Maîtriser les conflits par les communs - Edouard Jourdain

Contribution à une théorie politique de l’anticipation et de la conjuration des guerres

Réf. : FAL3200

Livre 200 pages

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Présentation

« Les communs sont des collectifs dont les parties ont la capacité de produire les règles qui les affectent, les préservant des privatisations ou prédations au profit de la coopération. En relations internationales, les sujets principaux des communs sont les peuples (nationaux, régionaux, autochtones) qui construisent eux-mêmes la paix, souvent sans l’État ou malgré lui. En ce sens la diplomatie des communs est à l’opposé de la diplomatie de Yalta.»
Édouard JOURDAIN

Par son analyse approfondie des méthodes de prospective appliquées à la prévention des conflits, Édouard Jourdain pointe les faiblesses de la discipline académique et pratique depuis ses origines avec Gaston Berger, après la Seconde Guerre mondiale, jusqu’aux approches modernes. Illustrant les échecs fréquents des prédictions dans ce domaine, notamment avec Lawrence Freedman, Édouard Jourdain met en lumière leurs insuffisances et développe une nouvelle approche par les communs, fondée sur l’intelligence collective et un renouvellement de la notion de démocratie. Offrant une perspective critique les capacités d’anticipation et de sortie de guerre, cet ouvrage constitue une réflexion cruciale pour tous les esprits concernés par les enjeux politiques de demain.
Patrick FRÉMEAUX

Diplômé de l’EHESS, docteur en science politique et philosophie, Édouard Jourdain se distingue par ses recherches en sciences politiques. Celle qu’il nous livre ici est le fruit d’un travail post-doctorat de trois années à Polytechnique sur l’anticipation des conflits armés. Il intègre notamment une approche par les communs de la guerre en ce qui concerne à la fois leur capacité à renseigner sur sa possibilité dans un contexte d’incertitude et leur capacité à la prévenir grâce à des institutions renouvelant la notion de démocratie.

Presse
« Nombreux sont ceux qui pensent que l'apaisement des conflits passe par une recherche sincère du bien commun. Celle-ci peut paraître illusoire, tant il est difficile d'imaginer une entente véritable des acteurs politiques sur ce que pourrait être le bien commun à l'échelle internationale. Mais si la poursuite du bien commun est ardue dans le domaine de la diplomatie préventive, une approche par les communs demeure assurément prometteuse. C'est la thèse développée par Edouard Jourdain dans son dernier livre intitulé Maîtriser les conflits par les communs. Contribution à une théorie politique de l’anticipation et de la conjuration des guerres (Frémeaux & Associés Éditions, 2024). La théorie ostromienne des communs est remarquablement réaliste, reposant sur un ensemble de structures, normes et règles qui amènent les acteurs économiques et politiques à agir d'une manière à conjurer la violence. »Sandrine FrémeauxProfesseure à Audencia Business SchoolChercheure associée au GRACEAuteure de "Le bien commun et l'entreprise" (Nouvelle Cité, 2022).
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« Les guerres font depuis longtemps l’objet d’études considérables en sciences humaines et sociales (« war studies »), notamment celles de « prospective » et d’anticipation. Édouard Jourdain, dans Maîtriser les conflits par les communs. Contribution à une théorie politique de l’anticipation et de la conjuration des guerres (Frémeaux & Associés Éditions, 2024) revient sur la complexité de l’anticipation des conflits armés, et des modélisations.Le Joint Research Centre de la Commission européenne, le Global Conflict Risk Scan, le modèle théorisé par Barbara Harff et Ted Robert Gurr, le modèle de l’université du Queensland, ou encore celui du Heidelberg Institute for International Conflict Research, pour ne citer que les principaux, tous élaborent une liste de critères/indicateurs pour définir une science prédictive des conflits : historique des génocides, domination du pays par une minorité ethnique, existence d’une idéologie d’exclusion, nature du régime/instabilité politique, ouverture commerciale du pays, minorités discriminées, historique des mouvements de rébellion, taux de mortalité infantile, États voisins en conflit…L’hypothèse proposée par l’auteur est d’intégrer à ces modèles la question des communs : « Les communs permettent une meilleure anticipation des risques de guerre et facilitent les sorties de conflit pour aller vers une paix positive qui permet de conjurer au mieux les guerres. »Les communs, selon Elinor Ostrom, reposent sur une polycentricité (plusieurs centres de décision), avec des individus qui s’auto-organisent, s’appuyant sur la confiance, la réputation, la réciprocité, pour mieux répondre à des enjeux de soutenabilité desdites ressources à préserver, et des conflits à éviter.En s’inspirant des communs, on s’éloigne à juste titre des modèles paternalistes de justice ou de peacebuilding (consolidation de la paix – NDLR) excluants parce que trop top-down (du haut vers le bas – NDLR), on cherche à privilégier une justice transitionnelle inclusive, plus bottom-up (de bas en haut – NDLR), plus à même de cerner les tensions locales, donc plus alerte sur les problématiques de corruption, de rétention d’information et autres formes de déstabilisation.Les communs sont un modèle de gestion des ressources tout autant qu’un modèle de gestion des conflits. À l’opposé de la diplomatie étatique, on trouve l’institution de communs diplomatiques qui cherchent à mettre en place des dispositifs endogènes plus équitables pour les populations plus vulnérables. Independent Diplomat est une ONG, créée en 2004 par Carne Ross, qui tente de corriger les failles de la diplomatie traditionnelle.Les communs n’existent pas seulement dans les sociétés communautaires, ils sont de « fait » dans quantité d’endroits, prenons la Station spatiale internationale qui fonctionne ainsi. La géopolitique de la paix – « positive » et pas seulement « négative » – suppose de passer à des « communs institués » (Dardot, Laval). »Par Cynthia FLEURY – L’HUMANITE
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Dans Maîtriser les conflits par les communs, j’expose une approche innovante pour penser la gestion et la prévention des conflits armés en repensant notre usage des « communs ». Par « communs », j’entends des structures de gouvernance collective qui permettent aux communautés de gérer de manière partagée et décentralisée des ressources ou des biens matériels et immatériels. Ces communs, qu’il s’agisse de ressources environnementales, de systèmes de connaissance, ou de formes de justice collective, peuvent, j’en suis convaincu, devenir un levier pour anticiper, résoudre et conjurer les guerres. Les méthodes d’anticipation et de gestion des conflits traditionnelles s’avèrent souvent inadaptées aux enjeux de notre époque. Elles peinent à se départir d’une logique centralisée où les États jouent seuls le rôle principal, et où la guerre est perçue comme une conséquence inévitable des jeux d’intérêts des grandes puissances. Je propose dans cet ouvrage une autre vision, dans laquelle la gestion des conflits passe par des dynamiques communautaires ascendantes et des modèles de gouvernance partagée. Les communs permettent une approche beaucoup plus collaborative et inclusive des conflits, permettant à des acteurs autrefois laissés en marge – notamment les communautés locales et les populations directement affectées – de jouer un rôle actif dans la recherche et le maintien de la paix. Mon ouvrage se structure en trois parties principales : l’anticipation, la résolution et la conjuration des conflits. Ce triptyque reflète les étapes par lesquelles il est possible d’envisager la prévention et la transformation des conflits à travers la participation active des communautés et des acteurs locaux. Dans la première partie, je m’intéresse à la notion d’anticipation et à ses failles dans les systèmes traditionnels. Les méthodes classiques de prospective militaire et de prévision géopolitique peinent à saisir l’incertitude qui caractérise les conflits modernes. Trop souvent, elles reposent sur des modèles linéaires et déterministes, dans lesquels les conflits sont prévus selon des scénarios fixes fondés sur des probabilités passées. Je propose au contraire de penser l’anticipation comme un processus dynamique et collectif, qui mobilise la « sagesse collective » des communs pour imaginer des futurs multiples et non-linéaires. Anticiper, dans cette optique, ce n’est plus seulement prédire ce qui arrivera avec une probabilité donnée, mais aussi développer une flexibilité d’action et des capacités d’adaptation permettant de répondre à une gamme de futurs possibles. En intégrant des perspectives issues de la sociologie, de la psychologie collective et des sciences politiques, j’explique comment les communs peuvent renforcer cette flexibilité. La gestion de la paix par les communs permet d’associer un maximum de parties prenantes aux processus de décision, encourageant la détection précoce de signaux de conflit et facilitant une meilleure préparation des communautés à répondre collectivement aux crises. Dans la deuxième partie, je traite des approches de résolution des conflits et des sorties de guerre. Les modèles « top-down », dans lesquels les résolutions de paix sont dictées par des acteurs extérieurs, s’avèrent souvent paternalistes, limitant les populations concernées à un rôle passif. Trop souvent, ces modèles ignorent les dynamiques locales et les spécificités culturelles et sociales des zones de conflit, ce qui fragilise la paix et augmente les risques de réapparition de conflits. Je propose à l’inverse une approche « bottom-up », dans laquelle les processus de paix et de justice transitionnelle sont largement dirigés par les communautés locales elles-mêmes. Les communs s’inscrivent ici comme un outil essentiel pour renforcer cette dynamique de paix ascendante. J’illustre cette approche à travers des exemples concrets de processus de justice transitionnelle inclusive et de résolution communautaire des conflits, montrant comment des accords locaux peuvent générer des dynamiques de paix globales. Dans un tel modèle, la gestion collective et participative de la justice transitionnelle permet de dépasser les divisions identitaires et de rétablir des liens sociaux dans des zones marquées par la violence. En soutenant des initiatives locales et en respectant les traditions communautaires, on renforce ainsi les bases d’une paix positive et durable. La dernière partie de l’ouvrage aborde la notion de conjuration des conflits, c’est-à-dire l’art de prévenir la guerre avant qu’elle ne devienne une fatalité. Ici, je m’intéresse aux limites des approches diplomatiques traditionnelles, fondées sur des logiques étatiques et aristocratiques, et je propose des alternatives inspirées par les communs. Dans ce contexte, j’explore des modèles de coopération anarchique, où les relations internationales ne sont pas exclusivement dirigées par les États mais par des alliances communautaires et locales. Le fédéralisme polycentrique, par exemple, offre une piste pour construire un modèle de gouvernance mondiale dans lequel les responsabilités et les prises de décisions sont partagées entre différents niveaux de pouvoir, incluant les communautés locales et les organisations transnationales. Le confédéralisme démocratique du Rojava en Syrie ou encore la Station Spatiale Internationale sont autant de cas où les communs se montrent capables d’assurer une gestion collective et pacifique des biens partagés, prouvant que les coopérations non hiérarchiques peuvent être viables à l’échelle mondiale. Cette partie théorise également ce que j’appelle la « diplomatie des communs », qui replace la coopération intercommunautaire et la solidarité internationale au centre des relations diplomatiques. Contrairement aux négociations diplomatiques traditionnelles, où les États se comportent comme des joueurs rationnels maximisant leurs intérêts, la diplomatie des communs valorise la coopération, l’empathie et la réciprocité. En adoptant des mécanismes institutionnels ouverts, dans lesquels les acteurs locaux et non étatiques jouent un rôle important, il est possible de prévenir les conflits tout en offrant aux populations affectées des voies de réconciliation. À travers cet ouvrage, j’espère montrer que les communs représentent plus qu’un simple modèle de gestion des ressources ; ils offrent une philosophie politique capable de transformer en profondeur notre conception de la paix et de la guerre. Les communs permettent non seulement de gérer les conflits, mais de réinventer les relations de pouvoir et de redéfinir les rôles des acteurs locaux, nationaux et internationaux dans la construction d’une paix durable. En somme, Maîtriser les conflits par les communs vise à démontrer que la paix ne peut plus être considérée comme un simple accord temporaire entre États ou comme l’absence de violence immédiate. Elle doit être conçue comme un projet collectif et partagé, impliquant une diversité d’acteurs unis par une même volonté de préserver et de cultiver la paix. Edouard Jourdain in Esprit Surcouf
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