En 1993, deux CD retraçant la vie des orchestres antillais à Paris entre 1935 et sont sortis. Un heureux évènement. Un monument musical historique…Les CD « Biguines » de Jean Pierre Meunier (chez Frémeaux & Associés SA), sont des chefs d’œuvre du patrimoine harmonique contemporain. De la musique de variété, du jazz tel qu’on le pratiquait à la belle époque à Paris, on ne finit pas de rééditer ces 78 tours en CD, ceux de Jean Sablon, Maurice Chevallier, Sydney Bechet, Stéphane Grapelli entre autres. Manquait au panorama une présence Outre-Mer, une présidence antillaise. Ces deux ouvrages ont été réalisés par deux auteurs complices (dans leur texte explicatif du CD ils se renvoient l’éloge du travail bien fait). D’autant plus que leur démarche se veut complémentaire. L’ouvrage « Biguines » de Jean-Pierre Meunier (co-auteur d’une sublime biographie de Léardé) s’intéresse à la biguine (assurément) mais aussi à la valse et la mazurka créoles. Jean-Pierre Meunier s’est axé sur la période allant de 1929 à 1940. Une période où les enregistrements réalisés à Paris sont les plus intéressants car ils témoignent de la diversité des styles t des orchestres de l’époque, une diversité des sons et des idées. Faut-il aller vers un peu plus de musique classique, se demande Eugène Lelouche. Suivre la mode du jazz naissant en France, ou du hot club s’interroge (en 1935) Robert Mavounzy ? Le CD de Jean Pierre Meunier se présente comme un somptueux coffret de deux CD comprenant pas moins de 36 titres illustrant ce qu’on a enregistré des orchestres antillais de cette époque jouant la musique « d’an tan-lontan » de leurs îles respectives. On y trouve quelques raretés qui raviront les connaisseurs. Notamment « Krakador bon ti coin Capesterre la » où excellent dans une biguine de 1933 en duo de piano, les frères Martial, Claude et Bruno. Pour le premier, Claude, c’est l’amorce d’une brillante carrière Parisienne qui le fera ovationner à la Cigale jusqu’à la fermeture du club au miliueu des seventies ou à la Canne à Sucre auprès des plus grands ; Sobiud, Stellio, Mavounzy…Autre bonheur incommensurable, une divine biguine, Bossu Doudou, air de Saint Pierre sublimé ici par le chant et la clarinette de Sam Castendet. Ce travail d’archivage a été fait minutieusement par Jean-Pierre Meunier. Ingénieur EDF de métier, il a découvert la musique antillaise il y a une vingtaine d’années lors de son mariage avec une martiniquaise. Amateur au départ de jazz, il commence par se créer une collection de 78 tours…Dans son appartement parisien, à côté d’un gramophone (idéal pour l’écoute de ces sonorités d’antan), il confesse : « J’ai eu la chance de recueillir les souvenirs de nombreux musiciens pioniers de la biguine. Leurs précieux contacts m’ont permis par le passé d’être le co-auteur avec Brigitte Léardée d’être l’auteur d’une biographie d’Ernest Béardée, « la biguine de l’Oncle Ben’s » aux éditions Caribéennes. Parallèlement, à mon archivage des 78 tours, je collectionne également les partitions de musique antillaise de cette époque et des photgraphies de musiciens et d’orchestres antillais de cette éposue. J’ai quelques 2000 photographies. Ma démarche est celle de l’amoureux persévérant ».
François THOMAS - FRANCE-ANTILLES HEBDO
François THOMAS - FRANCE-ANTILLES HEBDO