Il y a une science rythmique et harmonique de la mélodie dans l’œuvre de Brassens qui se prête parfaitement à son expression instrumentale. Bien plus, sa nature autodidacte, l’univers dont elle s’inspire, l’instrument qui l’a vu naître, la destine à la convivialité de la guitare manouche. Encore faut-il la mériter, pour ne pas la banaliser (ça s’est trop souvent vu). Or Rodolphe Raffalli la mérite. L’angle par lequel il aborde son improvisation sur la Chanson de l’Auvergant sonne comme une promesse. Un pari constamment tenu, mesure après mesure, phrase après phrase, plage après plage : sens de l’espace, anticipation, angularité mélodique constamment surprenante, intelligence de l’architecture rythmique et de l’articulation, dynamique, précision et musicalité de la virtuosité, dramaturgie des solos. Jusqu’à la conception des arrangements et la direction d’orchestre : en toute discrétion, elles témoignent d’une sûreté de goût qui distingue cet album des 90 % de la production manouche contemporaine. Dès lors, peu importe que Raffalli ne puisse être comparé à Django et peu importe que ce volume 2 ait l’air d’une resucée (pas plus qu’une énième version des Yeux noirs ou All of Me). Si l’on en croit les chiffres de vente, le public avait adoré le volume 1. La suite lui donne raison.
Franck BERGEROT - JAZZMAN
Franck BERGEROT - JAZZMAN