« Le délice des mots est assuré » par Inédit Nouveau

J’ai gardé pour la fin le meilleur, selon la formule des grands chefs. Un double CD Gargantua attribué aux enfants, alors que les adultes sont tout aussi concernés, surtout depuis qu’ils n’apprennent plus beaucoup dans leur temps d’école. De plus, avec un Philippe Noiret en Rabelais, Henri Virlogeux en Granfgousier, Jacques Villeret en Gargantua et Bernard Haller en impossible Frère Jean des Entommeures avec se belle devise « Fay ce que voudras », le délice des mots est assuré. Sans compter une trentaine d’autres comédiens mythiques, dont Marthe Mercadier et Martine Sarcey. Je me pose la question depuis très longtemps : comment peut-on se passer de Rabelais ? Je me souviens d’avoir lu à des amis sceptiques les fameux « propos des buveurs », comme si le va-et-vient d’un saloon et le bruit des voix faisaient soudain irruption dans la pièce… D’un rire énorme ils en sont devenus de fervents lecteurs. Nous avions quatorze ans ! Et si les livres de Rabelais sont un apprentissage, ils sont aussi la littérature la plus jouitive de tous les temps, toutes cultures confondues. Je ne crois pas qu’un autre humaniste ni un autre écrivain ait réussi la gageure de mettre autant de belle humeur et de science dans un ouvrage. Même le cher Erasme est un tantinet plus didactique. Je reste plus admiratif et convaincu par la logorrhée inarrêtable de Rabelais que par les humoristes si prisés de notre temps. Il y eut encore à son époque de fantastiques enseignants n’ennuyant pas leurs élèves, comme Ulrich de Hutten ou Marnix de Sainte-Aldegonde, mais aucun n’a réussi à dire les principes les plus dangereux avec à la fois la franchise et l’audace de l’auteur de Gargantua et Pantagruel.
INEDIT NOUVEAU