« Divine surprise pour un heureux événement ! Frémeaux se lance dans la publication de l’intégrale du génie du jazz : Louis Armstrong. Voici une quinzaine d’années, ce même projet avait connu un début d’exécution sous l’étiquette ‘Masters of Jazz’ mais les embûches de la production firent que cette édition complète ne dépassa pas le volume 7 et l’année 1925 ! Tous les amateurs de jazz seront ravis d’apprendre que cette entreprise essentielle revient d’actualité grâce à Frémeaux, surtout connaissant le sérieux et la compétence qu’il apporte à l’élaboration de son catalogue ; On ne s’étonnera pas de constater que le contenu de ce coffret correspond, à quelques variantes anodines près, aux trois premiers volumes Masters of Jazz MJCD 1, 2 et 21 (cf. Bulletins 396, 397, 407).
Louis Armstrong n’a pas encore 22 ans lorsqu’il inaugure son œuvre discographique comme membre du King Oliver Creole Jazz Band. Cette série historique, qui occupe le CD1 et plus de la moitié du CD2, a connu de multiples rééditions (en CD Classics, Music Memoria, BBC, Hervin…) chroniqués en leur temps. Inutile donc de revenir en détail sur la musique de ces enregistrements légendaires dans lesquels le jeune Armstrong manifeste déjà des qualités hors du commun. En totale connivence avec son maître, sa partie de cornet s’intègre idéalement à l’ensemble et aussi dans ces fameux breaks à deux voix qui apparaissent dès Weather bird rag.
Lors de la séance initiale, Louis Armstrong prend deux chorus en solo dans Chimes blues qui laissent apparaître déjà son admirable maîtrise. Dans Foggie Moore, vers la fin il assure brillamment la direction de la collective ce qui permet d’apprécier la différence de son jeu et de celui de King Oliver. Il utilise un slide whistle (sifflet à coulisse ou jazzoflûte) pour un solo de 16 mesures dans Sobbin’ blues et de 32 mesures dans Buddy’s habits. Dans Tears, il aligne une série de breaks étincelants qui ne laissent aucun doute sur la maturité de son style. Il se trouve très en valeur dans le chorus final de Riverside blues et propose un superbe contre-chant à King Oliver dans Mabel’s dream.
Louis Armstrong n’a pas encore 22 ans lorsqu’il inaugure son œuvre discographique comme membre du King Oliver Creole Jazz Band. Cette série historique, qui occupe le CD1 et plus de la moitié du CD2, a connu de multiples rééditions (en CD Classics, Music Memoria, BBC, Hervin…) chroniqués en leur temps. Inutile donc de revenir en détail sur la musique de ces enregistrements légendaires dans lesquels le jeune Armstrong manifeste déjà des qualités hors du commun. En totale connivence avec son maître, sa partie de cornet s’intègre idéalement à l’ensemble et aussi dans ces fameux breaks à deux voix qui apparaissent dès Weather bird rag.
Lors de la séance initiale, Louis Armstrong prend deux chorus en solo dans Chimes blues qui laissent apparaître déjà son admirable maîtrise. Dans Foggie Moore, vers la fin il assure brillamment la direction de la collective ce qui permet d’apprécier la différence de son jeu et de celui de King Oliver. Il utilise un slide whistle (sifflet à coulisse ou jazzoflûte) pour un solo de 16 mesures dans Sobbin’ blues et de 32 mesures dans Buddy’s habits. Dans Tears, il aligne une série de breaks étincelants qui ne laissent aucun doute sur la maturité de son style. Il se trouve très en valeur dans le chorus final de Riverside blues et propose un superbe contre-chant à King Oliver dans Mabel’s dream.
Après ces enregistrements, Louis Armstrong quitte Chicago pour New York où il rejoint l’orchestre de Fletcher Henderson. En raison d’un entourage moins familier et moins favorable, les interprétations valent uniquement par les interventions du cornet de Louis, autant de flambées de swing éclairant un environnement musical sautillant et bredouillant. Il éclabousse de sa classe des partenaires encore balbutiants.
Dans les quatre dernières plages du CD2, un détachement de l’orchestre Fletcher Henderson accompagne Ma Rainey dont le chant majestueux reçoit une réplique magnifique du cornet. A noter que Charlie Dixon joue du banjo (très présent) et non de la batterie comme indiqué dans la discographie du livret.
Le CD3 réunit la production de diverses séances dont celles du Clarence Williams’s Blue Five où Louis retrouve quelques collègues louisianais : le chef au piano, Buddy Christian au banjo et Sidney Bechet d’abord à la clarinette puis au soprano dans Texas Moaner blues où le cornet joue avec une flamme éloquente. Ils accompagnent ensuite la chanteuse Virginia Liston, la partie de clarinette dans Early in the morning et de soprano dans You’ve got the right key bouscule un peu celle de cornet. A quelques plages de là, cette fois avec Buster Bailey au soprano et la chanteuse Eva Taylor, le quintette donne Of all the wrongs you done to me où Louis détaille superbement son discours et Everybody loves my baby où il souffle un chorus final époustouflant qui fera date. En quartette, le groupe accompagne Margaret Johnson dans les deux dernières plages, Changeable daddy of mine met le cornet davantage en valeur.
L’arrivée de Lil Armstrong, à la place de Clarence Williams dans le groupe qui accompagnait Eva Taylor, entraîne évidemment un changement de dénomination, il devient Red Onion Jazz Babies pour de nouvelles versions de Everybody loves my baby (plage 8), chanté par Josephine Beatty alias Alberta Hunter, qui sonne de façon nettement moins impressionnante, en raison notamment d’un tempo plus lent, et de Of all the wrongs you’ve done to me (plage 12) également en retrait malgré la belle partie de cornet. L’orchestre reprend aussi Texas moaner blues (plage 11) chanté ici et sans interruption par Josephine Beatty. La production de séances Fletcher Henderson complète le CD3, ce qui nous confronte de nouveau à une musique désuète et sautillante, illuminée çà et là par une intervention fulgurante de Louis Armstrong. En réalité cela illustre parfaitement l’impact de cette extraordinaire personnalité sur un entourage tâtonnant, une influence qui va se communiquer à toute la musique de jazz. La sélection correspond essentiellement à l’importance des solos de cornet : Shanghai shuffle, One of these days, Naughty man (plages 16 et 19) et surtout The meanest king of blues où il intervient le plus copieusement. Il existe trois prises de How come you do me mais le réalisateur a pris l’astucieuse initiative de ne conserver que le passage où Louis se trouve en évidence, nous épargnant ainsi le reste des prises 2 et 3 (plage 18).
Surtout ne pas négliger ces premières pierres d’un monument gigantesque ! » André Vasset – Bulletin du Hot Club de France
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