"Ces enregistrements ont été réalisés en février et mars 2002 à la demande du gouvernement sri lankais pour enrichir les Archives nationales du pays ainsi que les phonothèques des grandes universités qui n’avaient pas trace des prouesses de leurs grands maîtres.
L’ambassadeur du Sri Lanka en France était, au début de ce siècle, le professeur Senake Bandaranayake, lui-même archéologue spécialiste du site de la forteresse du gigantesque rocher de Sigiriya. Par l’intermédiaire de son ami le réalisateur Nimal de Silva, il avait pris connaissance du travail photographique effectué en Asie depuis plus de trente ans par Sylvie Jouffa, et des nombreuses productions de disques d’ethnomusiques enregistrées sur le terrain par François Jouffa, du Népal à la Corée en passant, entre autres, par la Birmanie ou le Viêt-nam. Le professeur avait notamment écouté les enregistrements de Jouffa lorsqu’il avait réalisé à Ceylan son film « La Bonzesse » en 1973. Plusieurs 33 tours puis CD, extraits de la B.O., avaient immortalisé « les tambours magiques » des guérisseurs de l’île de ces années-là. Leur art étant en voie de disparition, le professeur ambassadeur pensait qu’il y avait urgence à fixer les styles et les talents des derniers vieux grands maîtres. Ceux-ci ne sont pas que de simples musiciens percussionnistes, chanteurs et danseurs. Véritables artistes, ils sont non seulement des multi instrumentistes, mais aussi des sculpteurs de masques de divinités, esprits protecteurs ou démons. Ils sont surtout considérés, en milieu rural, comme des guides spirituels dont les rituels d’exorcisme apportent la paix de l’âme et le soulagement physique.
Les morceaux présentés ici sont des documents précieux car ces hommes avaient toujours refusé d’être enregistrés, considérant que chaque séance est un moment privilégié religieux et qu’en la fixant, on risque de rompre la magie. Le plus vénéré des maîtres-tambours, Maître Banda, a accepté d’aller à la rencontre de ses confrères pour leur faire comprendre l’intérêt scientifique et universitaire de l’opération. Il n’y avait jamais eu et il n’y aura plus jamais d’enregistrements du tambour et/ou de la voix de Maître Banda. Quelques mois plus tard, ce grand musicien guérisseur a subi une hémiplégie et sa virtuosité est partie avec la maladie et son invalidité. C’est dire la valeur de ces enregistrements effectués par François Jouffa. Maître Banda était l’accompagnateur privilégié de la grande danseuse classique Khema. Cette dernière est l’épouse du mélomane Ajita de Costa, président de Heritage Foundation for the Environment and Arts, qui a bien voulu organiser les séances d’enregistrements dans les villages mêmes des musiciens, parmi leurs patients et disciples. A Paris, Madame Dileeni R. de Alwis Perera (DPDJ International) et, à Colombo, Madame Manisha Gunasekera du Ministère des affaires étrangères concrétisèrent le projet. Enfin Gilles Schneider, avec Radio France International (RFI), apporta une aide technique. Nous les en remercions.
Notons que pour honorer ces musiques ancestrales, François Jouffa a choisi de travailler avec de la bonne vieille bande magnétique sur son Nagra IV S. A l’heure du numérique parfait mais froid, ces morceaux traditionnels conservent ainsi leur chaleur, leur couleur et leur rondeur originelles. Les connaisseurs apprécieront."
Patrick FRÉMEAUX
"Commended by the Sri Lankan government in order to add to the country’s national archives, these recordings present an art that was disappearing expressed by its last great masters. More than “simply” percussionists, singers and dancers, they are considered as spiritual guides and their exorcism rites appeased the soul and body.
The titles featured on the present album are valuable documents as these men had always refused to be recorded, believing that each session is a privileged moment of spirituality and that its transcription would break the magic. " François Jouffa et Patrick Frémeaux
L’ambassadeur du Sri Lanka en France était, au début de ce siècle, le professeur Senake Bandaranayake, lui-même archéologue spécialiste du site de la forteresse du gigantesque rocher de Sigiriya. Par l’intermédiaire de son ami le réalisateur Nimal de Silva, il avait pris connaissance du travail photographique effectué en Asie depuis plus de trente ans par Sylvie Jouffa, et des nombreuses productions de disques d’ethnomusiques enregistrées sur le terrain par François Jouffa, du Népal à la Corée en passant, entre autres, par la Birmanie ou le Viêt-nam. Le professeur avait notamment écouté les enregistrements de Jouffa lorsqu’il avait réalisé à Ceylan son film « La Bonzesse » en 1973. Plusieurs 33 tours puis CD, extraits de la B.O., avaient immortalisé « les tambours magiques » des guérisseurs de l’île de ces années-là. Leur art étant en voie de disparition, le professeur ambassadeur pensait qu’il y avait urgence à fixer les styles et les talents des derniers vieux grands maîtres. Ceux-ci ne sont pas que de simples musiciens percussionnistes, chanteurs et danseurs. Véritables artistes, ils sont non seulement des multi instrumentistes, mais aussi des sculpteurs de masques de divinités, esprits protecteurs ou démons. Ils sont surtout considérés, en milieu rural, comme des guides spirituels dont les rituels d’exorcisme apportent la paix de l’âme et le soulagement physique.
Les morceaux présentés ici sont des documents précieux car ces hommes avaient toujours refusé d’être enregistrés, considérant que chaque séance est un moment privilégié religieux et qu’en la fixant, on risque de rompre la magie. Le plus vénéré des maîtres-tambours, Maître Banda, a accepté d’aller à la rencontre de ses confrères pour leur faire comprendre l’intérêt scientifique et universitaire de l’opération. Il n’y avait jamais eu et il n’y aura plus jamais d’enregistrements du tambour et/ou de la voix de Maître Banda. Quelques mois plus tard, ce grand musicien guérisseur a subi une hémiplégie et sa virtuosité est partie avec la maladie et son invalidité. C’est dire la valeur de ces enregistrements effectués par François Jouffa. Maître Banda était l’accompagnateur privilégié de la grande danseuse classique Khema. Cette dernière est l’épouse du mélomane Ajita de Costa, président de Heritage Foundation for the Environment and Arts, qui a bien voulu organiser les séances d’enregistrements dans les villages mêmes des musiciens, parmi leurs patients et disciples. A Paris, Madame Dileeni R. de Alwis Perera (DPDJ International) et, à Colombo, Madame Manisha Gunasekera du Ministère des affaires étrangères concrétisèrent le projet. Enfin Gilles Schneider, avec Radio France International (RFI), apporta une aide technique. Nous les en remercions.
Notons que pour honorer ces musiques ancestrales, François Jouffa a choisi de travailler avec de la bonne vieille bande magnétique sur son Nagra IV S. A l’heure du numérique parfait mais froid, ces morceaux traditionnels conservent ainsi leur chaleur, leur couleur et leur rondeur originelles. Les connaisseurs apprécieront."
Patrick FRÉMEAUX
"Commended by the Sri Lankan government in order to add to the country’s national archives, these recordings present an art that was disappearing expressed by its last great masters. More than “simply” percussionists, singers and dancers, they are considered as spiritual guides and their exorcism rites appeased the soul and body.
The titles featured on the present album are valuable documents as these men had always refused to be recorded, believing that each session is a privileged moment of spirituality and that its transcription would break the magic. " François Jouffa et Patrick Frémeaux