« Un éclairage singulier sur l’actualité des musiques tsiganes » par Le Monde de la Musique

La compilation consacrée à la musique tzigane du début du XXe siècle par Jean-Yves Patte fournit un éclairage singulier sur l’actualité des musiques tsiganes de ce début de XXIe siècle. On remarquera le « z » de la première, venu en souligner l’exotisme, et le « s » des secondes qui revendiquent une plus grande authenticité. Car certains spécialistes de la musique tsigane sont très pointilleux sur cet usage du « z » qui servirait à signaler la place ambiguë des musiques tsiganes dans l’imaginaire occidental. Les musiques tziganes de la belle époque n’ont certes de tsigane que le nom. Si leurs interprètes sont parfois d’authentique musiciens tsiganes (rien cependant de tsigane chez le célèbre violoniste polonais Jan Kubelik qui interprète Der Zephir en 1905), ils ne font que jouer les airs à la mode vaguement tsiganisés (Fragson, Franz Lehar, Léo Delibes, Offenbach, Puccini, Robert Stolz). Il y est question d’ivresse, de passion et de sensualité (Amoureuse, Fascination, Douce attirance, Tout contre toi, Les Mains de femme, Séduction, Noche de amor,…). Bientôt, les rythmes négro-américains viendront prendre le relais de ces appels au décorsetage (et l’on sait qu’ils feront souvent bon ménage avec les accents d’Europe centrale), mais déjà le tango et le paso-doble concurrencent la valse et la marche auprès des orchestres tziganes.
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