUBLIC. Disque original ERATO 33 tours – 30 centimètres LDEV 3097. Louis de Funès (L’âne) – Jacques Fabri (Le bœuf) – Muriel Alvers (La Sainte-Vierge) – Michel Sorba (Saint-Joseph) – René Bergil (Le lion) - Marie-Rose Carlié (conteuse) – Musique de Raphaël Passaquet – Ensemble vocal Stéphane Caillat.

CD 3 : LES JOYEUSES COMMÈRES DE WINDSOR
& EXTRAITS

 

LES JOYEUSES COMMERES DE WINDSOR – SHAKESPEARE

1. Acte II Scène 2 - 6’19

2. Acte II Scène 3 - 10’25

3. Acte III Scène 1 - 7’43

4. Acte III Scène 2 - 10’47

5. Acte III Scène 4 - 7’24

6. Acte IV Scène 1 - 10’33

7. Acte IV Scène 3 - 3’14

8. Acte V Scène 1 - 1’46

9. Acte V Scène 2 (Partie 2) 6’29

 

VIVE LA MARIÉE

10. Générique et Le diable (Extrait 1) 2’07

11. Le diable (Extrait 2) 1’07

12. Le diable (Extrait 3) 0’45

 

LES HOMMES ET LES AUTRES – ELIO VITTORINI

13. Senor capitan…1’33

14. Et alors ? … 2’17

 

 

1 à 9 : 1er juin 1955 : DOMAINE PUBLIC. Production Radiodiffusion française. Louis de Funès – Jacques Fabri – Hubert Deschamps – Raymond Devos – Marthe Mercadier.

10 à 12 : 01 décembre 1953 - DOMAINE PUBLIC. VIVE LA MARIÉE. Réalisation : Pierre Billard. Production Radiodiffusion française

13 et 14 : 14 mars /1956 - DOMAINE PUBLIC. LES HOMMES ET LES AUTRES. Traduction Michel Arnaud. Réalisation et adaptation : Alain Trutat. Production Radiodiffusion française

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