En fait, ce quartier ne doit sa célébrité qu’aux immédiates années de l’après-guerre, symbolisées par quelques noms : les anciens, Prévert et Sartre et les modernes, Boris Vian et Greco. Son activité artistique ne s’exerçait que la nuit. Ne l’ayant connu que de jour, à partir de 1952, seuls les nombreux bouquinistes, disquaires, comme les petits cinémas proches du « Boul’Mich » qui programmaient en permanence les films des Marx Brothers ou de Fred Astaire, nous intéressaient… Ce quartier paisible exhalait une véritable atmosphère de bibliophilie et de cinéphilie… Qu’en est-il aujourd’hui ? A travers des enregistrements rares, tels ces acétates « Une soirée au Tabou » et ceux de « Boris Vian et son Orchestre », Daniel Nevers, dans son livret de 34 pages, décrit cette époque qui, fort justement, « comme tout ce qui est beau, ne saurait se risquer à durer sans y laisser son âme ».
Ceux qui avaient 20 ans vers 1948, acteurs ou témoins, conservent, et c’est normal, une grande tendresse pour ce quartier, proche de celui des facultés et des grandes écoles (Beaux-Arts) qui est ne l’oublions pas, celui de la jeunesse. Mais, comme la « Nouvelle Vague » (1958-1960), Mai 68 ou la période « Hippie », un examen critique et objectif ne signifie pas pour autant une remise en cause. Cet « art de vivre légèrement décalé par rapport à la rive droite » (Daniel Nevers) était en germe bien avant la guerre : Jean-Paul Sartre (« La Nausée », 1938), Jacques Prévert (« Drôle de drame », 1937), Marianne Oswald, Agnès Capri, Desnos, Gilles et Julien… Quant au jazz, il était dans les mœurs : Django Reinhardt, Ray Ventura… La guerre eut pour conséquence de lancer la vogue des douillets cafés littéraires (froid sibérien) et des caves (alertes, jazz trop bruyant…). Après 1950, le quartier se transforme peu à peu, comme la Butte Montmartre, en un lieu touristique, c’est à dire un musée… Que reste-t-il aujourd’hui outre les icônes Boris Vian et Juliette Greco (qui n’enregistra son premier disque qu’en 1950) et les chansons nostalgiques de Léo Ferré et Guy Béart ? Passons sur tous ces philosophes fumeux et ces poètes ratés (« Tout le monde n’est pas Rimbaud », écrit Daniel Nevers…). Le phénomène le plus intéressant restera la floraison de ces petits cabarets intimistes pour chanteurs fauchés : Echelle de Jacob, l’Ecluse, qui virent débuter maints artistes célèbres. Il ne paraît pas inutile de fixer quelques dates d’ouverture : Les Lorientais (printemps 1946), le Tabou (11.04.47) ainsi que quelques dates de tournage de films : « Rendez-vous de juillet » (février 1949), « La Rose Rouge » et « Pigalle - St-Germain des Près » (été 1950). Ce dernier film, il faut le noter, est déjà une satire de l’époque « existentialiste »… PHONOSCOPIES
Ceux qui avaient 20 ans vers 1948, acteurs ou témoins, conservent, et c’est normal, une grande tendresse pour ce quartier, proche de celui des facultés et des grandes écoles (Beaux-Arts) qui est ne l’oublions pas, celui de la jeunesse. Mais, comme la « Nouvelle Vague » (1958-1960), Mai 68 ou la période « Hippie », un examen critique et objectif ne signifie pas pour autant une remise en cause. Cet « art de vivre légèrement décalé par rapport à la rive droite » (Daniel Nevers) était en germe bien avant la guerre : Jean-Paul Sartre (« La Nausée », 1938), Jacques Prévert (« Drôle de drame », 1937), Marianne Oswald, Agnès Capri, Desnos, Gilles et Julien… Quant au jazz, il était dans les mœurs : Django Reinhardt, Ray Ventura… La guerre eut pour conséquence de lancer la vogue des douillets cafés littéraires (froid sibérien) et des caves (alertes, jazz trop bruyant…). Après 1950, le quartier se transforme peu à peu, comme la Butte Montmartre, en un lieu touristique, c’est à dire un musée… Que reste-t-il aujourd’hui outre les icônes Boris Vian et Juliette Greco (qui n’enregistra son premier disque qu’en 1950) et les chansons nostalgiques de Léo Ferré et Guy Béart ? Passons sur tous ces philosophes fumeux et ces poètes ratés (« Tout le monde n’est pas Rimbaud », écrit Daniel Nevers…). Le phénomène le plus intéressant restera la floraison de ces petits cabarets intimistes pour chanteurs fauchés : Echelle de Jacob, l’Ecluse, qui virent débuter maints artistes célèbres. Il ne paraît pas inutile de fixer quelques dates d’ouverture : Les Lorientais (printemps 1946), le Tabou (11.04.47) ainsi que quelques dates de tournage de films : « Rendez-vous de juillet » (février 1949), « La Rose Rouge » et « Pigalle - St-Germain des Près » (été 1950). Ce dernier film, il faut le noter, est déjà une satire de l’époque « existentialiste »… PHONOSCOPIES