« Ligne mélodique» par Le Monde de la Musique

Dès la première pièce du programme, de mon pays natal de Smetana, Frantisek Novotny fait montre d’un archet autoritaire et d’une conception intensément narrative. Le style du violoniste, avec son vibrato serré, évoque la vieille école russe. C’est pour cela que, jouée par lui, la sonate de Janácek, ahurissant concentré de musique contradictoire, fragmentaire, subjective, peut déconcerter par son académisme. On est loin des ouvertures vertigineuses que laisse supposer le jeu d’un Josef Suk (Supraphon), mais l’expression plus sereine du second mouvement convient parfaitement à Novotny. Son jeu charpenté, bien qu’en contradiction apparenter avec l’œuvre, prépare l’évasion inattendue que représente le dernier mouvement de cette sonate, qui est, avec celle de Debussy, le chef- d’œuvre du genre au XXé sicle. Novotny et son fidèle pianiste Vladimir Holly ne s’apitoient guère sur la nostalgie supposée de la Sonatine de Dvorák et préfèrent, à juste titre, en révéler la ligne mélodique et la structure simple  mais efficace.
Costin CAZABAN – LE MONDE DE LA MUSIQUE