« Le nonsense près de chez vous » par Classica

Le jazz est affaire de débordements. N’ayant pas de couvercle, la Marmite Infernale nous propose une musique débordant d’énergie, dans laquelle l’humour et le délire le disputent au sérieux de l’exécution. Un sérieux bordel organisé&é, don, qui recours à des alliages sonores insolites pour restituer le brouhaha des machines industrielles et ses rythmes parallèles, entre autres : l’électronique se mêle ainsi de manière intelligente aux cuivres et autres instruments du big band. En terme d’iconoclasme, de rage et de joie de jouer, la Marmite Infernale prolonge  l’esprit d’un Mingus – même si l’on chercherai en vain une influence musicale. Avec son Hommage à Bobby Lapointe, le quintet du pianiste Roger Bottlang (Jean Querlier aux hanches, Claude Tchamitchian à la contrebasse, Youval Micemacher aux percussions) arrive quant à lui à transposer l’univers de nonsense du chanteur français dans l’idiome jazz avec un sens de la forme remarquable (dans lequel le coq à l’âne ne manque pas de jouer son rôle), de superbes improvisations. Derrière l’humour, omniprésent, perce toujours une tendresse émouvante. Non content d’énoncer-chanter les textes délirants de Lapointe, sur un fond de pitreries des musiciens (traits absurdes ou obstinatos ironiques) qui donnent également de la voix, le chanteur anglais Phil Minton joue le boute-en-train, avec des improvisations délirantes d’inspiration « bruitiste ». Une musique aussi fraîche que réjouissante.
Stéphan VINCENT-LANCRIN - CLASSICA