Adolphe - Benjamin Constant
Adolphe - Benjamin Constant
Ref.: FA8070

Lu par JEAN DEBUCOURT (INA)

Ref.: FA8070

Direction Artistique : INA

Label : FREMEAUX & ASSOCIES / INA

Durée totale de l'œuvre : 2 heures 35 minutes

Nbre. CD : 2

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Présentation

Enregistrement historique de 1955 par Jean Debucourt sur 2 CD.

Avec Adolphe, Benjamin Constant marquait de son sceau la littérature du XIXe siècle et posait l’un des plus importants jalons du romantisme français. Portrait sentimental d’une histoire d’amour tragique, Adolphe reflète et illustre les contrées intérieures d’une jeunesse du XIXe siècle naissant, en proie au mal du siècle – prise entre désirs de gloire et mélancolie, entre idéal et spleen…
En livrant le récit des amours mouvementées d’Adolphe et Ellénore, Benjamin Constant – dont on lit en filigrane nombre d’éléments autobiographiques – confesse sa désillusion quant à l’amour et la vie politique. Il livre avec ce récit qui lui ressemble un éclairage incomparable sur la vie littéraire, sentimentale et politique de son siècle.
Jean Debucourt délivre son interprétation d\'Adolphe pour la Radiodiffusion française en 1955, soit trois ans avant sa disparition. Sa maîtrise technique, forgée tant à la Comédie française qu\'au cinéma, ressucite à merveille la prose de Benjamin Constant. Narrateur habile, il permet à l\'auditeur de démêler la complexité des sentiments éprouvés.
Claude Colombini Frémeaux & Benjamin Goldenstein
Coédition : Frémeaux & Associes et INA.




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Presse
 L'institut national de l'audiovisuel L’Institut national de l’audiovisuel (INA) est un établissement public français à caractère industriel et commercial, responsable de l’archivage des productions radiophoniques et audiovisuelles françaises à l’instar de la bibliothèque nationale de France (BNF) pour le livre.Pour financer ses activités l’Ina commercialise son fonds auprès des médias et perçoit une partie de la redevance audiovisuelle. La phonothèque de l’Institut national de l’audiovisuel conserve, restaure et met en valeur les archives de la radio publique depuis 1933. Ces archives constituent la mémoire sonore de l’histoire radiophonique contemporaine.L’INA (dirigé depuis 2001 par Emmanuel Hoog) et Frémeaux & Associés assurent en partenariat, une politique de sauvegarde patrimoniale et de mise à disposition du public des lectures, entretiens, œuvres sonores, dont l’intérêt culturel et historique dépasse l’histoire de la radiophonie pour révéler celle de l’oralité.Claude Colombini-FrémeauxDes cylindres aux CDDès qu’il en a eu la possibilité technique, l’homme a adoré s’enregistrer ! Sur un cylindre de 1891, Gustave Eiffel a saisi les pépiements de ses enfants. L’universitaire Ferdinand Brunot (1860-1938), lui, s’est consacré aux anonymes : en 1911, il crée les Archives de la parole et, financé par Emile Pathé, projette de constituer un atlas linguistique phonographique. Sillonnant les routes de France dans une limousine de 30 CV, il s’arrête dans les villages des Ardennes, du Berry ou de Bretagne pour recueillir ce qui doit être gardé : voix de paysans ; expressions de patois, récits de vie, musiques traditionnelles et sons des terroirs. Ce sont les plus vieux enregistrements de terrain effectués sur des disques plats de 25 centimètres de diamètre. Le disque 78 tours connaîtra une deuxième génération dans les années 20, bénéficiant des bienfaits de la « fée électrique ». Les labels et les répertoires peuvent alors se multiplier. Les initiatives aussi. La firme Pathé invite les hommes politiques à venir  enregistrer leurs grands discours devant le micro. Paul Deschanel, président de la Chambre des députés en 1914, grandiloquent comme ce n’est plus permis, est au bord de l’apoplexie quand il salue les soldats de 1914 qui « offrent leur vie gaiement. A la française ! ». Les années 30 constituent un tournant : une quinzaine de stations de radio peut être enregistrée à partir de 1933. L’INA conserve 276 000 de ces disques d’enregistrements radio effectués entre 1933 et le seuil des années 50. Mais c’est après guerre que les améliorations seront les plus spectaculaires, et permettront le développement et la diversification des genres phonographiques. Au mitan du siècle, la bande magnétique encourage l’archivage et, en 1953, les journaux parlés font l’objet d’enregistrements réguliers. Ce ne sont pas forcément les documents les plus anciens qui sont les plus fragiles. Des cylindres de 1910 sont parfois plus lisibles que des bandes magnétiques deuxième génération des années 80. » Télérama.« Le tout-archives auguré par l’ère numérique est à double tranchant. (…) Aujourd’hui, la technologie incite à tout garder, quelle que soit la nature de l’objet concerné. Jadis fruit d’un effort, de nos jours évidente et presque automatique, la conservation ne vient plus consacrer une valeur établie par ailleurs ; à la limite, elle prétend même la lui octroyer après coup par son geste. (…) Puisque tout est conservable, tout est à conserver. (…) Tout est archives. Tout fait mémoire. » Emmanuel Hoog, Mémoire année zéro, 2007, Paris, Le Seuil.
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« Si ce sont ses écrits politiques qui, en son temps, ont rendu célèbre Benjamin Constant (1767-1830), c’est Adolphe qui l’a fait passer à la postérité. ... » J. S. – MAGAZINE LIRE
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Liste des titres
  • Piste
    Titre
    Artiste principal
    Auteur
    Durée
    Enregistré en
  • 1
    JE VENAIS DE FINIR A VINGT DEUX ANS MES ETUDES
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:02:50
    1955
  • 2
    JE ME RENDIS EN QUITTANT GOTTINGUE DANS LA PETITE
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:05:31
    1955
  • 3
    DISTRAIT INATTENTIF ENUYE
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:05:26
    1955
  • 4
    ELLENORE N AVAIT QU UN ESPRIT ORDINAIRE
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:04:22
    1955
  • 5
    JE PENSAIS FAIRE EN OBSERVATEUR FROID ET IMPARTIAL
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:03:45
    1955
  • 6
    CETTE REPONSE ME BOULVERSA
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:03:49
    1955
  • 7
    JE RESTAI CHEZ MOI TOUTE LA JOURNEE
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:04:14
    1955
  • 8
    JE PASSAI LA NUIT SANS DORMIR
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:03:53
    1955
  • 9
    LORSQUE J ARRIVAIS J APERCEVAIS DANS LES REGARDS
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:04:14
    1955
  • 10
    ELLENORE LUI ECRIVAIS JE UN JOUR
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:03:27
    1955
  • 11
    ELLENORE N AVAIT JAMAIS ETE AIMEE DE LA SORTE
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:02:09
    1955
  • 12
    CHARME DE L AMOUR QUI POURRAIT VOUS PEINDRE
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:04:33
    1955
  • 13
    CEPENDANT JE N ETAIS PAS MALHEUREUX
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:03:43
    1955
  • 14
    LA REPONSE DE MON PERE NE SE FIT PAS ATTENDRE
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:04:00
    1955
  • 15
    UN MATIN ELLENORE M ECRIVIT DE PASSER CHEZ ELLE
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:03:22
    1955
  • 16
    LA SEPARATION D ELLENORE ET DU COMTE DE P PRODUISI
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:03:40
    1955
  • 17
    ELLENORE ET MOI NOUS DISSIMULIONS
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:03:53
    1955
  • 18
    LES SIX MOIS QUE M AVAIT ACCORDE MON PERE
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:04:22
    1955
  • 19
    LA REPONSE D ELLENORE FUT IMPETUEUSE
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:03:39
    1955
  • 20
    JE FIS AUSSITOT VENIR CHEZ UN VALET DE CHAMBRE
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:03:08
    1955
  • Piste
    Titre
    Artiste principal
    Auteur
    Durée
    Enregistré en
  • 1
    QUAND NOUS FUMES ARRIVES SUR LES FRONTIERES
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:03:39
    1955
  • 2
    J AI REPONDU ME DIT ELLE ET VOUS DEVINEZ BIEN
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:03:43
    1955
  • 3
    TROIS MOIS APRES UNE NOUVELLE POSSIBILITE
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:03:33
    1955
  • 4
    LA PREMIERE ANNEE DE NOTRE SEJOUR A CADEN
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:03:37
    1955
  • 5
    ELLENORE OBTINT DES SON ARRIVEE
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:03:41
    1955
  • 6
    TERMINONS JE VOUS PRIE UNE CONVERSATION INUTILE
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:02:43
    1955
  • 7
    ARRIVE AU MILIEU DE LA CAMPAGNE JE RALENTIS
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:04:14
    1955
  • 8
    JE PARLAIS AINSI MES YEUX SE MOUILLAIENT DE LARMES
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:03:26
    1955
  • 9
    LA NUIT PRESQUE ENTIERE S ECOULA AINSI
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:03:01
    1955
  • 10
    LE LENDEMAIN JE ME RELEVAI POURSUIVUI DES MEMES ID
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:03:16
    1955
  • 11
    L AMIE D ELLENORE ME QUITTA
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:01:55
    1955
  • 12
    ELLENORE RESOLUT D ATTIRER CHEZ ELLE LES FAMILLES
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:04:00
    1955
  • 13
    UNE NOUVELLE CIRCONSTANCE VINT COMPLIQUER ENCORE
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:03:20
    1955
  • 14
    CERTES JE NE VEUX POINT M EXCUSER
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:02:49
    1955
  • 15
    JE N ETAIS PAS RETOURNE CHEZ LE BARON T
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:03:10
    1955
  • 16
    JUSQU ALORS JE N AVAIS FAIT CONNAISSANCE CHEZ LE B
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:03:07
    1955
  • 17
    ELLENORE M ATTENDAIT AVEC IMPATIENCE
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:02:39
    1955
  • 18
    JE PASSAIS LES JOURS SUIVANTS PLUS TRANQUILLE
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:03:17
    1955
  • 19
    TANDIS QU ON ME DONNAIT CES DETAILS
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:02:23
    1955
  • 20
    SON AGITATION DEVINT EXTREME
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:04:03
    1955
  • 21
    A DATER DE CE JOUR JE VIS ELLENORE S AFFAIBLIR
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:04:03
    1955
  • 22
    JE LA QUITTAI JE NE RENTRAI QU AVEC TOUS SES GENS
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:03:06
    1955
  • 23
    JE DEMEURAI LONGTEMPS IMMOBILE PRES D ELLENORE
    JEAN DEBUCOURT
    BENJAMIN CONSTANT
    00:04:19
    1955
Livret

ADOLPHE BENJAMIN CONSTANT

ADOLPHE
BENJAMIN CONSTANT 

Lu par Jean Debucourt
Enregistrement historique de 1955  
ADOLPHE - BENJAMIN CONSTANT
Enregistrement historique de 1955 par Jean Debucourt 
CD 1
01. Je venais de finir à vingt-deux ans mes études…      2’50’’
02. Je me rendis, en quittant Gottingue, dans la petite ville…     5’31’’
03. Distrait, inattentif, ennuyé…     5’26’’
04. Ellénore n’avait qu’un esprit ordinaire…     4’22’’
05. Je pensais faire, en observateur froid et impartial…     3’45’’
06. Cette réponse me bouleversa.     3’49’’
07. Je restai chez moi toute la journée.     4’14’’
08. Je passai la nuit sans dormir.     3’53’’
09. Lorsque j’arrivais, j’apercevais dans les regards…     4’14’’
10. Ellénore, lui écrivais-je un jour…     3’27’’
11. Ellénore n’avait jamais été aimée de la sorte.     2’09’’
12. Charme de l’amour, qui pourrait vous peindre !     4’33’’
13. Cependant je n’étais pas malheureux.     3’43’’
14. La réponse de mon père ne se fit pas attendre.     4’00’’
15. Un matin, Ellénore m’écrivit de passez chez elle…     3’22’’
16. La séparation d’Ellénore et du comte de P*** produisit…     3’40’’
17. Ellénore et moi nous dissimulions…     3’53’’
18. Les six mois que m’avait accordés mon père…     4’22’’
19. La réponse d’Ellénore fut impétueuse    
20. Je fis aussitôt venir chez moi un valet de chambre…    3’08’’ 
CD 2
01. Quand nous fûmes arrivés sur les frontières…     3’39’’
02. J’ai répondu, me dit-elle, et vous devinez bien…    3’43’’
03. Trois mois après, une nouvelle possibilité…     3’33’’
04. La première année de notre séjour à Caden…     3’37’’
05. Ellénore obtint dès son arrivée…     3’41’’
06. Terminons, je vous prie, une conversation inutile.     2’43’’
07. Arrivé au milieu de la campagne, je ralentis…     4’14’’
08. Je parlais ainsi ; mes yeux se mouillaient de larmes…     3’26’’
09. La nuit presque entière s’écoula ainsi.     3’01’’
10. Le lendemain je me relevai poursuivi des mêmes idées…     3’16’’
11. L’amie d’Ellénore me quitta…     1’55’’
12. Ellénore résolut d’attirer chez elle les familles nobles…     4’00’’
13. Une nouvelle circonstance vint compliquer encore… 3’ 20’’
14. Certes, je ne veux point m’excuser…    2’49’’
15. Je n’étais pas retourné chez le baron de T***…     3’10’’
16. Jusqu’alors, je n’avais fait connaissance, chez le baron…     3’07’’
17. Ellénore m’attendait avec impatience.     2’39’’
18. Je passais les jours suivants plus tranquille.     3’17’’
19. Tandis qu’on me donnait ces détails…     2’23’’
20. Son agitation devint extrême.     4’03’’
21. A dater de ce jour, je vis Ellénore s’affaiblir…     4’03’’
22. Je la quittai : je ne rentrai qu’avec tous ses gens…     3’06’’
23. Je demeurai longtemps immobile, près d’Ellénore…     4’19’’  
Benjamin Constant
“Malheur à l’homme qui, dans les premiers moments d’une liaison d’amour,  ne croit pas que cette liaison doit être éternelle.”  Benjamin Constant 
C’est en 1816 que parait Adolphe, récit psychologique signé Benjamin Constant. L’auteur parfait son roman depuis près de dix ans. Malgré un succès assez relatif, le nom de Constant vient d’entrer dans l’histoire de la littérature française ; il ne la quittera plus… Benjamin Constant de Rebecque naît le 25 octobre 1767 à Lausanne dans une famille protestante d‘origine française. Sa mère meurt quelques mois plus tard et l’enfant est mis à la garde de ses grands parents. Mais, en 1774, il est, en raison des nombreux voyages de son père, officier hollandais, confié à de multiples précepteurs dans divers pays de l’Europe. Révolté contre la dictature paternelle, il mène une adolescence effrénée et, en contrepartie, lit beaucoup. Grâce à son extraordinaire mémoire littéraire, et poussé par un désir extrême d’être reconnu, Benjamin Constant prend part à de nombreux salons littéraires et commence à faire parler de lui. Au fil de ses premières conquêtes amoureuses, il découvre Paris tout en continuant à parcourir l’Europe. Dans le même temps, il en­tame un roman héroïque Les Chevaliers, qu’il n’achèvera malheureusement pas.  Jusqu’en 1785, Benjamin Constant mène une vie dissolue et accumule autant les liaisons que les dettes de jeu. Il publie également ses tout premiers articles, dans lesquels il se révèle favorable à la révolution qu’il pressent. En 1788, il entre en poste à la cour ducale de Brunswick, où il rencontre la jeune Minna von Cramm, qu’il épouse l’année suivante.  Le jeune couple vit des jours heureux pendant quelques années, Benjamin Constant ignorant que sa jeune femme a un amant. Durant ce temps, l’ambitieux jeune marié suit de très près l’évolution politique française et se découvre des sympathies jacobines. Puis, Constant se lie avec Charlotte de Hardenberg et en profite pour rompre définitivement avec son épouse. Le 18 septembre 1794, Benjamin Constant rencontre à Coppet, en Suisse, Germaine de Staël, mariée au baron de Staël-Holstein. Leur liaison prend très rapidement une forme fusionnelle et in­tense. Les deux amants s’installent à Paris en 1796, avec leur fille Albertine, ce qui n’empêche pas Benjamin Constant de continuer à fréquenter le salon de Coppet. Décidé à se faire connaître à Paris, Constant achète le domaine de l’abbaye d’Hérivaux, près de Luzarches. Devenu dès lors citoyen français, Benjamin Constant est membre du Tribunat après le 18 Brumaire, grâce à l’appui de Joseph et Lucien Bonaparte. Chantre du nouveau régime et de ses maîtres, il publie de nombreux essais, dont les plus fameux sont Des réactions politiques, Des effets de la Terreur ou encore De la force du gouvernement actuel de la France et de la nécessité de s’y rallier, qui le rendent célèbre aussitôt.
Auréolé de sa nouvelle renommée, il commence une liaison avec Anna Lindsay, fervente supportrice de l’Opposition. Puis, il se lie avec Amélie Fabri, qu’il demande en mariage, ce qu’elle re­fuse. De sa douleur d’homme éconduit, il rédige Amélie et Germaine, un premier essai de journal in­time. Malheureusement, Bonaparte, qui voit en lui un rival et se méfie de ses idées libérales, l’évince du Tribunat dès 1802. Deux ans plus tard, alors que le nom de Constant ne cesse de circuler et qu’il est acclamé comme l’un des plus brillants orateurs de l’époque, Mme de Staël doit fuir en Allemagne, poursuivie par Bonaparte. Constant la suit et la persuade de s’installer en Suisse. Benjamin Constant, qui ne désire pas être oublié de la vie française, repart à Paris en 1805 où il revoit Anna Lindsay et également Charlotte de Hardenberg, qu’il désire cette fois épouser. C’est l’année suivante que Constant s’attelle durant toute une année à la rédaction de son grand roman psychologique, Adolphe, largement inspiré de ses journaux intimes et de sa propre expérience. Le roman une fois achevé, Constant le lit à quelques amis, parcourt l’Allemagne, et partage sa vie entre Mme de Staël et Charlotte. Il épouse d’ailleurs cette dernière en secret en 1808. Sa femme, ne supportant pas la rivalité de la vieille maîtresse de son mari, informe Germaine de leur union. Il vit alors alternativement chez l’une et l’autre… Ruiné par le jeu, Benjamin Constant est contraint de vendre son domaine d’Hérivaux pour rembourser ses dettes. Dans le même temps, Adolphe est mis au net par un copiste.  En 1811, il rompt définitivement avec Mme de Staël. Pourchassé par les souvenirs de sa vie avec cette dernière, il part avec sa femme pour Göttingen. C’est dans cette ville qu’il rencontrera le général Bernardotte, intriguant contre Napoléon. Il se lie alors avec les coalisés. Adolphe est, quant à lui, lu de plus en plus fréquemment dans des lieux publics. Benjamin Constant rédige en 1814 un violent pamphlet contre Napoléon, De l’esprit de conquête et de l’usurpation dans leurs rapports avec la civilisation européenne et devient l’intime de Bernardotte, qu’il pousse à devenir candidat à la succession de Napoléon. C’est ainsi qu’il repart pour Paris, où il s’éprend de Mme Récamier. Il soutient prudemment les Bourbons lors de la première restauration et, à contre-pied de sa logique, accepte durant les Cent-Jours de devenir Conseiller d’État de Napoléon qu’il conseille dans la rédaction de l’Acte additionnel aux Constitutions de l’Empire, pour les orienter dans un sens plus libéral. 
Toutefois, la défaite de Waterloo sonne le glas de ses espoirs politiques, et Constant est contraint de se réfugier en Angleterre. C’est lors de son arrivée à Londres, en 1816 que l’auteur dé­cide de publier enfin Adolphe, afin de se faire reconnaître outre-manche, autant qu’en France. Le succès est modeste, mais Constant a toutefois ainsi la possibilité de reprendre le Mercure de France. Obsédé par l’idée de jouer un rôle politique, il est toutefois très en marge. Pour ajouter à sa malchance, il est battu à l’Académie. La même année, Germaine de Staël s’éteint, sans qu’il l’ait revue. Son ton acerbe et la liberté de ses critiques font interdire le Mercure de France. Révolté, l’écrivain le transforme en Minerve Française, et continue d’y développer ses thèses politiques en faveur d’un régime plus libéral. Il échoue aux élections à Paris. La douleur de ce nouvel échec est encore accentuée par un accident qui le laisse boiteux à vie. En 1819, il est élu député de la Sarthe, mais voit interdire l’année suivante La Minerve Française suite à l’assassinat du Duc de Berry. Les déboires se succèdent : en 1822, il est inculpé de participation à un complot et est battu aux élections de novembre.  Rageur, il se jette alors à corps perdu dans la rédaction d’un livre sur la religion dont il tente depuis longtemps de commencer la rédaction. Elu enfin député de Paris en 1824, il publie alors le premier tome de De la religion considérée dans sa source, ses formes et ses développements... Durant les années suivantes, Constant publie les tomes suivants de De la religion et mène une vie politique assez plate, ne pouvant se faire entendre d’une classe politique largement hostile à ses vues. En 1828, il échoue de nouveau à l’Académie et tombe gravement malade. L’année de sa mort, il prendra toutefois parti pour le Duc d’Orléans qui, devenu roi, lui offre de rembourser ses dettes. A peine nommé au Conseil d’État, il meurt le 8 décembre 1830. Des funérailles nationales lui seront rendues.  
Adolphe
“L’amour n’est qu’un point lumineux, et néanmoins il semble s’emparer du temps.  Il y a peu de jours qu’il n’existait pas, bientôt il n’existera plus; mais tant qu’il existe,  il répand sa clarté sur l’époque qui l’a précédé, comme sur celle qui doit suivre.”
Benjamin Constant 
Écrit en 1806 et publié en 1816, l’œuvre la plus magistrale de Benjamin Constant a été de multiples fois modifiée avant sa publication. Considéré comme le type même du roman d’analyse psychologique et publié comme une “anecdote trouvée dans les papiers d’un inconnu”, Adolphe a pour but de montrer à quelles terribles tragédies peut conduire la sécheresse de cœur. Benjamin Constant avouait d’ailleurs lui-même son projet sans ambages lorsqu’il écrivait : “J’ai voulu peindre dans Adolphe une des principales maladies de notre siècle, cette fatigue, cette incertitude, cette absence de force, cette analyse perpétuelle qui place une arrière-pensée à côté de tous les sentiments, et qui par là corrompt dès leur naissance.” En cela, c’était bien aussi un certain mal du siècle bien français qu’il s’attachait à peindre et dans lequel notre temps pourrait singulièrement se retrouver comme en écho… Grâce à ce récit d’une histoire d’amour tragique, dont on suit pas à pas l’inexorable déclin, Benjamin Constant se détache de ses propres passions et confesse sa désillusion quant à l’amour et à la vie politique. Inspiré par ses expériences diverses, l’auteur livre en un portrait amer et pas­sionné des mœurs politiques et sentimentales de son temps.   Mais en même temps qu’il se dévoile lucidement à ses lecteurs, Constant dresse le portrait sans détour de la faiblesse et de la lâcheté masculines. En cela, il parle au delà de son temps, au delà de lui seul. A travers les aventures amoureuses du personnage principal de cette “anecdote”, habitué très tôt à l’idée de la mort et donc détaché de toute passion, l’auteur fait évoluer une galerie portrait à travers desquels il est aisé de reconnaître tantôt Germaine de Staël, tantôt Anna Lindsay.
Terrible révélation des sentiments de Benjamin Constant, qu’il est difficile de ne pas retrouver dans le personnage d’Adolphe, déchiré entre une passion grandissante et un recul froid et contemplatif. Détaché, distant et inattentif, Adolphe n’éprouve que les tristesses et les angoisses de l’existence. Toujours à la recherche de rapports forts avec les autres, il est pourtant rejeté par une force dévastatrice qui le mure dans son indifférence. A ce titre, Adolphe est bien un récit universel en ce que chacun de ses lecteurs peut s’y reconnaître à un moment de sa propre vie, dans ses espoirs, dans ses peurs, dans ses lâchetés quotidiennes, dans ses échecs. A travers de nombreuses et terribles confessions, Adolphe avoue d’ailleurs ne connaître de l’amour que le sentiment, et non l’espoir d’éternel qui lui confèrerait un statut tout autre. Tout le drame du roman tient dans cette incompréhension qui subsiste entre les deux personnages principaux, Adolphe et Ellénore… La vie d’Adolphe est monotone, morne, plate et vide. Il rêve pourtant éternellement d’amours forts qu’il est incapable de ressentir. Le désespoir ne l’envahit même pas, tant il est froid et distant. A la mort d‘Ellénore, pourtant sincèrement mais si mal aimée, Adolphe comprendra toutefois l’inutilité de sa vie d’homme, incapable de s’attacher et d’aimer. Benjamin Constant s’est volontairement placé hors de ce récit de séduction et de culpabilité, ainsi a-t-il inséré en fin de récit des notes qui nient totalement toute dimension autobiographique. Il n’en est que mieux placé pour saisir les passions et les douleurs de ses personnages avec la distance nécessaire.  Fréquemment cité comme le type même du héros romantique, Adolphe tient une place toute particulière dans la littérature française. A travers les aventures sentimentales du héros, il est aisé de retrouver toute une psychologie passée, témoin d’un mal de vivre qui sévissait au temps de l’auteur, ce mal de vivre de ceux qui portent en eux le conflit spirituel qui les pousse à agir sans qu’ils ne puissent le faire, paralysés par leur connaissance des erreurs passées. 
Guillaume LECLÈRE 
© 2006 GROUPE Frémeaux Colombini SAS 
Jean Debucourt lit Adolphe
C’est Jean Debucourt qui prête sa voix au récit de Benjamin Constant. D’un ton clair et posé, l’acteur donne une âme contemporaine au sombre héros du roman, actualisant une fois encore la belle écriture du génial auteur.  Né le 19 Janvier 1894 à Paris (France) sous le nom de Jan Pelisse, Jean Debucourt était déjà, lors de l’enregistrement de sa lecture en 1955, très connu et réputé. La carrière de l’acteur avait débuté dès les années 20 au Conservatoire d’Art Dramatique de Paris, lorsque le jeune homme qu’était Jean Debucourt subsistait en jouant chaque soir plusieurs pièces du théâtre de boulevard. Déjà, le succès était quotidien. En 1922, il joue pour la première fois au cinéma dans Le Petit Chose d’André Hugon. S’en suivent quelques rôles sans envergure. L’avènement du cinéma parlant le rend célèbre immédiatement. En effet, son expérience du théâtre et sa diction parfaite lui font interpréter de nombreux rôles, variés et divers, à l’image de ses capacités de jeu étonnantes. C’est ainsi qu’il joue dans Le prince Jean (1934) de Jean de Marguenat, dans Koenigsmark (1935) de Maurice Tourneur, dans Les loups entre eux (1936) de Léon Mathot, ou dans Un grand amour de Beethoven (1936 également) d’Abel Gance. Pour autant, l’acteur ne se complait pas dans des rôles de sournois et de vils. Devenu sociétaire de la Comédie Française en 1937, il gagne également en rôles plus épais. De Lettres d’amour (1942) au Diable au corps (1946) de Claude Autant-Lara, ses compositions subtiles et délicates lui valent d’être l’un des comédiens les plus appréciés de sa génération. Tour à tour émouvant, dur ou plus nuancé, toujours il étonne. Son talent lui fait participer à un nombre impressionnant de films (70 rôles entre 1945 et 1957). Il prête également sa voix grave et douce à de nombreuses réalisations. C’est ainsi qu’il est notamment le Très-Haut dans toute la série des Don Camillo avec Fernandel.  Pourtant l’acteur ne délaisse pas le théâtre, et interprète sur les planches tout le répertoire classique jusqu’en 1947 avant de diriger ensuite des spectacles classiques de la salle du Luxembourg (ex-Odéon) rattachés à la Comédie-Française. Jean Debucourt nous livre sa vision d’Adolphe dans cet enregistrement de 1955, réalisé trois ans avant sa disparition. Tour à tour distant, proche, amusé et froid, l’acteur fascine l’auditeur par sa parfaite maîtrise de la langue française. Adolphe et ses pérégrinations amoureuses ressurgit par sa voix et émerveille encore et toujours.   

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