« Un bon complément d’informations bien commenté et illustré » par Vibrations

Ici, l’histoire-géo s’écrit en de belles leçons de musique. Car on ne peut bien s’y entendre sans rappeler que le Bengale est marqué par la culture musulmane depuis le XIIIe siècle et qu’en 1971 il fut le théâtre d’une violente guerre d’indépendance avec le Pakistan. « Bengale » présente un excellent tour d’horizon, du chant des Baules, ces « Fous de Dieu » animés d’un syncrétisme marqué par la culture moyen-orientale du récit jusqu’aux extraits d’épopées en sanskrit influencées par des conteurs de la musique classique indienne. Entre ces deux visions du monde, on découvre aussi la flûte de bambou, instrument de prédilection des Bengali, et deux chansons mélancoliques qui rapprochent de la frontière birmane. Malgré des sources aussi diverses tant dans l’époque (de 1954 à 1997), dans le contexte (festival, sur le terrain), dans le lieu (Calcutta, Dhaka), voire dans le répertoire (Baul, Bathiali et Sari), les deux disques de Deben Bhattacharya évitent la monotonie sans rompre une relative unité autour du chant. D’inspiration populaire, les chansons nourries de ferveur religieuse mais aussi de nationalisme puisent parfois dans la musique indienne et bénéficient d’une instrumentation variée, avec tablas, luths, percussions et toujours la flûte. Un bon complément d’informations bien commenté et illustré.
Jacques DENIS – VIBRATIONS