Du côté des « musiques sœurs » du jazz, il convient de noter l’extrême importance des musiques antillaises qui firent les belles nuits de la capitale pendent l’entre deux guerres. Ces musiques étaient magiquement distillées dans plusieurs cabarets dont le plus célèbre était le fameux Bal Nègre de la rue Blomet. Établissement fréquenté par certains surréalistes (Prévert, Desnos, Marcel Duhamel) et si bien chanté par le poète André Hardelet « Des Vénus en flammes de punch / Frottaient la biguine créole / Leur doux contact a fait dresser / - O Blomet Street – des auréoles/ Sur nos espoirs à caresser ». Les plus fameux musiciens antillais « parisiens » de l’époque ont pour noms : Alexandre Stellio et Eugène Delouche ( tous deux clarinettistes, compositeurs, et chefs d’orchestre ), Ernest Léardée (violon), Al Lirvat (trombone), Robert Mavounzy (saxophone). Les rapports entre les musiciens antillais et le jazz furent fréquents. Ainsi le saxophoniste robert Mavounzy, tenu par Charles Delaunay comme un très grand musicien de jazz, fut en France un pionnier du be-bop en même temps qu’il fit avec Al Lirvat les beaux jours du cabaret antillais La Cigale, après la Seconde guerre mondiale. L’instrumentation des musiques traditionnelles antillaises avec la clarinette comme instrument roi, la pulsation particulière des mazurkas, biguines et valses créoles évoquent les « couleurs » des premiers enregistrements du jazz de la Nouvelle-Orléans (Sydney Bechet notamment).
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